Ily a donc peu de domaines dans lesquels offrir un regard sur cet opus 2022, mais suffisamment pour pressentir que la révolution ne viendra clairement pas du gameplay. En effet, si
Festival de Cannes 2022 L'un a livrĂ© au cinĂ©ma des films d'anthologie, l'autre s'attelle Ă les restaurer. Dernier sauvetage en date "Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique" lestĂ© de vingt minutes inĂ©dites, et prĂ©sentĂ© Ă Cannes le 18 mai. Cette Ă©popĂ©e, tournĂ©e dans le Lower East Side Ă New York, Scorsese l'a suivie de prĂšs. Il la raconte, en cinĂ©phile. Sauver les films des outrages du temps... The Film Foundation, l'organisme créé par Martin Scorsese en 1990, a un nouveau rescapĂ© Ă son actif aprĂšs, entre autres, Les Chaussons rouges, de Michael Powell et Le GuĂ©pard de Luchino Visconti, voilĂ que le rĂ©alisateur amĂ©ricain s'est installĂ© au chevet d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Par ce titre, Sergio Leone clĂŽturait, en 1984, sa trilogie inaugurĂ©e avec Il Ă©tait une fois dans l'Ouest 1969puis Il Ă©tait une fois la rĂ©volution 1971.Longue de 3 h 49, l'histoire de ces deux gangsters juifs est une Ă©lĂ©gie funĂšbre qui doit autant Ă Proust et La Recherche du temps perdu qu'Ă la tradition hollywoodienne. Ce fut le dernier film de Sergio Leone, qui meurt en 1989. La copie restaurĂ©e, lestĂ©e de vingt minutes de scĂšnes inĂ©dites, a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e Ă Cannes Classics, une programmation créée en 2004 prĂ©sentant des films anciens et des chefs-d'oeuvre de l'histoire du cinĂ©ma. A cette occasion, Martin Scorsese revient sur sa rencontre avec le cinĂ©aste italien, sur cette oeuvre magistrale, qui traite de la fin d'un monde â l'AmĂ©rique de la Prohibition â et marque la fin d'un genre, celui des grandes Ă©popĂ©es au cinĂ©ma. Quand avez-vous rencontrĂ© Sergio Leone pour la premiĂšre fois ? C'Ă©tait au Festival de Cannes en 1976, Ă l'occasion d'un dĂźner au restaurant l'Oasis, l'annĂ©e oĂč Taxi Driver Ă©tait en compĂ©tition. Il y avait lĂ Costa-Gavras, Sergio Leone, tous deux membres du jury, moi, Robert De Niro, Paul Schrader, le scĂ©nariste de Taxi Driver, Jodie Foster, Michael et Julia Phillips, les producteurs du film. Paul Schrader avait portĂ© un toast Ă Leone pour le remercier d'avoir tournĂ© avec Il Ă©tait une fois dans l'Ouest un des plus grands westerns de l'histoire du cinĂ©ma. Nous Ă©tions arrivĂ©s deux jours plus tĂŽt Ă Cannes et la dĂ©prime nous avait gagnĂ©s. Tennessee Williams, le prĂ©sident du jury, avait dĂ©clarĂ© Ă la presse qu'il n'aimait pas du tout Taxi Driver, qu'il le trouvait beaucoup trop violent. Au dĂźner, Sergio Leone et Costa-Gavras nous dirent qu'eux aimaient le film. Nous pensions que Taxi Driver pouvait quand mĂȘme dĂ©crocher un prix, peut-ĂȘtre pour son scĂ©nario, ou pour ses acteurs. Mais il a eu la Palme d'or ! Et ça, c'est grĂące Ă Sergio Leone. Comment a Ă©voluĂ© votre relation avec lui ? J'ai vĂ©cu en partie Ă Rome entre 1978 et 1981. Je le croisais rĂ©guliĂšrement. Notamment lors d'un dĂ©jeuner chez lui le 31 dĂ©cembre 1979. J'ai rencontrĂ© sa femme, sa famille, fait la connaissance du dĂ©corateur Dante Ferretti avec qui je travaillerai par la suite sur Le Temps de l'innocence, Casino, Kundun, Gangs of New York, Aviator et Hugo Cabret. Comme il savait combien j'aimais Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, il