ULBACH Louis (1822-1889) : L'ùne par Victor Hugo, conférence faite à Courbevoie, le 7 novembre 1880 au profit de la bibliothÚque populaire .-. Paris : Calmann-Lévy, 1881.- 19 p. ; 22 cm. Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la BibliothÚque Municipale de Lisieux (30.XI.2001) Texte relu par : A. Guézou.
Quid novi?Informations complémentaires au cours de français de seconde. Publié le 8 janvier 2011 Lisez d'abord le poÚme, ici. Voici ensuite deux exemples de commentaires, rédigés par vos camarades, qui concernent tous deux la partie "Une plainte lyrique à la fois intime et universelle". DeuxiÚme proposition de commentaire
Voiciune lecture analytique du poĂšme de Victor Hugo, "Souvenir de la nuit du Quatre", rĂ©alisĂ©e en classe de 1Ăšre en français, dans le cadre de la sĂ©quence "La poĂ©sie, quĂȘte du sens, du Moyen-Âge Ă  nos jours" sur le thĂšme de la place de l'enfant dans la poĂ©sie. Introduction: Victor Hugo (1802-1885): Chef de file du Romantisme, il a rĂ©alisĂ© une oeuvre
La belle LĂ©opoldine Hugo, le jour de sa communion. Un visage juvĂ©nile, un port altier... La fille de Victor Hugo espĂ©rait, elle aussi, vivre de ses Ă©crits. Peinture de Auguste de ChĂątillon en 1836. Victor Hugo est un auteur prolifique, qui a explorĂ© quasiment tous les genres le roman, le théùtre et la poĂ©sie. Chef de file du mouvement romantique, il revendique une complĂšte libertĂ© dans l'art et s'insurge face aux rĂšgles classiques qui Ă©touffent le processus crĂ©atif. Son gĂ©nie est d'avoir rĂ©ussi Ă  ĂȘtre le tĂ©moin d'une Ă©poque et la voix d'une nation Ă  travers des oeuvres littĂ©raires aujourd'hui mondialement reconnues. Du cĂŽtĂ© de la poĂ©sie, Hugo est trĂšs attachĂ© au lyrisme. Il use d'une grande sensibilitĂ© romantique Ă  la nature, au temps et voit le poĂšte comme un ĂȘtre capable de dĂ©chiffrer les choses cachĂ©es du monde. Demain, dĂšs l'aube...» est l'un des plus cĂ©lĂšbres poĂšmes de Victor Hugo. Il est publiĂ© en 1856 dans le cĂ©lĂšbre recueil poĂ©tique Les Contemplations » et n'a, originellement, pas de titre. PoĂšme XIV de Pauca meae » Quelques vers pour ma fille, il figure dans le quatriĂšme livre des Contemplations. L'origine de ce poĂšme L'origine de ce poĂšme est malheureusement assez tragique. Victor Hugo s'inspire, ici, d'une histoire vraie et personnelle pour crĂ©er ces quelques vers. Le 4 septembre 1843, Charles Vacquerie, le mari de LĂ©opoldine Hugo la fille de Victor Hugo doit se rendre Ă  Caudebec pour un rendez-vous important. Il s'y rend avec son oncle et son cousin Pierre et Arthur Vacquerie en canot de course. Si LĂ©opoldine dĂ©clina la premiĂšre invitation, elle finit par s'y rendre avec eux. Malheureusement, sur la route de retour, les 4 membres de la famille furent surpris par un tourbillon de vent qui fĂźt complĂštement chavirer le bateau. LĂ©opoldine, son mari, l'oncle et le cousin Vacquerie sont morts dans ce tragique accident. Cette Ă©preuve fut terrible pour Victor Hugo qui Ă©tait profondĂ©ment attachĂ© Ă  sa jeune fille. Cette douleur, il la sublime dans le prĂ©sent poĂšme. Dates Actions 28 aoĂ»t 1824Naissance de LĂ©opoldine Hugo. Elle est la fille aĂźnĂ©e de Victor Hugo et d'AdĂšle Foucher. 15 fĂ©vrier 1843 TrĂšs courtisĂ©e pour sa beautĂ© et son intelligence, LĂ©opoldine finit par Ă©pouser Charles Vacquerie. Mais ce mariage n'aura pas eu le temps de perdurer... 4 septembre 1843Les deux amants, accompagnĂ©s de deux membres de la famille de Charles, finissent noyĂ©s aprĂšs un accident en canot. L'Ă©preuve du deuil est terrible Ă  supporter pour Victor Hugo et AdĂšle Foucher... 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Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyĂšre en fleur. La forme Demain, dĂšs l'aube » est un poĂšme composĂ© de trois strophes de quatre vers chacune. Ces vers sont composĂ©s de 12 pieds, ce sont donc des alexandrins ternaires trimĂštres romantiques et binaires en rimes croisĂ©es ABAB. Cet effet stylistique crĂ©e un rythme Ă  la lecture le lecteur doit respecter la ponctuation, avec des cĂ©sures qui divisent le vers en deux hĂ©mistiches. La tonalitĂ© À la lecture de ce poĂšme, vous ressentirez trĂšs certainement une profonde tristesse. Le champ lexical de la solitude et de la douleur est omniprĂ©sent, on y voit Hugo seul face au monde et Ă  sa peine. L'atmosphĂšre gĂ©nĂ©rale est aussi celle de l'obscuritĂ© forĂȘt », campagne », nuit », soir »... L'ambiance est morose, mĂȘme l'espace semble ĂȘtre empli de chagrin. Les procĂ©dĂ©s stylistiques vus en cours de francais mettent en lumiĂšre cette tristesse incontrĂŽlable. Les rimes croisĂ©es jouent sur le sens des mots le verbe "tomber" du vers 9 renvoie Ă  la "tombe" du vers 11... La chute renvoie Ă  la mort. L'analyse du poĂšme Passons dĂ©sormais Ă  l'analyse du poĂšme. On distingue trois strophes diffĂ©rentes, chacune agissant comme un nouveau tournant dans le rĂ©cit. En quoi ce poĂšme sublime-t-il les retrouvailles entre Hugo et sa fille LĂ©opoldine ? I. Un long voyage vers oĂč ? L'indication temporelle Le premier vers fait rĂ©fĂ©rence au dĂ©part imminent du narrateur. Ce dĂ©part, il l'annonce en trois temps diffĂ©rents Demain » 2 syllabes dĂšs l'aube » 2 syllabes Ă  l'heure oĂč blanchit la campagne » 8 syllabes Par lĂ , le narrateur introduit son intention de partir et l'annonce avec l'heure et le moment exact oĂč il le fera. Ce voyage ne se terminera qu'au vers 9, lorsque la journĂ©e se termine l'or du soir qui tombe ». Ainsi, ce voyage dure une journĂ©e entiĂšre et se dĂ©roule sans aucune interruption. L'indication spatiale La nature prend une place importante au sein du poĂšme. Hugo attache une certaine importance Ă  rĂ©vĂ©ler le paysage, sans pour autant s'attarder sur les dĂ©tails de celui-ci. Cela donne lieu Ă  une Ă©numĂ©ration assez sommaire des lieux qu'il dĂ©passe la campagne », la forĂȘt », la montagne ». Dans les deux premiĂšres strophes, le paysage semble donc assez sauvage, bien que les Ă©lĂ©ments que nous ayons Ă  disposition restent vagues. À partir de la strophe 3, un changement de paysage s'opĂšre Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur ». En citant une commune normande, Hugo ancre le poĂšme dans le rĂ©el. Fini la campagne et la forĂȘt, nous sommes dĂ©sormais face Ă  l'eau. Ce chemin aux mille paysages agit Ă©galement comme un symbole celui de l'homme prĂȘt Ă  affronter vents et marĂ©es pour retrouver celle qu'il aime... Et qu'il a tragiquement perdue. La petite commune normande de Harfleur, lieu citĂ© par Hugo dans son cĂ©lĂšbre poĂšme Demain, dĂšs l'aube... ». La dĂ©termination du voyageur Le voyageur indique son intention de se mettre en mouvement grĂące Ă  plusieurs verbes d'action conjuguĂ©s au futur simple Je partirai » J'irai » Je marcherai » J'arriverai » L'itinĂ©raire est clairement Ă©noncĂ© et chaque verbe marque l'Ă©volution de celui-ci, du dĂ©part jusqu'Ă  l'arrivĂ©e. À chaque strophe se trouve ces verbes qui marquent une nouvelle Ă©tape on retrouve je partirai » et j'irai » dans la premiĂšre strophe, qui indiquent l'intention du mouvement ; je marcherai » qui souligne la mise en mouvement ; et enfin j'arriverai » qui traduit la fin de l'action et le but rĂ©alisĂ©. Cette rĂ©pĂ©tition de verbe a pour effet de souligner la dĂ©termination sans faille du voyageur, qui a dĂ©jĂ  intellectualisĂ© les diffĂ©rentes Ă©tapes et qui sait pertinemment oĂč il va. II. L'expression des sentiments alliance des registres lyriques et pathĂ©tiques Demain, dĂšs l'aube... » est un poĂšme rĂ©digĂ© Ă  la premiĂšre personne, premiĂšre personne qui s'oppose continuellement au pronom personnel tu ». Dans le cas prĂ©sent, Victor Hugo investit le Je » et LĂ©opoldine est le Tu ». Pour