GeorgeSand répond le 17 décembre 1870: "Mon cher fils, je n'avais rien reçu de vous et j'étais inquiète. Je reçois aujourd'hui 17 décembre la triste nouvelle que vous m'annoncez. Une consolation, c'est que ce pauvre père a eu une fin douce, que vous étiez près de lui et que jusqu'au bout, vous avez pu veiller sur lui.

Correspondance - Grand Format George Sand et Alexandre Dumas ont plus d'un trait en commun. Tous deux ont vécu une enfance campagnarde veillée par des femmes. Tous deux ont connu... Lire la suite 33,00 € Neuf Ebook Téléchargement immédiat 22,99 € Téléchargement immédiat 2,99 € Grand format Expédié sous 6 à 12 jours 28,00 € Expédié sous 2 à 4 semaines 24,90 € Expédié sous 3 à 6 jours Livré chez vous entre le 31 août et le 5 septembre George Sand et Alexandre Dumas ont plus d'un trait en commun. Tous deux ont vécu une enfance campagnarde veillée par des femmes. Tous deux ont connu le succès très tôt. Et ils partagèrent la même instabilité sentimentale, la même liberté sexuelle, qui scandalisèrent leurs contemporains. Mais leur relation serait probablement restée superficielle sans l'intervention d'Alexandre Dumas fils. En 1851, il rapporte à George Sand ses lettres à Frédéric Chopin qu'elle souhaite voir disparaître. C'est le début d'une amitié exceptionnelle, par-delà les générations, entre l'auteur d'Indiana et celui qu'elle appellera son fils. Cette correspondance à trois voix a le pouvoir unique de restituer les dialogues passionnants entre ces géants des lettres. Les considérations sur le théâtre et le roman se mêlent aux anecdotes quotidiennes et aux réflexions politiques et sociales. De quoi faire de ce volume le miroir fidèle de la personnalité des épistoliers, et un témoignage, unique sur une époque, de la monarchie de Juillet à la Troisième République, en passant par le Second Empire. L'oeuvre de George Sand ne cesse d'être réévaluée. Cette correspondance inédite avec son fils spirituel, Alexandre Dumas fils, est une occasion nouvelle de lire l'auteur d'Indiana. Et de découvrir les débats qui ont enflammé la France des années 1851-1876, racontés par deux des plus grandes figures littéraires de l'époque. Date de parution 17/10/2019 Editeur ISBN 978-2-7529-1211-4 EAN 9782752912114 Format Grand Format Présentation Broché Nb. de pages 736 pages Poids Kg Dimensions 15,0 cm × 23,0 cm × 3,9 cm Spécialiste d'Alexandre Dumas, Claude Schopp a reçu, avec son épouse Marianne, le Prix Goncourt de la biographie 2017 pour Dumas fils ou l'anti-Œdipe. Sa découverte de l'identité du modèle de L'origine du monde de Courbet a été un évènement médiatique international. Expert en autographes, Thierry Bodin a notamment édité chez Gallimard Lettres retrouvées de George Sand.
Lacorrespondance entre George Sand et la comédienne Marie Dorval est constituée de trente-deux lettres échangées du 26 janvier 1833 au 16 juin 1848. Elle est suscitée par l’admiration réciproque qu’inspirent à chacune le talent mais aussi l’indépendance de l’autre. Le lien qui se noue très vite entre celles que leur époque surnomme « les inséparables » apparaît si serré
Les Amis de Flaubert – Année 1959 – Bulletin n° 15 – Page 9 George Sand et Gustave Flaubert Dès mars 1839, nous rencontrons, dans la Correspondance, le nom de George Sand dans une lettre qu’adressait Flaubert à Ernest Chevalier Tu me dis que tu as de l’admiration pour George Sand, je la partage bien et avec la même réticence. J’ai lu peu de choses aussi belles que Jacques. Parles-en à Alfred Le Poittevin ». Mais c’est seulement en 1863 qu’ils font connaissance à l’un des dîners Magny où Dumas fils et Sainte-Beuve les présentèrent l’un à l’autre. Et tout de suite une correspondance intéressante va s’échanger qui traitera surtout de leurs travaux réciproques, de leurs réflexions, de la différence — très marquée — entre leurs points de vue ; correspondance exempte de toute dissimulation, de toute coquetterie Pas de vraie amitié sans liberté absolue », lui écrira-t-elle. N’a-t-on pas dit, par ailleurs, que sa devise, à elle, semble avoir été Je veux que l’on soit femme » et qu’en toute rencontre Le fond de notre cœur en nos discours se montre ». Or, le cœur de George Sand était infiniment bon et c’est ce qui attendrira Flaubert, comme d’autres l’avaient été avant lui. Ne lui écrivait-elle pas, le 10 février 1863 …ce qu’il y a de meilleur est dans la tête pour comprendre et dans le cœur pour apprécier ». La grande cantatrice Pauline Viardot dira plus tard que son illustre amie était méconnue, en ce sens qu’on a parlé de ses œuvres, mais insuffisamment de sa bonté. En 1863, George Sand avait 59 ans et Flaubert 42. Elle avait débuté dans le roman en 1831 par Rose et Blanche — on remarquera qu’elle affectionnait les prénoms ; souvent ils serviront de titre à ses ouvrages — écrit en collaboration avec Jules Sandeau et signé Jules Sand. Mais, six mois plus tard, elle publiait, seule, Indiana, signé cette fois du pseudonyme qu’elle allait immortaliser — que suivirent immédiatement Valentine, Lélia, Jacques, André, Simon, Mauprat, Les Sept Cordes de la Lyre, Consuelo, Jeanne, Horace, Le Meunier d’Angibault, La Mare au Diable 1, Lucrezia Floriani, Le Péché de M. Antoine, La Petite Fadette, François le Champi, Adriani, Narcisse, Jean de la Roche, etc., etc., indépendamment de nombreuses pièces de théâtre. Elle n’était donc pas seulement célèbre dans le monde entier à cause de ses amours retentissantes et diverses. Il y avait — en 1863, toujours — une vingtaine d’années qu’elle connaissait Michelet dont les idées différaient autant des siennes qu’en différaient celles de Flaubert ; Michelet qui trouvait d’Indiana le style admirable », mais la conduite médiocre, et, dans Lélia, un mélange bizarre de mysticisme religieux, de hardi rationalisme, de sensualité et de fougue révolutionnaire… » ; Michelet qui lui écrivait, en mars 1857 …Toute parole qui tombe de votre plume, c’est l’immortalité » et, en décembre de l’année suivante …vous êtes l’une des deux ou trois personnes auxquelles tient encore la gloire de la France ; Michelet, enfin, qui, dans la préface de L’Amour, a dit Le plus grand prosateur du siècle est une femme Madame Sand ». Mais revenons à la Correspondance. Dès leurs premières lettres on sent combien diffèrent leur façon de voir et de sentir. Le 2 février 1863, George Sand répond à Flaubert qui lui a exposé son invincible répulsion à mettre sur le papier quelque chose de son cœur » …Je ne comprends pas du tout, oh ! mais pas du tout. Moi, il me semble qu’on ne peut pas y mettre autre chose. Est-ce qu’on peut séparer son esprit de son cœur ? est-ce que c’est quelque chose de différent ? est-ce que la sensation même peut se limiter ? est-ce que l’être peut se scinder ? Enfin, ne pas se donner tout entier dans son œuvre me paraît aussi impossible que de pleurer avec autre chose que ses yeux et de penser avec autre chose que son cerveau… ». Flaubert ayant manifesté le désir d’avoir le portrait de sa correspondante pour l’accrocher à la muraille de mon cabinet, à la campagne, où je passe souvent de longs mois tout seul… », elle lui répond qu’elle choisira elle-même ce qu’il y aura de plus présentable lorsqu’elle ira à Paris où elle se rendait assez fréquemment ; Merci de l’accueil que vous voulez bien faire à ma figure insignifiante en elle-même, comme vous savez bien… ». Quelque temps après, en effet, elle met à la grande vitesse une bonne épreuve du dessin de Couture et y joint une épreuve photographique d’un dessin de Marchal, qui a été ressemblant aussi ; mais d’année en année on change. L’âge donne sans cesse un autre caractère à la figure des gens et c’est pourquoi leurs portraits ne leur ressemblent pas longtemps ». Une lettre de Flaubert la remercie de cet envoi en ces termes Eh bien, je l’ai cette belle, chère et illustre mine. Je vais lui faire un large cadre et la pendre à mon mur pouvant dire comme M. de Talleyrand à Louis-Philippe C’est le plus grand honneur qu’ait reçu ma maison » …Des deux portraits, celui que j’aime le mieux, c’est le dessin de Couture ». Quiconque placera sous ses yeux ledit dessin ne s’étonnera nullement du choix de Flaubert. Il y a dans ce dessin, une rectitude, une noblesse, une majesté toute romantique. Quant à Marchal, continue Flaubert, il n’a vu en vous que la bonne femme », mais moi qui suis un vieux romantique, je retrouve dans l’autre la tête de l’auteur » qui m’a fait rêver dans ma jeunesse… ». Le 29 février 1864 a lieu la première représentation du Marquis de Villemer, à l’Odéon, pièce dont Dumas fils avait écrit le scénario, le premier acte et la moitié du second, afin de venir en aide à sa grande amie qui éprouvait toujours des difficultés lorsqu’il s’agissait de faire dialoguer ses personnages ». À côté du chef de claque, ce personnage rituel, à la troisième galerie, il y avait un bonhomme de haute carrure, aux longs cheveux, à la face congestionnée qui tapait comme un sourd, encourageant les romains », de l’exemple, du geste et de voix, prenant tous les effets avec une rare perspicacité, les soulignant et n’en laissant passer aucun. Ce claqueur pas ordinaire, c’était tout naïvement Gustave Flaubert 2. Vous avez été si bon et si sympathique pour moi, lui écrivait George Sand quelques jours plus tard, à la première représentation de Villemer que je n’admire plus seulement votre admirable talent, je vous aime de tout mon cœur ». Elle ne lui cache pas, dans une lettre du 12 août 1866, combien elle reconnaît de qualités et à quel point elle l’admire …De loin je peux vous dire combien je vous aime sans craindre de rebâcher. Vous êtes un des rares » restés impressionnables, sincères, amoureux de l’art, pas corrompus par l’ambition, pas grisés par le succès. Enfin, vous avez toujours vingt ans par toutes sortes d’idées qui ont vieilli, à ce que prétendent les séniles jeunes gens de ce temps-ci ». Deux mois plus tard, elle lui écrit qu’elle serait enchantée d’avoir son impression écrite sur la Bretagne ; moi, je n’ai rien vu assez pour en parler… Pourquoi votre voyage est-il resté inédit ? Vous êtes coquet » ; vous ne trouvez pas tout ce que vous faites digne d’être montré. C’est un tort. Tout ce qui est d’un maître est enseignement, et il ne faut pas craindre de montrer ses croquis et ses ébauches. Je vous ai entendu dire Je n’écris que pour dix ou douze personnes ». J’ai protesté intérieurement. Les douze personnes pour lesquelles on écrit et qui vous apprécient, vous valent ou vous surpassent ; vous n’avez jamais eu besoin, vous de lire les onze autres pour être vous. Donc, on écrit pour tout le monde, pour ce qui a besoin d’être initié ; quand on n’est pas compris, on se résigne et on recommence. Quand on l’est, on se réjouit et on continue. Là est tout le secret de nos travaux persévérants et de notre amour de l’art Qu’est-ce que c’est que l’art sans les cœurs et les esprits où on le verse ? Un soleil qui ne projetterait pas de rayons et ne donnerait la vie à rien… Cent fois dans la vie, le bien que l’on fait ne paraît servir à rien d’immédiat ; mais cela entretient quand même la tradition du bien vouloir et du bien faire, sans laquelle tout périrait… ». Et elle continue de se peindre moralement dans ses superbes lettres à Flaubert qui ne pourra s’empêcher de lui écrire Sous quelle constellation êtes-vous donc née pour réunir dans votre personne des qualités si diverses, si nombreuses et si rares ? ». Flaubert lui faisait part, comme aux autres intimes avec lesquels il correspond, de