m'a offert sa copie du film. C'est cette copie que j'ai projetĂ©e en 1980 au Festival du film de New York. C'Ă©tait la premiĂšre fois que je parlais en public de l'enjeu capital que reprĂ©sente la prĂ©servation des films, et plus prĂ©cisĂ©ment de la question de la couleur, qui passe si les bobines ne sont pas conservĂ©es correctement. Quand Sergio Leone est venu Ă New York, je lui ai proposĂ© de venir dĂźner chez mes parents qui vivaient encore dans le Lower East Side, dans un immeuble sans ascenseur. Nous y sommes allĂ©s avec Elio Petri le metteur en scĂšne de La classe ouvriĂšre va au paradis, Palme d'or au Festival de Cannes en 1972. Il a particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© la cuisine sicilienne de ma mĂšre, trĂšs diffĂ©rente de la cuisine romaine Ă laquelle il Ă©tait habituĂ©. Et ma mĂšre fut sensible Ă son coup de fourchette ! A cette Ă©poque, je travaillais sur La Valse des pantins avec Robert De Niro. Le film Ă©tait produit par Arnon Milchan â qui allait devenir le producteur d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Leone n'avait plus tournĂ© depuis dix ans, depuis Il Ă©tait une fois la rĂ©volution, et De Niro n'avait vu aucun de ses films. Comme j'avais encore la copie d'Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, il m'a demandĂ© si je pouvais le projeter pour De Niro. Ce dernier a dĂ©couvert le film au Museum of Modern Art, et il a immĂ©diatement acceptĂ© le rĂŽle du gangster juif. Quelle a Ă©tĂ© votre premiĂšre impression face Ă Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique ? Le film est sorti aux Etats-Unis dans une version massacrĂ©e de 2 h 15, quand celle de Leone, sortie en Europe, durait 3 h 49. De Niro avait organisĂ© une projection de la version originale au Museum of Modern Art pour mes parents et des amis et moi. Nous Ă©tions tous impressionnĂ©s par la qualitĂ© des images et attristĂ©s par la conjoncture des annĂ©es 1980 qui ne permettait plus de produire une oeuvre pareille. D'ailleurs, le film n'a rien rapportĂ© au box-office. Je me souviens d'avoir Ă©tĂ© frappĂ© par la prĂ©cision de la mise en scĂšne. Des dĂ©tails sur le son et le mouvement des comĂ©diens. Le son dĂ©clenche la mĂ©moire. C'est un procĂ©dĂ© trĂšs littĂ©raire, particuliĂšrement dans la sĂ©quence d'ouverture avec cette sonnerie de tĂ©lĂ©phone qui n'en finit pas. Comment aviez-vous perçu les premiers films de Sergio Leone ? J'avoue avoir Ă©tĂ© dĂ©routĂ© par Le Bon, la Brute et le Truand. Les critiques français et anglais plaçaient trĂšs haut les westerns amĂ©ricains, ceux de Howard Hawks et de John Ford en tĂȘte. Et pour un gamin du Lower East Side comme moi, sujet Ă des crises d'asthme, les horizons du western correspondaient Ă un ailleurs spĂ©cifiquement amĂ©ricain. Du coup, un western italien, signĂ© Sergio Leone... je ne savais pas quoi en penser. Quand j'ai vu Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, je n'ai rien compris non plus. Sa lenteur me dĂ©stabilisait. Il a fallu que je revoie le film deux ans plus tard Ă la tĂ©lĂ©vision pour comprendre qu'un western n'avait pas besoin de racines amĂ©ricaines. Je me suis fait Ă ses images, Ă sa musique. Leone ne s'inscrivait pas tant dans la filiation du western que dans la tradition théùtrale italienne qui est celle de l'opĂ©ra. Il avait une maniĂšre bien Ă lui de composer avec les archĂ©types du genre. Comme dans la commedia dell'arte avec Arlequin, Polichinelle, ses personnages portent des masques, et ces masques en cachent beaucoup d'autres. C'est en fait un systĂšme de poupĂ©es russes. Dans Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, chaque personnage rĂ©vĂšle un visage diffĂ©rent au fil de l'histoire. Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique a un systĂšme comparable. Le film est construit comme un rĂȘve Ă l'intĂ©rieur d'un autre rĂȘve. Il ne s'appuie plus sur les archĂ©types du cinĂ©ma criminel hollywoodien, mais sur les codes d'un mythe, celui de l'AmĂ©rique, dans les annĂ©es 1930, au moment oĂč elle passe de l'anarchie Ă l'ordre. Avant de rĂ©aliser ses westerns, Leone avait signĂ© des pĂ©plums, Les Derniers Jours de PompĂ©i, Le Colosse de Rhodes. Il me disait souvent en plaisantant que sa grande source d'inspiration Ă©tait... HomĂšre ! Son goĂ»t de la mythologie s'est transformĂ© en passion pour le mythe de l'AmĂ©rique. Pour lui, les films de John Ford Ă©taient une variante des mythes classiques. Je pense qu'il considĂ©rait que ses films Ă©taient des tranches de l'histoire amĂ©ricaine, comme les chapitres d'un manuel scolaire. Par boutade, il aimait rĂ©pĂ©ter qu'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique aurait dĂ» s'intituler Il Ă©tait une fois un certain type de film se dĂ©roule dans le quartier du Lower East Side, Ă New York, oĂč vous avez grandi. C'est l'un des derniers Ă avoir Ă©tĂ© tournĂ© lĂ -bas. Le Lower East Side Ă©tait un quartier juif et aussi italien. Les deux communautĂ©s y vivaient cĂŽte Ă cĂŽte. Mon pĂšre y a retrouvĂ© sa propre enfance. Ce n'Ă©tait pas celle d'un gangster, bien sĂ»r, mais il reconnaissait les immeubles, les allĂ©es, la vie dans la rue. La scĂšne oĂč le gamin prĂ©fĂšre manger son gĂąteau plutĂŽt que de le donner Ă la jeune fille pour coucher avec elle... Personnellement, j'avais un problĂšme avec le dernier plan, celui avec Robert De Niro allongĂ© dans une fumerie d'opium qui se met Ă sourire. Je ne comprenais pas, mais mon pĂšre, lui, avait tout saisi. Il a Ă©tĂ© trĂšs touchĂ© par le film et je n'arrivais pas Ă comprendre pourquoi. Peut-ĂȘtre saisissait-il que le personnage principal de ce film n'est pas tant Robert De Niro que la mort, omniprĂ©sente ? Absolument. Il Ă©tait dĂ©jĂ ĂągĂ© et ça l'a touchĂ©. La maniĂšre dont De Niro est maquillĂ© en vieil homme, sa dĂ©marche il est clair que la prochaine Ă©tape est la mort. Le film est une longue Ă©lĂ©gie. C'est comme si Leone avait pressenti que ce serait son dernier film. Cela explique peut-ĂȘtre son cĂŽtĂ© hiĂ©ratique. Nous avons appris la mort de Leone le premier jour du tournage des Affranchis. Je l'avais vu pour la derniĂšre fois Ă la Mostra de Venise en 1988 lors de la projection de La DerniĂšre Tentation du Christ. Il Ă©tait trĂšs amaigri ; il m'avait demandĂ© des nouvelles de mes parents. Qu'est-ce que les vingt minutes supplĂ©mentaires ajoutent Ă la version restaurĂ©e d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique prĂ©sentĂ©e Ă Cannes, le 18 mai ? Je crois que, trĂšs souvent, il y a une diffĂ©rence entre la version originale d'un film et celle que souhaitait le metteur en scĂšne. La version originale dĂ©pend du producteur, de la censure aussi. Je suis toujours trĂšs curieux de dĂ©couvrir la vision du metteur en scĂšne. LĂ , nous avons retrouvĂ© ces vingt minutes auxquelles j'espĂšre ajouter plus tard vingt autres minutes. Quand vous aimez vraiment un metteur en scĂšne, vous voulez tout voir d'un film. Vous voulez, par exemple, visionner les vingt minutes de 2001 l'odyssĂ©e de l'espace coupĂ©es au montage, mĂȘme si c'est Stanley Kubrick lui-mĂȘme qui les a retirĂ©es. Dans le cas d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, je sais que Leone voulait que ces vingt minutes soient rĂ©tablies. Peut-on dĂ©celer l'influence de Sergio Leone dans votre cinĂ©ma ? Je travaillais sur le montage de Shutter Island quand j'ai participĂ© Ă la restauration d'Il Ă©tait une fois dans l'Ouest. A force de revoir les mĂȘmes scĂšnes, pour vĂ©rifier l'Ă©talonnage des couleurs, je me suis surpris Ă pleurer tant j'Ă©tais Ă©mu par les visages des comĂ©diens en gros plan, par les mouvements de la camĂ©ra, la simplicitĂ© des dialogues. Les visages sont filmĂ©s comme des paysages, dans des plans trĂšs serrĂ©s. La mĂȘme chose s'est produite avec Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Je pense qu'on retrouve l'influence de Sergio Leone dans Taxi Driver. Mon film est plutĂŽt claustrophobique, mais le cadrage est "leonien". Gangs of New York est largement influencĂ© par Il Ă©tait une fois dans l'Ouest et Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Le garçon qui ouvre la porte et dĂ©couvre la ville recouverte par la neige dans mon film, c'est une Ă©vocation du gamin du dĂ©but d'Il Ă©tait une fois dans l'Ouest qui s'enfuit de la ferme quand il entend des coups de feu et se fait tuer. Les mouvements de camĂ©ra circulaires autour d'un comĂ©dien, si typiques de Leone, font partie des effets que j'ai totalement intĂ©grĂ©s. Dans mon esprit, Gangs of New York aurait dĂ» durer cinq heures. Au final, nous avons fait le film que nous Ă©tions en mesure de faire, avec le budget dont nous disposions... Je crois bien que l'Ă©poque oĂč l'on pouvait faire ces grands films Ă©piques est terminĂ©e. C'est sans doute pour cela que j'ai fait Boardwalk Empire pour la tĂ©lĂ©vision. La sĂ©rie est largement inspirĂ©e d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Nous en sommes Ă la troisiĂšme saison et l'on parle ici dĂ©jĂ d'un film de 42 heures. Je n'ai pas tout rĂ©alisĂ©. Mais j'ai supervisĂ© l'intĂ©gralitĂ©. Samuel Blumenfeld propos recueillis Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce quâune autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă lire ici ? Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il dâautres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant dâappareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est lâautre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Titre: La rĂ©volution AnnĂ©e : 1969 Auteurs compositeurs : Ăvariste Pochette : Georges Wolinski DurĂ©e : 2 m 17 s Label : C.R.A.C. RĂ©fĂ©rence : CRAC 001 PrĂ©sentation : « Ce disque a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© avec le concours des mouvements et groupuscules ayant participĂ© Ă la rĂ©volution culturelle de mai 1968. Il est mis en vente au prix de 3F afin de dĂ©masquer Ă quel point les capitalistes seLes dynamiques Ă©conomiques de la RĂ©volution française Serge Aberdam, Anne Conchon, Virginie Martin Les mutations de la propriĂ©tĂ© Introduction de la premiĂšre partie GĂ©rard BĂ©aur p. 17-26UayyE4f.