le poĂšte, il est question de s'adresser directement Ă  sa fille dĂ©funte le poĂšme devient un prĂ©texte pour lui parler, pour se livrer Ă  elle. Ce dessein est Ă  proprement parler lyrique, l'auteur cherche Ă  exprimer ses sentiments Ă  travers le texte. Mais quels sont les sentiments que nous retrouvons le plus tout au long du poĂšme ? La solitude Ce voyage est celui d'un pĂšlerin, seul face au chemin qu'il dĂ©cide d'emprunter. Cette solitude se traduit Ă  plusieurs moments dans le texte et est un thĂšme romantique celui du moi profond confrontĂ© Ă  ses sentiments et, notamment, Ă  sa mĂ©lancolie. LĂ©opoldine et son mari, Charles Vacquerie, dessinĂ©s par la mĂšre de LĂ©opoldine, AdĂšle Foucher, en 1843. Les deux amants resteront, Ă  jamais, insĂ©parables... Ici, le champ lexical de l'absence est omniprĂ©sent loin de toi » sans rien » aucun » seul » Cela traduit la solitude totale du poĂšte et le vide qu'il ressent au fond de lui suite Ă  la disparition de sa fille. MĂȘme l'univers semble avoir disparu Hugo est livrĂ© Ă  lui-mĂȘme dans ce drame. Mais cette solitude a un effet bien plus tragique puisqu'elle mĂšne Ă  la dĂ©personnalisation du narrateur inconnu » De plus, le poĂšte est complĂštement indiffĂ©rent au monde extĂ©rieur, il est seul dans sa bulle Je marcherai les yeux fixĂ©s sur mes pensĂ©es Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit ... Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit Il ne fait plus la diffĂ©rence entre les paysages, ne se soucie plus du temps ni de l'espace. Sa solitude est totale. La tristesse Cette solitude s'accompagne d'une tristesse voire d'une rĂ©elle souffrance du narrateur. Face Ă  cela, le lecteur ne peut qu'Ă©prouver de la compassion pour Hugo c'est toute la force du registre pathĂ©tique. La douleur est ici physique et morale, elle est omniprĂ©sente, omnipotente, elle englobe littĂ©ralement le poĂšte Seul, inconnu, le dos courbĂ©, les mains croisĂ©es / Triste Le rejet du mot Triste » au vers suivant a pour effet d'accentuer la douleur ressentie. Par ailleurs, cette tristesse se lit Ă©galement dans le procĂ©dĂ© stylistique employĂ© celui de l'accumulation. La juxtaposition des mots, sĂ©parĂ©s par une virgule, renforce le poids de la douleur. III. La mort n'est pas une fin mais un renouveau Entre prĂ©sence et absence le dialogue avec la mort prend vie La mort de sa fille LĂ©opoldine, ĂągĂ©e seulement de 19 ans, a bouleversĂ© la vie d'Hugo. Cet Ă©vĂšnement a eu pour consĂ©quence de faire rĂ©flĂ©chir l'auteur au sujet de la mort, au sujet de l'aprĂšs. Comment continuer un dialogue avec un ĂȘtre dĂ©funt ? Comment parvenir Ă  trouver une prĂ©sence dans l'absence ? Dans ce poĂšme, Victor Hugo joue avec les pronoms je » et tu » afin de rendre son interlocutrice vivante et prĂ©sente, d'oĂč la confusion parfois sur l'intention de ce poĂšme. À la premiĂšre lecture, on pourrait penser que le narrateur parle d'une femme aimĂ©e et se prĂ©pare pour une rencontre amoureuse. En rĂ©alitĂ©, ce poĂšme est entiĂšrement destinĂ© Ă  sa fille, qu'il cherche Ă  retrouver. Pour rendre Ă  LĂ©opoldine toute sa prĂ©sence, Hugo utilise le prĂ©sent d'actualitĂ© LĂ©opoldine est bien rĂ©elle, il pourrait presque la toucher. Serait-ce de sa part un dĂ©ni ? L'une des Ă©tapes du deuil ? Possible... De plus, la jeune fille brille par sa prĂ©sence en ce que tout ce qui a autour du narrateur est inconsistant. Les paysages et le temps n'ont strictement aucune importance, aucune valeur seul compte ce tu » Ă  qui un je » omniprĂ©sent s'adresse sans relĂąche. Quand bien mĂȘme le narrateur ne s'adresse pas directement Ă  la jeune fille, il ne pense qu'Ă  elle. La nĂ©gation, trĂšs prĂ©sente dans ce texte, marque cet aspect il n'y a qu'elle, en rĂ©alitĂ© et dans ses pensĂ©es. Ainsi, se rĂ©vĂšle Ă  nous une contradiction dĂ©routante les paysages sensibles sont niĂ©s alors que bien prĂ©sents et l'insensible est rĂ©vĂ©lĂ© alors que fonciĂšrement absent. C'est toute la force des mots pouvoir faire revivre les morts. Immortelle LĂ©opoldine ? Le dernier vers constitue une analyse Ă  lui seul. Victor Hugo utilise deux images trĂšs symbolique le houx et la bruyĂšre. Le houx vert ne perd jamais sa couleur, il reste intacte toute l'annĂ©e. Il est reconnu pour porter bonheur. La bruyĂšre est, quant Ă  elle, toujours en fleur. Elle vit perpĂ©tuellement et ne meurt jamais. GrĂące Ă  ces deux images, Victor Hugo souhaite cĂ©lĂ©brer la vie Ă©ternelle de sa fille. LĂ©opoldine demeura immortelle, dans son esprit et dans ses Ă©crits. GrĂące Ă  ce rĂ©cit, lyrique et romantique, sa fille ne pourra jamais ĂȘtre oubliĂ©e. L'Ă©ternitĂ© de l'homme passe indĂ©niablement par la postĂ©ritĂ© des Ă©crits. Conclusion Epitaphe de la tombe oĂč reposent LĂ©opoldine et son mari, Charles. Ici, Victor Hugo viendra dĂ©poser le houx vert et la bruyĂšre toujours en fleur... Ce poĂšme est une vraie dĂ©claration d'amour Ă  LĂ©opoldine Hugo, tragiquement disparue. Pour Victor Hugo, cela va bien au-delĂ  d'une simple expression de ses sentiments il livre, ici, une incantation. Il souhaiterait pouvoir la voir Ă  nouveau, la tenir dans ses bras. Pour cela, il est prĂȘt Ă  tout, Ă  commencer par entamer ce voyage pour la retrouver. Paysages, sentiments, solitude, nature les thĂ©matiques romantiques sont toutes rĂ©unies. Toutefois, l'auteur offre ce poĂšme d'une façon pudique il n'y a pas d'Ă©panchement, juste de la sincĂ©ritĂ©, de l'amour et l'expression intime de la douleur de son deuil. Pour Hugo, il n'est pas question de tout montrer mais de suggĂ©rer la peine, la souffrance, le manque. À l'image de sa fille, Hugo a choisi de rester dans une rĂ©serve touchante mais puissante. Ce plein d'Ă©motions que l'on lit entre les lignes, nous donne l'envie de continuer Ă  lire les Ă©crits de ce gĂ©nie et de dĂ©couvrir, un peu plus, l'homme qu'il Ă©tait. Plongez-vous sans attendre dans ce poĂšme, ode aux retrouvailles espĂ©rĂ©es.
Parle biais de longues lettres envoyĂ©es Ă  un ami, Victor Hugo dĂ©crit un long voyage qu'il entreprend sur les bords du Rhin. PrĂ©texte Ă  toutes les rĂȘveries, le pĂ©riple du poĂšte est tour Ă  tour, une rĂ©flexion, un journal de bord, une description de L’homme en songeant descend au gouffre prĂšs du dolmen qui domine Rozel,À l’endroit oĂč le cap se prolonge en presqu’ spectre m’attendait ; l’ĂȘtre sombre et tranquilleMe prit par les cheveux dans sa main qui grandit,M’emporta sur le haut du rocher, et me dit Sache que tout connaĂźt sa loi, son but, sa route ;Que, de l’astre au ciron, l’immensitĂ© s’écoute ;Que tout a conscience en la crĂ©ation ;Et l’oreille pourrait avoir sa vision,Car les choses et l’ĂȘtre ont un grand parle, l’air qui passe et l’alcyon qui vogue,Le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’ donc l’univers autrement ?Crois-tu que Dieu, par qui la forme sort du nombre,Aurait fait Ă  jamais sonner la forĂȘt sombre,L’orage, le torrent roulant de noirs limons,Le rocher dans les flots, la bĂȘte dans les monts,La mouche, le buisson, la ronce oĂč croĂźt la mĂ»re,Et qu’il n’aurait rien mis dans l’éternel murmure ?Crois-tu que l’eau du fleuve et les arbres des bois,S’ils n’avaient rien Ă  dire, Ă©lĂšveraient la voix ?Prends-tu le vent des mers pour un joueur de flĂ»te ?Crois-tu que l’ocĂ©an, qui se gonfle et qui lutte,Serait content d’ouvrir sa gueule jour et nuitPour souffler dans le vide une vapeur de bruit,Et qu’il voudrait rugir, sous l’ouragan qui vole,Si son rugissement n’était une parole ?Crois-tu que le tombeau, d’herbe et de nuit vĂȘtu,Ne soit rien qu’un silence ? et te figures-tuQue la crĂ©ation profonde, qui composeSa rumeur des frissons du lys et de la rose,De la foudre, des flots, des souffles du ciel