la difficulté qu’il éprouve à composer ses textes, George Sand lui répond Vous m’étonnez toujours avec votre travail pénible ; est-ce une coquetterie ? ça paraît si peu ! Ce que je trouve difficile moi, c’est de choisir entre les mille combinaisons de l’action scénique qui peuvent varier à l’infini, la situation nette et saisissante qui ne soit pas brutale ou forcée. Quant au style, j’en fais meilleur marché que vous… ». Et l’auteur de Madame Bovary de répondre …Je ne suis pas du tout surpris que vous ne compreniez rien à mes angoisses littéraires ! Je n’y comprends rien moi-même. Mais elles existent pourtant et violentes. Je ne sais plus comment il faut s’y prendre pour écrire, et j’arrive à exprimer la centième partie de mes idées, après des tâtonnements infinis. Pas primesautier, votre ami, non ! pas du tout ! ». En ce qui la concerne, elle, le vent joue dans sa vieille harpe, dit-elle, comme il lui plaît d’en jouer. Il a ses hauts » et ses bas », ses grosses notes et ses défaillances » ; au fond, ça lui est égal, pourvu que l’émotion vienne… Laissez donc le vent courir un peu dans vos cordes Moi je crois que vous prenez plus de peine qu’il n’en faut… ». George Sand était d’une activité étonnante. De Bagnères-de-Luchon, où il s’est rendu, après le décès de sa mère, pour refaire un peu ses nerfs malades, Flaubert lui demande 12-7-72 ce qu’elle fait. Elle le lui dit le 19 du même mois …J’ai fait depuis Paris où ils se sont rencontrés peu de temps auparavant un article sur Mademoiselle Flaugergues 3, qui paraît dans lOpinion Nationale, avec un travail de ladite » ; un feuilleton pour le Temps surV. Hugo, Bouilhet, Leconte de Lisle et Pauline Viardot. J’ai fait un second conte fantastique pour la Revue des Deux Mondes, un conte pour les enfants. J’ai écrit une centaine de lettres… ». La paresse, qu’elle disait être la lèpre de son temps » n’était vraiment pas son fait. En décembre 1872, Flaubert écrit à sa correspondante de Nohant …Pourquoi publier par l’abominable temps qui court ! Est-ce pour gagner de l’argent ? Quelle dérision ! Comme si l’argent était la récompense du travail ! et pouvait l’être ! Cela sera quand on aura détruit la spéculation, d’ici là, non ! Et puis comment mesurer le travail, comment estimer l’effort ? Reste donc la valeur commerciale de l’œuvre, il faudrait pour cela supprimer tout intermédiaire entre le producteur et l’acheteur, et quand même, cette question en soi est insoluble. Car j’écris je parle d’un auteur qui se respecte non pour le lecteur d’aujourd’hui, mais pour tous les lecteurs qui pourront se présenter tant que la langue vivra. Ma marchandise ne peut donc être consommée maintenant, car elle n’est pas faite exclusivement pour mes contemporains. Pourquoi donc publier ? Est-ce pour être compris, applaudi ? Mais vous-même vous », grand George Sand, vous avouez votre solitude… ». L’auteur de la Petite Fadette lui répond, quelques jours après, assez longuement, notamment ces lignes qui voulaient être prophétiques …Tu veux écrire pour le temps. Moi, je crois que, dans cinquante ans, je serai parfaitement oubliée et peut-être durement méconnue. C’est là la loi des choses qui ne sont pas de premier ordre, et je ne me suis jamais crue de premier ordre. Mon idée est plutôt d’agir sur mes contemporains, ne fût-ce que sur quelques-uns, et de leur faire partager mon idée de douceur et de poésie… ». On voit, par ces lignes, que la vanité n’était pas son fort. D’autre part, l’intérêt éveillé par certaines de ses œuvres est encore vivace et son souvenir loin de déserter la mémoire des hommes. Elle eut pourtant pu tirer vanité des éloges que lui prodiguèrent les plus illustres de ses contemporains. Nous connaissons ceux de Michelet et de Flaubert. Voici ceux de Victor Hugo. Ils ont leur prix même si l’on tient compte de la courtoisie qui le poussait, aux compliments, surtout lorsqu’il s’adressait à une femme. Voici ce qu’il lui avait écrit le 8 février 1870 … Vous aurez dans l’avenir l’auréole auguste de la femme qui a protégé la Femme. Votre admirable œuvre tout entière est un combat et ce qui est combat dans le présent est la victoire dans l’avenir. Qui est avec le progrès est avec la certitude. Ce qui attendrit lorsqu’on vous lit, c’est la sublimité de votre cœur. Vous le dépensez tout entier en pensée, en philosophie, en sagesse, en raison, en enthousiasme. Aussi, quel puissant écrivain vous êtes… ». Flaubert reprend le sujet après réception de la lettre de George Sand …Ne prenez pas au sérieux les exagérations de mon ire »… N’allez pas croire que je compte sur la postérité pour me venger de l’indifférence de mes contemporains. J’ai voulu dire seulement ceci quand on ne s’adresse pas à la foule, il est juste que la foule ne vous paie pas. C’est de l’économie politique. Or, je maintiens qu’une œuvre d’art digne de ce nom et faite avec conscience ne peut se payer. Conclusion si l’artiste n’a pas de rentes, il doit crever de faim ! On trouve que l’écrivain, parce qu’il ne reçoit plus de pension des grands, est bien plus libre, plus noble. Toute sa noblesse sociale maintenant consiste à être l’égal d’un épicier… ». Plusieurs longues lettres suivent dans lesquelles il traite de style, de composition ; elles sont du premier trimestre de l’année 1876 et la dernière expédiée par George Sand à Flaubert porte la date du 24 mars de cette même année. Il y est question des Rougon, de Zola, qui viennent de paraître, livre, dit-elle, qui est de grande valeur, un livre fort », comme tu dis, et digne d’être placé au premier rang. Cela ne change rien à ma manière de voir, que l’art doit être la recherche de la vérité, et que la vérité n’est pas que la peinture du mal ou du bien… ». Le 8 juin suivant, elle s’éteignait dans sa soixante-douzième année. Flaubert vint à ses obsèques, cela va sans dire et, comme bon nombre de ceux qui le coudoyaient, versa d’abondantes larmes. Dix jours plus tard, ayant reçu un mot de Maurice Sand, il lui répondait …Oui nous nous sommes compris là-bas ! Et si je ne suis pas resté plus longtemps, c’est que mes compagnons m’ont entraîné. Il m’a semblé que j’enterrais ma mère une seconde fois. Pauvre chère grande femme ! Quel génie et quel cœur ! Mais rien ne lui a manqué, ce n’est pas elle qu’il faut plaindre… Et quand vous aurez été la rejoindre ; quand les arrières petits-enfants de vos deux fillettes auront été la rejoindre eux-mêmes, et qu’il ne sera plus question depuis longtemps des choses et des gens qui nous entourent — dans plusieurs siècles — des cœurs pareils aux nôtres palpiteront par le sien ! On lira ses livres, c’est dire qu’on songera d’après ses idées et qu’on aimera de son amour ! ». Ce magnifique panégyrique dicté par un grand cœur ne pouvait mieux convenir à la femme et à l’écrivain de grand cœur que fut George Sand. Maurice Haloche. 1 Le 12 juin 1884 vente Bovet on adjugeait pour 105 francs la quittance 16 février 1846 donnée par G. Sand Aur. Dupin à ses éditeurs Giroux et Vialat, d’une somme de francs pour son roman La Mare au Diable qui, disait Saint-Marc Girardin, fait partie des Géorgiques » de la France ». 2 Félix Duquesnel. Souvenirs littéraires, Paris, 1902. Nous ne doutons pas que Flaubert ait applaudi à tout rompre. Mais n’y a-t-il pas lieu de penser que Duquesnel a brodé » ? En effet l’auteur de Madame Bovary écrit à sa nièce, avant d’aller au spectacle …Je vais ce soir à la première de la mère Sand, dans la loge du Prince sic… ». Mais il fut fortement ému ; Sand écrivait à ses enfants Flaubert était à côté de nous et pleurait comme une femme ». 3 Pauline de Flaugergues, poétesse qui vécut six ans avec Henri de La Touche qu’avait aimé, avant elle, Marceline Desbordes Valmore. H. de La Touche était mort en 1851 P. de Flaugergues vécut de son souvenir, uniquement Sur la force appuyée et la main dans la sienne J’ai marché sans effroi six ans déjà passés. Que mon bras à mon tour t’enlace et te soutienne Si la route, un moment, meurtrit tes pas lassés… Les Bruyères », parues en 1854, contiennent des pièces dans lesquelles son cœur de femme a fait entendre des notes d’un profond retentissement.
Georgesand - Dumas Fils - lettres - yannick debain from A Voix Haute on Podchaser, aired Tuesday, 15th February 2022. George Sand Née le 1er juillet 1804 Paris Décès 8 juin 1876 (à 71 ans) Château de Nohant Alexandre Dumas (Fils) 27 juillet 1824 Paris Décès 27 novembre 1895 (à 71 ans) Marly le ro
Publié le 21 août 2017 par Jack-Martial Lettre de George Sand à son fils Maurice La vie est une guerre. » Jack-Martial JackmartialAugust 21, 2017 Lettre de George Sand à son fils Maurice " La vie est une guerre. " - Des LettresEn février 1836, George Sand a 34 ans. À dix ans, alors que les relations entre ses parents se délitent, son fils Maurice devient pensionnaire au collège Henri IV. Son père lui impose une éducation virile. L'enfant est crucifié par ses camarades qui prétendent que son père n'est pas son père et que sa mère est une
Lettresd’un voyageur. En 1834, George Sand entame un périple de trois ans à travers l’Italie, la France et la Suisse. De la correspondance qu’elle entretient alors avec ses proches – Alfred de Musset, Franz Liszt, Rollinat – naîtront les Lettres d’un voyageur. De «Venise la rouge», avec son petit peuple, à la vallée de .
Lettres retrouvées rassemble quatre cent cinquante-huit lettres inédites de George Sand, de 1825 c'est une jeune femme de vingt et un ans qui écrit... Lire la suite 21,30 € Neuf Actuellement indisponible Lettres retrouvées rassemble quatre cent cinquante-huit lettres inédites de George Sand, de 1825 c'est une jeune femme de vingt et un ans qui écrit à sa mère jusqu'en 1876, quelques mois avant sa mort. A côté d'inconnus, d'éditeurs ou directeurs de revues, d'écrivains, de comédiens et directeurs de théâtre, d'amis et familiers ou de parents, on trouve bien des noms illustres, comme Liszt, Marie Dorval, Heine, Ledru-Rollin, Delacroix, Custine, Lamartine, Eugène Sue, les Dumas père et fils, Louis Blanc, Tourgueniev, Marie d'Agoult, etc., mais aussi sa mère, sa fille Solange, son compagnon Manceau, ou son amie la cantatrice Pauline Viardot, à qui elle explique longuement sa rupture avec Chopin. C'est un portrait attachant de George Sand qui se dessine à travers ces lettres de toute une vie, depuis la jeune femme en butte aux rumeurs des bourgeois de La Châtre et la romancière débutante, jusqu'à l'écrivain illustre qui, à la fin de sa vie, prépare l'édition de ses œuvres complètes. On l'aura vue entre-temps gérer la maison et la terre de Nohant, planter son jardin, meubler ses divers domiciles, surveiller ses affaires, se passionner pour le théâtre, pour l'éducation du peuple. De nouveaux éléments sont donnés sur sa rupture avec Casimir Dudevant, son mari, sur ses liaisons avec Sandeau, Mérimée, Musset, Chopin dont on lira une lettre inédite au retour de Majorque, sur ses relations difficiles avec sa fille, mais aussi son attachement à sa famille et à ses chères petites-filles. Ces Lettres retrouvées sont autant de nouvelles touches qui apportent leur tribut à la connaissance de la personnalité riche et complexe de George Sand. Date de parution 28/05/2004 Editeur Collection ISBN 2-07-077103-2 EAN 9782070771035 Présentation Broché Nb. de pages 494 pages Poids Kg Dimensions 14,0 cm × 22,5 cm × 3,1 cm Ces quatre cent cinquante-huit lettres inédites sont autant de nouvelles touches qui apportent leur tribut à la connaissance de la personnalité riche et complexe de George Sand.

