Unebouteille en verre remplie d’un assortiment de fruits et de lĂ©gumes dans de l’huile minĂ©rale peut constituer un cadeau unique et Ă  la mode, ou bien servir Ă  mettre en valeur votre propre cuisine. Utilisez des poivrons, des fruits frais et des carottes surgelĂ©es pour prĂ©parer cette belle bouteille colorĂ©e Ă  la dĂ©coration.
ï»żComment mettre une poire en bouteille ? © Clio1789 Flick'r VoilĂ  une bien drĂŽle d’idĂ©e que de vouloir mettre une poire en bouteille ! Cette technique traditionnelle Ă©tait trĂšs Ă  la mode au siĂšcle dernier sur les arbres fruitiers. C’est amusant et ça Ă©pate toujours autant la galerie Ă  l’heure du digestif quand on dĂ©cide d’offrir de l’alcool de poire. Cette grosse poire enfermĂ©e dans la bouteille ou dans la carafe, tout le monde se demande en effet comment elle a bien pu entrer ! Quelles poires mettre en carafe ? Toutes les variĂ©tĂ©s de poires conviennent les grosses comme les plus petites, les poires d’étĂ©, celles d’automne ou encore les poires de conservation. Habituellement, on utilise la poire Bon chrĂ©tien William’s car c’est l’une des meilleures. Comment emprisonner la poire ? L’astuce consiste Ă  engager la poire dans la bouteille quand le fruit est encore petit, au stade juvĂ©nil, c’est-Ă -dire quand il comment tout juste Ă  se former. Choisissez une poire bien placĂ©e, en bout de rameau. Elle doit si possible pousser Ă  la verticale. RepĂ©rez une branche solide Ă  proximitĂ© car il va falloir fixer la bouteille ou la carafe tĂȘte en bas. Si vous n’avez pas de branche suffisamment robuste Ă  disposition, vous pouvez aussi bien enfoncer un piquet en bois tout contre. Il servira de tuteur pour soutenir le poids de la bouteille. Le col de cette bouteille ou de la carafe doit ĂȘtre assez court et son goulot, Ă©troit, doit permettre de laisser passer le fruit. Introduisez dĂ©licatement la poire dans le goulot sans casser son fin pĂ©doncule. Fixez ensuite solidement la bouteille tĂȘte en bas pour Ă©viter qu’il ne pleuve dedans. Vous pouvez l’entourer de ficelle ou, encore mieux, d’un filet. Par mesure de prĂ©caution, consolidez aussi si besoin avec un ruban adhĂ©sif qui rĂ©siste Ă  l’humiditĂ©. Bouchez le goulot avec un morceau de tissu ou de gaze pour Ă©viter que des insectes ne puisse s’introduire. Quand dĂ©tacher la poire en bouteille ? Ensuite, c’est une affaire de patience ! Il faut laisser grossier le fruit plusieurs mois. Vous vous amuserez Ă  observer qu’elle arrivera Ă  maturitĂ© un peu avant les autres fruits de l’arbre grĂące Ă  l’effet de serre procurĂ© par le verre. Quand la poire affiche une belle couleur et qu’elle commence Ă  mĂ»rir, coupez dĂ©licatement son pĂ©doncule au sĂ©cateur et dĂ©tachez la bouteille ou la carafe. Il ne reste plus qu’à la remplir d’alcool de poire et Ă  la refermer hermĂ©tiquement Ă  l’aide d’un bouchon. La poire n’est pas emprisonnĂ©e que pour l’esthĂ©tisme, sa fermentation progressive affine et renforce le parfum initial de l’alcool de poire. Mais pour commencer Ă  dĂ©guster, il faut encore patienter quelques mois de plus. Puis, au fil des semaines, puis des ans, cet alcool vieillit, devenant meilleur encore Ă  mesure que le sucre contenu dans la poire fermente. Enfin, n’oubliez pas ! Cette liqueur est Ă  consommer fraĂźche, mais avec modĂ©ration, bien sĂ»r ! A lire sur le mĂȘme sujet➄ Quel porte-greffe du poirier choisir ? ➄ Nashi culture du poirier japonais
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Ensuite plantez la bouteille dans un trou Ă  cĂŽtĂ© de la plante Ă  arroser (sans abĂźmer les racines) tout en laissant le goulot dĂ©border. Comment arroser les tomates avec une bouteille d’eau ? Alors au lieu de jeter vos bouteilles en plastique, utilisez-les, elles ont de multiples usages au jardin.
Le botulisme est une maladie grave, parfois fatale, qui survient aprĂšs avoir consommĂ© des aliments en conserve ou en bouteille qui ont Ă©tĂ© mal prĂ©parĂ©s. Le botulisme est causĂ© par une bactĂ©rie appelĂ©e Clostridium botulinum C. botulinum qui produit une toxine. La bactĂ©rie et sa toxine sont invisibles Ă  l'Ɠil nu et ne modifient pas la couleur, l'odeur ou le goĂ»t des aliments. Comme la toxine est trĂšs toxique et n'est pas nĂ©cessairement dĂ©truite Ă  la cuisson, il est essentiel d'empĂȘcher sa formation. C. botulinum se trouve naturellement dans le sol et l'eau. La bactĂ©rie prolifĂšre dans un environnement humide et anaĂ©robique. Par consĂ©quent, la mise en conserve et en bouteille de fruits de mer Ă  la maison crĂ©e les conditions idĂ©ales pour permettre Ă  la bactĂ©rie de se multiplier et de produire la toxine, Ă  moins que l'aliment ne soit prĂ©parĂ© de façon appropriĂ©e. Le C. botulinum possĂšde une structure protectrice appelĂ©e spore ». Les spores sont dĂ©truites Ă  des tempĂ©ratures supĂ©rieures Ă  celle de l'eau bouillante. Si le procĂ©dĂ© thermique est insuffisant ou si l'aliment n'est pas acide pH de 4,6 ou moins, la bactĂ©rie responsable du botulisme peut se multiplier et produire des toxines. Tous peuvent contracter le botulisme. Les symptĂŽmes de botulisme varient nausĂ©es, vomissements, fatigue, Ă©tourdissements, maux de tĂȘte, vision double, assĂšchement de la gorge et du nez, insuffisance respiratoire, paralysie et, dans certains cas, dĂ©cĂšs. Les symptĂŽmes se manifestent gĂ©nĂ©ralement de 12 Ă  36 heures aprĂšs l'ingestion de la toxine. La maladie dure de 2 heures Ă  14 jours, bien que certains symptĂŽmes puissent perdurer. Chaque annĂ©e, en AmĂ©rique du Nord, des personnes souffrent de botulisme aprĂšs avoir consommĂ© des aliments mis en conserve Ă  la maison qui n'Ă©taient pas prĂ©parĂ©s de façon appropriĂ©e. Conservation des fruits de mer Ă  la maison Les fruits de mer sont peu acides et, Ă  l'instar des aliments peu acides, il ne suffit pas de chauffer les bouteilles ou les conserves au niveau d'Ă©bullition de l'eau, car la bactĂ©rie responsable du botulisme est trĂšs rĂ©sistante Ă  la chaleur. Pour mettre en conserve ou en bouteille Ă  la maison des aliments peu acides, comme les fruits de mer, il faut utiliser un appareil spĂ©cialisĂ© appelĂ© cuiseur sous pression ». Le cuiseur sous pression procure de la vapeur Ă  une pression Ă©levĂ©e pour s'assurer que les aliments peu acides atteignent des tempĂ©ratures suffisamment Ă©levĂ©es pour Ă©liminer les bactĂ©ries responsables du botulisme. Ces tempĂ©ratures Ă©levĂ©es ne peuvent ĂȘtre atteintes qu'Ă  l'aide d'un cuiseur sous pression. Il faut s'assurer que le cuiseur sous pression fonctionne adĂ©quatement et veiller Ă  suivre attentivement les directives du fabricant. Il faut toujours se laver les mains, les ustensiles et l'Ă©quipement Ă  l'aide d'une eau chaude savonneuse avant d'entreprendre la mise en conserve ou en bouteille d'aliments, de mĂȘme que durant le nettoyage qui s'ensuit. En outre, il ne faut jamais modifier la taille du bocal ou la quantitĂ© d'ingrĂ©dients recommandĂ©e dans la recette. Les substitutions peuvent changer la durĂ©e de cuisson de l'aliment en conserve ou en bouteille dans le cuiseur sous pression. La bactĂ©rie responsable du botulisme risque de demeurer dans le produit fini en conserve ou en bouteille si l'on substitue des aliments ou que l'on modifie la taille du bocal. Le produit doit ĂȘtre mis dans un contenant scellĂ© Ă©tanche. Pour une meilleure qualitĂ©, il faut consommer le produit final dans l'annĂ©e. Une fois le contenant ouvert, il faut conserver les restes immĂ©diatement au rĂ©frigĂ©rateur et les jeter au rebut aprĂšs trois ou quatre jours, tout au plus. Achat de produits en conserve ou en bouteille Les produits vendus qui sont prĂ©parĂ©s conformĂ©ment Ă  la rĂ©glementation fĂ©dĂ©rale prĂ©parĂ©s commercialement sont traitĂ©s selon des contrĂŽles stricts qui minimisent ou Ă©liminent les dangers comme les maladies d'origine alimentaire. Il ne faut jamais consommer d'aliments en conserve qui semblent ĂȘtre altĂ©rĂ©s, dont le seau est brisĂ© ou le couvercle gonflĂ©, ou si le contenant est renflĂ© ou qu'il fuit. Dans le doute, vaut mieux les jeter! Que fait le gouvernement du Canada pour maintenir la salubritĂ© des aliments? Le gouvernement du Canada a Ă  cƓur d'assurer la salubritĂ© des aliments que consomment les Canadiennes et les Canadiens. SantĂ© Canada Ă©tablit des rĂšglements et des normes relatives Ă  la salubritĂ© et Ă  la qualitĂ© nutritionnelle des aliments vendus au Canada. GrĂące Ă  des activitĂ©s d'inspection et d'application de la loi, l'Agence canadienne d'inspection des aliments vĂ©rifie que les aliments vendus au Canada sont conformes aux exigences de SantĂ© Canada.
Commentmettre un fruit dans une bouteille ? Choisissez un fruit portĂ© par une branche suffisamment longue pour entrer dans la bouteille et introduisez-le par le goulot. Fixez ensuite la bouteille dans l’arbre, tĂȘte en bas. Ça c’est la partie la plus facile. Il faut bien sĂ»r mettre en bouteille plusieurs poires pour ĂȘtre sĂ»r d’en Image d'illustration. CrĂ©dit photo Shutterstock / NISTOR MARIUS A la fin d’un repas, vos hĂŽtes vous ont peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  servi un digestif* avec une bouteille dans laquelle se trouve une poire ? Et vous vous ĂȘtes probablement demandĂ© comment cela Ă©tait possible ? De prime abord en effet, il semble bien impossible de faire rentrer une poire dans une bouteille
 Si l’on peut comprendre le principe de faire pousser une plante dans un rĂ©cipient et de l’enfermer pendant 62 ans, une poire, c’est plus compliquĂ©. Pourtant, le fruit qui sert d’arĂŽme Ă  l’eau-de-vie a bel et bien poussĂ© directement dans la bouteille. Vous voulez tenter l’expĂ©rience, on vous explique comment vrai tour de magie Le principe est finalement assez simple dans un premier temps, il faut Ă©videmment possĂ©der un poirier qui produit des fruits. Il faut ensuite installer une bouteille sur le fruit pendant qu’il passe encore dans le goulot de la bouteille, en choisissant un fruit sur une tige parfaitement droite, qui doit aussi pousser vers le haut. InsĂ©rez ensuite la bouteille sur la poire encore petite, puis ficelez-la solidement pour qu’elle ne tombe pas. Les experts du dĂ©veloppement de poire dans une bouteille installent environ 10 bouteilles pour avoir au moins une poire. Le fruit va alors mĂ»rir dans la bouteille que vous remplirez d’eau-de-vie. Vous pourrez alors rĂ©aliser vos desserts, ou offrir un digestif maison Ă  vos amis. Image d’illustration. CrĂ©dit photo Shutterstock / Larisa Blinova Et comment sortir la poire de la bouteille ? Il n’existe pas vraiment de mĂ©thode pour sortir la poire de la bouteille, Ă  part de la couper en petits morceaux. Cependant attention, le fruit qui aura sĂ©journĂ© parfois des annĂ©es dans l’eau-de-vie aura une trĂšs forte teneur en alcool. Au pire, si vous ne tenez pas Ă  votre bouteille, vous pouvez la dĂ©couper au diamant pour sortir la poire. Si vous souhaitez manger des poires Ă  l’eau-de-vie, mieux vaut partir sur le principe des cerises, et les mettre en bocaux; vous Ă©viterez les Ă©clats de verre dans le fruit et d’éventuelles complications. Et avec une pomme, ça marche aussi ? Eh bien non, vous ne pourrez pas faire pousser autre chose qu’une poire dans une bouteille ! C’est le seul fruit qui accepte de pousser dans une sorte de mini serre créée par la bouteille. Si vous avez besoin d’autres fruits Ă  l’eau-de-vie, il faudra passer par le bocal de fruits dĂ©jĂ  formĂ©s, et patienter trois mois avant de les dĂ©guster. On vous a peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  racontĂ© que la bouteille Ă©tait soufflĂ©e autour de la poire, ou que l’on soufflait dans la poire pour la faire grossir ? Que nenni, c’est bien le fruit qui pousse dans la bouteille, Ă  l’abri des insectes et des oiseaux, en crĂ©ant une sorte d’écosystĂšme Ă  l’intĂ©rieur. GrĂące Ă  la bouteille, la poire est protĂ©gĂ©e de la pluie, des nuisibles et baignĂ©e de chaleur et de lumiĂšre confĂ©rĂ©es par les parois en verre. Bonne dĂ©gustation ! *L’abus d’alcool est dangereux pour la santĂ©. A consommer avec modĂ©ration. La vente d’alcool est interdite aux mineurs de moins de 18 ans. Mes sujets de prĂ©dilection sont l'Ă©cologie, l'environnement, les innovations solidaires et les actualitĂ©s en gĂ©nĂ©ral. J'espĂšre que vous prendrez plaisir Ă  me lire. Ma devise "Carpe Diem" parce que la vie est trop courte et qu'il faut en savourer chaque instant. Percerle bouchon de la bouteille d’eau avec la mĂšche de 6.5mm et y insĂ©rer le tube en plastique. Faire un trou dans le tronc de l’arbre Ă  environ 1 mĂštre du sol, et percer sur 3 cm de profondeur environ. Il est important de faire des trous propres et discrets pour prĂ©server le tronc. READ Que Faire Du Fruit Du Jasmin Etoile? Le deal Ă  ne pas rater Cartes PokĂ©mon Japon le display PokĂ©mon Go de retour en stock sur ... Voir le deal NEW YORK CITY LIFE Archives CorbeillePartagez Aller Ă  la page 1, 2, 3 AuteurMessageInvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mer 7 Juil - 131 OUR BEAUTIFUL STORYSOUVENIRS, SOUVENIRS, Aaron & Lise Nous finissons ce cours sur cette explication. Je vous libĂšre un quart d’heure plus tĂŽt, mais ayant un rendez-vous avec l’illustre Amaury Delierre, je ne peux pas me permettre d’ĂȘtre en retard. Il devrait bientĂŽt venir faire une confĂ©rence pour vous, du reste, je vous tiendrais au courant. A la semaine prochaine les jeunes ! »Spencer avait dĂ©bitĂ© ce petit discours d’une traite, avant de saluer ses Ă©lĂšves et de les laisser ranger leurs affaires. Ce rendez-vous avec le grand pĂšre de Lise, il ne pouvait pas le manquer C’était la demoiselle elle-mĂȘme qui lui avait l’honneur d’arranger ce rendez-vous avec son idole ! Pour le remercier des coups de main qu’il lui avait donnĂ©s, sans doute. Comme quoi, elle prouvait une fois pour toute qu’elle avait la reconnaissance du ventre. Quant Ă  Lise, elle n’avait pas vu Aaron de la semaine, Ă  son grand regret. A cause du fait que son grand pĂšre avait dĂ©barquĂ© de Paris lundi soir tard, elle avait passĂ© son temps Ă  faire des allers et retours entre son petit appartement, qu’elle dĂ©mĂ©nageait, et la maison que venait tout juste d’acheter Amaury. Elle avait ensuite Ă©tĂ© trĂšs prise par ses cours, son travail au pub, qu’elle comptait laisser tomber bientĂŽt, et rĂ©sultat, si elle appelait chaque soir Aaron pour lui donner des nouvelles, elle n’avait eu guĂšre le temps de faire plus. Elle ne voulait pas encore l’amener Ă  la maison de son grand pĂšre avant d’avoir tout planifiĂ© au millimĂštre, et elle prĂ©fĂ©rait lui expliquer sa nouvelle situation de vive voix. Aussi, la mĂȘme aprĂšs-midi oĂč Spencer avait rendez-vous Ă  quinze heures tapantes avec Amaury, Lise attendait sagement dans le couloir de voir Aaron sortir de son amphi. AdossĂ©e au mur, les cheveux dĂ©tachĂ©s et une robe blanche courte sur elle, sans compter sur les magnifiques chaussures Ă  talons qu’elle portait aux pieds, Lise attirait le regard. Mais elle ne voulait obtenir l’attention que d’un seul, en vĂ©ritĂ©. Et quand leurs regards se croisĂšrent, un immense sourire se dessina dĂ©licatement sur ses lĂšvres. Elle s’avança pour le serrer dĂ©licatement contre elle, se plaçant sur la pointe des pieds pour attendre sa joue, oĂč elle dĂ©posa un baiser aussi lĂ©ger qu’une brise. Bien Ă©videmment, elle avait une raison prĂ©cise pour ĂȘtre ici, Ă  la fin de ses cours. J’ai regardĂ© tes horaires, et t’as plus cours
Donc, t’es obligĂ© de me suivre ! J’ai une belle surprise pour toi. »Lise avait l’intention de garder le mystĂšre aussi longtemps que possible. Elle avait donc saisit la main d’Aaron dans la sienne afin de l’emmener jusqu’au parking de l’universitĂ©, oĂč les attendait son fidĂšle cabriolet bleu roi, qu’elle avait emmenĂ© au garage afin de rĂ©gler ce foutu problĂšme de dĂ©marrage. Elle invita donc Aaron Ă  s’installer avant de prendre place au volant et de dĂ©marrer son petit bijou. Un sourire aux lĂšvres, elle mit ses belles lunettes de soleil, comme si elle donnait dans le clichĂ© aujourd’hui
Et ils Ă©taient partis. Pour oĂč, ça, c’était encore un mystĂšre qui n’allait pas tarder Ă  s’éclaircir. Je suis vraiment dĂ©solĂ©e de t’avoir un peu abandonnĂ© cette semaine, mais j’ai Ă©tĂ© plutĂŽt bookĂ©e. Vois-tu, comme je ne suis pas partie Ă  Paris, mon grand pĂšre a dĂ©cidĂ© de venir s’installer ici, pour que l’on forme une petite famille, lui et moi. Il a estimĂ© que j’avais assez vĂ©cu seule et que j’avais besoin de quelqu’un pour surveiller mes arriĂšres. Cette semaine, j’ai donc dĂ©barrassĂ© mon appart’, je l’ai aidĂ© Ă  s’installer, et j’ai tout amĂ©nagĂ© pour aujourd’hui
Pour que tu viennes et que tu puisses le rencontrer. Tu le connais sĂ»rement de rĂ©putation, c’est l’idole de Spencer Amaury Delierre, cĂ©lĂšbre neurochirurgien français. Il compte bien rester Ă  San Francisco, et mĂȘme donner des confĂ©rences Ă  la fac pour aider les jeunes en mĂ©decine. Pour remercier Spencer de tout ce qu’il a fait pour moi, j’ai organisĂ© un tĂȘte Ă  tĂȘte entre eux. On a la baraque pour nous tous seuls jusque ce soir tard
Tu vas voir, j’ai tout prĂ©vu. »Et dire que Lise n’était pas coutumiĂšre de la chose ! Tout planifier d’avance, elle trouvait cela barbant, d’ordinaire. Mais cette fois, c’était un peu spĂ©cial
Elle adorait son grand pĂšre, avec qui elle avait Ă©normĂ©ment de points communs, y compris ses beaux yeux noisettes et son sourire charmeur. Et puis, elle l’avait tellement bassinĂ© avec Aaron qui avait fini par lui proposer de l’inviter Ă  dĂźner
Aussi, ce soir allait ĂȘtre une soirĂ©e spĂ©ciale, car le jeune homme n’allait pas rencontrer un membre de l’éminente famille Hawkins, mais bien de la branche française de sa famille, les Delierre
Clan Ă©minemment riche, plutĂŽt situĂ© dans la mĂ©decine ou la recherche, et avec qui Lise s’entendait trĂšs bien. VoilĂ  pourquoi elle Ă©tait doublement excitĂ©e Ă  l’idĂ©e de prĂ©senter Aaron Ă  son grand pĂšre, espĂ©rant bien que ces deux lĂ  s’entendraient
En se dirigeant gentiment sur les hauteurs de San Francisco, ils parvinrent bientĂŽt jusqu’à un quartier calme, peuplĂ© uniquement de maisons trĂšs modernes, semblant Ă  la fois spacieuses et sans prĂ©tention. Ce quartier Ă©tait Ă  l’image du grand pĂšre de Lise
Un homme simple que la richesse ne semblait pas rendre mauvais, mais plutĂŽt serviable et Ă  l’écoute d’autrui. La demoiselle poussa donc son magnifique cabriolet jusqu’au bout de l’annĂ©e, avant d’ouvrir Ă  l’aide d’une petite tĂ©lĂ©commande noire un portail aux grilles joliment agencĂ©es. Une fois ouvert, elle monta la toute petite allĂ©e en pierres, lĂ©gĂšrement en pente, qui offrait la vue sur une maison absolument charmante. Moderne, lumineuse et peuplĂ©e de nombreuses fenĂȘtres, Lise en Ă©tait tout bonnement tombĂ©e amoureuse. Elle prit donc la prĂ©caution de refermer la grille Ă  l’aide de la mĂȘme tĂ©lĂ©commande, avant de garer sa voiture juste devant la maison. Une fois le moteur arrĂȘtĂ©, elle sortit de voiture avant d’aller ouvrir la portiĂšre Ă  Aaron, comme s’il Ă©tait la demoiselle et elle l’homme de ces lieux, cherchant Ă  faire de son invitĂ© un cƓur comblĂ©. Elle prit dĂ©licatement sa main avant de l’emmener Ă  l’intĂ©rieur, en commençant par s’extasier pour la Ă©niĂšme fois sur les deux colonnes bordant l’immense porte d’entrĂ©e, lui rappelant comme des temples grecs Ă©tudiĂ©s en cours d’histoire. Une fois la porte ouverte et poussĂ©e, Lise fit dĂ©couvrir un hall tout en carrelage aux couleurs chaudes, parfaitement lustrĂ©, peuplĂ© d’un lustre de taille moyenne en cristal. Un hĂ©ritage familial, passĂ© de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration et dont son grand pĂšre n’avait dĂ©cemment pu se sĂ©parer. En allant Ă  gauche, Lise pu faire dĂ©couvrir Ă  Aaron une cuisine relativement imposante et aĂ©rĂ©e, avec des plaques de professionnel, ainsi qu’un plan de travail fonctionnel et grand. Un frigo amĂ©ricain Ă©tait encastrĂ© dans un magnifique meuble en bois vĂ©ritable, de couleur verte claire, faisant partie d’un tout comprenant les placards accrochĂ©s au mur. En poursuivant la visite en allant tout droit, on accĂ©dait Ă  la salle Ă  manger, spacieuse, dĂ©corĂ©e avec goĂ»t mais sans fioritures Il y avait quelques tableaux disposĂ©s savamment sur les murs, tous peints par quelqu’un de la famille La mĂšre de Lise, sa sƓur HĂ©lĂšne, et mĂȘme Lise pour certains, et pour lesquels la patte Ă©tait aisĂ©ment reconnaissable. Il y avait au centre une table ronde en chĂȘne foncĂ©, recouvert d’une nappe blanche brodĂ©e Ă  la main. Les chaises Ă©taient dans la mĂȘme matiĂšre que la table, et donnaient un petit aspect forestier » Ă  cette salle Ă  manger ravissante. Ainsi, en revenant sur leurs pas et en partant Ă  droite Ă  partir du hall, ils se retrouvĂšrent bientĂŽt dans le salon, spacieux et amĂ©nagĂ© intelligemment. Un grand canapĂ© se trouvait au centre, de couleur orangĂ©e, allant parfaitement avec le papier peint aux tons chaleureux et chatoyants. Le canapĂ© se trouvait juste en face d’un Ă©cran plat installĂ© sur le mur, pour plus de confort des yeux. En dessous se trouvait une table basse oĂč Ă©tait dĂ©posĂ© une Wii avec deux tĂ©lĂ©commandes. En dessous du meuble, une somme importante de jeux vidĂ©o y Ă©tait rangĂ©e. VoilĂ  le plus gros de la maison ! A l’étage, il y a la chambre de mon grand pĂšre, deux chambres d’amis et deux salles de bain. Maintenant, laisse-moi te montrer le clou du spectacle ! »Certes, Lise n’avait pas lĂąchĂ© la main d’Aaron depuis l’instant oĂč ils avaient quittĂ© la voiture, mais son Ă©treinte s’était lĂ©gĂšrement renforcĂ©e tandis qu’ils retournaient dans la cuisine. Lise ouvrit la porte fenĂȘtre coulissante pour conduire Aaron jusqu’à une immense terrasse, dont la vue surplombait la mer, donnant une impression de libertĂ© intense. Contournant les deux transats qui s’y trouvaient, dĂ©boulant ainsi sur une piscine de taille moyenne, agencĂ©e royalement pour y passer d’excellents moments. Et en s’avançant un peu plus sur la terrasse, Lise l’amena jusqu’à la maison d’invitĂ©s, bordant la maison sans y ĂȘtre rattachĂ©e. C’était une maisonnette plein pied d’à peu prĂšs quarante mĂštres carrĂ©s, endroit privilĂ©giĂ© oĂč son grand pĂšre l’avait installĂ©e. Les portes Ă©taient uniquement en verre, Ă  cause de la zone d’ombre importante Ă  cet endroit de la villa. Une fois Ă  l’intĂ©rieur, le sourire de Lise s’agrandit. Un canapĂ© confortable, un fauteuil, un lit deux places d’une taille impressionnante disposĂ© au milieu, un chevalet ainsi qu’une grande salle de bain. L’essentiel pour Lise, qui avait une vue imprenable. La demoiselle dĂ©posa son sac Ă  main, ses clefs ainsi que ses lunettes de soleil avant de se laisser tomber sur son lit, soupirant d’aise avant de fermer les yeux doucement. Mon petit coin de paradis
J’adore cette baraque. Confortable, sans prĂ©tention ! Quand tu auras vu mon grand pĂšre, tu verras Ă  quel point il se dĂ©tache des gens riches, d’ordinaire dĂ©testables. Lui, il aime la simplicitĂ©. Il a pas de limousine, refuse d’avoir de chauffeur, et se contente d’un train de vie ordinaire. Il veut juste une maison confortable et accueillante
Il ressemblait Ă©normĂ©ment Ă  ma mĂšre. Traduction J’ai plus pris de lui que de mon propre pĂšre ! »Lise rouvrit subitement les yeux en constatant qu’elle en avait presque oubliĂ© l’essentiel, avec tout ça ! Elle se releva donc pour ouvrir son placard Ă  vĂȘtements, sortant deux tenues encore emballĂ©es et cintrĂ©es pour ĂȘtre protĂ©gĂ©es ; des tenues neuves, spĂ©cialement achetĂ©es pour ce soir
Une pour Aaron, et une pour Lise. Elle dĂ©posa les deux tenues sur son lit et enleva l’emballage pour qu’il puisse admirer le goĂ»t qu’elle avait mis dans le choix de tout ça. Je t’ai pris un smoking tout noir avec cravate blanche, pour l’occasion. J’ai flashĂ© pour une robe noire pour moi
Enfin, je voulais que ce soit une soirĂ©e un peu particuliĂšre, pour ça que j’ai pas pu venir te voir, je voulais maintenir la surprise au maximum. »Lise se rapprocha d’Aaron pour placer ses bras autour de son cou et ainsi crĂ©er une proximitĂ© certaine entre eux. C’était presque difficile d’imaginer qu’elle n’avait pas encore osĂ© goĂ»ter ses lĂšvres diablement tentantes
Mais comme si c’était trop tĂŽt ou qu’elle s’imaginait qu’il pouvait le prendre mal, elle ne franchit pas encore le pas, se contentant de dĂ©poser ses lĂšvres sur sa joue, gardant ses lĂšvres tout prĂšs des siennes. Je suis dĂ©solĂ©e...Je te gĂȘne, hein? »Lise dĂ©fit son Ă©treinte avec dĂ©licatesse, n'oubliant pas la scĂšne qui avait eue lieu une semaine plus tĂŽt. AprĂšs tout, ce n'Ă©tait pas comme si elle ne s'Ă©tait pas soulĂ©e de peur que sa dĂ©claration n'ait servi Ă  rien, et comme si elle ne s'Ă©tait pas Ă©croulĂ©e pour mieux se retrouver chez Spencer en prĂ©sence d'Aaron...Aussi, elle ne pu s'empĂȘcher un lĂ©ger sourire timide en repensant Ă  cette dĂ©testable scĂšne, qui avait un peu gĂąchĂ© la dĂ©claration qu'elle lui avait faite. J'ai pas eu le temps de m'excuser pour...La scĂšne de la semaine derniĂšre. J'aurais pas du boire autant, c'est un mauvais rĂ©flexe, en fait. Je ne m'excuserais pas pour mes sentiments, comme je te l'ai dis, mais plutĂŽt d'avoir gĂąchĂ© ce que je t'ai dis en buvant Ă  en ĂȘtre Ă  moitiĂ© ivre morte. J'suis encore une gamine...Et je pense que j'ai un peu peur. Personne a jamais accordĂ© la moindre importance Ă  la personne que j'Ă©tais. C'est un peu...Bizarre. Enfin bon, on s'en fout. »Lise n'Ă©tait pas Ă  l'aise pour les mea culpa, d'autant plus qu'elle venait de poser son regard sur une photographie que son grand pĂšre avait accrochĂ© sur le mur juste en face d'elle. L'espace de quelques secondes, le regard de Lise marqua une expression de mĂ©lancolie. Cette photo, c'Ă©tait ni plus ni moins que sa mĂšre et elle, quand elle avait dix ans. Mais elle se reprit en regardant Aaron et en lui offrant un magnifique sourire...Pour mieux se laisser une fois encore tomber sur son lit, qu'elle trouvait diablement confortable. Tu peux dormir ici ce soir, si tu veux. J'ai mon canapĂ© qui se dĂ©plie, ou si jamais j'ai froid, tu peux dormir Ă  cĂŽtĂ© de moi. Je garderais mes mains toutes sages, y'a aucun souci. » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mer 7 Juil - 1721 Cela faisait une semaine maintenant qu’Aaron n’avait pas eu l’occasion de revoir Lise
 autant dire une Ă©ternitĂ© ! Certes, tout deux prenaient le temps de s’appeler ou de s’envoyer un petit message de temps Ă  autre mais c’était loin d’ĂȘtre suffisant afin de combler le manque qu’il Ă©prouvait. Etait-ce bien raisonnable de s’attacher de la sorte en si peu de temps ? La question ne se posait mĂȘme pas et les sentiments se faisaient de plus en plus clairs dans l’esprit du jeune homme. Cette semaine avait Ă©tĂ© particuliĂšrement agitĂ©e de son cĂŽtĂ©. En effet, Aaron avait dĂ» faire face aux attaques incessantes de Summer qui ne cessait de le harceler Ă  coup de visites Ă  l’improviste, pleurant parfois Ă  chaudes larmes et jurant tous les dieux qu’elle finirait par se suicider s’il ne voulait vraiment plus d’elle. Bien que prises au sĂ©rieux, ces allĂ©gations faisaient gentiment sourire Aaron qui la trouvait bien trop dĂ©monstrative bien qu’il ne remette en doute sa peine et son chagrin. Il avait beau essayer encore et encore de se justifier, il ne parvenait pas Ă  lui faire admettre que tout Ă©tait dĂ©sormais fini entre eux. Cela ne servirait Ă  rien de continuer dans ces conditions, il n’y avait aucun sentiment entre eux, ils Ă©taient faits pour ĂȘtre amis, pas pour ĂȘtre amants. Dans le fond, Summer savait parfaitement qu’il disait vrai et qu’il ne s’agissait que d’une histoire physique entre eux, cependant, elle avait beaucoup de mal Ă  admettre qu’il ai pu mettre un terme Ă  leur histoire Ă  cause d’une autre. En rĂ©alitĂ©, c’était ça son problĂšme perdre Aaron Ă©tait une chose difficile Ă  admettre mais le perdre Ă  cause de Lise Ă©tait carrĂ©ment inacceptable. Bien entendu, le jeune homme n’avait pas exposĂ© la situation en ces termes, il s’était contentĂ© d’admettre qu’il Ă©tait relativement proche de Lise sans pour autant Ă©voquer ses sentiments. Toutefois, Summer n’était pas dupe, elle avait remarquĂ© la façon dont il la dĂ©vorait des yeux chaque fois que leurs regards se croisaient et la façon dont ses yeux brillaient lorsqu’il parlait d’elle. Autant de signes qui la rendaient folle de jalousie. Quoi qu’il en soit, la jeune femme avait bien l’intention de se venger tĂŽt ou tard
En sortant de cours, Aaron fut agrĂ©ablement surpris de trouver Lise juste devant la porte de l’amphi. Comme toujours, elle Ă©tait diablement jolie et il lui Ă©tait extrĂȘmement difficile de garder son sang froid face Ă  elle. Il se demandait encore comment il faisait pour rĂ©sister Ă  cette envie irrĂ©pressible de l’embrasser, de goĂ»ter Ă  ce fruit dĂ©fendu, dĂ©licieuse tentation. En rĂ©alitĂ©, Aaron avait l’impression de ne pas l’avoir vu depuis une Ă©ternitĂ©, Ă  croire que sa prĂ©sence Ă©tait devenue vitale dĂ©sormais. Main dans la main, il la suivi donc jusqu’au parking, l’écoutant attentivement et se laissant guider jusqu’à la maison du fameux Amaury Delierre. Ce nom, Aaron l’avait entendu des dizaines de fois, plus spĂ©cialement ces derniers jours Ă©tant donnĂ© que Spencer ne cessait d’y faire rĂ©fĂ©rence. Le jeune homme fut donc relativement surpris d’apprendre qu’il s’agissait du grand pĂšre de Lise. Comme quoi, le monde est petit. C’était surprenant de se dire qu’il allait probablement faire la connaissance de cet homme qu’il admirait beaucoup pour ses travaux et dont la rĂ©putation n’était plus Ă  faire. Aaron se souvenait avoir lu de nombreux articles rĂ©digĂ©s par cet Ă©minent neurochirurgien qu’il trouvait tout bonnement fascinent. Non seulement, il Ă©tait un ponte dans son domaine mais en plus de ça, il Ă©tait le grand pĂšre de la femme qu’il aimait !! Alors avec ça, il Ă©tait gĂątĂ© ! AprĂšs avoir fait le tour de la villa qui au passage, Ă©tait dĂ©corĂ©e et agencĂ©e avec beaucoup de goĂ»t, Aaron eu le plaisir de visiter la nouvelle demeure de Lizzie, forcĂ© d’admettre que l’endroit Ă©tait plus que confortable et qu’elle avait bien fait de troquer son appartement en ville pour ce petit bout de paradis. Le jeune homme fit quelques pas dans la piĂšce, presque intimidĂ© de se retrouver ainsi totalement plongĂ© dans l’univers de Lise. Sans avoir jamais visitĂ© cet endroit, il s’y sentait dĂ©jĂ  Ă  l’aise. Aaron frĂŽla du bout des doigts les affaires de Lise avant de remarquer une photo d’elle, plus jeune et d’une femme qui lui ressemblait Ă©normĂ©ment. C’est alors que Lise reprit la parole, sortant du placard deux tenues dont un smoking spĂ©cialement pour lui. Aaron se gratta lĂ©gĂšrement la tĂȘte tout en essayant de comprendre Ă  quoi cela pouvait bien rimer. Pour quelqu’un qui aime la simplicitĂ©, je dois dire que tu me surprends. C’est soirĂ©e gala ? Je pensais que nous ne serions que tout les deux, pas de cĂ©rĂ©monie, pas de tralala, juste toi et moi. »Bien qu’extrĂȘmement distinguĂ©, Aaron n’était pas Ă  l’aise dans ce genre de soirĂ©es, il prĂ©fĂ©rait que les choses soient claires dĂšs le dĂ©but. Il voulait bien faire des efforts si la situation l’exigeait mais dans le cas prĂ©sent, il n’en voyait pas spĂ©cialement l’intĂ©rĂȘt. Toutefois, il ne voulait pas Lise s’offusque en interprĂ©tant mal ses propos, aussi, le jeune homme s’empressa d’ajouter quelques mots. Je trouve ça vraiment super comme surprise, mais il faut que tu saches qu’à partir du moment oĂč tu es avec moi, le reste n’a aucune importance. Le cadre m’importe peu, pas plus que nos tenues ou ce que nous pouvons faire. En rĂ©alitĂ©, j’ai simplement besoin de ta prĂ©sence, rien de plus. Tu n’imagines mĂȘme pas Ă  quel point cette semaine m’a semblĂ© longue
 interminable. Je n’avais qu’une hĂąte, c’était de pouvoir enfin te retrouver et passer du temps avec toi. »Pendant qu’ils parlaient, Lise Ă©tait venue passer ses bras autour de son cou, ce qui ne le gĂȘna pas le moins du monde contrairement Ă  ce qu’elle pouvait penser. Au contraire, il avait besoin de ce sentiment de proximitĂ©, c’était devenu indispensable et une fois de plus, il se demanda comment il lui Ă©tait possible de rĂ©sister Ă  l’appel de ses lĂšvres
 Le problĂšme Ă©tant que de son cĂŽtĂ©, Aaron ne voulait pas non plus brusquer la situation, aprĂšs tout, ils avaient tout leur temps et c’était bien plus agrĂ©able de se lancer dans un jeu de sĂ©duction effrĂ©nĂ© plutĂŽt que de cĂ©der Ă  la tentation sur le champ. AprĂšs son baiser, il relĂącha son Ă©treinte et la laissa filer, regrettant dĂ©jĂ  de ne pas avoir eu le plaisir de la cĂąliner plus longtemps. Ce qui s’est passĂ© n’a vraiment aucune importance Ă  mes yeux. Je ne garde que le meilleur dans tout ce que tu m’as dit et pour ĂȘtre franc, je n’ai pas arrĂȘtĂ© d’y penser tout au long de la semaine. Tu es Ă  la fois troublante et fascinante
 c’est un sentiment trĂšs Ă©trange que je n’avais encore jamais Ă©prouvĂ© auparavant. Tu es une personne magnifique Lise
dans tous les sens du terme. Tu vas sans doute trouver ça ridicule mais j’ai du mal Ă  imaginer une vie dont tu ne ferais pas partie dĂ©sormais. J’aime chaque instant que nous passons ensemble et j’ai bien l’intention de profiter de chaque seconde comme si c’était la derniĂšre. »Aaron la dĂ©visagea longuement, se demandant comment personne n’avait pu l’aimer d’une maniĂšre aussi intense auparavant. A ses yeux, elle Ă©tait la perfection incarnĂ©e, tout ce dont un homme normal pouvait rĂȘver. Lise Ă©tait bien plus qu’une Ă©vidence Ă  ses yeux et c’était difficile pour lui, d’ordinaire charmeur, coureur et compagnie, qu’une personne avait rĂ©ussi Ă  s’emparer de son cƓur de cette maniĂšre. Pour un peu, Aaron se serait presque trouvĂ© pathĂ©tique. Tandis qu’il continuait de contempler les photos accrochĂ©es au mĂ»r, le jeune homme entendit la remarque de Lise qui lui proposait de dormir ici
 Argh
 Voila encore une horrible torture qu’elle allait lui infliger !! Aaron se souvenait encore de la nuit qu’elle avait passĂ© chez lui quelques jours plus tĂŽt alors qu’elle n’était pas en Ă©tat de reprendre le volant. A vrai dire, il n’avait pas fermĂ© l’Ɠil de la nuit tant la prĂ©sence de Lise le perturbait
 imaginer dormir Ă  ses cĂŽtĂ©s, aussi innocente soit cette proposition, Ă©tait assez troublant. Aaron afficha toutefois un sourire amusĂ© avant de prendre un air angĂ©lique comme il savait si bien le faire. Tu me fais confiance Ă  ce point ?! Ne suis-je pas le grand mĂ©chant loup dont il faut se mĂ©fier ?! Oh Ă  propos
 je ne sais pas si tu es au courant mais Summer a tenu Ă  modifier lĂ©gĂšrement les faits elle raconte Ă  tout le monde que c’est elle qui m’a larguĂ© histoire de ne pas trop entacher sa rĂ©putation. Quant Ă  Lloyd, il n’a pas perdu de temps puisqu’il s’est empressĂ© de l’inviter Ă  dĂźner Ă  ce que j’ai cru comprendre. Enfin bon, avec ou sans moi, le monde de Summer continue de tourner. Hmm
 c’est ta mĂšre je suppose ? Elle est vraiment trĂšs belle. Vous avez le mĂȘme sourire »Aaron avait enchaĂźnĂ© sans vraiment sans rendre compte, simplement parce que son regard venait de se poser une fois de plus sur cette ravissante photo de famille. La mĂšre de Lise Ă©tait vraiment trĂšs jolie, toutes les deux se ressemblaient Ă©normĂ©ment. Cela dit, Aaron ignorait totalement qu’il mettrait les pieds dans le plat en parlant d’Anne au prĂ©sent. Comment aurait-il pu deviner le drame qui avait touchĂ© Lise lorsqu’elle Ă©tait enfant ? Parler de la mĂšre de Lise lui fit alors repenser au fameux grand pĂšre dont il ferait probablement la connaissance prochainement. Tu sais, j’ai encore du mal Ă  croire que le docteur Delierre soit ton grand-pĂšre ! Tu sais que j’ai lu tous ses livres, y compris ses articles et ses travaux de recherche ?! Il faut dire que Spencer n’arrĂȘte pas de nous parler de lui depuis des mois !! Encore tout Ă  l’heure, il Ă©tait tout excitĂ© en nous annonçant qu’il viendrait faire une confĂ©rence. J’ai vraiment hĂąte de faire sa connaissance. »Le jeune homme semblait tout excitĂ© et il faut dire qu’il y avait vraiment de quoi !! Cela dit, il se reprit bien vite, tout simplement parce qu’il n’avait qu’une seule et unique envie se concentrer sur la prĂ©sence de Lise
elle et elle seule. Aaron s’installa sur le lit, prĂšs d’elle et remit une mĂšche de ses cheveux en place, prenant soin de dĂ©licatement caresser son visage de porcelaine d’un revers de main. Son regard n’avait pas quittĂ© un seul instant les yeux de la jeune femme, comme s’il Ă©tait soudainement captivĂ© par tout ce qu’elle reprĂ©sentait
 Tu es magnifique
 j’arrive toujours pas Ă  croire que tu ne sois pas partie
 en fait, je ne sais pas si j’aurais pu supporter ton absence. Au fait, il me semble que ceci t'appartient...»Aaron se redressa un instant, juste le temps de glisser sa main dans la poche de son pantalon pour en tirer le fameux collier qu'il lui avait offert et que Summer s'Ă©tait empressĂ© d'arracher de son cou. Aaron l'avait fait rĂ©parĂ© et dĂ©sormais, il voulait qu'elle le porte Ă  nouveau. Il souleva dĂ©licatement les cheveux de Lise avant d'attacher le bijou tout comme il l'avait fait la premiĂšre fois, sauf que cette fois ci, il se permit de dĂ©poser un baiser dans le cou de la jeune femme. InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mer 7 Juil - 1801 Oh ne t’inquiĂštes pas, c’est qu’un smoking
C’est juste que mon grand pĂšre s’est tellement fait beau en prĂ©vision de ce soir que je voulais qu’on soit tous les trois accordĂ©s. Y’aura que nous trois ce soir, c’est pas une soirĂ©e de gala ! Juste
Un petit dĂźner familial, en fait. Quelque chose que j’ai jamais vraiment eu, alors j’ai peut-ĂȘtre un peu trop planifiĂ© la chose. »Lise eut un sourire franc tandis qu’elle avait un peu trop l’impression de se justifier. Ce n’était effectivement qu’un smoking, comme pour une soirĂ©e un peu spĂ©ciale. AprĂšs tout, si Amaury Ă©tait quelqu’un d’excessivement ouvert d’esprit et quelqu’un que l’on abordait facilement, il Ă©tait toujours trĂšs bien habillĂ©. Il aimait avoir des vĂȘtements qui lui plaisaient, exactement comme Lise. Mais elle perdit rapidement cette idĂ©e tandis qu’Aaron lui dictait que le monde dans sa petite bande tournait trĂšs bien sans lui. Oh, Lise en doutait
Ce n’était qu’une apparence tout cela, elle savait que Summer n’hĂ©siterait pas Ă  tout mettre en Ɠuvre pour le rĂ©cupĂ©rer, si elle en avait l’occasion. C’était tellement Ă©vident ! Aaron paraissait trĂšs populaire dans l’universitĂ©, et surtout, la blondinette ne supportait sĂ»rement pas qu’il ait prĂ©fĂ©rĂ© Lise Ă  sa petite personne. La future archĂ©ologue n’était pas idiote, elle savait qu’ĂȘtre avec Aaron ne serait pas forcĂ©ment facile tous les jours. Pas Ă  cause d’eux-mĂȘmes, mais bien Ă  cause de leurs entourages respectifs, trĂšs diffĂ©rents. Lise ne pouvait s’empĂȘcher de redouter le moment oĂč il rencontrerait son pĂšre, si toutefois pareil malheur arrivait. Aaron n’avait pas la moindre idĂ©e de la personne qu’était James Hawkins, et pour le moment, il valait bien mieux qu’il ne le sache pas. Il semblait nettement plus enthousiaste vis-Ă -vis de la future rencontre avec son grand pĂšre, qui demeurait l’idole de Spencer. Lise ne pu s’empĂȘcher de rire en entendant les propos du jeune homme, ayant l’impression qu’elle se trouvait en face de Spencer deuxiĂšme du nom. A croire qu’Aaron lui ressemblait un peu, quelque part
Et c’était presque mignon Ă  analyser. De plus, elle Ă©tait doublement certaine que son grand pĂšre apprĂ©cierait Aaron. Ce n’était pas possible autrement, surtout qu’il devait bien se douter qu’il Ă©tait important Ă  ses yeux. Jamais Lise n’avait prĂ©sentĂ© quelqu’un Ă  son grand pĂšre avant ce soir
Et bien qu’elle n’ait aucune envie de mettre la moindre pression sur les Ă©paules du futur mĂ©decin, elle ne pouvait s’empĂȘcher d’en ĂȘtre amusĂ©e. Elle avait changĂ© radicalement depuis son arrivĂ©e Ă  San Francisco
MĂȘme Amaury l’avait remarquĂ©. Je croirais entendre Spencer ! Tu sais qu’il a tenu Ă  ce que je lui apprenne quelques rudiments de français pour ce rendez-vous avec mon grand pĂšre ? Tu verras, c’est un homme formidable. Il est curieux de te rencontrer, en plus. Il a toujours Ă©tĂ© passionnĂ© par l’engouement des Ă©lĂšves de mĂ©decine, alors ça ne m’étonnerait pas qu’il veuille te prendre sous son aile
Il est trĂšs paternel », en fait. Et puis, il n’a jamais eu de fils. Deux jumelles seulement, ma mĂšre et ma tante HĂ©lĂšne. Tu verras qu’à la confĂ©rence, mĂȘme les jeunes demoiselles boiront ses paroles
Le charme français, parait-il. Et puis, mon grand pĂšre n’est pas vieux, il a eu ses deux filles trĂšs jeune. »Lise semblait passionnĂ©e en Ă©voquant le sujet de son grand pĂšre, qui Ă©tait plus un pĂšre Ă  ses yeux qu’un vĂ©ritable papy gĂąteau. Elle Ă©tait tellement concentrĂ©e dans ses dires qu’elle sursauta presque quand Aaron lui fit un compliment
Qui la fit rougir, du reste. Elle ne pu s’empĂȘcher de sourire doucement alors qu’il rattachait le pendentif qu’il lui avait offert pour son anniversaire. C’était Ă©trange, mais elle Ă©tait trĂšs attachĂ©e Ă  cet objet. Il marquait sa premiĂšre fĂȘte d’anniversaire, mais aussi, l’un des meilleurs moments de sa vie. Aaron n’avait pas idĂ©e du peu de bons moments dont elle se souvenait dans toute son existence, en vĂ©ritĂ©. Et du fait qu’elle Ă©tait particuliĂšrement Ă©mue qu’il le lui rende, elle frissonna presque violemment suite au baiser qu’il lui dĂ©posa dans le cou. Tu l’as rĂ©parĂ© ? Tu sais qu’il marque la meilleure soirĂ©e de ma vie ? J’avais peur de plus pouvoir le mettre Ă  cause de Summer
Tu sais, je ne suis pas sĂ»re qu’elle tournera la page aussi facilement. Elle va me haĂŻr jusqu’à la fin de ses jours parce qu’elle pense sĂ»rement que je t’ai volé Quant Ă  Lloyd, il a peut-ĂȘtre invitĂ© Summer, mais il a rĂ©ussi Ă  avoir mon numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone je ne sais mĂȘme pas comment ! Alors pour deux tourtereaux censĂ©s avoir tournĂ© la page, ils sont pas fins ! »Ce n’était que la triste vĂ©ritĂ©. Lloyd espĂ©rait visiblement que Lise se lasserait rapidement d’Aaron
Mais il n’avait pas idĂ©e de la force de ses sentiments. Non, personne n’en avait la moindre idĂ©e
Et d’ailleurs, alors que leur proximitĂ© Ă©tait d’autant plus prĂ©sente que prĂ©cĂ©demment, Lise ne pu s’empĂȘcher d’émettre un lĂ©ger grognement en entendant son cellulaire se mettre Ă  nouveau Ă  sonner. Elle se releva donc du lit en lançant un regard presque dĂ©sespĂ©rĂ© Ă  Aaron, avant de se saisir de son tĂ©lĂ©phone qui Ă©tait soigneusement sur la petite table Ă  cĂŽtĂ© du lit. En parlant du loup, c’était justement Lloyd ! Tiens, tu pensais ĂȘtre un grand mĂ©chant loup, mais j’aime mieux te dire que tu es un ange, comparĂ© Ă  Lloyd, qui vient justement de se vanter pour la Ă©niĂšme fois d’avoir un coup d’avance sur toi me concernant. PathĂ©tique
 »Cette phrase pouvait prĂȘter Ă  confusion, Ă©videmment. Lise entendait par lĂ  que Lloyd l’avait dĂ©jĂ  embrassĂ©e et Aaron non
Mais loin d’elle l’envie de mettre les points sur les i et les barres sur les t, car elle apprĂ©ciait le fait qu’ils prennent leur temps au lieu de se sauter au cou de maniĂšre vulgaire et théùtrale. C’était justement ça, qui faisait la force de leur dĂ©but de relation
Y aller tout en douceur garantissait Ă  Aaron le fait que Lise ne le fuirait jamais. Au contraire, plus ils prenaient leur temps, et plus l’envie de dĂ©couvrir l’autre sous ses multiples facettes se faisait intense. Au point que Lise finisse presque par trĂ©pigner d’impatience, sans en montrer le moindre dĂ©tail. Alors, sans mĂȘme rĂ©pondre au message de Lloyd dont elle se fichait Ă©perdument, elle redĂ©posa son cellulaire contre la table avant de se rasseoir sur son lit. Aaron ne pouvait pas vraiment voir son expression puisqu’elle Ă©tait au bord du lit, et c’était tant mieux, car la tristesse marquait bel et bien ses traits. Elle se souvenait maintenant qu’Aaron avait dit qu’il trouvait sa mĂšre trĂšs belle, et qu’elles avaient toutes les deux le mĂȘme sourire. C’était la pure vĂ©ritĂ©, bien qu’elles possĂšdent Ă©galement les mĂȘmes yeux. Lise n’avait pas pris la blondeur de ses cheveux, c’était bien lĂ  l’unique diffĂ©rence. Lise ne pu s’empĂȘcher de se relever pour aller chercher une grande photo dans sa petite commode, une photographie de Spencer Ă  l’ñge d’Aaron, au bras d’Anne, Ă  l’ñge de Lise. Ces deux lĂ  Ă©taient habillĂ©s pour leur bal de promo, et arboraient un sourire Ă  la fois sincĂšre et radieux. Lise dĂ©posa donc la photo sur le lit avant de s’asseoir juste en face d’Aaron, sans pour autant le regarder pour l’instant. VoilĂ  Spencer avec quelques annĂ©es de moins, au bras de la femme de sa vie. Mon grand pĂšre adore Spencer parce qu’il Ă©tait le gendre idĂ©al, selon lui. Sache que je ressemble Ă©normĂ©ment Ă  ma mĂšre
Les mĂȘmes yeux, les mĂȘmes traits, le mĂȘme caractĂšre
J’ai tout pris d’elle, ou presque. Je sais que j’étais sa prĂ©fĂ©rĂ©e
Et c’est justement parce que je lui ressemble que mon pĂšre me dĂ©teste autant, je pense. »Lise avait relevĂ© son regard dĂšs qu’elle avait fini de parler, ses yeux soudainement devenus brillants. Elle ne pensait pas que ce serait aussi difficile pour elle de parler de sa mĂšre, bien que cela fasse des annĂ©es maintenant
Lise n’avait jamais pu faire son deuil. Et pour info, je te fais confiance. Tu as peur de dormir avec moi dois-je comprendre ? »Lise eut un mince sourire, mais le cƓur n’y Ă©tait pas. Elle avait beau essayer de changer de sujet, avoir la photo de sa mĂšre sous le nez Ă©tait presque insupportable. Ses mains se mirent lĂ©gĂšrement Ă  trembler avant qu’elle ne prenne le rĂ©flexe de se lever et de faire quelques pas. Excuse-moi. Je vais aller piquer une tĂȘte
 »La voilĂ  de retour, la Lizzie fuyante. AussitĂŽt dit, aussitĂŽt fait, du reste, car Lise avait dĂ©jĂ  ouvert sa porte fenĂȘtre pour se retrouver juste en face de la piscine. A partir de lĂ , elle ĂŽta ses chaussures ainsi que sa robe avant de plonger dans la piscine et de faire quelques longueurs pour se dĂ©fouler. C’était le seul moyen de se vider l’esprit