bleu,Ne sait ce qu’elle dit quand elle parle Ă  Dieu ?Crois-tu qu’elle ne soit qu’une langue Ă©paissie ?Crois-tu que la nature Ă©norme balbutie,Et que Dieu se serait, dans son immensitĂ©,DonnĂ© pour tout plaisir, pendant l’éternitĂ©,D’entendre bĂ©gayer une sourde-muette ?Non, l’abĂźme est un prĂȘtre et l’ombre est un poĂ«te ;Non, tout est une voix et tout est un parfum ;Tout dit dans l’infini quelque chose Ă  quelqu’un ;Une pensĂ©e emplit le tumulte n’a pas fait un bruit sans y mĂȘler le comme toi, gĂ©mit ou chante comme moi ;Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoiTout parle ? Écoute bien. C’est que vents, ondes, flammesArbres, roseaux, rochers, tout vit !Tout est plein d’ comment ? Oh ! voilĂ  le mystĂšre tu ne t’es pas en route Ă©vanoui, n’a créé que l’ĂȘtre le fit radieux, beau, candide, adorable,Mais imparfait ; sans quoi, sur la mĂȘme hauteur,La crĂ©ature Ă©tant Ă©gale au crĂ©ateur,Cette perfection, dans l’infini perdue,Se serait avec Dieu mĂȘlĂ©e et confondue,Et la crĂ©ation, Ă  force de clartĂ©,En lui serait rentrĂ©e et n’aurait pas crĂ©ation sainte oĂč rĂȘve le prophĂšte,Pour ĂȘtre, ĂŽ profondeur ! devait ĂȘtre Dieu fit l’univers, l’univers fit le créé, parĂ© du rayon baptismal,En des temps dont nous seuls conservons la mĂ©moire,Planait dans la splendeur sur des ailes de gloire ;Tout Ă©tait chant, encens, flamme, Ă©blouissement ;L’ĂȘtre errait, aile d’or, dans un rayon charmant,Et de tous les parfums tour Ă  tour Ă©tait l’hĂŽte ;Tout nageait, tout la premiĂšre fauteFut le premier sentit une poids prit une forme, et, comme l’oiseleurFuit emportant l’oiseau qui frissonne et qui lutte,Il tomba, traĂźnant l’ange Ă©perdu dans sa mal Ă©tait fait. Puis, tout alla s’aggravant ;Et l’éther devint l’air, et l’air devint le vent ;L’ange devint l’esprit, et l’esprit devint l’ tomba, des maux multipliant la somme,Dans la brute, dans l’arbre, et mĂȘme, au-dessous d’eux,Dans le caillou pensif, cet aveugle vils qu’à regret les anges Ă©numĂšrent !Et de tous ces amas des globes se formĂšrent,Et derriĂšre ces blocs naquit la sombre mal, c’est la matiĂšre. Arbre noir, fatal rĂ©flĂ©chis-tu pas lorsque tu vois ton ombre ?Cette forme de toi, rampante, horrible, sombre,Qui liĂ©e Ă  tes pas comme un spectre vivant,Va tantĂŽt en arriĂšre et tantĂŽt en avant,Qui se mĂȘle Ă  la nuit, sa grande sƓur funeste,Et qui contre le jour, noire et dure, proteste,D’oĂč vient-elle ? De toi, de ta chair, du limonDont l’esprit se revĂȘt en devenant dĂ©mon ;De ce corps qui, créé par ta faute premiĂšre,Ayant rejetĂ© Dieu, rĂ©siste Ă  la lumiĂšre ;De ta matiĂšre, hĂ©las ! de ton ombre dit — Je suis l’ĂȘtre d’infirmitĂ© ;Je suis tombĂ© dĂ©jĂ  ; je puis tomber encore. —L’ange laisse passer Ă  travers lui l’aurore ;Nul simulacre obscur ne suit l’ĂȘtre aromal ;Homme, tout ce qui fait de l’ombre a fait le c’est ici le rocher fatidique,Et je vais t’expliquer tout ce que je t’indique ;Je vais t’emplir les yeux de nuit et de front triste, aux funĂšbres vent d’en haut sur moi passe, et, ce qu’il m’arrache,Je te le jette ; prends, et d’abord, sacheQue le monde oĂč tu vis est un monde effrayantDevant qui le songeur, sous l’infini ployant,LĂšve les bras au ciel et recule soleil est lugubre et ta terre est habitez le seuil du monde vous n’ĂȘtes pas hors de Dieu complĂ©tement ;Dieu, soleil dans l’azur, dans la cendre Ă©tincelle,N’est hors de rien, Ă©tant la fin universelle ;L’éclair est son regard, autant que le rayon ;Et tout, mĂȘme le mal, est la crĂ©ation,Car le dedans du masque est encor la figure.— Ô sombre aile invisible Ă  l’immense envergure !Esprit ! esprit ! esprit ! m’écriai-je spectre poursuivit sans m’avoir entendu Faisons un pas de plus dans ces choses tu veux, tu fais, tu construis et tu fondes,Et tu dis — Je suis seul, car je suis le n’a que moi dans sa morne deçà, c’est la nuit ; au-delĂ , c’est le est un Ɠil que la science moi qui suis la fin et qui suis le sommet. —Voyons ; observes-tu le bƓuf qui se soumet ?Écoutes-tu le bruit de ton pas sur les marbres ?Interroges-tu l’onde ? et, quand tu vois des arbres,Parles-tu quelquefois Ă  ces religieux ?Comme sur le versant d’un mont prodigieux,Vaste mĂȘlĂ©e aux bruits confus, du fond de l’ombre,Tu vois monter Ă  toi la crĂ©ation rocher est plus loin, l’animal est plus le faĂźte altier et vivant, tu parais !Mais, dis, crois-tu que l’ĂȘtre illogique nous trompe ?L’échelle que tu vois, crois-tu qu’elle se rompe ?Crois-tu, toi dont les sens d’en haut sont Ă©clairĂ©s,Que la crĂ©ation qui, lente et par degrĂ©s,S’élĂšve Ă  la lumiĂšre, et, dans sa marche entiĂšre,Fait de plus de clartĂ© luire moins de matiĂšreEt mĂȘle plus d’instincts au monstre dĂ©croissant,Crois-tu que cette vie Ă©norme, remplissantDe souffles le feuillage et de lueurs la tĂȘte,Qui va du roc Ă  l’arbre et de l’arbre Ă  la bĂȘte,Et de la pierre Ă  toi monte insensiblement,S’arrĂȘte sur l’abĂźme Ă  l’homme, escarpement ?Non, elle continue, invincible, admirable,Entre dans l’invisible et dans l’impondĂ©rable,Y disparaĂźt pour toi, chair vile, emplit l’azurD’un monde Ă©blouissant, miroir du monde obscur,D’ĂȘtres voisins de l’homme et d’autres qui s’éloignent,D’esprits purs, de voyants dont les splendeurs tĂ©moignent,D’anges faits de rayons comme l’homme d’instincts ;Elle plonge Ă  travers les cieux jamais atteints,Sublime ascension d’échelles Ă©toilĂ©es,Des dĂ©mons enchaĂźnĂ©s monte aux Ăąmes ailĂ©es,Fait toucher le front sombre au radieux orteil,Rattache l’astre esprit Ă  l’archange soleil,Relie, en traversant des millions de lieues,Les groupes constellĂ©s et les lĂ©gions bleues,Peuple le haut, le bas, les bords et le milieu,Et dans les profondeurs s’évanouit en Dieu !Cette Ă©chelle apparaĂźt vaguement dans la vieEt dans la mort. Toujours les justes l’ont gravie Jacob en la voyant, et Caton sans la Ă©chelons sont deuil, sagesse, exil, cette Ă©chelle vient de plus loin que la qu’elle commence aux mondes du mystĂšre,Aux mondes des terreurs et des perditions ;Et qu’elle vient, parmi les pĂąles visions,Du prĂ©cipice oĂč sont les larves et les crimes,OĂč la crĂ©ation, effrayant les abĂźmes,Se prolonge dans l’ombre en spectre au-dessous du globe oĂč vit l’homme banni,Hommes, plus bas que vous, dans le nadir livide,Dans cette plĂ©nitude horrible qu’on croit vide,Le mal, qui par la chair, hĂ©las ! vous asservit,DĂ©gorge une vapeur monstrueuse qui vit !LĂ  sombre et s’engloutit, dans des flots de dĂ©sastres,L’hydre Univers tordant son corps Ă©caillĂ© d’astres ;LĂ , tout flotte et s’en va dans un naufrage obscur ;Dans ce gouffre sans bord, sans soupirail, sans mur,De tout ce qui vĂ©cut pleut sans cesse la cendre ;Et l’on voit tout au fond, quand l’Ɠil ose y descendre,Au delĂ  de la vie, et du souffle et du bruit,Un affreux soleil noir d’oĂč rayonne la nuit !Donc, la matiĂšre pend Ă  l’idĂ©al, et tireL’esprit vers l’animal, l’ange vers le satyre,Le sommet vers le bas, l’amour vers l’ le grand qui croule elle fait le de tant d’azur tant de terreur s’engendre,Comment le jour fait l’ombre et le feu pur la cendre,Comment la cĂ©citĂ© peut naĂźtre du voyant,Comment le tĂ©nĂ©breux descend du flamboyant,Comment du monstre esprit naĂźt le monstre matiĂšre,Un jour, dans le tombeau, sinistre vestiaire,Tu le sauras ; la tombe est faite pour savoir ;Tu verras ; aujourd’hui tu ne peux qu’entrevoir ;Mais, puisque Dieu permet que ma voix t’avertisse,Je te d’abord, qu’est-ce que la justice ?Qui la rend ? qui la fait ? oĂč ? quand ? Ă  quel moment ?Qui donc pĂšse la faute ? et qui le chĂątiment ?L’ĂȘtre créé se meurt dans la lumiĂšre il sait oĂč le bien cesse, oĂč le mal commence ;Il a ses actions pour suffitQu’il soit mĂ©chant ou bon ; tout est dit. Ce qu’on fit,Crime, est