ÉcoutezGeorge Sand - Dumas Fils - Lettres - Yannick Debain et 394 plus d'épisodes de A Voix Haute, gratuitement! Aucune inscription ou installation nécessaire. 28 - LE MOT DU MATIN - José Artur - Yannick Debain. Charles Baudelaire - Elévation - Yannick Debain. George SandNée le 1er juillet 1804ParisDécès 8 juin 1876 (à 71 ans)Château de NohantAlexandre Dumas (Fils)27

Les Amis de Flaubert – Année 1956 – Bulletin n° 8 – Page 23 George Sand à Croisset et Flaubert à Nohant À première vue, il semble que l’amitié si affectueuse et si solide qui liait l’auteur de Madame Bovary à celui de Lélia ne se soit manifestée que dans leur correspondance. Plus de quatre cents lettres, en effet, réparties assez régulièrement sur un espace de dix ans, attestent l’intérêt et l’attachement jamais défaillants que se vouaient les deux écrivains amis. D’autre part, au cours de quinze années, de 1859, date de leur première rencontre, jusqu’à la mort de Sand, en 1876, les entrevues ont été plutôt rares, se bornant aux brefs moments où ils se trouvaient simultanément à Paris. Trois fois cependant, on le sait, George Sand a passé quelques jours chez Flaubert, à Croisset, et deux fois, Flaubert lui rendait sa visite à Nohant. Il est peut-être intéressant de reproduire ici le texte complet des notes que G. Sand a jetées sur son Journal au cours de ces journées pleines de charme. Malgré le style peu soigné et les phrases construites avec négligence, on y saisit sur le vif l’atmosphère de cordialité et de confiance qui caractérisait ces séjours 1. SAND À CROISSET, 28-30 Août 1866 Au mois d’août 1866, G. Sand se trouve à Paris pour les représentations des Don Juan de Village, pièce qu’elle avait écrite en collaboration avec son fils Maurice. Le 22, elle fait savoir à Flaubert qu’elle a l’intention de lui rendre visite à Croisset, en revenant d’un séjour chez Alexandre Dumas fils, à Saint-Valéry 2. Flaubert répond aussitôt par un télégramme et une lettre 3, fait préparer une chambre et se hâte d’annoncer la bonne nouvelle à sa nièce, afin qu’elle puisse venir voir la célèbre romancière Ta grand’mère a voulu que je t’avertisse de cela, de peur que tu ne sois ensuite fâchée… de n’avoir pas vu Mme Sand » 4. Un moment, un rhume qui la retient au logis menace de gâter le plaisir, mais il faut croire que le mal s’est retiré à temps, puisque la voilà qui arrive Mardi, 28 août 5 … J’arrive à Rouen à une heure. Je trouve Flaubert à la gare avec une voiture. Il me mène voir la ville, les beaux monuments, la cathédrale, l’hôtel de ville, Saint-Maclou, Saint-Patrice 6 c’est merveilleux. Un vieux charnier 7 et des vieilles rues, c’est très curieux. Nous arrivons à Croisset à trois heures et demie. La mère de Flaubert est une vieille charmante. L’endroit est silencieux, la maison confortable et jolie et bien arrangée. Et un bon service, de la propreté, de l’eau, des prévisions, tout ce qu’on peut souhaiter. Je suis comme un coq en pâte. Flaubert me lit le soir une Tentation de Saint-Antoine 8 superbe. Nous bavardons dans son cabinet jusqu’à deux heures. Mercredi, 29 août Nous partons à onze heures par le bateau à vapeur, avec Mme Flaubert, sa nièce, son amie, Mme Vasse 9, et la fille de celle-ci, Mme de la Chaussée. Nous allons à La Bouille 10. Un temps affreux, pluie et vent. Mais je reste dehors à regarder l’eau qui est superbe. Et les rives idem. À La Bouille, on reste dix minutes, et on revient, avec la barre, ou le flot, ou le Mascaret, raz-de-marée On est rentré à une heure. On fait du feu, on se sèche, on prend du thé. Je repars avec Flaubert pour faire le tour de sa propriété, jardin, terrasses, verger, potager, ferme, citadelle, une vieille maison de bois bien curieuse qui lui sert de cellier, – la Sente de Moïse 11. La vue d’en haut sur la Seine, le verger, abri excellent tout en haut, le terrain sec et blanc au-dessus, tout charmant, très poétique. Je m’habille ; on dîne très bien. Je joue aux cartes avec les deux vieilles dames. Je cause ensuite avec Flaubert et je me couche à deux heures. Excellent lit ; on dort bien. Mais je retousse ; mon rhume est mécontent tant pis pour lui. Jeudi, 30 août Départ de Croisset à midi avec Flaubert et sa nièce. Nous la déposons à Rouen. Nous revoyons la ville, le port 12, c’est vaste et superbe. Un beau baptistère dans une église de Jésuites 13. Flaubert m’emballe. Ils sont contents tous les deux de cette visite qui leur a permis de mieux se connaître. Toi, tu es un brave et bon garçon, tout grand homme que tu es, et je t’aime de tout mon cœur », lui écrit-elle le lendemain de son départ 14. Et Flaubert de répondre Vous avez extrêmement plu à tout le monde. C’est comme ça ! on ne tient pas contre l’irrésistible et involontaire séduction de votre personne » 15. Déjà, ils éprouvent le besoin d’un épanchement plus intime encore. Vous êtes un être très à part, mystérieux », lui dit-elle peu après. J’ai eu de grandes envies de vous questionner, mais un trop grand respect de vous m’en a empêchée » 16. L’occasion se présentera bientôt. Car voilà que la première représentation de la Conjuration d’Amboise appelle Flaubert à Paris Après la pièce de Bouilhet, rien ne vous empêchera, j’espère, de revenir ici avec moi, non pour un jour comme vous dites, mais pour une semaine au moins. Vous aurez votre chambre, avec un guéridon et tout ce qu’il faut pour écrire » 17. George Sand, qui vient de rentrer à Nohant, après un voyage en Bretagne, accepte de bon cœur Je ferai mon possible pour être à Paris à la représentation de la pièce de votre ami, et j’y ferai mon devoir fraternel comme toujours ; après quoi, nous irons chez vous et j’y resterai huit jours… Nous bavarderons, vous et moi, tant et plus. S’il fait beau, je vous forcerai à courir. S’il pleut toujours, nous nous cuirons les os des guibolles en nous racontant nos peines de cœur » 18. La première a lieu le 29 octobre 1866, et quelques jours après, Sand et Flaubert partent ensemble pour Croisset SAND À CROISSET, 3-10 novembre 1866 Samedi, 3 novembre 19 Départ de Paris à une heure avec Flaubert. Express très rapide. Temps délicieux, charmant pays, bonne causerie. A Rouen-gare, nous trouvons Mme Flaubert et son autre fils, le médecin 20. À Croisset, tour de jardin, causerie, dîner, recauserie et lecture jusqu’à une heure et demie. Bon lit, sommeil de plomb. Dimanche, 4 novembre Temps ravissant. Tour de jardin jusqu’au verger. Travail. Je suis très bien dans ma chambrette ; il y fait chaud. À dîner, la nièce et son mari, la vieille dame Crépet 21, tante du Crépet de Valentine. Elle s’en va demain. Patiences. Gustave me lit ensuite la féerie 22. C’est plein de choses admirables et charmantes ; trop long, trop riche, trop plein. Nous causons encore. A deux heures et demie, j’ai faim ; nous descendons chercher du poulet froid à la cuisine. Nous sortons une tête dans la cour pour chercher de l’eau à la pompe. Il fait doux comme au printemps. Nous mangeons, nous remontons, nous fumons, nous recausons ; nous nous quittons à quatre heures du matin. Lundi, 5 novembre Toujours un temps délicieux. Après déjeuner, nous allons nous promener. J’entraîne Gustave qui est héroïque 23. Il s’habille et il me conduit à Canteleu ; c’est à deux pas, en haut de la côte. Quel adorable pays, quelle douce, large et belle vue ! Je rapporte une charge de polypiers de silex 24 ; il n’y a que de ça ! Nous rentrons à trois heures. Je travaille. Après dîner, recauserie avec Gustave. Je lui lis Cadio 25. Nous recausons et nous soupons, d’une grappe de raisin et d’une tartine de confitures. Mardi, 6 novembre Il pleut. Nous partons à une heure, en bateau à vapeur, pour Rouen, avec la maman. Je vas 26 avec Gustave au Cabinet d’Histoire naturelle ; reçus par M. Pouchet 27 sourd comme un pot et malade, et faisant des efforts inouïs pour être charmant. Impossible d’échanger un mot avec lui. Mais de temps en temps, il explique, et c’est intéressant. L’aptéryx 28 ; le longipode ; le nid de quatre-vingts mètres de tour, avec les œufs abandonnés dans le fumier ; les petits qui naissent avec des plumes ; collection de coquilles superbe. Cabinets de M. Pouchet son araignée vivante, mangeuse d’oiseaux, son crocodile 29. Nous descendons au Musée des Faïences ; jardin, statues, fragments, porte de Corneille 30. Nous rentrons dîner chez Mme Caroline Commanville 31. Ensuite à la ménagerie Schmidt 32. Superbes animaux apprivoisés comme des chiens. Les fœtus ; la femme à barbe ; une pantomime foire Saint-Romain 33. Nous rentrons à minuit et demi à Croisset, avec la maman qui est très vaillante et qui a fait une grande course à pied. Nous causons encore jusqu’à deux heures. Mercredi, 7 novembre Temps gris, pas froid. Tour de jardin. Travail à Montrevèche 34. Journée raisonnable. Le soir, Flaubert me lit la première partie de son roman 35. C’est bien, bien. Il lit depuis dix heures jusqu’à deux. Nous causons jusqu’à quatre. Jeudi, 8 novembre Même temps gris. Tour de jardin. Travail. Dîner. Causerie. Lecture du roman de Flaubert. Causerie. Vendredi, 9 novembre Malade ce matin. Je ne déjeune pas. Beau temps. Le soleil se montre un peu. Je travaille. Je fais ma malle. Samedi, 10 novembre Je quitte Croisset, bien portante ou à peu près, à midi et demi. Flaubert et sa mère me conduisent à la gare. Je pars à une heure trois-quarts. En arrivant à Paris, ce samedi soir-là, Sand apprend la mort de son ami Charles Duveyrier. Malade de chagrin, elle s’épanche à Flaubert dans quelques lettres toutes pleines de mélancolie. Je vous donne la part de mon cœur qu’il avait », lui écrit-elle. …Aimez-moi plus qu’avant puisque j’ai de la peine » 36. Car ils sont bien familiers maintenant, remplis d’admiration l’un pour l’autre, étonnés de se découvrir si différents et de s’aimer tout de même, heureux de s’entendre, malgré leurs conceptions littéraires diamétralement opposées. Écoutons Flaubert dans la première lettre écrite après le départ de son amie Sous quelle constellation êtes-vous donc née pour réunir dans votre personne des qualités si diverses, si nombreuses et si rares ? Je ne sais pas quelle espèce de sentiment je vous porte, mais j’éprouve pour vous une tendresse particulière et que je n’ai ressentie pour personne jusqu’à présent. Nous nous entendions bien, n’est-ce pas ?… Nous nous sommes séparés au moment où il allait nous venir sur les lèvres bien des choses. Toutes les portes, entre nous deux, ne sont pas encore ouvertes. Vous m’inspirez un grand respect, et je n’ose pas vous faire de questions » 37. Et voici son opinion exprimée dans une lettre à Mme Roger des Genettes, et qui semble sincère Mon illustre amie, Mme Sand, m’a quitté samedi soir. On n’est pas meilleure femme, plus bon enfant, et moins bas-bleu. Elle travaillait toute la journée, et le soir nous bavardions comme des pies jusqu’à des trois heures du matin. Quoi qu’elle soit un peu trop bienveillante et bénisseuse, elle a des aperçus de très fin bon sens, pourvu qu’elle n’enfourche pas son dada socialiste. Très réservée en ce qui la concerne, elle parle volontiers des hommes de 48 et appuie volontiers sur leur bonne volonté plus que sur leur intelligence » 38. C’est à partir de ce séjour-là qu’ils commencent à s’adresser cette correspondance admirable par laquelle, discutant et défendant les questions les plus élevées et les plus diverses, sans jamais pleinement s’accorder, ils ont érigé un des monuments les plus curieux et les plus importants de la littérature française. L’année s’écoule. Flaubert travaille péniblement à son Éducation Sentimentale ; G. Sand, avec sa facilité ordinaire, continue Montrevèche et Cadio. Il y a bien, de part et d’autre, quelques projets de visite, que la maladie fait échouer. Deux fois même, en septembre 1867, G. Sand passe tout près de Croisset, pendant un voyage en Normandie, mais Flaubert n’est pas là pour l’accueillir. En mai 1868 pourtant, elle va se rendre encore aux instances de son ami. Ils ont l’intention de partir ensemble pour Croisset vers le 20, malgré l’inquiétude qu’inspire à Sand la maladie de son amie Esther Lambert 39. Mais voilà que, tout à coup, Flaubert, exaspéré au plus haut point par les bruits de Paris qui l’empêchent de dormir, se résout à quitter la capitale et à retourner à Croisset 40. G. Sand le suivra peu de jours après SAND À CROISSET, 24-26 mai 1868 Dimanche. 24 mai 41 …Je voyage avec un militaire qui me réveille en me tapant sur l’épaule pour m’offrir du sucre d’orge. Nous nous quittons bons amis. Flaubert m’attend à la gare et me force à aller pisser pour que je ne devienne pas comme Sainte-Beuve 42. Il pleut à Rouen, comme toujours. Je trouve la maman moins sourde, mais plus de jambes, hélas ! Je déjeune, je cause en marchant sous la charmille que la pluie ne perce pas Je dors une heure et demie sur un fauteuil et Flaubert sur son divan. Nous recausons. On dîne avec la nièce, son mari et Mme Frankline 43. Gustave me lit ensuite une farce religieuse 44. Je me couche à minuit. Lundi, 25 mai Croisset. Temps superbe. On déjeune et on va en voiture à Saint-Georges 45, par une cavée charmante au milieu des bois. Des tas de fleurs partout le géranium purpureum superbe ; des polygalas, une scrophulaire. Le Saint-Georges, ancienne abbaye romane très belle ; salle de chapitre très conservée. On va à Duclair 46, où on laisse reposer les chevaux, et on revient par Canteleu où je monte sur le siège pour voir le pays admirable. La descente, enchantée. On dîne avec les mêmes et M. Commanville qui a le front plat. Mme Frankline chante, mal. Nous montons à neuf heures. Flaubert me lit trois cents pages excellentes 47 et qui me charment. Je me couche à deux heures. Je tousse beaucoup. Le tulipier est couvert de fleurs 48. Mardi, 26 mai Partie de Croisset à midi avec Gustave. Bibliothèque de la ville, visite à Bouilhet ahuri 49. Départ à une heure et demie. Pionçade jusqu’à Paris… Je vas dîner avec Maxime Du Camp ; il est bien gentil, brave cœur… À peine G. Sand partie, Flaubert la regrette mélancoliquement Je pense à vous », lui écrit-il le 28 mai déjà. Je m’ennuie de vous et je voudrais vous revoir, voilà… Il faudra s’arranger pour venir ici cet automne passer une quinzaine » 50. Car il semble qu’il a besoin d’elle pour lui remonter le moral » qui est déjà bien bas souvent. Voici comment il s’exprime à ce sujet dans une lettre à Mlle Leroyer de Chantepie J’ai eu pendant quelques jours, le mois dernier, la visite de notre amie Mme Sand. Quelle nature ! Quelle force ! Et personne en même temps n’est d’une société plus calmante. Elle vous communique quelque chose de sa sérénité » 51. Mais l’automne passe, et pas de G. Sand à Croisset ! La visite dont elle vient de nous raconter les détails aura été la dernière ! D’autre part, Flaubert aussi décline les invitations. En avril 1868 déjà, il lui a écrit Je serais perdu si je bougeais d’ici la fin de mon roman. Votre ami est un bonhomme en cire ; tout s’imprime dessus, s’y incruste, y entre. Revenu de chez vous, je ne songerais plus qu’à vous, et aux vôtres, à votre maison, à vos paysages, aux mines des gens que j’aurais rencontrés, etc. Il me faut de grands efforts pour me recueillir ; à chaque moment je déborde » 52. Pour la même raison, il refuse d’assister au baptême des petites-filles de G. Sand, en décembre 1868, fête à laquelle on l’invite avec instance Si j’allais chez vous à Nohant, j’en aurais ensuite pour un mois de rêverie sur mon voyage. Des images réelles remplaceraient dans mon pauvre cerveau les images fictives que je compose à grand’peine. Tout mon château de cartes s’écroulerait » 53. Le roman avant tout en effet, avant l’amour, avant l’amitié, avant le bonheur personnel ! C’est comme ça chez Flaubert, hélas ! L’Éducation Sentimentale achevée, voilà un autre empêchement la mort de son ami le plus intime, son alter ego, Louis Bouilhet. Flaubert va se mettre en quatre, sans succès d’ailleurs, pour faire jouer une de ses pièces posthumes Mademoiselle Aïssé 54. Enfin, il promet sa visite pour Noël 1869. Sand, devenue sceptique, lui rappelle cette promesse tous les jours, avec parfois un peu d’ironie malicieuse Lina 55 me charge de te dire qu’on t’autorisera à ne pas quitter ta robe de chambre et tes pantoufles. Il n’y a pas de dames, pas d’étrangers. Enfin, tu nous rendras bien heureux et il y a longtemps que tu promets… » 56. Cette fois-ci pourtant, c’est pour de bon FLAUBERT À NOHANT, 23-28 décembre 1869 Jeudi, 23 décembre 57 … Flaubert et Plauchut 58 arrivent à cinq heures et demie. On s’embrasse, on dîne, on cause, on joue du python 59 et des airs arabes. Flaubert raconte des histoires. On se quitte à une heure. Vendredi, 24 décembre Pluie et neige toute la journée. On est gai… Je descends déjeuner avec les autres à onze heures. Flaubert donne aux fillettes 60 des étrennes qui les charment. Lolo porte son bébé toute la journée. Elle joue dans ma chambre où je reçois Flaubert et Plauchut. Et elle fait leur admiration. Elle a sa belle toilette ; Titite aussi. Tous les jeunes gens 61 viennent et dînent. Après, les marionnettes, la tombola, un décor féerique. Flaubert s’amuse comme un moutard. Arbre de Noël sur le théâtre. Cadeaux à tous. Lolo s’amuse ; elle est charmante et va se coucher sagement. Lina chaude et ravie. On fait Réveillon splendide. Je monte à trois heures. Samedi, 25 décembre On déjeune à midi. Tout le monde est resté, sauf Planet. Flaubert nous lit de trois à six heures et demie sa grande féerie 62, qui fait grand plaisir, mais qui n’est pas destinée à réussir. Elle nous plaît fort ; on en cause beaucoup. Comme on dîne tard, Lolo dîne avec sa sœur. Je l’ai à peine vue aujourd’hui. On est très gai ce soir. Flaubert nous fait crever de rire avec l’Enfant prodigue 63. Dimanche, 26 décembre Beau temps bien froid. On sort au jardin, même Flaubert qui veut voir la ferme. Nous allons partout. On lui présente le bélier Gustave. On cause au salon, on est calme. Les fillettes charmantes. René et Edme s’en vont. À trois heures, Maurice se décide à jouer avec Edme une improvisation, qui est charmante. Le premier acte admirablement réussi, le second trop long ; mais très comique encore. Flaubert rit à se tordre. Il apprécie les marionnettes. Edme est excellent, plein d’esprit. Je monte à deux heures. Lundi, 27 décembre Il neige sans désemparer. Fadet 64 ne veut pas mettre la patte dehors. On déjeune à midi. Lolo danse toutes ses danses. Flaubert s’habille en femme et danse le cachucha 65 avec Plauchut. C’est grotesque ; on est comme des fous. Visite de M. et Mme Duvernet 66 qui nous calme. Visite du docteur. Edme et Antoine 67 parlent. Nous passons sagement la soirée à causer. Adieux de Flaubert. Décidément, Flaubert est conquis par le monde de Nohant. Pendant toute la route, je n’ai pensé qu’à Nohant », écrit-il le 30 décembre Je ne peux pas vous dire combien je suis attendri de votre réception. Quels braves et aimables gens vous faites tous. Maurice me semble l’homme heureux par excellence, et je ne puis m’empêcher de l’envier, voilà ! Bécotez de ma part Mlle Lolo, dont je m’ennuie extrêmement. Mes compliments à Coq-en-bois 68 et à tous les chers lubriques » dont j’ai partagé les festins. Et puisque c’est le moment des souhaits de bonne année, je vous souhaite à tous la même continuation, car je ne vois pas ce qui vous manque » 69. Les événements de 1870-71 empêchent provisoirement Flaubert de faire un nouveau séjour en Berry. Quant à G. Sand, elle vieillit peu à peu ; souvent malade, elle n’aime plus tellement les voyages ; elle préfère rester tranquillement dans son intime Nohant, au milieu d’une famille et d’amis qui l’adorent. Elle fait pleuvoir les invitations sur la tête de Flaubert qui, de plus en plus maussade et misanthrope, se dérobe toujours. Sand le lui reproche affectueusement Triste ou gai, je t’aime et je t’attends toujours, bien que tu ne parles jamais de venir nous voir et que tu en regrettes l’occasion avec empressement ; on t’aime chez nous quand même ; on n’est pas assez littéraire pour toi, chez nous, je le sais ; mais on aime et ça emploie la vie » 70. Il promet à la fin de venir en janvier 1873, avec son grand ami Tourgueneff. Mais le temps s’écoule ; Flaubert est retenu au logis par une grippe tenace. Et quand il est guéri, voilà que l’écrivain russe, poire molle », comme le caractérise Flaubert, ne fait que différer la visite de jour en jour. Enfin, ils font le serment solennel » de partir le 12 avril, veille de Pâques. Mais c’est Flaubert seul qui entreprend le voyage, et Tourgueneff, étant encore retenu à Paris, n’arrivera que le 16 FLAUBERT A NOHANT. 12-19 avril 1873 Samedi, 12 avril 71 …Flaubert arrive pendant le dîner. Il a plutôt maigri qu’engraissé. Plauchut, qui se croit mince, est aussi gros que lui. On joue au domino ; Flaubert y joue bien, mais ça l’étouffe. Il aime mieux causer avec feu. Plauchut, démocrate en chambre, soutient la bordée ; Maurice va de l’un à l’autre. J’écoute. Dimanche, 13 avril, jour de Pâques Enfin, le soleil est revenu, il fait beau. Lina fête le printemps à déjeuner il y a des fleurs sur la nappe et on mange du poussin. On va au jardin, à la ferme, aux étables, à Gustave 72, à toutes les bêtes. Flaubert fouille la bibliothèque et ne trouve rien qu’il ne connaisse. René et le Docteur viennent dîner ; après, on danse. Flaubert met une jupe et essaie le fandango 73. Il est bien drôle, mais il étouffe au bout de cinq minutes. Il est bien plus vieux que moi. Pourtant, je le trouve moins gros et moins fatigué d’aspect. Toujours trop vivant par le cerveau au détriment du corps. Notre vacarme l’assourdit. Plauchut est comme fou. Maurice a été dans la brande avec Aurore. Ils ont découvert une mardelle 74, enfin ! Elle est ivre d’air et de plaisir. Ce soir, elle danse. Domino avec les jeunes gens. Vers minuit, Maurice épate Flaubert avec ses papillons 75. Lundi, 14 avril Très beau temps, trop chaud à midi. Jardin. Leçon de Lolo 76, qui est enrhumée du cerveau et qui a ce soir un petit mouvement de fièvre après dîner. Flaubert nous lit son Saint-Antoine 77, de trois à six et de neuf à minuit. C’est splendide. René et le Docteur sont venus et dînent. Ferri 78 arrive au beau milieu de la lecture, entend avec grand plaisir deux chapitres et va dîner chez Angèle 79, pour revenir demain matin. René est enchanté, le Docteur très intéressé, moi tout à fait saisie et satisfaite, Plauchut épaté et comme roué de coups, Maurice très empoigné, jusqu’à avoir mal à la tête assez fort. Mardi, 15 avril Très beau temps. Journée dehors à causer au jardin tout en fleurs, sans trop de rien, c’est-à-dire sans rien de trop au ciel et sur la terre. Ferri est venu déjeuner avec nous. Il est toujours charmant ; il s’en va à deux heures. Je reste encore avec Flaubert à causer jusqu’à quatre heures. Je donne la leçon à Lolo. Le soir, on cause, on rit. Mercredi, 16 avril Journée grise, très chaude, mais très agréable. Nous partons pour la brande à midi ; nous allons tous voir la mardelle que Maurice a découverte avec Lolo. C’est un grand trou où se rend une eau tourbeuse ; c’est tapissé de grandes fougères sèches sous lesquelles poussent au fond des herbes fraîches, des viola corrina, pulicaires, primevères et de jeunes arbres. Promenade à pied dans les genêts autour d’un joli bois de pins. Les orchis commencent à fleurir ; ce rose est charmant. Lolo marche comme un petit homme et Titite pas mal. On rentre pour s’habiller et dîner. Tourgueneff arrive à la fin. Il va bien ; il est ingambe et rajeuni 80. On cause jusqu’à minuit. Jeudi, 17 avril Mauvais temps. Je ne sors pas ; les enfants non plus. Leçon d’Aurore. Causerie avec Tourgueneff et Flaubert. Tourgueneff nous lit une drôlerie très animée. Les jeunes gens viennent dîner. On mange la dinde truffée, le pair de Plauchut. Après, on saute, on danse, on chante, on crie, on casse la tête à Flaubert