Ce ne fut qu’au bout de plusieurs longues minutes que Lise s’arrĂȘta, le cƓur battant d’avoir nagĂ© si vite, se tenant au rebord opposĂ© de lĂ  oĂč elle Ă©tait entrĂ©e. Elle Ă©tait dos Ă  son petit coin de paradis, et soupirait lĂ©gĂšrement, luttant contre elle-mĂȘme pour ne pas se mettre Ă  pleurer comme une vulgaire enfant. Le menton contre ses bras, elle prĂ©fĂ©rait regarder l’horizon, se fichant Ă©perdument du reste pour l’instant. Il fallait juste qu’elle reprenne contenance et tout irait au mieux. InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mer 7 Juil - 1903 Lorsqu’il se retrouva seul, Aaron soupira et agita lĂ©gĂšrement la tĂȘte, se blĂąmant intĂ©rieurement d’avoir fait preuve d’autant de maladresse. A vrai dire, il ne pensait pas rĂ©veiller en elle de mauvais souvenirs, il avait simplement parlĂ© de sa mĂšre sans vĂ©ritablement connaĂźtre leur histoire Ă  toute les deux. C’était assez difficile de savoir sur quel pied danser avec Lise et ce n’était pas la premiĂšre fois qu’Aaron fonçait droit dans le mĂ»r. On a dĂ©jĂ  vu mieux comme dĂ©but de relation, n’est-ce pas ? Naturellement, il ne pouvait que s’en vouloir et se jura de ne plus faire la moindre allusion Ă  la famille de Lise au cours de leurs conversations Ă  venir. Chaque fois qu’il le faisait, il se rendait compte que la jeune femme se sentait particuliĂšrement affectĂ©e, ce n’était donc pas la peine de remuer de vieux souvenirs, d’autant plus s’ils Ă©taient douloureux. Au bout d’une dizaine de minutes, Aaron se leva, espĂ©rant que Lise ait eu suffisamment de temps pour Ă©vacuer la pression. Le jeune homme alla la rejoindre, restant debout au bord de la piscine, visiblement mal Ă  l’aise d’avoir causĂ© autant de chagrin. J’ai encore mis les pieds dans le plat, n’est-ce pas ? Tu vas finir par penser que c’est une manie chez moi. Je suis sincĂšrement dĂ©solĂ©, je ne pensais pas que ça t’affecterait Ă  ce point d’en parler. La prochaine fois, je te promets de me mordre la langue avant de poser la moindre question ou de faire la moindre remarque. »La tension Ă©tait plus que palpable et mĂȘme si Aaron essayait de paraĂźtre le plus naturel possible, Lise n’aurait probablement aucun mal Ă  cerner sa gĂȘne vis-Ă -vis de la situation. Il faut dire qu’il n’était pas vraiment habituĂ© aux vies aussi compliquĂ©es que celle de Lise. La famille de la jeune femme Ă©tait pour le moins Ă©trange et ça, Aaron pouvait s’en rendre compte avant mĂȘme d’avoir rencontrĂ© les membres qui la composaient. D’un sens, c’était probablement mieux de faire partie d’un clan comme celui-ci que de ne pas avoir de famille du tout, comme c’était le cas du jeune homme. Aaron n’avait pour ainsi dire pas de famille Ă  l’exception de Sarah. Cette derniĂšre le faisait passer aux yeux de tous pour son fils bien que dans le fond, son comportement se rapproche davantage de celui d’une grande sƓur bienveillante que d’une mĂšre Ă  proprement parler. Cela dit, cette vie lĂ  convenait parfaitement Ă  Aaron, peut-ĂȘtre parce qu’il n’avait connu que çà et qu’il avait Ă©tĂ© heureux ainsi. Y compris avec tous les efforts du monde, il ne pouvait comprendre ce que Lise Ă©tait en train d’endurer. En fait, j’ai pas vraiment l’habitude des grandes familles comme la tienne. De mon cĂŽtĂ©, nous ne sommes que deux. Je n’ai pas d’oncle, pas de tante, pas de frĂšre et sƓur ni de grands parents
 je n’ai pour ainsi dire, aucune expĂ©rience en matiĂšre de famille. J’ai toujours essayĂ© d’imaginer ce que ça pouvait faire d’en avoir une
 je crois que je m’en fais une image idĂ©ale, presque utopique. Enfin bon, tout ça pour dire que je suis vraiment navrĂ© d’ĂȘtre aussi maladroit. Je ne voulais pas te faire de la peine. »A peine eut-il achevĂ© sa phrase, que son propre portable se mit Ă  sonner. Aaron glissa la main dans sa poche et vit que Lloyd venait tout juste de lui envoyer un message. Il lui demandait de venir les rejoindre, Summer et lui, au cafĂ© habituel afin d’avoir une petite conversation Ă  trois. Pour dire quoi ? Entendre une Ă©niĂšme fois Summer lui cracher son venin avant de dire qu’elle Ă©tait dĂ©solĂ©e et qu’elle l’aimait plus que tout ? Pour que Lloyd essaie de les remettre ensemble afin de mieux se jeter sur Lise au final ? Non merci. Si je ne rĂ©ponds pas non plus, tu crois qu’il parviendra enfin Ă  capter le message ? J’ai toujours adorĂ© Lloyd mais depuis quelques jours, il est tout simplement insupportable ! »Aaron Ă©teignit son portable afin d’ĂȘtre certain de ne plus ĂȘtre dĂ©rangĂ© de toute la soirĂ©e. Il avait envie de profiter de cet instant en compagnie de Lise, sans songer Ă  rien d’autre qu’à elle seule. C’était l’une des premiĂšres fois qu’ils avaient l’occasion d’apprendre Ă  se dĂ©couvrir en tĂȘte Ă  tĂȘte et il savait qu’ils avaient encore tout un tas de choses Ă  apprendre l’un de l’autre. Hors de question qu’une personne extĂ©rieure –qui plus est s’il s’agissait de Lloyd !- vienne gĂącher leur soirĂ©e. Oui pour en revenir Ă  tout ça, je veux juste que tu saches que je suis lĂ , prĂȘt Ă  t’écouter si tu as envie d’en parler. Tu m’as dit toi-mĂȘme que personne ne s’était jamais intĂ©ressĂ© Ă  toi, Ă  ce que tu penses ou ce que tu ressens
 je prĂ©sume que tu n’as jamais pris le temps de te confier
 ça fait pourtant beaucoup de bien parfois. C’est en extĂ©riorisant ce que tu as sur le cƓur que tu parviendras Ă  combattre tes vieux dĂ©mons. Je ne te force Ă  rien mais dis toi bien que tu n’es plus seule dĂ©sormais
 je suis lĂ  moi.»L’hĂŽpital qui se fout de la charitĂ© comme on dit !! Aaron n’avait jamais parlĂ© Ă  personne de tout ce qu’il avait vĂ©cu, mĂȘme en prĂ©sence de Sarah et lorsque par malheur elle abordait le sujet, le jeune homme faisait mine d’avoir tout oubliĂ©. Je ne m’en souviens pas, j’était trop petit. » Bien sur, il se souvenait de tout dans les moindres dĂ©tails, de chaque parole, de chaque geste, de la peur qu’il Ă©prouvait et de la voix de cet homme qui l’avait terrifiĂ© durant des annĂ©es. Cela faisait presque quinze ans maintenant et pourtant, Aaron n’arrivait pas Ă  exorciser ses propres dĂ©mons. Pourquoi tu te retiens de pleurer ? RelĂąche la pression de temps en temps
 ça n’a rien d’honteux tu sais. Ca l’est encore moins quand tu as une Ă©paule sur laquelle t’appuyer. »Aaron se baissa au bord de la piscine, de maniĂšre Ă  pouvoir la toucher. C’est fou comme il avait besoin de ce contact charnel dĂ©sormais. S’il ne se retenait pas, il passerait le plus clair de son temps Ă  lui tenir la main, Ă  la caresser, la toucher ses cheveux, Ă  laisser ses lĂšvres papillonner sur ses joues ou sur ses lĂšvres, pourquoi pas. Cela dit, je prĂ©fĂšre de loin te voir sourire et t’entendre rire
 je trouverais toujours le moyen d’y arriver mĂȘme si pour cela je dois employer la maniĂšre forte
 »Le jeune homme esquissa un large sourire avant de finalement, s’asseoir au bord de la piscine pour y entrer tout habillĂ©. Rapidement, il se jeta sur Lise tout en la chatouillant et dĂ©posant un gros baiser sur sa joue. Il Ă©tait totalement hors de question qu’il la laisse arborer cette petite mine tristounette pour le restant de la soirĂ©e. Il ne voulait pas que cet instant soit gĂąchĂ© Ă  cause de sa maladresse exemplaire. Aaron avait parfaitement compris qu’il Ă©tait plus prudent de s’abstenir de poser la moindre question Ă  l’avenir. J’espĂšre que ton grand pĂšre n’aura pas la bonne idĂ©e de rentrer maintenant, sans quoi, bonjour l’image qu’il se fera de moi ! »Une fois de plus, je dis que c'est nul, sauf que cette fois, c'est parfaitement justifiĂ©! InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mer 7 Juil - 1944 Lise Ă©tait presque prĂȘte Ă  rester ruminer sa peine pendant des heures, comme elle le faisait avec Sam par le passĂ©. C’était tellement plus facile de fuir toute conversation triste plutĂŽt que d’évoquer ce qui la rendait triste, justement. AprĂšs tout, pourquoi s’embarrasser de dĂ©tails alors qu’ils pouvaient simplement oublier et passer une bonne soirĂ©e ? Et bien, parce que Lise ne pouvait pas oublier. Oublier serait comme une trahison Ă  la mĂ©moire de sa mĂšre, et ça, elle ne parvenait pas Ă  l’accepter. SĂ»rement parce que sa gĂ©nitrice avait Ă©tĂ© l’un des piliers de sa vie et qu’elle ne parvenait pas Ă  avancer sans elle. Comment avancer sans aucun guide ? Son grand pĂšre l’avait compris, et c’est pourquoi il avait pris la dĂ©cision de venir s’installer Ă  San Francisco. Aaron ne pouvait dĂ©cemment pas comprendre cette situation familiale, puisque comme il venait de lui avouer, les grandes familles et leurs intrigues lui Ă©taient totalement inconnues. Il semblait protĂ©gĂ© par cette petite bulle, et bien que Lise ne veuille pas se permettre de demander s’il vivait avec sa mĂšre ou avec son pĂšre, elle avait l’impression qu’il Ă©tait heureux ainsi. Il en avait, de la chance
Lise ne parvenait pas Ă  aimer sa situation familiale, ni mĂȘme sa situation tout court, du moins jusqu’à ce que son grand pĂšre vienne la sauver de sa solitude. Amaury n’avait pas idĂ©e Ă  quel point elle s’était mise en danger, pourtant. Et pourquoi, au final ? Pour fuir son salaud de pĂšre, ou bien elle-mĂȘme au sens large du terme ? Probablement. Et expliquer ça Ă  Aaron, mĂȘme si elle s’était promis d’ĂȘtre toujours franche avec lui, paraissait un vĂ©ritable parcours du combattant. Alors, l’espace d’un instant, elle s’abandonna au rire et Ă  ce jeu d’enfant provoquĂ© par le jeune homme, entrĂ© tout habillĂ© dans la piscine alors qu’elle Ă©tait en sous vĂȘtements pour sa part. Sa sollicitude Ă©tait diablement touchante et si elle ne s’était pas retenue, effectivement, elle aurait fondu en larmes. De peine, de relĂąchement de pression, et de tout ce qui l’étouffait depuis des annĂ©es
Mais Ă  la place, elle parvint Ă  feindre un amusement total jusqu’à ce qu’elle s’abandonne dans ses bras, le serrant dĂ©licatement contre elle. VoilĂ  probablement tout ce dont elle avait besoin, en vĂ©ritĂ©. Mon grand pĂšre a fait ce genre de choses avant toi, va ! Lui et ma grand-mĂšre Ă©taient pour un ainsi dire un couple
SpĂ©cial. Pour la simple et bonne raison qu’ils aimaient aller contre les conventions. Par exemple, se genre en costume Ă  fleurs Ă  un enterrement, pour Ă©viter que les gens ne s’ancrent dans leur tristesse, et beaucoup d’autres choses. Tu ne sais pas encore tout ça, mais il est pire que toi
 »Lise en rit volontiers, sachant Ă©perdument de quoi son grand pĂšre Ă©tait capable pour briser ce masque d’homme connu et trop sĂ©rieux. Le roi de la dĂ©conne, dans la famille, c’était lui. Il s’était un peu assagit depuis le dĂ©cĂšs de sa femme, mais il demeurait un joyeux luron en toute circonstance tout de mĂȘme. Mais tout ça, Aaron aurait bientĂŽt le temps de le dĂ©couvrir par lui-mĂȘme. Pour l’instant, Lise n’avait pas l’intention de le laisser attraper froid
Aussi, elle prit ses deux mains dans les siennes pour l’emmener non pas Ă  l’intĂ©rieur de son petit coin Ă  elle, mais bien Ă  l’intĂ©rieur de la maison en elle-mĂȘme. Elle le conduisit jusqu’à la salle de bain qui se trouvait Ă  cĂŽtĂ© de la cuisine, oĂč elle lĂącha ses mains dĂ©licatement pour ouvrir le placard et sortir trois grandes serviettes blanches propres. Le fait qu’elle soit en sous-vĂȘtements elle-mĂȘme et toute aussi trempĂ©e que lui n’avait pas d’importance. Lui, il avait ses vĂȘtements qui lui collaient Ă  la peau et qu’elle avait du mal Ă  ne pas craindre qu’il n’attrape froid. Bon, ne va pas croire que je te fais du charme, hein ! C’est juste pour que tu n’attrapes pas froid, Casanova des bacs Ă  sable. »Lise lui lança un clin d’Ɠil taquin avant de dĂ©poser les serviettes Ă  cĂŽtĂ© d’elle. Elle posa ensuite ses mains sur son torse pour commencer Ă  dĂ©faire les boutons de sa chemise. Elle y allait lentement de peur de le brusquer et pour un peu, elle du lutter atrocement pour que ses mains ne tremblent pas. Son cƓur possĂ©dait dĂ©sormais des battements effrĂ©nĂ©s, et c’était Ă  peine si elle n’allait pas se mettre Ă  rougir dans la seconde. C’était bien la premiĂšre fois qu’elle se montrait aussi maladroite pour une chose pareille. AprĂšs tout, il n’y avait strictement aucune arriĂšre pensĂ©e lĂ -dessous, et si elle faisait cela, c’était bien pour lui empĂȘcher d’attraper la crĂšve, non ? Et pourtant, Lise ne pouvait pas s’empĂȘcher d’ĂȘtre irrĂ©sistiblement attirĂ©e par le dĂ©sir de se blottir dans sa chaleur. Ce contact Ă©tait devenu presque vital pour elle, et pourtant, elle s’interdisait presque le fait de crĂ©er ce lien entre eux. Comme si cette prĂ©cipitation soudaine pouvait les briser l’un comme l’autre
Il fallait dire qu’elle n’avait jamais aimĂ©, ni vĂ©ritablement pris soin de quelqu’un auparavant, en dehors de sa petite sƓur. On ne pouvait donc pas dire qu’elle Ă©tait experte en la matiĂšre, et pourtant, c’était avec la meilleure volontĂ© du monde qu’elle le faisait pour Aaron Ă  cet instant prĂ©cis. Elle dĂ©boutonna chaque bouton avec dĂ©licatesse, son regard rivĂ© sur sa chemise comme si elle Ă©tait en train d’accomplir un ouvrage impossible. Une fois qu’elle eut Ă©cartĂ© les deux pans de la chemise d’Aaron et qu’elle pu apercevoir son magnifique torse, ce fut Ă  ce moment lĂ  qu’elle ne pu se retenir de le regarder, de maniĂšre Ă  la fois Ă©nigmatique et sensuelle. Oui, c’était parfaitement le mot adĂ©quat pour dĂ©crire la scĂšne entre eux
D’une sensualitĂ© Ă  couper le souffle, tandis que Lise possĂ©dait ses deux mains sur le torse d’Aaron. La tentation de lui voler un baiser lĂ  tout de suite commençait Ă  ĂȘtre vĂ©ritablement insupportable, et elle se maudissait de ne pas cĂ©der Ă  la tentation une bonne fois pour toute. Fallait-il qu’elle l’aime comme une folle pour le respecter ainsi, dĂ©sirant ne surtout pas le brusquer ! Et d’ailleurs, l’expression de Lise, si elle Ă©tait dĂ©pourvue de sourire, n’était plus triste Ă  l’heure actuelle. MystĂ©rieuse, c’était le mot. DĂ©solĂ©e d’ĂȘtre lente
Je me lasse pas de te contempler. »Lise fit quitter l’une de ses mains du torse d’Aaron pour la passer doucement sur sa joue, avant de jouer avec ses cheveux, les caressant avec une dĂ©licatesse qui n’était pourtant pas digne d’elle. Comme s’il la rendait tendre, romantique, attentionnĂ©e
Tout ce qu’elle n’avait jamais Ă©tĂ© et qu’elle ne pensait jamais ĂȘtre. Elle se risqua Ă  sourire tendrement avant de dĂ©poser ses lĂšvres contre sa joue, exerçant une lĂ©gĂšre pression Ă  l’aide de sa main sur la joue voisine afin que le contact dure quelques secondes. Pour en profiter d’ailleurs, elle se permit de clore ses yeux l’espace d’un instant, comme si c’était la plus belle chose qu’elle avait faite dans sa vie. Sans doute Ă©tait-ce le cas, d’ailleurs
Car la torture de la sĂ©paration fut particuliĂšrement dure Ă  encaisser. Quand elle s’écarta pour reprendre son ouvrage, lui ĂŽtant ainsi sa chemise des Ă©paules avec douceur et lenteur, elle ne pu s’empĂȘcher de se mordiller lĂ©gĂšrement la lĂšvre, de maniĂšre discrĂšte afin qu’il ne le remarque pas comme un signe de gĂȘne quelconque. Il fallait qu’elle rĂ©agisse, qu’elle dise quelque chose, sans quoi, elle n’allait pas rĂ©sister longtemps Ă  ce rythme. DĂ©solĂ©e de prendre soin de ta chemise Ă  ce point, d’habitude, j’ai plutĂŽt tendance Ă  arracher les boutons en ouvrant ce genre de vĂȘtement. Mais lĂ , comme tu vas la remettre aprĂšs, je vais en prendre soin. »Lise lui lança Ă  nouveau un clin d’Ɠil avant de dĂ©poser la chemise sur un cintre et de la laisser pendre au dessus de la douche. Elle revint ensuite Ă  cĂŽtĂ© d’Aaron pour mieux se saisir d’une serviette propre, et commença Ă  lui frotter doucement le torse pour le sĂ©cher. Elle serra ensuite sa poitrine contre son torse pour sĂ©cher dĂ©licatement son dos, avant de remonter vers sa chevelure. Il n’y avait pas vraiment lĂ  de geste maternel, en vĂ©ritĂ©. C’était plutĂŽt l’action d’une femme amoureuse que ses actes surprenaient toujours plus de seconde en seconde. Évidemment, Lise aurait pu pousser la chose plus loin en enlevant son pantalon Ă  Aaron, mais elle ne voulait surtout pas le brusquer, justement. Elle ne s’était pas retenue de l’embrasser pour le dĂ©shabiller complĂštement ! Elle finit donc de lui sĂ©cher les cheveux avant de reprendre la parole, d’une voix douce Tu n’as pas mis les pieds dans le plat, tout Ă  l’heure. Tu ne pouvais pas savoir
Ma mĂšre n’est plus de ce monde, en fait. J’avais douze ans, et j’arrive pas Ă  faire mon deuil. Surtout que son dĂ©cĂšs a marquĂ© un tournant considĂ©rable vis-Ă -vis de ma relation avec mon pĂšre. Je savais qu’il avait toujours voulu un garçon, pour Ă©viter que je ressemble trop Ă  ma mĂšre
Mais depuis qu’elle n’est plus lĂ , il me le fait un peu payer. A ses yeux, je ne suis qu’une enfant capricieuse qui ne saura jamais ce qu’elle veut. Il faut dire qu’enfant, je le faisais tourner en bourrique, que j’ai fuis New York Ă  mes quatorze ans pour parcourir le globe, et il n’a pas eu de mes nouvelles pendant deux ans. Je suis rentrĂ©e un peu avant de partir pour venir ici, Ă  San Francisco. Il voulait que je me marie pour me mettre du plomb dans la cervelle
Mais je ne suis pas un objet que l’on peut vendre et exposer sur une commode bien en Ă©vidence. Je respire, je pense, j’ai des sentiments, des dĂ©sirs et des rĂȘves, comme tout le monde. Il n’a pas encore compris que je n’ai jamais eu de guide, du fait qu’il ne m’a jamais soutenue ni accordĂ© le moindre temps, la moindre importance. Mon grand pĂšre est lĂ , c’est pour y remĂ©dier. M’apprendre la vie, quoi
Je sais qu’il me connait par cƓur et je lui fais une confiance aveugle. Il est la seule personne au monde, avec mon frĂšre Sam et mon meilleur pote William, Ă  ne m’avoir jamais déçue. »Lise n’incluait pas encore Aaron, non pas parce qu’il l’avait dĂ©jĂ  déçue, mais parce qu’il Ă©tait encore trop tĂŽt pour qu’elle se dĂ©voile Ă  cƓur ouvert de cette maniĂšre. Il lui fallait du temps
Sans compter qu’elle avait en face d’elle quelqu’un aussi peu portĂ© qu’elle sur la confidence. Fondamentalement, cela la dĂ©rangeait sans vraiment la dĂ©ranger
Sans doute Ă©tait-ce confortable, en vĂ©ritĂ©. Et quand elle eut finit de lui sĂ©cher les cheveux, elle reposa la serviette dĂ©sormais trempĂ©e sur le radiateur, afin de l’étendre, et offrit Ă  Aaron un sourire franc et sincĂšre. Certes, ses yeux Ă©taient encore brillants, mais elle avait dĂ©cidĂ© qu’elle ne pleurerait. Il l’avait dĂ©jĂ  vue fragile
Et elle n’avait aucune envie que cela recommence. Je crois que je connais rien de toi, en fait. Tu es parti du principe que tu Ă©tais banal et qu’il n’y avait rien Ă  en dire
Je ne suis pas de cet avis. Et aussi vrai que je compte devenir archĂ©ologue, compte sur moi pour percer ton mystĂšre, Aaron Cooper. »Lise Ă©tait presque tentĂ©e de lui dire qu’aussi vrais que ses sentiments puissent l’ĂȘtre, elle allait apprendre Ă  le connaĂźtre, petit Ă  petit, de la maniĂšre qui lui conviendrait. Elle ne lui demandait rien, pour l’instant
MĂȘme sur cela, elle avait l’intelligence et la dĂ©licatesse de ne surtout pas le brusquer. Bon, je vais pas jouer les perverses en te dĂ©faisant ton pantalon pour faire mine de vouloir te sĂ©cher les gambettes, alors il faudra que tu te dĂ©brouilles
Tu penses pouvoir le faire mon chou ? Y’a des peignoirs blancs ou noirs dans l’armoire, n’hĂ©sites pas Ă  te servir. Je t’attends dans la cuisine. »Un dernier baiser sur sa joue, et Lise fermait la porte derriĂšre elle, n’ayant aucune intention de se rhabiller pour sa part. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus eu l’occasion de se trimballer en petite tenue chez elle sans ĂȘtre reluquĂ©e par un voisin curieux, aprĂšs tout. Et effectivement, chose promise chose due, elle se dirigea dans la cuisine. Elle brancha le mixer et se mit Ă  choisir dans la corbeille prĂ©vue Ă  cet effet plusieurs fruits pour faire un petit cocktail frais. Au menu Oranges, bananes, ananas et une pointe de lait de coco. Elle mixa le tout pour en remplir l’équivalent de deux verres, avant d’y ajouter quelques glaçons pour le rendre plus frais. Elle s’assit sur l’un des tabourets bordant le bar de la cuisine, les deux verres devant elle. Comme d’habitude, elle n’attendait plus que lui
N'importe quoi sont parfaits tes posteuh!!!! Et 3000° message pour moi, la classe *out* InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Jeu 8 Juil - 141 Difficile de ne pas cĂ©der dans une situation pareille. Commet Aaron pouvait-il rester de marbre alors que la tentation se faisait grandissante, tout comme ses Ă©motions ? Tandis que Lise se serrait contre son torse, il garda les yeux rivĂ©s vers les siens tout en se laissant aller Ă  ses songes et en essayant de rĂ©guler sa respiration. Aaron redoutait par-dessus tout qu’elle puisse percevoir les battements effrĂ©nĂ©s de son cƓur qui trahissaient Ă  quel point elle avait de l’emprise sur son ĂȘtre tout entier. D’un sens, il n’avait jamais imaginĂ© que ses sentiments puissent prendre une telle ampleur et tout cela avait tendance Ă  le dĂ©contenancer. Pire encore, Ă  le dĂ©router. Il aurait souhaitĂ© que leur relation Ă©volue en douceur et que les sentiments s’installent petit Ă  petit or, c’est exactement le contraire qui s’était produit trop d’amour d’un seul coup. Dire qu’il n’était pas effrayĂ© face Ă  la situation serait mentir car dans le fond, Aaron Ă©tait complĂštement terrifiĂ©. Le fait est qu’il ignorait comment il avait rĂ©ussi Ă  rassembler tant d’audace pour lui avouer ses sentiments et laisser entrevoir une leur d’espoir entre eux. D’ordinaire, il ne s’embarrassait pas de scrupule, lorsqu’une fille lui plaisait, il passait Ă  l’action sans se soucier des consĂ©quences. NĂ©anmoins, il ne souhaitait pas que les choses se dĂ©roulent ainsi entre eux. Aaron avait envie de prendre son temps, il ne voulait pas brusquer Lise et encore moins lui laisser imaginer que la rĂ©putation qu’il traĂźnait derriĂšre lui Ă©tait justifiĂ©e. Il voulait d’abord qu’elle dĂ©couvre une autre facette de sa personnalitĂ©, qu’elle sache qui il Ă©tait vraiment. C’était un travail long, dĂ©licat et minutieux qui risquait de prendre beaucoup de temps, mais il Ă©tait nĂ©cessaire s’ils tenaient Ă  partir sur des bases solides. Lise Ă©tait une jeune femme mystĂ©rieuse mais Aaron l’était tout autant. Il n’aimait pas parler de lui, il dĂ©testait que quelqu’un puisse lire au fond de son Ăąme comme Lise semblait capable de le faire. C’était totalement dĂ©routant. Dire qu’il Ă©tait en train d’effleurer du doigt une parcelle de bonheur au lieu de la saisir Ă  pleine main le rendait malade, mais il n’était pas capable de s’y prendre autrement. Aaron n’avait pas envie de se comporter en crĂ©tin Ă  l’égard de Lise, il ne tenait pas Ă  tout foutre en l’air. Cela dit, mĂȘme s’il ne rĂ©pondait pas, que ce soit physiquement ou verbalement Ă  la douceur de Lise, son regard Ă©tait suffisamment parlant pour que quiconque comprenne ce qu’il ressentait en cet instant il Ă©tait complĂštement fou d’elle et l’amour qu’il Ă©prouvait Ă©tait sans limite. MalgrĂ© tout, Aaron n’était pas prĂȘt Ă  l’admettre, il Ă©tait toujours long pour parvenir Ă  exprimer ses sentiments. Lise savait qu’il tenait Ă  elle, qu’il avait envie de partager un bout de chemin et pourquoi pas toute une vie Ă  ses cĂŽtĂ©s, cela dit, Aaron prĂ©fĂ©rait que tout ceci reste tacite pour l’instant. C’était dans sa nature de ne pas faire confiance aux autres
 d’ordinaire, c’était lui le chasseur, c’était lui qui menait le jeu, qui dĂ©cidait quand cela devait commencer et quand cela devait finir. En l’occurrence, Aaron se trouvait dans une position vulnĂ©rable dans le sens oĂč il savait que si Lise venait Ă  l’abandonner, il ne parviendrait pas Ă  se relever. Il dĂ©testait penser de la sorte, il avait l’impression d’ĂȘtre faible. Faible face Ă  une femme, en somme c’est tout ce qu’il dĂ©testait. Aaron Ă©tait en pleine hĂ©sitation. Il ne savait pas s’il devait prendre la parole et ĂȘtre plus clair au sujet de ce qu’il ressentait en cet instant ou bien si le silence Ă©tait suffisamment parlant
 comme toujours, il opta pour la seconde option. Il ne savait que trop bien que les longs discours sentimentaux n’étaient pas faits pour lui, pourtant, il y avait tout un tas de choses qu’il souhaitait lui faire savoir. HĂ©las, le tact ne faisait pas partie de sa philosophie surtout en matiĂšre de sentiments, il savait fort bien qu’en jouant les jolis cƓurs comme il le faisait d’ordinaire, il ne pourrait que la blesser. Sans compter que Lise n’était probablement pas du genre Ă  jouer les vierges effarouchĂ©es et qu’elle verrait clair dans son jeu. Il fallait qu’il soit sincĂšre jusqu’au bout
 plus facile Ă  dire qu’à faire car pour le coup, Aaron prĂ©fĂ©ra rester silencieux, sans doute par peur d’ĂȘtre ridicule. Aussi, il s’était rĂ©solu en l’espace de quelques minutes Ă  ne pas s’étaler ni Ă  s’égarer de trop mĂȘme si dans le fond, l’envie ne manquait pas. Lorsqu’elle entama des explications au sujet de sa famille, il pu comprendre davantage que la famille Hawkins Ă©tait loin d’ĂȘtre facile Ă  cerner. Plus spĂ©cifiquement son pĂšre. Aussi, tout en fronçant les sourcils, il se passa soucieusement la main dans les cheveux encore mouillĂ©s, prĂȘt Ă  prendre la parole. Il regretta presque dans l’instant d’avoir ouvert la bouche. Il n’avait pas Ă  faire le moindre commentaire au sujet de cette famille qu’il ne connaissait pas pour ainsi dire, pourtant, il ne pouvait s’empĂȘcher de trouver le caractĂšre de son pĂšre proprement atroce. Vouloir te marier, c’est plutĂŽt radical comme dĂ©cision. Je pensais qu’en AmĂ©rique, chacun Ă©tait libre de choisir l’élu de son cƓur. C’est difficile d’imaginer que ton pĂšre puisse raisonner de la sorte. Peut-ĂȘtre qu’il cherchait simplement Ă  t’offrir une certaine stabilitĂ© mĂȘme si la maniĂšre de s’y prendre est loin d’ĂȘtre parfaite. » Sa remarque Ă©tait plutĂŽt maladroite et il ne le rĂ©alisa qu’aprĂšs coup. Aaron se disait qu’il n’avait pas le droit d’émettre le moindre jugement dans le sens oĂč il ne savait strictement rien Ă  l’exception des quelques Ă©lĂ©ments que Lise daignait bien distiller petit Ă  petit. D’ailleurs, il avait parfaitement compris qu’elle ne lui en dirait pas davantage, pour la simple et bonne raison que c’était encore beaucoup trop tĂŽt. Cela n’avait aucune espĂšce d’importance, Aaron savait faire preuve de patience et en aucun cas il ne l’inciterait Ă  parler d’un passĂ© qu’elle ne souhaitait pas Ă©voquer en sa prĂ©sence. En rĂ©alitĂ©, il savait qu’il pourrait se contenter des Ă©lĂ©ments qu’elle voudrait bien lui fournir. Il se disait qu’il fallait qu’il se contente de ce qu’il possĂ©dait et ma foi, il s’agissait dĂ©jĂ  de beaucoup de choses. ConnaĂźtre Lise sur le bout des doigts ne l’intĂ©ressait pas vraiment Ă©tant donnĂ© qu’il savait dĂ©jĂ  l’essentiel
 elle Ă©tait la bonne personne, celle qui faisait battre son cƓur et pour qui il aurait fait l’impossible. C’était largement suffisant pour l’instant. RĂ©flexe typiquement masculin, il ne pu s’empĂȘcher de laisser son regard se promener dans le dos de Lise, glissant jusqu’à ses fesses au moment oĂč elle se tourna pour poser la serviette sur le radiateur. Pour la premiĂšre fois de sa vie, Aaron aurait presque culpabilisĂ© d’avoir eu un comportement aussi primaire mais hĂ©las, il ne l’avait pas maĂźtrisĂ© le moins du monde. Il faut admettre que Lise Ă©tait plutĂŽt agrĂ©able Ă  regarder, elle Ă©tait mĂȘme divinement belle. Une fois de plus, il ne s’agissait pas d’un regard dĂ©placĂ©, Ă  vrai dire, il avait toujours tendance Ă  la contempler Ă  la maniĂšre d’une vĂ©ritable Ɠuvre d’art. Comme il le redoutait tant, Lise ne manqua pas de braquer les projecteurs de nouveau sur lui tout en lui faisant remarquer qu’elle ne savait pas grand-chose Ă  son sujet. Aaron Ă©tait quelqu’un de mystĂ©rieux et qui n’aimait pas s’étaler Ă  son propos. D’ailleurs, il estimait qu’il n’y avait pas grand-chose Ă  dire. C’était probablement une maniĂšre de se protĂ©ger afin d’éviter que les regards ne se braquent de trop dans sa direction. Aaron Ă©tait un ocĂ©an de secrets qu’il protĂ©geait avec soin. Il Ă©tait certain de pouvoir dire que personne ne le connaissait par cƓur et partait du principe que personne n’y parviendrait jamais. Un regard agrĂ©mentĂ© d’un lĂ©ger sourire suffirent probablement Ă  faire comprendre Ă  la jeune femme qu’il la remerciait pour sa discrĂ©tion et du fait qu’elle n’essaie pas de le brusquer en posant des questions auxquelles, il ne rĂ©pondrait pas de toute maniĂšre. C’était plus fort que lui, Aaron Ă©tait totalement bloquĂ© lorsqu’il fallait Ă©voquer sa propre personnalitĂ©. La remarque suivante le fit rire sincĂšrement. De toute Ă©vidence, il n’allait tout de mĂȘme pas se faire traiter comme un nabab, Ă  attendre qu’elle daigne bien lui sĂ©cher les gambettes. Il avait suffisamment profitĂ© de la situation comme ça !! Alors qu’elle venait tout juste de dĂ©poser un baiser sur sa joue et qu’elle s’apprĂȘtait Ă  partir, Aaron tĂącha de la retenir doucement par le bras afin de l’attirer de nouveau jusqu’à lui et la serra un court instant dans ses bras avant de l’embrasser sur le front en murmurant un merci ». Merci pour tout, merci d’ĂȘtre lĂ  et de faire dĂ©sormais partie de ma vie
voilĂ  prĂ©cisĂ©ment ce que cela signifiait. Lorsque Lise fut sortie, Aaron termina de se sĂ©cher avant d’emprunter un peignoir noir. Le jeune homme ne tarda pas Ă  rejoindre Lise dans la cuisine, remarquant soudainement que la demoiselle n’avait toujours rien enfilĂ© sur son dos. Aaron ne manqua donc pas d’ironiser sur la situation. Je sais que je suis d’un calme olympien mais je vais sĂ©rieusement finir par croire que tu cherches Ă  jouer avec mes nerfs. A moins qu’il ne s’agisse d’une ruse pour tomber malade et m’inciter Ă  rester Ă  tes cĂŽtĂ©s pour la nuit
 mais j’ose en douter Ă©tant donnĂ© que nous sommes sous le toit d’un des meilleurs mĂ©decins de cette planĂšte. Si, si !! C'est prĂ©cisĂ©ment ce que Spencer ne cesse de rĂ©pĂ©ter depuis des semaines!! ... Plus sĂ©rieusement, tu n’as pas froid ? »Aaron s’était avancĂ© jusque derriĂšre elle, posant ses mains chaudes sur les Ă©paules glacĂ©es de la jeune femme. Ce simple contact suffisait Ă  enflammer ses sens et affoler une fois de plus son pauvre cƓur qui n’allait certainement pas tenir le coup. Une dĂ©licieuse odeur fruitĂ©e envahissait la piĂšce et le jeune homme ne tarda pas Ă  dĂ©couvrir les merveilleux cocktails que Lise venait de leur prĂ©parer, rien que la couleur lui faisait envie. Hmm, j’avais presque oubliĂ© que je me trouve en prĂ©sence de la reine des cocktails !! Mary a enfin trouvĂ© une rivale digne de ce nom ! Elle qui se vente depuis toujours de prĂ©parer les meilleures boissons de toute la ville ! »Le jeune homme ne tarda pas Ă  prendre place prĂšs de Lise, il y avait quelque chose dont il souhaitait lui parler, juste pour que tout soit parfaitement clair entre eux. Il baissa un court instant le regard en direction de son verre, l’air visiblement sĂ©rieux. Cette tĂ©mĂ©ritĂ© exacerbĂ©e qui lui Ă©tait pourtant tellement caractĂ©ristique semblait s’évaporer chaque fois qu’il devait parler de lui. Hum
 tu sais pour ce que tu m’as dit tout Ă  l’heure, Ă  propos du fait que tu ne sais pas grand-chose Ă  mon sujet
 et bien je voulais que tu saches que si je ne parle pas beaucoup de moi, ce n’est pas parce que j’ai quelque chose Ă  te cacher ou autre
 non. En fait, j’ai toujours eu beaucoup de mal Ă  parler de mon passĂ©, sans doute par crainte d’ĂȘtre jugĂ© ou tout simplement car j’ai moi-mĂȘme du mal Ă  accepter certains Ă©lĂ©ments qui pourtant, sont Ă  l’origine de ce que je suis aujourd’hui. J’ai dĂ©jĂ  eu l’occasion d’évoquer mon passĂ© et je n’ai pas eu d’excellents retours du coup, je crois que je suis devenu mĂ©fiant. Ce n’est pas une question de confiance, c’est juste que
 certaines choses ne sont pas faciles Ă  admettre. C’est aussi pour cette raison que je ne te brusquerai jamais
 je sais trop bien ce que c’est que d’accepter un passĂ© relativement lourd et d’en faire part Ă  quelqu’un d’autre. »HĂ©las, Aaron Ă©tait loin d’imaginer la tragĂ©die qui avait touchĂ© Lise lorsqu’elle Ă©tait enfant. Qui pourrait imaginer une chose pareille ? Quoi qu’il en soit, Aaron ne voulait pas qu’elle pense qu’il ne souhaitait pas se confier Ă  elle car ce n’était pas le cas. Disons surtout qu’il n’était pas prĂȘt Ă  le faire mais la grande question est de savoir s’il le serait un jour. Fort Ă  parier que non. Le jeune homme se leva et fit quelques pas dans la piĂšce. Parler de son enfance reviendrait Ă  admettre les raisons profondes qui l’avaient poussĂ© Ă  faire mĂ©decine ou encore Ă  risquer sa vie une premiĂšre fois en tentant une premiĂšre expĂ©rience dans l’armĂ©e. Aaron se demandait d’ailleurs s’il n’allait pas rĂ©itĂ©rer l’expĂ©rience
 Il ne souhaitait pas parler du passĂ© pour une multitude de raisons qui lui Ă©taient propres et c’est ce qu’il voulait lui faire comprendre. Je suis parti du principe que j’étais banal justement pour ne pas avoir Ă  te parler de tout ce qui fondamentalement, me perturbe. En fait j’ai l’impression qu’on se ressemble Ă©normĂ©ment toi et moi. Bien plus qu’on ne veut bien l’admettre. J’ai eu une enfance relativement agitĂ©e, le genre qu’on ne souhaite Ă  personne. Depuis, je fais mine d’avoir tout oubliĂ© afin qu’on cesse de me poser des questions. J’ai pas envie de ressasser le passĂ© mais malheureusement, j’y pense tous les jours Ă  mon insu. En fait, j’ai mĂȘme l’impression que tout ce que j’ai vĂ©cu se lit sur mon visage et ça me dĂ©stabilise vraiment. C’est sĂ»rement pour ça que je me cache en permanence derriĂšre un masque qui ressemble Ă  Aaron
mais qui n’est pas Aaron. Tu dois trouver ça complĂštement absurde. Je crois bien qu’il n’y a qu’en ta prĂ©sence que je ne mens pas
 je n’en ressens pas le besoin et je n’ai pas la moindre envie de te tromper de toute maniĂšre. C’est bien la premiĂšre fois que je ressens ça
 »Aaron cessa soudainement de faire les cents pas dans la cuisine et de nouveau, son regard se plongea dans celui de la jeune femme tandis qu’il s’était rapprochĂ© d’elle. Il ne savait pas si elle en avait conscience ou non mais sa prĂ©sence dans sa vie avait tout changĂ©. Dire qu’il Ă©tait amoureux d’elle Ă©tait un euphĂ©misme car ses sentiments dĂ©passaient de loin ce qu’un ĂȘtre normalement constituĂ© est en mesure d’éprouver. Je n’ai besoin de personne d'autre que toi
 comme si ma vie dĂ©pendait de ton amour
 j’espĂšre que ça ne te fait pas trop peur que je puisse dire tout ça en si peu de temps. Mais je te l’ai dit, je n’ai pas la moindre envie de te mentir et te cacher mes sentiments ne rimerait Ă  rien. »La main d’Aaron glissa sous le menton de la jeune femme, avant de caresser dĂ©licatement sa joue puis de glisser dans ses cheveux. Ce contact charnel Ă©tait devenu indispensable
 durant un instant, son regard fixa ses lĂšvres rosĂ©es, objet de tous ses dĂ©sirs. Comment faisait-il pour rĂ©sister de la sorte ? Inutile de prĂ©ciser que d’ordinaire, pour qu’une fille parvienne Ă  troubler Aaron, il fallait qu’elle se lĂšve de bonne heure, mais venant de Lise un simple regard pouvait lui faire perdre tous ses moyens. J'ai tellement fait d'erreurs par le passĂ© que penser au futur avait tendance Ă  m'angoisser jusqu’ici. Mais si tu me promets d’oublier dans les trois secondes qui suivent ce que je suis sur le point de te dire,alors je t’ouvrirais certainement mon cƓur
 »Aaron continuait de fixer les lĂšvres de Lise et son souffle se faisait plus rapide, tout comme les battements de son cƓur. Doucement, sa main glissa sur la nuque de la jeune femme et trĂšs lentement, il se rapprocha d’elle se laissant aller Ă  la tentation
 leurs visages n’étaient plus qu’à quelques millimĂštres et Aaron pouvait percevoir le souffle de la jeune femme sur sa peau. Il Ă©tait sur le point de frĂŽler ses lĂšvres au moment oĂč il entendit un toussotement dans son dos. InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Jeu 8 Juil - 223 Tout ce qu’Aaron venait de dire Ă  Lise avait complĂštement bouleversĂ©e la demoiselle. Comment pouvait-elle dĂ©cemment oublier dans les trois secondes suivantes ce qu’il lui dirait en lui ouvrant son cƓur ? Non, il lui en demandait trop. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce prĂ©fĂ©rable qu’il ne dise rien, plutĂŽt que de lui imposer l’immense torture de l’oubli. Le concernant, elle ne voulait rien oublier justement
Ni son visage, ni sa voix, ni sa maniĂšre d’ĂȘtre ! Tout ce qu’il reprĂ©sentait la bouleversait complĂštement dĂšs qu’elle posait son regard sur lui. Alors tant pis, Lise attendrait le temps qu’il faudrait, mais elle refusait de devoir oublier. Tout comme elle refusait de se laisser aller lĂ , tout de suite. Aaron la frĂŽlait du bout des doigts, et ce contact dĂ©licieux sur sa peau Ă©tait Ă  l’origine de frissons incontrĂŽlables et des battements effrĂ©nĂ©s de son cƓur. Lise avait perdu tout contrĂŽle, et pour la premiĂšre fois de sa vie, elle se surprenait Ă  se dĂ©lecter de la chose. Le souffle chaud d’Aaron contre sa peau ne rendait ses lĂšvres que plus dĂ©sirables, et elle aurait maudit ce fichu destin qui avait poussĂ© son grand pĂšre Ă  rentrer trop tĂŽt
Et Ă  les surprendre dans la cuisine. Amaury Delierre Ă©tait en prĂ©sence de son assistant, un jeune homme d’une trentaine d’annĂ©es, qui demeura bouche bĂ©e devant la tenue de Lise et son peu d’envie de se cacher. AprĂšs tout, elle avait Ă©tĂ© mannequin ! Oh, dĂ©solĂ© mademoiselle Hawkins ! » Bah dis donc, monsieur l’empotĂ© ! On ne dĂ©range pas deux tourtereaux en pleine roucoulade ! Faut tout leur apprendre aux jeunes, de nos jours
Enfin, j’espĂšre que le jeune monsieur Cooper n’espĂšre pas faire impression et me demander ma bĂ©nĂ©diction dans cette tenue ! » Grand pĂšre ! » Je plaisante Lise, je plaisante, voyons. Allez vous habiller, les tourtereaux, je prĂ©pare le salon en attendant. »L’échange avait Ă©tĂ© bref mais intense
Cela dit, Lise attrapa rapidement la main d’Aaron pour le reconduire jusqu’à son petit coin personnel, avant d’éclater complĂštement de rire. Dans le fond, le cƓur n’y Ă©tait pas car elle se doutait bien qu’un moment unique venait d’ĂȘtre brisĂ©, mais elle avait besoin de relativiser et de dĂ©tendre l’atmosphĂšre. Sans cette manie qu’elle avait de rire de tout en prĂ©sence d’Aaron, elle aurait volontiers explosĂ© de colĂšre. Dire qu’elle avait manquĂ© de goĂ»ter Ă  la dĂ©licieuse tentation prĂ©sentĂ©e par les lĂšvres du jeune homme ! Mais elle aurait du se douter que rien ne serait simple en sa prĂ©sence. Tous les deux semblaient si complĂštement novices en matiĂšre de sentiments que s’ils Ă©taient touchants Ă  souhait, ils demeuraient d’une maladresse lĂ©gendaire. Lise finit donc par lĂącher dĂ©licatement la main d’Aaron pour s’asseoir sur le lit, constatant qu’elle Ă©tait toujours en sous vĂȘtements et qu’elle n’en Ă©tait pas gĂȘnĂ©e le moins du monde. Elle aimait sentir le regard d’Aaron sur elle
C’était de bonne guerre, aprĂšs tout, non ? Je ne pensais pas qu’il arriverait si tĂŽt ! J’espĂšre que je ne t’ai pas fais honte en Ă©tant si peu habillĂ©e devant l’assistant de mon grand pĂšre
Enfin. On va s’habiller et aller le rejoindre. »Lise aurait pu cacher son ultime dĂ©ception, mais elle n’avait pas envie d’ĂȘtre fausse en prĂ©sence d’Aaron, bien au contraire. Si seulement il savait la fĂ©rocitĂ© de ses sentiments, si seulement il comprenait Ă  quel point demeurer Ă  un mĂštre de lui constituait en soi une torture abominable
Il fallait qu’il sache. Lise se releva donc du lit, se dirigeant doucement vers lui d’un pas fĂ©lin, sans le quitter des yeux une seconde. Non, elle ne jouerait pas avec ses nerfs, c’était plutĂŽt avec son cƓur qu’elle jouait, Ă  croire qu’elle souhaitait qu’il arrĂȘte de battre d’un instant Ă  l’autre. Mais elle se hasarda Ă  se rapprocher et Ă  caresser Ă  nouveau la joue du jeune homme, avec la mĂȘme douceur dont elle avait fait preuve dans la salle de bain. Son regard Ă©tait brillant sous l’émotion, et elle brĂ»lait littĂ©ralement d’envie de tout lui dire, bien que les mots refusent de dĂ©passer ses lĂšvres. Il n’avait pas idĂ©e de la torture qu’il reprĂ©sentait pour elle
Ni Ă  quel il Ă©tait vital qu’il demeure auprĂšs d’elle. Leurs lĂšvres Ă©taient Ă  la mĂȘme distance que tout Ă  l’heure, et Lise ne savait pas ce qui la retenait d’en prendre dĂ©finitivement possession, en un baiser qui lui ferait certainement comprendre Ă  quel point ses sentiments Ă©taient une rĂ©alitĂ©. Elle se mit donc Ă  caresser sa nuque, se rapprochant encore, et quand ses lĂšvres frĂŽlĂšrent une demi-seconde celles d’Aaron, elle recula doucement. Non
Il ne fallait pas le brusquer, elle n’avait pas le droit d’ĂȘtre aussi Ă©goĂŻste. Excuse-moi
Je crois que j’ai juste peur de te voir disparaĂźtre dans la seconde. Je ne veux pas que tu m’ouvres ton cƓur si cela induit de devoir tout oublier ensuite. J’endurerais l’attente
Tant pis pour le supplice que cela reprĂ©sente, tant que tu restes avec moi. Aaron
Ne m’abandonne pas. »C’était comme un appel au secours, un ultime appel que Lise lançait Ă  l’égard d’Aaron pour qu’il prenne conscience du fait qu’elle Ă©tait aussi bouleversĂ©e que lui. L’espace de quelques instants, elle le serra donc contre elle, se retenant de ne pas lui rĂ©pĂ©ter ces deux petits mots qui lui brĂ»laient les lĂšvres je t’aime ». Il ne fallait pas qu’il ait la moindre pression sur les Ă©paules. Elle finit donc par s’écarter doucement, prenant la robe qu’elle avait prĂ©vue pour ce soir sur le lit, invitant Aaron Ă  s’habiller Ă©galement. Elle partit s’enfermer dans la salle de bain, et ce moment de solitude lui permis de remettre un peu d’ordre dans son esprit. Elle changea de sous-vĂȘtements, se sĂ©cha complĂštement, s’habilla et coiffa ses cheveux afin que sa coupe illumine son visage plutĂŽt que de l’encombrer. Ainsi, quand elle sortit de la salle de bain, elle Ă©tait sublime, rayonnante mĂȘme, malgrĂ© le fait que son cƓur soit diablement serrĂ© Ă  lui faire mal. DĂ©couvrir un Aaron aussi fringant en smoking la fit sourire d’ailleurs, tandis qu’elle s’était avancĂ©e pour lui nouer sa cravate, chose qu’il n’avait pas encore faite. A croire que tout Ă©tait prĂ©texte Ă  ce qu’elle le touche
Et prenne soin de lui. Je me disais qu’on pourrait peut-ĂȘtre faire le circuit pro donc tu m’as parlé Ensemble. Tu serais au volant, et je serais ton copilote. Pourquoi pas ? Il y a un circuit Ă  un kilomĂštre, et il est trĂšs bien parait-il. Ce serait une expĂ©rience unique
Une façon de nous surpasser ensemble, tu ne crois pas ? RĂ©flĂ©chis-y, et si tu dis oui, on dĂ©crochera la lune et les Ă©toiles avec. Mais ensemble. »Oui, il fallait le laisser rĂ©flĂ©chir, et ainsi changer de sujet par rapport Ă  ce qui s’était passĂ© entre eux un peu plus tĂŽt. Lise finit de nouer la cravate blanche d’Aaron avant de saisir sa main et de l’emmener jusqu’au salon, oĂč son grand pĂšre les attendait avec trois cocktails d’un rouge vif, ornĂ©s d’une petite cerise, lĂ©gĂšrement alcoolisĂ©s. Amaury s’était aussitĂŽt avancĂ© pour serrer chaleureusement la main d’Aaron en les apercevant, avec le mĂȘme sourire franc que pouvait avoir Lise avec lui. Il semblait ravi que sa petite fille se soit enfin dĂ©cidĂ©e Ă  lui prĂ©senter un garçon
A croire qu’il prenait son rĂŽle de pĂšre par procuration » vraiment trĂšs au sĂ©rieux, Ă  en devenir vieux jeu d’un certain cĂŽtĂ©. Évidemment, Lise s’était empressĂ©e d’aller lui faire une grosse bise sur la joue, avant d’ajouter, la voix enjouĂ©e Bonsoir, grand pĂšre ! Alors, ce rendez-vous ? Spencer a Ă©tĂ© Ă  la hauteur de tes attentes, j’imagine ! » Absolument. C’est un homme qui a de la trempe, il en veut. C’est un plaisir que d’échanger avec lui. Tu es ravissante, ma chĂ©rie. Je ne comprends pas que ton pĂšre puisse dire que tu es transparente
Quel crĂ©tin. Je vous souhaite la bienvenue dans mon humble demeure, Aaron. Cela me fait penser que je connais un autre Cooper, mĂ©decin de mĂ©tier
Une tĂȘte de con, mais remarquable mĂ©decin. Son prĂ©nom m’échappe
Ah j’y suis ! Matthew. Sans doute aucun lien entre vous, mais c’est un nom connu dans notre mĂ©tier. D’ailleurs, Spencer m’a fait une description Ă©logieuse de vous. Selon lui, vous ĂȘtes un Ă©tudiant capable, brillant mĂȘme, mais vos doutes pĂšsent bien trop dans la balance. Vivez votre vie, jeune homme, ne vous prĂ©occupez pas de ce que les vieux croĂ»tons peuvent raconter. Si toutefois votre vocation reste dans la mĂ©decine, ma porte vous sera ouverte, soyez-en sĂ»r. »Amaury Delierre n’était pas du genre Ă  faire ce genre de proposition dans le vent. Si Aaron avait un jour besoin d’aide, alors sa porte serait effectivement ouverte, que ce soit pour une question d’étude ou pour tout Ă  fait autre chose. D’autant plus si Lise tenait Ă  lui, il comptait bien jouer son rĂŽle adorĂ© de papy gĂąteau complĂštement gaga de la chair de sa chair. Il tendit donc un cocktail Ă  Lise puis Ă  Aaron avant de trinquer avec eux. La demoiselle but une premiĂšre gorgĂ©e avant de sourire. C’était bon
cela lui embrumerait presque l’esprit, si toutefois elle Ă©tait prĂȘte Ă  en boire des litres
Mais il fallait qu’elle garde l’esprit clair. Grand pĂšre, je ne t’ai pas encore remerciĂ© pour avoir fait ce que tu as fais. Tu dois te dire qu’en plus d’ĂȘtre une gamine, je n’ai mĂȘme pas la reconnaissance du ventre. Mais tu sais, ta prĂ©sence est extrĂȘmement prĂ©cieuse Ă  mes yeux. » Balivernes, Lise. Je m’inquiĂ©tais pour toi et ta santĂ©. Le mannequina a manquĂ© de te tuer, je te rappelle
Et ce n’est pas James Hawkins qui prendrait soin de toi. J’ai fais ce que ta grand-mĂšre aurait fait si elle Ă©tait encore vivante. C’était un sacrĂ© bout de femme, ta grand-mĂšre ! Capable de soulever des montagnes, surtout si on ne le lui avait pas demandĂ©. A croire que tu as pris une partie de chaque femme de cette famille, Ă  commencer par ta mĂšre. Mais dites-moi Aaron, vous vouliez ma bĂ©nĂ©diction, n’est-ce pas ? Lise est une demoiselle hors pair, et je ne la cĂšderais pas pour tout l’or du monde jeune homme. »Changer de sujet pour ne surtout pas accabler Lise. Amaury Ă©tait d’un tact absolu pour un homme, et bien qu’il soit jeune pour ĂȘtre grand pĂšre, il n’aurait laissĂ© sa place pour rien au monde. Du haut de ses soixante cinq ans, l’expĂ©rience parlait allĂšgrement pour lui
MĂȘme si Lise ne pu s’empĂȘcher de rĂ©pliquer aussitĂŽt, gĂȘnĂ©e Aaron, te laisse pas impressionner surtout, avec grand pĂšre, il faut toujours prendre du recul parce qu’il est difficile de savoir quand il est sĂ©rieux et quand il plaisante
 » DĂ©tendez-vous, jeune homme ! Lise est assez grande pour savoir ce qu’elle fait. Du reste, c’est la premiĂšre fois qu’elle me prĂ©sente un damoiseau. Je commençais mĂȘme Ă  me dĂ©sespĂ©rer
Sam est fiancĂ©, mais Lise est une jeune fille mystĂ©rieuse, Ă  qui jamais personne Ă  part moi ne lui a clairement fait comprendre qu’elle Ă©tait importante. » Balivernes Papy ! C’est pas bien grave. On s’habitue Ă  tout, surtout Ă  la solitude. »Il est vrai que son grand pĂšre Ă©tait le seul Ă  lui avoir dit je t’aime » en ces termes. Sam avait toujours Ă©tĂ© discret, se contentant de la cĂąliner plus que de raisons, quant Ă  William, il distribuait des bisous jusqu’à plus soif, faisait des sous entendus, mais n’était jamais totalement franc non plus. A croire que Lise pouvait faire peur
