Toutau long de l'été 2022, replongez au temps de la Révolution française et des Chouans en visitant le musée de la Prison royale de Tinchebray (Orne). Suivez le guide.
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Ilétait une fois la révolution : les affiches du film. Le Film. Affiches. Photos. Jaquettes DVD / Blu-Ray. Titre VO : Giu la Testa. Un film de Sergio Leone avec James Coburn , Rod Steiger , Romolo Valli , David Warbeck , Rik Battaglia. Genre : western - Durée : 2h30 - Année de production : 1971. Date de sortie cinéma : 29 Mars 1972.

Synopsis Mexique, 1913. Juan Miranda, ancien paysan devenu une crapule spĂ©cialisĂ©e dans l'attaque des diligences, fait la connaissance de Sean Mallory, un Irlandais venu prĂȘter main-forte aux rĂ©volutionnaires de Pancho Villa. Juan aimerait bien utiliser les talents d'artificier de Sean pour organiser quelques mauvais coups. Mais Sean est un idĂ©aliste pur et dur, et c'est lui qui finit par entraĂźner Juan dans le combat rĂ©volutionnaire. Leur premier objectif est la banque de Mesa Verde. Juan espĂšre y trouver de l'or, mais l'Ă©tablissement sert en fait de prison Ă  des opposants politiques. En les dĂ©livrant, Juan devient un hĂ©ros de la rĂ©volution mexicaine...

Difficiled’oublier la musique d’Ennio Morricone quand on a Ă©tĂ© bercĂ© dans l’enfance par l’air Sean Sean de la bande originale d’ Il Ă©tait une fois la rĂ©volution. Personne n’a su
En 1917, dans le fracas de la PremiĂšre Guerre mondiale, aprĂšs trois siĂšcles de pouvoir immuable, la Russie des tsars, que l'on croyait Ă©ternelle, entre en rĂ©volution. Pour tout un peuple, l'espoir renaĂźt, le pays est portĂ© par un souffle de libertĂ© qui nourrit les rĂȘves les plus fous. Neuf mois traversĂ©s de rĂ©voltes et d'incertitudes, neuf mois d'espĂ©rances et de dĂ©sillusions, avant qu'une poignĂ©e d'hommes ne s'empare du pouvoir et change le destin de l'humanitĂ©. La postĂ©ritĂ© n'a retenu que la rĂ©volution d'Octobre. Elle a oubliĂ© que celle de FĂ©vrier aurait pu conduire la Russie vers un tout autre destin
IlĂ©tait une fois la rĂ©volutionn’est pas un western pop et parodique, c’est une fresque dĂ©senchantĂ©e et spectaculaire. Le western rĂ©volutionnaire Ă©tait depuis 68 un sous-genre florissant dans le

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IlĂ©tait une fois en AmĂ©rique Edition SpĂ©ciale. Sergio Leone (rĂ©alisateur) Avec Robert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern fnac+. Dans le ghetto juif new-yorkais des annĂ©es 20, deux adolescents, Noodle et Max Kowansky, sont Ă  la tĂȘte d'une bande de jeunes voyous qui se livrent Ă  de petits trafics en rĂȘvant de gloire et d'argent Index Plan Texte Notes Citation Auteur EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 Exposition 1848 et l’espoir d’une rĂ©publique universelle, dĂ©mocratique et sociale », musĂ©e de l’H ... 1Entreprendre une exposition1 sur l’espoir d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale, dĂ©clenchĂ© par la rĂ©volution de FĂ©vrier 1848 et la lutte sur les barricades, imposait, d’une part, que l’on retrace l’histoire de cette notion de rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale et, de l’autre, que l’on cherche Ă  comprendre comment cette notion s’est formĂ©e et constituĂ©e sous la DeuxiĂšme RĂ©publique. Autrement dit, il importait de dĂ©couvrir et de mettre en scĂšne dans l’exposition les conflits sociaux et politiques qui nourrissaient cet espoir. Le discours historiographique 2Il est prouvĂ©, grĂące aux documents historiques, que pendant les journĂ©es de FĂ©vrier, sur les barricades, il y avait le drapeau rouge et on pouvait entendre des revendications comme Droit au travail ! », Organisation du travail par l’association des travailleurs ! » et RĂ©forme sociale ! ». En revanche, le cri de Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! » n’y Ă©tait pas encore formulĂ©. Pour que pĂ»t se constituer cette notion d’une rĂ©publique sociale et s’établir un consensus parmi les classes laborieuses et les couches sociales nouvellement admises aux Ă©lections par le suffrage universel, il fallait une Ă©ducation politique vaste et Ă©tendue, ce que le gouvernement provisoire pouvait empĂȘcher en refusant un ajournement des Ă©lections. 3C’est seulement Ă  partir de mai 1848, alors que le conflit entre la Constituante et les classes laborieuses s’aiguisait de plus en plus, que s’articulait la revendication d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale. DĂ©jĂ  en avril 1848 dans le Bulletin de la RĂ©publique, George Sand avait lancĂ© l’avertissement 2 Bulletin de la RĂ©publique, 16e livraison, ministĂšre de l’IntĂ©rieur, 15 avril 1848. Les Ă©lections, si elles ne font pas triompher la vĂ©ritĂ© sociale, si elles sont l’expression des intĂ©rĂȘts d’une caste, arrachĂ©e Ă  la confiante loyautĂ© du peuple, les Ă©lections, qui devraient ĂȘtre le salut de la RĂ©publique, seront sa perte, il n’en faut pas douter. Il n’y aurait alors qu’une voie de salut pour le peuple qui a fait les barricades, ce serait de manifester une seconde fois sa volontĂ©, d’ajourner les dĂ©cisions d’une fausse reprĂ©sentation nationale. »2 3 George Sand, La Cause du peuple, no 3, 23 avril 1848. 4La vĂ©ritĂ© sociale » dont parle George Sand aurait Ă©tĂ© une rĂ©publique entourĂ©e d’institutions sociales et non pas une rĂ©publique qui s’oppose Ă  la rĂ©volution sociale. Autrement dit Le socialisme est le but, la rĂ©publique est le moyen3 ». 4 Le Travail. VĂ©ritable organe des intĂ©rĂȘts populaires, n° 1 du 28 mai, n° 2 du 30 mai et n° 4 du 1e ... 5 Les n° 1 Ă  10 du journal Le Travail sont rĂ©imprimĂ©s dans Les RĂ©volutions du 19e siĂšcle La RĂ©volut ... 5C’est en consultant les journaux Ă  partir de mai 1848 qu’on y trouve la notion. Le Travailleur par la MĂšre DuchĂȘne, avec son n° 3 31 mai au 2 juin sous-titre An I. De la RĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ». Au mĂȘme moment, George Sand, dans une lettre Ă  ThĂ©ophile ThorĂ© La vraie RĂ©publique, 27 mai 1848, parle de l’an premier de la RĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ». Le journal Le Travail. VĂ©ritable organe des intĂ©rĂȘts populaires, Ă  partir de son premier numĂ©ro publiĂ© le 28 mai 1848, rĂ©pand le slogan Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! ». Ce slogan exprime une interprĂ©tation rĂ©trospective de la rĂ©volution de FĂ©vrier et l’actualise. Le mĂȘme journal, dans ses comptes rendus des sĂ©ances du Club de la RĂ©volution des 25, 28 et 30 mai4, rapporte que le cri Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! » y signalait une prise de position politique5. La rĂ©ouverture du club sous la prĂ©sidence de BarbĂšs – bien que celui-ci se trouve incarcĂ©rĂ© au donjon de Vincennes, Ă  la suite du 15 mai 1848 – se fait sous des acclamations portant cette idĂ©e. Enfin et surtout, l’initiative politique du club en faveur d’une fusion des clubs dĂ©mocratiques et socialistes en France est soulignĂ©e par la formule Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! », cela en vue des Ă©lections complĂ©mentaires au dĂ©but de juin et de l’organisation d’un banquet du peuple, fraternisation des travailleurs ». 6Donc, c’est seulement Ă  partir de mai 1848 que l’idĂ©e de rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale se constitue comme programme politique. Elle revĂȘt une double fonction d’une part, initier un rassemblement des dĂ©mocrates et des socialistes ; de l’autre, opposer au gouvernement le mandat que les Ă©lecteurs ont transmis aux reprĂ©sentants du peuple au moment de la rĂ©volution de FĂ©vrier. Ce qui y est exprimĂ© n’est rien d’autre que la souverainetĂ© du peuple en action, comme base politique d’une dĂ©mocratie directe. Il s’ensuit que la rĂ©publique proclamĂ©e le 4 mai 1848 par les classes laborieuses Ă©tait conçue comme formation politique, ce qui devait permettre sa transformation en rĂ©publique sociale. L’idĂ©e de base en Ă©tait la fraternitĂ© entre les classes sociales, promesse de la rĂ©volution de FĂ©vrier. 7Ni la haine contre le socialisme et le communisme, qui Ă©clata ouvertement en province et Ă  Paris Ă  partir du 16 avril, ni le stationnement des troupes de ligne Ă  Paris, ni l’élection d’une Constituante oĂč les classes laborieuses ne pouvaient guĂšre ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es, ni la tuerie des ouvriers Ă  Rouen le 28 avril, ni le refus du gouvernement d’instituer un ministĂšre du Travail, ni le refus du gouvernement de se solidariser avec le peuple polonais dans sa lutte pour sa libertĂ©, rien n’a pu encore Ă©branler la foi en une fraternitĂ© possible pour surmonter l’antagonisme social de la sociĂ©tĂ©. 6 L’affiche est reproduite dans Les Carnets de Joseph Mairet, ouvrier typographe, La Plaine-Saint- De ... 8Peu de jours avant qu’éclate l’insurrection de juin 1848, des dĂ©lĂ©guĂ©s des ouvriers au Luxembourg et des Ateliers nationaux publient une affiche Á tous les travailleurs » et y exhortent le peuple au calme Croyez-nous ! Écoutez-nous ! Rien maintenant n’est possible en France que la RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE6 ». 9Mais la guerre sociale Ă©clate finalement, le gouvernement ayant trahi la rĂ©volution en opposant la rĂ©publique tricolore Ă  la rĂ©volution de fĂ©vrier, en instrumentalisant la rĂ©publique en tant que moyen politique pour arrĂȘter la rĂ©volution sociale. 7 L’affiche est citĂ©e par le citoyen Cabet, Insurrection du 23 juin. Avec ses causes, son caractĂšre e ... 8 Ibid., p. 11. Ce caractĂšre politique de l’insurrection est Ă©galement soulignĂ© par Louis MĂ©nard, Pro ... 10Le 24 juin, le journal Le Tocsin des travailleurs qualifie la rĂ©publique tricolore Ă©tablie de Ruine publique » n° 24. Le lendemain, la colonne de Juillet, place de la Bastille, porte le drapeau rouge et Ă  l’entrĂ©e de la rue du Faubourg-Saint-Antoine est affichĂ© sur les murs l’appel Aux armes ! Nous voulons la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! Nous voulons la souverainetĂ© du Peuple7 ! ». Cabet insiste Le cri gĂ©nĂ©ral aux barricades Ă©tait Vivre en travaillant ou mourir en combattant, avec cet autre cri plus gĂ©nĂ©ral encore Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale8 ! ». 9 Des recherches seraient encore Ă  faire sur la signification et le rĂŽle que joue politiquement l’idĂ© ... 10 Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un rĂ©volutionnaire, 1886, reprint 1972, p. 72. 