qui veut toujours tout empêcher pour parler littérature. Il est débordé. Tourgueneff aime le bruit et la gaîté ; il est aussi enfant que nous. Il danse, il valse. Quel bon et brave homme de génie ! Maurice nous lit la Balade à la Nuit, on ne peut mieux. Il a grand succès. Il épate Flaubert à propos de tout. Vendredi, 18 avril Joli temps. Il a plu considérablement. La fosse a monté une marche. Tout fleurit, les lilas, les cragaegi 81 ; les arbres de Sainte-Lucie passent déjà. Jardin tout le monde. Leçon de Lolo. Causerie de Flaubert bien animée et drôle, mais il n’y en a que pour lui, et Tourgueneff, qui est bien plus intéressant, a peine à placer un mot. Ce soir, c’est un assaut jusqu’à une heure. Enfin, on se dit adieu. Ils partent demain matin. Plauchut reste pour m’attendre. Samedi, 19 avril On, vit avec le caractère plus qu’avec l’intelligence et la grandeur. Je suis fatiguée, courbaturée, de mon cher Flaubert. Je l’aime pourtant beaucoup et il est excellent, mais trop exubérant de personnalité. Il nous brise. Il pleut à verse depuis midi. Je donne la leçon, à Lolo. J’écris des lettres ; je ne sors pas. Ce soir, on danse, on fait du bruit, on joue aux dominos, on est bête avec délices. On regrette Tourgueneff qu’on connaît moins, qu’on aime moins, mais qui a la grâce de la simplicité vraie et le charme de la bonhomie. Est-ce à dire que Flaubert se soit peu amusé à Nohant ? Voici ce qu’il écrit à son amie, quelques jours après son départ Il n’y a que cinq jours depuis notre séparation et je m’ennuie de vous comme une bête. Je m’ennuie d’Aurore et de toute la maisonnée, jusqu’à Fadet. Oui, c’est comme ça ; on est si bien chez vous ! vous êtes si bons et si spirituels ! Pourquoi ne peut-on vivre ensemble ? Pourquoi la vie est-elle toujours mal arrangée ? Maurice me semble être le type du bonheur humain. Que lui manque-t-il ? Certainement il n’a pas de plus grand envieux que moi » 82. Mais c’est bien la dernière fois que Flaubert est allé chez son amie à Nohant, malgré plusieurs invitations pressantes. Ils ne se reverront plus qu’à Paris, le mois suivant. Et puis, c’est tout. Elle meurt, la bonne dame de Nohant », le 8 juin 1876, et parmi les amis venus de Paris pour assister à son enterrement, se trouve Flaubert, pleurant comme un veau ». Il fallait la connaître comme je l’ai connue », écrit-il peu après à Mlle Leroyer de Chantepie, pour savoir tout ce qu’il y avait de féminin dans ce grand homme, l’immensité de tendresse qui se trouvait dans ce génie. Elle restera une des illustrations de la France et une gloire unique » 83. Aurait-il pu mieux exprimer l’admiration, le respect, la tendresse qu’il avait voués à celle qu’il appelait sa chère maître » ? Jacobs. 1 Nous avons pu copier ces passages à la Bibliothèque Nationale, grâce à la bienveillance de Mme Cordroc’h, bibliothécaire au Département des Manuscrits ; qu’elle veuille bien accepter nos vifs remerciements. Une partie importante de ces relations a été publiée par M. André Maurois dans son beau livre Lélla ou la Vie de George Sand, Paris, Hachette, 1952. Nous remercions l’auteur qui a bien voulu nous permettre de reproduire ces passages pour rendre notre récit aussi complet que possible. Pour l’annotation de cet article, enfin, nous devons plusieurs renseignements à M. Jacques. Toutain, Président des Amis de Flaubert, dont on connaît le zèle infatigable pour rendre service aux admirateurs du grand maître de Croisset. 2 Cf. Correspondance entre George Sand et Gustave Flaubert, Paris, Calmann-Lévy, s. cl. 1916, p. 10, lettres n° XII et XIII. 3 Œuvres complètes de Gustave Flaubert. Correspondance, t. V, 1929, lettre n° 862. 4 Ibid. n° 861. 5 Agenda de G. Sand, 1866. Bibl. Nat., Département des Manuscrits, nouv. acq. fr. 6 Saint Maclou, église de style gothique flamboyant, de pierre entièrement sculptée, une des merveilles de Rouen ; Saint-Patrice, église gothique, connue surtout par ses vitraux magnifiques. 7 Ancien cimetière situé à côté de l’église Saint-Maclou et dont les bâtiments existent toujours Aître Saint-Maclou. 8 Il s’agit évidemment de la version de 1806. 9 Mme Vasse G. Sand écrit Mme Vaas était une amie d’enfance de Mme Flaubert. Une de ses filles, Coralie, était l’épouse de l’officier M. de la Chaussée. 10 Village situé sur la Seine, â dix-huit kilomètres au Sud-Ouest de Rouen. 11 Petit chemin rocailleux menant de Croisset à Canteleu et passant près de la propriété de Flaubert. Il a disparu lorsqu’on a construit l’usine qui se trouve actuellement sur l’emplacement de la maison Flaubert. 12 Dans son Agenda, George Sand écrit bien lisiblement le pont, ce qui est évidemment une erreur. 13 Il y a dans l’église Saint-Romain des fonts baptismaux dont le dôme en bois est orné de bas-reliefs de la Renaissance, représentant des scènes de la Passion. 14 Corr., p. 11, n° XIV. 15 Corr. de Fl. Supplément Éd. Jacques Lambert, t. II, n° 318. 16 Corr. p. 13, n° XVI. 17 Corr. de Fl. Éd. Conard, t. V, n° 868. 18 Corr. p. 18, n° XVIII. 19 Agenda de G. Sand, 1866. Bibl. Nat., Dépt des Mss, n. a. fr. 20 Achille Flaubert, chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu de Rouen. Il était de neuf ans plus âgé que Gustave. 21 Femme d’un magistrat de Rouen et mère d’Eugène Crépet, qui était l’ami de Baudelaire et de Flaubert. 22 Le Château des Cœurs, fait en collaboration avec Louis Bouilhet et le comte d’Osmoy. Malgré de nombreuses démarches de la part de Flaubert, la pièce ne fut jamais jouée. 23 On sait le peu de goût que Flaubert éprouvait pour la promenade et l’exercice physique. 24 Squelette calcaire ou corné sécrété par les polypes. 25 Roman dialogué, publié dans la Revue des Deux-Mondes, du 1er septembre au 15 novembre 1867, paru en volume en avril 1868. Paul Meurice l’adapta à la scène ; la première représentation eut lieu à la Porte Saint-Martin, le 3 octobre 1868. 26 Sand n’écrit presque jamais je vais » dans sa prose familière. 27 Félix-Archimède Pouchet, médecin et naturaliste, directeur du Muséum d’Histoire naturelle à Rouen, membre de l’Académie des Sciences. Son fils, Georges Pouchet, médecin et naturaliste comme son père, était un ami assez intime de Flaubert. 28 Kiwi, genre d’oiseau propre à la région austro-zélandaise. 29 Citons ici, à titre de curiosité, un fragment inédit de la lettre de Flaubert à Sand du 27 décembre 1866. Corr. Éd. Conard, T. V, n° 867. L’autographe est conservé dans la Coll. Spœlberch de Lovenjoul, à Chantilly Ah, j’oubliais une commission le père Pouchet m’a chargé de vous dire que Il était tellement troublé par votre présence, qu’il avait oublié de vous dire que non seulement il admirait vos œuvres démesurément, mais encore celles de votre fils, etc. Quand il veut s’égayer, il ouvre Masques et Visages. Et il est revenu sur sa barbe qui n’était pas faite ce jour-là ». Quant au livre de Maurice Sand, Flaubert fait évidemment allusion aux Masques et Bouffons Comédie Italienne, Paris, Michel Lévy. 30 L’ancien Musée des Faïences » est devenu depuis le Musée des Antiquités », les faïences ayant été transposées dans un nouveau musée, dit Musée des céramiques ». Dans le jardin qui entourait le Musée des Faïences, on avait mis beaucoup d’antiquités rouennaises pierres et statues ; à l’intérieur du Musée, se trouvait et se trouve encore une porte en bois de chêne provenant de la maison de Pierre Corneille, à Rouen. 31 Nièce de Flaubert. Sand orthographie Comenville ». 32 La Chronique de Rouen des 1er et 15 novembre 1866 signale la ménagerie Schmidt, installée au Cirque Sainte-Marie de la foire Saint-Romain et comprenant treize lions, un tigre de Bengale, léopards, hyènes, ours noirs et blancs, un énorme éléphant, reptiles et crocodiles. 33 C’est probablement à cette occasion que Flaubert et G. Sand virent la Tentation de Saint-Antoine dans la baraque du père Legrain. 34 Pièce que G. Sand voulait tirer du roman du même titre, paru en 1852. En mars 1867, elle renonça à ce projet cf. lettre à Flaubert du 4 mars 1867, Corr. p. 75. 35 L’Éducation Sentimentale. 36 Corr. lettres XXIV et XXVII, pp. 27 et 31. 37 Corr. Éd. Conard, T. V, n° 876. 38 Ibid., n° 875. 39 Femme du peintre Eugène Lambert. Elle était sur le point d’accoucher, mais des complications rendaient l’événement précaire. 40 On peut lire le récit amusant de cette terrible journée dans une lettre aux Goncourt. Corr., Éd. Conard, T. V, n° 968. 41 Agenda de G. Sand, 1868. B. N., Dt des Mss, n. a. fr. 42 Sainte-Beuve souffrait à ce moment d’une maladie de vessie. 43 Mme Frankline Grout, amie de Caroline Commanville, la nièce de Flaubert. Sand écrit, Franqueline » . 44 S’agirait-il déjà de la Vie et Travaux du Cruchard ? Ou plutôt de L’Enfant prodigue ?Voir ce que Sand dit le 25 décembre 1869. 45 Il existe dans le village de Saint-Martin-de-Boscherville une église célèbre du 13e siècle art roman dans sa plénitude, intitulée Abbaye de Saint-Georges-de-Boscherville. L’église est encore solide, mais il ne reste de l’Abbaye qu’un petit cloître et quelques salles. 46 Petite ville, située sur la Seine, à vingt kilomètres à l’Ouest de Rouen. 47 De l’Éducation Sentimentale. 48 Ce tulipier intéressait hautement G. Sand. À sa première visite, elle l’avait déjà remarqué, et après son retour à Paris, elle en avait réclamé quelques feuilles. Cf. Corr. pp. 11 et 12. 49 Bouilhet était conservateur de la Bibliothèque de Rouen depuis mai 1867. 50 Corr., Suppl., T. II, n° 386. 51 Corr., Éd. Conard, T. V, n° 974. 52 Ibid., n° 966. 53 Ibid., n° 1005. 54 La pièce ne devait être jouée que le 6 janvier 1872. 55 Épouse de Maurice, le fils de G. Sand. 56 Corr. p. 190, n° CXL. 57 Agenda de G. Sand, 1869. B. N., Dt des Mss, n. a. fr. 58 Edmond Plauchut, ami intime de G. Sand. 59 Plaisanterie pour serpent, instrument de musique. 60 Maurice Sand avait épousé, en 1862, Lina Calamatta, fille du graveur italien Luigi Calamatta. Ils avaient deux filles, Aurore Lolo, née le 9 janvier 1866 etGabrielle Titite, née le 12 mars 1868. C’était surtout Aurore que Sand adorait. 61 Ainsi sont désignés ordinairement, dans les écrits familiers de G. Sand, ses nouveaux amis, souvent très jeunes encore, habitant La Châtre et les environs de Nohant. À ce cercle appartiennent, entre autres, Maxime de Planet et les petits-neveux de Sand, René, Edme, et Albert Simonnet. Ils venaient souvent la voir pour, égayer sa vieillesse. 62 Le Château des Cœurs. 63 Voir la note 44. 64 Le chien de Nohant. 65 Danse espagnole très populaire. 66 Anciens amis de G. Sand, habitant La Châtre. 67 Antoine Ludre, fils de l’avoué de G. Sand et un des jeunes gens ». 68 Personnage du théâtre cles marionnettes. 69 Corr. Suppl., T. II, n° 475. 70 Corr. p. 339, n° CCLX. 71 Agenda de G. Sand, 1873. B. N., PDt des Mss, n. a. fr. 72 Le bélier. 73 Danse espagnole d’un caractère voluptueux. 74 Mardelle, syn. de Margelle. Nom donné dans le Berry aux effondrements tronconiques produits par le passage des eaux souterraines à travers l’argile à silex et que l’on a attribués d’abord à la main de l’homme. Larousse du XXe siècle. 75 Maurice Sand avait publié en 1806 Le Monde des Papillons Paris, Rothschild. 76 Sand tenait à instruire elle-même sa petite-fille. Elle ne se privait que rarement de ce plaisir, même quand elle était malade ou qu’il y avait des visiteurs. 77 Terminé en 1872 déjà, mais publié seulement en 1874. 78 Le Général Ferri-Pisani, attaché à la Maison du Prince Jérôme Bonaparte, grand ami de G. Sand. 79 Mme Angèle Périgois, née Néraud, amie de G. Sand, habitant non loin de Nohant. 80 On sait que Tourgueneff souffrait très souvent de la goutte. 81 Aubépines. 82 Corr., Éd. Conard, T. VII, n° 1367. 83 Ibid., n° 1383.
Lettrede George Sand à son fils Maurice : " La vie est une guerre. " - Des Lettres En février 1836, George Sand a 34 ans. À dix ans, alors que les relations entre ses parents se délitent, son fils Maurice devient pensionnaire au collège Henri IV. Son père lui impose une éducation virile.
