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1 Dans son inachĂšvement mĂȘme, cette Ă©tude tĂ©moigne dâun accĂšs difficile non seulement aux documents o ... 2 Une charte graphique est un ensemble de directives visant Ă la mise en Ćuvre dâune identitĂ© graphiq ... 1Cette Ă©tude1 se propose de mettre en lumiĂšre lâĂ©volution de la composition graphique des documents officiels du gouvernement français de la TroisiĂšme RĂ©publique Ă nos jours, jusquâĂ la crĂ©ation et la mise en place, en 1999, dâune vĂ©ritable charte graphique2. 2Elle rĂ©sulte de recherches aux Archives nationales, aux archives de lâImprimerie nationale, Ă lâĂlysĂ©e, auprĂšs des services du Premier ministre et dans deux agences de publicitĂ©, HĂ©misphĂšre droit et Ailleurs Exactement. Comme lâattestent les documents antĂ©rieurs Ă 1999, principalement les courriers officiels Ă©manant de la prĂ©sidence du Conseil, des ministĂšres, du SĂ©nat, des prĂ©fectures, mais Ă©galement les ordres de mission sous le gouvernement provisoire, les menus et les carnets de bord confirment lâabsence de charte graphique dĂ©finie pour lâaction du gouvernement avant 1999. Ils attestent au contraire dâune grande libertĂ© graphique mĂȘme sâils respectent dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale les conventions que lâon pourrait qualifier de traditionnelles. 3Nous verrons dans une premiĂšre partie les constantes et les limites dâordre graphique antĂ©rieures Ă 1999, puis dans une deuxiĂšme partie comment sâimpose le besoin dâune charte graphique pour le gouvernement français, enfin, dans une derniĂšre partie, nous verrons quelle est cette charte et quelles sont les conditions de sa mise en oeuvre. Nous terminerons cette Ă©tude par lâexposĂ© des diffĂ©rentes problĂ©matiques soulevĂ©es par la prĂ©sente Ă©tude. De la TroisiĂšme RĂ©publique Ă 1999 des constantes et des limites dâordre graphique 4Des constantes dâordre graphique et chromatique ont ponctuĂ© les documents produits par les diffĂ©rents gouvernements. Nous entendons par constantes » le fait de retrouver des justifications, des inscriptions, des typographies, le recours Ă certaines marques distinctives comme la sobriĂ©tĂ© de la mise en page ; et par limites », le fait que consciemment ou inconsciemment les services de lâĂtat ont instinctivement respectĂ© certaines rĂšgles, certains codes, comme lâutilisation de lâencre noire, lâemplacement systĂ©matique des signatures en bas des courriers et les inscriptions RĂ©publique française, RF, LibertĂ©, ĂgalitĂ©, FraternitĂ©. 5Depuis la TroisiĂšme RĂ©publique, bien avant lâĂšre de la communication, des machines Ă Ă©crire et de lâinformatique, nous pouvons assurer que des mĂ©thodes scripturales et des codes de mise en page ont Ă©tĂ© suivis, et cela de façon transversale dans tous les services dĂ©pendants de la RĂ©publique. 6Par exemple, lâĂ©tude, Ă©clairĂ©e par divers exemples, confirme que lâinscription RĂ©publique française se trouve sur les courriers, gĂ©nĂ©ralement centrĂ©e en haut de la page, parfois dĂ©centrĂ©e sur la droite, exceptionnellement justifiĂ©e Ă droite et quasiment jamais justifiĂ©e Ă gauche. Elle apparaĂźt tantĂŽt en bas de casse tantĂŽt en haut de casse, parfois ajourĂ©e, dâautres fois ombrĂ©e. Le nom de lâautoritĂ© administrative, comme le nom des ministĂšres, du conseil, de la prĂ©fecture, de lâambassade, est souvent inscrit sur la gauche des documents. Si nous notons lâabsence de logotype, nous trouvons sur les tampons lâinscription RĂ©publique française et lâimage de Marianne, comme le montre un document du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres datĂ© de 1950. 7Le monogramme RF est lui aussi rĂ©guliĂšrement prĂ©sent, comme lâatteste le carnet de bord du voyage en France de la reine Elisabeth II et du prince Philip, du 8 au 11 avril 1957. Nous le remarquons de mĂȘme sur tous les courriers signĂ©s par le prĂ©sident ValĂ©ry Giscard dâEstaing, qui adopte comme marque le monogramme RF associĂ© au faisceau du licteur et Ă la couronne de laurier. RF se retrouve encore prĂ©sent sur la couverture de nombreux menus sous la prĂ©sidence de Georges Pompidou quand dâautres prĂ©sidents prĂ©fĂšrent des fleurs des anĂ©mones pour ValĂ©ry Giscard dâEstaing, des reproductions de tableaux pour Charles de Gaulle et François Mitterrand.... 8Sous la prĂ©sidence de François Mitterrand, on constate une simplification des mises en page comme des typographies. De la nĂ©cessitĂ© dâune charte graphique pour la RĂ©publique 9Il faut attendre 1998 pour que le gouvernement de Lionel Jospin sous la prĂ©sidence de Jacques Chirac se dĂ©cide Ă mener une rĂ©flexion sur la crĂ©ation dâune charte graphique ; celle-ci sera mise en place le 24 septembre 1999. Cette dĂ©marche naĂźt de la volontĂ© dâamĂ©liorer la communication de lâĂtat en direction des citoyens. Elle Ă©merge dâun contexte historique, lâĂ©volution des instruments de la culture visuelle, et en particulier la multiplication rĂ©cente des logotypes. 10Si nous prenons lâexemple de lâEurope, nous constatons que, dĂšs sa crĂ©ation en 1949, le Conseil de lâEurope dĂ©sire doter celle-ci dâun symbole visuel auquel les pays et les peuples puissent sâidentifier. Six ans plus tard, le 25 octobre 1955, lâAssemblĂ©e parlementaire Ă©lit un emblĂšme couleur azur portant une couronne de douze Ă©toiles dâor. En 1983, le Parlement europĂ©en choisit le drapeau créé par le Conseil de lâEurope comme emblĂšme de la CommunautĂ© europĂ©enne. Enfin, en juin 1985, le Conseil europĂ©en prend le drapeau europĂ©en comme symbole dâun projet politique commun. 