Quant Ă  son pĂšre, Ă©tant donnĂ© qu’il la dĂ©testait, elle avait du mal Ă  l’imaginer en train de lui dire qu’il tenait Ă  elle. Sa mĂšre n’en avait pas eu le temps
Et elle ne voulait pas qu’Aaron se sente obligĂ© de faire quoi que ce soit, aussi, elle avait rapidement coupĂ© court. Amaury s’avança pour embrasser son front, avant d’inviter ces deux jeunes gens Ă  passer Ă  table. Au menu Merlot blanc pour la boisson, crabe dĂ©cortiquĂ© avec une purĂ©e maison. La bonne franquette
Lise Ă©tait toujours amusĂ©e de voir Ă  quel point son grand pĂšre gardait les traditions françaises pour lui. Tout en s'asseyant, souriante comme jamais, Lise ne pu s'empĂȘcher de contempler Aaron, l'espace de quelques secondes, avant de lui faire lĂ©gĂšrement du pied. Elle cessa rapidement, avant de lui faire un clin d'Ɠil discret, juste pour le titiller. La bonne franquette, hein ? C’a l’air dĂ©licieux ! » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Jeu 8 Juil - 1834 Certes l’instant magique venait d’ĂȘtre lamentablement brisĂ© mais en plus de ça, Aaron se sentait particuliĂšrement mal Ă  l’aise aux vues de la situation. Il faut dire que dĂ©jĂ  Ă  la base, il Ă©prouvait une certaine apprĂ©hension Ă  l’idĂ©e de rencontrer le grand-pĂšre de Lise, mais quoi de plus normal ? Outre le fait qu’Aaron admirait cet homme pour ses qualitĂ©s de mĂ©decin et ses nombreux travaux recherche tout simplement fascinants, il devait dĂ©sormais lui prouver qu’il Ă©tait digne de frĂ©quenter sa petite fille et qu’il n’avait pas l’intention de se comporter comme un crĂ©tin Ă  son Ă©gard. Ses sentiments Ă©taient nobles, sincĂšres et d’une remarquable intensitĂ©. Aaron ne souhaitait donc qu’une seule chose donner une bonne image de lui-mĂȘme et prouver qu’il Ă©tait digne de confiance. Toutefois, on a dĂ©jĂ  vu mieux comme entrĂ©e en matiĂšre et Aaron se sentit particuliĂšrement confus, voir carrĂ©ment mortifiĂ© au moment oĂč le cĂ©lĂšbre Amaury Delierre fit son apparition. Physiquement, il Ă©tait bien diffĂ©rent de l’image qu’Aaron s’était faite de lui
 il l’imaginait plus strict peut-ĂȘtre 
 et lĂ©gĂšrement plus ĂągĂ© Ă©galement. Quoi qu’il en soit, c’était Ă  la fois un honneur et un rĂ©el plaisir pour Aaron de faire sa connaissance. Fort heureusement, Lise le tira bien vite de cette situation embarrassante en lui prenant la main et en l’entraĂźnant jusque chez elle, le temps de se rhabiller. Le jeune homme se mit Ă  sourire avec ironie, il faut dire qu’il avait imaginĂ© que cette soirĂ©e se dĂ©roulerait autrement, qu’il aurait Ă  la fois le temps de dĂ©clarer ses sentiments Ă  Lise sans nulle crainte et de rencontrer son grand-pĂšre dans de bien meilleures conditions. Toutefois, l’homme semblait dotĂ© d’un certain sens de l’humour et visiblement, ne se formalisait pas pour si peu. Honte ? Tu plaisantes, je n’aurais jamais honte de toi. En revanche, le petit gringalet ne semblait pas vraiment Ă  son aise. Il faut dire que tu es
 divinement belle
 y’a largement de quoi se sentir troublĂ© en ta prĂ©sence. C’est l’assistant de ton grand-pĂšre, je me trompe ? »Toutefois, Lise sembla faire fi de sa question et se rapprocha dangereusement, instaurant de nouveau cette proximitĂ© particuliĂšrement troublante entre eux. Une fois n’est pas coutume, Aaron sentit son pouls s’affoler et ses sens s’embraser. Leurs lĂšvres n’étaient plus qu’à quelques millimĂštres, comme une douce provocation sauf que cette fois-ci, Aaron prĂ©fĂ©rait la laisser mener le jeu. Il savait qu’elle n’hĂ©siterait pas Ă  l’embrasser si l’envie se faisait trop intense et d’ailleurs, il cru durant un instant qu’ils allaient sauter le pas puisque les lĂšvres de la jeune femme frĂŽlĂšrent les siennes, lui donnant un avant goĂ»t du paradis. Les secondes semblaient passer au ralenti et les paupiĂšres closes, Aaron n’attendait qu’un petit signe de sa part pour passer Ă  l’action
 Oh frustration intense ! Voila que maintenant Lise se reculait, prĂ©textant ne pas vouloir le brusquer par peur qu’il ne l’abandonne. Cela ne faisait pas partie de ses intentions et Ă  dire vrai, c’était plutĂŽt lui qui avait peur d’aller un peu trop vite en besogne. Aaron ne tarda pas Ă  retrouver ses esprits et attira Lise tout contre lui afin de la cĂąliner tendrement. Elle n’avait aucune raison d’avoir peur, il n’avait pas l’intention de partir ou de l’abandonner, il tenait beaucoup trop Ă  elle pour ça. Peut-ĂȘtre que dans le fond, il ne fallait pas trop espĂ©rer pour l’instant, leurs sentiments n’en Ă©taient qu’à leurs balbutiements et il n’était pas utile de brusquer les choses. Durant un long moment, il garda la jeune femme dans ses bras, la serrant tendrement et dĂ©posant de temps Ă  autre un baiser sur son front ou sur le sommet de son crĂąne. Il ne voulait pas qu’elle ait le moindre doute concernant ses sentiments, aussi, Aaron tenait Ă  faire preuve de patience. Je n’ai pas l’intention de t’abandonner
 chaque seconde de ma vie est dĂ©sormais intimement liĂ©e Ă  la tienne. Comment veux-tu que je t’échappe dans de telles conditions ? Si je veux que tu oublies tout, c’est probablement parce que mes propres sentiments parviennent Ă  me surprendre
 c’est tellement intense
 tellement inhabituel. Mais tu n’as pas Ă  avoir peur Lizzie
 je serai toujours lĂ , quoi qu’il arrive. Aie confiance
 »Un nouveau baiser sur sa joue et Aaron la laissa s’éloigner en direction de la salle de bain pendant qu’il enfilait le fameux smoking prĂ©vu spĂ©cialement pour lui. Quelques minutes plus tard, Lise Ă©tait de retour, plus belle que jamais. Aaron le contempla durant quelques secondes, l’air totalement admiratif et visiblement sous le charme de cette divine apparition. D’ailleurs lorsqu’il reprit la parole, il manqua de justesse de passer pour un idiot en se mettant Ă  bafouiller. Tu es d’une beautĂ© Ă  couper le souffle. »Et comme un parfait petit couple, Aaron laissa la jeune femme venir nouer sa cravate tout en Ă©coutant sa proposition fort allĂ©chante. Cette idĂ©e de circuit Ă©tait vraiment fabuleuse et il faut bien le reconnaĂźtre, avait de quoi laisser rĂȘveur n’importe quel passionnĂ© de courses automobiles. Dans l’immĂ©diat, ce n’était pas tellement ça qui le rendait si souriant, mais plutĂŽt le fait que Lise lui propose de faire ça Ă  deux
 ensemble. Chaque instant passĂ© Ă  tes cĂŽtĂ©s est une expĂ©rience unique Ă  mes yeux. Mais je trouve ta proposition vraiment tentante, nous avons une passion commune alors autant en profiter. Cela dit et mĂȘme si cela me fait mal de l’admettre, tu es bien meilleure que moi quand il s’agit de piloter un de ces engins
 j’espĂšre avoir droit Ă  un entraĂźnement spĂ©cial avant le jour J
 »Aaron lui lança un petit clin d’Ɠil amusĂ© et charmeur Ă  la fois avant de s’observer dans le miroir, ravi d’ĂȘtre nettement plus prĂ©sentable qu’à l’arrivĂ©e du grand pĂšre de Lise. D’ailleurs, ils ne tardĂšrent pas Ă  rejoindre le cĂ©lĂšbre mĂ©decin dans le salon et Aaron lui serra la main chaleureusement, ne manquant pas de prĂ©ciser qu’il Ă©tait ravi de faire sa connaissance. Il faut dire qu’il Ă©tait un vrai modĂšle pour la plupart des Ă©tudiants en mĂ©decine qui Ă©tait sous la coupe de Spencer. Ce dernier ne cessait de parler d’Amaury Delierre, y faisant rĂ©fĂ©rence Ă  chacun de ses cours et leur conseillant vivement d’aller jeter un Ɠil Ă  tel ou tel article rĂ©digĂ© par le maĂźtre. Le mĂ©decin ne tarda pas Ă  Ă©voquer son rendez vous avec Spencer avant de faire remarquer qu’il connaissait un autre Cooper
 un certain Matthew, Ă©minent chirurgien. MĂȘme s’il tĂąchait de rien laisser paraĂźtre, Aaron se sentit soudainement crispĂ©. Le fait que Matthew soit traitĂ© de con ne sembla pas vraiment le surprendre puisqu’il Ă©tait Ă©galement de cet avis
 et encore, ce n’était pas exactement le mot qu’il aurait employĂ© pour dĂ©signer cette pourriture qui avait rĂ©ussi Ă  s’en sortir grĂące Ă  d’excellents avocats. Aaron ne l’avait pas revu depuis des annĂ©es mais sa rancƓur Ă©tait telle qu’il espĂ©rait que cela se produise un jour afin qu’il puisse prendre sa revanche. Naturellement, Amaury Delierre n’insista pas et Ă©voqua de nouveau Spencer qui visiblement, n’avait pas manquĂ© de parler de lui. Quand il entendit la proposition du mĂ©decin, Aaron dĂ©via le regard un court instant en direction de Lise avant de reporter son attention vers Amaury dont les paroles ne le laissaient pas indiffĂ©rent. Ce serait un immense honneur monsieur, je vous remercie. Je dois admettre que c’est assez dĂ©routant pour moi de me trouver face Ă  l’un des plus grands neurochirurgiens d’Europe. Vous savez, Spencer ne manque jamais une occasion de venter vos exploits, il nous a tellement parlĂ© de vous que j’ai l’impression de vous connaĂźtre depuis toujours. Enfin, si je puis me permettre. »Il est vrai qu’Aaron avait entendu du Delierre par ci, Delierre par lĂ  durant des mois et des semaines jusqu’au jour oĂč il avait eu la curiositĂ© de faire quelques recherches et il s’était tout bonnement fascinĂ© pour les travaux du mĂ©decin. La neurochirurgie n’était pourtant pas ce qui l’intĂ©ressait le plus mais il se devait d’admettre que les Ă©crits du grand pĂšre de Lise Ă©taient passionnants. Le jeune homme ne tarda pas Ă  boire une gorgĂ©e tout en assistant Ă  l’échange entre Lise et son grand pĂšre. Comme quoi, sa famille n’était pas si terrible que ça, bien au contraire. Aaron aurait vraiment payĂ© cher pour avoir un grand pĂšre avec qui il aurait une telle complicitĂ© !! L’homme Ă©tait vraiment bourrĂ© d’humour et il le prouva une nouvelle fois en demandant Ă  Aaron s’il attendait sa bĂ©nĂ©diction, auquel cas il ne fallait pas trop y compter. Et sachez que je vous comprends parfaitement monsieur. Lise est de loin la jeune femme la plus extraordinaire qu’il m’ait Ă©tĂ© donnĂ© de rencontrer. Elle me surprend de jour en jour. »Aaron ne pu rĂ©primer un nouveau sourire avant de voir Lise, passablement gĂȘnĂ©e intervenir afin de lui demander de ne pas se laisser impressionner. Ce n’était pas vraiment le cas, en fait Aaron Ă©tait plutĂŽt amusĂ© par la situation et avait dĂ©jĂ  oubliĂ© l’incident dans la cuisine tant Amaury avait l’art et la maniĂšre de mettre ses convives Ă  l’aise. Tandis qu’ils se dirigeaient vers la table, merveilleusement bien dressĂ©e pour l’occasion, Aaron se rapprocha de Lise avant de parler Ă  mi-voix, pour la taquiner et lui faire comprendre qu’un Ă©lĂ©ment important ne lui avait pas Ă©chappĂ©. Le premier,hum ? Dois-je comprendre que vous m’accordez une place spĂ©ciale mademoiselle Hawkins ? »C’est fou ce qu’il avait envie de l’embrasser !! Il n’avait encore jamais Ă©prouvĂ© tant de dĂ©sir. Le sourire d’Aaron s’accentua davantage avant qu’il ne prenne place Ă  table et qu’il sente le pied de la jeune femme. Il lui jeta un lĂ©ger coup d’Ɠil complice avant de rĂ©pondre Ă  ses propos en n’oubliant pas d’y ajouter un lĂ©ger sous entendu
 DĂ©licieux, c’est exactement le terme que j’aurais employé  »Il esquissa un nouveau sourire, charmeur et typiquement digne de lui avant de se concentrer de nouveau sur le grand pĂšre de Lise, car en toute sincĂ©ritĂ©, il avait envie d’en apprendre davantage sur cet homme fabuleux. J’ai cru comprendre que vous allier venir donner quelques confĂ©rences Ă  l’UniversitĂ© ? J’imagine que Spencer a eu du mal Ă  rĂ©aliser que ce n’était pas une plaisanterie. Il a l’air de beaucoup vous apprĂ©cier et je comprends mieux pourquoi dĂ©sormais. A tort, j’ai toujours eu une image
 pĂ©jorative des mĂ©decins
 sans doute parce que je n’en garde pas un trĂšs bon souvenir
 Spencer a su me faire changer d’avis, c’est un homme remarquable et au-delĂ  de l’homme de science se cache Ă  la fois un Ă©minent pĂ©dagogue et une gĂ©nĂ©rositĂ© absolue. Vous comptez rester Ă  San Francisco dĂ©sormais ?»Tandis qu'il parlait, sa main Ă©tait allĂ©e chercher celle de Lise en tout discrĂ©tion. A croire qu'il ne pouvait pas se passer de ce contact charnel. Il la caressa du bout des doigts avant d'entrelacer leurs mains et de la serrer doucement, par peur qu'elle ne lui Ă©chappe... InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Jeu 8 Juil - 1916 Amaury semblait visiblement intĂ©ressĂ© par l’intermĂšde donnĂ© par ce charmant petit couple. A croire qu’il avait l’impression de retrouver Spencer dans la peau d’Aaron, la premiĂšre fois qu’Anne le lui avait prĂ©sentĂ©. Sans doute la situation n’était-elle pas si diffĂ©rente que cela, en fin de compte. Lise ressemblait Ă©normĂ©ment Ă  sa mĂšre, et quelque part, Aaron avait certains cĂŽtĂ©s en commun avec Spencer, bien qu’ils fussent trĂšs diffĂ©rents fondamentalement. Et Lise, de son cĂŽtĂ©, ne pouvait s’empĂȘcher de boire les paroles de son grand pĂšre, qui savait toujours capturer l’attention de son interlocuteur avec un brio qui n’était digne que de lui. Il n’existait pas un Ă©tudiant inattentif Ă  ses dires en ce monde, car il savait remarquer facilement les traits de caractĂšre des uns et des autres. C’était un homme observateur, ouvert d’esprit qui n’hĂ©sitait pas Ă  se mettre Ă  la hauteur de la personne avec qui il Ă©changeait. Certes, il n’était pas un homme parfait, et bien souvent il avait déçu sa formidable Ă©pouse, mais il Ă©tait ravi de pouvoir clamer qu’il avait fait un mariage d’amour. Sa famille Ă©tant remarquablement riche et connue, il aurait trĂšs bien pu Ă©pouser une riche hĂ©ritiĂšre afin de maintenir le quand dira-t-on. Mais il avait choisi pour ainsi dire une roturiĂšre
Marie, sa femme, avait bouleversĂ© tous ses sens Ă  l’instant mĂȘme oĂč elle l’avait invitĂ© Ă  danser Ă  ce bal oĂč il ne voulait pourtant pas se montrer. Lise avait entendu cette histoire des dizaines et des dizaines de fois, peut-ĂȘtre mĂȘme encore plus depuis que sa grand-mĂšre avait quittĂ© cette terre. Et parfois, elle se demandait comment il pouvait supporter sa solitude
Sans doute parce qu’il Ă©tait entourĂ© de sa fille HĂ©lĂšne, qui vivait dans la mĂȘme demeure que lui Ă  Paris, avec son fils Adam, le cousin de Lizzie. Mais Amaury avait sans doute peur d’ĂȘtre distrait des souvenirs qu’il conservait de sa dĂ©funte Ă©pouse, et c’était pour cela qu’il ne souhaitait aucune autre compagnie fĂ©minine de son Ăąge. Il se contentait d’aider la jeunesse Ă  avancer, et trouvait en Lise un nouveau chemin de croix qui donnerait un sens Ă  sa vie. C’était bien cela, l’ultime quĂȘte de tout ĂȘtre humain
Trouver un sens Ă  sa vie. Par le biais d’autres personnes, de passions ou vocations. Amaury Delierre en Ă©tait l’exacte dĂ©monstration. Jeune homme, les mĂ©decins sont avant tous des ĂȘtres humains
Faibles, faillibles, emplis de dĂ©fauts ! Mais il existe des exceptions, comme Spencer notamment. Cet homme a ce que l’on appelle le feu sacrĂ©, se montrant capable de passionner une foule d’étudiants sur des sujets ne prĂȘtant pas Ă  rire, bien au contraire. Je me souviendrais toujours le jour oĂč la mĂšre de Lise me l’avait prĂ©sentĂ©. C’était Ă  la fin de leur derniĂšre annĂ©e de lycĂ©e, il souhaitait inviter Anne au bal. Il a appris le français, s’est mis sur son trente et un et a demandĂ© un entretien personnel avec moi, Ă  mon cabinet. J’étais Ă©poustouflĂ©. Et bien des annĂ©es aprĂšs, il revient toujours me voir comme un jeune Ă©tudiant en mal de conseils. C’est un peu mon premier disciple, en vĂ©ritĂ©. »Lise n’était pas intervenue pour l’instant, se contentant de manger d’une main, et de serrer celle d’Aaron de l’autre. Comme si elle pouvait rompre un quelconque charme entre son grand pĂšre et le jeune homme, elle prĂ©fĂ©rait largement ne pas intervenir. Il Ă©tait toujours temps de garder ses commentaires pour plus tard. J’ai achetĂ© cette maison et je compte bien rester aussi longtemps que je vivrais. San Francisco est une ville fabuleuse, et de toute Ă©vidence, on a besoin de moi ici
Que ce soit pour passionner ces petits jeunes en mal de rĂ©ponses, ou ma propre petite fille. Je ne voudrais surtout pas que James puisse t’obliger Ă  retourner Ă  New York. Il est peut-ĂȘtre l’éminent scientifique Hawkins, mais aussi vrai que je suis français, j’ai de la dĂ©fense. J’ai pris mon premier poing dans la figure Ă  sept ans, aprĂšs tout ! » Je t’ai battu, grand pĂšre
PremiĂšre bagarre A cinq ans avec William ! On se dĂ©testait, au dĂ©part. Et au final, des petits on voulu nous volĂ© et on a cognĂ© Ă  coups de cartables. Comme quoi, mĂȘme la violence est de famille
 »Lise n’avait pas commentĂ© le fait que son grand pĂšre veuille la protĂ©ger de son gĂ©niteur
Elle le savait dĂ©jĂ  et ils avaient eu une longue conversation lĂ -dessus. Elle ne savait pas encore que son grand pĂšre adorĂ© comptait rĂ©clamer sa garde aux yeux de la justice, mais tout viendrait en temps et en heure. Pour l’instant, Amaury constatait qu’elle s’était trĂšs bien faite Ă  cette maison, et qu’elle semblait bien plus Ă©quilibrĂ©e qu’elle ne l’avait jamais Ă©tĂ©. C’était l’important, en somme. Je risque de m’absenter de temps en temps pour des confĂ©rences françaises, mais je ferais en sorte que mon assistant garde un Ɠil sur cette maison. Par consĂ©quent, Lise ne sera jamais seule, et quant Ă  vous, n’hĂ©sitez pas Ă  venir me parler de vos doutes, quels qu’ils soient. La mĂ©decine est une vocation, et qui mieux qu’un vieux croĂ»ton tel que moi pourrait en parler ? Ah, si mon Ă©pouse Ă©tait lĂ  elle dirait presque que la mĂ©decine lui a volĂ© son mari ! Mais la mĂ©decine sauve. C’est cela que vous devez garder Ă  l’esprit, jeune monsieur Cooper. »Amaury afficha un sourire franc juste avant que le tĂ©lĂ©phone fixe ne sonne. Évidemment, Lise s’apprĂȘtait Ă  se lever, mais son grand pĂšre la devança en lui disant qu’elle pouvait rester assise pour profiter d’Aaron. Pour un peu, la demoiselle aurait espĂ©rĂ© que rien ne vienne troubler cette rencontre qu’elle trouvait diablement agrĂ©able. Cette ambiance presque bon enfant, elle ne l’avait pas connue si souvent, aprĂšs tout
Et tandis qu’ils se retrouvaient seuls dans la salle Ă  manger, Lise bu une gorgĂ©e de vin avant de briser dĂ©licatement le silence en adoptant une voix douce et mystĂ©rieuse Bien sĂ»r que tu as une place spĂ©ciale, Aaron Cooper
Jamais mon grand pĂšre n’aurait Ă©tĂ© aussi accueillant si je ne lui avais pas avouĂ© Ă  quel point tu es spĂ©cial Ă  mes yeux. Tu ne sais pas quel point tu comptes pour toi
Et Ă  quel point personne d’autre ne comptera jamais de cette façon dans ma vie. »Lise avait presque cessĂ© de sourire pour lui donner un regard tendre Ă  la place. Elle caressa dĂ©licatement sa joue, dĂ©viant vers sa nuque qu’elle massa quelques instants, avant que son grand pĂšre ne fasse Ă  nouveau son apparition dans la piĂšce. Malheureusement, il s’excusa auprĂšs du petit couple, mais une urgence mĂ©dicale nĂ©cessitait sa prĂ©sence expresse Ă  l’hĂŽpital principal de la ville. Il s’avança donc vers Aaron pour lui serrer Ă  nouveau la main, lui promettant qu’ils finiraient cette charmante soirĂ©e trĂšs bientĂŽt. Il prit ensuite congĂ© en embrassant sa petite fille, les laissant tous seuls pour le restant de la soirĂ©e et probablement de la nuit. Lise aurait presque Ă©tĂ© déçue qu’il parte aussi vite, mĂȘme si elle devait bien avouer que la prĂ©sence du jeune homme lui avait toujours suffit. Elle finirait par rĂ©ussir Ă  obtenir une soirĂ©e entiĂšre avec son grand pĂšre, rien n’était perdu
Mais pour l’heure, elle ne pu s’empĂȘcher de rire. C’était cocasse comme les imprĂ©vus s’enchaĂźnaient, dĂšs qu’ils se trouvaient ensemble. On ne s’ennuie jamais dans la famille
Faudra t’y habituer, je crois que j’ai ça dans le sang, c’est hĂ©rĂ©ditaire. »Mais Lise ne trouvait pas cela dommage, bien au contraire. Cela l’empĂȘchait d’avoir une vie trop fade
Et par le passĂ©, c’était sĂ»rement cela qui l’avait empĂȘchĂ©e de se foutre en l’air, d’ailleurs. A cette pensĂ©e, la demoiselle ne pu s’empĂȘcher de se lever pour aller se placer sur les genoux d’Aaron, plaçant doucement sa tĂȘte au creux de son cou, oĂč elle appuya doucement ses lĂšvres. Elle ne pouvait pas supporter l’absence de contact entre eux, c’était impossible. Et se bercer grĂące aux battements de son cƓur Ă©tait Ă  la fois reposant et synonyme de paix totale pour elle. Il n’avait pas idĂ©e Ă  quel point sa prĂ©sence Ă©tait apaisante pour elle. Pour en revenir Ă  ce que tu disais tout Ă  l’heure
Je ne veux pas oublier, ni mĂȘme me faire sourde. Alors ne dis rien si tu n’en ressens pas l’envie. Reste juste avec moi, cela me suffit. Je n’ai rien besoin d’autre. »C’était la pure vĂ©ritĂ©. La preuve en Ă©tait, Lise fermait dĂ©jĂ  les yeux, confortablement installĂ© tout contre Aaron. Cela Ă©tant, la position n’était pas vraiment confortable. Elle ne pu donc s’empĂȘcher de se relever et de reprendre ses mains pour l’emmener une fois encore dans son petit environnement personnel. Elle referma la porte fenĂȘtre derriĂšre eux, et alluma une seule lampe de chevet pour crĂ©er une petite lumiĂšre tamisĂ©e. A partir de ce moment lĂ , elle ne pu s’empĂȘcher d’enlever la veste de costume des Ă©paules d’Aaron, ainsi que sa cravate, pour finir par dĂ©boutonner deux boutons de sa chemise. Juste pour qu’il n’ait pas l’impression d’étouffer. Quant Ă  elle, elle venait d’îter ses chaussures avant de plonger ses beaux yeux dans l’ocĂ©an de ceux d’Aaron. Ce contact visuel Ă©tait si troublant qu’elle poussa lĂ©gĂšrement le jeune homme en exerçant une pression d’une seule main sur son torse, avant de le faire s’allonger sur son lit et de se placer sur lui, continuant de l’observer sans esquisser de sourire. Elle caressa doucement sa joue, se torturant elle-mĂȘme en hĂ©sitant ainsi Ă  prendre enfin possession de ses lĂšvres. Lise ne pouvait pas s’empĂȘcher d’avoir peur
Peur qu’il ne s’échappe si jamais elle brusquait la situation qui Ă©tait par ailleurs purement extraordinaire. Elle se contenta donc de dĂ©poser un baiser juste Ă  la limite de ses lĂšvres avant de prendre place Ă  cĂŽtĂ© de lui, tournant son visage dĂ©licatement pour qu’ils puissent s’observer en chien de faĂŻence. Il n’y avait pas besoin de paroles
Ou alors juste les essentielles. Je t’aime
 »Lise avait murmurĂ© cette ultime dĂ©claration pour qu’Aaron soit le seul Ă  l’entendre. Elle s’était ensuite rapprochĂ©e et blottie dans ses bras, fermant les yeux tout en s’enivrant complĂštement de son odeur. Elle aurait pu rester un siĂšcle ainsi, en vĂ©ritĂ©, ça ne l’aurait pas dĂ©rangĂ©e. Elle aurait mĂȘme pu mourir tout de suite dans ses bras, elle serait partie en paix d’avoir pu aimer autant une personne une fois dans sa vie. Et sur ces belles pensĂ©es, la demoiselle s’endormit. Pour la premiĂšre fois depuis ses douze ans, elle avait rĂ©ussi Ă  trouver le sommeil avec une facilitĂ© dĂ©concertante. Mais Ă  peine sa respiration Ă©tait-elle devenue plus calme, plus lente que son corps se mettait dĂ©jĂ  Ă  trembler violemment. Elle se crispait presque sur elle-mĂȘme, comme si elle ressemblait une souffrance quelconque. Au final, elle poussa un cri mĂȘlĂ© Ă  un grognement, avec une virulence qui Ă©tait on ne peut plus dĂ©routante. NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!! Du SANG ! ARRÊTEZ ! »Lise s’était levĂ©e brusquement, en sueur, toute tremblante qu’elle Ă©tait aprĂšs ce cauchemar habituel. Le meurtre de sa mĂšre
Toute sa vie, elle serait sĂ»rement pourchassĂ©e, au point de ne plus savoir oĂč elle se trouvait, alors qu’elle Ă©tait simplement assise sur son lit, les larmes au bord des yeux. InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Lun 12 Juil - 313 Aaron qui redoutait tant cette premiĂšre rencontre familiale fut particuliĂšrement surpris de constater qu' en plus d'ĂȘtre l'un si ce n'est LE! des plus grands mĂ©decins de son temps, Amaury Ă©tait un homme avec des valeurs simples, d'une grande gentillesse et dĂŽtĂ© d'un sens de l'humour hors du commun. En somme, il Ă©tait l'homme qu'Aaron aurait aimĂ© avoir pour modĂšle et d'un sens, on peut mĂȘme dire que quelque part, il enviait Lise d'avoir un grand-pĂšre comme lui. Famille Ă©tait un mot que le jeune homme ne connaissait pas et pour une premiĂšre expĂ©rience, il se devait de reconnaĂźtre que c'Ă©tait plutĂŽt rĂ©ussi. D'ailleurs, Aaron ne pu cacher sa dĂ©ception au moment oĂč Amaury les abandonna Ă  cause d'une urgence. Cela dit, c'Ă©tait le lot de chaque mĂ©decin et Aaron se faisait dĂ©jĂ  une vague idĂ©e de ce Ă  quoi ressemblerait sa vie s'il venait Ă  concrĂ©tiser ses rĂȘves. Il savait que ce mĂ©tier demandait de nombreux sacrifices, y compris de renoncer Ă  un crabe plus que dĂ©licieux pour se rendre au chevet de ses patients !! Aussi brĂšve que fut cette soirĂ©e, le jeune homme n'Ă©tait donc pas prĂȘt d'oublier cette rencontre incroyable et d'ailleurs, il ne manqua pas de faire savoir au grand-pĂšre de Lise qu'il attendait avec impatience d'avoir l'occasion de parler mĂ©decine en sa compagnie. Il y avait tellement de choses qu'il souhaitait apprendre ! Cet homme Ă©tait un puit intarissable dans son domaine si on s'en tenait aux propos de Spencer. DĂ©sormais, Aaron comprenait mieux pourquoi le professeur s'Ă©tait tellement attachĂ© au neurochirurgien... De retour chez Lise, Aaron se sentit de nouveau faire preuve d'une gaucherie exemplaire. D'ordinaire, il n'hĂ©sitait pas Ă  sortir son grand jeu de sĂ©ducteur mais avec Lise, il n'Ă©prouvait pas cette envie. Le jeune homme tenait Ă  jouer la carte de la sincĂ©ritĂ©, comme si pour la premiĂšre fois de sa vie, il ne doutait pas quant Ă  la suite des Ă©vĂšnements. MĂȘme si ses propres sentiments Ă©taient relativement nouveaux, il ne doutait ni de leur intensitĂ© ni de leur vĂ©racitĂ©. Il voulait que tout soit parfait et jusqu'Ă  prĂ©sent, ça l'Ă©tait. Lorsqu'il se retrouva allongĂ© prĂšs de Lise, le jeune homme se sentit soudainement envahi par une onde de bien ĂȘtre, de plaisir et de dĂ©sir. Au cours de cette journĂ©e, Lise venait de lui prouver une fois encore qu'elle Ă©tait une jeune femme extraordinaire et Aaron n'osait mĂȘme pas imaginer le nombre de prĂ©tendants qui devaient se prĂ©senter chaque jour devant elle. A propos, si Lloyd avait eu l'occasion de les voir ainsi Ă©tendus sur le lit, il aurait probablement succombĂ© Ă  un arrĂȘt cardiaque. Toutefois, les pensĂ©es d'Aaron Ă©taient exclusivement dirigĂ©es vers Lise dont le parfum lĂ©ger et enivrant venait chatouiller ses narines et aiguiser ses sens. DĂ©licatement, il caressa sa peau de velours, dĂ©taillant chacun de ses traits et chaucne de ses courbes afin d'ĂȘtre certain de ne jamais les oublier. Lise Ă©tait d'une beautĂ© incroyable, attirante et sensuelle Ă  souhait. Personne ne pouvait dĂ©cemment rester de marbre lorsqu'elle se trouvait dans les parages. Du bout des doigts, il frĂŽla ses lĂšvres dont il rĂȘvait de connaĂźtre le goĂ»t... probablement sucrĂ© et inoubliable. L'embrasser Ă©tait devenu une vĂ©ritable obsession... Il le dĂ©sirait plus violemment que tout ce qu'il avait jamais dĂ©sirĂ© dans sa vie. Lise reprĂ©sentait une vĂ©ritable tentation Ă  elle seule et la sentir si prĂšs de lui, si fragile, Ă©tait en soi une vĂ©ritable torture. C'est alors qu'un Ă©clair de plaisir le foudroya, comme si le son de la voix de Lise Ă©tait la plus belle chose qu'il ait entendu de son existence. Son je t'aime », douce mĂ©lodie inattendue raisonnait encore et toujours dans son esprit. Elle venait de prononcer des paroles magiques comme s'il s'agissait de la clĂ© permettant d'accĂ©der au plus profond de son coeur et de son Ăąme. Avait-il rĂ©ellement compris ce qu'elle venait de dire ? Il aurait aimĂ© se pincer pour en ĂȘtre certain mais ce n'Ă©tait pas le moment de rĂ©flĂ©chir, pas maintenant. Aaron sentit une nouvelle onde de bonheur l'envahir au moment oĂč la jeune femme vint se blottir davantage dans ses bras. Cette sensation Ă©tait divine, exquise mĂȘme et il aurait pu rester ainsi jusqu'Ă  la fin des temps, ça ne l'aurait pas dĂ©rangĂ© le moins du monde. Que pouvait-il rĂ©pondre Ă  cela, lui qui n'Ă©tait pas douĂ© pour exprimer ses sentiments ? Rien. Pourtant, Lise n'aurait aucun mal Ă  dĂ©celer le trouble qu'elle venait de crĂ©er en lui et vu leur proximitĂ©, elle avait certaine dĂ©jĂ  remarquĂ© les battements effrĂ©nĂ©s du coeur de son futur amant. DĂ©licatement, Aaron caressa son Ă©paule puis son bras, d'un geste tendre et qui se voulait bienveillant et ce, jusqu'Ă  ce que Lise s'endorme. De son cĂŽtĂ© et malgrĂ© la fatigue, Aaron n'avait pas envie de fermer les yeux, sans doute par peur que la jeune femme ne s'Ă©vapore soudainement. Sans compter qu'il aurait pu passer des heures entiĂšres Ă  la regarder dormir... Aaron avait beau connaĂźtre l'incroyable force de caractĂšre de Lise, il n'en restait pas moins diablement surpris de constater Ă  quel point elle paraissait fragile lorsqu'elle Ă©tait dans ses bras. Etait-il nĂ©cessaire d'admettre de vive voix qu'elle Ă©tait dĂ©sormais ce qu'il avait de plus prĂ©cieux au monde? Aaron ne souhaitait qu'une chose Ă  prĂ©sent faire son bonheur, l'aimer Ă  en perdre l'esprit et pourquoi pas, rĂȘver d'un avenir Ă  deux. Leur relation qui finalement, n'en Ă©tait pas encore une, Ă©tait dĂ©jĂ  d'une remarquable intensitĂ©. Aaron n'avait jamais ressenti ça de toute sa vie et espĂ©rait du fond du coeur que cette sensation ne s'arrĂȘte jamais. Petit Ă  petit, le jeune homme ferma les yeux, se laissant gagner par une plĂ©nitude incroyable... les paupiĂšres closes, il revivait inlassablement les Ă©vĂšnements de la soirĂ©e, songeant Ă  toutes les belles paroles de la jeune femme ainsi qu'Ă  son troublant je t'aime »... Je t'aime aussi... cette pensĂ©e prĂ©valait sur toutes les autres mais encore, fallait-il qu'il trouve le courage de le lui dire enfin. C'est alors qu'un cri le sortit de ses rĂȘveries, Aaron sentit son pouls s'accĂ©lĂ©rer et le jeune homme ne tarda pas Ă  se redresser Ă  son tour, posant ses mains sur les Ă©paules de Lise et l'enlaçant tendrement par derriĂšre afin qu'elle retrouve son calme. Lise !! Calme toi mon ange.... c'est rien. Qu'est-ce qui se passe, tu as fait un cauchemar ? Calme toi, ça va aller...respire doucement. »Aaron comprit que c'Ă©tait sĂ©rieux lorsqu'il sentit que la jeune femme tremblait et qu'il constata qu'elle Ă©tait en sueur. De toute Ă©vidence, il s'agissait d'un mauvais rĂȘve mais il fallait qu'il soit sacrĂ©ment rĂ©aliste pour la mettre dans un tel Ă©tat !! Afin qu'elle retrouve son calme, le jeune homme la berça doucement avant de dĂ©poser un baiser sur sa joue et de se rendre compte qu'elle Ă©tait brĂ»lante. AussitĂŽt, il posa sa main sur le front de la jeune femme constatant que Lise Ă©tait fiĂ©vreuse ce qui expliquait naturellement le paradoxe entre sa peau brĂ»lante et le fait qu'elle tremble de froid... ou de peur.... des deux peut-ĂȘtre ? Tu es brĂ»lante de fiĂšvre, tu ne peux pas rester comme ça. Je vais m'occuper de toi... »En attendant, Aaron prit la veste de smoking qui Ă©tait posĂ©e un peu plus loin et la plaça sur les Ă©paules de Lise afin qu'elle n'ait pas froid le temps qu'il s'occupe de sa fiĂšvre. Le jeune homme l'abandonna un court instant, juste le temps d'aller faire un tour dans la salle de bain, Ă  la recherche d'une armoire Ă  pharmacie et d'un mĂ©dicament appropriĂ©. Au retour, il fit un arrĂȘt par le rĂ©figĂ©rateur afin de lui servir un verre d'eau trĂšs fraĂźche afin d'aider Ă  faire tomber la fiĂšvre. Aaron s'installa de nouveau sur le lit et tendit Ă  Lise un cachet ainsi que le verre d'eau. Avale ça, tu devrais te sentir beaucoup mieux d'ici une vingtaine de minutes. »Aaron l'incita Ă  finir le verre d'eau et le lui reprit des mains pour le poser prĂšs d'eux afin que Lise n'ai pas Ă  faire cet effort. Avec dĂ©licatesse, il retira la veste de ses Ă©paules et aida Lise Ă  s'allonger sous les couvertures avant de s'y glisser Ă  son tour, se collant tout contre elle avant de lui faire partager la chaleur qui Ă©manait de son corps. Pour Aaron, c'Ă©tait mĂȘme une vĂ©ritable fournaise. Sans compter que c'Ă©tait relativement troublant de se trouver une fois de plus aussi proche de la jeune femme. Cette proximitĂ© aidant, il dĂ©posa un baiser sur le bout de son nez avant de remettre ses longs cheveux en arriĂšre d'un geste tendre. AprĂšs un court instant de silence, le jeune homme esquissa un sourire et reprit enfin la parole. Au moins on pourra dire que notre premiĂšre nuit passĂ©e ensemble fut mouvementĂ©e et... brĂ»lante. Ca ne m'Ă©tonne pas que tu dormes si peu finalement. Si toutes tes nuits ressemblent Ă  celle-ci... Est-ce que ça va mieux ? Je ne comprends pas, tu Ă©tais pourtant en pleine forme tout Ă  l'heure. Tu as peut-ĂȘtre attrapĂ©e quelque chose... en rĂ©alitĂ©, c'est le fait que tu sois fiĂ©vreuse qui m'inquiĂšte. »Mais d'un autre cĂŽtĂ©, c'est aussi ce qui lui permettait de jouer les mĂ©decins bienveillants auprĂšs d'une ravissante patiente, n'est-ce pas ? Cette pensĂ©e lĂ  ne lui traversa mĂȘme pas l'esprit en rĂ©alitĂ©, il Ă©tait bien trop prĂ©occupĂ© Ă  ce que Lise se sente mieux. Bien entendu, Aaron n'imaginait pas un seul instant qu'il avait vu juste en prĂ©tendant que toutes les nuits de la jeune femme ressemblaient Ă  celle-ci. Et ce cauchemar ? Tu souhaites en parler ? Quand j'ai de la fiĂšvre, j'ai plutĂŽt tendance Ă  dĂ©lirer moi aussi mais ça, je pense que c'est le lot de chacun. Tu as parlĂ©... de sang me semble-t-il... j'espĂ©rais que ma prĂ©sence t'inspirerait des rĂȘves plus 
 agrĂ©ables. »Aaron esquissa un nouveau sourire avant de tirer davantage la couverture afin que Lise n'ait pas froid. De toute maniĂšre, le cachet ne tarderait pas Ă  faire effet et elle se sentirait rapidement mieux. Sa main caressa la joue de la jeune femme, comme si elle risquait de se briser d'un instant Ă  l'autre. InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Lun 12 Juil - 1122 Heureusement que les mains rassurantes d’Aaron se posĂšrent aussitĂŽt sur les Ă©paules de Lise, sans quoi, elle serait restĂ©e dans un Ă©tat de nervositĂ© intense pendant un bon moment encore. Elle n’avait jamais voulu lui cacher cela, mais le fait qu’elle ne dorme pratiquement jamais Ă©tait le rĂ©sultat de ces cauchemars incessants. Aaron n’avait pas idĂ©e Ă  quel point son propre passĂ© pouvait la hanter au point de la tĂ©taniser littĂ©ralement. Et alors qu’elle Ă©tait assise sur le lit, elle repensait Ă  tout ce qu’elle venait de voir dĂ©filer dans son esprit, et qui n’était fondamentalement que ses souvenirs vĂ©ritables remontant Ă  la surface. Elle y voyait le visage de sa mĂšre devenant de plus en plus figĂ©, le sang s’éclabousser sur elle, encore petite fille, pour finalement contempler le corps froid et sans vie de sa gĂ©nitrice. Parfois, elle entendait Ă©galement ses derniĂšres paroles, et son cauchemar ne se finissait que lorsqu’Anne Delierre avait fini de caresser une derniĂšre fois le visage de Lise. Cette fois, la demoiselle n’avait pas supportĂ© la vision de tout ce sang
C’était une vĂ©ritable hantise pour elle. A chaque fois qu’elle voyait la moindre goutte d’hĂ©moglobine, elle Ă©tait au bord de l’évanouissement
Comme si ce dĂ©sastreux jour, s’étant produit peu aprĂšs l’anniversaire de ses douze ans, rythmait sa vie depuis lors. Mais expliquer tout ceci Ă  Aaron, qui semblait dĂ©jĂ  se faire un sang d’encre Ă  cause de sa fiĂšvre, n’était pas plus aisĂ© que cela. Lise n’était pas prĂȘte Ă  se livrer lĂ -dessus
C’était trop dur, sĂ»rement trop tĂŽt, sans compter qu’elle n’avait aucune idĂ©e de la force des sentiments du jeune homme Ă  son Ă©gard. Pour l’instant, s’il s’était dĂ©clarĂ©, le je t’aime » restait sous entendu
C’était idiot de penser ainsi, surtout qu’une large part d’elle Ă©tait persuadĂ©e qu’il ressentait ses propres sentiments avec la mĂȘme ardeur. Mais c’était Ă©galement plus fort qu’elle, il ne fallait pas qu’elle sorte toutes ses cartes trop vite, de peur de le perdre Ă  jamais. S’il connaissait sa situation familiale, le comportement de son pĂšre Ă  son Ă©gard, comment pourrait-il dĂ©cemment rĂ©agir ? Lise avait dĂ©jĂ  eu l’occasion de cĂŽtoyer le caractĂšre sanguin d’Aaron, et autant dire qu’elle redoutait plus que tout qu’il ne rencontre l’éminent James Hawkins
Son pĂšre Ă©tait le contraire absolu d’Amaury Delierre. Il n’avait rien de sympathique, pas mĂȘme ce charisme dĂ©bordant qui avait fait de lui un homme si puissant. Et, par-dessus le marchĂ©, Lise n’avait rien en commun avec lui. Elle lui ressemblait bien entendu, aussi bien physiquement que mentalement, mais ils n’avaient jamais rien partagĂ© de formidable Ă  ce jour, et cela n’allait pas changer maintenant que James rendait Lise responsable de la mort de son Ă©pouse bien aimĂ©e. Lise joua donc la carte de la docilitĂ© pour l’instant, buvant l’intĂ©gralitĂ© du verre d’eau gentiment proposĂ© par Aaron, avant de se blottir dans ses bras. DĂ©licieuse sensation, qui lui donnait un avant goĂ»t de paradis
Mais il ne fallait pas qu’elle se dĂ©tende trop, au risque de voir la situation prĂ©cĂ©dente se renouveler inlassablement. C’était presque horrible d’ĂȘtre autant en confiance avec une personne
Il aurait pu lui demander n’importe quoi, sans doute se serait-elle livrĂ©e dans une certaine mesure. Il n’avait pas idĂ©e Ă  quel point elle Ă©tait totalement sans dĂ©fense en sa prĂ©sence. C’était dĂ©routant, presque effrayant mĂȘme. Ca va, c’est rien t’inquiĂštes pas. Mes nuits sont toujours comme ça depuis que j’ai douze ans. Si je dors jamais, c’est bien pour quelque chose. Tu sais, quand j’ai dormi chez toi la derniĂšre fois, j’ai rĂ©ussi Ă  feindre d’avoir dormi, mais en vĂ©ritĂ©, je n’ai pas fermĂ© l’Ɠil une seconde. Sans doute parce que je voulais pas que tu me voies comme ça, si faible, si laide. Je dĂ©teste me retrouver dans pareil situation de faiblesse. Pour ça que j’invite jamais personne
Tu peux t’estimer chanceux ! Mais ça va aller, c’est rien. D’ici une heure, j’vais bondir comme une gazelle Ă  nouveau, faut juste que je dorme pas. »Effectivement, la fiertĂ© de Lise lui avait toujours dictĂ© de ne surtout pas se laisser aller Ă  la faiblesse. Education totalement digne de James Hawkins en somme, dont elle Ă©tait encore marquĂ©e visiblement. Mais ça, elle doutait que Aaron puisse le comprendre, d’une maniĂšre ou d’une autre. Il ne connaissait pas l’évĂšnement qui rythmait et polluait sa vie, et il ne connaissait pas non plus le plus large cĂŽtĂ© de sa famille avec lequel elle n’avait aucun atome crochus. Elle ne voulait pas l’effrayer, l’inquiĂ©ter, mais aussi, elle ne souhaitait surtout pas se livrer si cela devait s’avĂ©rer inutile. C’était son petit cĂŽtĂ© dĂ©faitiste qui reprenait le dessus, comme Ă  chaque fois qu’elle faisait un cauchemar, et qui lui faisait tout voir du mauvais cĂŽté Mais si Aaron la laissait prochainement tomber, du jour au lendemain ? Se relĂšverait-elle du fait de s’ĂȘtre livrĂ©e sans armure et sans retenue ? Oh, Lise aurait trĂšs bien pu lui faire promettre de tout oublier dans la seconde pour pouvoir se confier rien qu’une toute petite fois Ă  quelqu’un de confiance
Mais elle se retint de faire cette rĂ©flexion. A la place, au bout de quelques minutes, elle s’écarta lĂ©gĂšrement de ses bras, tout en restant allongĂ©e prĂšs de lui tout de mĂȘme, juste pour avoir le privilĂšge de pouvoir contempler son beau visage. Il avait un effet tellement dĂ©vastateur sur elle qu’elle ne savait par oĂč commencer, en vĂ©ritĂ©. Il Ă©tait devenu une telle Ă©vidence, un pilier tellement vital Ă  sa vie qu’elle se retenait presque de respirer tellement tout ceci Ă©tait unique et terrifiant Ă  la fois. Il avait pris possession de sa derniĂšre dĂ©fense pouvant la protĂ©ger d’une souffrance sans prĂ©cĂ©dent. Et pour le moment, c’était la peur qui prĂ©dominait, alors qu’elle trouvait ce sentiment merveilleusement nouveau quelques minutes auparavant
L’effet destructeur de son propre cauchemar. J’veux pas en parler. Ca sert Ă  rien, c’est Ă  moi, c’est mon fardeau. Tu pourrais pas m’aider, personne le peut. Aucun intĂ©rĂȘt de s’appesantir dessus. »Lise s’était brusquement relevĂ©e, s’asseyant sur son lit en ramenant ses genoux Ă  elle, sans quitter la couverture pour autant. Elle s’en voulait de se renfermer comme une huĂźtre et d’ĂȘtre presque froide Ă  l’égard d’Aaron, mais cet Ă©vĂšnement la touchait de si prĂšs qu’elle ne pouvait dĂ©cemment pas raconter ce cauchemar comme une chose anodine et banale. Lui raconter serait rentrer dans des dĂ©tails qu’elle n’avait aucune envie de revivre, surtout pas par la parole. Alors, c’était proprement Ă©goĂŻste de laisser Aaron s’inquiĂ©ter pour elle, et Lise finit par s’asseoir face Ă  lui, prenant l’une de ses mains dans les siennes en esquissant un tendre sourire. C’était difficile Ă  accepter pour elle, tout ça
Leur rapprochement, ses sentiments, le fait qu’il n’avait sans doute pas encore totalement rĂ©pondu Ă  sa dĂ©claration
C’était une source de panique supplĂ©mentaire pour une angoissĂ©e comme Lise, qui n’avait pas besoin de ça pour ĂȘtre dĂ©jĂ  paniquĂ©e Ă  mort. Elle eut un petit rire Ă  cette pensĂ©e, refusant le fait de pleurer une nouvelle fois devant Aaron, bien que ses yeux laissent clairement entrevoir des perles qui ne demandaient qu’à s’écouler le long de ses belles joues pĂąles. La fiĂšvre commençait Ă  tomber, et elle recommençait enfin Ă  avoir l’esprit un peu plus clair. Un peu Ă©tait bien le terme adĂ©quat, parce qu’elle ne savait jamais trop comment se comporter avec lui, de peur de le blesser sans doute. Il ne fallait pas lui en vouloir
Inconsciemment, son dĂ©sir profond Ă©tait Ă©galement de se protĂ©ger elle-mĂȘme de quelque chose qui pourrait la dĂ©truire complĂštement. Excuse-moi. Tu n’en as pas la moindre idĂ©e, mais ma vie est chaotique au possible et je ne sais mĂȘme pas si je serais un jour capable de la recadrer un peu, alors
J’ai peur. Non, je suis mĂȘme terrifiĂ©e. Tout ça, c’est totalement nouveau pour moi, je suis quelqu’un qui a agit de maniĂšre trĂšs Ă©goĂŻste toute sa vie par peur justement d’ĂȘtre aimĂ©e ET dĂ©truite pour cela. Aaron, tu te rends compte que tu as fais s’envoler toutes mes armures, que j’avais soigneusement construite autour de moi durant toute ma vie ? Pour toi, j’ai arrĂȘtĂ© de fuir
J’ai arrĂȘtĂ© d’ĂȘtre brutale, glaciale, ne cherchant que le plaisir sans me soucier des Ă©motions des autres. Si tu pars, je m’en relĂšverais pas
C’est comme si d’un coup d’un seul, tu Ă©tais devenu l’oxygĂšne qui me maintiens en vie, mon propre sang qui coule dans mon corps. Une Ă©vidence, en somme. Et j’ai peur que si je me livre sans aucune retenue Ă  toi, je vienne à
Le payer ensuite. C’est con je sais, parce que je t’aime comme une folle, mais
Je crois que j’ai besoin de temps pour faire tomber mes derniĂšres barriĂšres et flanquer ma fiertĂ© aux orties. »Lise eut un petit rictus nerveux, n’en revenant pas d’avoir parlĂ© aussi vite. Pour un peu, elle en aurait presque Ă©tĂ© essoufflĂ©e, sans compter que les battements de son cƓur Ă©taient complĂštement affolĂ©s. A ce moment prĂ©cis, elle ne pu s’empĂȘcher de rire en tendant une main pour caresser tendrement sa joue, sans le quitter une seule seconde du regard. Il n’avait pas idĂ©e Ă  quel point elle tenait Ă  lui
Et combien elle attendait avec impatience le jour oĂč son je t’aime » trouverait un Ă©cho, une rĂ©ponse dans leur petite route commune. A cet instant dĂ©jĂ , Lise savait qu’elle n’aimerait jamais personne d’autre, et qu’elle ne voudrait jamais personne d’autre Ă  ses cĂŽtĂ©s. C’était Aaron, ou c’était la solitude la plus complĂšte. VoilĂ  pourquoi elle ne pu s’empĂȘcher de sortir doucement des couvertures pour se mettre Ă  le border lĂ©gĂšrement, s’allongeant Ă  cĂŽtĂ© de lui sur les couvertures, un sourire lĂ©ger mais sincĂšre sur les lĂšvres. Tu peux dormir, je veillerais sur toi. Tu n’es pas insomniaque toi, tu as sĂ»rement besoin de te remettre de tes Ă©motions. Quoiqu’il advienne, je serais lĂ  demain matin et on ira Ă  la fac ensemble
Au volant de mon superbe cabriolet. » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mar 13 Juil - 303 La voyant se redresser, Aaron ne tarda pas Ă  en faire de mĂȘme tout en conservant une distance raisonnable entre eux afin que Lise puisse avoir le temps de souffler. Le jeune homme savait qu’il venait de toucher un point sensible et il ne voulait surtout pas la brusquer ni mĂȘme qu’elle se sente contrainte de se confier Ă  lui si elle n’en Ă©prouvait pas le besoin. C’est d’ailleurs le message qu’elle tĂącha de lui transmettre et mĂȘme si les mots qu’elle employait pouvaient sembler durs, Aaron savait que ce n’était qu’une maniĂšre de se protĂ©ger. Il n’avait pas l’intention de faire irruption dans sa vie tout en ayant l’intention de vouloir tout savoir Ă  son sujet et de parvenir Ă  la dĂ©crypter en quelques jours, toutefois il fallait qu’elle sache qu’il pouvait ĂȘtre une oreille attentive et de bon conseil mĂȘme. Bien entendu, il n’avait pas la moindre idĂ©e de ce qu’avait connu Lise par le passĂ© et il Ă©tait Ă  des lustres de s’imaginer quelle Ă©tait la nature de sa tragique histoire. MalgrĂ© tout, il avait pu noter au fil des jours que Lise Ă©tait une jeune femme extrĂȘmement mystĂ©rieuse et qui tout comme lui, n’aimait pas parler d’elle. Lise semblait mĂ©fiante, habituĂ©e Ă  sa solitude et c’est prĂ©cisĂ©ment cette barriĂšre qu’elle mettait entre eux qu’il aurait aimĂ© pouvoir franchir. Tu as l’air convaincue que personne ne peut ni t’aider ni te comprendre Lise
 et ce, Ă  n’importe quel niveau. Il faut que tu apprennes Ă  lĂącher prise et Ă  avoir confiance en ceux qui t’entourent
au moins Ă  avoir confiance en moi. Je t’aime telle que tu es et je ne veux pas partager que les bons moments avec toi. Je ne veux pas d’une relation idyllique, ça ne m’intĂ©resse pas, je crois qu’on finirait pas s’ennuyer. Je sais que gagner ta confiance est loin d’ĂȘtre une chose facile mais je sais me montrer Ă  la fois patient et dĂ©terminĂ©. »Aaron n’avait pas envie de la brusquer, il ne voulait pas que Lise se sente obligĂ©e de lui parler de ce qui la perturbait autant. Il aurait aimĂ© que les choses se fassent en douceur et au rythme de la jeune femme. De toute maniĂšre, il avait bien l’intention de rester Ă  ses cĂŽtĂ©s Ă©ternellement alors attendre un peu plus ou un peu moins ne changerait pas la donne. Tandis que Lise lui faisait de nouveau face et prenait dĂ©licatement sa main, Aaron entrelaça leurs doigts avant de porter la main de la jeune femme Ă  ses lĂšvres pour y dĂ©poser un baiser. Il la sentait encore extrĂȘmement tendue et bouleversĂ©e aprĂšs ce qui venait de se passer et de son cĂŽtĂ©, il ne souhaitait pas qu’elle culpabilise Ă  cause de cet incident. Oui je t’ai vu dans de drĂŽles de situations