Conseils d'une mère .. " Travaille, sois fort, sois fier, sois indépendant, méprise les petites vexations attribuées à ton âge. Réserve ta force de résistance pour des actes et contre des faits qui en vaudront la peine. Ces temps viendront. Si je n’y suis plus, pense à moi qui ai souffert et travaillé gaiement. Nous nous ressemblons d’âme et de visage. Je sais dès aujourd’hui quelle sera ta vie intellectuelle. Je crains pour toi bien des douleurs profondes, j’espère pour toi des joies bien pures. Garde en toi le trésor de la bonté. Sache donner sans hésitation, perdre sans regret, acquérir sans lâcheté. Sache mettre dans ton cœur le bonheur de ceux que tu aimes à la place de celui qui te manquera ! Garde l’espérance d’une autre vie ; c’est là que les mères retrouvent leurs fils. Aime toutes les créatures de Dieu ; pardonne à celles qui sont disgraciées ; résiste à celles qui sont iniques ; dévoue-toi à celles qui sont grandes par la vertu." Note George Sand est le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant, romancière, auteur dramatique, critique littéraire française, journaliste, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. Elle compte parmi les écrivains prolifiques avec plus de soixante-dix romans à son actif, cinquante volumes d'œuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques. À l'image de son arrière grand-mère par alliance qu'elle admire, Madame Dupin Louise de Fontaine 1706-1799, George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice. George Sand a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode, par son pseudonyme masculin, qu'elle adopte dès 18294, et dont elle lance aussi la mode après elle, Marie d'Agoult signe ses écrits Daniel Stern 1841-1845, Delphine de Girardin prend le pseudonyme de Charles de Launay en 1843. Malgré de nombreux détracteurs comme Charles Baudelaire ou Jules Barbey d'Aurevilly, George Sand contribue activement à la vie intellectuelle de son époque, accueillant au domaine de Nohant ou à Palaiseau des personnalités aussi différentes que Franz Liszt, Frédéric Chopin, Marie d'Agoult, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Eugène Delacroix, conseillant les uns, encourageant les autres. Elle a entretenu une grande amitié avec Victor Hugo par correspondance, ces deux grandes personnalités ne se sont jamais rencontrées. Elle s'est aussi illustrée par un engagement politique actif à partir de 1848, inspirant Alexandre Ledru-Rollin, participant au lancement de trois journaux La Cause du peuple, Le Bulletin de la République, l'Éclaireur, plaidant auprès de Napoléon III la cause de condamnés, notamment celle de Victor Hugo dont elle admirait l'œuvre et dont elle a tenté d'obtenir la grâce après avoir éclipsé Notre Dame de Paris avec Indiana, son premier roman. Son œuvre est très abondante et la campagne du Berry lui sert souvent de cadre. Ses premiers romans, comme Indiana 1832, bousculent les conventions sociales et magnifient la révolte des femmes en exposant les sentiments de ses contemporaines, chose exceptionnelle à l'époque et qui divisa aussi bien l'opinion publique que l'élite littéraire. Puis George Sand ouvre ses romans à la question sociale en défendant les ouvriers et les pauvres Le Compagnon du Tour de France et en imaginant une société sans classes et sans conflit Mauprat, 1837 - Le Meunier d'Angibault, 1845. Elle se tourne ensuite vers le milieu paysan et écrit des romans champêtres idéalisés comme La Mare au diable 1846, François le Champi 1848, La Petite Fadette 1849, Les Maîtres sonneurs 1853. George Sand a abordé d'autres genres comme l'autobiographie Histoire de ma vie, 1855 et le roman historique avec Consuelo 1843 où elle brosse, à travers la figure d'une cantatrice italienne, le paysage artistique européen du XVIIIe siècle, ou encore Les Beaux Messieurs de Bois-Doré 1858 qui multiplie les péripéties amoureuses et aventureuses dans le contexte des oppositions religieuses sous le règne de Louis XIII. Disponible sur
Lettreautographe signée « ta tante » à l’épouse de son neveu Edmond Simonnet. Nohant, 23 janvier 1862 ; 2 pages in-8°. Avec son enveloppe. Sand est rassurée que le fils de son neveu ne soit pas corrompu par « l’esprit prêtre » : « Chère enfant, Je te renvoie la lettre de René et je garde ses vers comme tu m’y autorises.
George Sand et la lettre de voyage Agnès Kettler Texte intégral 1 George Sand, Œuvres autobiographiques, éd. G. Lubin, Pléiade, [désormais t. II, p. 471 et s ... 2 Ibid., p. 503 et suiv. 3 Correspondance, éd. George Lubin, [désormais Corr.], t. I, p. 161-167. 1George Sand fut une voyageuse précoce puisque, dès l’âge de quatre ans, elle accompagna sa mère en Espagne, où son père était aide de camp de Murat. On trouve dans ses œuvres autobiographiques des ébauches d’un Voyage en Espagne1, publié de façon posthume et des fragments, également posthumes, d’un Voyage en Auvergne2 effectué en 1827 avec son mari Casimir Dudevant, et où elle donne ses impressions sur le Mont-Dore et les curistes qu’elle rencontre. On peut mentionner aussi un séjour à Cauterets en 1825, où elle relate ses périlleuses excursions à Gavarnie et aux grottes de Lourdes dans une lettre à sa mère3. Mais les deux voyages qui marquèrent sa vie furent, en 1834, le séjour à Venise où elle arriva avec Musset et d’où elle repartit au bras du docteur Pagello ; et pendant l’hiver 1838-1839, le séjour à Majorque en compagnie de Chopin. Dans l’intervalle, elle était allée rejoindre en Suisse Liszt et Marie d’Agoult 28 août au 1er octobre 1836. Et elle reviendra en Italie en 1855 et visitera Rome avec son fils Maurice et son compagnon Manceau pour se distraire du chagrin que lui a causé le mort de Nini, sa petite-fille, qu’elle chérissait. 2George Sand est une voyageuse enthousiaste, qui raconte sans fard ses découvertes et ses désillusions. Ses deux grands voyages en Italie, puis en Espagne, sont des voyages d’apprentissage d’où elle revient plus forte après les épreuves traversées. Mais, comme le disait déjà Sénèque, on voyage toujours avec soi-même, on peut changer de ciel mais non d’âme. Et nous retrouvons dans ces lettres écrites à quelques centaines de lieues de la France, la mère de Maurice et Solange qui craint pour ses enfants les entreprises du baron Dudevant dont elle n’est pas encore officiellement séparée, la propriétaire de Nohant qui s’inquiète de la vente d’une ferme, enfin et surtout l’écrivain qui ne cesse de travailler et fait passer dans son œuvre les enchantements ou les déceptions de son voyage. 4 Corr, t. IV, p. 569. 3Pour mieux expliquer l’enthousiasme ou les désillusions de George Sand, il faut évoquer l’arrière-plan de ces voyages. Alfred de Musset quitte Venise fin mars, laissant derrière lui le couple Sand-Pagello qui fait une excursion dans les environs de Venise et revient en France au mois d’août, après un voyage buissonnier qui permet à Sand de voir d’autres paysages italiens. En 1839, après deux mois d’hiver à Majorque, Chopin, qui a subi les vexations de la population locale épouvantée par sa phtisie, revient en France, toujours aussi malade. "Le pauvre enfant serait mort de spleen à Majorque", écrit G. Sand à Charlotte Marliani, le 15 février 18394. 5 Corr. t. II, p. 527. 6 Corr. t. IV, p. 533-534. 4Venise et Majorque s’opposent du tout au tout dans l’expérience vécue par George Sand. Le 6 mars 1834, elle écrit à Hippolyte Chatiron, son demi-frère "Après avoir goûté de ce pays-là, on se croit chassé du paradis quand on retourne en France […]"5. Mais le 14 décembre 1838, dans une lettre à Charlotte Marliani, elle constate, un mois après son arrivée à Majorque "Notre voyage ici est, sous beaucoup de rapports, un fiasco épouvantable"6. Autant Sand est enthousiaste dans son éloge de Venise, autant elle devient féroce dans ses diatribes contre les habitants de Majorque. 5Malgré un carnaval "bien pâle auprès des descriptions fantastiques qu’on nous fait de l’antique Venise et de ses fêtes", Venise est idéalisée 7 A Hippolyte Chatiron, Corr. t. II, p. 527. Toute cette architecture mauresque en marbre au milieu de l’eau limpide et sous un ciel magnifique, ce peuple si gai, si insouciant, si chantant et si spirituel, ces gondoles, ces églises, ces galeries de tableaux, toutes les femmes jolies ou élégantes, la mer qui se brise à vos oreilles, des clairs de lune comme il n’y en a nulle part ; des chœurs de gondoliers qui sont quelquefois très justes ; des sérénades sous toutes les fenêtres, des cafés pleins de turcs et d’arméniens, de beaux et vastes théâtres où chantent Mme Pasta et Donzelli ; des palais magnifiques ; un théâtre de polichinelles qui enfonce à dix pieds sous terre celui de Nohant, et les farces de Gustave Malus ; des huîtres délicieuses qu’on pêche sur les marches de toutes les maisons ; du vin de Chypre à vingt sous la bouteille ; des poulets excellents à dix sous ; des fleurs en plein hiver et, au mois de février, la chaleur de notre mois de mai que veux-tu de mieux ?7 8 Ibid. 6Et elle conclut "Ce que je cherchais ici, je l’ai trouvé un beau climat, des objets d’art à profusion, une vie libre et calme, du temps pour travailler et des amis"8. On doute que le séjour italien ait été aussi calme que Sand l’affirme, au moment de la crise que traversaient ses relations avec Musset malade, jaloux, et qui avait raison de l’être puisque George, à peu près sous ses yeux, devenait la maîtresse de Pagello. Mais on pourrait dire aussi que c’est de Venise que Sand était devenue amoureuse. Elle célèbre la ville dans les trois premières Lettres d’un voyageur, publiées en 1834, où elle met en scène, avec verve, le peuple vénitien gai, insouciant et libre, malgré l’occupation autrichienne. Dans cette auto-fiction, elle-même évolue dans un cercle d’amis où des pseudonymes transparents voilent à peine Pagello et sa famille. La deuxième lettre contient une description enchantée de Venise nocturne, qui est une des plus belles pages qu’on ait écrites à la gloire de la cité des Doges 9 OA, t. II, p. 683-684. Le soleil était descendu derrière les monts Vicentins. De grandes nuées violettes traversaient le ciel au-dessus de Venise. […]Peu à peu les couleurs s’obscurcirent, les contours devinrent plus massifs, les profondeurs plus mystérieuses. Venise prit l’aspect d’une flotte immense, puis d’un bois de hauts cyprès où les canaux s’enfonçaient comme de grands chemins de sable 10 A Charlotte Marliani, 14 décembre 1838, Corr, t. II, p. 533-34. 11 A Christine Buloz, 12-14 novembre 1838, Corr, t. IV, p. 517. 7La découverte de Majorque et de ses habitants se fait en deux temps. Une euphorie passagère au moment du débarquement où Sand signale "une population excellente"10. Elle s’excuse auprès de Christine Buloz de ne pas avoir achevé Spiridion qui paraît dans la Revue des deux mondes. La rencontre avec l’Espagne, avec "Palma surtout et Mallorque, la plus délicieuse résidence du monde, voilà qui m’écartait péniblement de la philosophie et de la théologie"11. 12 A Louis-Edouard Gauttier d’Arc, [13 et 14 novembre 1838], Corr., t. IV, p. 521. 13 A Charlotte Marliani, 14 novembre [1838], Corr., t. IV, p. 522. 14 A Albert Grzymala, 3 décembre [1838], Corr., t. IV, p. 529. 8On sait que George Sand et Chopin s’installèrent pour l’hiver à la chartreuse de Valldemosa, "le séjour le plus romantique de la terre"12, mais glacial et ouvert à tous les vents. La désillusion succède presque immédiatement à l’enchantement. L’accueil des habitants de Majorque est rien moins qu’engageant. Se procurer un logis et les objets de la vie courante relève du tour de force "Si l’on veut se permettre le luxe exorbitant d’un pot de chambre, il faut écrire à Barcelone"13. L’arrivée du piano de Chopin qu’il faut arracher aux griffes de la douane est l’objet d’un âpre marchandage. Quant au personnel domestique, il se montre si peu compétent que George se plaint "Je fais de la cuisine au lieu de faire de la littérature"14. Et elle éclate dans une lettre à Buloz, le 28 décembre 1838 15 A Buloz, 28 décembre 1838, T. VI, p. 539. Je n’aurais jamais cru qu’il y eût, à deux journées de navigation de la France, une population aussi arriérée, aussi fanatique, aussi timide, pour ne rien dire de plus et d’une aussi insigne mauvaise foi. Ils auront de mes nouvelles quand je les quitterai !15 16 A Charlotte Marliani, 14 décembre 1838, Corr., t. IV, p. 530. 9Elle remarque que les Majorquins ont deux amours le piment et le commerce des cochons. Un seul navire relie Majorque au continent, encore faut-il que les conditions météorologiques soient favorables afin que les pourceaux n’aient pas le mal de mer. Le reste de la cargaison importe peu "Si un cochon meurt en route, l’équipage est en deuil et donne au diable journaux, passagers, lettres, paquets et le reste"16. 17 A Alexis Duteil, 20 janvier 1839, Corr. t. IV, p. 553. 