11En France, jusquâalors, aucune prĂ©occupation de ce type ne sâaffirme, mais rapidement confrontĂ© Ă une floraison de logos, lâĂtat a besoin dâĂȘtre visuellement identifiĂ©. Il doit se doter dâun logotype. 3 Service dâinformation du gouvernement. 12Bernard Candiard, directeur du SIG3, sâexprime ainsi, en 1999, dans lâavant-propos prĂ©sentant la nouvelle charte graphique aux services de lâĂtat Une Europe, et bientĂŽt lâeuro, de plus en plus prĂ©sents dans notre vie collectivitĂ©s locales dynamiques qui souhaitent lĂ©gitimement le faire savoir Ă leurs administrĂ©s et contribuables. Des ministĂšres enfin, et leurs administrations, centrales ou dĂ©concentrĂ©es, qui entendent valoriser aux yeux de leurs usagers comme de leurs agents leurs multiples actions...Depuis une quinzaine dâannĂ©es, les citoyens assistent ainsi au dĂ©ploiement dâune floraison de logos europĂ©ens, ministĂ©riels et locaux, bien souvent rĂ©unis au dos dâune brochure ou en bas dâune affiche. Car en France, beaucoup dâactions publiques associent le local, le national et lâeuropĂ©en, et peuvent susciter un financement dâune mairie, dâun dĂ©partement et de plusieurs cohĂ©rence et la visibilitĂ© des messages publics souffrent parfois de ce communication gouvernementale peut en ĂȘtre la premiĂšre victime. Aucune charte graphique nâorganise la cohĂ©rence des signes multiples Ă©mis par les administrations françaises et leur positionnement vis-Ă -vis de leurs partenaires europĂ©ens et locaux. Un nouveau repĂšre Ă©tait nĂ©cessaire pour rendre au gouvernement une meilleure lisibilitĂ© de son action. Telle est bien lâambition de ce nouvel identifiant fĂ©dĂ©rateur » et de sa charte graphique, que vous trouverez dans les pages cours de lâannĂ©e de travaux et dâĂ©tudes quâa nĂ©cessitĂ©e la crĂ©ation de cet identifiant, un consensus trĂšs large sâest rĂ©alisĂ© autour des symboles de la nation et de la rĂ©publique. DâoĂč ce drapeau et cette Marianne, soulignĂ©s par la devise LibertĂ©, ĂgalitĂ©, FraternitĂ© » et les mots RĂ©publique française ». Dâautres pays disposent dâun identifiant » comparable, permettant une reconnaissance immĂ©diate sur leur territoire comme Ă lâĂ©tranger. La feuille dâĂ©rable canadienne, le soleil espagnol ou encore lâaigle allemand ont cette dimension symbolique indispensable pour sâinscrire dans la les logos des ministĂšres, notre Marianne » figurera, Ă terme, sur tous les supports internes et externes de la communication gouvernementale brochures, publications, papier Ă lettres, cartes de visite, campagnes publicitaires, multimĂ©dia, etc. La charte graphique, Ă©laborĂ©e dans la concertation, dĂ©finit des principes dâapplication afin de faciliter une mise en place progressive dans lâensemble des services, centraux et dĂ©concentrĂ©s, des ministĂšres. Je suis sĂ»r que tous y gagneront. 13Comme Ă©noncĂ© par lâauteur, aucune charte graphique nâorganisait auparavant la cohĂ©rence des signes multiples Ă©mis par les administrations françaises et leur positionnement vis-Ă -vis de leurs partenaires nationaux et europĂ©ens. Un nouveau repĂšre semble nĂ©cessaire pour rendre au gouvernement une meilleure lisibilitĂ© de son action. Il sâagit alors de trouver un nouvel identifiant fĂ©dĂ©rateur » ainsi quâune charte graphique. DĂ©finition, crĂ©ation et mise en Ćuvre de la charte graphique de la RĂ©publique 14DĂšs 1997, des tentatives de rĂ©flexion sont menĂ©es sur la nĂ©cessitĂ© de la crĂ©ation dâune charte graphique pour le gouvernement ; ce nâest quâen 1998 que lâappel dâoffre est officiellement lancĂ©. Une dizaine dâagences de communication rĂ©pondent Ă lâappel et câest finalement lâagence de communication Ailleurs Exactement, avec Ă sa tĂȘte la publicitaire Evelyne Soum, qui lâemporte. 4 Aujourdâhui directrice de la communication de lâInstitut national de prĂ©vention et dâĂ©ducation pour ... 15DĂšs le dĂ©but de lâannĂ©e 1998, Nicole Civatte4, alors chef du dĂ©partement communication du SIG, interroge les services concernĂ©s, les ministĂšres et les services dĂ©concentrĂ©s de lâĂtat, sur leurs attentes en matiĂšre de charte graphique. Une enquĂȘte est menĂ©e auprĂšs du grand public pour identifier les signes Ă©vocateurs de lâĂtat. Ă la suite de cet exercice, il sâavĂšre que la plupart des emblĂšmes sont visitĂ©s. 16DĂšs lors, le SIG sâengage dans une dĂ©marche de recherche dâun logo fĂ©dĂ©rateur, combinaison de signes Ă©voquant lâĂtat. 17Un cahier des charges dit crĂ©atif » est rĂ©digĂ© pour la future agence de communication. Le SIG prĂ©sente une dĂ©marche, Ailleurs Exactement rĂ©pond par une proposition mĂ©thodologique. 18Des logos sont proposĂ©s et testĂ©s auprĂšs des services et du grand public. Est finalement adoptĂ© un identifiant avec une Marianne de profil, le regard tournĂ© vers la droite, vers lâavenir, sur fond de drapeau tricolore soulignĂ©s de la devise LibertĂ©, ĂgalitĂ©, FraternitĂ© », de lâinscription RĂ©publique française et par lĂ mĂȘme du monogramme RF. Pas moins de cinq symboles pour la nouvelle identitĂ© gouvernementale. 