11L’insurrection de juin consacre la rupture avec la rĂ©publique instaurĂ©e le 4 mai 1848 et l’idĂ©e de rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale s’opposera dĂšs lors Ă  la rĂ©publique tricolore pour parvenir Ă  une rĂ©publique sociale9. Vive la sociale ! » sera dĂ©sormais le cri de guerre des rĂ©voltĂ©s du travail et de la faim10 ». 12Ainsi constituĂ©e politiquement, l’idĂ©e peut ĂȘtre dĂ©finie comme un dispositif discursif qui, pendant un combat de longue durĂ©e, cherche Ă  atteindre l’hĂ©gĂ©monie politique dans la sociĂ©tĂ© civile. Elle vise Ă  orienter l’espace public vers une prise de conscience qui se dressera contre la domination des monarchistes et des rĂ©publicains conservateurs. En tant que dispositif, elle intĂšgre les dĂ©mocrates et les socialistes – donc des couches sociales et des positions politiques diffĂ©rentes – dans un mouvement politique qui, en reconquĂ©rant la souverainetĂ© du peuple, dĂ©fend comme impĂ©ratif catĂ©gorique la rĂ©publique sociale. 13La Constitution ayant Ă©tĂ© votĂ©e en octobre 1848, les appareils rĂ©pressifs d’État rĂ©agissent Ă  partir de 1849, l’idĂ©e est poursuivie par la police comme cri sĂ©ditieux, un appel au renversement de la Constitution » et le garde des Sceaux constate le 14 avril 1849 11 Archives nationales, EmblĂšmes et insignes sĂ©ditieux, fĂ©vrier 1849-dĂ©cembre 1850, BB181482A8381. Les partis qui veulent une rĂ©publique sociale veulent donc nĂ©cessairement une modification dans les principes et dans les droits de la sociĂ©tĂ© actuelle. Ainsi, sous ce rapport, il n’est pas douteux que le cri de Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale ! puisse ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une attaque contre la constitution mĂȘme. ».11 14Cette intervention de la censure politique laisse entendre que le mouvement pour une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale avait pris de plus en plus d’importance pendant l’annĂ©e 1849. 15Pour le 15 octobre 1848, la Commission des typographes organisa un banquet fraternel des typographes » – au moins 900 convives – et plaça la rĂ©union sous la devise Vive la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale !, inscrivant cette initiative dans le courant politique des banquets dĂšs l’anniversaire de la PremiĂšre RĂ©publique, le 22 septembre 1848, le journal La RĂ©forme avait invitĂ© par un banquet les dĂ©mocrates et socialistes Ă  un rassemblement pour dĂ©fendre la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale. 16Le banquet des typographes fut un succĂšs. Joseph Mairet note dans ses Carnets 12 Voir note 3, p. 267. L’enthousiasme qui n’a cessĂ© de rĂ©gner pendant tout le temps qu’a durĂ© le banquet a prouvĂ© aux membres de la Commission qu’ils avaient devinĂ© les tendances et la sympathie de leurs confrĂšres, et qu’en dĂ©pit des calomnies de la rĂ©action, la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale avait de profondes racines dans le cƓur des ouvriers, car cette rĂ©union a Ă©tĂ© toute socialiste, tĂ©moins les toasts nombreux. »12 13 L’accroissement du mouvement politique pour une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale fut effectuĂ© ent ... 17Juin dĂ©clenchait un processus de prise de conscience, un apprentissage politique qui ne comptait plus sur la fraternitĂ© entre les classes sociales mais tendait vers une rĂ©publique tricolore une et indivisible pour rĂ©aliser l’espoir d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale des classes laborieuses et des couches sociales admises aux Ă©lections par le suffrage universel13. 18Ce qui renforça et unit le mouvement opposĂ© Ă  la rĂ©publique Ă©tablie pour dĂ©fendre une rĂ©publique sociale, ce fut l’intervention fratricide de la rĂ©publique tricolore contre la RĂ©publique romaine, pour restaurer avec les baĂŻonnettes de l’armĂ©e française le pouvoir temporel du pape. Les factions royalistes et impĂ©rialistes avaient besoin du pouvoir temporel du pape sans pape Ă  Rome, point de couronne. Le 16 avril 1849 Ă  Paris, la Constituante agonisante concĂšde Ă  l’exĂ©cutif un crĂ©dit de 1 200 000 francs pour pouvoir intervenir militairement et diriger l’expĂ©dition vers Civitavecchia, sur le territoire de la RĂ©publique romaine. Quand la LĂ©gislative sortit des urnes en mai 1849, le front Ă©lectoral des dĂ©mocrates et socialistes parvint Ă  obtenir 200 siĂšges face aux 450 siĂšges du Parti de l’ordre. Et c’est le mouvement pour la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale qui, Ă  Lyon et Ă  Paris le 13 Juin 1849, dĂ©fendit la libertĂ© et les droits du peuple romain. La majoritĂ© de l’AssemblĂ©e lĂ©gislative rĂ©pondit par l’état de siĂšge 67 militants furent accusĂ©s et poursuivis, dont 21 reprĂ©sentants du peuple dĂ©mocrates socialistes. Le discours iconographique 19Retracer l’histoire de la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale permet de mettre en lumiĂšre la politique des symboles et de l’iconographie une politique qui mĂšne soit Ă  ce que le public consente Ă  l’hĂ©gĂ©monie politique des classes sociales rĂ©gnantes, soit Ă  ce qu’il se distancie de cette hĂ©gĂ©monie ou mĂȘme la dĂ©savoue. Je n’en citerai que deux exemples assez connus concernant la Tricolore ». Lorsque, le 25 fĂ©vrier, l’ouvrier Marche exigeait Ă  l’HĂŽtel de Ville de Paris, avec la voix du peuple sur les barricades, le drapeau rouge, signe des martyrs de la libertĂ©, de la souverainetĂ© du peuple et des revendications sociales de la rĂ©volution de FĂ©vrier, le pouvoir du gouvernement provisoire et la rhĂ©torique mensongĂšre d’un Lamartine dĂ©cidaient que la Tricolore » serait le drapeau national. L’autre exemple est, en mars 1848, le concours des artistes pour La figure symbolique de la RĂ©publique, initiĂ© par le gouvernement provisoire. Ce concours offrait au ministĂšre de l’IntĂ©rieur l’occasion d’intervenir et de projeter sa vision d’une rĂ©publique tricolore », qui s’oppose Ă  la rĂ©publique militante de 1792. Avec elle, la nation française est rentrĂ©e chez elle, assise, pacifiĂ©e, ne permettant plus aucun mouvement rĂ©volutionnaire 14 Chantal Georgel, 1848. La RĂ©publique et l’Art vivant, Paris, RĂ©union des musĂ©es nationaux, 1998, p. ... Votre rĂ©publique doit ĂȘtre assise pour faire naĂźtre l’idĂ©e de la stabilitĂ© dans l’idĂ©e du spectateur. [
] Gardez-vous aussi des airs trop belliqueux. Songez Ă  la force morale avant tout. La RĂ©publique est trop forte pour avoir besoin de lui mettre le casque en tĂȘte et la pique Ă  la main. »14 20Il est bien entendu que le mouvement social qui dĂ©fend la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale, dans son discours iconographique, se sert de l’allĂ©gorie de la rĂ©publique rĂ©volutionnaire, une jeune femme militante et mouvementĂ©e, vĂȘtue de rouge et coiffĂ©e du bonnet phrygien. Cette allĂ©gorie Ă©tait Ă  son origine la figure de la libertĂ© et de la rĂ©volution. 15 Archives nationales, BB181481A8101 et BB181482A8381. 21À partir de 1849, le ministĂšre de l’IntĂ©rieur et le procureur de la RĂ©publique pouvaient poursuivre le drapeau rouge et le bonnet rouge quand ils servaient de signe de ralliement » ou de manifestation sĂ©ditieuse » Ă  une association dangereuse15 ». 22Le 27 novembre 1848, le journal Le Peuple annonce l’association pour la propagande dĂ©mocratique et sociale Il vient de se former une association entre les rĂ©publicains dĂ©mocratiques et socialistes de toutes les Ă©coles, sous le nom de PROPAGANDE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE. Le but de cette association est de rĂ©pandre le plus possible tous les journaux, tant de Paris que des dĂ©partements, et toutes les publications, livres, brochures, placards, gravures, qui peuvent servir la cause sociale. » 23Et le 30 novembre 1848, le journal La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale souligne Propagande dĂ©mocratique et sociale. Si les travailleurs, ceux des campagnes surtout, Ă©taient Ă©clairĂ©s, le triomphe du socialisme aurait lieu immĂ©diatement sans dĂ©sordre et sans commotion. Il est donc urgent de rĂ©pandre en grand nombre les Ă©crits et les journaux socialistes et dĂ©mocratiques c’est donc dans ce but que s’est fondĂ©e la Propagande dĂ©mocratique et sociale. Nous dĂ©sirons tous avoir une puissante influence sur les Ă©lections. Il faut pour cela faire des Ă©lecteurs socialistes, combattre les calomnies et rĂ©pandre les lumiĂšres ; nous ne pouvons arriver Ă  ce rĂ©sultat qu’en organisant une puissante propagande Ă©crite et parlĂ©e ». 16 Rapport du ministĂšre de l’IntĂ©rieur au ministĂšre de la Justice, le 10 fĂ©vrier 1849 Archives nation ... 24L’initiative de fonder cette association venait de Gabriel de Mortillet, qui participait dans le passĂ© au Club de la rĂ©volution de BarbĂšs, avec Ă  ses cĂŽtĂ©s Jules Ballard gestion des affaires et Gustave Biard rĂ©daction. DĂšs les premiers jours, cette association fut l’objet d’une surveillance sĂ©vĂšre, mais il Ă©tait difficile de l’interdire car La Propagande Ă©tait organisĂ©e comme une entreprise commerciale16. 25Avec son journal La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale, Delescluse expose le 7 novembre 1848 un programme politique qui permettrait au mouvement social d’accomplir l’Ɠuvre commencĂ©e par la rĂ©volution de 1793 la Constitution de 1793 et la DĂ©claration des droits de l’Homme de Robespierre d’une rĂ©organisation sociale de la sociĂ©tĂ© Fils dĂ©vouĂ©s de la rĂ©volution, nous croyons que la Constitution de 93 contient en germe toutes les amĂ©liorations que rĂ©clame la sociĂ©tĂ© ; nous ne voyons rien de plus philosophique ni de plus Ă©minemment social que la dĂ©claration des droits formulĂ©e par Robespierre ; mais l’application est encore Ă  trouver ». 17 L’exposition au musĂ©e de l’Histoire vivante Ă  Montreuil pouvait s’appuyer sur les rĂ©sultats des rec ... 26Trouver l’application, voilĂ  ce qui lie le journal Ă  l’activitĂ© de la Propagande dĂ©mocratique et sociale et s’inscrit dans le discours iconographique. Un exemple parmi d’autres pour dĂ©gager et actualiser les revendications rĂ©volutionnaires se trouve dans l’Ɠuvre graphique de la citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid, nĂ©e Raynal, qui admirait Armand BarbĂšs et Ă©tait liĂ©e au Club de la rĂ©volution17. À son Ă©poque, elle a Ă©tĂ© bien connue et estimĂ©e de la presse dĂ©mocratique, son Ɠuvre graphique y fut prĂ©sentĂ©e et approuvĂ©e, mais aujourd’hui elle est oubliĂ©e et son Ɠuvre mĂ©connue. 