notre geĂŽlier, ou, vertu, nous ouvre Ă  son insu de lui-mĂȘme le livre ;Sa conscience calme y marque avec le doigtCe que l’ombre lui garde ou ce que Dieu lui agit, et l’on gagne ou l’on perd Ă  mesure ;On peut ĂȘtre Ă©tincelle ou bien Ă©claboussure ;LumiĂšre ou fange, archange au vol d’aigle ou bandit ;L’échelle vaste est lĂ . Comme je te l’ai dit,Par des zones sans fin la vie universelleMonte, et par des degrĂ©s innombrables ruisselle,Depuis l’infĂąme nuit jusqu’au charmant en la traversant devient mauvais ou haut plane la joie ; en bas l’horreur se que l’ñme, aimante, humble, bonne, sereine,Aspire Ă  la lumiĂšre et tend vers l’idĂ©al,Ou s’alourdit, immonde, au poids croissant du mal,Dans la vie infinie on monte et l’on s’élance,Ou l’on tombe ; et tout ĂȘtre est sa propre ne nous juge point. Vivant tous Ă  la fois,Nous pesons, et chacun descend selon son ! nous n’approchons que les paupiĂšres closesDe ces immensitĂ©s d’en si tu l’oses !Regarde dans ce puits morne et vertigineux,De la crĂ©ation compte les sombres nƓuds,Viens, vois, sonde Au-dessous de l’homme qui contemple,Qui peut ĂȘtre un cloaque ou qui peut ĂȘtre un temple,Être en qui l’instinct vit dans la raison dissous,Est l’animal courbĂ© vers la terre ; au-dessousDe la brute est la plante inerte, sans paupiĂšreEt sans cris ; au-dessous de la plante est la pierre ;Au-dessous de la pierre est le chaos sans dans cette ombre et sois mon faute qu’on fait est un cachot qu’on s’ mauvais, ignorant quel mystĂšre les couvre,Les ĂȘtres de fureur, de sang, de trahison,Avec leurs actions bĂątissent leur prison ;Tout bandit, quand la mort vient lui toucher l’épauleEt l’éveille, hagard, se retrouve en la geĂŽleQue lui fit son forfait derriĂšre lui rampant ;TibĂšre en un rocher, SĂ©jan dans un marche sans voir ce qu’il fait dans l’ pĂąlirait s’il voyait sa victime ;C’est lui. L’oppresseur vil, le tyran, sombre fou,En frappant sans pitiĂ© sur tous, forge le clouQui le clouera dans l’ombre au fond de la tombeaux sont les trous du crible cimetiĂšre,D’oĂč tombe, graine obscure en un tĂ©nĂ©breux champ,L’effrayant tourbillon des mĂ©chantFait naĂźtre en expirant le monstre de sa vie,Qui le saisit. L’horreur par l’horreur est gronde enfermĂ© dans la montagne Ă  pic ;Quand Dalila descend dans la tombe, un aspicSort des plis du linceul, emportant l’ñme fausse ;PhrynĂ© meurt, un crapaud saute hors de la fosse ;Ce scorpion au fond d’une pierre dormant,C’est Clytemnestre aux bras d’Égisthe son amant ;Du tombeau d’Anitus il sort une ciguĂ« ;Le houx sombre et l’ortie Ă  la piqĂ»re aiguĂ«Pleurent quand l’aquilon les fouette, et l’aquilonLeur dit Tais-toi, ZoĂŻle ! et souffre, Ganelon !Dieu livre, choc affreux dont la plaine au loin gronde,Au cheval Brunehaut le pavĂ© FrĂ©dĂ©gonde ;La pince qui rougit dans le brasier hideuxEst faite du duc d’Albe et de Philippe deux ;Farinace est le croc des noires boucheries ;L’orfraie au fond de l’ombre a les yeux de Jeffryes ;Tristan est au secret dans le bois d’un tombent dans la mort tous ces brigands, Macbeth,Ezzelin, Richard trois, Carrier, Ludovic Sforce,La matiĂšre leur met la chemise de ! comme en son bonheur, qui masque un sombre arrĂȘt,Messaline ou l’horrible Isabeau frĂ©mirait,Si, dans ses actions du sĂ©pulcre voisines,Cette femme sentait qu’il lui vient des racines,Et qu’ayant Ă©tĂ© monstre, elle deviendra fleur !À chacun son forfait ! Ă  chacun sa douleur !Claude est l’algue que l’eau traĂźne de havre en havre ;XercĂšs est excrĂ©ment, Charles neuf est cadavre ;HĂ©rode, c’est l’osier des berceaux vagissants ;L’ñme du noir Judas, depuis dix-huit cents ans,Se disperse et renaĂźt dans les crachats des hommes ;Et le vent qui jadis soufflait sur les SodomesMĂȘle, dans l’ñtre abject et sous le vil chaudron,La fumĂ©e Érostrate Ă  la flamme tout, bĂȘte, arbre et roche, Ă©tant vivant sur terre,Tout est monstre, exceptĂ© l’homme, esprit que sa noirceur chasse du firmamentDescend dans les degrĂ©s divers du chĂątimentSelon que plus ou moins d’obscuritĂ© la en est la prison, la bĂȘte en est le bagne,L’arbre en est le cachot, la pierre en est l’ ciel d’en haut, le seul qui soit splendide et clair,La suit des yeux dans l’ombre, et, lui jetant l’aurore,TĂąche, en la regardant, de l’attirer chute ! dans la bĂȘte, Ă  travers les barreauxDe l’instinct obstruant de pĂąles soupiraux,Ayant encor la voix, l’essor et la prunelle,L’ñme entrevoit de loin la lueur Ă©ternelle ;Dans l’arbre elle frissonne, et, sans jour et sans yeux,Sent encor dans le vent quelque chose des cieux ;Dans la pierre elle rampe, immobile, muette,Ne voyant mĂȘme plus l’obscure silhouetteDu monde qui s’éclipse et qui s’évanouit,Et face Ă  face avec son crime dans la en ces trois cachots traĂźne sa faute elle en a la forme, elle en a la mĂ©moire ;Elle sait ce qu’elle est ; et, tombant sans appuis,Voit la clartĂ© dĂ©croĂźtre Ă  la paroi du puits ;Elle assiste Ă  sa chute, et, dur caillou qui roule,Pense Je suis Octave ; et, vil chardon qu’on foule,Crie au talon Je suis Attila le gĂ©ant ;Et, ver de terre au fond du charnier, et rongeantUn crĂąne infect et noir, dit Je suis hibou, malgrĂ© l’aube, ours, en bravant le pĂątre,Elle accomplit la loi qui l’enchaĂźne d’en haut ;Pierre, elle Ă©crase ; Ă©pine, elle pique ; il le monstre est enfermĂ© dans son horreur aurait beau vouloir dĂ©pouiller l’épouvante ;Il faut qu’il reste horrible et reste chĂątiĂ© ;Ô mystĂšre ! le tigre a peut-ĂȘtre pitiĂ© !Le tigre sur son dos, qui peut-ĂȘtre eut une aile,À l’ombre des barreaux de la cage Ă©ternelle ;Un invisible fil lie aux noirs Ă©chafaudsLe noir corbeau dont l’aile est en forme de faulx ;L’ñme louve ne peut s’empĂȘcher d’ĂȘtre le monstre est tenu, sous le ciel qui l’éprouve,Dans l’expiation par la sans la comprendre et d’un Ɠil hĂ©bĂ©tĂ©,L’Inde a presque entrevu cette ronce devient griffe, et la feuille de roseDevient langue de chat, et, dans l’ombre et les cris,Horrible, lĂšche et boit le sang de la souris ;Qui donc connaĂźt le monstre appelĂ© mandragore ?Qui sait ce que, le soir, Ă©claire le fulgore,Être en qui la laideur devient une clartĂ© ?Ce qui se passe en l’ombre oĂč croĂźt la fleur d’étĂ©Efface la terreur des antiques effrayants ! cavernes sur obscure du mal, du crime et du remord !Donc, une bĂȘte va, vient, rugit, hurle, mord ;Un arbre est lĂ , dressant ses branches hĂ©rissĂ©es,Une dalle s’effondre au milieu des chaussĂ©esQue la charrette Ă©crase et que l’hiver dĂ©truit,Et, sous ces Ă©paisseurs de matiĂšre et de nuit,Arbre, bĂȘte, pavĂ©, poids que rien ne soulĂšve,Dans cette profondeur terrible, une Ăąme rĂȘve !Que fait-elle ? Elle songe Ă  Dieu !FatalitĂ© !ÉchĂ©ance ! retour ! revers ! autre cĂŽtĂ© !