19Le logo est composĂ© de deux parties, les symboles et la typographie, qui sont, comme le prĂ©cise la charte, indissociables. Le logo doit ĂȘtre reproduit sans altĂ©ration des formes ni des couleurs, et peut ĂȘtre augmentĂ© ou rĂ©duit en respectant la grille ci-dessus rapport L/H 5/3. La typographie choisie est le CarrĂ© Noir. Les rĂ©fĂ©rences Pantone sont le Pantone red 32, Pantone reflex blue et le noir. 20Pour ce qui concerne la charte, elle est prĂ©sentĂ©e dans un document dâune trentaine de pages pour les documents sur support papier et tout autant pour les nouveaux mĂ©dias. Lionel Jospin, alors Premier ministre, la prĂ©sente ainsi aux ministres et secrĂ©taires dâĂtat Circulaire du Premier ministreParis, le 24 septembre 1999N° Premier ministreĂ Mesdames et Messieurs les ministres et secrĂ©taires dâĂtatObjet crĂ©ation dâune marque graphique commune Ă lâensemble des de permettre une identification plus facile des courriers, messages et documents Ă©manant des administrations de lâĂtat, et de rendre mieux perceptible lâunitĂ© de lâaction gouvernementale, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de crĂ©er une marque graphique commune Ă lâensemble des dĂ©partements ministĂ©riels. La charte graphique Ă©laborĂ©e par le Service dâinformation du gouvernement, que vous trouverez jointe Ă la prĂ©sente circulaire, donne toutes les prĂ©cisions requises sur les caractĂ©ristiques de cet identifiant » et les conditions de son utilisation. Je vous invite Ă veiller Ă son strict respect. Jâattire par ailleurs votre attention sur les points La marque graphique commune a vocation Ă ĂȘtre utilisĂ©e dans lâensemble des relations des ministĂšres avec les tiers, ainsi quâavec les autres services ou organismes relevant de lâĂtat. Sont concernĂ©s les correspondances individuelles, aussi bien que les messages et documents adressĂ©s au public. Le support utilisĂ© est, Ă cet Ă©gard, indiffĂ©rent. La marque doit donc ĂȘtre prĂ©sente, par exemple, sur le papier Ă lettres du ministĂšre, sur les cartes de visite professionnelles utilisĂ©es par les agents, sur les formulaires mis Ă la disposition du public, de mĂȘme que sur les affiches et les autres supports dâinformation, en exergue des messages tĂ©lĂ©visĂ©s consacrĂ©s Ă la communication gouvernementale ou encore sur la page dâaccueil des sites prĂ©sents sur le rĂ©seau internet. Sont concernĂ©s, non seulement les cabinets ministĂ©riels et les administrations centrales, mais aussi les services dĂ©concentrĂ©s, les prĂ©fectures et les Lâutilisation de cet identifiant » ne prĂ©sente pas toutefois un caractĂšre exclusif. Les administrations disposant dâune identification graphique propre pourront continuer Ă lâutiliser, sous rĂ©serve de la combiner avec la marque commune. Il conviendra alors de respecter scrupuleusement les rĂšgles fixĂ©es par la charte graphique dĂ©jĂ Le Service dâinformation du gouvernement est chargĂ© de veiller Ă lâapplication de cette charte graphique. Il animera Ă cette fin un comitĂ© de suivi, dans lequel vos services seront Enfin, dans un souci de bon usage des deniers publics, vous veillerez Ă ce que soient prĂ©alablement consommĂ©s les stocks de fournitures papiers Ă en-tĂȘte, cartes ou formulaires existants, avant de recourir Ă la nouvelle vous demande de diffuser largement cette circulaire, et dâadresser toutes instructions utiles Ă vos services pour assurer sa bonne application, ainsi que le respect de la charte graphique qui lâaccompagne. 21Ă la suite de ce projet, le Premier ministre souhaite aller plus en avant encore dans la gĂ©nĂ©ralisation de la charte graphique. Proposition est faite au prĂ©sident de la RĂ©publique de lâappliquer Ă des documents comme le passeport. LâidĂ©e ne remporte pas lâadhĂ©sion gĂ©nĂ©rale et la charte graphique ne sâapplique alors quâaux documents administratifs. Lionel Jospin est Ă demi satisfait. Questions soulevĂ©es par la prĂ©sente Ă©tude 22Cette Ă©tude, qui nĂ©cessiterait des recherches plus avancĂ©es encore, amĂšne Ă divers questionnements. 23Si les services de lâĂtat nâavaient Ă©tĂ© en partie supprimĂ©s et externalisĂ©s, aurions-nous eu le mĂȘme logo ? Et mĂȘme si Evelyne Soum atteste dâune rĂ©flexion commune entre lâagence de communication et les services internes du gouvernement, nous pouvons lĂ©gitimement nous interroger. Il fut une Ă©poque oĂč les imprimeurs Ă©taient Ă lâorigine de ce que nous appelons aujourdâhui charte graphique ». Les imprimeurs du gouvernement » opĂ©raient au sein de lâImprimerie nationale. Sa privatisation en 1994 a bouleversĂ© lâordre des choses, dâune part dans le domaine de lâimpression des documents officiels et, dâautre part, par rĂ©percussion, dans la crĂ©ation mĂȘme de ces documents. 24De plus, le dĂ©veloppement de lâinformatique et lâĂ©volution des modes de communication ont facilitĂ© la mise en place dâune charte graphique commune Ă un ensemble de services, ce qui, naguĂšre avec du papier et une plume ou plus rĂ©cemment avec une Valentine, aurait Ă©tĂ© ardu. Un nouveau dispositif, celui des agences de communication, a Ă©tĂ© mis en place au dĂ©triment de lâancien, les imprimeries. Le processus de crĂ©ation dâune charte graphique gouvernementale nous interroge sur le transfert des missions du gouvernement, sur ce qui subsiste des missions gĂ©rĂ©es en interne et sur celles traitĂ©es en externe. Nous pouvons dĂšs lors nous interroger sur le contenu institutionnel de la transformation des instruments de communication. 