27Pour aiguiser le regard sur le discours iconographique, j’esquisserai les thĂšmes et les compositions les plus frĂ©quentes qui, se distinguant du discours d’avant juin, dĂ©finissent l’iconographie des gravures du mouvement social, distribuĂ©es par la Propagande dĂ©fense du suffrage universel dans l’intĂ©rĂȘt des couches sociales nouvellement admises aux Ă©lections ; Ă©ducation politique de ces couches pour voter consciemment et en vue d’une rĂ©publique sociale ; orientation sur l’annĂ©e Ă©lectorale 1852 ; reprise de l’Ɠuvre des rĂ©volutions de 1793 et de fĂ©vrier 1848 avec leurs revendications ; la date de 1848 comme chiffre et programme politique de cette reprise des revendications ; fraternitĂ©, non pas entre les classes sociales pour surmonter l’antagonisme social de la sociĂ©tĂ©, mais fraternisation entre et fraternitĂ© des peuples opprimĂ©s luttant pour leur libertĂ© et de l’armĂ©e avec le peuple ; rĂ©publique universelle au lieu de rĂ©publique une et indivisible de la France ; exĂ©gĂšse rĂ©volutionnaire des Ă©vangiles par exemple par Lamennais, Esquiros, Malardier en opposition Ă  l’Église et au catholicisme du Vatican ; engagement politique pour l’amnistie des dĂ©portĂ©s. RĂ©publique dĂ©mocratique et social sic.. Nul n’a droit au superflu tant que chacun n’a pas le nĂ©cessaire » Anonyme, vignette colorĂ©e pour une feuille volante, 9,5 x 8,5 cm Coll. Viesville, musĂ©e Carnavalet, Histoire PC 59 C. 18 CitĂ©e par Gabriel Mortillet dans La Politique et le Socialisme Ă  la portĂ©e de tous brochure 2, cha ... 28Par ajout manuscrit, la vignette est datĂ©e de 1848. Est-ce la main d’un collectionneur pour classer la feuille ou de l’auteur pour y introduire le chiffre rĂ©volutionnaire comme programme politique ? La composition double de piques, de drapeaux rouges et de faisceaux indique deux rĂ©publiques celle de 1792 et celle de l’avenir ; le triangle avec l’Ɠil formule l’exigence que le peuple veille sur l’égalitĂ© sociale ; l’inscription reprend la formule de Robespierre le 2 dĂ©cembre 1792 devant la Convention Nul ne peut avoir le superflu avant que tous n’aient le nĂ©cessaire18 ». Je cite Robespierre, parce que d’une actualitĂ© Ă©tonnante et d’une dĂ©finition perspicace de la marchandise La premiĂšre loi sociale est donc celle qui garantit Ă  tous les membres de la sociĂ©tĂ© les moyens d’exister. [
] Les aliments nĂ©cessaires Ă  l’homme sont aussi sacrĂ©s que la vie elle-mĂȘme. Tout ce qui est indispensable pour la conserver est une propriĂ©tĂ© commune Ă  la sociĂ©tĂ© entiĂšre, il n’y a que l’excĂ©dent qui soit une propriĂ©tĂ© individuelle et qui soit abandonnĂ© Ă  l’industrie des commerçants. Toute spĂ©culation mercantile que je fais aux dĂ©pens de la vie de mon semblable n’est point un trafic, c’est un brigandage et un fratricide. » 19 On peut lire une analyse plus dĂ©taillĂ©e dans Republik im Exil voir note 14, p. 108-114. 29Il est donc fort probable que la vignette circulait au dĂ©but de 1849 et exprimait le programme politique de la Propagande19. 30En avril 1849, Marie-CĂ©cile Goldsmid se prĂ©sente au public avec un portrait elle s’y met en scĂšne comme femme artiste et citoyenne. Sous la devise Le rĂšgne des rois finit / Celui des peuples commence », elle s’engagera avec son crayon pour la Propagande et luttera pour la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale. Portant une Ă©charpe, un mĂ©daillon oĂč figure Robert Blum, et soulignant son appartenance Ă  une Galerie de la Montagne », elle dĂ©fend comme citoyenne » le droit de vote des femmes. La Citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid 1848, rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale. Le Pacte. Peuples formez une sainte alliance / Et donnez vous la main » BĂ©ranger. Feuille volante, lithographie coloriĂ©e en grand format 33 x 46,5 cm, lith. FrĂ©dĂ©ric Sorrieu, imp. Lemercier, Paris, publiĂ©e le 6 dĂ©cembre 1848, distribuĂ©e par la Propagande dĂ©mocratique et sociale, rue des Bons-Enfans,1. 31C’est avec cette planche que la citoyenne ouvre son cycle de quatre lithographies du 6 dĂ©cembre 1848 au 29 novembre 1849 par lesquelles elle projette une utopie sociale le dĂ©part des peuples dans le prĂ©sent pour rĂ©aliser une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale 1848, rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale et 1848, Le Jugement de Dieu, l’arrivĂ©e des peuples dans l’avenir Ă  la rĂ©publique sociale rĂ©alisĂ©e 1848, Un marchĂ© sous la rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale et 1848, anniversaire de la RĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale. Le cycle est donc d’une actualitĂ© indicative les États unis d’Europe arrivĂ©s Ă  la rĂ©publique sociale. Chaque planche avait trouvĂ© un Ă©cho d’admiration dans la presse dĂ©mocratique du temps, comme La RĂ©forme ou La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale et c’est la presse qui finalement rĂ©sume 20 La RĂ©forme, 7 dĂ©cembre 1849 ; La Voix du peuple, n° 71, 10 dĂ©cembre 1849, supplĂ©ment. La premiĂšre sĂ©rie des estampes dĂ©mocratiques de la citoyenne Goldsmith vient d’ĂȘtre complĂ©tĂ©e par L’Anniversaire de la rĂ©publique universelle, ou le Triomphe. Ce tableau, riche de composition et d’une exĂ©cution parfaite, rĂ©sume en quelque sorte les trois autres qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©. En effet, Le Jugement de Dieu [deuxiĂšme planche publiĂ©e le 15 fĂ©vrier 1849, NDLR] annonce la chute de toutes les monarchies ; la RĂ©publique universelle figure l’union indissoluble de tous les peuples sous la banniĂšre de la dĂ©mocratie ; le MarchĂ© sous la rĂ©publique universelle constitue leur solidaritĂ©. Le Triomphe, qui clĂŽt cette premiĂšre sĂ©rie, en rĂ©unissant sur un mĂȘme monument les noms des martyrs de la libertĂ©, rappelle le pacte d’union qui doit exister entre le passĂ© et l’avenir de la rĂ©volution. »20 21 Voir note 14, Republik im Exil, p. 21-27. Les quatre planches sont reproduites dans Lyman Tower Sar ... 32Sous le nom de FrĂ©dĂ©ric Sorrieu comme auteur, cette lithographie, la premiĂšre du cycle dans les divers catalogues et publications d’aujourd’hui, sĂ©duisait les interprĂštes Ă  y voir reprĂ©sentĂ© le Printemps des peuples21. Mais le chiffre 1848 » signale une reprise de l’Ɠuvre de la rĂ©volution, trahie par la Constituante Ă  partir de mai 1848 les peuples, dans la mise en scĂšne, honorent et cĂ©lĂšbrent la statue de la RĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale, Ă©rigĂ©e sur un socle, tenant dans sa main le flambeau des lumiĂšres de la propagande, s’appuyant sur les tables des Droits de l’Homme posĂ©es sur une presse d’imprimerie Johannes Gutenberg. Avec cette allĂ©gorie, la citoyenne cite Anacharsis Cloots qui, dans son discours La rĂ©publique universelle ou adresse aux tyrannicides en 1792, annonçait C’est sur les dĂ©bris de tous les trĂŽnes que nous bĂątirons l’édifice de la rĂ©publique universelle ». Et en septembre 1792, Cloots honorait Gutenberg d’avoir grĂące Ă  l’invention de la presse rendu possible d’universaliser les Droits de l’Homme et ainsi d’avoir créé la base de la rĂ©publique universelle. 22 Analyse dĂ©taillĂ©e dans Republik im Exil voir note 14, p. 73-79. 33Dans l’image, l’allĂ©gorie est encore une statue, tenue tout en blanc. Tandis qu’avec la rĂ©alisation de la rĂ©publique universelle, elle devient la personnification d’une femme vivante vĂȘtue de rouge, allĂ©gorie de la rĂ©publique sociale. Le dĂ©part des peuples pour y arriver se fait sous un ciel oĂč rĂ©sident les martyrs de la libertĂ© femmes et hommes portant des plumes et JĂ©sus le montagnard indiquant comme mission la fraternitĂ© des peuples opprimĂ©s. La feuille volante JĂ©sus le montagnard anonyme, lith. Laugelot, imp. Juliani a circulĂ© aprĂšs Juin avec un texte de Lamennais Paroles d’un croyant, V, dans lequel les accusĂ©s et condamnĂ©s politiques sont dĂ©fendus et protĂ©gĂ©s des prĂ©jugĂ©s de l’opinion publique22. Citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid Le suffrage universel. Avec lui, la LibertĂ©, sans lui, l’Esclavage ». DĂ©diĂ© ĂĄ Ledru-Rollin. 1850. Lithographie en couleur ou en deux teintes, lith. Sorrieu, imp. Lemercier, dĂ©pĂŽt lĂ©gal 2 mars 1850. 34Dans son numĂ©ro 157 du 8 mars 1850, le journal La Voix du peuple informe son public Les lithographies composĂ©es par la citoyenne Goldsmith Ă©tant suffisamment connues et apprĂ©ciĂ©es de tous les dĂ©mocrates, nous nous abstenons de tout Ă©loge sur la nouvelle publication que nous avons le bonheur d’annoncer Ă  nos lecteurs. Cette nouvelle sĂ©rie dĂ©mocratique se composera de douze tableaux qui paraĂźtront successivement les 10 et 20 de chaque mois. La premiĂšre, ayant pour titre Le suffrage universel, dĂ©diĂ©e Ă  Ledru-Rollin, est en vente Ă  la Propagande, rue des Bons-Enfans, 1 ; Ă  la librairie PhalanstĂ©rienne, quai Voltaire, et chez tous les marchands d’estampes. Prix, 75 cts. » 35La lecture d’aujourd’hui de cette lithographie, mĂȘme dans des manuels scolaires, la prĂ©sente comme une feuille commĂ©morative pour honorer le suffrage universel et son initiateur Ledru-Rollin, en tant que ministre de l’IntĂ©rieur du gouvernement provisoire. Pourtant, l’allĂ©gorie de la RĂ©publique, vĂȘtue de rouge, reprĂ©sente la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale, connue du public par les 4 planches prĂ©cĂ©dentes. Ici, elle n’est pas une statue, mais une femme vivante avec ses attributs flambeau, table des Droits de l’Homme, presse d’imprimerie. À son cĂŽtĂ© se trouve un travailleur des campagnes en blouse grise tenant une charrue. Ledru-Rollin, Ă  l’arriĂšre-plan, s’adossant Ă  un arbre de la libertĂ©, vit en exil depuis juin 1849. En tant que reprĂ©sentant du peuple, il avait appelĂ© Ă  manifester pour la libertĂ© du peuple italien et la RĂ©publique romaine, en accusant le prince-prĂ©sident et son ministĂšre d’avoir violĂ© la Constitution. 36L’image met en scĂšne deux groupes opposĂ©s le groupe de droite reprĂ©sente la majoritĂ© de la LĂ©gislative, conduite par Thiers, Montalembert et Falloux ; le groupe Ă  gauche reprĂ©sente les Ă©lecteurs, auxquels s’adressent le comitĂ© dĂ©mocratique-socialiste et la Propagande pour les Ă©lections complĂ©mentaires de fin mars 1850. Ce qui est mis en image par la citoyenne, c’est la majoritĂ© rĂ©actionnaire de la LĂ©gislative en action contre les dĂ©fenseurs de la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale, mais aussi le suffrage universel en action contre la rĂ©action politique de la LĂ©gislative. Les Ă©lecteurs qui se rassemblent Ă  gauche arrivent par train de la gare de Strasbourg aujourd’hui gare de l’Est et par bateau Ă  vapeur de toute la France. Le progrĂšs technique est du cĂŽtĂ© de la rĂ©publique sociale et ses Ă©lecteurs sont les couches sociales nouvellement admises aux Ă©lections par le suffrage universel la blouse grise, la blouse bleue, des militaires et des enseignants. 37Le sous-titre de la lĂ©gende, Avec lui, la LibertĂ© / Sans lui, l’Esclavage, fait allusion Ă  une chanson de BĂ©ranger Leçon de lecture, 1827 Le savoir, c’est la libertĂ© / l’ignorance, c’est l’esclavage » et souligne la signification d’une Ă©ducation politique comme condition d’un suffrage universel Ă©mancipateur. Par contre, au mois de mars 1850, la majoritĂ© rĂ©actionnaire de la LĂ©gislative prĂ©pare dans l’AssemblĂ©e nationale des lois qui mettent l’enseignement primaire sous la tutelle de l’Église. Ainsi, Ă  l’AssemblĂ©e nationale, Montalembert, du Parti de l’ordre, proclame une croisade contre le socialisme et choisit comme champ de bataille l’enseignement primaire 23 Auguste Vermorel, Les Hommes de 1851. Histoire de la prĂ©sidence et du rĂ©tablissement de l’Empire, t ... La sociĂ©tĂ© est menacĂ©e par des conspirateurs de bas Ă©tage et par d’affreux petits rhĂ©teurs. [