Ô loi ! pendant qu’assis Ă  table, joyeux groupes,Les pervers, les puissants, vidant toutes les coupes,Oubliant qu’aujourd’hui par demain est guettĂ©,Étalent leur mĂąchoire en leur folle gaĂźtĂ©,VoilĂ  ce qu’en sa nuit muette et colossale,Montrant comme eux ses dents tout au fond de la salle,Leur rĂ©serve la mort, ce sinistre rieur !Nous avons, nous, voyants du ciel supĂ©rieur,Le spectacle inouĂŻ de vos rĂ©gions songeur, fallait-il qu’en ces nuits tu tombasses !Nous Ă©coutons le cri de l’immense d’un rocher, d’un loup ou d’une fleur,Parfois nous apparaĂźt l’ñme Ă  mi-corps sortie,Pauvre ombre en pleurs qui lutte, hĂ©las ! presque engloutie ;Le loup la tient, le roc Ă©treint ses pieds qu’il tord,Et la fleur implacable et fĂ©roce la entendons le bruit du rayon que Dieu lance,La voix de ce que l’homme appelle le silence,Et vos soupirs profonds, cailloux dĂ©sespĂ©rĂ©s !Nous voyons la pĂąleur de tous les fronts travers la matiĂšre, affreux caveau sans portes,L’ange est pour nous visible avec ses ailes assistons aux deuils, au blasphĂšme, aux regrets,Aux fureurs ; et, la nuit, nous voyons les forĂȘts,D’oĂč cherchent Ă  s’enfuir les larves enfermĂ©es,S’écheveler dans l’ombre en lugubres partout, partout ! dans les flots, dans les bois,Dans l’herbe en fleur, dans l’or qui sert de sceptre aux rois,Dans le jonc dont HermĂšs se fait une baguette,Partout, le chĂątiment contemple, observe ou guette,Sourd aux questions, triste, affreux, pensif, hagard ;Et tout est l’Ɠil d’oĂč sort ce terrible chĂątiment ! dĂ©dale aux spirales funĂšbres !Construction d’en bas qui cherche les tĂ©nĂšbres,Plonge au-dessous du monde et descend dans la nuit,Et, Babel renversĂ©e, au fond de l’ombre fuit !L’homme qui plane et rampe, ĂȘtre crĂ©pusculaire,En est le est clĂ©mence et colĂšre ;Fond vil du puits, plateau radieux de la tour ;DegrĂ© d’en haut pour l’ombre, et d’en bas pour le y descend, la bĂȘte aprĂšs la mort y monte ;Pour la bĂȘte, il est gloire, et, pour l’ange, il est honte ;Dieu mĂȘle en votre race, hommes infortunĂ©s,Les demi-dieux punis aux monstres lĂ  vient que parfois, mystĂšre que Dieu mĂšne !On entend d’une bouche en apparence humaineSortir des mots pareils Ă  des rugissements,Et que, dans d’autres lieux et dans d’autres moments,On croit voir sur un front s’ouvrir des ailes d’ forçat, l’homme, esprit, pense, et, matiĂšre, en lui ne se peut dresser sur son comme la brute abreuvĂ© de nĂ©ant,Vide toutes les nuits le verre noir du chaĂźne de l’enfer, liĂ©e au pied de l’homme,RamĂšne chaque jour vers le cloaque impurLa beautĂ©, le gĂ©nie, envolĂ©s dans l’azur,MĂȘle la peste au souffle idĂ©al des poitrines,Et traĂźne, avec Socrate, Aspasie aux un cĂŽtĂ© pourtant l’homme est monstre a le carcan, l’homme a la retiens ceci l’homme est un est une prison oĂč l’ñme reste dans l’homme, agit, fait le bien, fait le mal,Remonte vers l’esprit, retombe Ă  l’animal ;Et pour que, dans son vol vers les cieux, rien ne lieSa conscience ailĂ©e et de Dieu seul remplie,Dieu, quand une Ăąme Ă©clĂŽt dans l’homme au bien poussĂ©,Casse en son souvenir le fil du passĂ© ;De lĂ  vient que la nuit en sait plus que l’ monstre se connaĂźt lorsque l’homme s’ monstre est la souffrance, et l’homme est l’ est l’unique point de la crĂ©ationOĂč, pour demeurer libre en se faisant meilleure,L’ñme doive oublier sa vie ! au seuil de tout l’esprit rĂȘve ne voit pas Dieu, mais peut aller Ă  lui,En suivant la clartĂ© du bien, toujours prĂ©sente ;Le monstre, arbre, rocher ou bĂȘte rugissante,Voit Dieu, c’est lĂ  sa peine, et reste enchaĂźnĂ© a l’amour pour aile, et pour joug le est sur ce qu’il voit par lui-mĂȘme semĂ©e ;La nuit sort de son Ɠil ainsi qu’une fumĂ©e ;Homme, tu ne sais rien ; tu marches, pĂąlissant !Parfois le voile obscur qui te couvre, ĂŽ passant,S’envole et flotte au vent soufflant d’une autre sphĂšre,Gonfle un moment ses plis jusque dans la lumiĂšre,Puis retombe sur toi, spectre, et redevient mages, tes penseurs ont essayĂ© de voir ;Qu’ont-ils vu ? qu’ont-ils fait ? qu’ont-ils dit, ces fils d’Ève ? ! autour de toi la crĂ©ation ĂȘtres inconnus t’entourent dans ton vas, tu viens, tu dors sous leur regard obscur,Et tu ne les sens pas vivre autour de ta une lĂ©gion d’ñmes t’est asservie ;Pendant qu’elle te plaint, tu la foules aux tes pas vers le jour sont par l’ombre que tu nommes chose, objet, nature morte,Sait, pense, Ă©coute, entend. Le verrou de ta porteVoit arriver ta faute et voudrait se vitre connaĂźt l’aube, et dit Voir ! croire ! aimer !Les rideaux de ton lit frissonnent de tes les mauvais desseins quand, rĂȘveur, tu te plonges,La cendre dit au fond de l’ñtre sĂ©pulcral Regarde-moi ; je suis ce qui reste du ! l’homme imprudent trahit, torture, bĂȘte en son enfer voit les deux bouts du crime ;Un loup pourrait donner des conseils Ă  ! homme ! aigle aveuglĂ©, moindre qu’un moucheron !Pendant que dans ton Louvre ou bien dans ta chaumiĂšreTu vis, sans mĂȘme avoir Ă©pelĂ© la premiĂšreDes constellations, sombre alphabet qui luitEt tremble sur la page immense de la nuit,Pendant que tu maudis et pendant que tu nies,Pendant que tu dis Non ! aux astres ; aux gĂ©nies Non ! Ă  l’idĂ©al Non ! Ă  la vertu Pourquoi ?Pendant que tu te tiens en dehors de la loi,Copiant les dĂ©dains inquiets ou robustesDe ces sages qu’on voit rĂȘver dans les vieux bustes,Et que tu dis Que sais-je ? amer, froid, mĂ©crĂ©ant,Prostituant ta bouche au rire du nĂ©ant,À travers le taillis de la nature Ă©norme,Flairant l’éternitĂ© de ton museau difforme,LĂ , dans l’ombre, Ă  tes pieds, homme, ton chien voit ! je t’entends. Tu dis — Quel deuil ! la bĂȘte est peu,L’homme n’est rien. Ô loi misĂ©rable ! ombre ! abĂźme ! —Ô songeur ! cette loi misĂ©rable est faut donc tout redire Ă  ton esprit chĂ©tif !À la fatalitĂ©, loi du monstre captif,SuccĂšde le devoir, fatalitĂ© de l’ de toutes parts l’épreuve se consomme,Dans le monstre passif, dans l’homme intelligent,La nĂ©cessitĂ© morne en devoir se changeant ;Et l’ñme, remontant Ă  sa beautĂ© premiĂšre,Va de l’ombre fatale Ă  la libre je te le redis, pour se transfigurer,Et pour se racheter, l’homme doit doit ĂȘtre aveuglĂ© par toutes les quoi, comme l’enfant guidĂ© par des lisiĂšres,L’homme vivrait, marchant droit Ă  la est sa puissance et sa voit la rose, et nie ; il voit l’aurore, et doute ;OĂč serait le mĂ©rite Ă  retrouver sa route,Si l’homme, voyant clair, roi de sa volontĂ©,Avait la certitude, ayant la libertĂ© ?Non. Il faut qu’il hĂ©site en la vaste nature,Qu’il traverse du choix l’effrayante aventure,Et qu’il compare au vice agitant son miroir,Au crime, aux voluptĂ©s, l’Ɠil en pleurs du devoir ;Il faut qu’il doute ! hier croyant, demain impie ;Il court du mal au bien ; il scrute, sonde, Ă©pie,Va, revient, et, tremblant, agenouillĂ©, debout,Les bras Ă©tendus, triste, il cherche Dieu partout ;Il tĂąte l’infini jusqu’à ce qu’il l’y sente ;Alors, son Ăąme ailĂ©e Ă©clate frĂ©missante ;L’ange Ă©blouissant luit dans l’homme transparent,Le doute le fait libre, et la libertĂ©, captivitĂ© sait ; la libertĂ© suppose,Creuse, saisit l’effet, le compare Ă  la cause,Croit vouloir le bien-ĂȘtre et veut le firmament ;Et, cherchant le caillou, trouve le ainsi que du ciel l’ñme Ă  pas lents s’ le monstre, elle expie ; en l’homme, elle ton fauve univers est le forçat de constellations, sombres lettres de feu,Sont les marques du bagne Ă  l’épaule du votre rĂ©gion tant d’épouvante abonde,Que, pour l’homme, marquĂ© lui-mĂȘme du fer chaud,Quand il lĂšve les yeux vers les astres, lĂ -haut,Le cancer resplendit, le scorpion flamboie,Et dans l’immensitĂ© le chien sinistre aboie !Ces soleils inconnus se groupent sur son frontComme l’effroi, le deuil, la menace et l’affront ;De toutes parts s’étend l’ombre incommensurable ;En bas l’obscur, l’impur, le mauvais, l’exĂ©crable,Le pire, tas hideux, fourmillent ; tout au fond,Ils Ă©changent entre eux dans l’ombre ce qu’ils font ;Typhon donne l’horreur, Satan donne le crime ;Lugubre intimitĂ© du mal et de l’abĂźme !Amours de l’ñme monstre et du monstre univers !Baiser triste ! et l’informe engendrĂ© du pervers,La matiĂšre, le bloc, la fange, la gĂ©henne,L’écume, le chaos, l’hiver, nĂ©s de la haine,Les faces de beautĂ© qu’habitent des dĂ©mons,Tous les ĂȘtres maudits, mĂȘlĂ©s aux vils limons,Pris par la plante fauve et la bĂȘte fĂ©roce,Le grincement de dents, la peur, le rire atroce,L’orgueil, que l’infini courbe sous son niveau,Rampent, noirs prisonniers, dans la nuit, noir porte, affreuse et faite avec de l’ombre, est lourde ;Par moments, on entend, dans la profondeur sourde,Les efforts que les monts, les flots, les ouragans,Les volcans, les forĂȘts, les animaux brigands,Et tous les monstres font pour soulever le sur cet amas d’ombre, et de crime, et de