 je t’ai vu rire
 pleurer
 et maintenant je dĂ©couvre une jeune femme fragile et bouleversĂ©e
 tu trouves vraiment ça honteux ? Tu n’es pas un robot, tu as un cƓur et des sentiments et mĂȘme si tu n’as pas l’habitude de les partager, ça ne veut pas dire pour autant qu’il faut en avoir honte. »C’est alors que la jeune femme se mit Ă  parler Ă  toute vitesse, essayant de lui faire comprendre que sa vie Ă©tait un vĂ©ritable chaos et qu’en plus de ça, elle devait dĂ©sormais faire face Ă  des sentiments nouveaux. Naturellement, Aaron ne fut pas insensible Ă  ce discours, il ignorait que les sentiments de Lise Ă©taient si profonds et pour ĂȘtre honnĂȘte, il se sentait plutĂŽt bouleversĂ©. Comment pouvait-il lui faire comprendre qu’à ses cĂŽtĂ©s, elle n’avait rien Ă  craindre et qu’il Ă©tait totalement inutile qu’elle se mĂ©fie de lui ? Aaron n’avait pas l’intention de jouer avec ses sentiments ou de s’évaporer dans la nature aprĂšs avoir pris du bon temps Ă  ses cĂŽtĂ©s. Bien au contraire, pour la premiĂšre fois de sa vie, il envisageait une relation des plus sĂ©rieuses et comptait bien tout mettre en Ɠuvre pour que ça fonctionne entre eux. Le temps qu’il rĂ©flĂ©chisse Ă  une rĂ©ponse appropriĂ©e, Aaron s’était de nouveau retrouvĂ© allongĂ©, la douce voix de Lise lui affirmant qu’elle serait encore lĂ  Ă  son rĂ©veil
 Le jeune homme se redressa lĂ©gĂšrement en s’appuyant sur ses coudes. Attends, attends
 je ne pourrai pas fermer l’Ɠil avant que les choses soient parfaitement claires entre nous. Ecoute Lise
 je comprends parfaitement ce que tu vis. Je veux dire que je comprends ce sentiment d’incertitude et de peur tout simplement parce que je le ressens moi aussi. Pour ĂȘtre honnĂȘte, je peux mĂȘme avouer que je suis littĂ©ralement effrayĂ© par l’ampleur que prennent mes sentiments Ă  ton Ă©gard. C’est fou
 je ne pensais pas qu’il Ă©tait possible d’éprouver tant d’amour d’un seul coup. »Quel euphĂ©misme !! Ce n’était plus de l’amour, c’était carrĂ©ment de la passion !! Aaron prit appui sur son coude gauche et laissa son autre main venir caresser le visage de Lise comme pour appuyer ses propos. Il voulait qu’elle soit certaine que jamais il ne la laisserait tomber, qu’il serait lĂ  aussi longtemps que sa prĂ©sence serait dĂ©sirĂ©e et surtout, il fallait qu’elle sache que ses sentiments Ă©taient d’une sincĂ©ritĂ© et d’une intensitĂ© sans pareil. Je n’ai pas l’intention de partir
 je viens tout juste de donner un sens Ă  ma vie
 je me demande mĂȘme comment j’ai pu tenir jusqu’ici sans que tu ne sois Ă  mes cĂŽtĂ©s. J’ai su que c’était toi Ă  l’instant mĂȘme oĂč nos regards se sont croisĂ©s. Je n’ai pas le moindre doute concernant mes sentiments. J’ai juste
 beaucoup de mal Ă  les exprimer, c’est diffĂ©rent. Alors je ne veux pas que tu imagines ne serait-ce qu’un instant que je pourrais tout foutre en l’air. Je serai toujours là
 parce que toi et moi, on ne forme plus qu’un dĂ©sormais. Tu sautes, je saute. C’est aussi simple que ça. »Aaron se pencha vers elle, dĂ©posant un baiser Ă  proximitĂ© de ses lĂšvres avant de se rallonger tout en l’attirant tout contre lui. Il avait besoin de sentit le corps de Lise contre le sien, c’était une impression magique, troublante et tellement apaisante Ă  la fois. Le jeune homme n’arriverait pas Ă  trouver le sommeil, c’était l’évidence mĂȘme, pour l’instant, il avait simplement envie d’éclaircir quelques zones d’ombre et de tenter au mieux de rassurer Lise. Tu sais Lizzie, je ne cherche pas Ă  faire tomber les derniĂšres barriĂšres
tout comme je n’ai pas la prĂ©tention de vouloir te connaĂźtre sur le bout des doigts. Je veux juste ĂȘtre un pilier dans ta vie, un point d’équilibre ou si tu prĂ©fĂšres, une personne en qui tu peux avoir une confiance aveugle. Et sache que je ne porterai jamais le moindre jugement Ă  ton sujet
 j’ignore ce qui te fait autant souffrir mais sache que je suis prĂȘt Ă  partager tout ça avec toi. Tu n’es plus seule dĂ©sormais
 tu ne seras plus jamais seule. »Aaron n’envisageait pas de passer le reste de sa vie sans elle mais c’était sans doute un peu prĂ©maturĂ© pour l’avouer. Il espĂ©rait de tout cƓur que la complicitĂ© qui les unissait, tout comme la force des sentiments parviendrait Ă  faire comprendre Ă  la jeune femme qu’il Ă©tait d’une incroyable franchise et que mĂȘme si pour l’instant, il Ă©tait incapable de rĂ©pondre Ă  son je t’aime’, ce n’était plus qu’une question de temps. D’une certaine maniĂšre, il avait lui aussi besoin de lĂącher prise et il savait qu’il y parviendrait tĂŽt ou tard. AprĂšs tout, Lise Ă©tait bien plus qu’une Ă©vidence Ă  ses yeux elle Ă©tait... son Ăąme sƓur. Tu sais quoi ? Je n’ai pas envie de m’endormir
 j’ai peur que tout ça ne soit qu’un rĂȘve
 une rĂȘve fabuleux. Tu es bien trop parfaite pour ĂȘtre rĂ©elle Lise Hawkins. »Parfaite? Oh oui elle l'Ă©tait... Aaron Ă©tait totalement sous le charme et plus les heures passaient, plus ce sentiment se renforçait. Lise Ă©tait l'objet de tous ses dĂ©sirs et il s'en voulait de ne pas parvenir Ă  exprimer clairement ce qu'il ressentait.... ou s'il le faisait, il tenait Ă  ce qu'elle oublie tout dans les trois secondes Ă  venir. Patience. Maintenant que j'ai dĂ©couvert ton petit coin de Paradis, que dirais-tu de dĂ©couvrir le mien ? Bon d'accord, tu es dĂ©ja venue Ă  la maison, mais je pourrais tenter quelque chose de spĂ©cial pour une fois... un dĂźner romantique? Ce serait le premier. Vendredi soir, ça te tente? » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mar 13 Juil - 357 Trop parfaite pour ĂȘtre rĂ©elle
En vĂ©ritĂ©, il n’y avait que cette phrase que Lise voulait retenir. Le fait qu’elle soit secrĂšte, mystĂ©rieuse et qu’elle ne fasse pas confiance n’allant pas changer du jour au lendemain, elle voulait se concentrer sur quelque chose de positif. Aaron n’en avait sĂ»rement pas la moindre idĂ©e, mais ses paroles lui faisaient du bien. Mieux, il l’apaisait comme jamais personne ne l’avait fait. Je ne suis pas parfaite, Aaron Cooper. Je suis simplement amoureuse de toi
Vendredi, je viendrais dans ton petit coin de paradis, c’est promis. »Comme pour ponctuer ses paroles, Lise s’était avancĂ©e pour dĂ©poser trĂšs dĂ©licatement ses lĂšvres sur la joue du jeune homme, durant une fugace seconde, avant de reprendre sa place initiale. Elle demeura le reste de la nuit ainsi, Ă  contempler son beau visage, sans pratiquement dire un mot. Ils n’avaient pas besoin de parler pour se comprendre
De temps Ă  autre, Lise caressait la joue d’Aaron, comme si elle voulait qu’il s’endorme et se repose, tout en lui prouvant qu’elle allait rester ici, fidĂšle au poste. Rien au monde n’aurait pu la faire partir, de toute Ă©vidence, et quand bien mĂȘme son grand pĂšre aurait-il fait irruption dans la piĂšce, elle ne se serait pas dĂ©placĂ©e. Durant toute cette nuit, Lise n’eut d’yeux que pour Aaron. A ce moment prĂ©cis, elle savait dĂ©jĂ  que nul n’aurait jamais la place qu’il occupait dans son cƓur. Il s’en Ă©tait littĂ©ralement emparĂ©, et tout en frĂŽlant le bonheur du bout de ses doigts, elle ne voulait rien brusquer. VoilĂ  pourquoi, une fois que le jour fut levĂ©, Lise tint sa promesse Ă  la lettre Ils s’habillĂšrent tous deux aprĂšs ĂȘtre passĂ©s chacun leur tour sous la douche, et la demoiselle conduisit le jeune homme Ă  l’universitĂ©, non sans lui dĂ©poser un fugace baiser sur sa joue, pour lui souhaiter une bonne journĂ©e. A aucun moment, elle ne se permis d’aller plus loin, bien que l’envie de prendre enfin possession de ses lĂšvres fut d’une intensitĂ© sans pareille. Son courage devant ce cruel dilemme Ă©tait exemplaire
Car elle supportait toute sa journĂ©e de cours en essayant de dominer ses pensĂ©es, dĂ©viant toutes vers la mĂȘme personne Aaron Cooper. Il s’était littĂ©ralement emparĂ© de tout ce qu’elle reprĂ©sentait, c’était lui qui tenait les ficelles de sa vie pour ainsi dire. Aussi, ne pas pouvoir le voir pendant ces trois petits jours les sĂ©parant de vendredi fut un vĂ©ritable supplice. Une abominable torture Ă  cause de laquelle elle manqua de devenir folle
Au lieu de rĂ©viser pour ses examens et de se montrer sous son masque de parfaite Ă©lĂšve, Lise tournait complĂštement en rond, dans la maison d’invitĂ© oĂč elle vivait dĂ©sormais. TantĂŽt allongĂ©e sur son lit, elle songeait encore et encore Ă  la soirĂ©e qu’elle avait passĂ©e avec Aaron, et s’en voulut aussitĂŽt de ne pas s’ĂȘtre confiĂ©e Ă  lui de maniĂšre plus expansive ; TantĂŽt debout, Ă  faire les cents pas dans la piĂšce, elle songeait cette fois Ă  la maniĂšre dont elle allait s’habiller pour l’occasion. Aaron avait mis une pression supplĂ©mentaire sur ses frĂȘles Ă©paules de ce cĂŽtĂ©-lĂ , en disant qu’il s’agirait de leur premier dĂźner romantique
Elle ne pouvait dĂ©cemment pas s’y rendre en short et en sandalettes ! Elle prit donc le taureau par les cornes et, au lieu de continuer Ă  tourner en rond comme une Ăąme en peine, elle partit faire les boutiques au volant de son sublime cabriolet. Aaron ne savait pas Ă  quel point cela lui demandait un effort considĂ©rable, de faire du shopping
Une vĂ©ritable torture ! Et pourtant, Lise fit la totale Magasins de vĂȘtements pour trouver une jolie robe, de chaussures pour faire un ensemble assortit, et mĂȘme le coiffeur, oĂč elle prit un rendez-vous pour vendredi aprĂšs-midi, afin d’ĂȘtre apprĂȘtĂ©e de maniĂšre absolument sublime. Lise voulait ĂȘtre Ă©blouissante, elle ne voulait pas spĂ©cifiquement l’impressionner, juste qu’il la trouve belle
Tous ces efforts n’étaient faits que dans cet unique but, et cela bien qu’un simple regard de la part d’Aaron puisse suffire Ă  la rendre sublime en jour J fut terriblement long Ă  arriver. Cette nuit-lĂ , Lise n’avait mĂȘme pas fermĂ© l’Ɠil une minute, envoyant message sur message Ă  Aaron, qui ne semblait pas vouloir dormir non plus. Ils semblaient tellement liĂ©s l’un Ă  l’autre qu’ils se refilaient mutuellement leur stress, mine de rien. Pourtant, durant tout cet Ă©change, aucune allusion au rendez-vous ne fut faite. C’était simplement des petits mots doux sous entendus, sans fioriture, et sans romantisme exacerbĂ©. Juste de quoi se donner du courage pour affronter tout le vendredi, et pour Ă©viter de les mettre mal Ă  l’aise l’un comme l’autre. Ce fut sans doute grĂące Ă  ce charmant Ă©change que Lise fut d’aussi bonne humeur le matin, pour affronter son seul cours de la journĂ©e, qui n’était pas des moindres Histoire. C’était un cours gĂ©nĂ©ral regroupant plusieurs examens Ă  lui tout seul, qu’elle ne pouvait dĂ©cemment se permettre de manquer. Fort heureusement, et cela bien que toutes ses pensĂ©es soient toujours rivĂ©es vers Aaron, ce cours-lĂ  passa Ă  la vitesse grand V. Elle se rendit donc bien vite au parking de l’universitĂ©, oĂč son fidĂšle cabriolet l’attendait toujours. En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, elle se fraya un chemin dans les rues de San Francisco, parvenant jusqu’au salon de coiffure oĂč elle avait pris rendez-vous. Elle demanda une coiffure simple et jolie, Ă  son image. Un chignon amĂ©liorĂ© avec des Ă©pingles aux diamants fantaisies, et deux mĂšches tombant joliment sur son visage, lĂ©gĂšrement ondulĂ©es pour donner une impression de lĂ©gĂšretĂ©. Cette coiffure lĂ  lui illuminait complĂštement le visage
Aussi, quand il fallut qu’elle s’habille et se maquille, elle prit soin de ne surtout pas dĂ©faire ne serait-ce qu’un cheveu de sa jolie coiffure. Elle prit toutes les prĂ©cautions du monde afin d’ĂȘtre absolument parfaite une fois l’heure de partir venue. Du reste, elle avait prĂ©vu large au niveau de l’horaire afin d’éviter de se faire avoir par les embouteillages. Elle parvint absolument pile Ă  l’heure chez Aaron, maquillĂ©e de maniĂšre lĂ©gĂšre, vĂȘtue d’une sublime robe blanche courte, chaussĂ©e avec de belles chaussures noires Ă  talons aiguilles
Et parfumĂ©e dĂ©licatement afin de ne pas avoir une odeur trop entĂȘtante. En somme, tout Ă©tait fait avec lĂ©gĂšretĂ© et goĂ»t, et Lise espĂ©rait ĂŽ combien que Aaron apprĂ©cierait son derniĂšre inspiration tandis qu’elle venait de se garer devant la maison de la mĂšre d’Aaron, Ă©vitant de se remĂ©morer la derniĂšre fois oĂč elle avait mis les pieds en ces lieux. Ce souvenir, elle prĂ©fĂ©rait largement le laisser de cĂŽtĂ© afin de ne surtout pas cĂ©der Ă  la panique Il y avait fort Ă  parier pour que ce rendez-vous lĂ  soit absolument parfait, et elle n’avait donc rien Ă  craindre. Elle sortit de voiture en inspirant profondĂ©ment, tentant de calmer les battements effrĂ©nĂ©s de son cƓur qui semblaient rĂ©solus Ă  trahir sa peur mĂȘlĂ©e Ă  son excitation profonde. Il ne fallait surtout pas qu’elle panique
Mais qui n’aurait pas paniquĂ© Ă  sa place ?! C’était lĂ  le premier rendez-vous romantique de Lise ! Oh bien sĂ»r, elle avait dĂ©jĂ  dĂźnĂ© avec des hommes, mais ces soirĂ©es lĂ  n’avaient pour but que d’avoir une nouvelle proie dans son lit une fois la nuit venue. Cette fois, c’était diffĂ©rent. Comme Aaron l’avait Ă©noncĂ© trois jours plus tĂŽt, c’était un dĂźner romantique, leur tout premier, en espĂ©rant sincĂšrement qu’une longue liste suivrait celui-ci. Ce fut donc non sans une intense apprĂ©hension que Lise frappa Ă  la porte, les mains encore tremblantes, sans pour autant ĂȘtre moites. La future archĂ©ologue Ă©tait pĂ©trifiĂ©e
LittĂ©ralement pĂ©trifiĂ©e. Et pourtant, ce fut avec un sourire on ne peut plus radieux qu’elle accueillit un Aaron absolument Ă©blouissant. Durant quelques secondes, elle s’octroya le droit de le contempler d’ailleurs, non sans sourire de maniĂšre sincĂšre, se maudissant de ne pas lui sauter purement et simplement au cou pour goĂ»ter enfin le fruit dĂ©fendu reprĂ©sentĂ© par ses lĂšvres. Aaron Ă©tait Ă  lui seul la plus dĂ©licieuse tentation qu’il soit
 Tu es
Je n’ai pas de mot ! Magnifique
Je suis flattĂ©e que tu aies fait autant d’effort pour moi ! Et merci encore de m'avoir invitĂ©e ce soir, je suis vraiment flattĂ©e par cette dĂ©licate attention. »Phrase ridicule de la part d’une demoiselle qui s’était littĂ©ralement pliĂ©e en quatre pour ĂȘtre sublime Ă©galement ce soir ! Mais Lise ne prĂȘta pas attention Ă  ce dĂ©tail, s’avançant lĂ©gĂšrement pour dĂ©poser dĂ©licatement ses lĂšvres sur la joue d’Aaron, avant de dĂ©vier quelques secondes vers son cou pour humer son odeur. Ce parfum Ă©tait
A la fois attirant et Ă©nigmatique, comme s’il avait Ă©tĂ© conçu pour Aaron. Tu sens bon
On en mangerait. »Lise ne pu s’empĂȘcher de rire tout en se pinçant discrĂštement pour cette nouvelle rĂ©flexion proprement dĂ©sespĂ©rante. Ce n’était pas la peine de vouloir sous entendre qu’elle l’aurait bien mangĂ© en dessert, voyons ! Et discrĂštement, elle se racla la gorge avant de passer le hall d’entrĂ©e pour la deuxiĂšme fois depuis son arrivĂ©e Ă  San Francisco. Elle se disait Ă  cet instant prĂ©cis que ce n’était pas dieu possible d’éprouver autant d’amour et de dĂ©sir pour une seule personne
Il fallait Ă  tout prix qu’elle se maĂźtrise sans quoi, elle allait rapidement frĂŽler un aller sans retour pour l’asile le plus proche. Et pourtant
Il n’existait pas tĂąche plus difficile que celle-ci. Lise venait de dĂ©poser son sac Ă  main dans le salon, avançant d’un pas lent et fĂ©lin jusqu’à MĂ©phisto qui l’accueillit avec un miaulement significatif. Elle lui caressa dĂ©licatement la tĂȘte bien Ă©videmment, comme flattĂ©e s’il se souvenait d’elle. Tu crois qu’il se souvient de moi ? L’est vraiment adorable ce gros matou. Ce me manque moi, je pas cĂąliner un petit animal. »Lise se mordit aussitĂŽt la lĂšvre avant de lancer un regard dĂ©solĂ© Ă  Aaron. Elle perdait dĂ©jĂ  complĂštement le contrĂŽle d’elle-mĂȘme, devenant horriblement maladroite, comme s’il avait d’ors et dĂ©jĂ  un effet dĂ©vastateur sur elle sans mĂȘme avoir prononcĂ© une seule phrase troublante. C’était impossible de se contrĂŽler avec lui
Impossible de rĂ©frĂ©ner ce dĂ©sir de se blottir dans ses bras, de rĂ©sister Ă  son propre corps qui lui ordonnait de le toucher. Dans un Ă©lan d’inconscience, elle se rapprocha donc, le regard brillant non pas de larmes, mais bien de dĂ©sir. Lise Ă©tait en train de perdre l’esprit, et elle venait Ă  peine d’arriver
 Je suis dĂ©solĂ©e
Je crois que je suis juste un peu nerveuse. Premier rendez-vous galant pour moi
Je vais me tenir bien mieux tu verras. C’est promis. Qu’est-ce que tu nous as prĂ©vu de bon dis-moi ? »La question salvatrice
Se concentrer sur cela allait Ă©viter Ă  Lise tout geste ou mot dĂ©placĂ©. En somme, c’était un crime de ne pas sauter sur pareille occasion dans le cas prĂ©sent ! Et cela bien que le menu lui importe bien peu et qu’elle n’ait dĂ©cidĂ©ment d’yeux que pour Aaron. InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mar 13 Juil - 1618 Le premier rendez vous est toujours une Ă©tape extrĂȘmement difficile Ă  franchir
 encore plus quand on choisit d’inviter sa dulcinĂ©e Ă  dĂźner non pas au restaurant mais chez soi. Aaron se maudissait d’avoir surestimĂ© ses capacitĂ©s de cuisinier. Il savait qu’il Ă©tait mauvais, ce n’était pas nouveau ! C’est Ă  peine s’il Ă©tait capable de faire cuire un plat au micro-ondes sans dĂ©clancher un incendie ! Quoi qu’il en soit, il avait pourtant tentĂ© de sortir le grand jeu et s’était lancĂ© dans une recette française des plus raffinĂ©es. Enfin
disons surtout qu’il avait tentĂ© de se lancer. De l’extĂ©rieur, c’était probablement amusant de le voir faire. Aaron tentait tant bien que mal de dĂ©chiffrer le livre de cuisine, comme s’il s’agissait d’une langue ancienne, presque impossible Ă  dĂ©coder. Quand Sarah passait derriĂšre les fourneaux, ça avait pourtant l’air facile ! D’ailleurs, n’avait-il pas jurĂ© plus d’une fois qu’avec un livre de recettes, n’importe qui Ă©tait capable de se donner des allures de grand chef Ă©toilĂ© ? Pour l’instant son entrĂ©e, un tiramisu salĂ© aux crevettes, ressemblait
 Ă  pas grand-chose en fait. Il avait pourtant suivi les instructions, manquĂ© de se couper deux doigts et de s’embrocher le troisiĂšme
 c’était pĂ©rilleux quand mĂȘme ! Sans compter que l’heure commençait Ă  tourner et qu’il fallait impĂ©rativement que tout soit prĂȘt au moment oĂč Lise allait arriver. Afin de ne pas perdre trop de temps, Aaron dĂ©cida de laisser l’entrĂ©e de cĂŽtĂ© pour l’instant afin de se concentrer sur le plat principal. Il fallait vraiment qu’il assure s’il voulait rivaliser avec le dĂ©licieux crabe qu’il avait savourĂ© chez la jeune femme. Pas besoin d’ĂȘtre un expert en la matiĂšre pour comprendre qu’Aaron n’avait pas sa place derriĂšre les fourneaux. D’ordinaire, cette situation l’amusait plus qu’autre chose mais ce soir, il trouvait ça carrĂ©ment dĂ©sespĂ©rant. Il se souvenait encore du nombre incalculable de fois oĂč Sarah l’avait gentiment invitĂ© Ă  se joindre Ă  lui pour prĂ©parer le dĂźner. Ce n’est que maintenant qu’il regrettait d’avoir privilĂ©giĂ© les matchs de basket Ă  la tĂ©lĂ© plutĂŽt que les petites attentions de sa mĂšre. Il lui fallu d’ailleurs rassembler tout son courage pour confectionner un plat a peu prĂšs correct de cannelloni dont, il fallait bien l’admettre, il Ă©tait plutĂŽt fier. Le jeune homme avait pris soin de suivre la recette Ă  la lettre, ne se permettant pas d’ajouter sa petite touche personnelle comme le faisait Sarah qui cuisinait n’importe quel plat les yeux fermĂ©s. Il enfourna donc le plat et retourna Ă  son tiramisu salĂ© qui lui donnait du fil Ă  retordre
 au bout d’une dizaine de minutes –la patience n’était vraiment pas son point fort-, Aaron dĂ©cida de laisser tomber. AprĂšs tout, il pouvait tout aussi bien confectionner une salade raffinĂ©e avec tout ce qu’il y avait au frigo. Le jeune homme Ă©tait donc serein concernant la suite des Ă©vĂšnements. Rapidement, il jeta un coup d’Ɠil Ă  sa montre, s’apercevant que le temps passait bien plus vite qu’il ne l’avait imaginĂ©. Aaron monta donc prendre une douche et s’habiller. Il enfila un pantalon sombre et une chemise blanche avant de passer un peu de gel dans ses cheveux. Si Summer l’avait vu, il y a fort Ă  parier qu’elle ne l’aurait pas lĂąchĂ© d’une semelle !! En parlant de Summer, cela faisait un bon bout de temps qu’il ne l’avait pas croisĂ© dans les couloirs de l’UniversitĂ©. En y rĂ©flĂ©chissait bien, il n’avait pas non plus croisĂ© Lloyd
 peut-ĂȘtre que quelque chose Ă©tait en train de se tramer entre ces deux lĂ  allez savoir ! Quoi qu’il en soit, c’était bien la derniĂšre prĂ©occupation d’Aaron pour l’instant. Lorsqu’il sortit de la salle de bain, le jeune homme grimaça tout en respirant une drĂŽle d’odeur
 c’était mĂȘme immonde. D’oĂč cela pouvait-il provenir ? Comme ce n’était pas Ă  l’étage, Aaron redescendit au rez de chaussĂ©e avant de s’apercevoir qu’une Ă©paisse fumĂ©e noire sortait du four ! Et merde !! Il avait oubliĂ© les cannelloni !! Le jeune homme se prĂ©cipita donc jusqu’au four qu’il ouvrit avant d’attraper le plat Ă  main nue et bien Ă©videmment, le relĂącher sur le champs ! Quelle catastrophe ! Aaron attrapa un gant et un torchon et sortit enfin le plat du four avant d’ouvrir les fenĂȘtres et d’agiter le torchon pour se dĂ©barrasser de la fumĂ©e. Naturellement, il ne manqua pas d’ouvrir le robinet d’eau froide afin de calmer la brĂ»lure de sa main qui par miracle, n’était que superficielle. Il soupira doucement tout en croisant le regard du chat qui s’était installĂ© non loin de lĂ  et qui ne cessait de le toiser. Qu’est-ce qu’il y a ? C’est pas la peine de me regarder comme ça abominable fĂ©lin, j’ai essayĂ© !! Mon repas tombe Ă  l’eau mais j’ai essayĂ© !! Puis tu devrais ĂȘtre content, c’est toi qui vas dĂ©guster les crevettes pour la peine. Bon en attendant, il faut que je trouve quelque chose pour Lise
 je ne vais tout de mĂȘme pas commander une
hey !! »Aaron stoppa toute activitĂ© durant un instant, songeant tout Ă  coup qu’une autre option s’offrait Ă  lui. L’idĂ©e d’appeler un traiteur lui traversa l’esprit, il pourrait ainsi faire bonne figure et offrir Ă  Lise un vrai dĂźner romantique, digne de ce nom. Peut-ĂȘtre qu’avec un peu de chance, elle n’y verrait que du feu. Aaron ferma le robinet d’eau froide, ainsi que les fenĂȘtres Ă©tant donnĂ© que la fumĂ©e s’était Ă  prĂ©sent dispersĂ©e et se dirigea vers son ordinateur portable dans le salon afin d’y trouver le numĂ©ro d’un traiteur non loin d’ici. C’est alors qu’il entendit frapper Ă  la porte. Quoi dĂ©jĂ  ?? Le jeune homme se releva d’un bond, sentant la pression monter d’un cran
 Lise Ă©tait sur le pas de sa porte et il n’avait toujours rien Ă  lui proposer pour dĂźner Ă  l’exception du dessert. Pas le temps de rĂ©flĂ©chir. Aaron se leva, retourna en vitesse Ă  la cuisine afin de se dĂ©barrasser du plat trop cuit et faire disparaĂźtre toutes les piĂšces Ă  conviction de son carnage et aprĂšs une grande inspiration, se dirigea vers la porte pour ouvrir. Lise Ă©tait
 magnifique
 Ă©blouissante mĂȘme. Le jeune homme resta sans voix durant quelques secondes, s’octroyant le droit de la dĂ©vorer des yeux. C’est plutĂŽt moi qui te remercie d’avoir acceptĂ© mon invitation
 tu es vraiment ravissante. »*Ravissante ? T’es tombĂ© sur la tĂȘte ou quoi ? C’est tout ce que tu trouves Ă  dire ? Elle est pas ravissante elle est carrĂ©ment Ă  tomber !!* Aaron reprit contenance et glissa dĂ©licatement sa main dans le dos de la jeune femme tandis qu’elle dĂ©posait un baiser, comme une nouvelle tentation, sur sa joue. Il avait attendu cette soirĂ©e avec impatience, Ă  vrai dire, il n’avait fait que songer Ă  cela depuis qu’ils s’étaient quittĂ©s. Le temps lui paraissait long lorsqu’elle n’était pas lĂ . A croire qu’il ne pouvait plus se passer d’elle. Tu sens bon
 On en mangerait. » Cette remarque le fit sourire gentiment. Ne se doutait-elle pas qu’il aurait adorĂ© ĂȘtre son dessert ? Aaron l’invita donc Ă  entrer avant de voir son rival d’un soir, MĂ©phisto se prĂ©cipiter vers Lise dans l’intention d’obtenir un cĂąlin. C’était normal d’ĂȘtre jaloux d’un chat ? Voila qu’il perdait l’esprit Ă  prĂ©sent, d’ailleurs, il eu mĂȘme l’impression que le matou noir aux yeux perçants continuait de le narguer comme il l’avait fait quelques minutes plus tĂŽt dans la cuisine. Aaron plissa les yeux un instant puis reporta son attention vers Lise
 Etait-ce possible d’ĂȘtre aussi belle ? Elle semblait tout droit sortie d’un conte de fĂ©es, c’est Ă  peine s’il osait imaginer qu’elle Ă©tait bel et bien rĂ©elle. La remarque concernant le chat le fit sourire et d’un sens, le rassura il n’était donc pas le seul Ă  se sentir extrĂȘmement nerveux. Doucement, il glissa sa main sur la joue de la jeune femme, rĂ©sistant tant bien que mal Ă  l’envie de s’emparer de ses lĂšvres
 C’est moi qui te rend nerveuse ? Si ça peut te rassurer, c’est assez nouveau pour moi Ă©galement. Cela dit, tu n’imagines pas Ă  quel point je suis heureux que tu aies acceptĂ© mon invitation. »Qu’avait-il prĂ©vu de bon ? PrĂ©vu oui
 de bon, c’était une autre histoire. Voila qu’il se sentit de nouveau submergĂ© par un Ă©lan de nervositĂ©, toutefois, le jeune homme ne se dĂ©monta pas. AprĂšs tout, il fallait bien qu’il trouve une solution Ă  partir des moyens du bord non ?! Il s’empara donc de la main de la demoiselle et l’entraĂźna avec lui jusque dans la cuisine avant d’ouvrir un placard et d’en sortir un paquet de spaghettis. Avec humour et une lĂ©gĂšre lueur dans le regard, il tenta de faire passer ça le mieux possible. Tu m’as dit que tu aimais la cuisine EuropĂ©enne non ? Paste alla Aaron signora!! Une spĂ©cialitĂ© comme tu n’en as jamais goĂ»tĂ© nulle part !! Crois moi, ce sera les meilleures pĂątes de toute ta vie, je peux te le garantir ! »Le jeune homme se mit Ă  rire lĂ©gĂšrement, visiblement dĂ©solĂ© de ne pas avoir mieux Ă  lui offrir. Sans compter qu’il Ă©tait totalement hors de question qu’il admette son fiasco des heures prĂ©cĂ©dentes ! Certes il avait tentĂ© de confectionner un dĂźner raffinĂ© mais il avait lamentablement Ă©chouĂ©, ce n’était donc pas la peine d’insister davantage. Aaron sortit le nĂ©cessaire pour faire cuire les pĂątes avant d’ouvrir le frigo et d’en sortir une bouteille de coca. Puisque son pseudo repas Ă©tait ridicule et qu’il s’en rendait compte, autant tourner tout ça Ă  la dĂ©rision, non ? Quoi ? Tu ne connais donc pas le rĂ©gime pĂąte coca ? C’est trĂšs en vogue dans les restaurants français !! Lizzie !! Tu as un temps de retard j’ai l’impression
 »Le jeune homme sortit deux grands verres qu’il leur servit. C’était assez amusant de les voir ainsi vĂȘtus, tout beaux, extrĂȘmement bien assortis 
 avec leurs verres de coca Ă  la main. Aaron passa une main sur sa nuque, le fameux signe qui prouve que quelque chose ne va pas chez lui. Plus sĂ©rieusement, j’espĂšre que tu ne m’en voudras pas trop pour
 tout ça. Je ne suis pas trĂšs douĂ© pour cuisiner et je prĂ©fĂšre de loin faire quelque chose d’à peu prĂšs correct plutĂŽt que de te proposer un dĂźner franchement lamentable. »Le jeune homme se pencha vers elle pour dĂ©poser un autre baiser prĂšs de ses lĂšvres et reposa son verre afin d’aller mettre l’eau des pĂątes Ă  chauffer. Aaron s’empara d’une grande casserole qu’il remplit d’eau avant de la mettre sur le feu. Comme il avait les doigts encore mouillĂ©s, il ne manqua pas de taquiner Lise en lui envoyant les quelques gouttes d’eau qui s’y trouvaient
 Oups... je suis navrĂ©... je ne voulais pas faire ça.»Et naturellement, il recommença de plus belle avant de se mettre Ă  rire comme un gamin... qu'il Ă©tait. InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mar 13 Juil - 1652 Lise ne pu rĂ©primer un large rire en entendant Aaron dire que ce soit, ce serait un plat de pĂątes spĂ©cialement assaisonnĂ©es par ses soins. C’était plutĂŽt cocasse comme situation, et elle ne pouvait s’empĂȘcher d’en rire. Enfin quelqu’un qui n’en faisait pas trop dans l’unique espoir de la mettre dans son lit. Au final, cela lui plaisait diablement
Elle avait enfin l’impression d’ĂȘtre humaine » en prĂ©sence de quelqu’un, et Aaron n’avait pas la moindre idĂ©e Ă  quel point c’était reposant pour elle. Certes, elle s’était apprĂȘtĂ©e de maniĂšre trĂšs classe, mais le fait d’avoir Ă  faire Ă  un dĂźner Ă  la fois romantique et simple la charmait. C’était
TrĂšs reprĂ©sentatif dĂšs, en vĂ©ritĂ©. Lise n’était pas la derniĂšre Ă  jouer la carte de la simplicitĂ© quand elle le pouvait, Ă  vrai dire. L’idĂ©e du crabe, c’était une idĂ©e de son grand pĂšre, pour l’occasion. Mais Lise n’aurait jamais choisi pareil menu
AprĂšs tout, ne lui avait-elle pas fait de simples pancakes Ă  sa premiĂšre venue ici ? Ce n’était pas du grand art, mais c’était mangeable, et c’était tout ce qu’elle demandait Ă  un met comme celui-ci. VoilĂ  pourquoi elle accepta sans mĂȘme hĂ©siter une seconde le verre de coca gentiment servis par les bons soins d’Aaron. Effectivement, peut-ĂȘtre avait-elle un large temps de retard en matiĂšre de rendez-vous amoureux
Un temps trop long, dans lequel elle semblait avoir vĂ©cu sur une autre planĂšte. Une planĂšte de richards, un environnement dĂ©testable qu’elle ne voulait plus jamais cĂŽtoyer. Elle s’était toujours sentie plus Ă  l’aise dans la simplicitĂ©, synonyme chez elle de sincĂ©ritĂ©. Alors ce soir, en voyant Aaron nerveux de ne pas lui offrir un repas plus chic » elle Ă©tait diablement charmĂ©e. Si elle n’avait pas appris Ă  contrĂŽler aussi bien ses Ă©motions, elle lui aurait probablement sautĂ© au cou pour prendre possession de ses lĂšvres, lĂ  tout de suite et maintenant. C’était incroyable, cette attirance qu’elle Ă©prouvait pour lui, alors que fondamentalement un plat de pĂątes n’a rien d’exceptionnel
Mais si on avait questionnĂ© Lise sur ce moment prĂ©cis, elle aurait rĂ©pondu que c’était le plat le plus exceptionnel et le plus romantique de toute sa vie. Tout simplement parce qu’elle Ă©tait avec Aaron, qu’il s’était fait beau pour elle et qu’elle l’aimait
Elle l’aimait ĂŽ combien. T’en vouloir ?! Tu dĂ©connes ! Pour moi, il n’y a aucun stĂ©rĂ©otype de dĂźners romantiques, puisque c’est mon tout premier. Je sais, j’ai un temps de retard mais si tu savais Ă  quel point c’est reposant de ne pas devoir se prĂ©senter tirĂ©e complĂštement Ă  quatre Ă©pingles dans des palaces cinq Ă©toiles, pour manger du caviar ou des plats Ă  base de truffe et au final, finir dans le lit de quelqu’un qui n’en a rien Ă  foutre de moi. Non Aaron
Ce soir, c’est charmant. C’est simple, sincĂšre
J’adore. »Un petit sourire malicieux s’était dessinĂ© dĂ©licatement sur ses lĂšvres tandis qu’elle s’octroyait le droit de boire une longue gorgĂ©e de coca. Tout ce qu’elle venait de dire Ă©tait amplement sincĂšre
Elle prĂ©fĂ©rait mille fois profiter de cette divine soirĂ©e en sa compagnie plutĂŽt qu’ĂȘtre dans un palace Ă  siroter du champagne en compagnie d’un fils d’ambassadeur ou tout autre milliardaire puant de prĂ©tention. Aaron Ă©tait naturel, au moins. Il n’avait pas besoin de mettre de masque, de peser chaque mot juste pour la sĂ©duire. C’était probablement la soirĂ©e la plus douce de toute sa vie, car Lise n’avait aucun rĂŽle Ă  jouer. Pour une fois, elle oubliait d’ĂȘtre la fille de milliardaire chargĂ©e de faire bonne figure absolument. Au contraire, elle Ă©tait absolument naturelle Ă  son tour, et puis
Était-elle vraiment venue pour manger, aprĂšs tout ? Je suis pas venue pour manger uniquement, aprĂšs tout. Si je suis venue, c’est pour toi. Alors que ce soit pour profiter d’un plat de pĂątes ou mĂȘme d’un paquet de chips, ça m’est Ă©gal. On est ensemble, c’est lĂ  le principal, non ? »Lise eut un lĂ©ger rire avant de se rapprocher dĂ©licatement d’Aaron, le regard redevenu brillant. Elle n’avait plus aucun contrĂŽle sur ses Ă©motions et ses gestes dĂšs qu’elle se trouvait en sa compagnie
C’était comme s’il avait appuyĂ© sur un bouton invisible Ă  l’origine de son contrĂŽle si parfait d’ordinaire. Si Sam la voyait ainsi, si maladroite, si nerveuse pour sĂ»r, il ne reconnaĂźtrait sĂ»rement pas sa sƓur cadette. Mais Lise s’en fichait
Elle Ă©tait en face d’Aaron et c’était tout ce qui comptait. Puis je suis sĂ»re que tes pĂątes seront excellentes. AprĂšs tout, on peut pas ĂȘtre bons en tout
Tu es excellent en circuit, en basket, tu as un corps sublime, un sourire Ă  tomber par terre
Te faut bien des dĂ©fauts, non ? »Et Lise riait, bien qu’elle ne soit pas en mesure de dire clairement quels Ă©taient ces fameux dĂ©fauts. Elle ne lui en trouvait aucun, Ă  vrai dire, car Ă  ses yeux il ne pouvait qu’ĂȘtre parfait. Pour ponctuer ses paroles, elle caressa doucement sa joue, se rapprochant davantage, comme si elle avait l’intention de franchir enfin ce pas qui sĂ©parait leurs lĂšvres respectives. L’appel Ă©tait trop fort, la tentation insupportable
Lise Ă©tait prĂȘte Ă  prendre ce risque, quitte Ă  se brĂ»ler les ailes. Elle le dĂ©sirait tellement que c’en Ă©tait presque douloureux pour elle, qui n’avait jamais aimĂ© ni pris des risques en la matiĂšre. C’était tellement plus simple de prendre ce que l’on veut et de disparaĂźtre de la vie de quelqu’un dans la seconde
Mais Aaron Ă©tait diffĂ©rent. Il l’avait toujours Ă©tĂ© Ă  ses yeux, depuis l’instant oĂč leurs regards s’étaient croisĂ©s, il avait pris une place restĂ©e inoccupĂ©e. VoilĂ  pourquoi elle Ă©tait venue ce soir, pour que le jeune homme en soit absolument persuadĂ©. La proximitĂ© Ă©tait devenue de plus en plus Ă©vidente, tandis que Lise penchait lĂ©gĂšrement son visage, prĂȘte Ă  briser la derniĂšre barriĂšre jusqu’ici restĂ©e impĂ©nĂ©trable. Mais on ne fait pas toujours ce que l’on veut dans la vie
Et MĂ©phisto avait dĂ©cidĂ© que l’heure du fameux premier baiser n’était pas encore venue. Il se mit Ă  miauler bruyamment, avant de venir se frotter contre les jambes de Lise, rĂ©clamant des caresses visiblement, comme s’il n’en avait pas eu assez avant. Lise eut un rire gĂȘnĂ© en s’écartant lĂ©gĂšrement, s’agenouillant quelques instants pour caresser cet Ă©ternel insatisfait qui venait de briser sĂ»rement le seul moment oĂč la demoiselle avait Ă©tĂ© sĂ»re de ce qu’elle faisait. Il est toujours comme ça avec tes invitĂ©s ? Je veux dire, un chat c’est indĂ©pendant d’habitude, ça n’aime que ses maĂźtres
Mais on dirait qu’il m’adore, ton chat. »Lise ne pu s’empĂȘcher de rire, tout en le caressant doucement, jusqu’à ce que monsieur admette que cela suffisait et reparte en direction du salon. Ce fut au moment mĂȘme oĂč Lise se remit debout qu’elle reçut quelques gouttes d’eau en pleine figure, lui crĂ©ant un mouvement de recul relativement violent. Quand elle le regarda Ă  nouveau, son expression fut offusquĂ©e. Comment osait-il ? Quand bien mĂȘme il venait de s’excuser, le mal » Ă©tait fait, et il n’avait pas la moindre idĂ©e de la fiertĂ© de la demoiselle. Ce n’était qu’un jeu, et comme Lise Ă©tait sĂ»rement une gamine pire qu’Aaron, elle ne manqua pas de soupirer, un sourire malicieux sur les lĂšvres. Tout ceci n’annonçait rien de bon. TrĂšs bien
Tu veux la guerre ? Tu vas l’avoir ! »AussitĂŽt dit, aussitĂŽt fait, Lise s’était emparĂ©e de la casserole Ă  peine placĂ©e sur le feu, dont elle contrĂŽla la tempĂ©rature, avant de la balancer dans son intĂ©gralitĂ© sur Aaron. Une bonne douche froide, en d’autres termes, puisque l’eau n’avait pas eu le temps de se rĂ©chauffer sur le feu. Elle lui lança ensuite un regard dĂ©fiant, accompagnĂ© d’un haussement de sourcil, comme si elle voulait lui faire comprendre qu’à ce petit jeu il ne gagnerait jamais
Ou en tout cas, qu’il ne gagnerait pas aussi facilement ! Ne jamais me provoquer, ça peut ĂȘtre mauvais pour ta santĂ© mon chou. »Lise remplit Ă  nouveau la casserole avant de la remettre sur le feu, prenant un torchon au passage pour le tendre vers Aaron, avant de se mettre Ă  rire aux Ă©clats. Elle tendit Ă©galement sa main comme s’il s’agissait d’un drapeau blanc annonçant la paix. A ses yeux, le jeune homme ne rĂ©torquerait sĂ»rement pas
Du moins, c’était ce qu’elle pensait dans sa grande naĂŻvetĂ© ! On fait la paix ? » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Dim 18 Juil - 211 Alors comme ça, la guerre Ă©tait officiellement dĂ©clarĂ©e ? Fort bien. MalgrĂ© tout, Aaron ne s’attendait pas Ă  tomber sur une adversaire aussi redoutable. Il faut dire que sans la connaĂźtre, on aurait jurĂ© que cette demoiselle Ă©tait un ange tout droit tombĂ© du ciel. GrossiĂšre erreur !! Dire que quelques malheureuses gouttes d’eau Ă©taient Ă  l’origine de ce carnage qui venait de lui coĂ»ter une chemise et un pantalon fraĂźchement repassĂ©s ! La jeune homme resta figĂ© sur place durant quelques secondes, trempĂ© de la tĂȘte aux pieds et le bras lĂ©gĂšrement Ă©cartĂ© du corps tout en jetant un regard mauvais en direction de Lise. Le silence fut brisĂ© par un miaulement ;de lĂ  oĂč il se trouvait, MĂ©phisto observait la scĂšne et plus spĂ©cifiquement son maĂźtre d’un air condescendant, un peu comme s’il souhaitait que Lise gagne la partie. Ce chat avait vraiment le don de lui taper sur les nerfs ! Aaron observa Lizzie et son fameux drapeau improvisĂ© avant de se mettre Ă  rire. Cette fille Ă©tait vraiment incroyable !! Aurait-il pu tenter de s’amuser ainsi en prĂ©sence de Summer ? Non, bien Ă©videmment !! Mais qu’importe, la petite blonde Ă©tait bien loin de son esprit pour le moment. Le rire d’Aaron ne tarda pas Ă  se transformer en un lĂ©ger rictus et son regard plongea dans celui de Lise dans l’intention de ne plus jamais le quitter. Si elle pensait avoir le dernier mot sur ce coup lĂ , autant dire que la demoiselle Ă©tait en train de faire fausse route. Toutefois, Aaron prĂ©fĂ©ra jouer la carte de l’innocence, ainsi il adopta un air angĂ©lique et se rapprocha de la jeune femme avant de lui tendre la main en signe Ă©vident de rĂ©conciliation. Ok d’accord !! Je m’avoue vaincu pour cette fois !! AprĂšs tout, je l’ai bien cherchĂ© et je reconnais que c’était une trĂšs mauvaise idĂ©e de m’en prendre Ă  toi
 »Vu sous cet angle lĂ , Aaron pouvait paraĂźtre parfaitement sincĂšre. AprĂšs tout, qui aurait pu rĂ©sister Ă  ce sourire charmeur qu’il maĂźtrisait depuis des annĂ©es ?? C’était tout un art !! Aaron avait compris trĂšs tĂŽt dans sa jeunesse qu’il pouvait manipuler n’importe qui au travers d’un regard direct et d’un de ses plus beaux sourire. Mais bien entendu, il ne faut pas se fier aux apparences puisque naturellement, le jeune homme avait une autre idĂ©e derriĂšre la tĂȘte. C’était totalement hors de question qu’il laisse Lizzie avoir le dernier mot sur ce coup lĂ . Aaron Ă©tait du genre Ă  se laisser facilement prendre au jeu dans ce genre de situation et de toute Ă©vidence, il ne lĂącherait pas le morceau avant d’avoir eu le dernier mot. Histoire d’appuyer ses propos, le jeune homme tendit donc la main en direction de Lise, en signe de paix si on peut dire. Lorsque la jolie brune s’empara de sa main, Aaron l’attira brusquement vers lui avant de la soulever dans ses bras comme il aurait soulevĂ© une plume. 
 mais c’était bien plus dangereux de ta part d’essayer de t’en prendre Ă  moi !! Laissez moi vous dire une chose mademoiselle Hawkins vous ĂȘtes parfaitement inconsciente !! C’était une grave erreur de croire que tu pouvais m’amadouer avec tes yeux de biche !! Tu veux vraiment la guerre princesse ? Et bien tu vas l’avoir !! »Tout en riant comme un gamin, Aaron se prĂ©cipita dans les escaliers afin de gagner la salle de bain au plus vite. Le jeune homme n’avait toujours pas lĂąchĂ© Lise et ce, malgrĂ© ses Ă©lans de protestation qui le faisaient beaucoup rire. Pourquoi serait-il le seul Ă  avoir droit Ă  une douche improvisĂ©e ? Quand ils furent sur place, Aaron la dĂ©posa dans la douche et ouvrit les robinets avant de l’éclabousser Ă  plusieurs reprises. Remarquons toutefois qu’il n’était pas si mĂ©chant que ça Ă©tant donnĂ© qu’il n’avait pas l’intention d’abĂźmer la ravissante tenue de la jeune femme
 il s’en voudrait de faire une chose pareille. AprĂšs un nouvel Ă©clat de rire, Aaron prit soin de s’éloigner rapidement avant que Lise dĂ©cide de se venger. Le jeune homme s’était cachĂ© derriĂšre la porte de la salle de bain, laissant simplement sa tĂȘte dĂ©passer avant de lui dire quelques mots. Je crois que nous sommes Ă  Ă©galitĂ© Ă  prĂ©sent. Tu me fais peur
 t’as le pommeau de douche, c’est de la triche
 »Aaron sortit de derriĂšre la porte et fit une tentation pour retourner prĂšs de Lise afin de l’aider Ă  sortir de la douche mais comme il aurait dĂ» le prĂ©voir, la bataille d’eau repartit de plus belle, se faisant mĂȘme plus virulente que prĂ©cĂ©demment. A prĂ©sent, ils Ă©taient tout deux trempĂ©s de la tĂȘte aux pieds et riaient comme deux gamins. Aaron s’était Ă©galement retrouvĂ© sous la douche et ses lĂšvres se fendirent en un large sourire lorsqu’il se rendit compte que la robe de Lizzie Ă©tait blanche
 Je pourrais croire que tu avais largement anticipĂ© ce qui viens de se passer. Ravissante cette robe... »Aaron savait qu’il Ă©tait en train de jouer avec le feu et que la vengeance de Lise risquait d’ĂȘtre d’autant plus virulente dĂ©sormais mais qu’importe. AprĂšs tout, ils Ă©taient tout deux trempĂ©s et leurs tenues si Ă©lĂ©gantes quelques minutes plus tĂŽt ressemblaient dĂ©sormais à
 à
 et bien Ă  pas grand-chose pour ĂȘtre honnĂȘte. La soirĂ©e ne faisait que commencer et Aaron avait dĂ©jĂ  l’impression qu’une vĂ©ritable complicitĂ© s’était installĂ©e entre eux. De toute Ă©vidence, il n’avait jamais Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  un ĂȘtre aussi paradoxal et mystĂ©rieux que Lise. Il avait beau essayer de la cerner, il n’y arrivait toujours pas mais c’est aussi ce qui faisait le charme de la demoiselle. AprĂšs avoir lancĂ© une derniĂšre giclĂ©e d’eau en direction de Lise, Aaron se pencha afin de fermer le robinet et cesser ainsi ce carnage inutile. Lorsqu’il se redressa, il fut surpris de constater cette Ă©trange et troublante proximitĂ© entre leurs deux corps. Puis ce fut le silence
 le sourire d’Aaron s’estompa lĂ©gĂšrement tandis que son regard venait tout juste de plonger dans celui de la jeune femme. Il la trouvait plus dĂ©sirable que jamais
 C’était le moment de prendre une dĂ©cision et il en avait conscience
 Devait-il se laisser aller ou bien rĂ©primer cette envie foudroyante de goĂ»ter Ă  ce fruit dĂ©fendu ? Aaron se disait que l’aimer serait la dĂ©truire. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce qu’il avait toujours eut cette fĂącheuse manie de dĂ©truire les personnes qui l’entouraient. Il Ă©tait sans cesse dĂ©sireux d’autre chose que ce qu’il parvenait Ă  obtenir et s’était laissĂ© prendre au piĂšge plus d’une fois, songeant que ses sentiments s’apparentaient Ă  de l’amour alors qu’il n’en Ă©tait rien. Il n’avait pas envie de la faire souffrir. Aaron savait qu’il n’était pas le genre d’hommes en qui l’on pouvait avoir confiance. Il Ă©tait infidĂšle, aimait jouer de son charme et l’amour n’avait jamais eut le moindre sens Ă  ses yeux. Il Ă©tait avide de la passion sensorielle, de ce jeu de sĂ©duction qui pouvait s’instaurer entre lui et les femmes qui l’entouraient. Aaron Ă©tait ce qu’on pourrait qualifier de sentimental refoulĂ©, il Ă©tait incapable de se fixer en un seul point ou disons plutĂŽt, une seule femme. Toujours dĂ©sireux de dĂ©couvrir autre chose, de faire de nouvelles expĂ©riences
de nouvelles aventures. L’amour n’avait eu aucun sens jusqu’à prĂ©sent. D’ailleurs, il n’hĂ©sitait pas Ă  se qualifier lui-mĂȘme de passionnĂ© plutĂŽt que d’amoureux, sachant pertinemment que la passion se consume au fil des jours et qu’elle finit par s’éteindre. Ce n’était qu’une maniĂšre implicite de s’excuser pour son batifolage incessant mais cette vision des choses lui convenait parfaitement. Toutes ces pensĂ©es se bousculĂšrent bien vite dans son esprit et Aaron prĂ©fĂ©ra ne pas se laisser envahir par la peur. PlutĂŽt que de songer Ă  ce qu’il pourrait Ă©ventuellement lui faire subir, il se concentra sur ses propres dĂ©sirs et ce brasier qui Ă©tait en train de se consumer en lui. Sa main glissa sur la joue de Lise en un geste presque trop dĂ©licat. Tout en lui laissant le temps de reculer si elle en avait envie, Aaron se pencha vers la jeune femme, s’emparant tendrement de ses lĂšvres. Le baiser se fit plus langoureux au fil des secondes, trahissant chez lui un dĂ©sir ardant qu’il n’avait jamais Ă©prouvĂ© jusqu’alors. Cette fois ci, il en Ă©tait absolument certain
 il Ă©tait en train de tomber fou amoureux. Ce sentiment Ă©tait tout nouveau pour lui mais ĂŽ combien divin !! Avait-il dĂ©jĂ  ressenti des sentiments aussi intenses pour quelqu’un ? IndĂ©niablement,non, le jeune homme Ă©tait persuadĂ© que ça ne lui Ă©tait encore jamais arrivĂ© et d’ailleurs, il se demandait si tout le monde avait la chance de connaĂźtre ça au moins une fois dans sa vie. Cependant, il ne fallait pas se voiler la face et Aaron Ă©tait contraint d’admettre que tous ces sentiments lui faisaient un peu peur. Il avait dĂ©sormais l’impression d’ĂȘtre totalement dĂ©pendant de cet amour naissant. Et si le rĂȘve s’arrĂȘtait brusquement ? Si jamais Lise dĂ©cidait de mettre un terme Ă  tout cela ? Aaron n’avait absolument aucune raison de se poser autant de question et pourtant, c’était inĂ©vitable. Ses mains glissĂšrent sur la taille de la jeune femme et il se recula doucement, encore troublĂ© par ce baiser des plus merveilleux. Lise Ă©tait prĂ©cisĂ©ment ce qui manquait jusqu’alors Ă  sa vie. Quelqu’un qui soit capable de l’aimer, de lui apporter une dose de bonheur juste au travers d’un simple regard, quelqu’un qui lui fasse un tel effet et pour qui il aurait pu mourir dans la seconde si on le lui avait demandĂ©. Ses mains allĂšrent chercher celle de la jeune femme et il approcha de nouveau ses lĂšvres des siennes, sans pour autant l’embrasser immĂ©diatement. Il faut savoir se faire dĂ©sirer n’est-ce pas ? FrĂŽlant le coin de ses lĂšvres, puis sa bouche, il sentit le souffle de la jeune femme contre sa peau et c’est Ă  ce moment lĂ  qu’il s’empara une fois encore de ses lĂšvres pour lui donner un tendre baiser,plein de promesses. Lorsqu’il se sĂ©para d’elle, le cƓur du jeune homme se laissa de nouveau emporter, sauf que cette fois ci, il se rendit compte que Lise pouvait percevoir les battements effrĂ©nĂ©s de son cƓur et qu’il Ă©tait probablement dĂ©masquĂ©. Pas de chance. Comprenant immĂ©diatement qu’elle savait, Aaron sentit ses joues le chauffer. Etait-il en train de rougir ??? Manquerait plus que ça tiens !! Je
non c’est
 tu
 ça m’arrive parfois
non, je veux dire que tu
 si je te dis que c’est un problĂšme de palpitations, tu ferais semblant de me croire, pas vrai ? 