] Qui donc dĂ©fend l’ordre et la propriĂ©tĂ© dans nos campagnes ? Est-ce l’instituteur ? Non, c’est le curĂ©. Je dis qu’aujourd’hui [
] les prĂȘtres [
] reprĂ©sentent l’ordre, mĂȘme pour ceux qui ne croient pas. [
] Ils reprĂ©sentent Ă  la fois l’ordre moral, l’ordre politique et l’ordre matĂ©riel. [
] Il y a en France deux armĂ©es en prĂ©sence. Elles sont chacune de 30 Ă  40 000 hommes ; c’est l’armĂ©e des instituteurs et l’armĂ©e des curĂ©s. [
] À l’armĂ©e dĂ©moralisatrice et anarchique des instituteurs, il faut opposer l’armĂ©e du clergĂ©. »23 24 Des 12 feuilles volantes, Le Suffrage universel 2 mars , Les Orphelins 28 mars, Profanation 3 ... 38Avec Le suffrage universel, la citoyenne ouvre la suite de 12 feuilles volantes avec lesquelles elle mĂšne le combat contre l’alliance entre des rĂ©publicains conservateurs et les monarchistes pour dĂ©fendre une rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale24. 39À partir d’octobre 1850, elle se trouve Ă  la prison Saint-Lazare comme prisonniĂšre politique. Le prĂ©texte 1° Trouble Ă  la paix publique par excitation au mĂ©pris des citoyens les uns contre les autres ; 2° Port d’armes prohibĂ©es ». Haut de page Notes 1 Exposition 1848 et l’espoir d’une rĂ©publique universelle, dĂ©mocratique et sociale », musĂ©e de l’Histoire vivante, 31 bd ThĂ©ophile-Sueur, Montreuil-sous-Bois 93, jusqu’au 30 dĂ©cembre 2018. 2 Bulletin de la RĂ©publique, 16e livraison, ministĂšre de l’IntĂ©rieur, 15 avril 1848. 3 George Sand, La Cause du peuple, no 3, 23 avril 1848. 4 Le Travail. VĂ©ritable organe des intĂ©rĂȘts populaires, n° 1 du 28 mai, n° 2 du 30 mai et n° 4 du 1er juin 1848. 5 Les n° 1 Ă  10 du journal Le Travail sont rĂ©imprimĂ©s dans Les RĂ©volutions du 19e siĂšcle La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale, EDHIS, Paris 1984, vol. 1 Ă  10, ici vol. 8. Suzanne Wassermann, Les Clubs de BarbĂšs et de Blanqui en 1848, Paris 1913, GenĂšve, MĂ©gariotis Reprints, 1978, p. 192-208, analyse les dĂ©bats politiques du Club de la rĂ©volution. 6 L’affiche est reproduite dans Les Carnets de Joseph Mairet, ouvrier typographe, La Plaine-Saint- Denis, 1995, p. 372. 7 L’affiche est citĂ©e par le citoyen Cabet, Insurrection du 23 juin. Avec ses causes, son caractĂšre et ses suites, expliquĂ©e par la marche et les fautes de la rĂ©volution du 24 fĂ©vrier, Paris 1848, p. 12. 8 Ibid., p. 11. Ce caractĂšre politique de l’insurrection est Ă©galement soulignĂ© par Louis MĂ©nard, Prologue d’une rĂ©volution. FĂ©vrier-juin 1848, prĂ©sentation de Filippo Benfante et Maurizio Gribaudi, Paris, La Fabrique Ă©ditions, 2007, p. 218 ; et en 1880, l’affiche est encore mentionnĂ©e par le militant socialiste Victor Marouck, Juin 1848, rééditĂ© en 1998 par Les Amis de Spartacus, p. 48. 9 Des recherches seraient encore Ă  faire sur la signification et le rĂŽle que joue politiquement l’idĂ©e de rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale parmi les exilĂ©s et les accusĂ©s de Juin, condamnĂ©s par les tribunaux militaires Ă  la dĂ©portation. Comme cri de ralliement et de confession politique, on le trouve chez Jean-Baptiste Dunaud, Journal de ma transportation, cahier manuscrit en prĂ©paration pour une Ă©dition par VĂ©ronique Fau-Vincenti ; ou encore chez François Pardigon, En guise de prĂ©face, V », dans Épisodes des journĂ©es de Juin 1848, prĂ©sentation d’Alix HĂ©ricord, Paris, La Fabrique Ă©ditions, 2008, p. 71-89 ; et enfin chez Victor Marouck, Juin 1848, Éditions de la Librairie du ProgrĂšs, 1880, réédition par Les Amis de Spartacus, Paris, 1998, p. 80-118. 10 Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un rĂ©volutionnaire, 1886, reprint 1972, p. 72. 11 Archives nationales, EmblĂšmes et insignes sĂ©ditieux, fĂ©vrier 1849-dĂ©cembre 1850, BB181482A8381. 12 Voir note 3, p. 267. 13 L’accroissement du mouvement politique pour une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale fut effectuĂ© entre autres par la sĂ©rie des banquets comme Banquet dĂ©mocratique et social 12 octobre, Banquet de la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale 17 octobre, Banquet dĂ©mocratique et socialiste des Ă©coles de Paris 3 dĂ©cembre, Banquet pour l’anniversaire du 24 fĂ©vrier 24 fĂ©vrier 1849 ; par des journaux, comme les crĂ©ations du journal de Charles Delescluse, La RĂ©volution dĂ©mocratique et sociale et de Proudhon, Le Peuple, journal de la rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale novembre 1848 ; par des associations comme La SolidaritĂ© rĂ©publicaine. Association pour le dĂ©veloppement des droits et des intĂ©rĂȘts de la dĂ©mocratie novembre 1848, l’Association pour la propagande dĂ©mocratique et sociale novembre 1848 ; par les comitĂ©s pour les Ă©lections comme le ComitĂ© Ă©lectoral central des associations dĂ©mocratiques pour les Ă©lections prĂ©sidentielles ou le ComitĂ© dĂ©mocratique-socialiste des Ă©lections pour la LĂ©gislative. 14 Chantal Georgel, 1848. La RĂ©publique et l’Art vivant, Paris, RĂ©union des musĂ©es nationaux, 1998, p. 27-48, qui cite Le Journal des dĂ©bats, 2 mai 1848, Ibid., ; Marie-Claude Chaudonneret, La Figure de la RĂ©publique. Le concours de 1848, Paris, AssemblĂ©e nationale, 1994 ; Raimund RĂŒtten, Republik » et Francia/Marianne », deux articles dans Lexikon der Revolutions-Ikonographie in der europĂ€ischen Druckgraphik 1789–1889, herausgegeben von Rolf Reichardt, MĂŒnster, Verlag Rhema, 2017, Teilband III, p. 1650-1673, et Teilband II, p. 875-895. 15 Archives nationales, BB181481A8101 et BB181482A8381. 16 Rapport du ministĂšre de l’IntĂ©rieur au ministĂšre de la Justice, le 10 fĂ©vrier 1849 Archives nationales, BB181472A6733 ; Rapport de police sur la propagande dĂ©mocratique et sociale du 2 mars 1849 Archives de la prĂ©fecture de police, AA/432, feuilles 408-415, feuilles 422 et 433. 17 L’exposition au musĂ©e de l’Histoire vivante Ă  Montreuil pouvait s’appuyer sur les rĂ©sultats des recherches scientifiques de Raimund RĂŒtten, Republik im Exil. Frankreich 1848 bis 1851 ; Marie-CĂ©cile Goldsmid – Citoyenne und KĂŒnstlerin – im Kampf um eine RĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale », Georg Olms Verlag, Hildesheim/ZĂŒrich /New York, Dezember 2012. 18 CitĂ©e par Gabriel Mortillet dans La Politique et le Socialisme Ă  la portĂ©e de tous brochure 2, chapitre 4 Bases de la politique, printemps 1849. 19 On peut lire une analyse plus dĂ©taillĂ©e dans Republik im Exil voir note 14, p. 108-114. 20 La RĂ©forme, 7 dĂ©cembre 1849 ; La Voix du peuple, n° 71, 10 dĂ©cembre 1849, supplĂ©ment. 21 Voir note 14, Republik im Exil, p. 21-27. Les quatre planches sont reproduites dans Lyman Tower Sargent et Roland Schaer dir., Utopie. La quĂȘte de la sociĂ©tĂ© idĂ©ale en Occident, Paris, BNF/Fayard, 2000. 22 Analyse dĂ©taillĂ©e dans Republik im Exil voir note 14, p. 73-79. 23 Auguste Vermorel, Les Hommes de 1851. Histoire de la prĂ©sidence et du rĂ©tablissement de l’Empire, troisiĂšme Ă©dition, Paris, 1869, chapitre III La loi sur l’enseignement », p. 86-108. 24 Des 12 feuilles volantes, Le Suffrage universel 2 mars , Les Orphelins 28 mars, Profanation 3 avril, saisie, Le Sommeil du peuple 20 avril, La FraternitĂ© 26 juin, La LibertĂ© Ă  la dĂ©livrance des peuples 25 septembre, 1852 24 novembre 1851 et L’EspĂ©rance 24 novembre 1851 sont analysĂ©es dans Republik im Exil
, op. cit., p. de page Table des illustrations LĂ©gende RĂ©publique dĂ©mocratique et social sic.. Nul n’a droit au superflu tant que chacun n’a pas le nĂ©cessaire » Anonyme, vignette colorĂ©e pour une feuille volante, 9,5 x 8,5 cm Coll. Viesville, musĂ©e Carnavalet, Histoire PC 59 C. URL Fichier image/jpeg, 76k LĂ©gende La Citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid 1848, rĂ©publique universelle dĂ©mocratique et sociale. Le Pacte. Peuples formez une sainte alliance / Et donnez vous la main » BĂ©ranger. Feuille volante, lithographie coloriĂ©e en grand format 33 x 46,5 cm, lith. FrĂ©dĂ©ric Sorrieu, imp. Lemercier, Paris, publiĂ©e le 6 dĂ©cembre 1848, distribuĂ©e par la Propagande dĂ©mocratique et sociale, rue des Bons-Enfans,1. URL Fichier image/jpeg, 192k LĂ©gende Citoyenne Marie-CĂ©cile Goldsmid Le suffrage universel. Avec lui, la LibertĂ©, sans lui, l’Esclavage ». DĂ©diĂ© ĂĄ Ledru-Rollin. 1850. Lithographie en couleur ou en deux teintes, lith. Sorrieu, imp. Lemercier, dĂ©pĂŽt lĂ©gal 2 mars 1850. URL Fichier image/jpeg, 149k Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Raimund RĂŒtten, À la recherche d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 139 2018, 153-166. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Raimund RĂŒtten, À la recherche d’une rĂ©publique dĂ©mocratique et sociale », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 139 2018, mis en ligne le 01 septembre 2018, consultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Raimund RĂŒtten UniversitĂ© Goethe de Frankfurt-am-Main, commissaire de l’exposition 1848 » au musĂ©e de l’Histoire vivante de MontreuilHaut de page
\n \n affiche il était une fois la révolution
LUTS renaßt de la révolution qui a eu lieu au pays. « Avant, c'était une cellule du pouvoir, une couverture du RCD de Ben Ali » , se rappelle Farhat Hidous, membre de l'association.