25Si la question se pose Ă propos du transfert des moyens de communication, il en va de mĂȘme du transfert des supports de communication. Si le support papier perd de son importance, si, comme lâindique GĂ©rard Monnier dans sa contribution, les marques, les symboles de la RĂ©publique tendent Ă disparaĂźtre, Ă sâeffacer des monuments, des bĂątiments, de lâarchitecture en gĂ©nĂ©ral, ne tendent-ils pas paradoxalement Ă rĂ©apparaĂźtre sur de nouveaux supports ? Les façades, Ă©crans » architecturaux, autrefois ornĂ©es de RF et de la devise LibertĂ©, ĂgalitĂ©, FraternitĂ© », sont dĂ©sormais remplacĂ©es pour la communication des emblĂšmes de la RĂ©publique, par les Ă©crans de cinĂ©ma, de tĂ©lĂ©vision et dâordinateur. Ce sont ces nouveaux mĂ©dias qui, Ă travers le nouvel identifiant gouvernemental, portent les emblĂšmes de la RĂ©publique. 26Enfin, cette Ă©tude nous conduit Ă nous interroger sur le rĂŽle de lâartiste dâhier, lâartiste en tant que crĂ©ateur, dessinateur de typographie. Quâest-il devenu ? Sâest-il mĂ©tamorphosĂ© en publicitaire dâaujourdâhui ? Et quelles sont ses relations au monde politique ? Comment les crĂ©ateurs ont-ils Ă©tĂ© remplacĂ©s par les communicants ? Comment les communicants sont-ils devenus les nouveaux manipulateurs » des symboles rĂ©publicains ?
Par Jorge Brites. Quand j'Ă©tais enfant, dans mon Ă©cole primaire, nous aidions les Ă©lĂšves chrĂ©tiens Ă monter leur crĂšche de NoĂ«l, et eux fĂȘtaient lâAĂŻd avec nous. Les jours saints des chrĂ©tiens, les familles musulmanes se joignent Ă la fĂȘte, et vice-versa. Et tous les jours saints de lâislam et de la chrĂ©tientĂ© sont fĂ©riĂ©s ». Câest avec Ă©tonnement que jâĂ©coute le tĂ©moignage dâIssouf, enseignant burkinabĂ© aujourdâhui installĂ© Ă Nouakchott, en Mauritanie. Ce quâil me raconte, ce nâest pas dans la France laĂŻque que cela se passe, mais au Burkina Faso, dans lâAfrique sahĂ©lienne, Ă la frontiĂšre entre mondes musulman, chrĂ©tien et animiste. Et des SĂ©nĂ©galais me confirment dans la foulĂ©e que chez eux, la cohabitation est assez similaire. PlutĂŽt harmonieuse, en somme. Les chrĂ©tiens y reprĂ©sentent 10% de la population, soit la mĂȘme proportion que les musulmans en France. Loin des clichĂ©s sur le clash des civilisations », ces exemples laissent perplexe quant au traitement, dans lâHexagone, des minoritĂ©s religieuses, en tĂȘte desquelles les musulmans. Comme si le concept de laĂŻcitĂ©, qui sâĂ©tait longtemps voulu un instrument de fabrication du citoyen, nâavait plus que pour effet de crĂ©er de la division, de la confusion, un sentiment de stigmatisation. Suite aux attentats des 7, 8 et 9 janvier dernier en France, le gouvernement a tentĂ©, lors de sa confĂ©rence de presse du 5 fĂ©vrier, de rĂ©agir au sentiment largement partagĂ© dâune RĂ©publique Ă bout de souffle. Le phĂ©nomĂšne de radicalisation confessionnelle qui conduit de plus en plus de jeunes Ă rejoindre le djihad pose des dĂ©fis non seulement en matiĂšre sĂ©curitaire, mais aussi en termes de vivre-ensemble, de citoyennetĂ© et de dĂ©mocratie. Lorsque les uns, en France, ont le sentiment dâĂȘtre envahis par une communautĂ© religieuse Ă©trangĂšre, les autres, Français mais souvent hĂ©ritiers dâune autre culture par ailleurs, ressentent une stigmatisation pesante qui crĂ©e du ressentiment anti-français. Certes, il conviendrait de sâinterroger sur les paramĂštres Ă©conomiques et sociaux qui crĂ©ent cette situation. LâĂ©chec de lâĂ©cole et du marchĂ© de lâemploi Ă insĂ©rer les nouveaux venus dans la vie active, sont Ă©videmment des problĂšmes de fond quâil faut rĂ©gler. Mais les dĂ©fis de notre Ă©poque, dans un contexte oĂč les tensions religieuses instrumentalisĂ©es ou non sont vives, ne peuvent ĂȘtre pensĂ©s sous le seul prisme matĂ©rialiste des conditions de vie, de l'emploi et du pouvoir d'achat. La question de la citoyennetĂ©, de la cohabitation des religions, du dialogue culturel, ne doivent pas ĂȘtre Ă©ludĂ©es ou nĂ©gligĂ©es. Elles seront centrales pour rĂ©gler ensemble les problĂšmes de notre pays, car un fait incontestable est lĂ la France dâaujourdâhui est un pays multiculturel, oĂč des religions et des communautĂ©s hĂ©ritiĂšres de cultures diverses cohabitent. Elle n'est plus simplement ce peuple de race blanche, catholique, de culture grĂ©co-latine » qu'Ă©voquait en son temps le prĂ©sident de Gaulle. Or, les rĂ©ponses apportĂ©es par notre chef de lâĂtat le 5 fĂ©vrier, et par les diffĂ©rents partis politiques ces derniĂšres annĂ©es, rĂ©vĂšlent une absence effrayante de luciditĂ© vis-Ă -vis de cette rĂ©alitĂ©. Les drapeaux sur tous les frontons, un service civique obligatoire, le renforcement de lâenseignement moral et civique, ou encore le port de lâuniforme et lâhymne national chantĂ© Ă lâĂ©cole toujours, les solutions de nos dirigeants nous ramĂšnent Ă une vision trĂšs XIXĂšme siĂšcle » de la citoyennetĂ© et de la RĂ©publique â en plus de nous dĂ©montrer une mĂ©connaissance totale de la rĂ©alitĂ© du terrain Ă l'Ăcole publique. Aucune imagination, aucune proposition innovante et audacieuse. Jules Ferry reste la rĂ©fĂ©rence absolue pour une classe politique dĂ©connectĂ©e du pays. Les rites et symboles au secours de la RĂ©publique ? LâĂ©cole est rĂ©guliĂšrement