 Ooh puis c’est de ta faute aussi !! »Se mettant Ă  rire, Aaron fut bien forcĂ© de reconnaĂźtre qu’elle n’avait pas rĂȘvĂ© et que les rĂ©actions de son corps Ă©taient assez Ă©tranges. Il Ă©tait assez mal Ă  l’aise de le reconnaĂźtre, Ă  vrai dire, il avait plutĂŽt espĂ©rĂ© que cela passe inaperçu mais un cƓur battant si vite, ça se remarque n’est-ce pas ? Ca me fait ça chaque fois que tu es prĂšs de moi, chaque fois que tu me parles ou ne serait-ce quand je pense Ă  toi. C’est un truc de fou, j’ai l’impression de me retrouver dans la peau d’un adolescent de quatorze ans, naĂŻf et maladroit. J’ai jamais ressenti ça et Ă  vrai dire, j’espĂ©rais que tu ne t’en apercevrais pas. Tu comprendras sans doute pourquoi j’estime qu’il est plus prudent d’instaurer une limite de sĂ©curitĂ© entre nous
 »Aaron se remit Ă  sourire, visiblement gĂȘnĂ© d’avoir reconnu quasiment explicitement que Lise avait une sacrĂ©e emprise sur lui. Tu dois trouver ça vraiment ridicule. » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Dim 18 Juil - 1047 La situation Ă©tait rapidement devenue un vrai carnage dans la cuisine d’Aaron, puis dans la salle de bain du jeune homme, oĂč il semblait y avoir eu une tornade. AprĂšs tout, Lise n’avait-elle pas conservĂ© le pommeau de douche fermement tenu dans ses doigts fins jusqu’à ce qu’il coupe l’eau ? Il n’y avait eu dĂ©claration de trĂȘve officielle qu’à partir de lĂ , alors qu’elle riait aux Ă©clats de leur propre bĂȘtise. Deux vĂ©ritables gamins, complices comme s’ils se connaissaient depuis toujours, avaient eu une vĂ©ritable bataille digne de grandes histoires de la mythologie. Et Lise adorait cela
C’était la toute premiĂšre fois qu’elle se laissait aller avec quelqu’un d’autre qu’avec William. Aaron Ă©tait si rapidement devenu essentiel Ă  sa vie que cela lui faisait presque peur. Pourtant, il y avait beau y avoir une proximitĂ© Ă©vidente entre eux, Lise n’eut pas le rĂ©flexe de fuir cette fois, mais plutĂŽt de se rapprocher plus encore. Elle ne pouvait pas supporter l’absence de contact entre eux, et Ă  cause de cela, elle tournait dans son esprit la mĂȘme question en boucle Comment aurait-elle pu partir en France en le laissant derriĂšre elle ? Lise n’aurait pas pu. Ou alors, elle aurait goĂ»tĂ© tout le long de son existence l’impression d’avoir manquĂ© quelque chose, quelque chose d’important avec une personne exceptionnelle qui se trouvait juste devant elle. Pour un peu, elle deviendrait romantique Ă  cause de lui, elle qui s’était jusqu’à lors interdit de l’ĂȘtre. Heureusement qu’Aaron Ă©tait lĂ  pour faire une rĂ©flexion qui lui fit perdre son air devenu tout d’un coup si sĂ©rieux ! Effectivement, la robe de Lise Ă©tait blanche, et du fait qu’elle Ă©tait trempĂ©e de la tĂȘte au pied, cela lui donnait une sorte de transparence qui aurait du mettre la jeune femme mal Ă  l’aise. Cela aurait du
Mais l’amĂ©ricaine Ă©tait soudainement devenue obnubilĂ©e par les lĂšvres d’Aaron, dĂ©licieuse tentation qui la narguait depuis des jours dĂ©jĂ , et qui commençait sĂ©rieusement Ă  se rapprocher d’elle. Lise aurait peut-ĂȘtre du reculer, ne pas aller trop vite, laisser le temps Ă  son cƓur de reprendre des battements plus normaux avant de lui faire faire le grand saut de cette maniĂšre. Mais lĂ  encore, son seul et unique dĂ©sir fut de se rapprocher plus encore, comme un besoin vital et incontrĂŽlable de l’embrasser, de crĂ©er entre eux un nouveau lien qu’elle ne voudrait plus jamais briser ou manquer. La main d’Aaron frĂŽla sa joue et dĂšs lors, elle se figea complĂštement, tentant d’ignorer tant bien que mal les battements effrĂ©nĂ©s de son cƓur, qui semblait s’emballer avec une virulence qu’elle n’avait pas connue jusqu’à lors. Comment faisait-il pour lui clouer le bec Ă  ce point ? Lise n’avait plus murmurĂ© une seule parole depuis sa dĂ©claration officielle » de paix avec Aaron, et voilĂ  maintenant qu’elle se surprenait Ă  approcher dangereusement son visage du jeune homme, comme pour lui faire comprendre que ce dĂ©sir Ă©tait on ne peut plus partagĂ©. Et il y eut une soudaine explosion
Les lĂšvres douces et chaudes d’Aaron s’emparĂšrent des siennes, et le cƓur de Lise fit un bond vertigineux dans sa poitrine. Une tornade d’émotions nouvelles s’empara de tout son ĂȘtre, la poussant Ă  en redemander encore et encore. Ce baiser, timide au dĂ©part, prit de plus en plus de profondeur tandis que Lise s’y abandonnait complĂštement. Elle aurait voulu que ce divin contact ne s’arrĂȘte jamais, nĂ©anmoins, elle laissa Aaron prendre le contrĂŽle. Lorsqu’il s’écarta lĂ©gĂšrement d’elle, sa respiration Ă©tait presque devenue haletante, trahissant largement les battements effrĂ©nĂ©s de son cƓur. Pour un peu, elle se serait surprise Ă  s’approcher davantage de lui pour rĂ©clamer une fois encore ce dĂ©licieux contact qu’elle avait espĂ©rĂ© pendant des semaines. Ce ne fut que lorsqu’elle sentit les mains d’Aaron venir se poser sur sa taille qu’elle dĂ©cida de ne surtout pas briser ce silence les entourant et les protĂ©geant. Lise se rapprocha encore avant de goĂ»ter Ă  nouveau le fruit dĂ©fendu d’Aaron, pour laquelle elle se serait volontiers damnĂ©e. Certes, il fut languir le moment prĂ©cis oĂč ses lĂšvres rencontrĂšrent Ă  nouveau les siennes, mais Ă  l’instant mĂȘme oĂč le contact fut dĂ©licieusement replacĂ© entre eux, Lise sentit sa peau se mettre Ă  frissonner violemment, tandis que son cƓur manquait des battements de temps Ă  autre. Leurs bouches respectives s’écartĂšrent bientĂŽt pour laisser leurs langues se rencontrer, se caresser doucement l’une l’autre, pour finalement se lancer dans une danse langoureuse. Lise avait vĂ©ritablement l’impression que son cƓur allait cesser de battre, et pour tout avouer, elle aurait pu mourir tout de suite, cela ne l’aurait pas dĂ©rangĂ©e. Au moins, elle serait morte en ayant connu l’amour, la passion, le dĂ©sir irrĂ©pressible pour un ĂȘtre humain. Distance de sĂ©curitĂ© ?! Non mais tu veux rire ! ProximitĂ© de sĂ©curitĂ© tu veux dire j’espĂšre ! Ca se voit pas que j’arrive pas Ă  me dĂ©tacher de toi ? »En une expression faussement offusquĂ©e, Lise s’était relevĂ©e pour faire face Ă  Aaron, comme si elle refusait catĂ©goriquement qu’il ose prĂ©tendre qu’il fallait qu’ils s’écartent l’un de l’autre. Mais d’un autre cĂŽtĂ©, elle Ă©tait visiblement amusĂ©e d’avoir pareil effet sur lui, tout en sachant qu’elle ressentait exactement la mĂȘme chose. Lise avait l’impression d’ĂȘtre revenue Ă  sa premiĂšre fois, oĂč elle ne savait pas quoi faire ou quoi dire de peur de se couvrir de ridicule. Et pourtant, dans ce cas prĂ©cis et comme toujours, elle se laissait porter par les Ă©vĂšnements, mais aussi par ses sentiments, qu’elle sentait indestructibles. HĂ©las, ces mĂȘmes sentiments Ă©taient tout Ă  fait capables de la dĂ©truire, aussi sa supplication prĂ©cĂ©dente Ă©tait Ă©vidente Ne me quitte pas ou je meurs. Pour appuyer ses propos, elle se permit de prendre l’une des mains d’Aaron pour la dĂ©poser juste sur l’endroit oĂč battait son cƓur Ă  une vitesse presque alarmante. Heureusement que je ne suis pas cardiaque, tu as de la chance. Sinon, je crois que tu serais bon pour m’emmener Ă  l’hosto
Non mais tu te rends compte ? Ca devrait pas ĂȘtre permis, un truc pareil ! »Lise se mit Ă  rire doucement, tentant de s’empĂȘcher de rougir Ă  tout prix. Il fallait qu’elle reprenne d’urgence le contrĂŽle de son corps sans quoi, elle allait probablement ĂȘtre croquĂ©e toute crue. Sensation bien peu dĂ©licate, et qui lui faisait une peur monstre, il fallait admettre ce qui Ă©tait. Aussi, sans lĂącher sa main et sans l’enlever de l’emplacement oĂč son cƓur battait Ă  tout rompre, elle reprit, brisant ainsi le dĂ©licat silence qui s’était Ă  nouveau instaurĂ© entre eux Je suis dĂ©solĂ©e de briser ce moment intense, mais je vais attraper la mort si je reste dans ma robe. Oui, je sais, tu l’adores, surtout trempĂ©e de cette maniĂšre, mais si tu veux pas avoir Ă  t’occuper de moi pendant une semaine Ă  cause d’une grippe ou d’un truc du genre, je crois que tu ferais mieux de m’écouter. Aurais-tu l’extrĂȘme amabilitĂ© de me prĂȘter une chemise ? Promis, je saurais ĂȘtre sexy dedans. »Lise ne pu s’empĂȘcher un clin d’Ɠil taquin, avant de se saisir de la deuxiĂšme main d’Aaron pour l’emmener hors de la salle de bain. Effectivement, la demoiselle Ă©tait complĂštement trempĂ©e, sĂ»rement Ă  cause du fait qu’elle Ă©tait restĂ©e dans la douche tout du long, le pommeau Ă  la main. Bien qu’elle n’ait pas spĂ©cifiquement les bronches fragiles, il valait mieux Ă©viter de tenter le diable. AprĂšs tout, n’était-elle pas une insomniaque suffisamment tĂȘtue pour aller faire un tour en voiture en pleine nuit fraĂźche ? La laisser dans pareil Ă©tat serait cruel, donc. Elle conserva par consĂ©quent les deux mains d’Aaron dans les siennes, tĂątonnant dans le couloir de l’étage afin de trouver la chambre d’Aaron, qui Ă©tait parfaitement rangĂ©e. Avait-il prĂ©vu le coup ? Non, c’était peu probable, Ă©tant donnĂ© qu’ils Ă©taient aussi spontanĂ©s l’un que l’autre en matiĂšre de gaminerie style bataille d’eau dans une salle de bain. NĂ©anmoins, le fait de voir une chambre de jeune homme aussi bien rangĂ©e et nettoyĂ©e lui fit lĂącher les mains d’Aaron sous le coup de la surprise. Waw
Tu es dĂ©cidĂ©ment plein de surprises, Aaron Cooper ! »C’était
Surprenant et charmant Ă  la fois. Ce n’était guĂšre Ă©tonnant que Summer veuille le garder avec autant d’ardeur ! Seulement, Lise voulait croire qu’Aaron n’avait plus d’yeux que pour elle dĂ©sormais. Elle profita donc d’ĂȘtre dans sa chambre pour se regarder dans le petit miroir accrochĂ© au mur, avant d’esquisser une grimace quant au carnage sur sa coiffure. Elle qui avait pris un tel soin Ă  prendre rendez-vous chez le coiffeur pour l’occasion, voilĂ  l’affreux rĂ©sultat ! Elle ne fit pas dans la dentelle et commença par dĂ©tacher chaque mĂšche Ă©tant Ă©pinglĂ©e Ă  la coiffure dans son ensemble, avant de dĂ©faire dĂ©licatement son chignon, dĂ©voilant ainsi sa belle chevelure, Ă  moitiĂ© trempĂ©e, tombant en cascade sur ses Ă©paules jusqu’au bas de son dos. A cette Ă©poque lĂ , Lise aimait garder ses cheveux trĂšs longs
 Bon, ne prends pas peur quant Ă  ce que je vais faire, hein ? »Lise eut un lĂ©ger rire avant de prendre l’un des grands rideaux Ă©pais d’Aaron comme protection avant d’enlever sa robe. Bon, se dĂ©shabiller allait probablement provoquer une syncope au jeune homme, mais elle avait dĂ©cidĂ©ment trop froid pour continuer Ă  porter son vĂȘtement, si beau soit-il. Elle prit cependant le soin d’utiliser ses longs cheveux pour couvrir intĂ©gralement sa poitrine nue, puisqu’elle n’avait pas pu mettre de sous-vĂȘtements sur cette partie Ă  cause de sa robe dos nu. Quand elle fut apprĂȘtĂ©e » comme il fallait, elle se dĂ©cida Ă  sortir de sa cachette, vĂȘtue en tout et pour tout d’une simple culotte blanche en dentelle. Et Ă©videmment, Ă  peine eut-elle senti le regard d’Aaron sur elle qu’elle ne pu rĂ©primer un rire gĂȘnĂ©, et pourtant franc. Panique pas j’ai dis ! Je vais juste aller chercher une serviette, bouge pas. »AussitĂŽt dit, aussitĂŽt fait. Lise prit le soin de retourner Ă  la salle de bain pour y prendre deux serviettes de grandes tailles, une pour chacun, avant de retourner auprĂšs d’Aaron. Évidemment, elle aurait pu s’entourer avec la premiĂšre et empĂȘcher le jeune homme d’ĂȘtre gĂȘnĂ© s’il Ă©tait, mais cela n’aurait pas Ă©tĂ© drĂŽle. Au de cela, elle avait placĂ© la seconde serviette sur les Ă©paules d’Aaron et avait gardĂ© la premiĂšre Ă  la main. Leur proximitĂ© Ă©tait dĂ©sormais assez Ă©vidente pour qu’elle se permette de glisser sa main sur la joue d’Aaron, avant de prendre dĂ©licatement possession de ses lĂšvres. Ce baiser fut d’abord doux, lent, tendre
A l’image de ce qu’était Lise en vĂ©ritĂ©, et cĂŽtĂ© d’elle dont personne n’avait jamais vu la couleur avant Aaron. Puis il devint plus passionnĂ©, dĂ©voilant ainsi toutes les cartes de la demoiselle en la matiĂšre, sur la profondeur de ses sentiments. Ce fut presque Ă  regret qu’elle mit un terme Ă  ce baiser qui avait Ă  nouveau affolĂ© son cƓur. C’était Ă  peine croyable qu’il puisse avoir un tel effet sur elle, si bien qu’on aurait pu la briser avec une infinie facilitĂ©. Elle poussa un lĂ©ger soupir avant de faire glisser sa main sur la nuque d’Aaron et d’arborer un sourire franc. Ce ne fut qu’à ce moment lĂ  qu’elle se permit de le regarder dans les yeux, avec son habituel air Ă©nigmatique, et cela bien qu’elle sente ses joues rosirent dĂ©testablement. Tu as vraiment un effet dĂ©vastateur mon ange
C’est Ă  peine si mon cƓur va pas s’arrĂȘter de battre d’une seconde Ă  l’autre. »DĂ©vastateur, oui, c’était le mot. Et il Ă©tait assez fort pour expliquer la situation suivante, que mĂȘme Lise n’aurait pas crue possible. Aaron ? Fais-moi l’
Tu aurais la bontĂ© de me frictionner le dos ? Je suis en train de grelotter de froid
 »Un peu plus que Lise se trahissait. Elle s’était certes rattrapĂ©e de justesse, mais elle savait qu’elle ne pourrait pas rĂ©primer ce dĂ©sir indĂ©finiment. A moins qu’elle ne devienne aveugle et qu’elle ne puisse plus sentir la prĂ©sence d’Aaron, c’était impossible. Ses battements de cƓur s’étaient Ă  nouveau affolĂ©s, et ses joues commençaient Ă  devenir carmin. Être gĂȘnĂ©e Ă  ce point, ce n’était qu’à peine croyable. Je n'aurais jamais pu partir en France en te laissant derriĂšre moi...Ou alors, je serais revenue pour te kidnapper. Une seule seconde qui n'est pas partagĂ©e avec toi est une seconde perdue...Ahhh je deviens presque sentimentale bon dieu! Écoute pas ce que je dis, surtout. » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Lun 19 Juil - 1758 Plein de surprises ? Disons surtout qu’Aaron ne vivait plus ici depuis un bon bout de temps mais que Sarah s’évertuait Ă  vouloir conserver sa chambre dans l’état au cas oĂč son fils dĂ©ciderait un jour de revenir vivre avec elle. Elle avait tentĂ© plusieurs fois de le convaincre, mettant en avant le fait qu’elle n’était presque jamais lĂ , que la maison avait besoin d’ĂȘtre gardĂ©e etc
 mais c’était peine perdue. Maintenant qu’il avait trouvĂ© un appartement convenable dans l’un des plus beaux quartiers de San Francisco, Aaron n’avait pas l’intention de revenir. La vie ici Ă©tait des plus agrĂ©ables cela ne faisait aucun doute, mais le jeune homme avait besoin de son indĂ©pendance et Sarah avait besoin de la sienne. AprĂšs tout, ce n’était pas forcĂ©ment agrĂ©able de venir ici avec une Ă©ventuelle petite amie alors que Sarah et Mark avaient dĂ©cidĂ© au mĂȘme moment de se faire un dĂźner aux chandelles dans l’espoir d’ĂȘtre un peu tranquilles. Quoi qu’il en soit, la rĂ©action de Lise le fit sourire et il haussa les yeux au ciel avec amusement en rĂ©alisant que la jeune femme Ă©tait en train de le doter de tout un tas de qualitĂ©s qu’il ne possĂ©dait finalement pas. C’était touchant de se voir idĂ©alisĂ© de la sorte. Tandis que Lise Ă©tait en train de dĂ©tacher ses longs cheveux bruns, Aaron se dirigea en direction de l’armoire afin d’en sortir des vĂȘtements secs pour tout les deux. Il faut dire qu’ils n’y Ă©taient pas allĂ©s de main morte avec le pommeau de douche, on aurait facilement pu croire qu’ils Ă©taient tombĂ©s dans la piscine tout habillĂ©s. Lorsqu’il se tourna de nouveau vers Lise, celle-ci Ă©tait en train de se dĂ©shabiller, chose qui naturellement, le troubla au plus haut point. Il aurait tout aussi bien pu sortir de la chambre et au moment oĂč il s’apprĂȘtait Ă  le faire, Lise sortit de sa cachette vĂȘtue en tout et pour tout d’une simple culotte en dentelle. Panique pas, panique pas !! T’en as de bonnes toi !! C’est humainement impossible de ne pas paniquer dans un moment pareil !! »Autant prendre la situation avec humour sans quoi, il risquait de se remettre Ă  bafouiller comme ça lui arrivait bien trop souvent ces derniers temps. Sans vraiment s’en rendre compte, Aaron l’observa de la tĂȘte aux pieds, visiblement charmĂ© par cette divine apparition. Avait-il dĂ©jĂ  vu pareille beautĂ© ? De toute Ă©vidence, la rĂ©ponse Ă©tait non. Cela dit, le jeune homme ne tarda pas Ă  dĂ©tourner le regard, s’éclaircir la gorge et finalement, dĂ©poser les vĂȘtements sur le lit. Il fallait qu’il cesse de la dĂ©vorer des yeux, c’était sans doute gĂȘnant Ă  force ! En attendant que Lise revienne de la salle de bain, Aaron en profita pour retirer sa chemise mouillĂ©e et tenter de retrouver un rythme cardiaque a peu prĂšs normal. Ce fut impossible naturellement car le retour de Lise et la façon dont elle venait de glisser sa main sur sa joue pour s’emparer de ses lĂšvres ne fit qu’affoler son cƓur une fois de plus. Plus troublant encore, le corps Ă  demi nu de Lise, se collant contre le sien durant l’échange de ce baiser
 cela pouvait ressembler Ă  de la pure provocation. C’était bien la premiĂšre fois que le jeune homme Ă©prouvait de pareils sentiments. Pour une fois, cela ne se limitait pas Ă  une simple attirance physique, de vĂ©ritables sentiments d’amour Ă©taient en train de naĂźtre et de s’emparer de son Ăąme afin de lui donner un avant goĂ»t du paradis. Lorsque Lizzie mit un terme Ă  ce baiser, Aaron sentit que tout son cƓur Ă©tait en train d’en rĂ©clamer davantage. Sa main glissa sur la joue de la jeune femme et il plongea son regard dans le sien avant d’esquisser un lĂ©ger sourire. Tu n’imagines mĂȘme pas ce que ça reprĂ©sente pour moi d’ĂȘtre ici avec toi. Je me rends compte que
 je croyais connaĂźtre certaines choses, certains sentiments, mais en rĂ©alitĂ©, j’avais faux sur toute la ligne. Ce que je ressens quand tu es prĂšs de moi, c’est totalement inexplicable, je n’avais jamais connu ça avant. D’ailleurs, jamais je n'aurais pensĂ© pouvoir connaĂźtre ça un jour. Avec toi, tout devient facile, il suffit que tu me regardes pour que la terre entiĂšre s’arrĂȘte de tourner. »Ce qu’il cru comprendre par la suite dĂ©clancha en lui une vague de frissons et une accĂ©lĂ©ration soudaine de son rythme cardiaque. A ce train lĂ , son petit cƓur n’allait sĂ»rement pas tenir le coup bien longtemps. La jeune femme venait-elle de trahir le fond de sa pensĂ©e ou n’était-ce que le fruit de son imagination qui le poussait Ă  croire qu’elle avait failli dire le mot de trop ?! Sans vraiment rĂ©flĂ©chir, Aaron s’empara de la serviette qu’elle tenait entre ses mains et frictionna doucement le dos de la jeune femme tandis qu’elle continuait son discours. Discours qui ne manqua pas de le faire sourire davantage pour la gĂȘne qu’il causait en elle que pour son contenu. Quoi qu’il en soit, Aaron se sentait plus que troublĂ© par toutes ces belles paroles qui d’ordinaire, le laissaient de marbre. Je suis heureux que tu ne l’aies pas fait. Je ne sais pas si j’aurais pu tenir le coup bien longtemps. Me connaissant, je reste persuadĂ© que j’aurais pris un billet d’avion afin de te rejoindre et de te dire clairement ce que j’avais sur le cƓur
 je ne pouvais pas prendre le risque de te perdre dĂ©finitivement. Tu vois, nous sommes deux Ă  devenir sentimentaux. »Aaron esquissa un nouveau sourire et laissa tomber la serviette Ă  terre avant d’enlacer tendrement Lise dans ses bras. Il est des sentiments que l’on croit connaĂźtre, de ceux dont on croit avoir percĂ© le secret, qui nous paraissent Ă©vidents et pourtant
 le jeune homme se rendait compte qu’il avait fait fausse route jusqu’alors. Aaron ignorait qu’il Ă©tait possible d’aimer une personne Ă  ce point. C’était donc ça le vĂ©ritable amour ? C’est ce qu’il Ă©tait en train de vivre avec elle, grĂące Ă  elle. Comment pouvoir se passer d’un tel sentiment aprĂšs l’avoir connu ? Ce serait comme le priver d’oxygĂšne, de son Ăąme ou encore de lui arracher le cƓur. Non, c’était totalement impossible. DĂ©licatement, Aaron l’incita Ă  se tourner vers lui. Se noyant dans le regard de la jeune femme, il entrelaça ses doigts avec les siens durant un instant. Ce que je ressens est tellement diffĂ©rent de tout ce que j’ai vĂ©cu jusqu’alors
 ça devrait sans doute m’effrayer mais ce n’est pourtant pas le cas. Je n’ai pas envie de te perdre
 »Telle Ă©tait sa vĂ©ritable crainte. Se redressant lĂ©gĂšrement, il laissa sa main droite glisser le long du corps mouillĂ© de la jeune femme, frĂŽlant le haut de sa cuisse, ses hanches, gagnant ensuite son bras, son Ă©paule et finalement sa joue. Aaron n’avait pas prononcĂ© le moindre mot, il n’avait plus envie de parler, juste de profiter de cet instant,a fin de graver chaque dĂ©tail dans son esprit Ă  tout jamais. De sa joue, sa main glissa sous le menton de la jeune femme, laissant tout de mĂȘme son pouce dessiner le contour de ses lĂšvres pulpeuses. A ses yeux, Lise Ă©tait comme une vĂ©ritable Ɠuvre d’art dont il se devait de prendre le plus grand soin
 Sa main glissa ensuite dans son cou et d’un geste dĂ©licat, il caressa sa nuque encore mouillĂ©e et approcha une nouvelle fois ses lĂšvres de la jeune femme, s’en l’embrasser pour autant. Aaron se contenta de frĂŽler ses lĂšvres, jouant la carte de la provocation. Sa main caressait toujours doucement sa nuque tandis qu’il continuait, savourant chaque seconde. Finalement, il s’empara des lĂšvres de celle qu’il aimait, l’embrassant avec une passion certaine, comme si ce baiser Ă©tait le dernier qu’il avait le droit d’échanger avec elle, comme si d’une minute Ă  l’autre,elle allait disparaĂźtre. Un baiser passionnĂ©, intense, troublant Ă  la fois
 Sans cesser de l’embrasser, Aaron la souleva dans ses bras et la transporta jusqu’au lit, l’incitant Ă  s’allonger tandis qu’il Ă©tait penchĂ© au dessus d’elle, l’embrassant toujours avec passion et dĂ©licatesse. L’une de ses mains caressa le ventre de la jeune femme, tandis qu’il dĂ©posait quelques baisers le long de sa mĂąchoire, puis dans son cou oĂč il s’attarda un instant. Ce n’est qu’au bout d’une ou deux minutes qu’Aaron retira sa main et reprit son souffle, plongeant une nouvelle fois son regard dans les magnifiques prunelles de la jeune femme. C’est alors qu’il reprit la parole, presque Ă  voix basse esquissant un sourire tendre, sincĂšre et aimant. La fameuse distance de sĂ©curitĂ© est de rigueur
 »Quelle distance ? C’était trop tard dĂ©sormais et il en avait parfaitement conscience. Le jeune homme souria de nouveau avant de dĂ©poser un nouveau baiser sur les lĂšvres de Lizzie, trĂšs furtif certes, mais chaque baiser entre eux avait une saveur comparable Ă  une drogue dure. Aaron souffla doucement, tentant de calmer le tumulte de son corps. Cela dit, il ne voulait surtout pas que Lise s’imagine des choses Ă  son sujet. Aaron savait pertinemment que sa rĂ©putation –qui n’était pas des moindres !- le prĂ©cĂ©dait d’un pas et c’est aussi la raison pour laquelle il n’avait pas envie de prĂ©cipiter les choses avec elle. Je n’ai pas envie de me comporter comme un abruti avec toi
 je tiens sincĂšrement Ă  toi Lise et
 enfin ce que je veux dire, c’est que je peux attendre. Je veux pas d’une relation comme les prĂ©cĂ©dentes
 nous deux ce sera du sĂ©rieux
 j’ai peur que tu imagines que je vais agir avec toi de la mĂȘme maniĂšre que je l’ai fait avec les autres
 c’est faux. Ce que je ressens pour toi est vraiment nouveau et je n’ai pas envie de te faire le moindre mal. »DerniĂšre Ă©dition par Aaron J. Cooper le Lun 19 Juil - 1858, Ă©ditĂ© 1 fois InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Lun 19 Juil - 1840 Chut...Tais-toi
 »Il ne fallait pas y entendre par lĂ  une quelconque attaque de la part de Lise, bien au contraire. Cette phrase, murmurĂ©e telle une vĂ©ritable supplication, sonnait plus comme une demande profonde plutĂŽt que comme un ordre. Lise ne pouvait pas s’empĂȘcher de contempler le visage d’Aaron, dont elle craignait de voir disparaĂźtre les traits si fins d’une seconde Ă  l’autre. Finalement, la tentation s’empara complĂštement d’elle, et la demoiselle se permit de lever lĂ©gĂšrement son visage pour atteindre ce doux fruit dĂ©fendu reprĂ©sentĂ© par les lĂšvres du jeune homme. Ce n’était pas vĂ©ritablement pour l’empĂȘcher de parler qu’elle faisait cela, mais bien pour lui prouver qu’il n’y avait aucune crainte Ă  avoir. Certes, ils n’avaient pas Ă©tĂ© des enfants de cƓur de ce cĂŽtĂ©-lĂ , autant l’un que l’autre, mais qui a dit que le passĂ© importait pour l’instant ? Personne, et surtout pas Lise. Bien Ă©videmment qu’elle Ă©tait tentĂ©e de jalouser chaque femme ayant eu la chance de partager une nuit avec Aaron, mais d’un autre cĂŽtĂ©, elle voulait se dire que dĂ©sormais, elle Ă©tait la seule qui hanterait ses nuits comme il hantait dĂ©sormais les siennes. Qu’importe qu’ils aient Ă©tĂ© des enfants sages ou non, qu’ils aient cĂŽtoyĂ© de prĂšs la dĂ©linquance ou qu’ils aient Ă©tĂ© de vĂ©ritables dĂ©mons, Lise ne voulait mĂȘme pas y penser. Elle perdait de vue cette petite fille qu’elle avait Ă©té Elle perdait toute notion d’enfance dans les bras d’Aaron, comme si elle grandissait de seconde en seconde, sans mĂȘme pouvoir contrĂŽler quoi que ce soit. Le fait est que sa gaminerie habituelle fondait comme neige au soleil dĂšs que leurs regards avaient le malheur de se croiser, dĂšs lors que leurs mains se frĂŽlaient ou que leurs lĂšvres s’entremĂȘlaient. Lise avait l’impression de devenir meilleure
Alors pourquoi craindre le fait de s’abandonner dans ses bras ? Tout en gardant cette pensĂ©e bien ancrĂ©e dans son esprit, Lise intensifia le baiser qu’elle donnait Ă  Aaron, qui fut bientĂŽt teintĂ© d’une passion manifeste et irrĂ©vocable. Lorsque ce divin contact fut rompu, un long soupir s’échappa dĂ©licatement des lĂšvres de Lise. La demoiselle se permit de se relever en entraĂźnant Aaron avec elle, l’incitant Ă  s’asseoir juste Ă  cĂŽtĂ© d’elle sur le lit. Son regard Ă©tait devenu brillant, empli de dĂ©sir, trahissant manifestement la foule de sentiments qu’elle ne parvenait plus Ă  contrĂŽler. AprĂšs tout, elle n’était pas ici pour faire preuve de contrĂŽle, bien au contraire
Si elle avait acceptĂ© ce tout premier rendez-vous avec Aaron, c’était en connaissance de cause. Elle voulait croire que cet instant serait magique et gravĂ© Ă  jamais dans leurs mĂ©moires respectives
 Oublie cette personne que tu as Ă©tĂ©, juste pour ce soir. Je me fiche que tu aies Ă©tĂ© un homme Ă  femme ou bien un solitaire, mais peu m’importe voyons ! Je ne suis pas une sainte, je ne l’ai jamais Ă©tĂ© et je ne le serais jamais. MĂȘme si je peux ĂȘtre tentĂ©e de jalouser chaque femme qui s’est un jour endormie dans tes bras, je veux croire que c’est maintenant moi et moi seule qui hante tes pensĂ©es et tes nuits. Qui que tu aies Ă©tĂ©, cela m’importe peu
Tant que je peux dire que tu es Ă  moi. »Cette notion de propriĂ©tĂ© Ă©tait peut-ĂȘtre un peu extrĂȘme, bien qu’elle soit tellement vĂ©ritable aux yeux de Lise ! Aaron s’était complĂštement emparĂ© de ses pensĂ©es, de son cƓur et de ses moindres dĂ©sirs. Il n’existait pas une chose en elle qui ne soit pas en rapport direct avec ce sentiment passionnĂ© qu’elle ressentait envers lui. Certains diraient qu’il s’agit lĂ  d’une malĂ©diction capable de dĂ©truire complĂštement un ĂȘtre humain Ă  l’allure si fragile
Mais il existait en Lise des ressources inĂ©puisables et insoupçonnĂ©es. C’était une demoiselle forte dans l’adversitĂ©, aussi ne craignait-elle pas le moins du monde d’aller plus loin avec Aaron, quitte Ă  se brĂ»ler les ailes dans la seconde. Elle ne pouvait pas supporter l’idĂ©e de vivre dans le regret de ne pas avoir tentĂ© la chose
 Je ne suis pas du genre Ă  avoir peur, moi, en vĂ©ritĂ©. Je suis plutĂŽt du genre Ă  me battre jusqu’au bout, Ă  dĂ©fendre des idĂ©es bien prĂ©cises bec et ongle, quitte Ă  passer pour une folle furieuse. Je ne veux pas vivre de regrets
Aussi, je sais que je n’aurais aucun regret d’avoir poussĂ© la situation Ă  son paroxysme. Tu ne me feras pas de mal, Aaron
Laisse moi ĂȘtre celle qui va te retenir quand tu es prĂȘt Ă  tomber, celle qui te relĂšvera si jamais d’aventure tu trĂ©buches, et celle qui va t’empĂȘcher de commettre des actes que tu pourrais regretter. Laisse-moi t’aimer
Avec tout ce que cela importe. N’est-ce pas toi qui disait Tu sautes, je saute’ ? C’est exactement ça. Laisse-moi me brĂ»ler les ailes avec toi, ou alors laisse-moi mourir avec le sentiment d’avoir enfin vĂ©cu. »Lise se fichait que ses phrases soient caricaturales au point d’ĂȘtre assimilĂ©es Ă  RomĂ©o et Juliette. Elle n’avait aucune intention que leur propre histoire se termine mal, bien au contraire, mais il Ă©tait devenu vital Ă  ses yeux de lui faire comprendre qu’une seule chose vĂ©cue sans lui, une seule seconde vĂ©cue loin de lui n’était pas utile. Lise dĂ©testait l’inutilité Et si elle avait l’impression de ne pas avoir vĂ©cu jusqu’à lors, elle avait bien l’intention de faire en sorte que cela change. Doucement, avec dĂ©licatesse et contrĂŽle, mais en y allant tout de mĂȘme. Elle n’avait jamais prĂ©tendu qu’il faille faire preuve de vitesse ou de prĂ©cipitation ! Mais partager une telle chose avec Aaron Ă©tait comme Ă©vidente
C’était dans l’ordre des choses, non ? Je n’ai plus aucun contrĂŽle sur moi quand je suis avec toi. Tu t’es emparĂ© de toutes mes armures et tu les as rĂ©duites Ă  nĂ©ant. »La laisserait-il ainsi sans dĂ©fense, alors que Lise Ă©tait littĂ©ralement prĂȘte Ă  sauter le pas ? Elle ne l’avait jamais Ă©tĂ© davantage dans sa vie, d’ailleurs. MĂȘme lors de sa premiĂšre fois, son envie n’était pas aussi puissante qu’à ce moment lĂ . Comme si elle savait que jamais personne ne la ferait se sentir vivante comme Aaron. Et, comme pour ponctuer ses propos, Lise s’approcha davantage, frĂŽlant dĂ©licatement sa joue du bout de ses doigts, avant que celle-ci ne se mette Ă  explorer davantage la peau de son bien aimĂ©. Son menton tout d’abord, dont elle semblait ĂȘtre l’artiste des contours, avant de s’aventurer sur son cou, frĂŽlant sa pomme d’Adam avec une douceur dont elle ne se serait jamais crue capable. Leurs deux visages n’étaient qu’à quelques millimĂštres et pourtant, Lise n’avait pas encore dĂ©cidĂ© de se rapprocher avant d’avoir terminĂ© sa dĂ©licate dĂ©couverte. Comme si Aaron Ă©tait une Ɠuvre dont elle voulait connaĂźtre chaque dĂ©tail avant de pouvoir l’exposer comme la huitiĂšme merveille du monde. Ses yeux n’avaient pas quittĂ©s ceux d’Aaron, tandis que ses doigts s’aventuraient dĂ©licatement sur ses Ă©paules, larges et puissantes. Elle aurait pu dĂ©vier vers le bras, mais ce fut le torse qui fut choisi en premier. Ses courbes parfaitement dessinĂ©es furent Ă  l’origine du mordillement de lĂšvres de la part de Lise, comme si elle se pinçait de peur de rĂȘver. Tant de perfection la laissait littĂ©ralement sans voix, et le silence s’étant instaurĂ© entre eux en devenait presque protecteur. Comme si effectivement, la terre s’était arrĂȘtĂ©e de tourner et qu’ils Ă©taient seuls au monde, pour leur plus grand plaisir. Les yeux de Lise devenaient plus brillants de seconde en seconde, comme si son dĂ©sir devenait plus puissant au fur et Ă  mesure qu’elle le dĂ©couvrait. Comment avait-elle pu vivre sans lui pendant tant d’annĂ©es ? A cet instant dĂ©jĂ , elle Ă©tait tentĂ©e de se poser la question, sans oser la faire dĂ©passer de ses lĂšvres. C’était son petit secret Ă  elle, gardĂ© jalousement dans son esprit et dans son cƓur, avant de ses doigts continuaient de dĂ©couvrir la douceur incroyable de la peau d’Aaron. Tout en lui n’était que perfection et beautĂ©, si bien que bientĂŽt, ce fut sa main toute entiĂšre qui se mit Ă  descendre le long de son torse. Elle ne voulait manquer aucun dĂ©tail, faire comme un aveugle avec un texte en braille et dĂ©tailler absolument chaque parcelle de peau d’Aaron. Elle se rapprocha encore davantage de lui tandis que sa main s’aventurait dĂ©sormais sur son dos, le caressant doucement tandis que ses lĂšvres s’étaient lĂ©gĂšrement entrouvertes. Ce ne fut que lorsque sa main remonta jusqu’à sa nuque qu’elle se permit d’exercer une nouvelle pression pour lier tendrement ses lĂšvres aux siennes. De longues secondes demeurĂšrent en suspend pendant ce baiser qui n’avait strictement rien de virulent, bien au contraire. Ses mains s’étaient dĂ©sormais Ă©chouĂ©es sur ses Ă©paules, pour mieux commencer Ă  essuyer les derniĂšres gouttes d’eau qu’avait laissĂ©es la chemise mouillĂ©e ĂŽtĂ©e quelques instants plus tĂŽt par les bons soins d’Aaron. Il n’y a aucune raison de faire les choses de maniĂšre brutale
On a tout le temps et puis, c’est notre premier rendez-vous, non ? J’espĂšre que tu veux autant que moi qu’il soit unique. »Pour l’ĂȘtre, il l’était dĂ©jĂ . Lise n’avait pas idĂ©e Ă  quel point il allait l’ĂȘtre, du reste
Elle se contenta d’exercer Ă  nouveau une pression sur les Ă©paules puissantes d’Aaron afin qu’il se retrouve Ă  nouveau sur elle, dans la mĂȘme position que tout Ă  l’heure, avant de se mettre Ă  caresser sa joue dĂ©licatement. Elle dĂ©posa un baiser chaste sur ses lĂšvres avant de reprendre, les yeux brillants de passion Je vais demander ce que j’ai manquĂ© de laisser Ă©chapper tout Ă  l’heure
Je voudrais que tu me fasses l’amour Aaron. » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mar 20 Juil - 1622 Les premiers rayons du soleil venaient tout juste de faire leur apparition. AllongĂ© sur le cĂŽtĂ© et la tĂȘte appuyĂ©e contre sa main, Aaron ne pouvait plus la quitter des yeux. Cela faisait prĂšs d’une demie heure maintenant qu’il la regardait dormir, un lĂ©ger sourire en coin et totalement sous le charme. D’un geste tendre qui ne lui ressemblait pourtant pas, il effleura sa joue, frĂŽlant sa peau du bout des doigts, son cou, puis son Ă©paule dĂ©nudĂ©e. Elle lui semblait incroyablement fragile
 Lorsqu’elle ouvrit les yeux, son sourire s’accentua davantage encore. Elle Ă©tait tout juste divinement belle. Il avait envie de lui dire que cette nuit avait Ă©tĂ© la plus fabuleuse de toute sa vie et qu’il ne voulait plus la quitter mais les mots Ă©taient dĂ©sormais superflus. Un simple regard suffisait Ă  lui faire comprendre ce qu’il ressentait. C’est alors qu’à son tour, elle souria avant de venir se blottir dans ses bras, son corps dĂ©nudĂ© venant se plaquer contre le sien. Jamais encore il n’avait Ă©prouvĂ© une sensation aussi intense. DĂ©licatement, il passa sa main dans les cheveux de la jeune femme et dĂ©posa un baiser dans son cou. Je t’aime
 »  voila les seules paroles qu’il fut capable de murmurer prĂšs de son oreille. Il le savait dĂ©sormais c’était elle qu’il aimerait jusqu’à la fin de ses jours
Difficile d’exprimer quel Ă©tait l’état d’esprit d’Aaron en cette belle matinĂ©e ensoleillĂ©e. Le jeune homme afficha un lĂ©ger sourire qui ne le quitta pas de la matinĂ©e, ses pensĂ©es Ă©tant toutes tournĂ©es vers cette nuit fabuleuse qu’ils venaient de passer. Aaron Ă©tait surpris par l’ampleur de ses propres sentiments et surtout, pour la premiĂšre fois de sa vie, il avait prononcĂ© les mots magiques, il avait dit Ă  Lise qu’il l’aimait
 Jamais, pas une seule fois il n’avait prononcĂ© ces douces paroles en prĂ©sence d’une autre femme. A vrai dire, ses sentiments n’avaient jamais Ă©tĂ© aussi limpides. AprĂšs une matinĂ©e passĂ©e en amoureux, Ă  savoir, petit dĂ©jeuner au lit, cĂąlin plein de tendresse et longue discussion au sujet de tout et de rien, les deux Ă©tudiants s’étaient levĂ©s, douchĂ©s, habillĂ©s et s’étaient finalement rendus Ă  l’UniversitĂ© afin d’assister aux derniers cours de la journĂ©e. Certes l’envie n’était pas au rendez vous et si ça ne tenait qu’à lui, Aaron aurait volontiers fermĂ© les volets, coupĂ© son tĂ©lĂ©phone portable et serait restĂ© encore une Ă©ternitĂ© Ă  serrer Lizzie dans ses bras. Plus rien n’avait d’importance Ă  part elle dĂ©sormais
 de façon totalement inexplicable, il savait que sa vie dĂ©pendrait entiĂšrement de son amour Ă  partir de ce jour. La question qui lui revenait souvent en tĂȘte Ă©tait de savoir comment il avait pu tenir le coup jusqu’à aujourd’hui. Sans Lise, sa vie paraissait totalement dĂ©nuĂ©e de sens. Certaines mauvaises langues h’hĂ©siteraient pas Ă  dire qu’il s’agit lĂ  que de l’euphorie des premiers jours, des premiers Ă©mois et des premiers instants passĂ©s ensemble. Aaron savait que c’était tout autre chose et que ses sentiments dĂ©passaient de loin les limites de l’entendement. Ce n’était dĂ©cemment pas possible d’aimer quelqu’un Ă  ce point et en si peu de temps. Pourtant, le jeune homme ne pouvait nier ses sentiments et leur intensitĂ©. Pour la premiĂšre fois de sa vie, Aaron n’était pas effrayĂ© Ă  l’idĂ©e de s’engager dans une relation sĂ©rieuse. A vrai dire, ça lui semblait mĂȘme Ă©vident. Maintenant qu’il avait goĂ»tĂ© au bonheur et Ă  la perfection, il ne pourrait plus jamais s’en passer. C’est donc main dans la main qu’ils traversĂšrent les couloirs de l’UniversitĂ©, n’échappant pas aux regards abasourdis des Ă©tudiants incrĂ©dules qui croisĂšrent leur chemin. Aaron se demanda alors quelle serait la rĂ©action de Summer si elle apprenait qu’il l’avait dĂ©laissĂ© pour Lise qu’elle considĂ©rait dĂ©sormais comme sa pire ennemie. De toute Ă©vidence, Lloyd ne manquerait pas une occasion de la consoler, depuis le temps qu’il rĂȘvait de lui mettre le grappin dessus !! Enfin bon, toutes ces histoires lui passaient par-dessus la tĂȘte dĂ©sormais et Aaron Ă©tait bien content d’avoir Ă©chappĂ© Ă  cette bande d’hypocrites. Le jeune homme accompagna Lise jusque devant son amphi avant de glisser une main sous son menton pour lui voler un ultime baiser
 Je risque de trouver le temps affreusement long sans toi
 Le premier qui sort attend l’autre ? » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Mar 20 Juil - 1703 Je t’aime’
cette simple phrase dictĂ©e par Aaron un peu plus tĂŽt avait eu l’effet d’une vĂ©ritable bombe sur le cƓur de Lise. Si bien qu’elle avait l’impression qu’il s’était totalement emparĂ© de son cƓur en une seule seconde. Cette phrase, dieu sait qu’elle l’avait attendue
Et savoir que ses sentiments Ă©taient partagĂ©s ne pouvait pas la rendre plus heureuse. C’était bien simple, Lise pensait que rien n’aurait pu lui enlever ce sourire complĂštement bĂ©at, qu’elle avait conservĂ© toute la journĂ©e, depuis l’instant oĂč elle avait quittĂ© Aaron Ă  l’entrĂ©e de son amphi. Le premier sorti attend l’autre
Pour sĂ»r, dĂšs que la fin de son dernier cours allait retentir, elle allait s’empresser de courir le retrouver. Du moins, c’était ce qu’elle prĂ©voyait
Jusqu’à ce qu’une vision d’horreur dĂ©file sous ses yeux alors qu’elle sortait de son propre amphi pour se rendre Ă  son avant dernier cours. Son pĂšre, prĂ©sent au bout du couloir, la toisait hautainement avec une froideur qui n’était digne que de lui. L’espace d’un instant, elle tenta de fuir, Ă©videmment. Mais un des gardes du corps de son pĂšre s’était positionnĂ© derriĂšre elle, l’empĂȘchant de prendre la poudre d’escampette. Evidemment, la discussion fut houleuse, trĂšs houleuse. James ne mĂącha pas ses mots, devant une Lise complĂštement atterrĂ©e. C’était Ă  peine si elle avait le temps d’en placer une, et du reste, elle ne savait mĂȘme pas ce qu’elle pourrait dire pour sa dĂ©fense. De toute Ă©vidence, son pĂšre Ă©tait lĂ  pour la ramener de force Ă  San Francisco, mais Lise ne pu s’empĂȘcher de lui demander s’il faisait cela pour lui-mĂȘme, pour sa foutue rĂ©putation, ou bien par amour pour sa fille, parce qu’elle lui manquait. Quelle idiote Ă©tait-elle, de poser une question pareille ! D’ailleurs, la rĂ©ponse fut nette et sans appel T’aimer ? Comment pourrait-on aimer un caillou dans sa chaussure
Il n’en fallut pas plus pour que Lise soit prise par un Ă©lan de courage insoupçonnĂ© et parvienne Ă  se faufiler entre les mailles du filet. Sans rĂ©flĂ©chir, elle s’était mise Ă  courir aussi vite qu’elle le pouvait, faisant tomber son sac Ă  bandouliĂšre dans la bataille, contenant son tĂ©lĂ©phone, ses papiers et ses livres de cours. Il fallait qu’elle s’échappe, par consĂ©quent elle admit que c’était une perte supportable. Son pĂšre ne la fit pas chercher tout de suite, du reste. Il avait d’abord une affaire Ă  rĂ©gler avant de courir dans toute la ville pour mettre le grappin sur Lise
Il ne devait pas ĂȘtre moins de dix sept heures lorsque la porte de l’amphithéùtre de l’UFR 8 s’ouvrit doucement, laissant entrevoir une silhouette que Grant Spencer ne pu s’empĂȘcher de regarder avec un haut sentiment de dĂ©goĂ»t. Cette personne qui venait de se prĂ©senter devant lui, le mĂ©decin avait tant espĂ©rer ne jamais la recroiser
Et il n’osait mĂȘme pas espĂ©rer qu’il vienne faire simplement un brin de causette, tout en interrompant un cours on ne peut plus important au programme de ses premiĂšres annĂ©es. Ce fut donc dans le silence le plus total, et sous le regard Ă©bahi d’une bonne trentaine d’étudiants que les hommes se toisĂšrent durant de longues minutes. Ils se connaissaient depuis de trĂšs nombreuses annĂ©es, et pourtant, ils ne se gratifiĂšrent l’un l’autre d’aucune marque d’affection. Aucune poignĂ©e de main, aucune accolade au rendez-vous. Juste un regard froid Ă©changĂ©, Ă  croire que le premier Ă  baisser les yeux serait dĂ©finitivement qualifiĂ© de faible. Pour une fois, Spencer n’était pas considĂ©rĂ© comme le professeur avenant et soucieux de l’avenir de ses Ă©lĂšves
Face Ă  cet homme qu’il haĂŻssait cordialement, il devenait un vĂ©ritable chien enragĂ©, persuadĂ© que cette pourriture n’avait fait que lui voler la femme de sa vie. Vous l’aurez devinĂ©, l’homme qui venait de faire irruption dans l’amphithéùtre n’était autre que l’éminent James Hawkins, ponte parmi les scientifiques, et milliardaire le plus influent de New York. Sa rĂ©putation n’était plus Ă  faire, et aussi vrai qu’il Ă©tait respectĂ© et admirĂ© dans le monde des affaires, il Ă©tait aussi un piĂštre gĂ©niteur. N’ayant jamais eu aucun respect ni aucune affection pour sa fille Lise, sa seule prĂ©sence ici attestait du fait qu’elle n’était qu’un objet qu’il voulait s’empresser de contrĂŽler Ă  nouveau
Pour mieux s’en dĂ©barrasser par la suite, une fois qu’elle serait dĂ©finitivement inutile Ă  ses yeux. Cet homme pressĂ© et impitoyable n’avait aucune envie de faire dans la dentelle ce soir
Aussi, Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale, ce fut lui et lui seul qui brisa le silence pesant lourdement dans la piĂšce, avec son habituel ton hautain et sĂ»r de lui. Je ne suis pas ici pour tergiverser. Ma requĂȘte est simple, et j’attends de toi que tu la respectes en faisant fi du passĂ©, Spencer. Je te demanderais Ă  l’avenir d’oublier l’existence mĂȘme de ma fille. Elle n’aura plus besoin de toi dĂ©sormais, puisque je compte bien la ramener Ă  New York avec moi. » Je n’ai aucun ordre Ă  recevoir de toi, Hawkins, et aussi vrai que je suis mĂ©decin, je sais pertinemment comme tu traites Lise ! Ton dĂ©sintĂ©rĂȘt absolu pour ce qu’elle ressent ou souhaite est bien la preuve que tu t’en moques comme de ta premiĂšre chemise. N’en as-tu pas assez de briser constamment sa vie ? N’aura-t-elle d’importance que lorsqu’elle sera parvenue Ă  mettre fin Ă  ses jours ?! » Dit celui qui n’a jamais eu d’enfant
Allons Spencer, maĂźtrise-toi donc, tu te rendrais encore plus ridicule que tu ne l’es dĂ©jĂ  en poursuivant sur cette voie. » Je suis au moins assez fin pour constater que tu as profitĂ© de l’absence d’Amaury Delierre pour venir contraindre ta fille Ă  te suivre ! Ta lĂąchetĂ© suprĂȘme m’étonnera toujours. » Ah, ce cher Amaury
C’est un français. Il a un ton qui ne souffre aucune rĂ©plique et il connait trop bien Lise. Contrairement Ă  toi
Penses-tu sincĂšrement qu’un pĂšre puisse accepter de voir sa fille fuguer pendant deux ans pour devenir mannequin ? L’idĂ©e mĂȘme qu’elle ait pu jouer les apprenties prostituĂ©es dans ce mĂ©tier me rĂ©vulse ! Elle a souillĂ© le nom qu’elle porte depuis sa naissance, et il n’est pas question que je la laisse poursuivre dans cette voie. C’est une fille intelligente, trop peut-ĂȘtre, et je regrette ĂŽ combien qu’elle ne soit pas un garçon. Je l’aurais volontiers formĂ©e pour devenir ma conseillĂšre, si seulement ses hormones fĂ©minines se taisaient. Il est plus que temps que cette petite capricieuse retrouve sa place ! En dĂ©finitive
Comme je te l’ai dis, je ne suis pas ici pour Ă©couter tes sornettes. Je te demande juste de couper dĂ©finitivement les ponts avec Lise. Ne me force pas Ă  t’y contraindre, tu sais bien que tu ne gagnerais pas. Tu perdrais exactement de la mĂȘme façon que tu as perdu Anne, Ă  l’époque
 » Lise n’est pas un objet ! Tu as vu comment tu penses d’elle ? Ce n’est qu’un paquet de neurones, Ă  t’attendre, ou une prostituĂ©e ! Merde James, quand vas-tu comprendre que c’est un ĂȘtre humain ? As-tu oubliĂ© le jour oĂč tu l’as rĂ©cupĂ©rĂ©e souillĂ©e du sang d’Anne ! » Fais silence ! Tu regretteras tes paroles, Spencer ! Encore un seul mot et je jure devant Dieu que je te briserais en mille morceaux, dussĂ©-je ne me concentrer que sur cela ! »Spencer Ă©tait le spĂ©cialiste pour faire sortir James Hawkins de ses gongs. Cela dit, en excellent comĂ©dien qu’il Ă©tait, le milliardaire ne s’abandonna pas Ă  une colĂšre absolue. Il se reprit, en remettant en place sa cravate hors de prix avant de se racler la gorge. Une fois parfaitement calme, il reprit d’un ton toujours aussi hautain Allons Spencer
Ne me dis pas que Lise puisse motiver quelconque tempĂ©rament combattif chez toi
Vois donc la vĂ©ritĂ© en face ! Ce n’est qu’une idiote, une Ă©cervelĂ©e, une gamine gĂątĂ©e et capricieuse ! Si je peux encore la faire marier Ă  son prĂ©tendant, il faut que je m’estime heureux ! Bon dieu, qui voudrait d’une folle furieuse comme elle ? » Tu parles de ta propre fille
Tu la dĂ©nigres, devant toute une assemblĂ©e, alors qu’elle surpasse trĂšs allĂšgrement ton QI et que sa culture est extraordinaire pour une fille de son Ăąge ! Hawkins, tu n’es mĂȘme pas qu’un pourri, c’est TOI l’inutile dans l’histoire ! Pourquoi je me bats pour elle ? Mais parce qu’elle a une valeur que tu n’auras jamais ! C’est la fille que je n’ai jamais eue, et je sais Ă  quel point elle est intelligente et douĂ©e dans beaucoup de domaines. Elle n’a pas mauvais caractĂšre, elle a DU caractĂšre. Nuance. Outre le fait que je la respecte autant que je respectais Anne, tu peux me briser si tu le veux, je continuerais Ă  croire en elle et Ă  l’aider. Sans quoi, je la pense capable de se flanquer une balle dans la tĂȘte ! C’est cela que tu veux ?! C’est donc ça ta finalitĂ©, ton but Hawkins ? » Et bien
Si elle a rĂ©ussi Ă  se faire apprĂ©cier de toi Ă  ce point, c’est qu’elle a amĂ©liorĂ© considĂ©rablement son talent de comĂ©dienne. Elle t’a embobinĂ© avec son numĂ©ro de fausse gentille, n’est-ce pas ? » Pauvre pourri
Ton fric te rongeras dĂ©cidĂ©ment jusqu’à ce que l’un de tes enfants se foute en l’air. OĂč est Lise ?! » Tu auras des nouvelles de mon avocat trĂšs prochainement, Spencer. On verra si tu es aussi loquace devant une cour. Pour le moment, Lise m’a filĂ© entre les doigts
Il semble qu’elle n’ait pas acceptĂ© le fait que je rĂ©ponde Ă  sa question. Quelle idĂ©e de me demander si je l’aime, aussi ? Tu n’auras pas le temps de lui dire au revoir, de toute maniĂšre, petit mĂ©decin. »Et James Hawkins avait quittĂ© la salle, non sans envoyer un dernier sourire proprement narquois et satisfait Ă  la figure de Spencer. Le faire sortir de ses gongs pour avoir une raison de l’attaquer, voilĂ  bien son seul et unique souhait. Une fois que la porte fut refermĂ©e derriĂšre lui, ce fut un Spencer parfaitement paniquĂ© qui se saisit de son cellulaire pour appeler toutes ses connaissances du coin. Connaissant la douceur lĂ©gendaire du milliardaire, il avait du sortir les pires horreurs Ă  sa fille pour qu’elle parvienne Ă  lui filer entre les doigts une fois encore. Lise devait ĂȘtre dans un Ă©tat de colĂšre et de dĂ©tresse profonde, aussi, le mĂ©decin avait peur qu’elle ne cherche Ă  se foutre en l’air dĂ©finitivement. Il ne connaissait pas sa rĂ©sistance, mais il connaissait suffisamment James pour savoir Ă  quel point il pouvait ĂȘtre pourri. Il passa un nombre incalculable de coups de fil, y compris Ă  l’assistant d’Amaury Delierre, afin qu’il prĂ©vienne son patron que Lise Ă©tait potentiellement en danger. Ce n’était pas complĂštement faux, du reste
Mais oĂč diable Ă©tait Lise ? C’était une excellente question. AprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  s’échapper par on ne sait quel miracle, elle avait roulĂ© comme une folle au volant de son magnifique cabriolet, jusqu’au moment oĂč elle l’avait garĂ© deux rues plus loin que le bar oĂč elle travaillait. A partir de dix sept heures, Lise avait commencĂ© Ă  se souler gentiment, buvant verre de vodka sur verre de vodka, sans compter les nombreuses biĂšres qu’elle s’enfila Ă  une vitesse impressionnante, avant de se saisir de trois bouteilles de tequila pour mieux aller cuver son alcool plus loin. Mary avait bien essayĂ© d’intervenir, sans aucun rĂ©sultat. Alors qu’elle cherchait Ă  raisonner Lise, la demoiselle s’était Ă©nervĂ©e et avait fuit la serveuse comme la peste. OĂč elle se rendait ? Lise l’ignorait complĂštement elle-mĂȘme
La demoiselle ne reprit pas sa voiture, et commença Ă  marcher droit devant elle, ses bouteilles d’alcool Ă  la main. Elle avait un dĂ©bardeur qui recouvrait sa poitrine et montrait largement son ventre plat, ainsi qu’un short qui ne pouvait pas ĂȘtre plus court, les deux de couleur noire. En somme, elle avait une vĂ©ritable tenue pour provoquer les violeurs
Par chance, elle passa un temps considĂ©rable sur la premiĂšre plage qu’elle trouva, dĂ©serte Ă  cause de la grisaille qui pointait Ă  l’horizon. L’eau Ă©tait bien trop fraĂźche pour tenter une quelconque baignade, et le vent Ă©tait si fort que les quelques fous qui avaient bronzĂ© cette aprĂšs-midi Ă©tait partis. En somme, Lise pu continuer sa soirĂ©e de beuverie sans craindre d’ĂȘtre repĂ©rĂ©e. En l’espace d’une heure, Lise s’enfila la premiĂšre bouteille de tequila, commençant gentiment Ă  sentir ses sens Ă©chapper Ă  son contrĂŽle. Elle s’était dĂ©sormais relevĂ©e du sable oĂč elle Ă©tait assise, ne sachant pas qu’il Ă©tait maintenant vingt et une heure. Combien de temps avait-elle marchĂ©, ou passĂ© sur la plage ? MystĂšre et boule de gomme. Elle oublia une bouteille dans le sable, gardant la derniĂšre rescapĂ©e Ă  la main, en recommençant Ă  marcher, ou plutĂŽt Ă  tituber comme une Ăąme en peine sur la route qui Ă©tait dĂ©serte. L’esprit complĂštement ailleurs, elle ne vit pas ce malheureux petit caillou au bord de la route, contre lequel elle trĂ©bucha avant de tomber Ă  terre
Sur sa bouteille d’alcool pleine, qui se brisa sous le choc. RĂ©sultat des courses Un mollet droit complĂštement Ă©corchĂ©, couvert de bouts de verre, saignant relativement abondamment. Lise Ă©tait dans un Ă©tat
Si elle s’était vue elle-mĂȘme, probablement aurait-elle eu peur de ce fameux reflet dans le miroir. Mais sans ressentir la moindre douleur, ni mĂȘme la moindre sensation Ă  cause de la dose d’alcool qu’elle avait ingurgitĂ©e, Lise se releva et se remit Ă  marcher, dans un ultime effort. BientĂŽt, elle parvint jusqu’à la rue qu’elle avait quittĂ©e le matin mĂȘme, en compagnie d’Aaron
Dans cette rue se trouvait la maison de la mĂšre adoptive d’Aaron, Sarah. Et Lise parvint Ă  tituber jusqu’au pallier de cette fameuse maison, avant de s’écrouler littĂ©ralement sur le paillasson aprĂšs avoir sonnĂ© une fois Ă  la porte. Avait-elle conscience qu’elle se trouvait en danger ? Inconsciemment, sĂ»rement, puisqu’elle avait rĂ©ussi Ă  retrouver un chemin familier dans la brume. Mais Ă  peine avait-elle appuyĂ© sur le bouton qu’elle s’était Ă©vanouie lĂ , le mollet en sang, le visage livide et les membres contractĂ©s au possible. Dans sa sorte de coma, elle ne murmurait qu’un seul et unique mot
 Aaron
 » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Jeu 22 Juil - 1828 Ne sois pas stupide !!! Je sais que tu l’as vu partir !! Ou est-elle allĂ©e ? » Hum
 il est effectivement probable que je sache dans quelle direction Cendrillon s’en est allĂ©e mais
 je ne sais pas si ça vaut le coup que je parle. Tu me donnes quoi en Ă©change ? » Ne joue pas avec ma patience Summer. » Ne t’emballe pas, je ne joue pas !! C’est juste que je ne vois pas pourquoi je ferais ça. Surtout pour
’elle’. Pourquoi fuit-elle son paternel au juste ? DĂ©cidĂ©ment, cette fille est et demeurera toujours une vĂ©ritable idiote ! »AppuyĂ©e contre son casier, la jeune femme mĂąchouillait tranquillement son chewing-gum fruits de la passion, tout en tortillant une mĂšche de ses longs cheveux blonds. Summer avait assistĂ© au spectacle dans son intĂ©gralitĂ© et n’était pas peu fiĂšre d’avoir rĂ©ussi Ă  obtenir autant d’informations au sujet de Lise. Voila de quoi alimenter ses conversations dĂ©jĂ  riches en verbiages inutiles et mĂ©disants. La jeune femme se trouvait dans le couloir au moment oĂč Lise avait pris la fuite. En rĂ©alitĂ©, Summer Ă©tait en train de regagner le cours de mĂ©decine lorsqu’elle avait croisĂ© la fille Hawkins qui prenait la tangente. Sur le coup, elle avait pensĂ© que Lise cherchait un nouveau moyen original et extravagant de se mettre en scĂšne, jusqu’au moment oĂč elle avait aperçu James Hawkins entrer dans la salle de cours. Naturellement, elle l’avait suivi afin de prendre place et d’assister Ă  la conversation entre le milliardaire et Spencer, comme on assiste Ă  une piĂšce de théùtre. Cette situation cocasse n’avait pas manquĂ© de la faire rire. Aaron aurait mĂȘme jurĂ© l’avoir vu prendre des notes. DĂ©sormais, les deux Ă©tudiants qui formaient autrefois le couple le plus enviĂ© du campus, se lançaient de sombres regards, attendant impatiemment que l’un d’eux se dĂ©cide enfin Ă  cĂ©der. Aaron Ă©tait sur le point de reprendre la parole au moment oĂč Spencer, qui se tenait prĂšs de lui depuis le dĂ©but, prit enfin la parole. Tu n’es dĂ©cidĂ©ment qu’une enfant ridicule et Ă©cervelĂ©e comme tes derniĂšres frasques l’ont prouvĂ© une Ă©niĂšme fois !! Alors sers toi de ta tĂȘte pour changer et dis nous ce que tu sais !! »Le mĂ©decin venait de perdre patience et le ton qu’il venait d’employer Ă©tait glacial et Ă©tonnement surprenant quand on connaĂźt la douceur et la patience qui Ă©manaient de cet homme en temps normal. D’ailleurs, la petite blonde qui n’avait pas l’habitude de se trouver face Ă  autant d’autoritĂ© sursauta lĂ©gĂšrement. Depuis quand son professeur de mĂ©decine la traitait-il d’écervelĂ©e ?? Surprenant le sourire narquois de MĂ©g, Summer lui assena un coup de coude avant de remettre en place les plis de sa jupe rose et blanche, tenue de la parfaite cheerleader selon la principale intĂ©ressĂ©e. Finalement, elle soupira et planta son regard dans celui de Spencer, comprenant que si elle ne se dĂ©cidait pas Ă  parler, elle risquait de passer un sale quart d’heure. Je vous promets que je ne sais pas oĂč elle se trouve. Tout ce que j’ai vu, c’est que Cendr
que Lise partait en courant, elle a d’ailleurs laissĂ© tomber son sac en partant. » Elle a pris quelle direction ? »Avant de continuer, Summer se tourna, ouvrit son casier et au grand Ă©tonnement d’Aaron en sortit le sac de Lise qu’elle lui tendit. Le jeune homme ne doutait pas un seul instant du fait qu’elle ait pu jeter un coup d’Ɠil Ă  l’intĂ©rieur dans l’espoir de trouver quelque chose d’intĂ©ressant mais fut surtout surpris de constater qu’elle ne cherchait pas Ă  cacher qu’il se trouvait en sa possession. Cette fille lĂ  Ă©tait dĂ©finitivement incomprĂ©hensible. Elle est partie en direction du parking je crois. 