RecensĂ© Patrice Gueniffey, Bonaparte, Gallimard 2013. 864 p., 30€. Dernier titre sur l’interminable liste des biographies consacrĂ©es Ă  NapolĂ©on Bonaparte, le livre de Patrice Gueniffey n’est pas une Ɠuvre de circonstance contrairement aux ouvrages rĂ©cemment parus en français ou en anglais, Ă  l’occasion d’un bicentenaire qui ne s’achĂšvera qu’en 2015. Depuis 2004, l’auteur souhaitait achever ce que son maĂźtre, François Furet, n’avait fait qu’amorcer une vie de NapolĂ©on. Contre la tendance actuelle qui dĂ©laisse l’individu au profit des grandes fresques d’une Ă©poque et privilĂ©gie l’étude du fonctionnement des institutions impĂ©riales en France et en Europe – la derniĂšre en date Ă©tant celle d’AurĂ©lien Lignereux sur l’Empire des Français Seuil, 2013 – Gueniffey entend bien revenir Ă  la biographie et retracer les splendeurs et misĂšres d’une existence hors du commun. Certes, l’ùre de l’hĂ©roĂŻsme guerrier dont Bonaparte se faisait l’étendard est actuellement dĂ©modĂ©e, mais le personnage incarne aussi l’individualisme moderne par sa foi dans le pouvoir de la volontĂ©. Le condottiere Le premier volet de cette biographie porte sur les annĂ©es 1769-1802, ce qui permet Ă  l’auteur de dĂ©crire l’ascension fulgurante d’un jeune Corse que rien ne prĂ©destinait Ă  conquĂ©rir la France, puis l’Europe. L’objectif visĂ© est de saisir le moment oĂč l’homme – ici Bonaparte – sait Ă  jamais qui il est » Borges. Ce n’est certes pas dĂšs sa naissance qu’il en devient conscient ; ni mĂȘme durant l’enfance. Gueniffey insiste bien sur cette enfance et sur le fait que Bonaparte a trĂšs tĂŽt Ă©tĂ© acculturĂ©. Il nie Ă  juste titre la pertinence des analyses dĂ©terministes qui voudraient que Corse, l’on soit nĂ©, et Corse, l’on demeure ». Par la grĂące de ses Ă©tudes et l’éloignement sur le continent, le jeune garçon s’est rapidement francisĂ©. Son intĂ©rĂȘt ultĂ©rieur pour l’üle de BeautĂ© participerait tout au plus d’une mĂ©lancolie pour un passĂ© Ă  jamais Ă©vanoui – ranimĂ© peut-ĂȘtre par l’écrit de Rousseau sur le Projet de Constitution pour la Corse de 1765. Par ailleurs, son admiration pour Paoli peut se comprendre par la cĂ©lĂ©britĂ© de ce compatriote et les rĂ©formes Ă©clairĂ©es qu’il a introduites dans leur pays natal. Entre 1755 et 1769, la Corse en effet a vĂ©cu une rĂ©volution, qui prĂ©cĂšde donc celles qui vont bientĂŽt bouleverser le monde occidental. Mais, et l’on s’accordera volontiers avec l’auteur, la constitution de Paoli n’était pas si dĂ©mocratique qu’on l’a dit. ComposĂ© de quelque 9 pages, Ă©numĂ©rant les principes constitutifs du gouvernement, ce texte avait surtout pour but de fonder l’autoritĂ© sur le consentement de tous » p. 38. La diĂšte, Ă©lue dĂ©mocratiquement, reprĂ©sentait le peuple souverain, mais le pĂšre de la patrie », le gĂ©nĂ©ralissime Pascale Paoli, Ă©tait inamovible et concentrait tous les pouvoirs. Cette habile, mais trompeuse, construction ferait-elle date ? Notamment aprĂšs le coup d’État du 18 Brumaire ? Le consulat Ă  vie de Bonaparte s’en serait-il inspirĂ© ? L’auteur ne le dit pas, mais n’anticipons pas. Bonaparte demeure en vĂ©ritĂ© un garçon ordinaire jusqu’à la campagne d’Italie. C’est celle-ci qui lui dĂ©voile son gĂ©nie et le rĂ©vĂšle Ă  l’Europe stupĂ©faite – et non le siĂšge de Toulon, qui lui valut un titre de gĂ©nĂ©ral de brigade, mais non la notoriĂ©tĂ©. En six mois, le jeune gĂ©nĂ©ral a conquis la pĂ©ninsule. Il fait mieux. Il la rĂ©volutionne et crĂ©e des rĂ©publiques-sƓurs. C’est dire qu’il met en pratique des talents qu’il ne soupçonnait pas jusque-lĂ  et qui n’avaient rien de militaire. De lĂ  ses propos ultĂ©rieurs sur la nĂ©cessitĂ© de marier tout Ă  la fois la force des armes et celle de l’esprit. De l’esprit, il n’en manque pas. Sachant sĂ©duire ceux dont il a besoin, refuser les ordres qui l’indisposent, imposer ses idĂ©es aux contemporains, Bonaparte dĂ©couvre Ă©galement son charisme et son autoritĂ©. En Égypte, il dĂ©couvre aussi l’inhumanitĂ© de l’homme, ce qui confirme ses lectures de Machiavel sur la fonciĂšre mĂ©chancetĂ© humaine et le dĂ©tache dĂ©finitivement de Rousseau. DĂšs lors, il adopte un comportement qui paraĂźt calquĂ© sur les conseils formulĂ©s dans le Discours sur la premiĂšre dĂ©cade de Tite-Live. Gueniffey suggĂšre en effet qu’il fut un des meilleurs Ă©lĂšves du Florentin. C’est fort possible. Les Ɠuvres de ce dernier figuraient en bonne place dans ses bibliothĂšques successives. Au XIXe siĂšcle, dĂ©tracteurs et admirateurs n’hĂ©sitaient pas d’ailleurs Ă  rapprocher le HĂ©ros » de la figure du condottiere. Tel Stendhal Suivant moi, on ne trouve d’analogue au caractĂšre de NapolĂ©on que parmi les condottieri et les petits princes de l’an 1400 en Italie [...] Hommes Ă©tranges, non point profonds politiques [...] faisant sans cesse de nouveaux projets, Ă  mesure que leur fortune s’élĂšve, attentifs Ă  saisir les circonstances et ne comptant d’une maniĂšre absolue que sur eux-mĂȘmes. Âmes hĂ©roĂŻques nĂ©es dans un siĂšcle oĂč tout le monde cherchait Ă  faire et non pas Ă  Ă©crire » [1]. C’est bien cet homme d’action, indiffĂ©rent aux notions conventionnelles de bien et de mal, que reconstitue patiemment l’auteur tout au long des centaines de pages qui constituent le prĂ©lude Ă  la prise de pouvoir et Ă  l’ascension suprĂȘme. Quelle pĂ©riode autre que la RĂ©volution aurait-elle Ă©tĂ© plus propice Ă  un jeune militaire de petite noblesse pour accĂ©der au gĂ©nĂ©ralat et au gouvernail de l’État – exceptĂ© la Renaissance italienne ? SĂ»rement pas l’Ancien RĂ©gime oĂč les rangs ne s’acquĂ©raient dans l’armĂ©e qu’avec les quartiers de noblesse, et oĂč le pouvoir suprĂȘme Ă©tait entre les mains d’un souverain hĂ©rĂ©ditaire. Pour que se modifie tout cela, il fallut rien moins qu’une rĂ©volution. Jamais dans l’histoire, la mobilitĂ© sociale ne fut Ă  ce point chamboulĂ©e. La mĂ©ritocratie rĂ©volutionnaire avait changĂ© la donne. Le fils de la RĂ©volution NapolĂ©on Bonaparte n’aurait jamais Ă©tĂ© celui qu’il est devenu si l’époque n’avait Ă©tĂ© si extraordinaire et si ouverte aux talents. C’est la RĂ©volution qui le crĂ©e, mais elle le crĂ©e comme rĂ©volutionnaire. Vu sous cet angle, le militaire Ă©duquĂ© Ă  l’école d’Ancien RĂ©gime a su choisir son camp. Gueniffey note bien sa sympathie pour le clan robespierriste, sans pour autant amplifier un jacobinisme qui n’aurait durĂ© que le temps d’un Ă©tĂ© – celui du Souper de Beaucaire de 1793 – Ă  l’heure de la patrie en danger [2]. De fait, au moment de ses premiĂšres prouesses, Bonaparte aurait Ă©tĂ© tout Ă  la fois rĂ©volutionnaire et postrĂ©volutionnaire p. 254. RĂ©volutionnaire en raison de sa jeunesse, de son volontarisme et de ses principes – avant tout l’égalitĂ©. PostrĂ©volutionnaire en ce qu’il incarne, comme l’armĂ©e avec lui, la RĂ©volution sans la guerre civile. Il serait le fils de la nation en guerre, et non de la politique » p. 255. Dans la premiĂšre phase de sa carriĂšre, c’est parce qu’il marche dans le sens de la RĂ©volution qu’il devient ce qu’il est le hĂ©ros italique qui a libĂ©rĂ© l’Italie et civilisĂ© l’Égypte. DĂšs lors, sa renommĂ©e devient gĂ©nĂ©rale. Le retour d’Égypte et le voyage triomphal de FrĂ©jus Ă  Paris en tĂ©moignent plutĂŽt bien, tout comme les piĂšces de théùtre qui chantent le HĂ©ros de retour. Personne, cependant, ne s’attend Ă  le voir s’emparer du pouvoir. À la mĂȘme date, c’est sur SieyĂšs que reposent les espoirs d’un remaniement efficace des institutions rĂ©publicaines. Nul n’appelait un Sauveur, surtout pas militaire. Tout au plus un bon lĂ©gislateur tel qu’est alors perçu l’abbĂ© SieyĂšs. De mĂȘme, on peut lĂ©gitimement douter que le Directoire ait Ă©tĂ© au bord du gouffre » p. 449 c’est lĂ  une belle image, mais peu crĂ©dible. Que des rĂ©formes aient Ă©tĂ© envisagĂ©es ne signifie pas en effet que les rĂ©formistes aient voulu renverser le rĂ©gime. Il est vrai que la Constitution de l’an III interdisait des modifications avant 1804. Mais un moyen terme Ă©tait envisageable. L’agonie du Directoire », titre d’un chapitre de la cinquiĂšme partie, est toute relative, d’autant que la situation s’est amĂ©liorĂ©e au cours de l’automne 1799 vaincues durant l’étĂ© par la coalition antirĂ©volutionnaire, les armĂ©es françaises ont repris le dessus ; les rĂ©formes entreprises du point de vue financier et du point de vue de l’ordre public commencent Ă  porter leurs fruits, etc. Gueniffey ne le conteste pas, mais reproche au Directoire de ne pas avoir fait aboutir plus rapidement ces rĂ©formes. Selon lui, les Français seraient soucieux avant tout de conserver les acquis de la RĂ©volution, mais mĂ©priseraient leur gouvernement et ses institutions dĂ©biles » p. 457. Et pourtant, ce sont pour une grande part ces institutions que Bonaparte va parachever. Il y a ici une contradiction certaine. Et ce n’est pas la seule, puisque Gueniffey affirme tout d’abord que les Français souhaitaient le retour Ă  une forme de pouvoir absolu, sinon de droit divin » p. 254, tandis que plus loin, ces mĂȘmes Français voient s’écrouler la RĂ©publique sans pour autant croire que la monarchie put la remplacer avantageusement » p. 456 ? Attendaient-ils un sauveur inĂ©dit ? Un roi d’un genre nouveau » p. 457 ? Toute histoire ou biographie du Premier Empire bute sur ce point. Le Bonaparte de Gueniffey ne fait pas exception. L’admiration lĂ©gitime pour les exploits de Bonaparte ne veut pas dire que les Français envisageaient un changement de rĂ©gime avec Ă  sa tĂȘte un petit gĂ©nĂ©ral. On connaissait sa rĂ©putation de soldat, mais qui Ă©tait au courant de l’expĂ©rience civile et politique acquise en Italie et en Égypte ? Les contemporains de Bonaparte n’avaient pas l’expĂ©rience que nous avons – du gouvernement de PĂ©tain Ă  celui de de Gaulle – et ne pouvaient soupçonner le gĂ©nie organisateur et administratif du gĂ©nĂ©ralissime. Depuis dix ans, la politique avait Ă©tĂ© entre les mains de reprĂ©sentants Ă©lus par le peuple. La participation aux Ă©lections avait certes chutĂ©, mais ceux qui s’y