mise au cĆur de tout dispositif supposĂ© relancer le sentiment citoyen dans notre pays, et brandie comme lâun des remparts majeurs contre le fondamentalisme religieux. Logique, puisque câest sur cela que sâĂ©tait appuyĂ©e la IIIĂšme RĂ©publique pour se doter d'une armĂ©e de patriotes, de bons citoyens français prĂȘts Ă porter la baĂŻonnette au front. Or, notre classe politique nâose encore regarder que derriĂšre elle pour trouver des solutions, et le gouvernement nâa donc rien trouvĂ© de plus original que de recourir aux rites rĂ©publicains pour venir au secours de lâautoritĂ© Ă lâĂ©cole. Comme si on en Ă©tait lĂ , Ă une simple affaire de symboles. DĂ©jĂ prĂ©vu pour septembre 2015 dans toutes les classes, le nouvel enseignement moral et civique reprĂ©sentera, sur lâensemble de la scolaritĂ© dâun Ă©lĂšve, 300 heures dĂ©diĂ©es. Mais qui peut vraiment imaginer quâil permette de changer la donne ? Quelle que soit son appellation Ăducation civique », Ăducation Civique, Juridique et Sociale », Vie de classe », Ăducation morale et civique », etc., tous ceux qui ont suivi une telle matiĂšre savent quâelle est et restera dĂ©considĂ©rĂ©e par les Ă©lĂšves comme par les enseignants et les parents dâĂ©lĂšves. Dans un contexte scolaire oĂč lâenjeu, pour lâĂ©lĂšve, repose sur son orientation, ses rĂ©sultats, la question de son passage ou de son redoublement, lâĂducation morale et civique apparaĂźt comme la derniĂšre des prioritĂ©s. Dâautant quâil est gĂ©nĂ©ralement assurĂ© par un professeur dâHistoire-GĂ©ographie dĂ©jĂ surchargĂ© et qui prĂ©fĂšrera utiliser ces heures pour terminer son programme. Tout aussi inutiles les symboles de la RĂ©publique appelĂ©s Ă la rescousse, doivent ĂȘtre appris et cĂ©lĂ©brĂ©s ; ils sont en fait dĂ©jĂ obligatoires dans les programmes de primaire. Un temps oubliĂ©e dans les Ă©coles, La Marseillaise a retrouvĂ© son aura dans les programmes officiels de 1985, rĂ©digĂ©s sous la houlette de Jean-Pierre ChevĂšnement. Depuis la loi Fillon de 2005, lâhymne national doit ĂȘtre maĂźtrisĂ© par les enfants en classe de CM1. Ils doivent aussi reconnaĂźtre les autres emblĂšmes de la RĂ©publique le drapeau tricolore, le buste de Marianne et la devise libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ© ». En 2011, une circulaire prĂ©cisait Lâhymne national est appris et chantĂ© par les enfants dans lâĂ©cole et, chaque fois que possible, lors de manifestations commĂ©moratives ». Les textes recommandent son interprĂ©tation par les chorales scolaires. La comprĂ©hension de ce chant suppose de disposer dâĂ©lĂ©ments sur son contexte de crĂ©ation. Ce travail peut ĂȘtre fait en CM1 ou en CM2. Mais quelle rĂ©alitĂ© cherche-t-on Ă reconstruire Ă travers ces symboles ? Au mieux, on veut, comme au XIXĂšme siĂšcle, produire des citoyens formatĂ©s qui chantent La Marseillaise et saluent le drapeau sans trop rĂ©flĂ©chir Ă leur signification en termes de valeurs. Au pire, on en dĂ©goĂ»tera encore davantage les Ă©lĂšves, qui associeront ces symboles Ă lâautoritĂ© publique quâils contestent et qui Ă©choue Ă leur offrir des perspectives. Sans mĂȘme compter la difficultĂ© Ă laquelle seront confrontĂ©s certains professeurs, devant des Ă©lĂšves qui refuseront de saluer le drapeau et de chanter. Au final, lâimagination de nos dirigeants ne leur permet pas dâenvisager des solutions ailleurs que dans des rites vieux d'un siĂšcle et demi. LâidĂ©e mĂȘme de chercher de nouveaux symboles pour une nation qui a tout de mĂȘme un peu changĂ© depuis Jules Ferry et ses compĂšres, semble totalement anathĂšme. Accorder les symboles Ă la rĂ©alitĂ©, et non simuler lâinverse Parmi les mesures annoncĂ©es, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de lâĂducation nationale, a indiquĂ© quâil sera demandĂ© aux Ă©tablissements dâinscrire clairement » dans leur projet les participations aux commĂ©morations patriotiques ». On a Ă©galement vu ressurgir, parmi dâautres remĂšdes, des pratiques sans cesse invoquĂ©es se lever quand le professeur rentre dans la classe, le vouvoyer, installer systĂ©matiquement son bureau sur une estrade, etc. Parmi les syndicats dâenseignants, le Syndicat national des lycĂ©es et collĂšges Snalc a dĂ©clarĂ© Ă©couter avec intĂ©rĂȘt » les propositions du gouvernement, notamment celles consistant Ă faire de lâĂ©cole un sanctuaire de civilitĂ©, de politesse et de respect, en particulier Ă lâĂ©gard des maĂźtres ». Mais force est de constater que ces symboles et marques de respect ne rĂšgleront pas Ă eux seuls le problĂšme dâune Ăcole qui n'est jamais que le reflet de notre sociĂ©tĂ© divisĂ©e. Avant les attentats de janvier dĂ©jĂ , la Loi de refondation sur lâĂcole, promulguĂ©e le 8 juillet 2013, prĂ©voyait que la devise de la RĂ©publique, le drapeau tricolore et le drapeau europĂ©en soient apposĂ©s sur la façade » de lâensemble des Ă©tablissements scolaires publics et privĂ©s sous contrat. En outre, la DĂ©claration des droits de lâHomme et du citoyen de 1789 doit ĂȘtre affichĂ©e de maniĂšre visible Ă lâintĂ©rieur des Ă©tablissements scolaires. Probablement que les Ă©lĂšves se bousculeront pour la lire ! Dans les faits, lâimpact de telles mesurettes sera sans doute le mĂȘme que celui dâune mention ne pas abuser » sur une publicitĂ© pour boissons gazeuses seuls les gens dĂ©jĂ avertis la lisent et y sont