 Je vous assure que je ne sais rien de plus ! Je ne suis pas la seule Ă  avoir assistĂ© Ă  la scĂšne !! A propos, son pĂšre semblait plutĂŽt en rogne contre vous, qu’est-ce que vous lui avez fait ? » Ce ne sont pas tes affaires jeune fille. Aaron, vient avec moi ! »Laissant les deux jeunes femmes, Aaron suivit Spencer jusque sur le parking oĂč il jeta un rapide coup d’Ɠil circulaire avant de constater qu’effectivement, la voiture de Lise avait disparu. Il fallait impĂ©rativement la retrouver avant que James Hawkins ne le fasse lui-mĂȘme. AprĂšs le dĂ©part du pĂšre de Lise, Spencer lui avait vaguement expliquĂ© la situation et avait sollicitĂ© son aide afin de retrouver la jeune femme. Selon lui, elle Ă©tait capable du pire et cette simple pensĂ©e suffisait Ă  effrayer Aaron. Tu n’as pas une idĂ©e de l’endroit oĂč elle pourrait ĂȘtre ? Y’a-t-il un lieu qu’elle aime en particulier ? Un endroit oĂč elle pourrait se rĂ©fugier tout en s’y sentant en sĂ©curitĂ© ? Bon sang, cette situation est infernale !! » Ne vous inquiĂ©tez pas, nous allons la retrouver, j’en suis certain. On va commencer par aller chez elle. » Aaron espĂ©rait sincĂšrement ne pas se tromper. Il fallait impĂ©rativement qu’il retrouve Lise et qu’il la protĂšge de ce pĂšre qui voulait la ramener de force Ă  New York. Hors de question qu’il prenne le risque de la perdre !! Le jeune homme conduisit Spencer jusqu’à sa voiture et ensemble, les deux hommes se rendirent jusqu’à la villa d’Amaury. Sachant pertinemment que le mĂ©decin serait absent, Aaron escalada le portail et couru jusqu’à l’espace personnel de Lizzie, dans l’espoir de la trouver. Malheureusement, lorsqu’il entra, la maison Ă©tait vide et Lise n’avait laissĂ© aucune trace de son passage. Aussi vite qu’il Ă©tait entrĂ©, Aaron regagna la voiture et annonça Ă  Spencer qu’il fallait chercher dans une autre direction. Le mĂ©decin dĂ©cida qu’il serait sans doute plus prudent de se sĂ©parer afin d’élargir les recherches, chose que le jeune homme approuva immĂ©diatement. Rapidement, les deux hommes Ă©changĂšrent leurs numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone afin de se tenir au courant de la tournure que prendraient les Ă©vĂšnements. Spencer sortit de la voiture et grimpa dans un taxi, tandis qu’Aaron prit l’initiative de passer faire un saut au bar oĂč travaillaient Lise et Mary afin de savoir si cette derniĂšre avait eu des nouvelles. Quand il fut sur place, Aaron entra prĂ©cipitamment dans le bar, cherchant Mary du regard. A la place, il croisa les yeux Ă©berluĂ©s de Lloyd qui se demandait probablement quelle mouche l’avait piquĂ©. Qu’est-ce qui se passe Aaron, t’as l’air de
 » Ou est Mary ? » Mary ?! Elle est partie y’a une demie heure environ. Y’a un problĂšme ? » Faut que je retrouve Lise, je ne sais pas oĂč elle est. J’ai pas le temps d’en parler Lloyd, si tu vois l’une ou l’autre tu m’appelles, compris ? » C’était donc vrai ce que Summer m’a 
 »  racontĂ© ? » Aaron n’eu pas le temps d’entendre la fin de la question que dĂ©jĂ , il se trouvait dehors. Bon sang, mais oĂč pouvait-elle ĂȘtre passĂ©e ?! Il fallait impĂ©rativement qu’il sillonne la ville et qu’il la retrouve !! Le jeune homme remonta dans sa voiture et juste au moment oĂč il dĂ©marrait, entendit son tĂ©lĂ©phone sonner. IntĂ©rieurement, il pria pour que ce soir Spencer, prĂȘt Ă  lui annoncer une bonne nouvelle ! Pas de chance c’était le numĂ©ro de Sarah qui venait de s’afficher ! Avec toute cette histoire, Aaron avait complĂštement oubliĂ© que sa mĂšre rentrait aujourd’hui et qu’il lui avait promis de venir dĂźner pour fĂȘter son retour. Il s’apprĂȘtait Ă  inventer une excuse lamentable mais Sarah ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit. Aaron, il faut que tu viennes immĂ©diatement. Je viens de trouver une jeune fille devant la porte et
 elle demande Ă  te voir. Oh je t’en prie, rentre, elle n’a pas l’air d’aller trĂšs bien et elle est blessĂ©e. » Quoi ?! J’arrive immĂ©diatement !! »Le jeune homme dĂ©marra en trombe, empruntant la nationale menant au quartier rĂ©sidentiel dans lequel vivait Sarah. Tout en conduisant, il composa le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone de Spencer Spencer ? Je crois savoir oĂč se trouve Lise
 » Aussi vite que l’éclair, Aaron fut devant la villa. Il laissa sa voiture devant l’allĂ©e et entra Ă  toute vitesse Ă  l’intĂ©rieur. Sarah avait pris soin d’allonger Lise sur le canapĂ© et dĂ©sormais, elle se tenait debout Ă  cĂŽtĂ© d’elle, l’air visiblement inquiet. Aaron se prĂ©cipita vers la jeune femme et constata rapidement l’ampleur des dĂ©gĂąts avant de l’étreindre doucement. Lise !! Bon sang ce que tu m’as fait peur !! T’en fais pas mon amour, on va trouver une solution
ça va s’arranger. » Je n’ai pas osĂ© la toucher, je crois que nous devrions appeler un mĂ©decin
 » Pas de mĂ©decin !! »Sarah venait tout juste de dĂ©crocher le tĂ©lĂ©phone qu’Aaron le lui arracha des mains pour mieux le raccrocher. Sa mĂšre lui lança un regard interloquĂ© et croisa une nouvelle fois ses bras devant elle. Bon sang, mais tu vas enfin m’expliquer ce qui se passe dans cette maison ?! Qui est cette fille ? »Aaron haussa les yeux au ciel, il se serait largement passĂ© des questions pour le moment. Sans rĂ©pondre immĂ©diatement, il observa attentivement les plaies de Lise puis s’empara de son tĂ©lĂ©phone portable pour appeler Spencer. Je peux savoir Ă  qui tu tĂ©lĂ©phones ? » Un mĂ©decin ! »Nouveau regard choquĂ© de la part de Sarah qui ne semblait plus rien comprendre Ă  la situation. Elle se laissa d’ailleurs tomber dans l’un des fauteuils du salon tout en appuyant son front contre sa main. Elle avait toujours su que son fils Ă©tait Ă©trange, mais lĂ , ça dĂ©passait les limites de l’entendement !! Aaron expliqua Ă  Spencer que Lise Ă©tait bien chez lui et qu’elle Ă©tait blessĂ©e. Le mĂ©decin lui fit la promesse de venir le plus rapidement possible mais lui conseilla de nettoyer la plaie en attendant son arrivĂ©e. Lorsqu’il raccrocha, Aaron surprit le regard Ă©trange de Sarah et dĂ©cida enfin de tout lui expliquer. Lise
 que tu vois ici, est ma petite amie. Non, c’est bien plus que ça en fait et
 enfin c’est compliquĂ© !! »Aaron s’était redressĂ© et prĂ©cipitĂ© en direction de la salle de bain pour prendre de quoi nettoyer la plaie de Lise et retirer les morceaux de verre. Sarah s’était levĂ©e Ă©galement et avait suivi son fils afin d’obtenir de plus amples informations au sujet de cette mystĂ©rieuse demoiselle, tout en ignorant sa prĂ©sence. Ta quoi ??? Non mais tu as perdu l’esprit ma parole !! Et Summer dans tout ça ? » C’est fini avec Summer ! » C’est du rapide avec toi !! Pourquoi vous avez rompu ? Je l’aime beaucoup moi cette petite, elle Ă©tait ravissante, adorable et
 tu m’écoutes ?! » Ouais ouais 
 on verra ça plus tard ! » Et cette Lisa
 Lise, enfin qu’importe, elle a l’habitude de dĂ©barquer en Ă©tat d’ébriĂ©tĂ© avancĂ©e chez les gens qu’elle ne connaĂźt pas ? C’est du beau !! Tu as dĂ©crochĂ© le pompon cette fois ! »Sarah prit MĂ©phisto dans les bras et sortit dans le jardin, le temps qu’Aaron s’occupe des blessures de Lise. Le jeune homme s’installa prĂšs de sa dulcinĂ©e sur le canapĂ© et lui souria tendrement. Tu m’as vraiment fait peur
 j’avais peur que tu prennes la fuite et que tu me laisses Ă  tout jamais. Je suis au courant pour ton pĂšre
 lui et Spencer ont eu une petite altercation tout Ă  l’heure. Je dois reconnaĂźtre que je comprends mieux pourquoi tu as prit la fuite. »Pas la peine d’ĂȘtre un expert pour remarquer que Lise avait dĂ» probablement boire plus d’un verre afin d’oublier toute cette histoire !! Quoi qu’il en soit, Aaron n’allait certainement pas la blĂąmer pour ça, aprĂšs tout, il avait vu Ă  quoi ressemblait le pĂšre Hawkins et comprenait beaucoup mieux pourquoi Lise Ă©tait effrayĂ©e Ă  l’idĂ©e de repartir avec lui. Tout en s’occupant des plaies de la jeune femme dont il retira les bouts de verre, il continua Tu n’as rien Ă  craindre ici et tu peux rester autant que tu le voudras
 je suis certain qu’on va trouver une solution, hum ?! Ecoute mon cƓur, je pourrais peut-ĂȘtre essayer de parler avec ton pĂšre et m’arranger avec lui
enfin il n’a pas l’air trĂšs ouvert si je puis me permettre mais
 ça vaut le coup d’essayer
 Je veux pas te perdre
 et je ne veux pas qu’il te fasse du mal. Tout va s’arranger
 »Tout n’était pas aussi simple hĂ©las ! Aaron termina de soigner la blessure de Lise avant de lui faire un bandage dont Spencer ne serait pas peu fiĂšre aprĂšs quoi, il aida Lise Ă  se redresser et alla lui chercher un grand verre de coca bien frais qu’il lui tendit avant de rĂ©cupĂ©rer le sac de la demoiselle qu’il avait emportĂ© dans sa voiture. Tu as laissĂ© tomber ton sac en partant
 c’est Summer qui l’a rĂ©cupĂ©rĂ©. » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Jeu 22 Juil - 2011 L’esprit de Lise Ă©tait complĂštement embrumĂ©, comme si elle avait soudainement perdu toute notion de rĂ©alitĂ©. Combien d’alcool avait-elle bu, au juste ? Beaucoup trop. Elle ne savait mĂȘme pas oĂč elle avait atterrit, et c’était Ă  peine si elle Ă©tait capable d’ouvrir les yeux pour l’instant. Certes, elle entendait les voix qui s’élevaient dans l’atmosphĂšre autour d’elle, mais elle ne discernait pas un mot
Comme si tout devenait soudainement lointain. Pourtant, elle sentit dĂ©licatement Aaron la prendre dans ses bras, provoquant chez elle une envie de ne plus les quitter. Elle s’y sentait protĂ©gĂ©e, en sĂ©curitĂ©, et cela bien qu’elle se souvienne exactement que trĂšs bientĂŽt, elle ne serait plus en sĂ©curitĂ©. Une fois que son pĂšre l’aurait remmenĂ©e Ă  New York, sa vie allait devenir totalement vide de sens
Comme il savait qu’elle ne penserait qu’à fuir, il renforcerait considĂ©rablement sa surveillance, et fatalement, elle se verrait contrainte de lui obĂ©ir. Cette simple idĂ©e lui donnait la nausĂ©e
Comme si revenir Ă  New York voulait dire qu’elle abandonnait ce peu de libertĂ© et de bonheur qu’elle avait trouvĂ© ici, Ă  San Francisco. Personne ne pouvait dĂ©cemment comprendre ce qu’elle ressentait
Personne ne pouvait savoir pourquoi elle avait autant bu, histoire de se rendre totalement amorphe et insensible Ă  tout. HĂ©las, malgrĂ© tout l’alcool ingĂ©rĂ©, elle se sentait encore plus mal qu’avant. Incapable d’oublier, incapable de faire abstraction des mots de son pĂšre. Il ne l’aimait pas, il la haĂŻssait cordialement
Ses paroles rĂ©sonnaient dans son esprit comme un tambour infernal, si bien que lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle fut prise d’un haut le cƓur qui manqua de la faire fuir aux toilettes. Elle parvint Ă  se maĂźtriser en se concentrant sur les paroles d’Aaron, en train de soigner son mollet blessĂ©. C’était drĂŽle, elle ne sentait rien de ce cĂŽtĂ©-lĂ . C’était comme si son cƓur Ă©tait la seule partie atteinte dans tout son corps
Le reste ne la faisait pas souffrir. A croire que son pĂšre savait exactement oĂč frapper pour la dĂ©truire de part en part. Si bien que pour l’instant, mĂȘme si Aaron lui parlait et qu’elle entendait tout ce qu’il lui disait, elle adoptait un air absent. Lise se trouvait totalement amorphe, incapable de se raisonner
Jamais elle n’avait Ă©tĂ© dans un tel Ă©tat et d’ailleurs, si elle avait eu un tant soit peu de conscience, elle se serait fait honte elle-mĂȘme. NON ! »Cette rĂ©ponse catĂ©gorique lui avait dĂ©jĂ  demandĂ© un effort considĂ©rable. En vĂ©ritĂ©, Lise venait de rĂ©agir sur le fait qu’Aaron puisse vouloir parler Ă  son pĂšre, et l’empĂȘcher de l’emmener
Mais il n’y parviendrait pas, et nul ne le savait mieux qu’elle. Cette discussion allait se finir en bain de sang et il fallait Ă  tout prix qu’elle empĂȘche cela. Mais pour l’instant, Lise se contentait de regarder Aaron, l’air paniquĂ©, les yeux embuĂ©s des larmes qui refusaient de couler et de la libĂ©rer. Bien entendu, elle ne pouvait pas lui interdire de le faire, mais si elle pouvait mettre tout en Ɠuvre pour l’en empĂȘcher, alors elle comptait bien le faire. Elle s’avança vers Aaron pour saisir lĂ©gĂšrement sa chemise, d’un geste plutĂŽt brusque, comme si elle ne pouvait pas se faire comprendre autrement. Non
Je t’en prie, ne fait pas ça, il faut pas
Il va dire des choses
ArrĂȘte
STOP ! »Lise Ă©tait dans un Ă©tat second, incapable de rĂ©flĂ©chir ni mĂȘme d’avoir des pensĂ©es cohĂ©rentes. Tout son corps tremblait et, alors qu’elle avait agrippĂ© la chemise d’Aaron pendant quelques secondes, elle la lĂącha aussi brutalement que prĂ©cĂ©demment. Comment lui expliquer clairement la situation alors que les mots peinaient Ă  arriver dans l’ordre ? Pourtant, malgrĂ© les minutes qui passaient et son malaise qui ne se calmait pas, Lise ne parvenait pas Ă  verser la moindre larme. Comme si la situation avait complĂštement gelĂ© ses pleurs
Elle se rallongea au bout de quelques instants, en soupirant bruyamment, sentant sa tĂȘte se mettre Ă  tourner un peu trop violemment. A quoi bon s’acharner alors qu’elle ne pourrait dĂ©cemment pas se faire comprendre ? Lise Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©e par les Ă©vĂšnements. Incapable de rĂ©flĂ©chir, incapable de se reposer de peur de refaire des cauchemars
Elle se trouvait dans un vĂ©ritable cercle vicieux. Spencer fut en quelque sorte son sauveur, arrivant Ă  point nommĂ© pour ainsi dire. Son premier rĂ©flexe la surprit, d’ailleurs, puisqu’il s’agenouilla prĂšs d’elle pour mieux la serrer contre lui. Il lui prouvait une fois encore qu’elle aurait prĂ©fĂ©rĂ© qu’il soit son pĂšre
Et cela mĂȘme si quelque part, c’était un peu le cas. Il veillait si ardemment sur elle que c’était impossible qu’elle se sente seule. Et elle osait Ă  peine imaginer les horreurs qu’il avait du entendre de la part de James Hawkins en personne
 Ne t’inquiĂštes pas Lise, tout va bien. Pourquoi tu ne m’as pas appelĂ© ? Tu sais trĂšs bien que tu peux toujours compter sur moi ! Il faut que tu restes calme. Tu n’es pas une Ă©trangĂšre ici, tu ne dĂ©ranges personne. »D’un geste doux et maĂźtrisĂ©, il souleva Lise en faisant signe Ă  Aaron qu’il allait l’allonger dans une chambre, le temps qu’elle reprenne ses esprits. Spencer avait le pouvoir » de calmer la demoiselle dĂšs qu’elle faisait une crise d’angoisse, et cela depuis son arrivĂ©e Ă  San Francisco. Combien de fois l’avait-elle appelĂ© au secours, en plein milieu de la nuit, parce qu’elle paniquait ? Lise avait arrĂȘtĂ© de compter depuis bien longtemps. Ce n’était pas la peine, en vĂ©rité Grant Spencer veillait sur elle comme un vĂ©ritable pĂšre l’aurait fait sur sa fille, lorsque le monde tournait rond. James Hawkins lui-mĂȘme n’avait jamais eu autant d’attention, et cela envers aucun de ses trois enfants
C’était comme si Spencer prouvait encore et toujours qu’il aurait fait un bien meilleur mari pour Anne, et un meilleur pĂšre pour Sam, Lise et Kitty. Il le prouva plus encore en bordant Lise, dans la chambre d’Aaron qu’il avait mis quelques minutes Ă  trouver. La situation le gĂȘnait, car il n’était pas chez lui et qu’il s’en voulait de s’imposer ainsi dans l’espoir de raisonner Lise. Si elle parvenait Ă  supporter les dires de son pĂšre, alors sans doute pourrait-il la convaincre de rester ici, Ă  San Francisco. Ou en tout cas, de tout faire pour faire en sorte qu’elle s’oppose Ă  son pĂšre de toutes les façons possibles pour le faire changer d’avis. Alors qu’il sentait que Lise Ă©tait dans un Ă©tat proche de l’Ohio, il caressa doucement son front avant de froncer les sourcils. AussitĂŽt, il se dirigea vers la salle de bain pour aller y chercher un gant, qu’il humidifia, avant de retourner Ă  son chevet et de lui tamponner le front avec. Lise semblait Ă  la fois prĂȘte Ă  s’abandonner dans les bras de MorphĂ©e, et prĂȘte Ă  lutter envers et contre tout pour ne surtout pas s’endormir. Heureusement que Spencer Ă©tait lĂ  et la rassurait de sa simple prĂ©sence, sans quoi elle aurait probablement fait une autre crise d’angoisse. Lise, si tu ne dors pas tu n’iras pas mieux. Je resterais lĂ  le temps qu’il faudra, alors endors-toi
Laisse-toi aller, un peu. » J’ai peur
Je ne veux pas voir tout ce sang. Vous restez avec moi ? »Cette voix Ă©tait comme celle d’un enfant qui vient de faire un cauchemar. Pourtant, Ă  peine avait-elle murmurĂ© cette rĂ©plique que Lise avait dĂ©jĂ  fermĂ© les yeux, s’endormant sans mĂȘme s’en rendre compte. AprĂšs tout ce qu’elle venait de vivre, le fait qu’elle soit Ă©puisĂ©e Ă©tait un rĂ©flexe tellement normal
Spencer continua Ă  lui frotter doucement le front avec le gant humide, avant de le lui laisser plaquĂ© sur le front, s’absentant quelques minutes pour aller voir Aaron et Sarah dans la cuisine. Ne pas leur expliquer la situation n’était pas correct de sa part, et nul ne le savait mieux que lui
Aussi, il prit un air grave avant de se racler doucement la gorge, prenant peu Ă  peu contenance malgrĂ© l’immense service qu’il comptait demander Ă  Aaron et Ă  sa mĂšre adoptive. Tout d’abord, je tiens Ă  ce que vous sachiez que je suis passablement navrĂ© par la situation. Je pense qu’il s’agit lĂ  d’un appel au secours de la part de Lise. J’avais peur d’arriver trop tard, mais heureusement, plus de peur que de mal. Un peu de repos et elle sera de nouveau sur pied, bien qu’il vaille mieux surveiller cette vilaine blessure au mollet
 »Spencer avait l’impression de s’emmĂȘler les pinceaux, ne sachant pas oĂč commencer. AprĂšs tout, Sarah ne devait mĂȘme pas connaĂźtre la vĂ©ritable identitĂ© de la demoiselle qu’elle avait trouvĂ© presque ivre morte sur son pallier. Il se racla Ă  nouveau la gorge, comme s’il avait affaire Ă  une assemblĂ©e de mĂ©decins n’ayant aucune intention de l’écouter. Lise est la fille de James Hawkins, dont vous avez sĂ»rement entendu parler. C’est le milliardaire le plus influent de New York, et l’une des plus importantes fortunes du monde. S’il est ici, c’est pour rĂ©cupĂ©rer Lise. C’est un homme d’affaires remarquable, mais c’est un trĂšs mauvais pĂšre. Je pense qu’il n’a jamais aimĂ© Lise, qu’il trouve bien trop semblable Ă  sa mĂšre, que vous connaissiez je crois Sarah
Anne Delierre, originaire de Paris. Enfin bref
Je pense que laisser James emporter Lise est la pire idĂ©e qu’il soit. Malheureusement, n’étant pas majeure, aux yeux de la loi elle est responsable de James
Je vous demande de ne surtout pas vous interposer
Non seulement parce que c’est un homme puissant et influent, mais aussi parce qu’il sait mieux que personne Ă  quel point il est dans son bon droit. Je vais essayer de le raisonner de mon cĂŽtĂ©. Cela fait des annĂ©es que je le connais, et je peux essayer de faire quelque chose. Mais je voudrais tout de mĂȘme vous demander un service
 »Spencer poussa un lĂ©ger soupir, avant de reprendre d’une voix aussi sincĂšre que possible Je voudrais que vous preniez soin de Lise jusqu’à demain midi. Je pense qu’il s’agit lĂ  du temps que mettra James Ă  la retrouver
Et la cacher n’est pas la solution. Lise a besoin de se sentir acceptĂ©e. Essayez de la faire dormir, autant que possible, et soyez doux avec elle. Lise a vĂ©cu un traumatisme qui fait qu’elle ne dort jamais, de peur de faire d’horribles cauchemars. Vous ĂȘtes au courant Sarah, je crois. Vous comprendrez qu’une enfant ne peut dĂ©cemment voir cela sans avoir de grosses sĂ©quelles. Ne la jugez pas trop rapidement. Je vais retourner un peu Ă  son chevet, avec votre permission. Si elle se rĂ©veille, je saurais la raisonner, je crois
Difficile d’ĂȘtre totalement sĂ»r avec elle. »AprĂšs un sourire on ne peut plus sincĂšre, Spencer esquissa un hochement de tĂȘte poli avant de remonter Ă  l’étage, auprĂšs de Lise qui, par on ne sait quel miracle, dormait toujours paisiblement. A croire que l’alcool avait perturbĂ© tous ses sens, allant mĂȘme jusqu’à l’empĂȘcher de faire d’horribles cauchemars
Quoi qu’il en soit, le mĂ©decin demeura encore une heure, jusqu’à ce que Lise ne se rĂ©veille d’elle-mĂȘme. Il venait juste de redescendre au moment mĂȘme oĂč elle ouvrit les yeux, pour dire au revoir et remercier Aaron et sa mĂšre. Elle se leva un peu brutalement, puis, sentant sa tĂȘte tournĂ©e, s’assit avec un peu plus de douceur sur le lit. Lise avait du mal Ă  mettre de l’ordre dans ses idĂ©es, elle se sentait nausĂ©euse et affreusement faible, mais elle se souvenait de la prĂ©sence d’Aaron, puis de celle de Spencer. Lorsqu’elle voulut se lever, elle manqua de justesse de hurler tant son mollet la faisait souffrir. En constatant le bandage, elle se mit sĂ©rieusement Ă  se poser des questions, cherchant ardemment dans sa mĂ©moire pour y trouver un semblant d’explication. Elle se souvenait avoir bu, et puis plus rien
Le blackout total ; du moins, jusqu’à ce que les paroles de son propre pĂšre lui reviennent en tĂȘte, et explique d’un mĂȘme coup la motivation Ă  boire dont elle avait Ă©tĂ© la victime plus qu’autre chose. Puis, alors qu’elle entendait la voix de Spencer au rez-de-chaussĂ©e, elle se leva non sans mal et descendit aussi vite que possible. Sa seule prĂ©sence suffit Ă  arrĂȘter net le mĂ©decin, avant qu’il ne prenne la peine de lui sourire. Attendez
Je voudrais m’excuser pour le comportement de mon pĂšre envers vous. Je me doute bien qu’il s’est comportĂ© comme un salaud avec vous
Salaud qu’il est, en fait. » Ce n’est pas Ă  toi de t’excuser, Lise. Tu ne peux pas porter toutes les erreurs de ton pĂšre sur tes Ă©paules
Il te rend dĂ©jĂ  responsable de suffisamment de choses. » Y compris du fait que les derniĂšres paroles de ma mĂšre aient Ă©tĂ© pour vous. »En comprenant que cet ultime aveu avait Ă©mu Spencer, Lise manqua de regretter son manque de contrĂŽle. Peut-ĂȘtre n’était-ce pas la chose Ă  dire, en vĂ©rité Ou peut-ĂȘtre que si, puisqu’il s’approcha pour embrasser doucement son front, lui conseillant d’y aller mollo pendant quelques temps, et d’apprendre Ă  ne pas risquer sa peau inutilement. Cette derniĂšre rĂ©plique la fit sourire doucement, d’ailleurs, parce que justement, elle semblait ĂȘtre particuliĂšrement douĂ©e en la matiĂšre. Seulement, maintenant que la porte s’était refermĂ©e derriĂšre Spencer, et qu’elle se retrouvait en prĂ©sence d’Aaron et d’une femme d’une remarquable beautĂ© qu’elle ne connaissait pas, elle se sentit
BĂȘte. C’était la premiĂšre fois qu’elle se retrouvait en face de ce qu’elle imaginait ĂȘtre la mĂšre d’Aaron, et elle aurait imaginĂ© bien mieux comme premiĂšre rencontre. Toutefois, elle s’avança vers elle en boitant, faisant l’effort de ne surtout pas la fuir du regard, avant de lui serrer fermement la main pour la saluer
Mais aussi la remercier. Je vous prĂ©sente mes plus plates excuses. Je ne voulais en aucun cas vous mĂȘler Ă  une histoire qui fondamentalement ne concerne que mon pĂšre et moi-mĂȘme. J’espĂšre avoir l’occasion de me racheter avant mon dĂ©part. Je vais abuser encore une fois et je vais vous emprunter Aaron une toute petite minute si vous le permettez. »A cet instant prĂ©cis, Lise ne se faisait aucune illusion. Ce n’était qu’une question de temps avant que James ne la retrouve et ne l’oblige Ă  le suivre jusqu’à New York. Mais elle n’avait pas l’intention de partir comme une voleuse, pour la premiĂšre fois de sa vie. Parce qu’Aaron Ă©tait tout ce qu’il y avait de plus prĂ©cieux Ă  ses yeux et qu’elle ne pouvait dĂ©cemment pas lui faire une chose pareille
Elle le prit donc par la main pour l’emmener au salon, puis, une fois qu’elle fut assurĂ©e du fait qu’ils Ă©taient bien seuls, elle prit le visage d’Aaron dans ses mains pour capturer fougueusement ses lĂšvres. Comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis des annĂ©es
 Je
Je sais pas par oĂč commencer. J’ai perdu les pĂ©dales, j’ai
Je ressens une sensation affreuse, comme si j’étais Ă©crasĂ©e par une pierre ! Je crois me souvenir que tu as dis que tu voulais parler Ă  mon pĂšre, mais c’est flou, trĂšs flou. Tu dois pas le faire, Aaron, tu ne sais pas ce dont il est capable. Je t’en prie, je t’en supplie, laisse-moi rĂ©gler ça. C’est
La premiĂšre fois de ma vie que je ne prends pas la fuite. Et que j’ai une raison de rester quelque part
 »Aaron allait-il la laisser faire, sachant qu’aux yeux de la loi, elle n’avait pas d’autre choix que celui de suivre son pĂšre ? Quelque part, elle ne pouvait pas s’empĂȘcher de trouver cela injuste
Parce qu’elle ne voulait vraiment pas partir. Je pense que ta mĂšre va t'interdire prochainement de sortir avec une alcoolique fille d'un tarĂ© milliardaire! » InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Ven 6 AoĂ» - 1808 Aaron ? Je peux te parler une petite minute ? » Il faut prĂ©voir un plan d’attaque pour demain
 je le laisserai pas la toucher, ni mĂȘme l’approcher !! Elle ne repartira pas Ă  New York, ça non, c’est hors de question !! Et euh
 t’as vraiment connu la mĂšre de Lise ? »Sarah sembla surprise par le discours de son fils qu’elle trouvait un peu trop dĂ©monstratif avec cette fille qu’il connaissait Ă  peine. C’était assez surprenant de le voir agir ainsi, d’autant qu’elle connaissait Aaron mieux que quiconque et savait qu’il n’était pas homme Ă  se dĂ©voiler avec autant de facilitĂ©. C’était mĂȘme la premiĂšre fois qu’elle avait l’impression qu’il Ă©tait sincĂšrement amoureux et tout ceci ne lui plaisait guĂšre tout le monde sait qu’un homme Ă©perdument amoureux peut faire, dire et croire n’importe quoi pour peu que cela vienne de sa bien aimĂ©e. C’est vrai, oui. Anne et moi avons Ă©tĂ© extrĂȘmement proches Ă  une certaine Ă©poque. Tu sais, ça remonte Ă  tellement loin tout ça !! Le plus important Aaron, c’est que tu ne fasses pas de bĂȘtises. Tu as entendu ce qu’a dit Spencer au sujet du pĂšre de Lise. Il est dans son bon droit et personne ne
 » Tu veux bien arrĂȘter ton baratin une petite minute ? Bon sang mais tu es mieux placĂ©e que quiconque pour te rendre compte que Lise n’est pas heureuse et que la vie que lui fait mener son pĂšre ressemble Ă  tout sauf Ă  une vie saine et Ă©quilibrĂ©e !! Pourquoi refuses-tu d’admettre qu’il n’est pas un bon pĂšre ?! » Aaron, je n’ai jamais prĂ©tendu le contraire. Je crois juste que tes sentiments sont exacerbĂ©s et que par consĂ©quent, tu ne portes pas un regard objectif sur la situation prĂ©sente. LĂ  oĂč il faudrait s’inquiĂ©ter, c’est s’il n’avait pas daignĂ© lever le petit doigt aprĂšs la fugue de sa fille. N’importe quel pĂšre rĂ©agirait de cette façon ! James Hawkins n’est sans doute pas parfait, mais il a toute autoritĂ© sur sa fille et n’a fait qu’agir en rĂ©ponse Ă  l’inconscience de sa fugue !» J’arrive pas Ă  croire que tu puisses dire une chose pareille ! Spencer Ă  pourtant dit que
 » Spencer est de parti pris !! C’est un homme bon et qui semble vouloir le bien de cette petite mais de toute Ă©vidence, son point de vue est loin d’ĂȘtre objectif. Comment veux-tu qu’il prenne la dĂ©fense de James tout en sachant qu’il fut autrefois son pire rival ? Allons Aaron, rĂ©flĂ©chis un instant, cela n’a pas le moindre sens ! Je voudrais que toi aussi tu cesses de te cantonner aux paroles de Lise et que tu essaies de clarifier la situation Ă  l’aide de ton bon sens. Tu es beaucoup plus pragmatique que ça en temps normal. » Tu sembles ne pas comprendre
 ou plutĂŽt ne pas vouloir comprendre. Je suis incapable de l’expliquer mais tout ce qui touche directement Ă  Lise m’atteint Ă©galement. Son bonheur est Ă  mes yeux bien plus vital que tout le reste dĂ©sormais. Ne me demande pas de changer de position, c’est impossible. Soit tu nous aides soit on se dĂ©brouillera sans toi, c’est aussi simple que ça. »Aaron n’avait que faire des Ă©ventuelles consĂ©quences de ses actes. Il voulait que Lise soit en sĂ©curitĂ© et il savait que si James Hawkins lui mettait la main dessus, ce ne serait pas le cas. Il avait Ă©tĂ© incapable de veiller sur elle durant les seize derniĂšres annĂ©es, alors en quoi ce serait diffĂ©rent dĂ©sormais ? Sans compter qu’il ne fallait pas oublier l’esclandre qu’il Ă©tait venu faire Ă  l’UniversitĂ© ! De toute Ă©vidence, ce n’était pas une attitude saine et convenable, surtout quand on prĂ©tend faire partie de la haute sociĂ©tĂ©. A force d’acharnement, il parviendrait peut-ĂȘtre Ă  intimider Spencer, mais il pouvait toujours essayer d’en faire de mĂȘme avec lui, ça ne marcherait pas !! Aaron se battrait corps et Ăąme s’il le faut mais Lise resterait Ă  ses cĂŽtĂ©s Ă  San Francisco puisque c’est ce qu’elle souhaitait. Le jeune homme n’avait pas peur des reprĂ©sailles, il lui Ă©tait totalement impossible de rester lĂ  sans rien faire tout en les regardant dĂ©molir celle qu’il aimait. De son cĂŽtĂ©, Sarah semblait passablement lassĂ©e par le discours de son fils. Elle ne comprenait pas pourquoi il mettait tant de cƓur Ă  vouloir aider cette jeune femme dont, elle en Ă©tait convaincue, il ne savait pas grand-chose, si ce n’est ce qu’elle avait bien voulu lui raconter. Sarah Ă©tait pourtant une femme extrĂȘmement ouverte et gĂ©nĂ©reuse, toujours prĂȘte Ă  aider et Ă  faire le bien autour d’elle mais sur ce coup lĂ , elle ne savait pas vraiment ce qu’elle devait croire ou non. Certes, elle avait Ă©tĂ© une amie intime d’Anne, la mĂšre de Lise, mais Ă©tait-ce une raison pour laisser les sentiments l’emporter sur la raison ? Pas de son point de vue en tout cas. Spencer Ă©tait son ami Ă©galement mais puisqu’il Ă©tait le rival de James, son discours n’était selon elle pas totalement lucide et elle Ă©tait femme Ă  peser sĂ©rieusement le pour et le contre avant de prendre la moindre dĂ©cision. Alors qu’Aaron allait tourner le dos pour s’en retourner auprĂšs de Lise, Sarah l’attrapa par le bras, l’incitant Ă  lui faire face une fois de plus. Elle n’avait pas l’intention d’en rester lĂ , d’autant qu’elle n’avait encore jamais baissĂ© les bras face au tempĂ©rament assez
spĂ©cial de son fils. Tu veux bien m’expliquer ce qui ne va pas chez toi en ce moment ? Est-ce que tu t’écoutes parler ne serait-ce qu’une minute ? Tu parles de cette fille comme si tu la connaissais depuis des lustres et tu t’entĂȘtes Ă  vouloir la protĂ©ger alors que de toute Ă©vidence, elle n’a pas besoin de toi ! Qui te dit qu’elle ne te mĂšne pas en bateau ? Tu sembles tellement amoureux qu’elle pourrait facilement te mener par le bout du nez, tu n’y verrais que du feu ! Je te connais Aaron
 c’est la premiĂšre fois que tu prends Ă  cƓur une relation. C’est aussi la premiĂšre fois que je te vois t’investir de la sorte alors que dans le fond, tu ne sais pratiquement rien au sujet de cette fille.»Les paroles de Sarah semblĂšrent offenser le jeune homme au plus haut point, si bien que sa mĂąchoire se crispa avant qu’il ne puisse prononcer des paroles qu’il serait susceptible de regretter dans les minutes Ă  venir. Il n’arrivait pas Ă  comprendre comment Sarah pouvait croire que Lise le menait en bateau ou bien que James Ă©tait un pĂšre agissant dans son bon droit comme le ferait n’importe quel pĂšre digne de ce nom ! Elle Ă©tait tombĂ©e sur la tĂȘte ou quoi ? Je ne prĂ©tends pas que c’est bel et bien le cas, je dis juste qu’il ne faut pas omettre cette Ă©ventualitĂ©. Lise est me semble-t-il, une jeune femme tout Ă  fait respectable mais encore une fois, je ne me base que sur les dires de Spencer. Qui te dit que James n’a pas d’excellentes raisons d’ĂȘtre en colĂšre et de lui en vouloir ? Rien ne prouve que c’est lui le mĂ©chant dans l’histoire. Si ça se trouve, Lise s’est enfuit de chez elle sans aucune raison apparente ! Beaucoup d’enfants mĂšnent la vie dure Ă  leurs parents en se faisant passer pour les victimes. Crois moi, je suis bien placĂ©e pour le savoir, j’en vois tous les jours !! De quoi se plaint-elle au juste ?! Toi tu avais toutes les raisons du monde d’ĂȘtre enlevĂ© Ă  ton pĂšre, mais elle ?! Que lui reproche t-elle ? Un manque d’amour et d’attention sans doute ?! C’est classique
 mais tu sais, le jour oĂč elle comprendra qu’elle n’est pas le centre du monde et de toutes les attentions de son pĂšre, peut-ĂȘtre que leur relation ne s’en verra que plus enrichissante et
 » Laisse tomber !! Je ne vois pas pourquoi je suis encore lĂ  Ă  t’écouter. On ne tombera jamais d’accord Ă  ce sujet et je dois dire que
 que j’ai du mal Ă  croire que je ne puisse pas te faire confiance au moment oĂč j’ai le plus besoin de toi. Si tu ne crois pas en elle, tu ne crois pas en moi non plus »Sarah qui avait d’ordinaire un rĂ©pondant du tonnerre de dieu demeura silencieuse. C’était la premiĂšre fois qu’Aaron lui faisait remarquer qu’il ne pouvait pas lui faire confiance et mine de rien, cet Ă©tat de fait l’attristait au plus haut point. Ils avaient toujours Ă©tĂ© extrĂȘmement proches tous les deux et d’autant qu’elle s’en souvienne, c’était bien la premiĂšre fois qu’ils se trouvaient dans une situation aussi conflictuelle. Aaron
 je t’aime plus que tout au monde
 plus que ma vie et mĂȘme au-delĂ  si c’était possible
 je pars du principe que je suis prĂȘte Ă  faire n’importe quoi pour t’aider. Tu pourrais me demander n’importe quoi, mĂȘme si cela va Ă  l’encontre de mes principes et de mes convictions les plus intimes, je n’hĂ©siterais pas Ă  t’aider. J’ai l’intention de garder Lise ici, de l’aider de mon mieux et de la protĂ©ger de son pĂšre puisque c’est ce que tu dĂ©sires au plus profond de toi. En Ă©change de ça, je te demande juste de faire preuve d’un peu plus d’ouverture d’esprit au sujet de toute cette histoire. Tu ne sais pas dans quelle galĂšre tu es en train de mettre les pieds. Tout Ă©tait tellement plus simple avec Summer
 qu’est-ce qui s’est passĂ© pour que tu en viennes Ă  dĂ©laisser ta petite amie pour une parfaite inconnue ? »Excellente question
 A dire vrai, Aaron n’avait pas de rĂ©ponse concrĂȘte Ă  lui fournir. Son amour pour Lise s’était imposĂ© comme une Ă©vidence voila tout. Sa relation avec Summer Ă©tait superficielle Ă  en crever et grĂące Ă  Lise, il avait dĂ©couvert ce que signifiait l’authenticitĂ© des sentiments. Tout cela relevait de l’ordre du ressenti et aucun mot ne pouvait clairement l’exprimer. Summer n’est pas celle que tu crois
 elle n’a rien Ă  voir avec cette jeune fille charmante qui venait ici de temps Ă  autre. Je me demande encore ce que j’ai pu lui trouver
 elle n’a rien Ă  voir a avec Lise. » Ca c’est certain
 »Aaron lança un regard noir en direction de Sarah qui venait de commettre une vraie bourde en insinuant que Lise valait moins bien que Summer. Bon disons que ce n’est pas directement ce qu’elle avait voulu dire mais c’est ainsi qu’Aaron avait interprĂ©tĂ© la chose. Lorsqu’elle se rendit compte qu’une fois de plus, son fils Ă©tait sur le point de se braquer, Sarah tĂącha de s’expliquer. Ce que je veux dire c’est qu’en dĂ©pit de son caractĂšre, Summer n’est pas une fille Ă  problĂšme !! Tu penses vraiment que je suis dupe ? Je sais parfaitement qu’elle jouait un rĂŽle en ma prĂ©sence mais toutes les filles que tu m’as prĂ©sentĂ© jusqu’alors ont voulu se faire passer pour ce qu’elles n’étaient pas ! D’un sens, c’est bien normal de vouloir faire bonne figure devant la mĂšre de son petit ami, tu ne penses pas ?! MalgrĂ© tout, tu ne m’enlĂšveras pas de l’esprit que Summer est une fille bien !! Elle a toujours Ă©tĂ© gentille, polie et ne s’est jamais pointĂ©e chez nous avec plusieurs grammes d’alcool dans le sang, vautrĂ©e sur le paillasson
 »Les propos de Sarah Ă©taient volontairement exagĂ©rĂ©s afin d’insister sur le contraste Ă©vident qu’elle percevait entre Lise et Summer. Dans le fond, elle Ă©tait vraiment prĂȘte Ă  venir en aide Ă  Lizzie pour peu qu’elle soit convaincue de l’authenticitĂ© de son mal ĂȘtre et de la sincĂ©ritĂ© des paroles de Spencer mais il Ă©tait important selon elle de ne pas occulter une Ă©ventuelle simulation de la part de la jeune femme. AprĂšs tout, Sarah travaillait pour les services sociaux et elle avait plus d’une fois Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă  des enfants ou des adolescents qui simulaient des sĂ©vices ou des histoires invraisemblables dans l’espoir de fuir des parents qui en fin de compte, n’avaient strictement rien Ă  se reprocher. Tout cela n’avait donc rien Ă  voir avec Lise de maniĂšre directe. Disons juste que c’était dans son instinct d’agir ainsi et de se montrer mĂ©fiante. Puis autant le reconnaĂźtre clairement
 Sarah adorait Summer. Summer n’a pas les problĂšmes de Lise !! On tourne en rond depuis tout Ă  l’heure. Tu n’arriveras pas Ă  me faire croire que Lise nous mĂšne en bateau. » Ce n’est pas ce que je pense
 je pose ça comme une Ă©ventualitĂ©. » C’est parce que tu ne la connais pas. » Toi non plus Aaron. Quelques semaines ne suffisent pas pour prĂ©tendre connaĂźtre quelqu’un. Puis tu ne sais rien des problĂšmes de Lise! » Lise et moi, on a pas eu besoin de se connaĂźtre on s’est reconnus Ă  la seconde mĂȘme oĂč nos regards se sont croisĂ©s. Tu ne peux pas comprendre
 »Effectivement, Sarah ne le pouvait pas. Elle espĂ©rait seulement qu’Aaron ne soit pas en train de faire une grosse bĂȘtise en accordant une confiance aveugle Ă  cette jeune femme. Je n’essaierai mĂȘme pas et la force de ta conviction et de tes sentiments suffit Ă  me faire comprendre que j’ai peut-ĂȘtre tort Ă  son sujet. Mais, ne perds pas de vue qu’il y a un tas de choses que tu ignores au sujet de la famille Hawkins
 ayant eu la chance de connaĂźtre la mĂšre de Lise, je peux te garantir que plus tu te trouves loin de leur clan, mieux ce sera pour toi. Lise a vĂ©cu de drĂŽles de choses par le passé »Sarah cessa soudainement de parler en regardant par-dessus l’épaule d’Aaron, croyant probablement avoir entendu du bruit. Elle soupira doucement avant de passer sa main sur la chemise d’Aaron en un geste affectueux. Elle ne voulait pas qu’il fasse de bĂȘtises et encore moins qu’il se mette en danger pour une histoire qui ne durerait peut-ĂȘtre pas. AprĂšs tout, c’était lĂ©gitime dans son cas d’imaginer que la relation entre les deux jeunes gens ne durerait pas elle avait l’habitude de voir Aaron enchainer les conquĂȘtes, en aucun cas elle n’aurait pu imaginer qu’il puisse tomber sincĂšrement amoureux. 