rendaient Ă©taient hautement motivĂ©s. Le Directoire Ă©tait moins dĂ©mocratique que les rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents, et encore n’avait-il pas introduit un suffrage au premier degrĂ© plus large que celui de la Constituante ? Les Ă©tudes de Bernard Gainot et de Pierre Serna [3] dĂ©montrent en tout cas que la vie politique de la France Ă©tait loin d’ĂȘtre morne. On pouvait Ă©videmment reprocher au Directoire de fouler aux pieds la volontĂ© nationale quand les rĂ©sultats des Ă©lections ne lui convenaient pas, ainsi qu’en tĂ©moignent les coups d’État de fructidor an V et de florĂ©al an VI, qui ne menaient pas du reste Ă  des rĂ©pressions sanglantes, tout au plus Ă  quelques dĂ©portations. Les avis s’accordent par ailleurs pour reconnaĂźtre que les conditions de vie du peuple s’étaient fort amĂ©liorĂ©es et que les subsistances Ă©taient bon marchĂ© [4]. L’annĂ©e 1799, c’est vrai, fut une nouvelle Ă©preuve pour la RĂ©publique. Les Ă©lections avaient Ă©tĂ© favorables aux Jacobins ce qui ranimait la crainte d’un retour au gouvernement de l’an II, qu’allaient stimuler les dĂ©faites infligĂ©es Ă  la France en Italie, en Suisse et sur le Rhin. Il fut question en effet de levĂ©e en masse, de loi des otages, d’emprunt forcĂ©, de patrie en danger p. 450. Le club des Jacobins rouvrit ses portes, mais ne sut ressusciter l’esprit de l’an II. Quelques semaines plus tard, le nouveau ministre de la Police, FouchĂ© qui n’était certes pas un modĂ©rĂ©, les faisait fermer. Ce brouhaha n’avait pas de quoi inquiĂ©ter l’ensemble des Français. Étaient-ils mĂȘme au courant ? Rien de moins certain. Il est vrai aussi qu’à Paris mĂȘme, le Directoire Ă©tait critiquĂ©, mais comme tout gouvernement peut l’ĂȘtre par des citoyens quels qu’ils soient. D’aprĂšs Von Humboldt, de visite dans la capitale, il l’était avant tout dans les lieux autrefois frĂ©quentĂ©s par la cour [5]. Que dire de plus Ă  ce sujet sinon qu’il est imprudent de conclure Ă  l’impopularitĂ© d’un rĂ©gime Ă  la lumiĂšre de ce qui suit, surtout quand cela s’opĂšre par la force et la contrainte. C’est la question qui se pose devant des assertions qui demanderaient Ă  ĂȘtre sĂ©rieusement motivĂ©es. Le dictateur consulaire Le pouvoir ne fut pas donnĂ© Ă  Bonaparte. Il lui fallut s’en emparer » p. 461. L’auteur admet donc que la popularitĂ© du hĂ©ros n’entraĂźna pas sa nomination au sommet de l’État. Une vĂ©ritable conjuration vit le jour qui rendit possible le renversement dĂ©finitif du Directoire. SieyĂšs y participait avec l’idĂ©e de modifier la Constitution de sorte que le gouvernement soit plus efficace. Lui non plus ne visait pas Ă  porter au pouvoir suprĂȘme un dictateur, ni mĂȘme un prĂ©sident de la RĂ©publique sur le mode amĂ©ricain. Il conservait aux corps lĂ©gislatifs Tribunat et Corps lĂ©gislatif une place de choix, mais ceux-ci n’étaient plus Ă©lus directement par des Ă©lecteurs. Ils Ă©taient choisis par le SĂ©nat – ou CollĂšge des Conservateurs. Le chef de l’État, nommĂ© Ă  vie, Ă©tait dotĂ© d’une fonction purement honorifique. On sait ce qu’il advint. Une fois le coup d’État effectuĂ©, Bonaparte fit pression sur ses acolytes et rĂ©ussit Ă  reprendre le contrĂŽle des discussions et des dĂ©cisions. Le rĂ©sultat en fut une constitution bien diffĂ©rente de celle prĂ©vue par l’abbĂ©. Il revint Ă  Necker de dĂ©mystifier la mystification quand il constata qu’aprĂšs le coup d’État du 18 Brumaire, la RĂ©publique française n’était plus qu’une fiction puisque la nation Ă©tait dĂ©pouillĂ©e de ses droits politiques et que les corps constituĂ©s ne pouvaient plus communiquer avec l’opinion publique. Il n’y aurait que le Premier Consul Ă  sortir armĂ© de la tĂȘte du lĂ©gislateur ». Gueniffey le reconnaĂźt, mais accepte placidement ces changements parce qu’ils permettraient d’accĂ©lĂ©rer les rĂ©formes et de terminer enfin la RĂ©volution. Un des chapitres est mĂȘme intitulĂ© Le dernier jour de la RĂ©volution ». Cela ne veut pas dire que Bonaparte renonce Ă  ses acquis. Le Premier Consul entend bien les perpĂ©tuer et les fixer dans le marbre des lois. Ici encore, il est tout Ă  la fois rĂ©volutionnaire et postrĂ©volutionnaire. À cette grande diffĂ©rence prĂšs, qui semble ne pas gĂȘner l’auteur, que s’y surimpose le dictateur. Dictature ferme, judicieuse et bienfaisante », selon Lacretelle p. 534, grĂące Ă  laquelle quatre mois suffisent pour introduire des rĂ©formes que cinq annĂ©es de paralysie directoriale » n’ont pas su mener Ă  bien Caisse d’amortissement, Banque de France, administration des contributions directes, systĂšme prĂ©fectoral et rĂ©organisation du systĂšme judiciaire. Et surtout, grĂące au monopole de la dĂ©cision » qui lui est imparti, Bonaparte peut s’attacher Ă  rationaliser et renforcer l’État p. 586. Il sait faire mieux encore et se couler dans la figure du despote Ă©clairĂ© si typique du XVIIIe siĂšcle. Pour Gueniffey, rien de contradictoire dans la prĂ©sence en un seul homme de ces influences diverses et variĂ©es la nature du rĂ©gime consulaire serait rĂ©publicaine ; la forme monarchique, et les mĂ©thodes de travail dignes d’un Joseph II ou du Grand FrĂ©dĂ©ric. Sous le Consulat, Bonaparte rĂ©ussirait donc Ă  faire fusionner en lui les tendances les plus opposĂ©es du siĂšcle. Le terroriste Tout cela provoque Ă©videmment des rĂ©sistances, et partant, des mesures coercitives. C’est le volet moins brillant de la politique consulaire, celui qu’on met peu volontiers en valeur. Non seulement Bonaparte souhaite dĂšs 1799 Ă©liminer les derniers des Jacobins – trente-quatre auraient dĂ» ĂȘtre dĂ©portĂ©s mais, devant le tollĂ© que cela suscita, ils furent seulement assignĂ©s Ă  rĂ©sidence – mais il ne tolĂšre aucune opposition. La libertĂ© de la presse qui Ă©tait si chĂšre Ă  la RĂ©volution laquelle l’avait certes violĂ©e Ă  plusieurs reprises est muselĂ©e. Dans les dĂ©partements, des commissions militaires et des tribunaux d’exception font rĂ©gner la terreur. L’historien amĂ©ricain Howard Brown a calculĂ© qu’en l’an IX, pas moins de 1 400 Ă  1 500 personnes furent exĂ©cutĂ©es et, en l’an X, quelque 900 Ă  1 000 individus. Bonaparte rĂȘvait de remplacer l’anarchie » rĂ©volutionnaire par l’ordre et l’autoritĂ©, mais il ne sut y parvenir qu’en usant des moyens propres Ă  l’époque si dĂ©criĂ©e de la terreur. Il Ă©changea la rĂ©pression incontrĂŽlĂ©e de l’an II contre une rĂ©pression contrĂŽlĂ©e d’en haut, qui n’était pas moins arbitraire. Gueniffey n’insiste pas assez sur ce point. Et c’est dommage, d’autant que la rĂ©pression ne faiblira pas tout au long du rĂšgne. En 1810-1811, par exemple, les bulletins de police signalent la prĂ©sence dans les diverses prisons parisiennes de 4 500 Ă  4 700 personnes [6]. Encore Paris n’est-il plus le centre exclusif de la rĂ©pression comme il en allait en l’an II. S’y ajoutent au fil des ans le fort de Ham, le chĂąteau d’If, la forteresse de FĂ©nestrelles, la Corse, etc. Tout cela concerne Ă©videmment le second volume Ă  paraĂźtre sur l’Empire. On aurait mauvais grĂ© Ă  reprocher Ă  l’auteur de ne pas l’avoir traitĂ© dans le premier. Tout au plus aurait-il pu noter l’intense coercition qui visait Ă  pacifier les dĂ©partements. Car la terreur consulaire se donne pour objectif de restaurer l’ordre et l’autoritĂ©. Le pacificateur Une fois restaurĂ© cet ordre en VendĂ©e et dans le Midi, Bonaparte rĂ©ussit Ă  pacifier les querelles religieuses en signant le Concordat. Le chapitre qui y est consacrĂ© est particuliĂšrement intĂ©ressant et illustre la thĂšse principale du livre sur la force de la volontĂ©. Bonaparte y consacre en effet des jours et des mois, ne se laisse rebuter par aucun obstacle et tient tĂȘte Ă  tous ceux qui s’y opposent. De mĂȘme, dĂšs 1801, il repense les relations avec l’AmĂ©rique et avec les colonies et envisage de reconstituer un empire colonial – vouĂ© Ă  l’échec, on le sait. Ce passage permet Ă  Gueniffey d’étudier et de nuancer la position de Bonaparte vis-Ă -vis de l’esclavage. Il l’aurait rĂ©introduit par pragmatisme, et non par antipathie vis-Ă -vis des Noirs p. 595-599. Enfin, le retrait de William Pitt de la scĂšne publique donne l’occasion au Premier Consul de conclure la paix avec l’Angleterre. Une paix qui ne pouvait ĂȘtre durable, puisqu’elle permettait Ă  la France de naviguer sur les mers, de reconstituer son empire, et de devenir un danger pour la suprĂ©matie maritime britannique. Bonaparte en Ă©tait conscient, mais ne fit rien pour amadouer la principale rivale de la France. Il en profita pour accroĂźtre son pouvoir en Europe et entreprendre des expĂ©ditions en Orient et aux AmĂ©riques. ParallĂšlement s’achevait la rĂ©daction du Code civil, dont NapolĂ©on s’attribuera l’entiĂšre paternitĂ© – alors que les premiers projets datent de 1793. Mais par son inflexible volontĂ©, ici encore, il termina ce que la RĂ©volution n’avait pu achever. Ceci et cela expliquent la conclusion de ce volet de la vie de Bonaparte. À savoir que jamais plus on ne le reverra faire un usage si judicieux de son gĂ©nie et de sa force » p. 683. Il en est rĂ©compensĂ© par le Consulat Ă  vie qui le transforme en monarque – sans le titre ». Conclusion intrigante en un sens, parce qu’elle annonce une dĂ©cadence paradoxale celle du Grand Empire. À ce stade, l’auteur a dĂ©laissĂ© Machiavel et les influences qu’il avait bien pu exercer sur le hĂ©ros. Et pourtant ! Bien des rĂ©formes entreprises sur le plan de la religion, des institutions, de l’ordre public, de la cour et des apparences, de la terreur salutaire Ă  infliger aux opposants, de l’autoritĂ© que doit afficher le dictateur nouveau ou sur le plan militaire – notamment la parade hebdomadaire qui rappelait aux Français son statut de roi de guerre » – semblent autant de mises en pratique des conseils que distribuait quelques siĂšcles plus tĂŽt le penseur florentin. Stendhal aurait-il donc eu raison ? DerriĂšre l’hĂ©ritier des LumiĂšres et de la RĂ©volution semble bien se cacher un condottiere de la Renaissance le prince de Machiavel, hors normes et amoral.