sensibles. Une premiĂšre approche constructive consisterait Ă donner la parole, sur ces questions, aux citoyens qui sont effectivement concernĂ©s par la coexistence multiculturelle, et qui la vivent au quotidien. Si lâon veut que les gens se sentent effectivement citoyens et agissent comme tels, il faut bien que dâune façon ou dâune autre ils participent Ă la vie de la citĂ© et puissent sây exprimer et y trouver leur place. Quâils sentent quâils en font partie comme citoyens de plein droit, et que la France nâest dĂ©mocratique que si chacune et chacun a la parole et que cette parole est Ă©coutĂ©e. Vivre ensemble passe aussi par le dialogue et la rencontre de l'autre. Cette affirmation peut sonner comme une gĂ©nĂ©ralitĂ© abstraite et candide, mais elle trouve sa vĂ©rification dans des rĂ©alitĂ©s bien concrĂštes. L'Ă©change doit ĂȘtre le maĂźtre-mot de toute rĂ©flexion sur la notion de citoyennetĂ© pour une population aussi hĂ©tĂ©rogĂšne que la nĂŽtre, car il n'est pire sociĂ©tĂ© que celle oĂč les gens ne se parlent pas. Les cas du Burkina Faso et du SĂ©nĂ©gal sont des exemples parmi dâautres de coexistence pacifique de communautĂ©s linguistiques et confessionnelles diverses, et le continent africain en compte par dizaines, loin des a priori sur lâĂ©ternelle Afrique en guerre. On pourrait facilement imaginer que des jeunes BurkinabĂš, par exemple, viennent en France expliquer comment chrĂ©tiens, musulmans et animistes, dans leur pays, vivent ensemble et font de chaque cĂ©rĂ©monie et fĂȘte religieuse un Ă©vĂ©nement culturel collectif, une forme de tradition partagĂ©e. De mĂȘme que les pouvoirs publics français pourraient communiquer sur de tels exemples Ă travers des supports audiovisuels, des courts-mĂ©trages, etc. De telles initiatives permettraient aux Français de sâouvrir sur dâautres approches de la laĂŻcitĂ© car le Burkina Faso est officiellement laĂŻc. Surtout, en prĂ©sentant des sociĂ©tĂ©s africaines comme des exemples de vivre-ensemble harmonieux entre communautĂ©s, elles rompraient avec cette Ă©ternelle vision dâune Afrique qui a tout Ă apprendre de lâEurope, et jamais lâinverse. Sâappuyant sur les diffĂ©rentes diasporas africaines prĂ©sentes en France, cela contribuerait peut-ĂȘtre Ă faire Ă©voluer positivement la façon dont chacun voit la rĂ©alitĂ© de part et dâautre. Cet Ă©change pourrait dĂ©passer le cadre strictement religieux sur lequel nos mĂ©dias et bien des politiciens se focalisent comme si un individu se rĂ©sumait Ă sa religion, et comme si tous nos concitoyens d'origine Ă©trangĂšre devaient en avoir une. Il convient d'aborder le dialogue sous un prisme culturel plus large, en expliquant comment les sociĂ©tĂ©s d'origine des migrants se sont construites historiquement, ou encore avec des temps d'Ă©changes rĂ©guliers. Des collectivitĂ©s en Europe montrent dĂ©jĂ la voie. C'est le cas par exemple au Portugal, oĂč des Ă©vĂšnements culinaires, musicaux, etc., sont organisĂ©s chaque annĂ©e Ă Lisbonne fĂȘtes de quartier de la Mouraria, All Artes, Lisboa Mistura, etc., qui constitue un cas trĂšs illustratif de ville europĂ©enne cosmopolite oĂč les dĂ©fis sont nombreux mais oĂč la posture des autoritĂ©s locales entraĂźne une dynamique positive de dialogue et de rencontres. Encore une fois, il ne s'agit pas de plonger dans l'angĂ©lisme et de s'en tenir Ă prĂ©senter un folklore qui bien souvent ne correspond pas forcĂ©ment Ă la rĂ©alitĂ© des deuxiĂšme ou troisiĂšme gĂ©nĂ©rations de migrants. Il s'agit de provoquer la rencontre, d'instaurer un climat de confiance et de connaissance de l'autre. Avons-nous si peu confiance en nous-mĂȘmes et dans notre culture nationale pour croire que d'aller au-devant de l'autre et s'approprier son bagage identitaire hĂ©ritĂ© de ses parents ou grands-parents immigrĂ©s nous menacent ? Des lignes rouges doivent certes ĂȘtre fixĂ©es en termes de valeurs et de rĂšgles de vie collective, notamment en ce qui concerne l'Ă©galitĂ© entre hommes et femmes, qui, mĂȘme s'il reste du chemin Ă parcourir, reste en France l'un des principaux acquis du XXĂšme siĂšcle. Il faut parallĂšlement reconnaĂźtre qu'un migrant et ses enfants viennent avec un bagage identitaire, qui constitue une partie du patrimoine de la France d'aujourd'hui et de demain. L'opportunitĂ© du multilinguisme, ou comment dĂ©lier les langues du dialogue culturel ? La RĂ©publique, Ă travers ses rĂšgles, son systĂšme d'Ă©ducation et sa rhĂ©torique, doit permettre Ă chaque citoyen de devenir un acteur de la vie de la citĂ©, et non un perroquet qui chante Ă plein poumon devant son drapeau en espĂ©rant que la ligne Maginot tiendra bon. Dans cette optique, et dans celle dâun pays qui assume sa rĂ©alitĂ© multiculturelle, notre rapport aux langues gagnerait Ă ĂȘtre repensĂ©. La Nation française sâest construite depuis plus de deux siĂšcles sur lâidĂ©e que le français devait sâimposer comme langue vĂ©hiculaire unique, au dĂ©triment des autres. Posons-nous la question Ă lâheure oĂč, comme jamais, les hommes se dĂ©placent, communiquent, Ă©changent des idĂ©es, travaillent ensemble et font du commerce par-delĂ les frontiĂšres, cette vision est-elle pertinente ? Pourquoi la France ne sâappuie-t-elle pas sur la prĂ©sence de nombreuses communautĂ©s dâorigine Ă©trangĂšres pour favoriser un multilinguisme qui serait assurĂ©ment