peine,Ce grand ciel formidable est le scellĂ© de pourquoi, songeur dont la mort est le vƓu,Tant d’angoisse est empreinte au front des cĂ©nobites !Je viens de te montrer le gouffre. Tu l’ mondes, dans la nuit que vous nommez l’azur,Par les brĂšches que fait la mort blĂȘme Ă  leur mur,Se jettent en fuyant l’un Ă  l’autre des votre globe oĂč sont tant de geĂŽles infĂąmes,Vous avez des mĂ©chants de tous les univers,CondamnĂ©s qui, venus des cieux les plus divers,RĂȘvent dans vos rochers ou dans vos arbres ploient ;Tellement stupĂ©faits de ce monde qu’ils voient,Qu’eussent-ils la parole, ils ne pourraient en sent quelques-uns frissonner et lĂ  les songes vains du bronze et de l’ reprĂ©sente-toi cette sombre figure Ce gouffre, c’est l’égout du mal vient aboutir de tous les points du cielLa chute des punis, tĂ©nĂ©breuse cette profondeur, morne, Ăąpre, infortunĂ©e,De chaque globe il tombe un flot vertigineuxD’ñmes, d’esprits malsains et d’ĂȘtre vĂ©nĂ©neux,Flot que l’éternitĂ© voit sans fin se Ă©toile au front d’or qui brille, laisse pendreSa chevelure d’ombre en ce puits immortelle, vois, et frĂ©mis en voyant VoilĂ  le prĂ©cipice exĂ©crable oĂč tu ! qui que vous soyez, qui passez dans ces ombres,Versez votre pitiĂ© sur ces douleurs sans fond !Dans ce gouffre, oĂč l’abĂźme en l’abĂźme se fond,Se tordent les forfaits, transformĂ©s en supplices,L’effroi, le deuil, le mal, les tĂ©nĂšbres complices,Les pleurs sous la toison, le soupir expirĂ©Dans la fleur, et le cri dans la pierre murĂ© !Oh ! qui que vous soyez, pleurez sur ces misĂšres !Pour Dieu seul, qui sait tout, elles sont nĂ©cessaires ;Mais vous pouvez pleurer sur l’énorme cachotSans dĂ©ranger le sombre Ă©quilibre d’en haut !HĂ©las ! hĂ©las ! hĂ©las ! tout est vivant ! tout pense !La mĂ©moire est la peine, Ă©tant la ! comme ici l’on souffre et comme on se souvient !Torture de l’esprit que la matiĂšre tient !La brute et le granit, quel chevalet pour l’ñme !Ce mulet fut sultan, ce cloporte Ă©tait est un exilĂ©, la roche est un que, quelque part, par hasard, quelqu’un ritQuand ces rĂ©alitĂ©s sont lĂ , remplissant l’ombre ?La ruine, la mort, l’ossement, le dĂ©combre,Sont vivants. Un remords songe dans un l’Ɠil profond qui voit, les antres sont des ! le cygne est noir, le lys songe Ă  ses crimes ;La perle est nuit ; la neige est la fange des cimes ;Le mĂȘme gouffre, horrible et fauve, et sans abri,S’ouvre dans la chouette et dans le colibri ;La mouche, Ăąme, s’envole et se brĂ»le Ă  la flamme ;Et la flamme, esprit, brĂ»le avec angoisse une Ăąme ;L’horreur fait frissonner les plumes de l’oiseau ;Tout est fleurs souffrent sous le ciseau,Et se ferment ainsi que des paupiĂšre closes ;Toutes les femmes sont teintes du sang des roses ;La vierge au bal, qui danse, ange aux fraĂźches couleurs,Et qui porte en sa main une touffe de fleurs,Respire en soupirant un bouquet d’ sur les laideurs et les ignominies,Pleurez sur l’araignĂ©e immonde, sur le ver,Sur la limace au dos mouillĂ© comme l’hiver,Sur le vil puceron qu’on voit aux feuilles pendre,Sur le crabe hideux, sur l’affreux scolopendre,Sur l’effrayant crapaud, pauvre monstre aux doux yeux,Qui regarde toujours le ciel mystĂ©rieux !Plaignez l’oiseau de crime et la bĂȘte de que Domitien, cĂ©sar, fit avec joie,Tigre, il le continue avec horreur. VerrĂšs,Qui fut loup sous la pourpre, est loup dans les forĂȘts ;Il descend, rĂ©veillĂ©, l’autre cĂŽtĂ© du rĂȘve ;Son rire, au fond des bois, en hurlement s’achĂšve ;Pleurez sur ce qui hurle et pleurez sur ces tombeaux vivants, masquĂ©s d’obscurs arrĂȘts,Penchez-vous attendri ! versez votre priĂšre !La pitiĂ© fait sortir des rayons de la le louveteau, plaignez le matiĂšre, affreux bloc, n’est que le lourd monceauDes effets monstrueux, sortis des sombres pitiĂ©. Voyez des Ăąmes dans les ! le cabanon subit aussi l’écrou ;Plaignez le prisonnier, mais plaignez le verrou ;Plaignez la chaĂźne au fond des bagnes insalubres ;La hache et le billot sont deux ĂȘtres lugubres ;La hache souffre autant que le corps, le billotSouffre autant que la tĂȘte ; ĂŽ mystĂšres d’en haut !Ils se livrent une Ăąpre et hideuse bataille ;Il Ă©brĂšche la hache, et la hache l’entaille ;Ils se disent tout bas l’un Ă  l’autre Assassin !Et la hache maudit les hommes, sombre essaim,Quand, le soir, sur le dos du bourreau, son ministre,Elle revient dans l’ombre, et luit, miroir sinistre,Ruisselante de sang et reflĂ©tant les cieux ;Et, la nuit, dans l’étal morne et silencieux,Le cadavre au cou rouge, effrayant, glacĂ©, blĂȘme,Seul, sait ce que lui dit le billot, tronc ! que la terre est froide et que les rocs sont durs !Quelle muette horreur dans les halliers obscurs !Les pleurs noirs de la nuit sur la colombe blancheTombent ; le vent met nue et torture la branche ;Quel monologue affreux dans l’arbre aux rameaux verts !Quel frisson dans l’herbe ! Oh ! quels yeux fixes ouvertsDans les cailloux profonds, oubliettes des Ăąmes !C’est une Ăąme que l’eau scie en ses froides lames ;C’est une Ăąme que fait ruisseler le ! l’univers est hagard. Chaque soir,Le noir horizon monte et la nuit noire tombe ;Tous deux, Ă  l’occident, d’un mouvement de tombe,Ils vont se rapprochant, et, dans le firmament,Ô terreur ! sur le joug, Ă©crasĂ© lentement,La tenaille de l’ombre effroyable se ! les berceaux font peur. Un bagne est dans un pitiĂ©, vous tous et qui que vous soyez !Les hideux chĂątiments, l’un sur l’autre broyĂ©s,Roulent, submergeant tout, exceptĂ© les on voit passer dans ces profondeurs noires,Comme un rayon lointain de l’éternel amour ;Alors, l’hyĂšne AtrĂ©e et le chacal Timour,Et l’épine CaĂŻphe et le roseau Pilate,Le volcan Alaric Ă  la gueule Ă©carlate,L’ours Henri huit, pour qui Morus en vain pria,Le sanglier Selim et le porc Borgia,Poussent des cris vers l’Être adorable ; et les bĂȘtesQui portĂšrent jadis des mitres sur leurs tĂȘtes,Les grains de sable rois, les brins d’herbe empereurs,Tous les hideux orgueils et toutes les fureurs,Se brisent ; la douceur saisit le plus farouche ;Le chat lĂšche l’oiseau, l’oiseau baise la mouche ;Le vautour dit dans l’ombre au passereau Pardon !Une caresse sort du houx et du chardon ;Tous les rugissements se fondent en priĂšres ;On entend s’accuser de leurs forfaits les pierres ;Tous ces sombres cachots qu’on appelle les fleursTressaillent ; le rocher se met Ă  fondre en pleurs ;Des bras se lĂšvent hors de la tombe dormante ;Le vent gĂ©mit, la nuit se plaint, l’eau se lamente,Et, sous l’Ɠil attendri qui regarde d’en haut,Tout l’abĂźme n’est plus qu’un immense ! espĂ©rez ! espĂ©rez, misĂ©rables !Pas de deuil infini, pas de maux incurables,Pas d’enfer Ă©ternel !Les douleurs vont Ă  Dieu comme la flĂšche aux cibles ;Les bonnes actions sont les gonds invisiblesDe la porte du deuil est la vertu, le remords est le pĂŽleDes monstres garrottĂ©s dont le gouffre est la geĂŽle ;Quand, devant JĂ©hovah,Un vivant reste pur dans les ombres charnelles,La mort, ange attendri, rapporte ses deux ailesÀ l’homme qui s’en enfers se refont Ă©dens ; c’est lĂ  leur globe est un oiseau que le mal tient et je vous le dis,Les vertus, parmi vous, font ce labeur augusteD’augmenter sur vos fronts le ciel ; quiconque est justeTravaille au approche. EspĂ©rez. Rallumez l’ñme Ă©teinte !Aimez-vous ! aimez-vous ! car c’est la chaleur sainte,C’est le feu du vrai sombre univers, froid, glacĂ©, pesant, rĂ©clameLa sublimation de l’ĂȘtre par la flamme,De l’homme par l’ dans l’ocĂ©an d’ombre que Dieu domine,L’archipel tĂ©nĂ©breux des bagnes s’illumine ;Dieu, c’est le grand aimant ;Et les globes, ouvrant leur sinistre prunelle,Vers les immensitĂ©s de l’aurore Ă©ternelleSe tournent lentement !Oh ! comme vont chanter toutes les harmonies,Comme rayonneront dans les sphĂšres bĂ©niesLes faces de clartĂ©,Comme les firmaments se fondront en dĂ©lires,Comme tressailleront toutes les grandes lyresDe la sĂ©rĂ©nitĂ©,Quand, du monstre matiĂšre ouvrant toutes les serres,Faisant Ă©vanouir en splendeurs les misĂšres,Changeant l’absinthe en miel,Inondant de beautĂ© la nuit diminuĂ©e,Ainsi que le soleil tire Ă  lui la nuĂ©eEt l’emplit d’arcs-en-ciel,Dieu, de son regard fixe attirant les tĂ©nĂšbres,Voyant vers lui, du fond des cloaques funĂšbresOĂč le mal le pria,Monter l’énormitĂ© bĂ©gayant des louanges,Fera rentrer, parmi les univers archanges,L’univers paria !On verra palpiter les fanges Ă©clairĂ©es,Et briller les laideurs les plus dĂ©sespĂ©rĂ©esAu faĂźte le plus haut,L’araignĂ©e Ă©clatante au seuil des bleus pilastresLuire, et se redresser, portant des Ă©pis d’astres,La paille du cachot !La clartĂ© montera dans tout comme une sĂšve ;On verra rayonner au front du bƓuf qui rĂȘveLe cĂ©leste croissant ;Le charnier chantera dans l’horreur qui l’encombre,Et sur tous les fumiers apparaĂźtra dans l’ombreUn Job resplendissant !