Ily a donc peu de domaines dans lesquels offrir un regard sur cet opus 2022, mais suffisamment pour pressentir que la révolution ne viendra clairement pas du gameplay. En effet, si

J'ajoute ci-dessous un petit dossier de ressources sur La RĂ©volution Française , un sujet qui concerne l'Ă©tude de l'histoire de la France , pas tellement du FLE . Vous y retrouverez un peu d'histoire , des films , des comĂ©dies musicales , de l'humour ... des ressources audiovisuelles inspirĂ©es de ce fait historique . Je l'ai conçu comme complĂ©ment Ă  mon post sur la FĂȘte nationale française du 14 juillet On commence ?A. Histoire 1 . La RĂ©volution française film animation vous pouvez afficher les sous-titres 2. Il Ă©tait une fois
 l'Homme - La RĂ©volution Française sous-titresJuillet 1789. Paris a faim et gronde. L’émeute menace, prend forme. Le peuple se rend Ă  la Bastille... Peu aprĂšs, Louis XVI tente de fuir, il sera arrĂȘtĂ© Ă  Varennes. 3. Le 14 juillet 1789 savez-vous pourquoi le 14 juillet est-il devenu la fĂȘte nationale de la France et le symbole de la RĂ©volution française ? Infographie PDF Infographie La DĂ©claration des droits de l'homme et du citoyen Infographie PDF Bonaparte Infographie L'hĂ©ritage de la RĂ©volution ................................ B . Audiovisuel 1. Le 14 Juillet 1789 Un film d'animation d'Anthony Pascal. Voici racontĂ© heure par heure tout ce qui s'est passĂ© Ă  Paris le 14 juillet 1789 2. Film historique Les AnnĂ©es LumiĂšre / Les AnnnĂ©es Terribles Film historique franco-italo-germano-canadien en deux parties, Les AnnĂ©es lumiĂšre de Robert Enrico et Les AnnĂ©es terribles de Richard T. Heffron, sorti en RĂ©volution française regroupe dans sa premiĂšre partie Les AnnĂ©es lumiĂšre les Ă©vĂ©nements de 1789 jusqu'Ă  l'assaut des Tuileries le 10 aoĂ»t 1792, puis dans sa seconde partie Les AnnĂ©es terribles les Ă©venements de l'emprisonnement du roi Louis XVI avec sa famille au Temple jusqu'Ă  la fin de la Terreur, avec l'exĂ©cution de Robespierre. 3. Guillotine Petite histoire franco-allemande de la Guillotine RĂ©alisĂ©e pour l'Ă©mission Karambolage d'Arte 4. Marie-Antoinette De toutes les reines de France, Marie-Antoinette Infographie est sans doute l’une des plus admirĂ©e et dĂ©testĂ©e Ă  la fois. La pĂ©tillante Autrichienne est mariĂ©e trĂšs jeune Ă  Louis XVI Infographie , hĂ©ritier du trĂŽne de France. Des fastes de la cour de Versailles aux tourments de la RĂ©volution française, dĂ©couvrez l’histoire de la derniĂšre grande Reine de France. Ouvrez les liens pour regarder les infographies PDF ........................................... C. ComĂ©dies musicales 1. " Marie-Antoinette et le Chevalier de Maison-Rouge" Clip Paroles Lorrin Avec ses villages, ses chĂąteaux Ses maisons grises au bord de l’eau Je sais trĂšs bien comme on y danse Avec ses peurs et ses colĂšres Ses idĂ©es rĂ©volutionnaires Je la connais mieux qu’on ne pense Martin Avec ses clochers, ses Ă©glises Ses traditions quoi qu’on en dise Elle garde un dĂ©sir d’insolence Si j’ai pu l’offenser un jour Elle est comme une chagrin d’amour Qui me fait pleurer en silence Maurice La France, la France C’est l’ombre d’une croix sous un ciel de Provence La France, Lorrin C’est de garder la foi quand tout est jouĂ© d’avance Martin Avec ses jardins romantiques Ses ports de pĂȘche en atlantique Je sais bien toutes ses diffĂ©rences Avec ses mĂ©tiers d’artisans Tailleurs de pierres ou paysans Il y a 2000 ans qu’elle avance Marie Avec ses provinces immortels Enfant chĂ©rie du roi soleil Je connais bien sa descendance Avec ses mots de libertĂ© ÉgalitĂ©, fraternitĂ© Dont je n’ai jamais pris conscience Maurice La France, la France C’est de croire jusqu’au bout jusqu’à la derniĂšre chance La France, C’est de garder en nous nos souvenirs d’enfance Marie La France, la France Elle reste mon pays, d’hier Ă  aujourd’hui La France Lorrin De toutes ses couleurs, elle reste dans mon cƓur Marie Elle reste dans mon cƓur Lyrics 2. "1789 Les amants de la Bastille" Spectacle musical français de Dove Attia, Albert Cohen et François Chouquet, sur des musiques de Rod Janois, Jean-Pierre Pilot, Olivier Schultheis, William Rousseau et Dove Attia, dont la premiĂšre reprĂ©sentation eut officiellement lieu le 10 octobre 2012 au Palais des sports de Paris et la derniĂšre le 5 janvier 2014 au Palais des sports Ă©galement. PrĂ©sentation des extraits de l'album intĂ©gral du spectacle par ici Chanson "1789 Ça ira mon amour - Rod Janois" + Fiche pĂ©dagogique FLE A2 / B1 Paroles Cette peur qui me dĂ©shabille Pour avoir osĂ© ton nom sur ma peau Et ces pleurs qui te dĂ©maquillent Viennent emporter ma raison sous les flots MalgrĂ© tous Les regards qui fusillent PrĂšs de nous L'Ă©tendard qui vacille AprĂšs tout On s'en moque/moc moc moc... Ça ira mon amour Ah! ça ira pour toujours Allons amants dĂ©clamer nos serments Interdits Ça ira mon amour On oubliera les tambours Sur tous les murs j'Ă©crirai je le jure LibertĂ© chĂ©rie J'ai rĂȘvĂ© nos corps qui se touchent CaressĂ© l'esprit de nos idĂ©aux J'ai posĂ© ma langue sur ta bouche Savourer l'essence de tes moindres mots MalgrĂ© tous Le dĂ©sir est fragile PrĂšs de nous Le plaisir en pĂ©ril AprĂšs tout On s'en moque/moque, moque, moque... Ça ira mon amour Ah! ça ira pour toujours Allons amants dĂ©clamer nos serments Interdits Ça ira mon amour On oubliera les tambours Sur tous les murs j'Ă©crirai je le jure LibertĂ© chĂ©rie Mon amour C'est ta vie que j'Ă©pouse En ce jour Serti de roses rouge Allons amants Il faut rire et danser VoilĂ  le printemps... libĂ©rĂ© Ça ira mon amour On Ă©crira le grand jour Je t'offrirai mes nuits pour la vie C'est promis Ça ira mon amour Ah! ça ira pour toujours Allons amants dĂ©clamer nos serments Interdits Ça ira mon amour On oubliera les tambours Sur tous les murs j'Ă©crirai je le jure LibertĂ© Fiche pĂ©dagogique A2 / B1 EnseignerTV5Monde Paroles de clips VoilĂ  quelques extraits du spectacle musical Je veux le monde , Pour la peine , Tomber dans ses yeux , Sur ma peu , Les mots que l'on ne dit pas Vous pouvez Ă©couter et suivre les paroles du premier clip " 1787 , ... " Je Veux Le Monde " ...................................... D . Humour L'un des sketches de "Les Inconnus" Les Inconnus - La rĂ©volution Parodie d'un spectacle fait par des enfants d'Ă©cole primaire sur la RĂ©volution française ////////////////////////////////////////////// En rapport avec ... FĂȘte nationale française du 14 juillet quelques ressources Bonne dĂ©couverte ! Infographies Mon quotidien / Le petit Quotidien
LesprĂ©misses de la RĂ©volution française, le frĂ©missement social. Henri Guillemin traite des influences et des causes de la rĂ©volution qui allait bouleverser l’ordre immuable de l’Europe politique. Deux causes Ă  l’origine de cette prise de conscience sociale : la constitution d’une nouvelle classe, la hausse considĂ©rable des prix conjuguĂ©e avec une forte augmentation

Festival de Cannes 2022 L'un a livrĂ© au cinĂ©ma des films d'anthologie, l'autre s'attelle Ă  les restaurer. Dernier sauvetage en date "Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique" lestĂ© de vingt minutes inĂ©dites, et prĂ©sentĂ© Ă  Cannes le 18 mai. Cette Ă©popĂ©e, tournĂ©e dans le Lower East Side Ă  New York, Scorsese l'a suivie de prĂšs. Il la raconte, en cinĂ©phile. Sauver les films des outrages du temps... The Film Foundation, l'organisme créé par Martin Scorsese en 1990, a un nouveau rescapĂ© Ă  son actif aprĂšs, entre autres, Les Chaussons rouges, de Michael Powell et Le GuĂ©pard de Luchino Visconti, voilĂ  que le rĂ©alisateur amĂ©ricain s'est installĂ© au chevet d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Par ce titre, Sergio Leone clĂŽturait, en 1984, sa trilogie inaugurĂ©e avec Il Ă©tait une fois dans l'Ouest 1969puis Il Ă©tait une fois la rĂ©volution 1971.Longue de 3 h 49, l'histoire de ces deux gangsters juifs est une Ă©lĂ©gie funĂšbre qui doit autant Ă  Proust et La Recherche du temps perdu qu'Ă  la tradition hollywoodienne. Ce fut le dernier film de Sergio Leone, qui meurt en 1989. La copie restaurĂ©e, lestĂ©e de vingt minutes de scĂšnes inĂ©dites, a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e Ă  Cannes Classics, une programmation créée en 2004 prĂ©sentant des films anciens et des chefs-d'oeuvre de l'histoire du cinĂ©ma. A cette occasion, Martin Scorsese revient sur sa rencontre avec le cinĂ©aste italien, sur cette oeuvre magistrale, qui traite de la fin d'un monde – l'AmĂ©rique de la Prohibition – et marque la fin d'un genre, celui des grandes Ă©popĂ©es au cinĂ©ma. Quand avez-vous rencontrĂ© Sergio Leone pour la premiĂšre fois ? C'Ă©tait au Festival de Cannes en 1976, Ă  l'occasion d'un dĂźner au restaurant l'Oasis, l'annĂ©e oĂč Taxi Driver Ă©tait en compĂ©tition. Il y avait lĂ  Costa-Gavras, Sergio Leone, tous deux membres du jury, moi, Robert De Niro, Paul Schrader, le scĂ©nariste de Taxi Driver, Jodie Foster, Michael et Julia Phillips, les producteurs du film. Paul Schrader avait portĂ© un toast Ă  Leone pour le remercier d'avoir tournĂ© avec Il Ă©tait une fois dans l'Ouest un des plus grands westerns de l'histoire du cinĂ©ma. Nous Ă©tions arrivĂ©s deux jours plus tĂŽt Ă  Cannes et la dĂ©prime nous avait gagnĂ©s. Tennessee Williams, le prĂ©sident du jury, avait dĂ©clarĂ© Ă  la presse qu'il n'aimait pas du tout Taxi Driver, qu'il le trouvait beaucoup trop violent. Au dĂźner, Sergio Leone et Costa-Gavras nous dirent qu'eux aimaient le film. Nous pensions que Taxi Driver pouvait quand mĂȘme dĂ©crocher un prix, peut-ĂȘtre pour son scĂ©nario, ou pour ses acteurs. Mais il a eu la Palme d'or ! Et ça, c'est grĂące Ă  Sergio Leone. Comment a Ă©voluĂ© votre relation avec lui ? J'ai vĂ©cu en partie Ă  Rome entre 1978 et 1981. Je le croisais rĂ©guliĂšrement. Notamment lors d'un dĂ©jeuner chez lui le 31 dĂ©cembre 1979. J'ai rencontrĂ© sa femme, sa famille, fait la connaissance du dĂ©corateur Dante Ferretti avec qui je travaillerai par la suite sur Le Temps de