10Quant aux Majorquins, malgré leurs costumes chamarrés, ce sont de vrais animaux eux-mêmes, puants, grossiers et poltrons et tous fils de moines et avec cela superbes, très bien costumés, jouant à la guitare et dansant le fandango »17. 18 A Charlotte Marliani, 26 février 1839, Corr. t. IV, p. 577. 11L’acrimonie de G. Sand s’explique par les multiples avanies qu’elle-même et surtout Chopin ont subies de la part des insulaires. Installée à la Chartreuse, avec Chopin et ses deux enfants, elle défraie la chronique elle ne va pas à la messe et l’œil exercé des Majorquins a reconnu chez Chopin les symptômes de la phtisie. Il est considéré comme un pestiféré et on brûle le lit où il a couché pour désinfecter les lieux. Ce fut le cas à Palma et sur le navire qui ramenait Sand et les siens vers le continent. "Ils m’ont blessée dans l’endroit le plus sensible de mon cœur ; ils ont percé à coups d’épingles un être souffrant sous mes yeux, jamais je ne le leur pardonnerai, et si j’écris sur eux, ce sera avec du fiel"18. 19 Cf. note 1 de la page 1034, p. 1516. 12La rancune tenace de G. Sand se retrouve effectivement dans Un hiver à Majorque, publié d’abord en 1841 sous le titre Un hiver au midi de l’Europe. L’écrivain y décrit la beauté de l’île, ses ressources naturelles, son climat aux pluies diluviennes pendant l’hiver ; mais tout un chapitre est consacré à l’épisode des cochons et à la paresse des Majorquins. Le livre provoqua une réaction fulminante des insulaires. Dans un article du journal La Palma, du 5 mai 1841, José-Maria Quadrado conclut "George Sand est le plus immoral des écrivains et Mme Dudevant, la plus obscène des femmes"19. 13Dans ces deux longs voyages, Sand a beaucoup vu et beaucoup appris. Les Lettres d’un voyageur montrent à quel point le séjour italien fut un voyage d’apprentissage dans tous les sens du terme. 20 6 avril [1834], Corr, t. II, p. 556-557. 21 Corr. t. II, p. 676. 14Après avoir quitté Musset à Mestre, G. Sand fait un voyage à pied dans les Préalpes du Trentin avec Pagello 30 mars au 5 avril. Et elle découvre non sans fierté son endurance physique "J’ai fait à pied presque huit lieues et j’ai reconnu que ce genre de fatigue m’était fort bon, physiquement et moralement", écrit-elle à Jules Boucoiran20. Et à François Rollinat, le 15 août 1834 "J’ai trois cinquante lieues dans le postérieur et une quarantaine dans les jambes, car j’ai traversé la Suisse à pied"21. Sans doute exagère-t-elle le nombre de kilomètres parcourus de manière aussi sportive, mais cette façon de voyager renoue avec les voyages à pied de Rousseau et, quand ces voyages sont alpestres, avec ceux de Senancour. Le voyage à pied encourage la rêverie, le retour sur soi, ramène l’homme à la nature, qu’elle soit accueillante ou terrifiante, lui donne une indépendance et une liberté que la société lui refuse. La première Lettre d’un voyageur, adressée à Musset à qui elle fait savoir qu’il peut la garder, la déchirer ou la publier, contient des passages qu’on pourrait croire empruntés à Obermann 22 Lettres d’un voyageur, t. II, p. 673. Je traversais ce jour-là des solitudes d’une incroyable mélancolie […] Je choisis les sentiers les plus difficiles et les moins fréquentés. En quelques endroits ils me conduisirent jusqu’à la hauteur des premières neiges ; en d’autres ils s’enfonçaient dans des défilés arides, où le pied de l’homme semblait n’avoir jamais passé. J’aime ces lieux incultes, inhabitables qui n’appartiennent à personne. […] Je fermai les yeux, au pied d’une roche, et mon esprit se mit à divaguer. En un quart d’heure je fis le tour du monde ; et quand je sortis de ce demi-sommeil fébrile, je m’imaginais que j’étais en Amérique, dans une de ces éternelles solitudes que l’homme n’a pu conquérir encore sur la nature 23 Ibid., p. 674. 15Le voyage devient alors une métaphore existentielle qui permet au voyageur de mesurer ses forces et de continuer "Je sentis ma volonté s’élancer vers une nouvelle période de ma destinée. C’est donc là où tu en es ? me disait une voix intérieure ; eh bien ! marche, avance, apprends"23. 24 Corr. t. II, 6 avril 1834, p. 554. 16Le voyage italien se solde donc par un bilan positif, malgré la rupture avec Musset. "Je me sens de la force pour vivre, pour travailler, pour souffrir", affirme Sand dans une lettre à Boucoiran24. Cette impression de liberté que lui donne le voyage s’exprime par le fantasme d’une escapade à Constantinople, sur lequel elle revient plusieurs fois 25 A. Musset, 29 avril 1834, Corr., t. III, p. 574. Pour le moment je serais bien aise de toucher une petite somme de 700 ou 800 francs pour faire ce voyage à Constantinople, ou, au moins pour me sentir le moyen de le faire, ce qui serait pour moi une pensée de liberté 26 Corr. t. II, p. 581. 27 Corr, t. II, p. 589. 28 A Musset, 24 mai 1834, Corr, t. II, p. 597. 17Elle a surmonté la crise de Venise et peut écrire à Gustave Papet, le 8 mai 1834 "Je sais enfin que cet amour de six mois n’a pas tué l’avenir d’Alfred ni le mien"26 ; et à Musset, le 12 mai "Je m’applaudis d’avoir appris à aimer les yeux ouverts"27. Ce qui ne l’empêche pas de cultiver le fantasme d’une liaison platonique à trois, où Pagello serait le père et Musset l’enfant28 ! 18Le voyage est d’abord la révélation d’une liberté autarcique qui s’accommode mal des liens affectifs, si chers qu’ils soient. A son retour d’Espagne, Sand confie à Charlotte Marliani 29 20 mai 1839, Corr, t. VI, p. 655. Je n’aime plus les voyages, ou plutôt je ne suis plus dans les conditions où je pourrais les aimer. Je ne suis plus garçon, une famille est singulièrement peu conciliable avec les déplacements 19Pourquoi voyage-t-elle en fin de compte ? Le voyage en Italie, escapade d’un couple amoureux, obéit à une tradition romantique. Mais après Majorque Sand propose aussi une autre explication 30 Un hiver à Majorque, t. II, p. 1033. Je m’adresse la même réponse négative qu’autrefois à mon retour de Majorque "C’est qu’il ne s’agit pas tant de voyager que de partir quel est celui de nous qui n’a pas quelque douleur à distraire ou quelque joug à secouer ?30 20Et la correspondance atteste qu’il n’est pas si facile de secouer le joug. La distance matérielle mise entre Sand et les préoccupations de la vie sédentaire, ne l’empêche nullement de songer à ceux qu’elle a laissés en France ses enfants en 1834, et surtout ne la détourne jamais de son métier d’écrivain. Durant son séjour à Venise, elle publie les quatre Lettres d’un voyageur et Leone Leoni, récit de l’emprise d’un séducteur sans scrupule sur une jeune fille qu’il déshonore. L’héroïne, à la fin du roman, situé à Venise, quitte l’homme qui a voulu la réhabiliter et l’épouser, pour suivre à nouveau Leoni dont elle sait qu’il la mènera à sa perte. Peu après, elle achève Jacques, portrait d’un mari qui se sacrifie pour laisser la place à l’amant de sa femme. Il donne à son suicide l’allure d’un accident survenu dans les Alpes du Tyrol, décor que Sand décrit d’après sa propre expérience dans les Préalpes du Trentin. Elle annonce à Buloz la fin de son travail, sur le mode humoristique, le 4 juillet 1834 31 4 juillet 1834, Corr, t. II, p. 653. Adieu, mon ami, je viens de finir Jacques et le soleil se lève. Je vais aller me promener sur les lagunes, et chanter une hymne à Buloz le grand, à Buloz le généreux, à Buloz le magnifique, toutes les écrevisses répondront 32 A Hippolyte Chatiron, 6 mars 1834, Corr., t. II, p. 528. 21La puissance de travail de Sand est prodigieuse elle travaille en moyenne sept ou huit heures par jour et affirme qu’elle est allée jusqu’à treize heures d’affilée32. Cet effort ne se dément pas à Majorque où elle donne des cours à ses enfants 33 A Mme Marliani, 14 décembre 1838, Corr, t. IV, p. 536. Je suis plongée avec Maurice dans Thucidide [sic] et compagnie, avec Solange régime indirect et accord du participe […] Ma nuit se passe comme toujours à 22A Majorque elle achève Spiridion qu’on peut considérer comme un exposé de ses croyances religieuses, inspirées en partie par Charles Leroux, et qui se déroule dans un cloître où l’on peut retrouver le décor de la chartreuse de Valldemosa. Dans la Revue des deux mondes, elle publie son poème dramatique Les Sept Cordes de la Lyre, inspiré aussi bien de Goethe que de Ballanche. Hélène, la folle au cœur pur, peut seule jouer de la lyre enchantée et délivre ainsi l’esprit de son aïeul Adelsfreit qui y était enfermé. 34 17 mars 1839, Corr, t. IV, p. 607. 23Ces œuvres ne sont pas du goût de Buloz qui hésite à les publier. Et Sand se moque de sa pusillanimité "Laissez gémir Buloz qui pleure à chaudes larmes quand je fais ce qu’il appelle du mysticisme, et poussez à l’insertion", écrit-elle à Charlotte Marliani34. 35 A Jules Boucoiran, 6 avril 1834, Corr, t. II, p. 558. 24G. Sand, sans doute à cause du voyage, prend ses distances avec son œuvre qui ne serait, s’il faut l’en croire, qu’un travail alimentaire. A propos de ses démêlés avec Buloz, elle affirme "J’ai au moins ici le bonheur d’être tout à fait étrangère à la littérature et de la traiter absolument comme un gagne-pain"35. Car l’écrivain est aussi une mère de famille qui, en 1834, a laissé derrière elle son fils Maurice âgé de onze ans, pensionnaire au collège Henri IV et sa fille Solange, "la grosse mignonne", de cinq ans plus jeune, à Nohant. Sand tremble toujours de voir Casimir, dont elle n’est pas encore officiellement séparée, réclamer et obtenir la garde de ses deux enfants. Cela explique sans doute le ton courtois de ses lettres à son mari à qui, après des observations sur l’éducation de ses enfants, elle réserve des réflexions sérieuses sur l’histoire contemporaine, faites durant son voyage à pied autour de Venise, en compagnie de Pagello dont, bien entendu, elle ne souffle mot 36 A Casimir Dudevant, 6 avril 1834, Corr., t. II, p. 568. J’ai passé en effet sur plus d’un champ de bataille. J’ai vu Vicence, Bassano, Feltre, toutes ces conquêtes qui sont devenues des noms de famille. Les maisons de Bassano sont encore toutes criblées de nos balles et de nos boulets. C’est très glorieux pour nous, mais fort triste pour ces pauvres campagnes qui sont si belles et que nous avons 37 "Ne vois pas mon fils si cela te fait mal", p. 590. 25Mais plus que des séquelles de la campagne d’Italie, on trouve G. Sand préoccupée des conditions de vie de ses enfants. Qui fera sortir Maurice de son collège, le dimanche ? Qui le demandera au parloir pour lui apporter quelques sucres d’orge ? Elle essaie même de réquisitionner Musset qui lui répond qu’il est incapable de voir Maurice car le jeune garçon a les mêmes yeux noirs que sa mère37. Sand mène des pourparlers délicats avec sa mère, Mme Dupin, qui accepte de recevoir Maurice chez elle. Il s’agit de ne froisser personne, ni sa mère ni son ancien précepteur Boucoiran qui promènera le jeune garçon. Et Sand veut à tout prix être rentrée à Paris pour le 16 août, jour de la distribution des prix 38 A. Buloz, 26 juin 1834, Corr, t. II, p. 641. Mon fils est un des fameux de sa classe. Jugez quel chagrin pour lui et pour moi, si je n’assistais pas à ses petites 26Elle souffre d’être séparée de ses enfants – les billets de Maurice sont aussi rares que laconiques. Et elle lui écrit, le 8 mai 1834 39 Corr, t. II, p. 577-578. J’ai fait bien des rêves où je croyais tenir mes deux enfants dans mes bras, et je me suis bien des fois éveillée en pleurant de me trouver seule et si loin d’ 40 A. Alexis Duteil, [20 janvier 1839], Corr., t. IV, p. 554 ; à Hippolyte Chatiron, 22 janvier [1839 ... 27Si loin de Nohant, elle est obligée de traiter d’affaires importantes pour le domaine la vente de la ferme de la Côte-Noire, dont elle parle à plusieurs reprises40. Enfin George Sand éprouve la nostalgie de Nohant même à Venise où, à un moment donné, elle avait rêvé de s’installer. Elle donne ses instructions à Jules Boucoiran, le 27 juin 1834 41 Corr., t. II, p. 649. Auriez-vous la bonté de faire blanchir mes rideaux et de les faire poser dans toutes mes chambres pour le moment de mon retour, afin que je trouve une chambre sombre, un lit frais, des appartements propres, plaisir immense de la civilisation française dont je n’ai pas joui depuis 28George Sand tire de ses voyages une leçon de sagesse qu’elle énonce en introduction à son Hiver à Majorque 42 Un Voyage à Majorque, t. II, p. 1033. Mes plus beaux, mes plus doux voyages, je les ai faits au coin de mon feu, les pieds dans la cendre chaude et les coudes appuyés sur les bras râpés du fauteuil de ma 43 Sur le cycle vénitien de G. Sand, voir Marielle Caors, George Sand. De voyages en romans, éd. Roye ... 