Ô disparition de l’antique anathĂšme !La profondeur disant Ă  la hauteur Je t’aime !Ô retour du banni !Quel Ă©blouissement au fond des cieux sublimes !Quel surcroĂźt de clartĂ© que l’ombre des abĂźmesS’écriant Sois bĂ©ni !On verra le troupeau des hydres formidablesSortir, monter du fond des brumes insondablesEt se transfigurer ;Des Ă©toiles Ă©clore aux trous noirs de leurs crĂąnes,Dieu juste ! et, par degrĂ©s devenant diaphanes,Les monstres s’azurer !Ils viendront, sans pouvoir ni parler ni rĂ©pondre,Éperdus ! on verra des aurĂ©oles fondreLes cornes de leur front ;Ils tiendront dans leur griffe, au milieu des cieux calmes,Des rayons frissonnants semblables Ă  des palmes ;Les gueules baiseront !Ils viendront ! ils viendront ! tremblants, brisĂ©s d’extase,Chacun d’eux dĂ©bordant de sanglots comme un vase,Mais pourtant sans effroi ;On leur tendra les bras de la haute demeure,Et JĂ©sus, se penchant sur BĂ©lial qui pleure,Lui dira C’est donc toi !Et vers Dieu par la main il conduira ce frĂšre ;Et, quand ils seront prĂšs des degrĂ©s de lumiĂšrePar nous seuls aperçus,Tous deux seront si beaux, que Dieu dont l’Ɠil flamboieNe pourra distinguer, pĂšre Ă©bloui de joie,BĂ©lial de JĂ©sus !Tout sera dit. Le mal expirera, les larmesTariront ; plus de fers, plus de deuils, plus d’alarmes ;L’affreux gouffre inclĂ©mentCessera d’ĂȘtre sourd, et bĂ©gaiera Qu’entends-je ?Les douleurs finiront dans toute l’ombre ; un angeCriera Commencement ! RĂ©sumĂ©: Han d'Islande de Victor Hugo (1823) Les Ă©vĂ©nements se passent en NorvĂšge vers l'an 1699, sous le rĂšgne de Christian V. L'action repose sur la recherche tentĂ©e par le capitaine Ordener Guldenlew, fils du vice-roi de NorvĂšge, pour retrouver des papiers qui doivent sauver la vie de l'ancien grand chancelier Schumacher, pĂšre de sa fiancĂ©e Ethel. Pauca meĂŠ est le livre IV du recueil de poĂšmes Les Contemplations[1],[2], Ă©crit par Victor Hugo, publiĂ© en 1856. Pauca meĂŠ signifie Quelques vers pour ma fille » ou Le peu de ce qu'il reste de ma fille », c'est un livre entiĂšrement dĂ©diĂ© Ă  la mort tragique de LĂ©opoldine. Ce livre est surtout connu pour contenir le poĂšme le plus cĂ©lĂšbre de la poĂ©sie française Demain dĂšs l'aube. Pure innocence ! Vertu sainte ! ; 15 fĂ©vrier 1843 - 4 septembre 1843 ; Trois ans aprĂšs ; Oh ! je fus comme fou... ; Elle avait pris ce pli... ; Quand nous habitions tous ensemble ; Elle Ă©tait pĂąle, et pourtant rose ; À qui donc sommes-nous ?... ; Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! ; Pendant que le marin... ; On vit, on parle... ; À quoi songeaient les deux cavaliers dans la forĂȘt ; Veni, vidi, vixi ; Demain, dĂšs l'aube... ; À Villequier ; Mors ; Charles Vacquerie. Analyse du titre Le titre de cette section est Ă©crit en latin. Il fait rĂ©fĂ©rence Ă  Virgile, dans ses Bucoliques, qui commence sa dixiĂšme et derniĂšre Ă©glogue par "Pauca meo Gallo [...] carmina sunt dicenda", ce qui signifie "Que mon cher Gallus ait de moi peu de vers". Le poĂšte latin s'adresse Ă  la nymphe ArĂ©thuse et lui demande son soutien pour chanter les amours de Gallus. L'extrait citĂ© est donc la demande directe faite Ă  cette nymphe. Il faut comprendre l'expression "peu de vers" comme Ă©tant une part d'humilitĂ© de la part du poĂšte, demandant au moins ce petit honneur pour Gallus, son ami poĂšte. Cette dixiĂšme Ă©glogue est, en rĂ©alitĂ©, un vĂ©ritable hommage Ă  cet ami poĂšte qui, lui, saurait reconnaitre le talent de Virgile. On peut ainsi dire que Virgile fait son propre Ă©loge Ă  cet instant.[3] Victor Hugo choisit donc [Vous ĂȘtes dans la tĂȘte d'Hugo ??? Pourquoi ne pas traduire, simplement, par "Un petit peu pour/Ă  la mienne" au lieu de se rĂ©fĂ©rer Ă  Virgile. De quelles sources tirez-vous les "sous-entendus" ? ] de rĂ©duire l'expression Ă  "Pauca meĂŠ", dans laquelle il faut sous-entendre "carmina" vers et "filiae" fille. On peut donc traduire ce titre ainsi "Peu de vers pour ma chĂšre fille". Composition Pauca meĂŠ est composĂ© de dix-sept poĂšmes. Il est Ă  noter que certaines Ă©ditions comptent au nombre de dix-huit les poĂšmes de cette section, dissociant "15 fĂ©vrier 1843" et "4 septembre 1843", ce dernier poĂšme Ă©tant composĂ© d'une ligne de pointillĂ©s qui reprĂ©sente l'impossibilitĂ© du poĂšte, face Ă  sa douleur, Ă  Ă©crire ce jour, date mĂȘme du dĂ©cĂšs de sa fille LĂ©opoldine [4]. Dans le dernier poĂšme, Victor Hugo rend hommage au dĂ©vouement de son gendre, Charles Vacquerie, qui, ne parvenant pas Ă  sauver sa femme de la noyade, dĂ©cide de mourir avec elle[5]. PoĂšme I Pure innocence ! Vertu sainte ! » PoĂšme II 15 fĂ©vrier 1843 - 4 septembre 1843 » PoĂšme III Trois ans aprĂšs » PoĂšme IV Oh ! je fus comme fou... » PoĂšme V Elle avait pris ce pli... » PoĂšme VI Quand nous habitions tous ensemble... » PoĂšme VII Elle Ă©tait pĂąle, et pourtant rose » PoĂšme VIII À qui donc sommes-nous ?... » PoĂšme IX Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! » PoĂšme X Pendant que le marin... » PoĂšme XI On vit, on parle... » PoĂšme XII À quoi songeaient les deux cavaliers dans la forĂȘt » PoĂšme XIII Veni, vidi, vixi » PoĂšme XIV Demain, dĂšs l'aube... » PoĂšme XV À Villequier » PoĂšme XVI Mors » PoĂšme XVII Charles Vacquerie » Pauca meae est une construction nouvelle qui commence par l’évocation de souvenirs delicieux de l’enfance de LĂ©opoldine, se poursuit par l’abattement devant la mort et se termine par une consolation religieuse avec les figures positives qui achĂšvent les derniers poĂšmes de la partie Mors Tout Ă©tait Ă  ses pieds deuil, Ă©pouvante et nuit. / DerriĂšre elle, le front baignĂ© de douces flammes, / Un ange souriant portait la gerbe d’ñmes » et Charles Vacquerie Dans l’éternel baiser de deux Ăąmes que Dieu / Tout Ă  coup change en deux Ă©toiles ! ». ThĂšmes prĂ©dominants Le deuil Le rĂŽle du poĂšte et de la poĂ©sie L'Ă©loge par la glorification L'amour paternel La mort la folie La nostalgie la fatalitĂ© Notes et rĂ©fĂ©rences ↑ ↑ ↑ Echos et rĂ©sonances au dĂ©but de la dixiĂšme bucolique », sur 1974 consultĂ© le 7 mai 2019 ↑ Victor Hugo, Pauca meĂŠ, Paris, Hatier, coll. Classiques & cie lycĂ©e », 2016 ISBN 978-2-218-99749-5, page 8 ↑ Les Contemplations/Charles Vacquerie - Wikisource », sur consultĂ© le 25 novembre 2020 Voir aussi Romantisme, mouvement littĂ©raire auquel appartient Victor Hugo. Victor Hugo, Ɠuvre et vie de l'auteur. "Secrets d'histoire Victor Hugo, la face cachĂ©e du grand homme", une Ă©mission prĂ©sentĂ©e par StĂ©phane Bern, accessible en intĂ©gralitĂ© sur YouTube. Liens externes Pauca meĂŠ aux Ă©ditions Flammarion DerniĂšre mise Ă  jour du contenu le 25/07/2022.