crĂ©ateur dâopportunitĂ©s intellectuelles, culturelles et Ă©conomiques ? Le pays compte plus de Portugais binationaux ou nationaux, qui constituent la deuxiĂšme communautĂ© immigrĂ©e aprĂšs les AlgĂ©riens, mais trĂšs rares sont les Ă©coles publiques dispensant des cours de langue portugaise. Le niveau des jeunes dans cette langue est par consĂ©quent trop souvent lacunaire. De mĂȘme, la France, qui compterait 5 Ă 6 millions de personnes dâorigine maghrĂ©bine dont environ 3,5 millions auraient la nationalitĂ© française, a ratĂ© depuis un demi-siĂšcle lâoccasion de se doter dâune Ă©lite arabophone. Le signal envoyĂ© aurait pourtant Ă©tĂ© celui d'un pays qui assume de maniĂšre positive la prĂ©sence des migrants et leur apport Ă son dĂ©veloppement. Surtout, lâerreur serait de croire quâune telle option aurait Ă©tĂ© ou serait contradictoire avec un apprentissage de qualitĂ© du français. Encore une fois, les exemples africains sont lĂ pour nous dĂ©montrer que le multilinguisme peut ĂȘtre la rĂšgle et non lâexception dans une sociĂ©tĂ© oĂč des communautĂ©s diverses cohabitent sans conflit et sous les mĂȘmes lois. Sans aller aussi loin, rappelons que dans quelques pays europĂ©ens, le bilinguisme, voire le trilinguisme, est la rĂšgle lâIrlande, le Luxembourg, Malte, l'Ăcosse, la Catalogne, la Finlande, etc. Fort heureusement, les hommes sont capables dâapprendre et de maĂźtriser plusieurs langues, sans que cela ne porte nĂ©cessairement prĂ©judice Ă lâune d'entre elles. La situation actuelle ne satisfait d'ailleurs personne, pas mĂȘme les tenants de l'apprentissage strict du français, puisque bon nombre de descendants dâimmigrĂ©s parlent mal et le français et leur langue dâorigine. Au contraire, maĂźtriser cette derniĂšre pouvait contribuer Ă donner des repĂšres plus solides dans lâapprentissage du français. Mais aborder cette question des langues et remettre en cause la position monopolistique du français Ă lâĂ©cole et en sociĂ©tĂ© constitueraient une Ă©volution jamais vue de la part de nos dirigeants politiques. Et de toute Ă©vidence, ce nâest pas pour demain. Cette voie de promotion des langues issues de lâimmigration serait dâautant plus intĂ©ressante quâelle amĂ©liorerait lâimage de la France, vieille nation rĂ©putĂ©e aujourd'hui pour le traitement discriminatoire des Ă©trangers prĂ©sents sur son sol merci Nicolas Sarkozy pour avoir su renvoyer cette belle image Ă l'international, comme ministre de l'IntĂ©rieur puis comme prĂ©sident. Dâautant que notre pays tient en Europe une position originale, puisque les descendants dâimmigrĂ©s y sont plus nombreux que les immigrĂ©s. En effet, selon lâĂ©tude ImmigrĂ©s et descendants dâimmigrĂ©s en France » publiĂ©e par lâInstitut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques INSEE en octobre 2012, plus de 5,3 millions dâimmigrĂ©s vivaient en France en 2008. Leurs descendants sont prĂšs de 6,7 millions, soit 11% de la population. La deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration est donc plus importante en nombre que la premiĂšre, attestant dâune France au visage mouvant en fonction des courants migratoires qui la traversent. La nĂ©cessitĂ© d'un travail de reconnaissance Ă double sens Le tĂ©moignage par lequel dĂ©marrait cet article, relatant la façon dont des enfants partagent les traditions des uns et des autres, rĂ©sonne comme un Ă©cho Ă la dĂ©cision du Tribunal administratif de Nantes dâinterdire la crĂšche de NoĂ«l dans le hall dâaccueil du Conseil gĂ©nĂ©ral de la VendĂ©e, estimant cette pratique incompatible avec la neutralitĂ© du service public ». La fĂ©dĂ©ration locale de lâassociation Libre pensĂ©e, Ă lâorigine du recours dĂ©posĂ© dĂšs 2012, invoque le principe de laĂŻcitĂ© pour assurer une neutralitĂ© des pouvoirs publics face aux institutions religieuses et aux croyances de chacun. Mais effacer tout ce qui de prĂšs ou de loin nous ramĂšne Ă ce que fut la tradition en France, mĂȘme si cela est rattachĂ© Ă des croyances, est-ce sain pour la sociĂ©tĂ© dans son ensemble ? Le Conseil gĂ©nĂ©ral de VendĂ©e a rĂ©agi dans un communiquĂ© Le respect de la laĂŻcitĂ© nâest pas lâabandon de toutes nos traditions et la coupure avec nos racines culturelles. Faudrait-il interdire les Ă©toiles dans les guirlandes de NoĂ«l qui dĂ©corent nos rues en ce moment sous prĂ©texte quâil sâagit dâun symbole religieux indigne dâun espace public ? » Dans le mĂȘme sens, on pourrait se demander pourquoi tolĂ©rer les croix au sommet des Ă©glises, puisquâaprĂšs tout la plupart dâentre elles appartiennent Ă lâĂtat et aux communes, qui entretiennent par consĂ©quent des lieux de culte chrĂ©tiens. En bref, il est illusoire de prĂ©tendre que l'Ătat est rĂ©ellement neutre, puisqu'il est l'hĂ©ritier d'une histoire inĂ©vitablement marquĂ©e par une tradition religieuse. Un simple coup d'Ćil Ă notre calendrier chrĂ©tien et au choix de nos jours fĂ©riĂ©s suffit Ă s'en convaincre. La frontiĂšre entre le religieux et ce qui relĂšve du patrimoine historique, artistique, culturel, voire philosophique, est certes floue. Mais si nous avons abordĂ© plus haut un fait indĂ©niable, Ă savoir le caractĂšre multiculturel de notre pays, il convient dâen rappeler un autre la France a des traditions et des coutumes. Elle nâest pas une entitĂ© culturellement neutre et vide de contenu. Et ce sont