 tu peux compter sur moi quoi qu’il arrive. »Aaron demeura sans voix l’espace d’un instant, se demandant pourquoi Sarah changeait soudainement de position. Elle lui avait soutenu jusqu’à maintenant que Lise Ă©tait probablement une simulatrice et maintenant, elle affirmait que la jeune femme avait vĂ©cu de drĂŽles de choses ». C’était Ă  n’y rien comprendre. Quel genre de choses ? » Je prĂ©fĂšrerai qu’elle t’en parle elle-mĂȘme
 »Aaron comprit au son de la voix de Sarah que celle-ci se tenait quelques pas derriĂšre eux et aussitĂŽt, se tourna afin de l’observer. Une fois de plus, c’est une vague de bonheur qui s’empara de tout son ĂȘtre. Difficile de croire qu’un simple regard pouvait lui faire tant d’effet mais c’était pourtant le cas. Silencieusement, il Ă©couta Lise prĂ©senter ses excuses Ă  Sarah dont le regard s’était adouci. Ce revirement de situation Ă©tait encore un vĂ©ritable mystĂšre aux yeux du jeune homme mais qu’importe, il voulait juste que Lise se sente chez elle, au moins pour ce soir. Il n’entendit mĂȘme pas la rĂ©ponse de Sarah qui se montra aimable et tendre comme toujours. Quand il se retrouva seul dans le salon en compagnie de Lise, une onde de soulagement se propagea dans son corps Lise semblait aller beaucoup mieux et c’était de loin le plus important. Mais les propos de la jeune femme le ramenĂšrent bien vite Ă  la dure rĂ©alitĂ© et Aaron soupira doucement avant de rĂ©torquer. Si ce doit ĂȘtre toi et moi contre le monde entier, alors il en sera ainsi. Ne me demande pas de me tenir Ă  l’écart, je t’en prie
 Je ne veux pas renoncer Ă  ce qui compte le plus Ă  mes yeux
 »Renoncer Ă  Lise en la laissant repartir pour New York Ă©tait totalement inenvisageable. Il savait pourtant que Spencer et Sarah disaient vrai et que James Hawkins avait tous les droits sur sa fille, il avait la loi de son cĂŽtĂ©. Et merde !! C’était vraiment trop injuste. Aaron ferma les yeux un court instant, juste le temps de faire le point dans son esprit. C’est d’accord
 je te promets de ne pas m’en mĂȘler si c’est rĂ©ellement ce que tu souhaites. Si c’est la derniĂšre chance que nous avons Ă  disposition pour tenter de te garder ici, alors il faut tenter le coup. Dis toi juste que je ne pourrai jamais me rĂ©soudre Ă  renoncer Ă  toi
 s’il faut que je traverse la planĂšte entiĂšre pour te retrouver, je le ferais. »Se rapprochant doucement, il dĂ©posa un baiser sur son front avant de l’enlacer tendrement une fois de plus. Aaron ne voulait pas courir le moindre risque de la perdre. Il savait que tout allait se jouer le lendemain mais hĂ©las, James ne semblait pas trĂšs ouvert aux nĂ©gociations, encore moins s’il s’agissait de l’avenir de sa fille. Effectivement, c’était trop injuste. Que se passerait-il si le pĂšre de la jeune femme ne voulait rien entendre ? De toute Ă©vidence, Aaron ne pourrait pas rester les bras croisĂ©s Ă  attendre sagement que la situation se calme. RĂ©alisant les propos de Lise au sujet de sa mĂšre, il esquissa un lĂ©ger sourire et reprit Disons que votre premiĂšre rencontre fut
 originale. Laisse lui le temps de te connaĂźtre et d’apprendre Ă  t’apprĂ©cier. Hmm Ă  propos
 tu savais qu’elle avait connu ta mĂšre ? Il parait que ça remonte Ă  un bout de temps mais avoue que c’est curieux quand mĂȘme
 on aurait peut-ĂȘtre pu se rencontrer bien avant. »Aaron esquissa un nouveau sourire et embrassa la commissure des lĂšvres de la jeune femme avant de retrouver son sĂ©rieux. Il redoutait vraiment la journĂ©e du lendemain et ne savait pas s’il serait ou non en mesure de rester Ă  l’écart si James refusait d’entendre raison. J’ai peur de te perdre
 ça me terrifie mĂȘme. Ecoute Lise, je veux bien te laisser gĂ©rer ça toute seule mais au moindre problĂšme, je refuse de rester les bras croisĂ©s. J'en ai assez d'ĂȘtre spectateur quand les autres essaient de dĂ©molir ta vie... et par consĂ©quent, la mienne. Tu te souviens de ce que je t'ai dit? Tu ne seras plus jamais seule dĂ©sormais... »DerniĂšre Ă©dition par Aaron J. Cooper le Dim 8 AoĂ» - 1259, Ă©ditĂ© 1 fois InvitĂ© Empire State of MindInvitĂ© Sujet Re OUR beautiful never-ending story {Aaron} Sam 7 AoĂ» - 1315 Ca va aller, Aaron
Je vais m’en sortir, on va s’en sortir. Tu sautes je saute, tu te souviens ? MĂȘme si j’avoue que la perspective d’avoir manquĂ© de te rencontrer plus tĂŽt me fais presque mal au cƓur. Tu imagines ? Summer m’aurait dĂ©testĂ©e bien avant, et si ça se trouve, on serait ensemble depuis longtemps
A moins que t’avoir connu plus tĂŽt ait pu changer la donne ! Mais non
Que ce soit mille ans avant, ou dans un millier d’annĂ©es, je serais toujours folle de toi. »Lise serra doucement Aaron contre elle, se laissant bercer par sa respiration avec un dĂ©lice non dissimulĂ©. Le moment qui venait de passer avait Ă©tĂ© particuliĂšrement Ă©prouvant pour elle, mais elle ne pouvait qu’imaginer ce que le jeune homme ressentait. Il devait avoir paniquĂ©, et pour peu que Sarah n’ait pas ressenti la moindre confiance vis-Ă -vis de la demoiselle, il ne devait pas avoir vraiment Ă©tĂ© soutenu. Lise soupira doucement Ă  cette pensĂ©e, avant de lui prendre les mains et de faire en sorte qu’il la suive jusqu’à sa chambre. Si elle pouvait rester Ă©ternellement endormie dans ses bras, elle le ferait sans aucune espĂšce d’hĂ©sitation. DĂšs qu’il se trouvait prĂšs d’elle, tout semblait plus simple, moins douloureux, moins empreint d’incertitude. Il ne fallait pas croire que Lise soit particuliĂšrement confiante quant Ă  l’altercation qu’elle aurait le lendemain avec son pĂšre
Avait-elle seulement une seule maniĂšre de le faire changer d’avis ? C’était peu probable. D’un cĂŽtĂ©, elle ne supportait pas l’idĂ©e de devoir retourner Ă  New York, mais d’un autre, la jeune fille savait que faire changer James Hawkins d’avis n’était pas une mince affaire, voire mĂȘme une mission impossible. Pourtant, elle s’efforçait autant que faire se peut de ne pas penser au lendemain. Elle s’allongea doucement sur le lit, entraĂźnant Aaron avec elle, avant de se blottir doucement dans ses bras. Lise estimait qu’ils avaient mĂ©ritĂ© ce moment de rĂ©pit, et le soupir d’aise qu’elle poussa en pu que le prouver. Je resterais bien ma vie entiĂšre ici, dans tes bras, sans bouger. Je crois que ça me suffirait
Avancer, c’est vain quand il n’y a pas d’horizon Seulement c’est exactement ce que ta prĂ©sence m’a apporté Un horizon. »Le terme exacte Ă©tait avenir’ mais Lise se doutait qu’il avait du comprendre ce qu’elle avait voulu dire. Sa respiration se fit donc plus calme, et elle sentait le sommeil la gagner, pourtant elle eut le rĂ©flexe de lever un regard tendre avant de dĂ©poser un dĂ©licat baiser sur ses lĂšvres. Un bisou de bonne nuit’ en quelque sorte, avant de poser sa tĂȘte au creux de son Ă©paule et de fermer les yeux. Elle qui habituellement mettait environ vingt minutes Ă  s’endormir, elle n’eut aucun mal. MorphĂ©e vint bientĂŽt l’enlacer, et pour la premiĂšre fois depuis longtemps, son sommeil fut calme, et sans aucun cauchemar. Cet Ă©tat de fait rĂ©sultait sĂ»rement de la prĂ©sence d’Aaron. Un simple mot de lui, un regard mĂȘme anodin et Lise se sentait Ă  la fois plus forte et plus calme. Elle, dont la vie Ă©tait chaotique et particuliĂšrement instable, trouvait dĂ©licieusement une raison de se poser quelque part. Entre Aaron et son grand pĂšre, la jeune fille trouvait une vie Ă  San Francisco qu’elle apprĂ©ciait enfin. Devoir dire adieu Ă  ce semblant d’équilibre lui semblait insupportable. Elle ne comprenait dĂ©cidĂ©ment pas pourquoi son propre pĂšre s’acharnait Ă  faire de sa vie quelque chose qu’elle Ă©tait sĂ»re de dĂ©tester Ă  la longue ; mais mĂȘme si elle ne comprenait pas cet Ă©tat de fait, cela ne la perturba pas dans son sommeil. Elle dormit mĂȘme comme une masse jusqu’au lendemain, son mal de tĂȘte indicible ayant disparu au moment mĂȘme oĂč elle ouvrit les yeux, au petit matin. Quelle heure Ă©tait-il, au juste ? Excellente question. Lise du faire un effort considĂ©rable pour se hisser de l’autre cĂŽtĂ© du lit afin de pouvoir voir l’heure sur le radio rĂ©veil d’Aaron. Neuf heures
C’était bien la premiĂšre fois depuis un lustre qu’elle dormait aussi longtemps ! Lise se releva brutalement, trop peut-ĂȘtre, car elle se rassit la seconde d’aprĂšs sur le lit, sa main sur son front, prise d’un soudain vertige. Quelle idĂ©e de se faire peur comme ça
Aaron avait du partir depuis peu de temps, car sa place portait encore un peu de sa chaleur. Ce fut Ă  ce moment prĂ©cis que la voix de James Hawkins atteint ses oreilles ; si le jeune homme Ă©tait descendu au rez-de-chaussĂ©e, c’était sĂ»rement parce que le pĂšre de Lise Ă©tait dĂ©jĂ  lĂ , avec l’idĂ©e bien arrĂȘtĂ©e de la ramener Ă  New York par le premier avion qu’ils pourraient prendre. Autant dire que la demoiselle n’avait aucune envie de l’affronter tout de suite, surtout Ă  peine sortie du lit. Elle demeura donc assise, le regard rivĂ©e sur le mur lui faisant face. Il avait un soudain intĂ©rĂȘt, comparĂ© Ă  tout ce que lui dirait son pĂšre une fois qu’il l’aurait Hawkins s’était prĂ©sentĂ© Ă  la porte il y avait Ă  peine dix minutes, et ne fut guĂšre surprit quant Ă  l’accueil plutĂŽt froid que lui rĂ©serva Sarah. La derniĂšre fois qu’ils s’étaient parlĂ©, la discussion avait Ă©tĂ© particuliĂšrement animĂ©e. Aussi loin qu’il s’en souvienne, c’était le jour de l’enterrement d’Anne, et si Lise n’en avait aucun souvenir visiblement, James n’en avait pas oubliĂ© un mot. Il Ă©tait toujours prĂȘt Ă  faire face aux Ă©ventuelles attaques que son ancienne connaissance pourrait lui envoyer dans les gencives. C’était Ă  peine s’il n’avait pas Ă©crit un discours la veille, avec les arguments bien apposĂ©s sur le papier, au cas oĂč il se trouverait Ă  cours de rĂ©ponse. Mais Ă  sa grande surprise, Sarah ne lui parla pas de ce temps-là
Sans doute n’était-elle pas dĂ©sireuse de remuer le passĂ© en sachant que le prĂ©sent Ă©tait dĂ©jĂ  bien assez inquiĂ©tant. Sarah invita donc James Ă  pĂ©nĂ©trer dans le salon, oĂč Aaron semblait l’y attendre de pied ferme. Du moins, ce fut l’impression qu’eut l’homme d’affaires avant de lui serrer la main avec un respect somme toute mesurĂ©. AprĂšs tout, il n’était pas lĂ  pour perdre son temps en bavardages, bien au contraire. Il Ă©tait venu rĂ©cupĂ©rer sa fille, et non pour s’expliquer au sujet de ses agissements. Spencer l’avait dit, Lise en avait Ă©galement conscience, James Ă©tait dans son bon droit. Il restait son pĂšre, et la demoiselle Ă©tant majeure, il Ă©tait responsable d’elle
Bien qu’il n’ait jamais vraiment endossĂ© son rĂŽle de pĂšre en tant que tel, il trouvait pratique’ de ramener Lise Ă  New York Si quelqu’un apprenait qu’elle avait fait une fugue, sa popularitĂ© allait en prendre un sacrĂ© coup. C’était un homme d’affaires, impitoyable et respectĂ©, il Ă©tait donc bien Ă©vident qu’il n’abandonnerait le commandement de son empire pour rien au monde, et surtout pas Ă  cause des folies de sa fille. En somme, et comme Lise l’avait toujours dit, James aimait plus son travail qu’il n’avait jamais aimĂ© et n’aimerait ses propres enfants. Je vous remercie pour l’hospitalitĂ© que vous avez donnĂ© Ă  Lise. C’est une petite Ă©cervelĂ©e qui ne sait pas ce qu’elle fait, en vĂ©ritĂ©. Elle a Ă©tĂ© trop gĂątĂ©e, c’est ma faute, je n’aurais jamais du tout lui cĂ©der ainsi. Enfin, tout va trĂšs bientĂŽt rentrer dans l’ordre. J’ai fais une rĂ©servation sur le prochain vol pour New York, et je compte bien la reprendre en main dĂšs notre arrivĂ©e. Je ne souhaite pas qu’elle continue Ă  enquiquiner de la sorte des personnes responsables comme vous. »N’allez pas croire que Lise n’entendait rien du discours de son pĂšre Ă  propos d’elle. La demoiselle avait beau ne pas s’ĂȘtre encore levĂ©e du lit d’Aaron, il aurait Ă©tĂ© difficile qu’elle n’entende pas. En homme charismatique, James possĂ©dait une voix portant facilement, si bien qu’elle n’avait pas perdu une miette de ce qui s’était dit. Elle se boucha les oreilles virulemment si bien qu’elle n’entendit pas une hypothĂ©tique rĂ©ponse de la part de Sarah ou d’Aaron. Elle attendit quelques secondes de calmer les battements effrĂ©nĂ©s de son cƓur, avant de se lever brusquement et de descendre d’un pas dĂ©cidĂ©. Si elle ne l’affrontait pas maintenant, elle ne le ferait jamais, elle le savait bien. Cependant, Lise ne s’attendait pas du tout Ă  ce que son pĂšre accourt pour la serrer dans ses bras dĂšs qu’elle apparut dans le salon. Le choc fut tel qu’elle ne lui rendit pas son Ă©treinte, d’ailleurs ; ses bras demeurĂšrent tendus le long de son corps, et elle espĂ©rait dans son Ăąme et conscience qu’il la lĂącherait trĂšs vite. James ne semblait pas surpris de sa rĂ©action, du reste. Il s’écarta bien vite, commençant Ă  marcher dans la piĂšce comme s’il s’apprĂȘtait Ă  faire un discours magistral. Lise attendait sa sentence sans rien dire, tout en sachant que si elle parlait la premiĂšre, il lui clouerait le bec sans aucune pitiĂ©. Il valait mieux se dĂ©fendre habilement plutĂŽt que d’attaquer l’éminent James Hawkins
 Je suis déçu par ton attitude. Aucun de mes efforts ne te paraĂźtra jamais suffisant, n’est-ce pas ? Que faut-il que je fasse pour que tu te mettes enfin du plomb dans la cervelle, Lise ? » ArrĂȘter de prendre tes enfants pour tes employĂ©s, apprendre Ă  les Ă©couter quand ils en ont besoin et prendre conscience qu’ils vont finir par te dĂ©tester
Mais tu en es incapable. Tu ne sais pas aimer, dĂ©jĂ , Maman s’écartait toujours plus de toi Ă  chaque fois que tu la dĂ©laissais pour tes foutues rĂ©unions. Sam est sous ta croupe, tu n’as que faire de Kitty
Et tu te demandes encore pourquoi je veux surtout pas te voir ?! Mais tu vois pas que je te dĂ©teste ?! »James ne l’avait pas giflĂ©e pour son impudence, mais c’était tout juste. Comme Ă  chaque fois que Lise parlait Ă  son pĂšre en face Ă  face, la discussion manquait de partir en vĂ©ritable combat. Sauf que cette fois, il l’avait juste saisie par le col, pour dĂ©montrer son autoritĂ© ultime par la force, sans pour autant passer pour un bourreau. Au dĂ©part, il avait juste dĂ©cidĂ© de la dĂ©molir en public, mais cela signifiait qu’il devait se contrĂŽler Ă©galement
OubliĂ©es, les gifles mĂ©ritĂ©es pour l’instant. Tu vas me faire le plaisir d’aller chercher tes affaires et de monter dans la limousine. Tu vas Ă©galement enfiler ce tailleur, et m’accompagner Ă  mon rendez-vous oĂč tu vas faire la traductrice. Tu traduiras face Ă  mon acheteur allemand exactement ce que je te dirais, est-ce bien entendu ? La moindre incartade et je peux t’assurer que tu vas regretter d’ĂȘtre nĂ©e, Lise ! DĂ©pĂȘche-toi d’aller te changer, je n’ai pas que cela Ă  faire. »Il la relĂącha en la poussant lĂ©gĂšrement, le regard sĂ©vĂšre et glacial, preuve que sa colĂšre n’était pas loin d’exploser. Quant Ă  Lise, c’était Ă  peine si elle n’était pas tĂ©tanisĂ©e. Elle qui avait tant de rĂ©pondant d’habitude, elle avait l’impression d’ĂȘtre une enfant complĂštement sans dĂ©fense. James avait trop d’expĂ©rience en la matiĂšre pour qu’elle puisse lui tenir tĂȘte bien longtemps, hĂ©las
Elle remit donc son col en place, avant de prendre sur le divan ledit tailleur, qu’il avait fait faire sur mesure et qu’il avait apportĂ© pour l’occasion. Lise n’osa mĂȘme pas regarder Sarah ou mĂȘme Aaron tant elle avait honte
Se faire traiter de la sorte Ă©tait dĂ©jĂ  insupportable, mais le fait de l’ĂȘtre en public Ă©tait encore pire. Lise rĂȘvait d’ĂȘtre une petite souris, afin de pouvoir retourner se cacher dans son trou pour mieux ne jamais en ressortir. Mais oĂč qu’elle aille, son pĂšre parviendrait toujours Ă  la retrouver et Ă  la dĂ©truire avec une facilitĂ© dĂ©concertante. Lise se dirigea donc vers les escaliers, bien peu dĂ©cidĂ©e par rapport Ă  tout Ă  l’heure. C’est bien ce que je dis, Papa. Je te dĂ©teste dĂ©jà
Mais Kitty suivra le mĂȘme chemin, exactement comme Sam ou comme moi. Profite bien de ta popularitĂ© auprĂšs de tes clients Ă  la con, parce que ce seront les seuls Ă  peupler ta vie d’ici quelques annĂ©es. »Oh, Lise avait bien l’intention de jouer les petites filles sages jusqu’au bout. Elle allait remonter dans la chambre d’Aaron, enfiler ce foutu tailleur Ă  la noix et accompagner son pĂšre Ă  son rendez-vous. Elle allait traduire chaque mot qu’il lui dirait de dire Ă  son acheteur allemand, et elle retournerait s’enchaĂźner Ă  New York, au cours d’une vie dont elle dĂ©testerait chaque seconde. Chaque moment passĂ© loin d’Aaron allait lui apparaĂźtre comme un supplice
Et ce fut exactement cette idĂ©e qui manqua de la faire fondre en larmes alors qu’elle avait passĂ© la porte de la chambre du jeune homme. La sensation d’ĂȘtre dĂ©jĂ  loin de lui alors qu’il n’était que dans le salon, son odeur, le souvenir de sa voix
Tant d’émotions qu’elle aimait et qui allaient ĂȘtre Ă  l’origine de sa souffrance. Pourtant, Lise enleva ses vĂȘtements jusqu’à se trouver en sous-vĂȘtement, et elle commença Ă  ouvrir la pochette contenant son tailleur. Elle brossa dĂ©licatement ses cheveux en s’observant Ă  la glace, ses yeux devenant brillants. Il ne fallait surtout pas qu’il y ait la moindre trace de larmes sur son visage, aussi se retenir paraissait indispensable. Mais la simple idĂ©e d’enfiler ce fichu tailleur Ă©tait insupportable
Elle s’assit donc sur le lit, Ă  cĂŽtĂ© de ce vĂȘtement dont le prix devait ĂȘtre trop Ă©levĂ© pour ĂȘtre Ă©noncĂ© dĂ©cemment. Elle poussa un long soupir, avant de se laisser tomber lourdement contre le lit. J’aimerais disparaĂźtre, aussi facilement que dans un tour de passe-passe
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Fixezensuite la bouteille dans l’arbre, tĂȘte en bas. Ça c’est la partie la plus facile. Il faut bien sĂ»r mettre en bouteille plusieurs poires pour ĂȘtre sĂ»r d’en obtenir une belle, pas abĂźmĂ©e! Quand le fruit est mĂ»r, on rĂ©colte la bouteille. Puis remplissez celle-ci avec de l’alcool de poire. Comment filtrer et mettre en bouteilles? Filtrer et mettre en bouteilles. Un dĂ©pot blanc

Pour refroidir une bouteille au congĂ©lateur, il faudra attendre au minimum 20 minutes avant qu’elle ne soit bien refroidir une bouteille sans glace?Pour refroidir une bouteille sans glaceHumidifiez bien un torchon et essorez-le. Il doit rester suffisamment enveloppez soigneusement la bouteille dans le la bouteille emmaillotĂ©e Ă  la lumiĂšre directe du refroidir une bouteille plus vite?Pour refroidir une bouteille plus vite, vous pouvez aussi la mettre dans un seau rempli d’eau, de glace et d’un peu de sel. En quelques minutes, la tempĂ©rature de votre bouteille baissera considĂ©rablement. En effet, le mĂ©lange de sel et d’eau va absorber la chaleur du congeler une bouteille d’eau?Pour congeler une bouteille d’eau, remplissez la aux trois quarts et placez-la ensuite au congĂ©lateur toute la nuit. Il suffit de remplir le dernier quart Ă  tempĂ©rature ambiante. Cela permettra de conserver la fraĂźcheur de la boisson pendant plusieurs une bouteille d’eau Ă©clate au congĂ©lateur?Contrairement Ă  la plupart des matĂ©riaux, l’eau solide la glace, prend plus de place qu’une eau liquide. Donc, ne mettez pas une bouteille d’eau pleine dans le congĂ©lateur. Sinon, elle Ă©clatera !Comment dĂ©congeler une bouteille de biĂšre?Pour dĂ©congeler une bouteille de biĂšre, vous pouvez la mettre au rĂ©frigĂ©rateur et la dĂ©congeler lentement. Pour garantir une dĂ©congĂ©lation uniforme, la bouteille doit ĂȘtre tournĂ©e de 180 degrĂ©s toutes les 12 SimilairesCet article vous a Ă©tĂ© utile ?OuiNon 1 Remplissez des rĂ©cipients. Versez le produit que vous voulez pasteuriser dans des bocaux ou des bouteilles en verre stĂ©rilisĂ©s. Laissez un espace vide de 3 Ă  5 cm en haut de chacun. Fermez les rĂ©cipients avec des couvercles hermĂ©tiques. Il est impĂ©ratif qu’ils soient hermĂ©tiques pour que cette mĂ©thode fonctionne.
Voltaire Contes en vers et en prose II Le Blanc et le noir Tout le monde... Tout le monde dans la province de Candahar connaÃt l'aventure du jeune Rustan. Il était fils unique d'un mirza du pays c'est comme qui dirait marquis parmi nous, ou baron chez les Allemands. Le mirza son pÚre avait un bien honnÃÂȘte. On devait marier le jeune Rustan à une demoiselle, ou mirzasse de sa sorte. Les deux familles le désiraient passionnément. Il devait faire la consolation de ses parents, rendre sa femme heureuse, et l'ÃÂȘtre avec elle. Mais par malheur il avait vu la princesse de Cachemire à la foire de Kaboul, qui est la foire la plus considérable du monde, et incomparablement plus fréquentée que celles de Bassora et d'Astrakan; et voici pourquoi le vieux prince de Cachemire était venu à la foire avec sa fille. Il avait perdu les deux plus rares piÚces de son trésor l'une était un diamant gros comme le pouce, sur lequel sa fille était gravée par un art que les Indiens possédaient alors, et qui s'est perdu depuis; l'autre était un javelot qui allait de lui-mÃÂȘme oÃÂč l'on voulait ce qui n'est pas une chose bien extraordinaire parmi nous, mais qui l'était à Cachemire. Un faquir de Son Altesse lui vola ces deux bijoux; il les porta à la princesse. "Gardez soigneusement ces deux piÚces, lui dit-il; votre destinée en dépend." Il partit alors, et on ne le revit plus. Le duc de Cachemire, au désespoir, résolut d'aller voir à la foire de Kaboul si de tous les marchands qui s'y rendent des quatre coins du monde il n'y en aurait pas un qui eût son diamant et son arme. Il menait sa fille avec lui dans tous ses voyages. Elle porta son diamant bien enfermé dans sa ceinture; mais pour le javelot, qu'elle ne pouvait si bien cacher, elle l'avait enfermé soigneusement à Cachemire dans son grand coffre de la Chine. Rustan et elle se virent à Kaboul; ils s'aimÚrent avec toute la bonne foi de leur ùge, et toute la tendresse de leur pays. La princesse, pour gage de son amour, lui donna son diamant, et Rustan lui promit à son départ de l'aller voir secrÚtement à Cachemire. Le jeune mirza avait deux favoris qui lui servaient de secrétaires, d'écuyers, de maÃtres d'hÎtel et de valets de chambre. L'un s'appelait Topaze il était beau, bien fait, blanc comme une Circassienne, doux et serviable comme un Arménien, sage comme un GuÚbre. L'autre se nommait EbÚne c'était un nÚgre fort joli, plus empressé, plus industrieux que Topaze, et qui ne trouvait rien de difficile. Il leur communiqua le projet de son voyage. Topaze tùcha de l'en détourner avec le zÚle circonspect d'un serviteur qui ne voulait pas lui déplaire; il lui représenta tout ce qu'il hasardait. Comment laisser deux familles au désespoir? comment mettre le couteau dans le coeur de ses parents? Il ébranla Rustan; mais EbÚne le raffermit et leva tous ses scrupules. Le jeune homme manquait d'argent pour un si long voyage. Le sage Topaze ne lui en aurait pas fait prÃÂȘter; EbÚne y pourvut. Il prit adroitement le diamant de son maÃtre, en fit faire un faux tout semblable, qu'il remit à sa place, et donna le véritable en gage à un Arménien pour quelques milliers de roupies. Quand le marquis eut ses roupies, tout fut prÚs pour le départ. On chargea un éléphant de son bagage; on monta à cheval. Topaze dit à son maÃtre "J'ai pris la liberté de vous faire des remontrances sur votre entreprise; mais, aprÚs avoir remontré, il faut obéir; je suis à vous, je vous aime, je vous suivrai jusqu'au bout du monde; mais consultons en chemin l'oracle qui est à deux parasanges d'ici." Rustan y consentit. L'oracle répondit "Si tu vas à l'orient, tu seras à l'occident." Rustan ne comprit rien à cette réponse. Topaze soutint qu'elle ne contenait rien de bon. EbÚne, toujours complaisant, lui persuada qu'elle était trÚs favorable. Il y avait encore un autre oracle dans Kaboul; ils y allÚrent. L'oracle de Kaboul répondit en ces mots "Si tu possÚdes, tu ne posséderas pas; si tu es vainqueur, tu ne vaincras pas; si tu es Rustan, tu ne le seras pas." Cet oracle parut encore plus inintelligible que l'autre. "Prenez garde à vous, disait Topaze. - Ne redoutez rien", disait EbÚne; et ce ministre, comme on peut le croire, avait toujours raison auprÚs de son maÃtre, dont il encourageait la passion et l'espérance. Au sortir de Kaboul, on marcha par une grande forÃÂȘt, on s'assit sur l'herbe pour manger, on laissa les chevaux paÃtre. On se préparait à décharger l'éléphant qui portait le dÃner et le service, lorsqu'on s'aperçut que Topaze et EbÚne n'étaient plus avec la petite caravane. On les appelle; la forÃÂȘt retentit des noms d'EbÚne et de Topaze. Les valets les cherchent de tous cÎtés, et remplissent la forÃÂȘt de leurs cris; ils reviennent sans avoir rien vu, sans qu'on leur ait répondu. "Nous n'avons trouvé, dirent-ils à Rustan, qu'un vautour qui se battait avec un aigle, et qui lui Îtait toutes ses plumes." Le récit de ce combat piqua la curiosité de Rustan; il alla à pied sur le lieu, il n'aperçut ni vautour ni aigle; mais il vit son éléphant, encore tout chargé de son bagage, qui était assailli par un gros rhinocéros. L'un frappait de sa corne, l'autre de sa trompe. Le rhinocéros lùcha prise à la vue de Rustan; on ramena son éléphant, mais on ne trouva plus les chevaux. "Il arrive d'étranges choses dans les forÃÂȘts quand on voyage!" s'écriait Rustan. Les valets étaient consternés, et le maÃtre au désespoir d'avoir perdu à la fois ses chevaux, son cher nÚgre, et le sage Topaze, pour lequel il avait toujours de l'amitié, quoiqu'il ne fût jamais de son avis. L'espérance d'ÃÂȘtre bientÎt aux pieds de la belle princesse de Cachemire le consolait, quand il rencontra un grand ùne rayé, à qui un rustre vigoureux et terrible donnait cent coups de bùton. Rien n'est si beau, ni si rare, ni si léger à la course que les ùnes de cette espÚce. Celui-ci répondait aux coups redoublés du vilain par des ruades qui auraient pu déraciner un chÃÂȘne. Le jeune mirza prit, comme de raison, le parti de l'ùne, qui était une créature charmante. Le rustre s'enfuit en disant à l'ùne "Tu me le payeras." L'ùne remercia son libérateur en son langage, s'approcha, se laissa caresser, et caressa. Rustan monte dessus aprÚs avoir dÃné, et prend le chemin de Cachemire avec ses domestiques, qui suivent, les uns à pied, les autres montés sur l'éléphant. A peine était-il sur son ùne que cet animal tourne vers Kaboul, au lieu de suivre la route de Cachemire. Son maÃtre a beau tourner la bride, donner des saccades, serrer les genoux, appuyer des éperons, rendre la bride, tirer à lui, fouetter à droite et à gauche, l'animal opiniùtre courait toujours vers Kaboul. Rustan suait, se démenait, se désespérait, quand il rencontra un marchand de chameaux qui lui dit "MaÃtre, vous avez là un ùne bien malin qui vous mÚne oÃÂč vous ne voulez pas aller; si vous voulez me le céder, je vous donnerai quatre de mes chameaux à choisir." Rustan remercia la Providence de lui avoir procuré un si bon marché. "Topaze avait grand tort, dit-il, de me dire que mon voyage serait malheureux." Il montre sur le plus beau chameau, les trois autres suivent; il rejoint sa caravane, et se voit dans le chemin de son bonheur. A peine a-t-il marché quatre parasanges qu'il est arrÃÂȘté par un torrent profond, large et impétueux, qui roulait des rochers blanchis d'écume. Les deux rivages étaient des précipices affreux qui éblouissaient la vue et glaçaient le courage; nul moyen de passer, nul d'aller à droite ou à gauche. "Je commence à craindre, dit Rustan, que Topaze n'ait eu raison de blùmer mon voyage, et moi grand tort de l'entreprendre; encore, s'il était ici, il me pourrait donner quelques bons avis. Si j'avais EbÚne, il me consolerait, et il trouverait des expédients; mais tout me manque." Son embarras était augmenté par la consternation de sa troupe la nuit était noire, on la passa à se lamenter. Enfin la fatigue et l'abattement endormirent l'amoureux voyageur. Il se réveille au point du jour, et voit un beau pont de marbre élevé sur le torrent d'une rive à l'autre. Ce furent des exclamations, des cris d'étonnement et de joie. "Est-il possible? est-ce un songe? quel prodige! quel enchantement! oserons-nous passer?" Toute la troupe se mettait à genoux, se relevait, allait au pont, baisait la terre, regardait le ciel, étendait les mains, posait le pied en tremblant, allait, revenait, était en extase; et Rustan disait "Pour le coup le ciel me favorise Topaze ne savait ce qu'il disait; les oracles étaient en ma faveur; EbÚne avait raison; mais pourquoi n'est-il pas ici?" A peine la troupe fut-elle au-delà du torrent que voilà le pont qui s'abÃme dans l'eau avec un fracas épouvantable. "Tant mieux! tant mieux! s'écria Rustan; Dieu soit loué! le ciel soit béni! il ne veut pas que je retourne dans mon pays, oÃÂč je n'aurais été qu'un simple gentilhomme; il veut que j'épouse ce que j'aime. Je serais prince de Cachemire; c'est ainsi qu'en possédant ma maÃtresse, je ne posséderai pas mon petit marquisat à Candahar. Je serai Rustan, et je ne le serai pas, puisque je deviendrai un grand prince voilà une grande partie de l'oracle expliquée nettement en ma faveur, le reste s'expliquera de mÃÂȘme; je suis trop heureux. Mais pourquoi EbÚne n'est-il pas auprÚs de moi? je le regrette mille fois plus que Topaze." Il avança encore quelques parasanges avec la plus grande allégresse; mais, sur la fin du jour, une enceinte de montagnes plus roides qu'une contrescarpe, et plus hautes que n'aurait été la tour de Babel si elle avait été achevée, barra entiÚrement la caravane saisie de crainte. Tout le monde s'écria "Dieu veut que nous périssions ici! il n'a brisé le pont que pour nous Îter tout espoir de retour; il n'a élevé la montagne que pour nous priver de tout moyen d'avancer. O Rustan! Î malheureux marquis! nous ne verrons jamais Cachemire, nous ne rentrons jamais dans la terre de Candahar." La plus cuisante douleur, l'abattement le plus accablant; succédaient dans l'ùme de Rustan à la joie immodérée qu'il avait ressentie, aux espérances dont il s'était enivré. Il était bien loin d'interpréter les prophéties à son avantage. "O ciel! Î Dieu paternel! faut-il que j'aie perdu mon ami Topaze!" Comme il prononçait ces paroles en poussant de profonds soupirs, et en versant des larmes au milieu de ses suivants désespérés, voilà la base de la montagne qui s'ouvre, une longue galerie en voûte, éclairée de cent mille flambeaux, se présente aux yeux éblouis; et Rustan de s'écrier, et ses gens de se jeter à genoux, et de tomber d'étonnement à la renverse, et de crier "miracle!" et de dire "Rustan est le favori de Vitsnou, le bien-aimé de Brama; il sera le maÃtre du monde." Rustan le croyait, il était hors de lui, élevé au-dessus de lui-mÃÂȘme. "Ah! EbÚne, mon cher EbÚne! oÃÂč ÃÂȘtes-vous? que n'ÃÂȘtes-vous témoin de toutes ces merveilles! comment vous ai-je perdu? belle princesse de Cachemire, quand reverrai-je vos charmes?" Il avance avec ses domestiques, son éléphant, ses chameaux, sous la voûte de la montagne, au bout de laquelle il entre dans une prairie émaillée de fleurs et bordée de ruisseaux et au bout de la prairie ce sont des allées d'arbres à perte de vue; et au bout de ces allées, une riviÚre, le long de laquelle sont mille maisons de plaisance, avec des jardins délicieux. Il entend partout des concerts de voix et d'instruments; il voit des danses; il se hùte de passer un des ponts de la riviÚre; il demande au premier homme qu'il rencontre quel est ce beau pays. Celui auquel il s'adressait lui répondit "Vous ÃÂȘtes dans la province de Cachemire; vous voyez les habitants dans la joie et dans les plaisirs; nous célébrons les noces de notre belle princesse, qui va se marier avec le seigneur Barbabou, à qui son pÚre l'a promise; que Dieu perpétue leur félicité!" A ces paroles Rustan tomba évanoui, et le seigneur cachemirien crut qu'il était sujet à l'épilepsie; il le fit porter dans sa maison, oÃÂč il fut longtemps sans connaissance. On alla chercher les deux plus habiles médecins du canton; ils tùtÚrent le pouls du malade, qui, ayant repris un peu ses esprits, poussait des sanglots, roulait les yeux, et s'écriait de temps en temps "Topaze, Topaze, vous aviez bien raison!" L'un des deux médecins dit au seigneur cachemirien "Je vois à son accent que c'est un jeune homme de Candahar, à qui l'air de ce pays ne vaut rien; il faut le renvoyer chez lui; je vois à ses yeux qu'il est devenu fou; confiez-le-moi, je le ramÚnerai dans sa patrie, et je le guérirai." L'autre médecin assura qu'il n'était malade que de chagrin, qu'il fallait le mener aux noces de la princesse, et le faire danser. Pendant qu'ils consultaient, le malade reprit ses forces; les deux médecins furent congédiés, et Rustan demeura tÃÂȘte à tÃÂȘte avec son hÎte. "Seigneur, lui dit-il, je vous demande pardon de m'ÃÂȘtre évanoui devant vous; je sais que cela n'est pas poli; je vous supplie de vouloir bien accepter mon éléphant en reconnaissance des bontés dont vous m'avez honoré." Il lui conta ensuite toutes ses aventures, en se gardant bien de lui parler de l'objet de son voyage. "Mais, au nom de Vitsnou et de Brama, lui dit-il, apprenez-moi quel est cet heureux Barbabou qui épouse la princesse de Cachemire; pourquoi son pÚre l'a choisi pour gendre, et pourquoi la princesse l'a accepté pour son époux. - Seigneur, lui dit le Cachemirien, la princesse n'a point du tout accepté Barbabou; au contraire, elle est dans les pleurs, tandis que toute la province célÚbre avec joie son mariage; elle s'est enfermée dans la tour de son palais; elle ne veut voir aucune des réjouissances qu'on fait pour elle." Rustan, en entendant ces paroles, se sentit renaÃtre; l'éclat de ses couleurs, que la douleur avait flétries, reparut sur son visage. "Dites-moi, je vous prie, continua-t-il, pourquoi le prince de Cachemire s'obstine à donner sa fille à un Barbabou dont elle ne veut pas. - Voici le fait, répondit le Cachemirien. Savez-vous que notre auguste prince avait perdu un gros diamant et un javelot qui lui tenaient fort au coeur? - Ah! je le sais trÚs bien, dit Rustan. - Apprenez donc, dit l'hÎte, que notre prince, au désespoir de n'avoir point de nouvelles de ses deux bijoux, aprÚs les avoir fait longtemps chercher par toute la terre, a promis sa fille à quiconque lui rapporterait l'un ou l'autre. Il est venu un seigneur Barbabou qui était muni du diamant, et il épouse demain la princesse." Rustan pùlit, bégaya un compliment, prit congé de son hÎte, et courut sur son dromadaire à la ville capitale oÃÂč se devait faire la cérémonie. Il arrive au palais du prince; il dit qu'il a des choses importantes à lui communiquer; il demande une audience; on lui répond que le prince est occupé des préparatifs de la noce "C'est pour cela mÃÂȘme, dit-il, que je veux lui parler." Il presse tant qu'il est introduit. "Monseigneur, dit-il, que Dieu couronne tous vos jours de gloire et de magnificence! votre gendre est un fripon. - Comment? un fripon! qu'osez-vous dire? est-ce ainsi qu'on parle à un duc de Cachemire du gendre qu'il a choisi? - Oui, un fripon, reprit Rustan; et pour le prouver à Votre Altesse, c'est que voici votre diamant que je vous rapporte." Le duc, tout étonné; confronta les deux diamants; et comme il ne s'y connaissait guÚre, il ne put dire quel était le véritable. "Voilà deux diamants, dit-il, et je n'ai qu'une fille; me voilà dans un étrange embarras!" Il fit venir Barbabou, et lui demanda s'il ne l'avait point trompé. Barbabou jura qu'il avait acheté son diamant d'un Arménien; l'autre ne disait pas de qui il tenait le sien, mais il proposa un expédient ce fut qu'il plût à Son Altesse de le faire combattre sur-le-champ contre son rival. "Ce n'est pas assez que votre gendre donne un diamant, disait-il; il faut aussi qu'il donne des preuves de valeur ne trouvez-vous pas bon que celui qui tuera l'autre épouse la princesse? - TrÚs bon, répondit le prince, ce sera un fort beau spectacle pour la cour; battez-vous vite tous deux le vainqueur prendra les armes du vaincu, selon l'usage de Cachemire, et il épousera ma fille." Les deux prétendants descendent aussitÎt dans la cour. Il y avait sur l'escalier une pie et un corbeau. Le corbeau criait "Battez-vous, battez-vous"; la pie "Ne vous battez pas". Cela fit rire le prince; les deux rivaux y prirent garde à peine ils commencent le combat; tous les courtisans faisaient un cercle autour d'eux. La princesse, se tenant toujours renfermée dans sa tour, ne voulut point assister à ce spectacle; elle était bien loin de se douter que son amant fût à Cachemire, et elle avait tant d'horreur pour Barbabou qu'elle ne voulait rien voir. Le combat se passa le mieux du monde; Barbabou fut tué roide, et le peuple en fut charmé, parce qu'il était laid, et que Rustan était fort joli c'est presque toujours ce qui décide de la faveur publique. Le vainqueur revÃÂȘtit la cotte de mailles, l'écharpe et le casque du vaincu, et vint, suivi de toute la cour, au son des fanfares, se présenter sous les fenÃÂȘtres de sa maÃtresse. Tout le monde criait "Belle princesse, venez voir votre beau mari qui a tué son vilain rival"; ses femmes répétaient ces paroles. La princesse mit par malheur la tÃÂȘte à la fenÃÂȘtre, et voyant l'armure d'un homme qu'elle abhorrait, elle courut en désespérée à son coffre de la Chine, et tira le javelot fatal qui alla percer son cher Rustan au défaut de la cuirasse; il jeta un grand cri, et à ce cri la princesse crut reconnaÃtre la voix de son malheureux amant. Elle descend échevelée, la mort dans les yeux et dans le coeur. Rustan était déjà tombé tout sanglant dans les bras de son pÚre. Elle le voit Î moment! Î vue! Î reconnaissance dont on ne peut exprimer ni la douleur, ni la tendresse, ni l'horreur! Elle se jette sur lui, elle l'embrasse "Tu reçois, lui dit-elle; les premiers et les derniers baisers de ton amante et de ta meurtriÚre." Elle retire le dard de la plaie, l'enfonce dans son coeur, et meurt sur l'amant qu'elle adore. Le pÚre, épouvanté, éperdu, prÃÂȘt à mourir comme elle, tùche en vain de la rappeler à la vie; elle n'était plus; il maudit ce dard fatal, le brise en morceaux, jette au loin ses deux diamants funestes; et, tandis qu'on prépare les funérailles de sa fille au lieu de son mariage, il fait transporter dans son palais Rustan ensanglanté, qui avait encore un reste de vie. On le porte dans un lit. La premiÚre chose qu'il voit aux deux cÎtés de ce lit mort, c'est Topaze et EbÚne. Sa surprise lui rendit un peu de force. "Ah! cruels, dit-il, pourquoi m'avez-vous abandonné? Peut-ÃÂȘtre la princesse vivrait encore, si vous aviez été prÚs du malheureux Rustan. - Je ne vous ai pas abandonné un seul moment, dit Topaze. - J'ai toujours été prÚs de vous, dit EbÚne. - Ah! que dites-vous? pourquoi insulter à mes derniers moments? répondit Rustan d'une voix languissante. - Vous pouvez m'en croire, dit Topaze; vous savez que je n'approuvai jamais ce fatal voyage dont je prévoyais les horribles suites. C'est moi qui étais l'aigle qui a combattu contre le vautour, et qu'il a déplumé; j'étais l'éléphant qui emportait le bagage pour vous forcer à retourner dans votre patrie; j'étais l'ùne rayé qui vous ramenait malgré vous chez votre pÚre; c'est moi, qui ai égaré vos chevaux; c'est moi qui ai formé le torrent qui vous empÃÂȘchait de passer; c'est moi qui ai élevé la montagne qui vous fermait un chemin si funeste; j'étais le médecin qui vous conseillait l'air natal; j'étais la pie qui vous criait de ne point combattre. - Et moi, dit EbÚne, j'étais le vautour qui a déplumé l'aigle, le rhinocéros qui donnait cent coups de corne à l'éléphant, le vilain qui battait l'ùne rayé; le marchand qui vous donnait des chameaux pour courir à votre perte; j'ai bùti le pont sur lequel vous avez passé; j'ai creusé la caverne que vous avez traversée, je suis le médecin qui vous encourageait à marcher; le corbeau qui vous criait de vous battre. - Hélas! souviens-toi de oracles, dit Topaze Si tu vas à l'orient, tu seras à l'occident. - Oui, dit EbÚne, on ensevelit ici les morts le visage tourné à l'occident l'oracle était clair, que ne l'as-tu compris? Tu as possédé, et tu ne possédais pas car tu avais le diamant, mais il était faux, et tu n'en savais rien. Tu es vainqueur, et tu meurs; tu es Rustan, et tu cesses de l'ÃÂȘtre tout a été accompli." Comme il parlait ainsi, quatre ailes blanches couvrirent le corps de Topaze, et quatre ailes noires celui d'EbÚne. "Que vois-je?" s'écria Rustan. Topaze et EbÚne répondirent ensemble "Tu vois tes deux génies. - Eh! messieurs, leur dit le malheureux Rustan, de quoi vous mÃÂȘliez-vous? et pourquoi deux génies pour un pauvre homme? - C'est la loi, dit Topaze; chaque homme a ses deux génies, c'est Platon qui l'a dit le premier, et d'autre l'on répété ensuite; tu vois que rien n'est plus véritable moi qui te parle, je suis ton bon génie, et ma charge était de veiller auprÚs de toi jusqu'au dernier moment de ta vie; je m'en suis fidÚlement acquitté. - Mais, dit le mourant, si ton emploi était de me servir, je suis donc d'une nature fort supérieure à la tienne; et puis comment oses-tu dire que tu es mon bon génie, quand tu m'as laissé tromper dans tout ce que j'ai entrepris, et que tu me laisses mourir, moi et ma maÃtresse, misérablement? - Hélas! c'était ta destinée, dit Topaze. - Si c'est la destinée qui fait tout, dit le mourant, à quoi un génie est-il bon? Et toi, EbÚne, avec tes quatre ailes noires, tu es apparemment mon mauvais génie? - Vous l'avez dit, répondit EbÚne. - Mais tu étais donc aussi le mauvais génie de ma princesse? - Non, elle avait le sien, et je l'ai parfaitement secondé. - Ah! maudit EbÚne, si tu es si méchant, tu n'appartiens donc pas au mÃÂȘme maÃtre que Topaze? vous avez été formés tous deux par deux principes différents, dont l'un est bon, et l'autre méchant de sa nature? - Ce n'est pas une conséquence, dit EbÚne, mais c'est une grande difficulté. - Il n'est pas possible, reprit l'agonisant, qu'un ÃÂȘtre favorable ait fait un génie si funeste. - Possible ou non possible, repartit EbÚne, la chose est comme je te le dis. - Hélas! dit Topaze, mon pauvre ami, ne vois-tu pas que ce coquin-là a encore la malice de te faire disputer pour allumer ton sang et précipiter l'heure de ta mort? - Va, je ne suis guÚre plus content de toi que de lui, dit le triste Rustan il avoue du moins qu'il a voulu me faire du mal; et toi, qui prétendais me défendre, tu ne m'as servi de rien. - J'en suis bien fùché, dit le bon génie. - Et moi aussi, dit le mourant; il y a quelque chose là -dessous que je ne comprends pas. - Ni moi non plus, dit le pauvre bon génie. - J'en serai instruit dans un moment, dit Rustan. - C'est ce que nous verrons, dit Topaze." Alors tout disparut. Rustan se retrouva dans la maison de son pÚre, dont il n'était pas sorti, et dans son lit, oÃÂč il avait dormi une heure. Il se réveille en sursaut, tout en sueur, tout égaré; il se tùte, il appelle, il crie, il sonne. Son valet de chambre, Topaze, accourt en bonnet de nuit, et tout en bùillant. "Suis-je mort, suis-je en vie? s'écria Rustan; la belle princesse de Cachemire en réchappera-t-elle?... - Monseigneur rÃÂȘve-t-il? répondit froidement Topaze. - Ah! s'écriait Rustan, qu'est donc devenu ce barbare EbÚne avec ses quatre ailes noires? c'est lui qui me fait mourir d'une mort si cruelle. - Monseigneur, je l'ai laissé là -haut, qui ronfle voulez-vous qu'on le fasse descendre? - Le scélérat! il y a six mois entiers qu'il me persécute; c'est lui qui me mena à cette fatale foire de Kaboul; c'est lui qui m'escamota le diamant que m'avait donné la princesse; il est seul la cause de mon voyage, de la mort de ma princesse, et du coup de javelot dont je meurs à la fleur de mon ùge. - Rassurez-vous, dit Topaze; vous n'avez jamais été à Kaboul; il n'y a point de princesse de Cachemire; son pÚre n'a jamais eu que deux garçons qui sont actuellement au collÚge. Vous n'avez jamais eu de diamant; la princesse ne peut ÃÂȘtre morte, puisqu'elle n'est pas née; et vous vous portez à merveille. - Comment! il n'est pas vrai que tu m'assistais à la mort dans le lit du prince de Cachemire? Ne m'as-tu pas avoué que, pour me garantir de tant de malheurs, tu avais été aigle, éléphant, ùne rayé, médecin, et pie? - Monseigneur, vous avez rÃÂȘvé tout cela nos idées ne dépendent pas plus de nous dans le sommeil que dans la veille. Dieu a voulu que cette file d'idées vous ai passé par la tÃÂȘte, pour vous donner apparemment quelque instruction dont vous ferez votre profit. - Tu te moques de moi, reprit Rustan; combien de temps ai-je dormi? - Monseigneur, vous n'avez encore dormi qu'une heure. - Eh bien! maudit raisonneur, comment veux-tu qu'en une heure de temps j'aie été à la foire de Kaboul il y a six mois, que j'en sois revenu, que j'aie fait le voyage de Cachemire, et que nous soyons morts, Barbabou, la princesse, et moi? - Monseigneur, il n'y a rien de plus aisé et de plus ordinaire, et vous auriez pu réellement faire le tour du monde, et avoir beaucoup plus d'aventures en bien moins de temps. "N'est-il pas vrai que vous pouvez lire en une heure l'abrégé de l'histoire des Perses, écrite par Zoroastre? cependant cet abrégé contient huit cent mille années. Tous ces événements passent sous vos yeux l'un aprÚs l'autre en une heure; or vous m'avouerez qu'il est aussi aisé à Brama de les resserrer tous dans l'espace d'une heure que de les étendre dans l'espace de huit cent mille années; c'est précisément la mÃÂȘme chose. Figurez-vous que le temps tourne sur une roue dont le diamÚtre est infini. Sous cette roue immense sont une multitude innombrable de roues les unes dans les autres; celle du centre est imperceptible, et fait un nombre infini de tours précisément dans le mÃÂȘme temps que la grande roue n'en achÚve qu'un. Il est clair que tous les événements, depuis le commencement du monde jusqu'à sa fin, peuvent arriver successivement en beaucoup moins de temps que la cent milliÚme partie d'une seconde; et on peu dire mÃÂȘme que la chose est ainsi. - Je n'y entends rien, dit Rustan. - Si vous voulez, dit Topaze, j'ai un perroquet qui vous le fera aisément comprendre. Il est né quelque temps avant le déluge, il a été dans l'arche; il a beaucoup vu; cependant il n'a encore qu'un an et demi il vous contera son histoire, qui est fort intéressante. - Allez vite chercher votre perroquet, dit Rustan; il m'amusera jusqu'à ce que je puisse me rendormir. - Il est chez ma soeur la religieuse, dit Topaze; je vais le chercher, vous en serez content; sa mémoire est fidÚle, il conte simplement, sans chercher à montrer de l'esprit à tout propos, et sans faire; des phrases. - Tant mieux, dit Rustan, voilà comme j'aime les contes." On lui amena le perroquet, lequel parla ainsi. Mademoiselle Catherine Vadé n'a jamais pu trouver l'histoire du perroquet dans le portefeuille de feu son cousin Antoine Vadé, auteur de ce conte. C'est grand dommage, vu le temps auquel vivait ce perroquet. Jeannot et Colin Plusieurs personnes... Plusieurs personnes dignes de foi ont vu Jeannot et Colin à l'école dans la ville d'Issoire, en Auvergne, ville fameuse dans tout l'univers par son collÚge et par ses chaudrons. Jeannot était fils d'un marchand de mulets trÚs renommé, et Colin devait le jour à un brave laboureur des environs, qui cultivait la terre avec quatre mulets, et qui, aprÚs avoir payé la taille, le taillon, les aides et gabelles, le sou pour livre, la capitation et les vingtiÚmes, ne se trouvait pas puissamment riche au bout de l'année. Jeannot et Colin étaient fort jolis pour des Auvergnats; ils s'aimaient beaucoup, et ils avaient ensemble de petites privautés, de petites familiarités, dont on se ressouvient toujours avec agrément quand on se rencontre ensuite dans le monde. Le temps de leurs études était sur le point de finir, quand un tailleur apporta à Jeannot un habit de velours à trois couleurs, avec une veste de Lyon de fort bon goût; le tout était accompagné d'une lettre à monsieur de La JeannotiÚre. Colin admira l'habit, et ne fut point jaloux; mais Jeannot prit un air de supériorité qui affligea Colin. DÚs ce moment Jeannot n'étudia plus, se regarda au miroir, et méprisa tout le monde. Quelque temps aprÚs un valet de chambre arrive en poste, et apporte une seconde lettre à monsieur le marquis de La JeannotiÚre c'était un ordre de monsieur son pÚre de faire venir monsieur son fils à Paris. Jeannot monta en chaise en tendant la main à Colin avec un sourire de protection assez noble. Colin sentit son néant, et pleura. Jeannot partit dans toute la pompe de sa gloire. Les lecteurs qui aiment à s'instruire doivent savoir que monsieur Jeannot le pÚre avait acquis assez rapidement des biens immenses dans les affaires. Vous demandez comment on fait ces grandes fortunes? C'est parce qu'on est heureux. Monsieur Jeannot était bien fait, sa femme aussi, et elle avait encore de la fraÃcheur. Ils allÚrent à Paris pour un procÚs qui les ruinait, lorsque la fortune, qui élÚve et qui abaisse les hommes à son gré, les présenta à la femme d'un entrepreneur des hÎpitaux des armées, homme d'un grand talent, et qui pouvait se vanter d'avoir tué plus de soldats en un an que le canon n'en fait périr en dix. Jeannot plut à madame; la femme de Jeannot plut à monsieur. Jeannot fut bientÎt de part dans l'entreprise; il entra dans d'autres affaires. DÚs qu'on est dans le fil de l'eau, il n'y a qu'à se laisser aller; on fait sans peine une fortune immense. Les gredins, qui du rivage vous regardent voguer à pleines voiles; ouvrent des yeux étonnés; ils ne savent comment vous avez pu parvenir; ils vous envient au hasard, et font contre vous des brochures que vous ne lisez point. C'est ce qui arriva à Jeannot le pÚre, qui fut bientÎt monsieur de La JeannotiÚre, et qui ayant acheté un marquisat au bout de six mois, retira de l'école monsieur le marquis son fils, pour le mettre à Paris dans le beau monde. Colin, toujours tendre, écrivit une lettre de compliments à son ancien camarade; et lui fit ces lignes pour le congratuler. Le petit marquis ne lui fit point de réponse Colin en fut malade de douleur. Le pÚre et la mÚre donnÚrent d'abord un gouverneur au jeune marquis ce gouverneur, qui était un homme du bel air, et qui ne savait rien, ne put