Aceux qui ignorent, enseignez-leur le plus de choses que vous pourrez; la société est coupable de ne pas donner l'instruction gratis; elle répond de la nuit qu'elle produit. Cette ùme est pleine d'ombre, le péché s'y commet. Le coupable n'est pas celui qui fait le péché, mais celui qui fait l'ombre. Par: Victor Hugo.
Victor Hugo, un Ă©crivain romantique et l’un des plus importants poĂštes de langue française dans l’histoire du dix-neuviĂšme siĂšcle. Son Ɠuvre littĂ©raire multiple et de grande qualitĂ© rencontre un grand succĂšs populaire, Ă  titre d'exemple Les MisĂ©rables en 1862, Notre-Dame de Paris en 1831, avec d’autres recueils comme Les Feuilles d'automne 1831, Odes et Ballades 1826, et bien aussi Les Contemplations 1856. Parmi ses plus beaux poĂšmes que j'ai aimĂ©s et aime encore et toujours, L'amour secret ! PoĂšme Amour secret PoĂšte Victor Hugo / Recueil Toute la lyre 1888 et 1893 Amour secret Ô toi d'oĂč me vient ma pensĂ©e, Sois fiĂšre devant le Seigneur ! RelĂšve ta tĂȘte abaissĂ©e, Ô toi d'oĂč me vient mon bonheur ! 💗 Quand je traverse cette lieue Qui nous sĂ©pare, au sein des nuits, Ta patrie Ă©toilĂ©e et bleue Rayonne Ă  mes yeux Ă©blouis. 💗 C'est l'heure oĂč cent lampes en flammes Brillent aux cĂ©lestes plafonds ; L'heure oĂč les astres et les Ăąmes Échangent des regards profonds. 💗 Je sonde alors ta destinĂ©e, Je songe Ă  toi, qui viens des cieux, A toi, grande Ăąme emprisonnĂ©e, A toi, grand cƓur mystĂ©rieux ! 💗 Noble femme, reine asservie, Je rĂȘve Ă  ce sort envieux Qui met tant d'ombre dans ta vie, Tant de lumiĂšre dans tes yeux 💗 Moi, je te connais tout entiĂšre Et je te contemple Ă  genoux ; Mais autour de tant de lumiĂšre Pourquoi tant d'ombre, ĂŽ sort jaloux ? 💗 Dieu lui donna tout, hors l'aumĂŽne Qu'il fait Ă  tous dans sa bontĂ© ; Le ciel qui lui devait un trĂŽne Lui refusa la libertĂ©. 💗 Oui, ton aile, que le bocage, Que l'air joyeux rĂ©clame en vain, Se brise aux barreaux d'une cage, Pauvre grande Ăąme, oiseau divin ! 💗 Bel ange, un joug te tient captive, Cent prĂ©jugĂ©s sont ta prison, Et ton attitude pensive, HĂ©las, attriste ta maison. 💗 Tu te sens prise par le monde Qui t'Ă©pie, injuste et mauvais. Dans ton amertume profonde Souvent tu dis si je pouvais ! 💗 Mais l'amour en secret te donne Ce qu'il a de pur et de beau, Et son invisible couronne, Et son invisible flambeau ! 💗 Flambeau qui se cache Ă  l'envie, Qui luit, splendide et clandestin, Et qui n'Ă©claire de la vie Que l'intĂ©rieur du destin. 💗 L'amour te donne, ĂŽ douce femme, Ces plaisirs oĂč rien n'est amer, Et ces regards oĂč toute l'Ăąme ApparaĂźt dans un seul Ă©clair, 💗 Et le sourire, et la caresse, L'entretien furtif et charmant, Et la mĂ©lancolique ivresse D'un ineffable Ă©panchement, 💗 Et les traits chĂ©ris d'un visage, Ombre qu'on aime et qui vous suit, Qu'on voit le jour dans le nuage, Qu'on voit dans le rĂȘve la nuit, 💗 Et les extases solitaires, Quand tous deux nous nous asseyons Sous les rameaux pleins de mystĂšres Au fond des bois pleins de rayons ; 💗 Purs transports que la foule ignore, Et qui font qu'on a d'heureux jours Tant qu'on peut espĂ©rer encore Ce dont on se souvient toujours. 💗 Va, sĂšche ton bel Ɠil qui pleure, Ton sort n'est pas dĂ©shĂ©ritĂ©. Ta part est encore la meilleure, Ne te plains pas, ĂŽ ma beautĂ© ! 💗 Ce qui manque est bien peu de chose Quand on est au printemps vermeil, Et quand on vit comme la rose De parfums, d'ombre et de soleil. 💗 Laisse donc, ĂŽ ma douce muse, Sans le regretter un seul jour, Ce que le destin te refuse Pour ce que te donne l'amour ! 💑
PoÚte dramaturge et romancier, Victor Hugo n'en a pas pour autant délaissé les femmes. L'écrivain a eu de nombreuses liaisons et histoires d'amour a1

On vit, on parle, on a le ciel et les nuagesSur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ;On lit Virgile et Dante ; on va joyeusementEn voiture publique Ă  quelque endroit charmant,En riant aux Ă©clats de l'auberge et du gĂźte ;Le regard d'une femme en passant vous agite ;On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois !On Ă©coute le chant des oiseaux dans les boisLe matin, on s'Ă©veille, et toute une familleVous embrasse, une mĂšre, une sƓur, une fille !On dĂ©jeune en lisant son journal. Tout le jourOn mĂȘle Ă  sa pensĂ©e espoir, travail, amour ;La vie arrive avec ses passions troublĂ©es ;On jette sa parole aux sombres assemblĂ©es ;Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend,On se sent faible et fort, on est petit et grand ;On est flot dans la foule, Ăąme dans la tempĂȘte ;Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fĂȘte ;On arrive, on recule, on lutte avec effort ...Puis, le vaste et profond silence de la mort !

Ecritpar Victor Hugo, Les Contemplations sont considĂ©rĂ©s comme le chef d’Ɠuvre lyrique de celui-ci. La plupart des poĂšmes repris dans le recueil « Les Contemplations » furent Ă©crits entre 1841 et 1855, mais les plus anciens sont de 1834. Contrairement Ă  ce qu’on pourrait croire, Les Contemplations et Les Chatiments constituent un bloc relativement homogĂšne. Les Victor Hugo PrĂ©sente-t-on Victor Hugo ? À l'Ă©vidence, aprĂšs treize piĂšces de théùtre, neuf romans, vingt recueils de poĂ©sie et 83 ans d'existence, dont 65 annĂ©es d'Ă©criture, l'homme qui a mis un ... [+] On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique Ă  quelque endroit charmant, En riant aux Ă©clats de l'auberge et du gĂźte ; Le regard d'une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois ! On Ă©coute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s'Ă©veille, et toute une famille Vous embrasse, une mĂšre, une soeur, une fille ! On dĂ©jeune en lisant son journal. Tout le jour On mĂȘle Ă  sa pensĂ©e espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublĂ©es ; On jette sa parole aux sombres assemblĂ©es ; Devant le but qu'on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, Ăąme dans la tempĂȘte ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fĂȘte ; On arrive, on recule, on lutte avec effort... – Puis, le vaste et profond silence de la mort !
9 Il y a des gens avec qui l'on passe une grande partie de sa vie et qui ne vous apportent rien. Qui ne vous éclairent pas, ne vous nourrissent pas, ne vous donnent pas d'élan. Encore heureux qu'ils ne vous détruisent pas à petit feu en s'accrochant à vos basques et en vous suçant le sang.
XI On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique Ă  quelque endroit charmant, En riant aux Ă©clats de l’auberge et du gĂźte ; Le regard d’une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimĂ©, bonheur qui manque aux rois ! On Ă©coute le chant des oiseaux dans les bois ; Le matin, on s’éveille, et toute une famille Vous embrasse, une mĂšre, une sƓur, une fille ! On dĂ©jeune en lisant son journal ; tout le jour On mĂȘle Ă  sa pensĂ©e espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublĂ©es ; On jette sa parole aux sombres assemblĂ©es ; Devant le but qu’on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, Ăąme dans la tempĂȘte ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fĂȘte ; On arrive, on recule, on lutte avec effort
 — Puis, le vaste et profond silence de la mort ! 11 juillet 1846, en revenant du cimetiĂšre.
Sujet: Commentaire Victor Hugo : "On vit, on Parle" extrait des contempalatio. Bonjour , J'ai un commetaire a faire de Victor Hugo : "On vit, on Parle" extrait des contempalations. Voici le texte : On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique Ă 
Temps de lec­ture < 1 minuteOn vit, on parle, on a le ciel et les nuagesSur la tĂȘte ; on se plaĂźt aux livres des vieux sages ;On lit Virgile et Dante ; on va joyeu­se­mentEn voi­ture publique Ă  quelque endroit char­mant,En riant aux Ă©clats de l’au­berge et du gĂźte ;Le regard d’une femme en pas­sant vous agite ;On aime, on est aimĂ©, bon­heur qui manque aux rois !On Ă©coute le chant des oiseaux dans les boisLe matin, on s’é­veille, et toute une familleVous embrasse, une mĂšre, une sƓur, une fille !On dĂ©jeune en lisant son jour­nal. Tout le jourOn mĂȘle Ă  sa pen­sĂ©e espoir, tra­vail, amour ;La vie arrive avec ses pas­sions trou­blĂ©es ;On jette sa parole aux sombres assem­blĂ©es ;Devant le but qu’on veut et le sort qui vous prend,On se sent faible et fort, on est petit et grand ;On est flot dans la foule, Ăąme dans la tem­pĂȘte ;Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fĂȘte ;On arrive, on recule, on lutte avec effort 
Puis, le vaste et pro­fond silence de la mort ! Read more articles
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