ses traditions, ses coutumes, son socle de valeurs hĂ©ritĂ©es tout Ă la fois des traditions gallo-romaine, chrĂ©tienne et rĂ©volutionnaire qui ont structurĂ© ce pays et en ont fait ce qu'il est. Il est essentiel de garder cela Ă lâesprit, car lâoublier câest prendre le risque de nĂ©gliger les susceptibilitĂ©s de millions de nos compatriotes pour qui le concept de nation française nâest pas quâune chose abstraite ou en construction, mais une rĂ©alitĂ© hĂ©ritĂ©e de plusieurs siĂšcles d'histoire. Le cas de Charlie Hebdo est Ă cet Ă©gard Ă©difiant avant et aprĂšs lâattaque du 7 janvier, l'hebdomadaire a Ă©tĂ© l'objet de critiques rĂ©guliĂšres Ă l'Ă©gard de ses caricatures de Mahomet. Or, bon nombre de ces critiques sâappuyaient sur lâidĂ©e que de tels dessins offensaient une partie des musulmans, dont beaucoup de Français, dans leur foi et leur tradition. Mais personne ne semble avoir envisagĂ© la possibilitĂ©, Ă lâinverse, que les plaintes portĂ©es contre Charlie Hebdo puissent elles aussi offenser des Français dans leur foi et leur tradition. Depuis des siĂšcles, la France a dĂ©veloppĂ© une culture de la satire politique et religieuse. Câest au moins vrai depuis le XVIIĂšme siĂšcle de MoliĂšre, et plus vrai encore depuis le siĂšcle des LumiĂšres, et cela relĂšve dâune conception de la libertĂ© de pensĂ©e et dâexpression proprement française â et qui a largement inspirĂ© lâEurope. Condamner Charlie Hebdo sans considĂ©ration de la qualitĂ© des dessins qui y ont Ă©tĂ© publiĂ©s, mais pour le principe mĂȘme de la caricature d'un objet en particulier, câest ignorer cette conception de la libertĂ© qui fait que la France est la France. Câest ignorer Ă©galement que dans notre pays, la religion est une opinion, et non un dogme ou une source de loi. Parler de coexistence pacifique des communautĂ©s, c'est donc aussi prendre en compte les susceptibilitĂ©s des Français pour qui cette tradition de la satire est un Ă©lĂ©ment constitutif de notre identitĂ©. En somme, il faut que mĂȘme les croyants intĂšgrent que la prĂ©servation de cette libertĂ© de ton et de parole, qui existe dans peu d'endroits au monde, relĂšve d'une forme de sacrĂ© dans la culture et la tradition françaises, et ne doit donc pas ĂȘtre attaquĂ© en soi â tout comme un Ătat religieux ne tolĂšre pas la critique envers son dieu ou son prophĂšte. La nĂ©cessitĂ© d'une RĂ©publique inclusive LâidĂ©e ici nâest pas de proposer des recettes-miracles, mais de soulever des questions. Le rapport prĂ©sentĂ© au gouvernement en novembre 2013 par un comitĂ© de 125 experts, probablement proches du think tank Terra Nova, proposait des solutions innovantes, mais pour la plupart assez absurdes ou contre-productives, comme par exemple le fait dâ assumer la dimension arabo-orientale de la France » les Syriens apprĂ©cieront sans doute dâavoir Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rĂ©s aux BerbĂšres, pourtant bien plus nombreux dans l'Hexagone, dans cette formulation aberrante, ou proposant dâabolir lâinterdiction du port des signes religieux Ă lâĂ©cole. Pour une fois, le gouvernement socialiste a eu la bonne idĂ©e de ne pas suivre une pente aussi glissante, qui aurait valu un nouveau boom Ă©lectoral au Front national, mĂȘme si certaines propositions liĂ©es Ă lâapprentissage de la langue arabe auraient mĂ©ritĂ© dâĂȘtre Ă©tudiĂ©es. Il sâagit de sâouvrir Ă des idĂ©es originales sans nĂ©gliger pour autant les problĂšmes et les peurs liĂ©s Ă des communautĂ©s qui elles-mĂȘmes se sentent marginalisĂ©es. Les enfants de ces vagues dâimmigration arrivĂ©es dans les annĂ©es 70 et 80 ont grandi dans cette Ăcole qui nous est si prĂ©cieuse et revendiquent Ă juste titre leur place dans la RĂ©publique. Aborder la question de la citoyennetĂ© dans un esprit dâouverture, en allant plus loin que la simple promotion de vieux symboles et le recours aux recettes dĂ©passĂ©es du XIXĂšme siĂšcle, et en sâappuyant sur des expĂ©riences et modĂšles originaux qui fonctionnent ailleurs, permettrait de penser la refonte du contrat social qui nous lie tous en tant que citoyens. Un changement dâapproche sera indispensable pour aboutir Ă une rĂ©publique qui reconnaĂźt ses rĂ©alitĂ©s sociales et accepte le fait migratoire comme lâune de ses composantes constructives et non comme une Ă©pine qui viendrait remettre en cause la cohĂ©sion nationale. Le passage Ă tabac le 31 janvier dernier dâun jeune artiste, Combo, Ă Porte DorĂ©e, Ă Paris, alors quâil finalisait une Ćuvre appelant Ă la coexistence des croyances et quâil refusait de lâeffacer, illustre bien lâampleur de la tĂąche. AprĂšs avoir menĂ© campagne en faveur de la jeunesse, notre chef de l'Ătat, en manque d'inspiration, devrait s'appuyer sur elle pour redonner un sens au concept de citoyennetĂ©.
Onnâa pas le droit dâaccaparer dans un parti les symboles de la France, mais on a le droit de sây rĂ©fĂ©rer. Câest ce que dit la loi et donc, il nây a rien Ă dire lĂ -dessus. Câest dConformĂ©mentĂ l'article 63 de la loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019, ces dispositions entrent en vigueur Ă la rentrĂ©e scolaire 2019. Article 18. Par dĂ©rogation Ă l'article L. 131-2 du code de l'Ă©ducation, l'instruction obligatoire peut, au cours des annĂ©es scolaires 2019-2020 Ă 2023-2024, ĂȘtre donnĂ©e aux enfants ĂągĂ©s de trois Ă Atm1188.