l'innocence, Casino, Kundun, Gangs of New York, Aviator et Hugo Cabret. Comme il savait combien j'aimais Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, il m'a offert sa copie du film. C'est cette copie que j'ai projetĂ©e en 1980 au Festival du film de New York. C'Ă©tait la premiĂšre fois que je parlais en public de l'enjeu capital que reprĂ©sente la prĂ©servation des films, et plus prĂ©cisĂ©ment de la question de la couleur, qui passe si les bobines ne sont pas conservĂ©es correctement. Quand Sergio Leone est venu Ă  New York, je lui ai proposĂ© de venir dĂźner chez mes parents qui vivaient encore dans le Lower East Side, dans un immeuble sans ascenseur. Nous y sommes allĂ©s avec Elio Petri le metteur en scĂšne de La classe ouvriĂšre va au paradis, Palme d'or au Festival de Cannes en 1972. Il a particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© la cuisine sicilienne de ma mĂšre, trĂšs diffĂ©rente de la cuisine romaine Ă  laquelle il Ă©tait habituĂ©. Et ma mĂšre fut sensible Ă  son coup de fourchette ! A cette Ă©poque, je travaillais sur La Valse des pantins avec Robert De Niro. Le film Ă©tait produit par Arnon Milchan – qui allait devenir le producteur d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Leone n'avait plus tournĂ© depuis dix ans, depuis Il Ă©tait une fois la rĂ©volution, et De Niro n'avait vu aucun de ses films. Comme j'avais encore la copie d'Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, il m'a demandĂ© si je pouvais le projeter pour De Niro. Ce dernier a dĂ©couvert le film au Museum of Modern Art, et il a immĂ©diatement acceptĂ© le rĂŽle du gangster juif. Quelle a Ă©tĂ© votre premiĂšre impression face Ă  Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique ? Le film est sorti aux Etats-Unis dans une version massacrĂ©e de 2 h 15, quand celle de Leone, sortie en Europe, durait 3 h 49. De Niro avait organisĂ© une projection de la version originale au Museum of Modern Art pour mes parents et des amis et moi. Nous Ă©tions tous impressionnĂ©s par la qualitĂ© des images et attristĂ©s par la conjoncture des annĂ©es 1980 qui ne permettait plus de produire une oeuvre pareille. D'ailleurs, le film n'a rien rapportĂ© au box-office. Je me souviens d'avoir Ă©tĂ© frappĂ© par la prĂ©cision de la mise en scĂšne. Des dĂ©tails sur le son et le mouvement des comĂ©diens. Le son dĂ©clenche la mĂ©moire. C'est un procĂ©dĂ© trĂšs littĂ©raire, particuliĂšrement dans la sĂ©quence d'ouverture avec cette sonnerie de tĂ©lĂ©phone qui n'en finit pas. Comment aviez-vous perçu les premiers films de Sergio Leone ? J'avoue avoir Ă©tĂ© dĂ©routĂ© par Le Bon, la Brute et le Truand. Les critiques français et anglais plaçaient trĂšs haut les westerns amĂ©ricains, ceux de Howard Hawks et de John Ford en tĂȘte. Et pour un gamin du Lower East Side comme moi, sujet Ă  des crises d'asthme, les horizons du western correspondaient Ă  un ailleurs spĂ©cifiquement amĂ©ricain. Du coup, un western italien, signĂ© Sergio Leone... je ne savais pas quoi en penser. Quand j'ai vu Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, je n'ai rien compris non plus. Sa lenteur me dĂ©stabilisait. Il a fallu que je revoie le film deux ans plus tard Ă  la tĂ©lĂ©vision pour comprendre qu'un western n'avait pas besoin de racines amĂ©ricaines. Je me suis fait Ă  ses images, Ă  sa musique. Leone ne s'inscrivait pas tant dans la filiation du western que dans la tradition théùtrale italienne qui est celle de l'opĂ©ra. Il avait une maniĂšre bien Ă  lui de composer avec les archĂ©types du genre. Comme dans la commedia dell'arte avec Arlequin, Polichinelle, ses personnages portent des masques, et ces masques en cachent beaucoup d'autres. C'est en fait un systĂšme de poupĂ©es russes. Dans Il Ă©tait une fois dans l'Ouest, chaque personnage rĂ©vĂšle un visage diffĂ©rent au fil de l'histoire. Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique a un systĂšme comparable. Le film est construit comme un rĂȘve Ă  l'intĂ©rieur d'un autre rĂȘve. Il ne s'appuie plus sur les archĂ©types du cinĂ©ma criminel hollywoodien, mais sur les codes d'un mythe, celui de l'AmĂ©rique, dans les annĂ©es 1930, au moment oĂč elle passe de l'anarchie Ă  l'ordre. Avant de rĂ©aliser ses westerns, Leone avait signĂ© des pĂ©plums, Les Derniers Jours de PompĂ©i, Le Colosse de Rhodes. Il me disait souvent en plaisantant que sa grande source d'inspiration Ă©tait... HomĂšre ! Son goĂ»t de la mythologie s'est transformĂ© en passion pour le mythe de l'AmĂ©rique. Pour lui, les films de John Ford Ă©taient une variante des mythes classiques. Je pense qu'il considĂ©rait que ses films Ă©taient des tranches de l'histoire amĂ©ricaine, comme les chapitres d'un manuel scolaire. Par boutade, il aimait rĂ©pĂ©ter qu'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique aurait dĂ» s'intituler Il Ă©tait une fois un certain type de film se dĂ©roule dans le quartier du Lower East Side, Ă  New York, oĂč vous avez grandi. C'est l'un des derniers Ă  avoir Ă©tĂ© tournĂ© lĂ -bas. Le Lower East Side Ă©tait un quartier juif et aussi italien. Les deux communautĂ©s y vivaient cĂŽte Ă  cĂŽte. Mon pĂšre y a retrouvĂ© sa propre enfance. Ce n'Ă©tait pas celle d'un gangster, bien sĂ»r, mais il reconnaissait les immeubles, les allĂ©es, la vie dans la rue. La scĂšne oĂč le gamin prĂ©fĂšre manger son gĂąteau plutĂŽt que de le donner Ă  la jeune fille pour coucher avec elle... Personnellement, j'avais un problĂšme avec le dernier plan, celui avec Robert De Niro allongĂ© dans une fumerie d'opium qui se met Ă  sourire. Je ne comprenais pas, mais mon pĂšre, lui, avait tout saisi. Il a Ă©tĂ© trĂšs touchĂ© par le film et je n'arrivais pas Ă  comprendre pourquoi. Peut-ĂȘtre saisissait-il que le personnage principal de ce film n'est pas tant Robert De Niro que la mort, omniprĂ©sente ? Absolument. Il Ă©tait dĂ©jĂ  ĂągĂ© et ça l'a touchĂ©. La maniĂšre dont De Niro est maquillĂ© en vieil homme, sa dĂ©marche il est clair que la prochaine Ă©tape est la mort. Le film est une longue Ă©lĂ©gie. C'est comme si Leone avait pressenti que ce serait son dernier film. Cela explique peut-ĂȘtre son cĂŽtĂ© hiĂ©ratique. Nous avons appris la mort de Leone le premier jour du tournage des Affranchis. Je l'avais vu pour la derniĂšre fois Ă  la Mostra de Venise en 1988 lors de la projection de La DerniĂšre Tentation du Christ. Il Ă©tait trĂšs amaigri ; il m'avait demandĂ© des nouvelles de mes parents. Qu'est-ce que les vingt minutes supplĂ©mentaires ajoutent Ă  la version restaurĂ©e d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique prĂ©sentĂ©e Ă  Cannes, le 18 mai ? Je crois que, trĂšs souvent, il y a une diffĂ©rence entre la version originale d'un film et celle que souhaitait le metteur en scĂšne. La version originale dĂ©pend du producteur, de la censure aussi. Je suis toujours trĂšs curieux de dĂ©couvrir la vision du metteur en scĂšne. LĂ , nous avons retrouvĂ© ces vingt minutes auxquelles j'espĂšre ajouter plus tard vingt autres minutes. Quand vous aimez vraiment un metteur en scĂšne, vous voulez tout voir d'un film. Vous voulez, par exemple, visionner les vingt minutes de 2001 l'odyssĂ©e de l'espace coupĂ©es au montage, mĂȘme si c'est Stanley Kubrick lui-mĂȘme qui les a retirĂ©es. Dans le cas d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique, je sais que Leone voulait que ces vingt minutes soient rĂ©tablies. Peut-on dĂ©celer l'influence de Sergio Leone dans votre cinĂ©ma ? Je travaillais sur le montage de Shutter Island quand j'ai participĂ© Ă  la restauration d'Il Ă©tait une fois dans l'Ouest. A force de revoir les mĂȘmes scĂšnes, pour vĂ©rifier l'Ă©talonnage des couleurs, je me suis surpris Ă  pleurer tant j'Ă©tais Ă©mu par les visages des comĂ©diens en gros plan, par les mouvements de la camĂ©ra, la simplicitĂ© des dialogues. Les visages sont filmĂ©s comme des paysages, dans des plans trĂšs serrĂ©s. La mĂȘme chose s'est produite avec Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Je pense qu'on retrouve l'influence de Sergio Leone dans Taxi Driver. Mon film est plutĂŽt claustrophobique, mais le cadrage est "leonien". Gangs of New York est largement influencĂ© par Il Ă©tait une fois dans l'Ouest et Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Le garçon qui ouvre la porte et dĂ©couvre la ville recouverte par la neige dans mon film, c'est une Ă©vocation du gamin du dĂ©but d'Il Ă©tait une fois dans l'Ouest qui s'enfuit de la ferme quand il entend des coups de feu et se fait tuer. Les mouvements de camĂ©ra circulaires autour d'un comĂ©dien, si typiques de Leone, font partie des effets que j'ai totalement intĂ©grĂ©s. Dans mon esprit, Gangs of New York aurait dĂ» durer cinq heures. Au final, nous avons fait le film que nous Ă©tions en mesure de faire, avec le budget dont nous disposions... Je crois bien que l'Ă©poque oĂč l'on pouvait faire ces grands films Ă©piques est terminĂ©e. C'est sans doute pour cela que j'ai fait Boardwalk Empire pour la tĂ©lĂ©vision. La sĂ©rie est largement inspirĂ©e d'Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique. Nous en sommes Ă  la troisiĂšme saison et l'on parle ici dĂ©jĂ  d'un film de 42 heures. Je n'ai pas tout rĂ©alisĂ©. Mais j'ai supervisĂ© l'intĂ©gralitĂ©. Samuel Blumenfeld propos recueillis Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Titre: La rĂ©volution AnnĂ©e : 1969 Auteurs compositeurs : Évariste Pochette : Georges Wolinski DurĂ©e : 2 m 17 s Label : C.R.A.C. RĂ©fĂ©rence : CRAC 001 PrĂ©sentation : « Ce disque a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© avec le concours des mouvements et groupuscules ayant participĂ© Ă  la rĂ©volution culturelle de mai 1968. Il est mis en vente au prix de 3F afin de dĂ©masquer Ă  quel point les capitalistes se
Les dynamiques économiques de la Révolution française Serge Aberdam, Anne Conchon, Virginie Martin Les mutations de la propriété Introduction de la premiÚre partie Gérard Béaur p. 17-26
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