29Ce serait pourtant une philosophie un peu courte si nous n’avions pas les preuves positives d’une George Sand qui sait goûter l’enchantement vénitien ou l’harmonie d’un paysage italien ou espagnol. Venise surtout lui a laissé un souvenir ineffaçable dont témoigne la présence quasi obsessionnelle de la cité des Doges dans les œuvres à venir. J’ai parlé de Leone Leoni mais il faut citer aussi la nouvelle Mattéa 1835, fantaisie vénitienne sur les amours d’une ingénue, la nouvelle de L’Orco 1838, qui doit son titre au génie protecteur de Venise. Les Maîtres mosaïstes 1837 racontent la rivalité de deux familles qui se disputent l’honneur d’orner la basilique Saint-Marc de ses mosaïques et dans La Dernière Aldini 1838 un chanteur vénitien devenu célèbre renonce à l’amour d’une jeune fille quand il apprend qu’elle est la fille de la femme qu’il avait autrefois aimée. Même quand la période vénitienne semble close, on retrouve Venise dans les premières pages de Consuelo 1842, où la jeune fille étudie le chant à l’église des Mendicanti43. 44 Cité par Marielle Caors, Ouvr. cité, p. 46. 30Il y a donc tout un cycle vénitien qui prouve que George Sand, comme elle le dit dans une lettre de juillet 1837 à Luigi Calamatta, ne peut s’arracher à sa chère Venise44. Le voyage a le pouvoir, même à long terme, de libérer chez la romancière de nouvelles forces créatrices où l’inspiration naît de la symbiose de l’imaginaire avec l’expérience vécue. Notes 1 George Sand, Œuvres autobiographiques, éd. G. Lubin, Pléiade, [désormais t. II, p. 471 et suiv. 2 Ibid., p. 503 et suiv. 3 Correspondance, éd. George Lubin, [désormais Corr.], t. I, p. 161-167. 4 Corr, t. IV, p. 569. 5 Corr. t. II, p. 527. 6 Corr. t. IV, p. 533-534. 7 A Hippolyte Chatiron, Corr. t. II, p. 527. 8 Ibid. 9 OA, t. II, p. 683-684. 10 A Charlotte Marliani, 14 décembre 1838, Corr, t. II, p. 533-34. 11 A Christine Buloz, 12-14 novembre 1838, Corr, t. IV, p. 517. 12 A Louis-Edouard Gauttier d’Arc, [13 et 14 novembre 1838], Corr., t. IV, p. 521. 13 A Charlotte Marliani, 14 novembre [1838], Corr., t. IV, p. 522. 14 A Albert Grzymala, 3 décembre [1838], Corr., t. IV, p. 529. 15 A Buloz, 28 décembre 1838, T. VI, p. 539. 16 A Charlotte Marliani, 14 décembre 1838, Corr., t. IV, p. 530. 17 A Alexis Duteil, 20 janvier 1839, Corr. t. IV, p. 553. 18 A Charlotte Marliani, 26 février 1839, Corr. t. IV, p. 577. 19 Cf. note 1 de la page 1034, p. 1516. 20 6 avril [1834], Corr, t. II, p. 556-557. 21 Corr. t. II, p. 676. 22 Lettres d’un voyageur, t. II, p. 673. 23 Ibid., p. 674. 24 Corr. t. II, 6 avril 1834, p. 554. 25 A. Musset, 29 avril 1834, Corr., t. III, p. 574. 26 Corr. t. II, p. 581. 27 Corr, t. II, p. 589. 28 A Musset, 24 mai 1834, Corr, t. II, p. 597. 29 20 mai 1839, Corr, t. VI, p. 655. 30 Un hiver à Majorque, t. II, p. 1033. 31 4 juillet 1834, Corr, t. II, p. 653. 32 A Hippolyte Chatiron, 6 mars 1834, Corr., t. II, p. 528. 33 A Mme Marliani, 14 décembre 1838, Corr, t. IV, p. 536. 34 17 mars 1839, Corr, t. IV, p. 607. 35 A Jules Boucoiran, 6 avril 1834, Corr, t. II, p. 558. 36 A Casimir Dudevant, 6 avril 1834, Corr., t. II, p. 568. 37 "Ne vois pas mon fils si cela te fait mal", p. 590. 38 A. Buloz, 26 juin 1834, Corr, t. II, p. 641. 39 Corr, t. II, p. 577-578. 40 A. Alexis Duteil, [20 janvier 1839], Corr., t. IV, p. 554 ; à Hippolyte Chatiron, 22 janvier [1839], Corr., t. IV, p. 556-557 ; au même, [Marseille mi-mars 1839], t. IV, p. 602-603. 41 Corr., t. II, p. 649. 42 Un Voyage à Majorque, t. II, p. 1033. 43 Sur le cycle vénitien de G. Sand, voir Marielle Caors, George Sand. De voyages en romans, éd. Royer, 1993, p. 42 à 48. 44 Cité par Marielle Caors, Ouvr. cité, p. 46. Auteur MauriceSand. (1823-1889) fils de George Sand. Il était le premier enfant de George Sand et celui qui lui fut le plus attaché. Il vécut toujours auprès d'elle. La nature l'avait doté de plusieurs talents, pour le dessin et la peinture (il fut élève de Delacroix), pour la littérature mais aussi pour la science (géologie et biologie).
Résumé Détails Compatibilité Autres formats BnF collection ebooks - "J'étais arrivé à Bassano à neuf heures du soir, par un temps froid et humide. Je m'étais couché, triste et fatigué, après avoir donné silencieusement une poignée de main à mon compagnon de voyage. Je m'éveillai au lever du soleil, et je vis de ma fenêtre s'élever, dans le bleu vif de l'air, les créneaux enveloppés de lierre de l'antique forteresse qui domine la vallée. Je sortis aussitôt pour en faire le tour et pour m'assurer de la beauté du temps."BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse. Lire plusexpand_more Titre Lettres d'un voyageur EAN 9782346015870 Éditeur BnF collection ebooks Date de parution 12/01/2016 Format ePub Poids du fichier kb Protection Aucune L'ebook Lettres d'un voyageur est au format ePub check_circle Cet ebook est compatible pour une lecture sur application iOs et Android Vivlio. check_circle Cet ebook est compatible pour une lecture sur My Vivlio. check_circle Cet ebook est compatible pour une lecture sur le lecteur Vivlio. check_circle Cet ebook est compatible pour une lecture sur liseuse. Je crée ma liste d’envies Vous devez être connectée pour pouvoir créer et sauvegarder votre liste d’envies cancel Déjà cliente ?Se connecter Pas encore inscrite ?Mon compte Un compte vous permettra en un clin d’oeil de commander sur notre boutique consulter et suivre vos commandes gérer vos informations personnelles accéder à tous les e-books que vous avez achetés avoir des suggestions de lectures personnalisées Livre non trouvé Oups ! Ce livre n'est malheureusement pas disponible... Il est possible qu’il ne soit pas disponible à la vente dans votre pays, mais exclusivement réservé à la vente depuis un compte domicilié en France. L’abonnement livre numérique Vivlio shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! check_circle Chaque mois, bénéficiez d’un crédit valable sur tout le catalogue check_circle Offre sans engagement, résiliez à tout moment ! L’abonnement livre numérique Vivlio shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite ! Vous allez être redirigé vers notre prestataire de paiement Payzen pour renseigner vos coordonnées bancaire Si la redirection ne se fait pas automatiquement, cliquez sur ce lien. Bienvenue parmi nos abonnés ! shopping_basketL’abonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt j’en profite !

Unelettre qu’il lui écrit le 12 janvier 1861 s’achève par ces mots : « Je n’ai plus de place que pour vous dire que je vous aimerai toujours ». La correspondance croisée de Delacroix et Sand a été éditée : ALEXANDRE Françoise éd., DELACROIX Eugène, SAND George, Correspondance.

Lettre vagabonde – 28 juillet 2019 De tous les temps, les femmes ont eu quelque chose à dire. Leurs voix furent souvent recouvertes d’indifférence et écrasées sous le mépris. George Sand semble faire exception. Elle vécut une vie trépidante et dévouée à toutes les causes. Elle a fait couler beaucoup d’encre en affichant une liberté farouche et hors norme pour son époque. La formidable biographie de Michelle Perrot, publiée en 2018, apporte un éclairage indispensable sur une figure de proue de son temps. Michelle Perrot nous entraîne dans les activités palpitantes de Nohant jusqu’à la mort, en 1876, de l’âme qui en détenait le sésame ouvre-toi. George Sand à Nohant Une maison d’artiste, » nous fait apprécier et admirer un grand esprit du XIXe siècle. La biographe a entrepris des recherches poussées à commencer par la lecture de la volumineuse correspondance de ce monument épistolaire. » Ses lettres furent publiées en vingt-six tomes sous la direction de Georges Lubin. En tout cinquante mille lettres envoyées à vingt mille correspondants. Active, talentueuse, littéraire et scientifique, George Sand contribuera à rendre meilleure la vie des gens. Elle professait ses idées libérales accordant plus de liberté au peuple français, aux gens de la campagne. Elle déplorait la condition des femmes sous le joug d’une autorité masculine. Auteure de cent romans dont La petite Fadette, Consuelo et La mare au diable, on la retrouve passionnée pour la musique, le théâtre, la peinture. Cette femme s’investit également dans l’éducation, la politique, l’agriculture, la botanique, l’entomologie et la minéralogie. Des activités dans tous ces domaines se déroulent à Nohant. Grâce à son écriture, elle supportera financièrement les artistes et scientifiques se rassemblant sous son toit. Heureusement, elle avait la plume facile. Je reconnus que j’écrivais vite, facilement, longtemps, sans fatigue. » clamait l’écrivaine en ajoutant, J’ai beaucoup de plaisir et d’amusement à écrire. » Grâce à ses voyages et à son intarissable curiosité, George Sand se maintenait à la fine pointe des courants majeurs qui secouaient son pays. Elle défendit la cause des paysans et fit la promotion de clubs privés afin d’instruire et former la population en politique. Se soulevant contre la condition inférieure subie par les femmes, elle qualifiait les mariages arrangés d’une forme de prostitution et de viol. Si elle consacrait son temps à l’instruction de ses enfants, Solange et Maurice, elle veillait aussi à instruire les domestiques et femmes de chambre. Elle leur apprenait à lire. Nohant s’avère un lieu accueillant et ouvert à toute forme de savoir. Elle rêvait grand pour Nohant et la maison fut transformée à la dimension de ses projets. Les dîners de quinze convives étaient monnaie courante. Les curieux et les amis étaient rentrés dans l’orbite de Sand, de cette communauté des goûts, des intelligences et des cœurs qu’elle rêvait de constituer. » Pour Sand, l’art se perdrait certainement s’il ne créait pas de sanctuaires pour se retremper. » Auquel ajoute Michelle Perrot, Une oasis, un sanctuaire la vocation idéale de Nohant. » George Sand déploie un dévouement inconditionnel aux artistes. Une chambre à la porte capitonnée offrit à Frédéric Chopin un lieu privilégié où il composa la majeure partie de ses œuvres. Des carrières de chanteuses, de musiciens prirent leur essor en ces lieux. Les peintres ne furent pas en reste. Se succédèrent à Nohant Eugène Delacroix, Théodore Rousseau et bien d’autres. Ils furent dotés d’un vaste atelier. Maurice, le fils, eut aussi droit à son atelier où il s’adonna aux dessins et à l’aquarelle. Parmi les écrivains, citons Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Tourgueniev, Théophile Gauthier. Alexandre Dumas y séjourna plus d’un mois et demi. Comme George Sand admirait toute forme d’art, elle aménagea une loge, une scène et une salle ouverte au public du Berry. De grands comédiens y jouèrent dont Arnaud Passy et Pierre Bocage. Avec Maurice Sand, le théâtre de marionnettes fut reconnu et perfectionné. La mère confectionnait les costumes des personnages confectionnés par le fils. Savants et politiciens, sous la République s’arrogent les faveurs et l’appui de la dame de Nohant. Elle accueille les opposants au dogmatisme clérical et à l’aristocratie rétrograde. Elle-même adhère à la république démocratique et sociale. Il existe bien des façons de s’instruire et George Sand les emprunte toutes. On retrouve des volumes dans bon nombre de domaines scientifiques et artistiques. Pour chacun de ces domaines, elle a invité à Nohant d’éminents spécialistes et entreprit des voyages d’exploration. Elle aura étudié dans toutes ces branches de savoir. Ses jardins bien aménagés sont la preuve de ses connaissances en botanique. La protection de la nature fut son champ de bataille. Pour accommoder tous les gens qui séjournent chez elle, Sand aura créé deux ateliers de peinture, un atelier de gravure, une bibliothèque de huit mille volumes, un petit théâtre et un magasin de décor. Toutes les pièces sont remplies. Malgré son peu de fortune, la dame de Nohant aura contribué à l’avancement des arts, de la littérature et des sciences, et ce même à l’extérieur de la France. En Californie, elle a financé une communauté du nom de Commune libre de Mokelumne Hill où se rassemblait l’immigration française. On se demande où l’écrivaine trouvait le temps d’écrire. L’horaire de George Sand travailler, dormir, manger. » Son lieu d’écriture, une chambre si exiguë qu’elle installe un hamac au lieu d’un lit et un bureau au lieu d’une table d’écriture. Ses agendas indiquent un respect scrupuleux de son emploi du temps. Elle écrivait d’une heure du matin jusqu’en début de matinée, dormait quatre à cinq heures, déjeunait, faisait sa correspondance, travaillait à l’extérieur, lisait avant de dîner avec les nombreux invités et pensionnaires des lieux. Les soirées étaient consacrées à la musique et au théâtre. L’horaire de Churchill paraît faible et terne à côté de celui de Sand. Michelle Perrot nous invite à Nohant où George Sand nous accueille chaleureusement dans sa maison d’artiste. On partage les goûts, les rêves et les connaissances de la maîtresse des lieux. La biographie nous livre le quotidien d’une femme exceptionnelle, douée et généreuse ainsi que le portrait d’une époque. L’écriture est souple et entraînante comme un bon roman. Une lecture motivante qui rejoint sûrement les aspirations de nombreux lecteurs et lectrices. Pour voir des photos de la maison de George Sand, cliquez sur le lien ci-dessous. Maison de George Sand yjEKZ.
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