rien enseigner à son pupille. Monsieur voulait que son fils apprÃt le latin, madame ne le voulait pas. Ils prirent pour arbitre un auteur qui était célÚbre alors par des ouvrages agréables. Il fut prié à dÃner. Le maÃtre de la maison commença par lui dire d'abord "Monsieur, comme vous savez le latin, et que vous ÃÂȘtes un homme de la cour... - Moi, monsieur, du latin! je n'en sais pas un mot, répondit le bel esprit, et bien m'en a pris; il est clair qu'on parle beaucoup mieux sa langue quand on ne partage pas son application entre elle et les langues étrangÚres. Voyez toutes nos dames, elles ont l'esprit plus agréable que les hommes; leurs lettres sont écrites avec cent fois plus de grùce; elles n'ont sur nous cette supériorité que parce qu'elles ne savent pas le latin. - Eh bien! n'avais-je pas raison? dit madame. Je veux que mon fils soit un homme d'esprit, qu'il réussisse dans le monde; et vous voyez bien que, s'il savait le latin, il serait perdu. Joue-t-on, s'il vous plaÃt, la comédie et l'opéra en latin? Plaide-t-on en latin quand on a un procÚs? Fait-on l'amour en latin?" Monsieur, ébloui de ces raisons, passa condamnation, et il fut conclu que le jeune marquis ne perdrait point son temps à connaÃtre Cicéron, Horace, et Virgile. "Mais qu'apprendra-t-il donc? car encore faut-il qu'il sache quelque chose; ne pourrait-on pas lui montrer un peu de géographie? - A quoi cela lui servira-t-il? répondit le gouverneur. Quand monsieur le marquis ira dans ses terres les postillons ne sauront-ils pas les chemins? ils ne l'égareront certainement pas. On n'a pas besoin d'un quart de cercle pour voyager, et on va trÚs commodément de Paris en Auvergne, sans qu'il soit besoin de savoir sous quelle latitude on se trouve. - Vous avez raison, répliqua le pÚre; mais j'ai entendu parler d'une belle science qu'on appelle, je crois, l'astronomie. - Quelle pitié! repartit le gouverneur; se conduit-on par les astres dans ce monde? et faudra-t-il que monsieur le marquis se tue à calculer une éclipse, quand il la trouve à point nommé dans l'almanach, qui lui enseigne de plus les fÃÂȘtes mobiles, l'ùge de la lune, et celui de toutes les princesses de l'Europe?" Madame fut entiÚrement de l'avis du gouverneur. Le petit marquis était au comble de la joie; le pÚre était trÚs indécis. "Que faudra-t-il donc apprendre à mon fils? disait-il. - A ÃÂȘtre aimable, répondit l'ami que l'on consultait; et s'il sait les moyens de plaire, il saura tout c'est un art qu'il apprendra chez madame sa mÚre, sans que ni l'un ni l'autre se donnent la moindre peine." Madame, à ce discours, embrassa le gracieux ignorant, et lui dit "On voit bien, monsieur, que vous ÃÂȘtes l'homme du monde le plus savant; mon fils vous devra toute son éducation je m'imagine pourtant qu'il ne serait pas mal qu'il sût un peu d'histoire. - Hélas! madame, à quoi cela est-il bon? répondit-il; il n'y a certainement d'agréable et d'utile que l'histoire du jour. Toutes les histoires anciennes, comme le disait un de nos beaux esprits, ne sont que des fables convenues; et pour les modernes; c'est un chaos qu'on ne peut débrouiller. Qu'importe à monsieur votre fils que Charlemagne ait institué les douze pairs de France, et que son successeur ait été bÚgue? - Rien n'est mieux dit! s'écria le gouverneur on étouffe l'esprit des enfants sous un amas de connaissances inutiles; mais de toutes les sciences la plus absurde, à mon avis, et celle qui est la plus capable d'étouffer toute espÚce de génie, c'est la géométrie. Cette science ridicule a pour objet des surfaces, des lignes, et des points, qui n'existent pas dans la nature. On fait passer en esprit cent mille lignes courbes entre un cercle et une ligne droite qui le touche, quoique dans la réalité on n'y puisse pas passer un fétu. La géométrie, en vérité, n'est qu'une mauvaise plaisanterie." Monsieur et madame n'entendaient pas trop ce que le gouverneur voulait dire; mais ils furent entiÚrement de son avis. "Un seigneur comme monsieur le marquis, continua-t-il, ne doit pas se dessécher le cerveau dans ces vaines études. Si un jour il a besoin d'un géomÚtre sublime pour lever le plan de ses terres, il les fera arpenter pour son argent. S'il veut débrouiller l'antiquité de sa noblesse, qui remonte aux temps les plus reculés, il enverra chercher un bénédictin. Il en est de mÃÂȘme de tous les arts. Un jeune seigneur heureusement né n'est ni peintre, ni musicien, ni architecte, ni sculpteur; mais il fait fleurir tous ces arts en les encourageant par sa magnificence. Il vaut sans doute mieux les protéger que de les exercer; il suffit que monsieur le marquis ait du goût; c'est aux artistes à travailler pour lui; et c'est en quoi on a trÚs grande raison de dire que les gens de qualité j'entends ceux qui sont trÚs riches savent tout sans avoir rien appris, parce qu'en effet ils savent à la longue juger de toutes les choses qu'ils commandent et qu'ils payent". L'aimable ignorant prit alors la parole, et dit "Vous avez trÚs bien remarqué, madame, que la grande fin de l'homme est de réussir dans la société. De bonne foi, est-ce par les sciences qu'on obtient ce succÚs? S'est-on jamais avisé dans la bonne compagnie de parler de géométrie? Demande-t-on jamais à un honnÃÂȘte homme quel astre se lÚve aujourd'hui avec le soleil? S'informe-t-on à souper si Clodion le Chevelu passa le Rhin? - Non, sans doute, s'écria la marquise de La JeannotiÚre, que ses charmes avaient initiée quelquefois dans le beau monde; et monsieur mon fils ne doit point éteindre son génie par l'étude de tous ces fatras, mais enfin que lui apprendra-t-on? Car il est bon qu'un jeune seigneur puisse briller dans l'occasion, comme dit monsieur mon mari. Je me souviens d'avoir ouï dire à un abbé que la plus agréable des sciences était une chose dont j'ai oublié le nom, mais qui commence par un B. - Par un B, madame? ne serait-ce point la botanique? - Non, ce n'était point de botanique qu'il me parlait; elle commençait, vous dis-je, par un B, et finissait par un on. - Ah! j'entends, madame; c'est le blason c'est, à la vérité, une science fort profonde; mais elle n'est plus à la mode depuis qu'on a perdu l'habitude de faire peindre ses armes aux portiÚres de son carrosse; c'était la chose du monde la plus utile dans un Etat bien policé. D'ailleurs, cette étude serait infinie il n'y a point aujourd'hui de barbier qui n'ait ses armoiries; et vous savez que tout ce qui devient commun est peu fÃÂȘté." Enfin, aprÚs avoir examiné le fort et le faible des sciences, il fut décidé que monsieur le marquis apprendrait à danser. La nature, qui fait tout, lui avait donné un talent qui se développa bientÎt avec un succÚs prodigieux c'était de chanter agréablement des vaudevilles. Les grùces de la jeunesse, jointes à ce don supérieur, le firent regarder comme le jeune homme de la plus grande espérance. Il fut aimé des femmes; et ayant la tÃÂȘte toute pleine de chansons, il en fit pour ses maÃtresses. Il pillait Bacchus et l'Amour dans un vaudeville, la nuit et le jour dans un autre, les charmes et les alarmes dans un troisiÚme; mais, comme il y avait toujours dans ses vers quelques pieds de plus ou de moins qu'il ne fallait, il les faisait corriger moyennant vingt louis d'or par chanson; et il fut mis dans L'Année littéraire au rang des La Fare, des Chaulieu, des Hamilton, des Sarrasin et des Voiture. Madame la marquise crut alors ÃÂȘtre la mÚre d'un bel esprit, et donna à souper aux beaux esprits de Paris. La tÃÂȘte du jeune homme fut bientÎt renversée; il acquit l'art de parler sans s'entendre, et se perfectionna dans l'habitude de n'ÃÂȘtre propre à rien. Quand son pÚre le vit si éloquent, il regretta vivement de ne lui avoir pas fait apprendre le latin, car il lui aurait acheté une grande charge dans la robe. La mÚre, qui avait des sentiments plus nobles, se chargea de solliciter un régiment pour son fils; et en attendant il fit l'amour. L'amour est quelquefois plus cher qu'un régiment. Il dépensa beaucoup, pendant que ses parents s'épuisaient encore davantage à vivre en grands seigneurs. Une jeune veuve de qualité, leur voisine, qui n'avait qu'une fortune médiocre, voulut bien se résoudre à mettre en sûreté les grands biens de monsieur et de madame de La JeannotiÚre, en se les appropriant, et en épousant le jeune marquis. Elle l'attira chez elle, se laissa aimer, lui fit entrevoir qu'il ne lui était pas indifférent, le conduisit par degrés, l'enchanta, le subjugua sans peine. Elle lui donnait tantÎt des éloges, tantÎt des conseils; elle devint la meilleure amie du pÚre et de la mÚre. Une vieille voisine proposa le mariage; les parents, éblouis de la splendeur de cette alliance, acceptÚrent avec joie la proposition ils donnÚrent leur fils unique à leur amie intime. Le jeune marquis allait épouser une femme qu'il adorait et dont il était aimé; les amis de la maison les félicitaient; on allait rédiger les articles, en travaillant aux habits de noce et à l'épithalame. Il était, un matin, aux genoux de la charmante épouse que l'amour, l'estime, et l'amitié, allaient lui donner; ils goûtaient, dans une conversation tendre et animée, les prémices de leur bonheur; ils s'arrangeaient pour mener une vie délicieuse, lorsqu'un valet de chambre de madame la mÚre arrive tout effaré. "Voici bien d'autres nouvelles, dit-il; des huissiers déménagent la maison de monsieur et de madame; tout est saisi par des créanciers; on parle de prise de corps, et je vais faire mes diligences pour ÃÂȘtre payé de mes gages. - Voyons un peu, dit le marquis, que c'est que ça, ce que c'est que cette aventure-là . - Oui, dit la veuve, allez punir ces coquins-là , allez vite." Il y court, il arrive à la maison; son pÚre était déjà emprisonné tous les domestiques avaient fui chacun de leur cÎté, en emportant tout ce qu'ils avaient pu. Sa mÚre était seule, sans secours, sans consolation, noyée dans les larmes; il ne lui restait rien que le souvenir de sa fortune, de sa beauté, de ses fautes et de ses folles dépenses. AprÚs que le fils eut longtemps pleuré avec la mÚre, il lui dit enfin "Ne nous désespérons pas; cette jeune veuve m'aime éperdument; elle est plus généreuse encore que riche, je réponds d'elle; je vole à elle, et je vais vous l'amener." Il retourne donc chez sa maÃtresse, il la trouve tÃÂȘte à tÃÂȘte avec un jeune officier fort aimable. "Quoi! c'est vous, monsieur de La JeannotiÚre; que venez-vous faire ici? abandonne-t-on ainsi sa mÚre? Allez chez cette pauvre femme, et dites-lui que je lui veux toujours du bien j'ai besoin d'une femme de chambre, et je lui donnerai la préférence. - Mon garçon, tu me parais assez bien tourné, lui dit l'officier; si tu veux entrer dans ma compagnie je te donnerai un bon engagement." Le marquis stupéfait, la rage dans le coeur, alla chercher son ancien gouverneur, déposa ses douleurs dans son sein, et lui demanda des conseils. Celui-ci lui proposa de se faire, comme lui, gouverneur d'enfants. "Hélas! je ne sais rien, vous ne m'avez rien appris, et vous ÃÂȘtes la premiÚre cause de mon malheur"; et il sanglotait en lui parlant ainsi. "Faites des romans, lui dit un bel esprit qui était là ; c'est une excellente ressource à Paris." Le jeune homme, plus désespéré que jamais, courut chez le confesseur de sa mÚre c'était un théatin trÚs accrédité, qui ne dirigeait que les femmes de la premiÚre considération; dÚs qu'il le vit, il se précipita vers lui. "Eh! mon Dieu! monsieur le marquis, oÃÂč est votre carrosse? comment se porte la respectable madame la marquise votre mÚre?" Le pauvre malheureux lui conta le désastre de sa famille. A mesure qu'il s'expliquait, le théatin prenait un mine plus grave, plus indifférente, plus imposante "Mon fils, voilà oÃÂč Dieu vous voulait; les richesses ne servent qu'à corrompre le coeur; Dieu a donc fait la grùce à votre mÚre de la réduire à la mendicité? - Oui monsieur. - Tant mieux, elle est sûre de son salut. - Mais, mon pÚre, en attendant, n'y aurait-il pas moyen d'obtenir quelque secours dans ce monde? - Adieu, mon fils; il y a une dame de la cour qui m'attend." Le marquis fut prÃÂȘt à s'évanouir; il fut traité à peu prÚs de mÃÂȘme tous par ses amis, et apprit mieux à connaÃtre le monde dans une demi-journée que dans tout le reste de sa vie. Comme il était plongé dans l'accablement du désespoir, il vit avancer une chaise roulante à l'antique, espÚce de tombereau couvert, accompagné de rideaux de cuir, suivi de quatre charrettes énormes toutes chargées. Il y avait dans la chaise un jeune homme grossiÚrement vÃÂȘtu; c'était un visage rond et frais qui respirait la douceur et la gaieté. Sa petite femme brune et assez grossiÚrement agréable était cahotée à cÎté de lui. La voiture n'allait pas comme le char d'un petit-maÃtre le voyageur eut tout le temps de contempler le marquis immobile, abÃmé dans sa douleur. "Eh! mon Dieu! s'écria-t-il, je crois que c'est là Jeannot." A ce nom, le marquis lÚve les yeux, la voiture s'arrÃÂȘte "C'est Jeannot lui-mÃÂȘme, c'est Jeannot." Le petit homme rebondi ne fait qu'un saut, et court embrasser son ancien camarade. Jeannot reconnut Colin; la honte et les pleurs couvrirent son visage. "Tu m'as abandonné, dit Colin; mais tu as beau ÃÂȘtre grand seigneur, je t'aimerai toujours." Jeannot, confus et attendri; lui conta en sanglotant une partie de son histoire. "Viens dans l'hÎtellerie oÃÂč je loge me conter le reste, lui dit Colin; embrasse ma petite femme, et allons dÃner ensemble." Ils vont tous trois à pied, suivis du bagage. "Qu'est-ce donc que tout cet attirail? vous appartient-il? - Oui, tout est à moi et à ma femme. Nous arrivons du pays; je suis à la tÃÂȘte d'une bonne manufacture de fer étamé et de cuivre. J'ai épousé la fille d'un riche négociant en ustensiles nécessaires aux grands et aux petits; nous travaillons beaucoup; Dieu nous bénit; nous n'avons point changé d'état; nous sommes heureux, nous aiderons notre ami Jeannot. Ne sois plus marquis; toutes les grandeurs de ce monde ne valent pas un bon ami. Tu reviendras avec moi au pays, je t'apprendrai le métier, il n'est pas bien difficile; je te mettrai de part, et nous vivrons gaiement dans le coin de terre oÃÂč nous sommes nés." Jeannot, éperdu, se sentait partagé entre la douleur et la joie, la tendresse et la honte; et il se disait tout bas "Tous mes amis du bel air m'ont trahi, et Colin, que j'ai méprisé, vient seul à mon secours. Quelle instruction!" La bonté d'ùme de Colin développa dans le coeur de Jeannot le germe du bon naturel, que le monde n'avait pas encore étouffé. Il sentit qu'il ne pouvait abandonner son pÚre et sa mÚre. "Nous aurons soin de ta mÚre, dit Colin; et quant à ton bonhomme de pÚre, qui est en prison, j'entends un peu les affaires; ses créanciers, voyant qu'il n'a plus rien, s'accommoderont pour peu de chose; je me charge de tout." Colin fit tant qu'il tira le pÚre de prison. Jeannot retourna dans sa patrie avec ses parents, qui reprirent leur premiÚre profession. Il épousa une soeur de Colin, laquelle, étant de mÃÂȘme humeur que le frÚre, le rendit trÚs heureux. Et Jeannot le pÚre, et Jeannotte la mÚre, et Jeannot le fils, virent que le bonheur n'est pas dans la vanité. Pot-pourri I Brioché fut le pÚre de Polichinelle, non pas son propre pÚre, mais pÚre de génie. Le pÚre de Brioché était Guillot Gorju, qui fut fils de Gilles, qui fut fils de Gros-René, qui tirait son origine du Prince des sots et de la MÚre sotte c'est ainsi que l'écrit l'auteur de l'Almanach de la Foire. Monsieur Parfaict, écrivain non moins digne de foi, donne pour pÚre à Brioché Tabarin, à Tabarin Gros-Guillaume, à Gros-Guillaume Jean Boudin, mais en remontant toujours au Prince des sots. Si ces deux historiens se contredisent, c'est une preuve de la vérité du fait pour le pÚre Daniel, qui les concilie avec une merveilleuse sagacité, et qui détruit par là le pyrrhonisme de l'histoire. II Comme je finissais ce premier paragraphe des cahiers de Merri Hissing dans mon cabinet, dont la fenÃÂȘtre donne sur la rue St-Antoine, j'ai vu passer les syndics des apothicaires, qui allaient saisir des drogues et du vert-de-gris que les jésuites de la rue St-Antoine vendaient en contrebande; mon voisin monsieur Husson, qui est une bonne tÃÂȘte, est venu chez moi, et m'a dit "Mon ami, vous riez de voir les jésuites vilipendés; vous ÃÂȘtes bien aise de savoir qu'ils sont convaincus d'un parricide au Portugal, et d'une rébellion au Paraguay; le cri public qui s'élÚve en France contre eux, la haine qu'on leur porte, les opprobres multipliés dont ils sont couverts, semblent ÃÂȘtre pour vous une consolation; mais sachez que, s'ils sont perdus comme tous les honnÃÂȘtes gens le désirent, vous n'y gagnerez rien vous serez accablé par la faction des jansénistes. Ce sont des enthousiastes féroces, des ùmes de bronze, pires que les presbytériens qui renversÚrent le trÎne de Charles Ier. Songez que les fanatiques sont plus dangereux que les fripons. On ne peut jamais faire entendre raison à un énergumÚne; les fripons l'entendent." Je disputai longtemps contre monsieur Husson; je lui dis enfin "Monsieur, consolez-vous; peut-ÃÂȘtre que les jansénistes seront un jour aussi adroits que les jésuites." Je tùchai de l'adoucir; mais c'est une tÃÂȘte de fer qu'on ne fait jamais changer de sentiment. III Brioché, voyant que Polichinelle était bossu par-devant et par-derriÚre, lui voulut apprendre à lire et à écrire. Polichinelle, au bout de deux ans, épela assez passablement; mais il ne put jamais parvenir à se servir d'une plume. Un des écrivains de sa vie remarque qu'il essaya un jour d'écrire son nom, mais que personne ne put le lire. Brioché était fort pauvre; sa femme et lui n'avaient pas de quoi nourrir Polichinelle, encore moins de quoi lui faire apprendre un métier. Polichinelle leur dit "Mon pÚre et ma mÚre, je suis bossu, et j'ai de la mémoire; trois ou quatre de mes amis et moi, nous pouvons établir de marionnettes je gagnerai quelque argent; les hommes ont toujours aimé les marionnettes; il y a quelquefois de la perte à en vendre de nouvelles, mais aussi il y a de grands profits." Monsieur et madame Brioché admirÚrent le bon sens du jeune homme; la troupe se forma, et elle alla établir ses petits tréteaux dans une bourgade suisse, sur le chemin d'Appenzel à Milan. C'était justement dans ce village que des charlatans d'OrviÚte avaient établi le magasin de leur orviétan. Ils s'aperçurent qu'insensiblement la canaille allait aux marionnettes, et qu'ils vendaient dans le pays la moitié moins de savonnettes et d'onguent pour la brûlure. Ils accusÚrent Polichinelle de plusieurs mauvais déportements, et portÚrent leurs plaintes devant le magistrat. La requÃÂȘte disait que c'était un ivrogne dangereux; qu'un jour il avait donné cent coups de pied dans le ventre, en plein marché, à des paysans qui vendaient des nÚfles. On prétendit aussi qu'il avait molesté un marchand de coqs d'Inde; enfin ils l'accusÚrent d'ÃÂȘtre sorcier. Monsieur Parfaict, dans son Histoire du Théùtre, prétend qu'il fut avalé par un crapaud; mais le pÚre Daniel pense, ou du moins parle autrement. On ne sait pas ce que devint Brioché. Comme il n'était que le pÚre putatif de Polichinelle, l'historien n'a pas jugé à propos de nous dire de ses nouvelles. IV Feu monsieur Du Marsais assurait que le plus grand des abus était la vénalité des charges. "C'est un grand malheur pour l'Etat, disait-il, qu'un homme de mérite, sans fortune, ne puisse parvenir à rien. Que de talents enterrés, et que de sots en place! Quelle détestable politique d'avoir éteint l'émulation!" Monsieur Du Marsais, sans y penser, plaidait sa propre cause il a été réduit à enseigner le latin, et il aurait rendu de grands services à l'Etat s'il avait été employé. Je connais des barbouilleurs de papier qui eussent enrichi une province, s'ils avaient été à la place de ceux qui l'ont volée. Mais, pour avoir cette place, il faut ÃÂȘtre fils d'un riche qui vous laisse de quoi acheter une charge, un office, et ce qu'on appelle une dignité. Du Marsais assurait qu'un Montaigne, un Charron, un Descartes, un Gassendi, un Bayle, n'eussent jamais condamné aux galÚres des écoliers soutenant thÚse contre la philosophie d'Aristote, ni n'auraient fait brûler le curé Urbain Grandier, le curé Gaufrédi, et qu'ils n'eussent point, etc., etc. V Il n'y a pas longtemps que le chevalier Roginante, gentilhomme ferrarois, qui voulait faire une collection de tableaux de l'école flamande, alla faire des emplettes dans Amsterdam. Il marchanda un assez beau Christ chez le sieur Vandergru. "Est-il possible, dit le Ferrarois au Batave, que vous qui n'ÃÂȘtes pas chrétien car vous ÃÂȘtes Hollandais vous ayez chez vous un Jésus? - Je suis chrétien et catholique", répondit monsieur Vandergru, sans se fùcher; et il vendit son tableau assez cher. "Vous croyez donc Jésus-Christ Dieu? lui dit Roginante. - Assurément", dit Vandergru. Un autre curieux logeait à la porte attenant, c'était un socinien; il lui vendit une Sainte Famille. "Que pensez-vous de l'enfant? dit le Ferrarois. - Je pense, répondit l'autre, que ce fut la créature la plus parfaite que Dieu ait mise sur la terre." De là le Ferrarois alla chez Moïse Mansebo, qui n'avait que de beaux paysages; et point de Sainte Famille. Roginante lui demanda pourquoi on ne trouvait pas chez lui de pareils sujets. "C'est, dit-il, que nous avons cette famille en exécration." Roginante passa chez un fameux anabaptiste, qui avait les plus jolis enfants du monde; il leur demanda dans quelle église ils avaient été baptisés. "Fi donc! monsieur, lui dirent les enfants; grùces à Dieu, nous ne sommes point encore baptisés." Roginante n'était pas au milieu de la rue qu'il avait déjà vu une douzaine de sectes entiÚrement opposées les unes aux autres. Son compagnon de voyage, monsieur Sacrito, lui dit "Enfuyons-nous vite, voilà l'heure de la bourse; tous ces gens-ci vont s'égorger sans doute, selon l'antique usage, puisqu'ils pensent tous diversement; et la populace nous assommera, pour ÃÂȘtre sujets du pape." Ils furent bien étonnés quand ils virent toutes ces bonnes gens-là sortir de leurs maisons avec leurs commis, se saluer civilement, et aller à la bourse de compagnie. Il y avait ce jour-là , de compte fait, cinquante-trois religions sur la place, en comptant les Arméniens et les jansénistes. On fit pour cinquante-trois millions d'affaires le plus paisiblement du monde, et le Ferrarois retourna dans son pays, oÃÂč il trouva plus d'Agnus Dei que de lettres de change. On voit tous les jours la mÃÂȘme scÚne à Londres, à Hambourg, à Dantzig, à Venise mÃÂȘme, etc. Mais ce que j'ai vu de plus édifiant, c'est à Constantinople. J'eus l'honneur d'assister, il y a cinquante ans, à l'installation d'un patriarche grec par le sultan Achmet III, dont Dieu veuille avoir l'ùme. Il donna à ce prÃÂȘtre chrétien l'anneau, et le bùton fait en forme de béquille. Il y eut ensuite une procession de chrétiens dans la rue Cléobule; deux janissaires marchÚrent à la tÃÂȘte de la procession. J'eus le plaisir de communier publiquement dans l'église patriarcale, et il ne tint qu'à moi d'obtenir un canonicat. J'avoue qu'à mon retour à Marseille je fus fort étonné de ne point y trouver de mosquée. J'en marquai ma surprise à monsieur l'intendant et à monsieur l'évÃÂȘque. Je leur dis que cela était fort incivil, et que si les chrétiens avaient des églises chez les musulmans on pouvait au moins faire aux Turcs la galanterie de quelques chapelles. Ils me promirent tous deux qu'ils en écriraient en cour; mais l'affaire en demeure là , à cause de la constitution Unigenitus. O mes frÚres les jésuites! vous n'avez pas été tolérants, et on ne l'est pas pour vous. Consolez-vous; d'autres à leur tour deviendront persécuteurs, et à leur tour ils seront abhorrés. VI Je contais ces choses, il y a quelques jours à monsieur de Boucacous, Languedocien trÚs chaud et huguenot trÚs zélé. "Cavalisque! me dit-il, on nous traite donc en France comme les Turcs; on leur refuse des mosquées, et on ne nous accorde point de temples! - Pour des mosquées, lui dis-je, les Turcs ne nous en ont encore point demandé, et j'ose me flatter qu'ils en obtiendront quand ils voudront, parce qu'ils sont nos bons alliés; mais je doute fort qu'on rétablisse vos temples, malgré toute la politesse dont nous nous piquons la raison en est que vous ÃÂȘtes un peu nos ennemis. - Vos ennemis! s'écria monsieur de Boucacous, nous qui sommes les plus ardents serviteurs du roi! - Vous ÃÂȘtes fort ardents, lui répliquai-je, et si ardents que vous avez fait neuf guerres civiles, sans compter les massacres des Cévennes. - Mais, dit-il, si nous avons fait des guerres civiles, c'est que vous nous cuisiez en place publique; on se lasse à la longue d'ÃÂȘtre brûlé, il n'y a patience de saint qui puisse y tenir qu'on nous laisse en repos, et je vous jure que nous serons des sujets trÚs fidÚles. - C'est précisément ce qu'on fait, lui dis-je; on ferme les yeux sur vous, on vous laisse faire votre commerce, vous avez une liberté assez honnÃÂȘte. - Voilà une plaisante liberté! dit monsieur de Boucacous; nous ne pouvons nous assembler en pleine campagne quatre ou cinq mille seulement, avec des psaumes à quatre parties, que sur-le-champ il ne vienne un régiment de dragons qui nous fait rentrer chacun chez nous. Est-ce là vivre? est-ce là ÃÂȘtre libre?" Alors je lui parlai ainsi "Il n'y a aucun pays dans le monde oÃÂč l'on puisse s'attrouper sans l'ordre du souverain; tout attroupement est contre les lois. Servez Dieu à votre mode dans vos maisons; n'étourdissez personne par des hurlements que vous appelez musique. Pensez-vous que Dieu soit bien content de vous quand vous chantez ses commandements sur l'air de Réveillez-vous, belle endormie et quand vous dites avec les Juifs, en parlant d'un peuple voisin Heureux qui doit te détruire à jamais! Qui, t'arrachant les enfants des mamelles, Ecrasera leurs tÃÂȘtes infidÚles! Dieu veut-il absolument qu'on écrase les cervelles des petits enfants? Cela est-il humain? De plus, Dieu aime-t-il tant les mauvais vers et la mauvaise musique?" Monsieur de Boucacous m'interrompit, et me demanda si le latin de cuisine de nos psaumes valait mieux. "Non, sans doute, lui dis-je; je conviens mÃÂȘme qu'il y a un peu de stérilité d'imagination à ne prier Dieu que dans une traduction trÚs vicieuse de vieux cantiques d'un peuple que nous abhorrons; nous sommes tous juifs à vÃÂȘpres, comme nous sommes tous païens à l'Opéra. Ce qui me déplaÃt seulement, c'est que les Métamorphoses d'Ovide sont, par la malice du démon, bien mieux écrites, et plus agréables que les cantiques juifs car il faut avouer que cette montagne de Sion, et ces gueules de basilic, et ces collines, qui sautent comme des béliers, et toutes ces répétitions fastidieuses, ne valent ni la poésie grecque, ni la latine, ni la française. Le froid petit Racine a beau faire, cet enfant dénaturé n'empÃÂȘchera pas profanement parlant que son pÚre ne soit un meilleur poÚte que David. Mais enfin, nous sommes la religion dominante chez nous; il ne vous est pas permis de vous attrouper en Angleterre pourquoi voudriez-vous avoir cette liberté en France? Faites ce qu'il vous plaira dans vos maisons, et j'ai parole de monsieur le gouverneur et de monsieur l'intendant qu'en étant sages vous serez tranquilles l'imprudence seule fit et fera les persécutions. Je trouve trÚs mauvais que vos mariages, l'état de vos enfants, le droit d'héritage, souffrent la moindre difficulté. Il n'est pas juste de vous saigner et de vous purger parce que vos pÚres ont été malades; mais que voulez-vous? ce monde est un grand Bedlam, oÃÂč des fous enchaÃnent d'autres fous." VII Les compagnons de Polichinelle réduits à la mendicité, qui était leur état naturel, s'associÚrent avec quelques bohÚmes, et coururent de village en village. Ils arrivÚrent dans une petite ville, et logÚrent dans un quatriÚme étage, oÃÂč ils se mirent à composer des drogues dont la vente les aida quelque temps à subsister. Ils guérirent mÃÂȘme de la gale l'épagneul d'une dame de considération; les voisins criÚrent au prodige, mais malgré toute leur industrie la troupe ne fit pas fortune. Ils se lamentaient de leur obscurité et de leur misÚre, lorsqu'un jour ils entendirent un bruit sur leur tÃÂȘte, comme celui d'une brouette qu'on roule sur le plancher. Ils montÚrent au cinquiÚme étage, et y trouvÚrent un petit homme qui faisait des marionnettes pour son compte; il s'appelait le sieur Bienfait; il avait tout juste le génie qu'il fallait pour son art. On n'entendait pas un mot de ce qu'il disait; mais il avait un galimatias fort convenable, et il ne faisait pas mal ses bamboches. Un compagnon, qui excellait aussi en galimatias, lui parla ainsi Nous croyons que vous ÃÂȘtes destiné à relever nos marionnettes, car nous avons lu dans Nostradamus ces propres paroles Nelle chi li po rate icsus res fait en bi, lesquelles prises à rebours font évidemment Bienfait ressuscitera Polichinelle. Le nÎtre a été avalé par un crapaud; mais nous avons retrouvé son chapeau, sa bosse, et sa pratique. Vous fournirez le fil d'archal. Je crois d'ailleurs qu'il vous sera aisé de lui faire une moustache toute semblable à celle qu'il avait, et quand nous serons unis ensemble, il est à croire que nous aurons beaucoup de succÚs. Nous ferons valoir Polichinelle par Nostradamus, et Nostradamus par Polichinelle. Le sieur Bienfait accepta la proposition. On lui demanda ce qu'il voulait pour sa peine. "Je veux, dit-il, beaucoup d'honneurs et beaucoup d'argent. - Nous n'avons rien de cela, dit l'orateur de la troupe; mais avec le temps on a de tout." Le sieur Bienfait se lia donc avec les bohÚmes, et tous ensemble allÚrent à Milan établir leur théùtre, sous la protection de madame Carminetta. On afficha que le mÃÂȘme Polichinelle, qui avait été mangé par un crapaud du village du canton d'Appenzel, reparaÃtrait sur le théùtre de Milan, et qu'il danserait avec madame Gigogne. Tous les vendeurs d'orviétan eurent beau s'y opposer, le sieur Bienfait, qui avait aussi le secret de l'orviétan, soutint que le sien était le meilleur il en vendit beaucoup aux femmes, qui étaient folles de Polichinelle, et il devint si riche qu'il se mit à la tÃÂȘte de la troupe. DÚs qu'il eut ce qu'il voulait et que tout le monde veut, des honneurs et du bien, il fut trÚs ingrat envers madame Carminetta. Il acheta une belle maison vis-à -vis de celle de sa bienfaitrice, et il trouva le secret de la faire payer par ses associés. On ne le vit plus faire sa cour à madame Carminetta; au contraire, il voulut qu'elle vÃnt déjeuner chez lui, et un jour qu'elle daigna y venir il lui fit fermer la porte au nez, etc. VIII N'ayant rien entendu au précédent chapitre de Merri Hissing, je me transportai chez mon ami monsieur Husson, pour lui en demander l'explication. Il me dit que c'était une profonde allégorie sur le pÚre La Valette, marchand banqueroutier d'Amérique, mais que d'ailleurs il y avait longtemps qu'il ne s'embarrassait plus de ces sottises, qu'il n'allait jamais aux marionnettes; qu'on jouait ce jour-là Polyeucte, et qu'il voulait l'entendre. Je l'accompagnai à la comédie. Monsieur Husson, pendant le premier acte, branlait toujours la tÃÂȘte. Je lui demandai dans l'entr'acte pourquoi sa tÃÂȘte branlait tant. "J'avoue, dit-il, que je suis indigné contre ce sot. Polyeucte et contre cet impudent Néarque. Que diriez-vous d'un gendre de monsieur le gouverneur de Paris, qui serait huguenot et qui, accompagnant son beau-pÚre le jour de Pùques à Notre-Dame, irait mettre en piÚces le ciboire et le calice, et donner des coups de pied dans le ventre à monsieur l'archevÃÂȘque et aux chanoines? Serait-il bien justifié, en nous disant que nous sommes des idolùtres; qu'il l'a entendu dire au sieur Lubolier, prédicant d'Amsterdam, et au sieur Morfyé, compilateur à Berlin, auteur de la BibliothÚque germanique, qui le tenait du prédicant Urieju? C'est là le fidÚle portrait de la conduite de Polyeucte. Peut-on s'intéresser à ce plat fanatique, séduit par le fanatique Néarque?" Monsieur Husson me disait ainsi son avis amicalement dans les entr'actes. Il se mit à rire quand il vit Polyeucte résigner sa femme à son rival; et il la trouva un peu bourgeoise quand elle dit à son amant qu'elle va dans sa chambre, au lieu d'aller avec lui à l'église Adieu, trop vertueux objet, et trop charmant; Adieu, trop généreux et trop parfait amant; Je vais seule en ma chambre enfermer mes regrets. Mais il admira la scÚne oÃÂč elle demande à son amant la grùce de son mari. "Il y a là , dit-il, un gouverneur d'Arménie qui est bien le plus lùche, le plus bas des hommes; ce pÚre de Pauline avoue mÃÂȘme qu'il a les sentiments d'un coquin Polyeucte est ici l'appui de ma famille; Mais si par son trépas l'autre épousait ma fille, J'acquerrais bien par là de plus puissants appuis, Qui me mettraient plus haut cent fois que je ne suis. "Un procureur au Chùtelet ne pourrait guÚre ni penser ni s'exprimer autrement. Il y a de bonnes ùmes qui avalent tout cela; je ne suis pas du nombre. Si ces pauvretés peuvent entrer dans une tragédie du pays des Gaules, il faut brûler l'Oedipe des Grecs." Monsieur Husson est un rude homme. J'ai fait ce que j'ai pu pour l'adoucir; mais je n'ai pu en venir à bout. Il a persisté dans son avis, et moi dans le mien. IX Nous avons laissé le sieur Bienfait fort riche et fort insolent. Il fit tant par ses menées qu'il fut reconnu pour entrepreneur d'un grand nombre de marionnettes. DÚs qu'il fut revÃÂȘtu de cette dignité, il fit promener Polichinelle dans toutes les villes, et afficha que tout le monde serait tenu de l'appeler Monsieur, sans quoi il ne jouerait point. C'est de là que, dans toutes les représentations des marionnettes, il ne répond jamais à son compÚre que quand le compÚre l'appelle "M. Polichinelle". Peu à peu Polichinelle devint si important qu'on ne donna plus aucun spectacle sans lui payer une rétribution, comme les Opéras des provinces en payent une à l'Opéra de Paris. Un jour, un de ses domestiques, receveur des billets et ouvreur de loges, ayant été cassé aux gages, se souleva contre Bienfait, et institua d'autres marionnettes qui décriÚrent toutes les danses de madame Gigogne et tous les tours de passe-passe de Bienfait. Il retrancha plus de cinquante ingrédients qui entraient dans l'orviétan, composa le sien de cinq ou six drogues, et, le vendant beaucoup meilleur marché, il enleva une infinité de pratiques à Bienfait; ce qui excita un furieux procÚs, et on se battit longtemps à la porte des marionnettes, dans le préau de la Foire. X Monsieur Husson me parlait hier de ses voyages en effet, il a passé plusieurs années dans les Echelles du Levant, il est allé en Perse, il a demeuré longtemps dans les Indes, et a vu toute l'Europe. "J'ai remarqué, me disait-il, qu'il y a un nombre prodigieux de Juifs qui attendent le Messie, et qui se feraient empaler plutÎt que de convenir qu'il est venu. J'ai vu mille Turcs persuadés que Mahomet avait mis la moitié de la lune dans sa manche. Le petit peuple, d'un bout du monde à l'autre, croit fermement les choses les plus absurdes. Cependant, qu'un philosophe ait un écu à partager avec le plus imbécile de ces malheureux, en qui la raison humaine est si horriblement obscurcie, il est sûr que s'il y a un sou à gagner l'imbécile l'emportera sur le philosophe. Comment des taupes, si aveugles sur le plus grand des intérÃÂȘts, sont-elles lynx sur les plus petits? Pourquoi le mÃÂȘme juif qui vous égorge le vendredi ne voudrait-il pas voler un liard le jour du sabbat? Cette contradiction de l'espÚce humaine mérite qu'on l'examine. - N'est-ce pas, dis-je à monsieur Husson, que les hommes sont superstitieux par coutume, et coquins par instinct? - J'y rÃÂȘverai, me dit-il; cette idée me paraÃt assez bonne." XI Polichinelle, depuis l'aventure de l'ouvreur de loges, a essuyé bien des disgrùces. Les Anglais, qui sont raisonneurs et sombres, lui ont préféré Shakespeare; mais ailleurs ses farces ont été fort en vogue, et, sans l'opéra-comique, son théùtre était le premier des théùtres. Il a eu de grandes querelles avec Scaramouche et Arlequin, et on ne sait pas encore qui l'emportera. Mais... XII "Mais, mon cher monsieur, disais-je, comment peut-on ÃÂȘtre à la fois si barbare et si drÎle? Comment, dans l'histoire d'un peuple, trouve-t-on à la fois la Saint-Barthélemy et les Contes de La Fontaine, etc.? Est-ce l'effet du climat? Est-ce l'effet des lois? - Le genre humain, répondit M. Husson, est capable de tout. Néron pleura quand il fallut signer l'arrÃÂȘt de mort d'un criminel, joua des farces, et assassina sa mÚre. Les singes font des tours extrÃÂȘmement plaisants, et étouffent leurs petits. Rien n'est plus doux, plus timide qu'une levrette; mais elle déchire un liÚvre, et baigne son long museau dans son sang. - Vous devriez, lui dis-je, nous faire un beau livre qui développùt toutes ces contradictions. - Ce livre est tout fait, dit-il; vous n'avez qu'à regarder une girouette; elle tourne tantÎt au doux souffle du zéphyr, tantÎt au vent violent du nord; voilà l'homme." XIII Rien n'est souvent plus convenable que d'aimer sa cousine. On peut aussi aimer sa niÚce; mais il en coûte dix-huit mille livres, payables à Rome, pour épouser une cousine, et quatre-vingt mille francs pour coucher avec sa niÚce en légitime mariage. Je suppose quarante niÚces par an, mariées avec leurs oncles, et deux cents cousins et cousines conjoints, cela fait en sacrements six millions huit cent mille livres par an, qui sortent du royaume. Ajoutez-y environ six cent mille francs pour ce qu'on appelle les annates des terres de France, que le roi de France donne à des Français en bénéfices; joignez-y encore quelques menus frais c'est environ huit millions quatre cent mille livres que nous donnons libéralement au Saint PÚre par an chacun. Nous exagérons peut-ÃÂȘtre un peu; mais on conviendra que si nous avons beaucoup de cousines et de niÚces jolies, et si la mortalité se met parmi les bénéficiers, la somme peut aller au double. Le fardeau serait lourd, tandis que nous avons des vaisseaux à construire, des armées et des rentiers à payer. Je m'étonne que, dans l'énorme quantité de livres dont les auteurs ont gouverné l'Etat depuis vingt ans, aucun n'ait pensé à réformer ces abus. J'ai prié un docteur de Sorbonne de mes amis de me dire dans quel endroit de l'Ecriture on trouve que la France doive payer à Rome la somme susdite il n'a jamais pu le trouver. J'en ai parlé à un jésuite il m'a répondu que cet impÎt fut mis par St Pierre sur les Gaules, dÚs la premiÚre année qu'il vint à Rome; et comme je doutais que St Pierre eût fait ce voyage, il m'en a convaincu en me disant qu'on voit encore à Rome les clefs du paradis qu'il portait toujours à sa ceinture. "Il est vrai, m'a-t-il dit, que nul auteur canonique ne parle de ce voyage de Simon Barjone; mais nous avons une belle lettre de lui, datée de Babylone; or, certainement Babylone veut dire Rome; donc vous devez de l'argent au pape quand vous épousez vos cousines." J'avoue que j'ai été frappé de la force de cet argument. XIV J'ai un vieux parent qui a servi le roi cinquante-deux ans. Il s'est retiré dans la haute Alsace, oÃÂč il a une petite terre qu'il cultive, dans le diocÚse de Porentru. Il voulut un jour faire donner le dernier labour à son champ; la saison avançait, l'ouvrage pressait. Ses valets refusÚrent le service, et dirent pour raison que c'était la fÃÂȘte de Ste Barbe, la sainte la plus fÃÂȘtée à Porentru. "Eh! mes amis, leur dit mon parent, vous avez été à la messe en l'honneur de Barbe, vous avez rendu à Barbe ce qui lui appartient; rendez-moi ce que vous me devez cultivez mon champ, au lieu d'aller au cabaret. Ste Barbe ordonne-t-elle qu'on s'enivre pour lui faire honneur, et que je manque de blé cette année?" Le maÃtre-valet lui dit "Monsieur, vous voyez bien que je serais damné si je travaillais dans un si saint jour. Ste Barbe est la plus grande sainte du paradis; elle grava le signe de la croix sur une colonne de marbre avec le bout du doigt; et du mÃÂȘme doigt, et du mÃÂȘme signe, elle fit tomber toutes les dents d'un chien qui lui avait mordu les fesses je ne travaillerai point le jour de Ste Barbe." Mon parent envoya chercher des laboureurs luthériens, et son champ fut cultivé. L'évÃÂȘque de Porentru l'excommunia. Mon parent en appela comme d'abus; le procÚs n'est pas encore jugé. Personne assurément n'est plus persuadé que mon parent qu'il faut honorer les saints; mais il prétend aussi qu'il faut cultiver la terre. Je suppose en France environ cinq millions d'ouvriers, soit manoeuvres, soit artisans, qui gagnent chacun, l'un portant l'autre, vingt sous par jour, et qu'on force saintement de ne rien gagner pendant trente jours de l'année, indépendamment des dimanches cela fait cent cinquante millions de moins dans la circulation, et cent cinquante millions de moins en main-d'oeuvre. Quelle prodigieuse supériorité ne doivent point avoir sur nous les royaumes voisins qui n'ont ni Ste Barbe, ni d'évÃÂȘque de Porentru! On répondait à cette objection que les cabarets, ouverts les saints jours de fÃÂȘte, produisent beaucoup aux fermes générales. Mon parent en convenait; mais il prétendait que c'est un léger dédommagement; et que d'ailleurs, si on peut travailler aprÚs la messe, on peut aller au cabaret aprÚs le travail. Il soutient que cette affaire est purement de police, et point du tout épiscopale; il soutient qu'il vaut encore mieux labourer que de s'enivrer. J'ai bien peur qu'il ne perde son procÚs. XV Il y a quelques années qu'en passant par la Bourgogne avec monsieur Evrard, que vous connaissez tous, nous vÃmes un vaste palais, dont une partie commençait à s'élever. Je demandai à quel prince il appartenait. Un maçon me répondit que c'était à monseigneur l'abbé de CÃteaux; que le marché avait été fait à dix-sept cent mille livres, mais que probablement il en coûterait bien davantage. Je bénis Dieu qui avais mis son serviteur en état d'élever un si beau monument, et de répandre tant d'argent dans le pays. "Vous moquez-vous? dit monsieur Evrard; n'est-il pas abominable que l'oisiveté soit récompensée par deux cent cinquante mille livres de rente, et que la vigilance d'un pauvre curé de campagne soit punie par une portion congrue de cent écu? Cette inégalité n'est-elle pas la chose du monde la plus injuste et la plus odieuse? Qu'en reviendra-t-il à l'Etat quand un moine sera logé dans un palais de deux millions? Vingt familles de pauvres officiers, qui partageraient ces deux millions, auraient chacune un bien honnÃÂȘte, et donneraient au roi de nouveaux officiers. Les petits moines, qui sont aujourd'hui les sujets inutiles d'un de leurs moines élu par eux, deviendraient des membres de l'Etat au lieu qu'ils ne sont que des chancres qui le rongent." Je répondis à monsieur Evrard "Vous allez trop loin, et trop vite; ce que vous dites arrivera certainement dans deux ou trois cents ans; ayez patience. - Et c'est précisément, répondit-il, parce que la chose n'arrivera que dans deux ou trois siÚcles que je perds toute patience; je suis las de tous les abus que je vois il me semble que je marche dans les déserts de la Lybie, oÃÂč notre sang est sucé par des insectes quand les lions ne nous dévorent pas. "J'avais, continua-t-il, une soeur assez imbécile pour ÃÂȘtre janséniste de bonne foi, et non par esprit de parti. La belle aventure des billets de confession, la fit mourir de désespoir. Mon frÚre avait un procÚs qu'il avait gagné en premiÚre instance; sa fortune en dépendait. Je ne sais comment il est arrivé que les juges ont cessé de rendre la justice, et mon frÚre a été ruiné. J'ai un vieil oncle criblé de blessures, qui faisait passer ses meubles et sa vaisselle d'une province à une autre; des commis alertes ont saisi le tout sur un petit manque de formalité; mon oncle n'a pu payer les trois vingtiÚmes, et il est mort en prison." Monsieur Evrard me conta des aventures de cette espÚce pendant deux heures entiÚres. Je lui dis "Mon cher monsieur Evrard, j'en ai essuyé plus que vous; les hommes sont ainsi faits d'un bout du monde à l'autre nous nous imaginons que les abus ne rÚgnent que chez nous; nous sommes tous deux comme Astolphe et Joconde, qui pensaient d'abord qu'il n'y avait que leurs femmes d'infidÚles; ils se mirent à voyager, et ils trouvÚrent partout des gens de leur confrérie. - Oui, dit monsieur Evrard, mais ils eurent le plaisir de rendre partout ce qu'on avait eu la bonté de leur prÃÂȘter chez eux. - Tùchez, lui dis-je, d'ÃÂȘtre seulement pendant trois ans directeur de..., ou de..., ou de..., ou de..., et vous vous vengerez avec usure." Monsieur Evrard me crut c'est à présent l'homme de France qui vole le roi, l'Etat et les particuliers, de la maniÚre la plus dégagée et la plus noble qui fait la meilleure chÚre, et qui juge le plus fiÚrement d'une piÚce nouvelle. Annexe Nous raisonnions ainsi, monsieur de Boucacous et moi, quand nous vÃmes passer Jean-Jacques Rousseau avec grande précipitation. "Eh! oÃÂč allez-vous donc si vite, monsieur Jean-Jacques? - Je m'enfuis, parce que maÃtre Joly de Fleury a dit, dans un réquisitoire, que je prÃÂȘchais contre l'intolérance et contre l'existence de la religion chrétienne. - Il a voulu dire évidence, lui répondis-je; il ne faut pas prendre feu pour un mot. - Eh! mon Dieu, je n'ai que trop pris feu, dit Jean-Jacques; on brûle partout mon livre. Je sors de Paris comme monsieur d'Assouci de Montpellier, de peur qu'on ne brûle ma personne. - Cela était bon, lui dis-je, du temps d'Anne Dubourg et de Michel Servet, mais à présent on est plus humain. Qu'est-ce donc que ce livre qu'on a brûlé? - J'élevais, dit-il, à ma maniÚre un petit garçon en quatre tomes. Je sentais bien que j'ennuierais peut-ÃÂȘtre, et j'ai voulu, pour égayer la matiÚre, glisser adroitement une cinquantaine de pages en faveur du théisme. J'ai cru qu'en disant des injures aux philosophes, mon théisme serait bien reçu, et je me suis trompé. - Qu'est-ce que théisme? fis-je. - C'est, me dit-il, l'adoration d'un Dieu, en attendant que je sois mieux instruit. - Ah! dis-je, si c'est là tout votre crime, consolez-vous. Mais pourquoi injurier les philosophes? - J'ai tort, fit-il. - Mais, monsieur Jean-Jacques, comment vous ÃÂȘtes-vous fait théiste? quelle cérémonie faut-il pour cela? - Aucune, nous dit Jean-Jacques. Je suis né protestant, j'ai retranché tout ce que les protestants condamnent dans la religion romaine. Ensuite, j'ai retranché tout ce que les autres religions condamnent dans le protestantisme il ne m'est resté que Dieu; je l'ai adoré, et maÃtre Joly de Fleury a présenté contre moi un réquisitoire." Nous parlùmes à fond du théisme avec Jean-Jacques, il m'apprit qu'il y avait trois cent mille théistes à Londres, et environ cinquante mille seulement à Paris, parce que les Parisiens n'arrivent jamais à rien que longtemps aprÚs les Anglais, témoin l'inoculation, la gravitation, le semoir, etc., etc. Il ajouta que le nord de l'Allemagne fourmillait de théistes et de gens qui se battent bien. Monsieur de Boucacous l'écouta attentivement, et promit de se faire théiste. Pour moi, je restai ferme. Je ne sais cependant si on ne brûlera pas ce petit écrit, comme une oeuvre de Jean-Jacques, ou comme un mandement d'évÃÂȘque; mais un mal qui nous menace n'empÃÂȘche pas toujours d'ÃÂȘtre sensible au mal d'autrui, et comme j'ai le coeur bon, je plaignis les tribulations de Jean-Jacques. L'Ingénu Chapitre premier. Comment le prieur de Notre-Dame de la Montagne et mademoiselle sa soeur rencontrÚrent un huron Histoire véritable Tirée des manuscrits du pÚre Quesnel Chapitre premier Comment le prieur de Notre-Dame de la Montagne et mademoiselle sa soeur rencontrÚrent un huron Un jour saint Dunstan, Irlandais de nation et saint de profession, partit d'Irlande sur une petite montagne qui vogua vers les cÎtes de France, et arriva par cette voiture à la baie de Saint-Malo. Quand il fut à bord, il donna la bénédiction à sa montagne, qui lui fit de profondes révérences et s'en retourna en Irlande par le mÃÂȘme chemin qu'elle était venue. Dunstan fonda un petit prieuré dans ces quartiers-là , et lui donna le nom de prieuré de la Montagne, qu'il porte encore, comme un chacun sait. En l'année 1689, le 15 juillet au soir, l'abbé de Kerkabon, prieur de Notre-Dame de la Montagne, se promenait sur le bord de la mer avec mademoiselle de Kerkabon, sa soeur, pour prendre le frais. Le prieur, déjà un peu sur l'ùge, était un trÚs bon ecclésiastique, aimé de ses voisins, aprÚs l'avoir été autrefois de ses voisines. Ce qui lui avait donné surtout une grande considération, c'est qu'il était le seul bénéficier du pays qu'on ne fût pas obligé de porter dans son lit quand il avait soupé avec ses confrÚres. Il savait assez honnÃÂȘtement de théologie; et quand il était las de lire saint Augustin, il s'amusait avec Rabelais; aussi tout le monde disait du bien de lui. Mademoiselle de Kerkabon, qui n'avait jamais été mariée, quoiqu'elle eût grande envie de l'ÃÂȘtre, conservait de la fraÃcheur à l'ùge de quarante-cinq ans; son caractÚre était bon et sensible; elle aimait le plaisir et était dévote. Le prieur disait à sa soeur, en regardant la mer "Hélas! c'est ici que s'embarqua notre pauvre frÚre avec notre chÚre belle-soeur madame de Kerkabon, sa femme, sur la frégate l'Hirondelle, en 1669, pour aller servir en Canada. S'il n'avait pas été tué, nous pourrions espérer de le revoir encore. - Croyez-vous, disait mademoiselle de Kerkabon, que notre belle-soeur ait été mangée par les Iroquois, comme on nous l'a dit? Il est certain que si elle n'avait pas été mangée, elle serait revenue au pays. Je la pleurerai toute ma vie c'était une femme charmante; et notre frÚre, qui avait beaucoup d'esprit, aurait fait assurément un grande fortune." Comme ils s'attendrissaient l'un et l'autre à ce souvenir, ils virent entrer dans la baie de Rance un petit bùtiment qui arrivait avec la marée c'étaient des Anglais qui venaient vendre quelques denrées de leur pays. Ils sautÚrent à terre, sans regarder monsieur le prieur ni mademoiselle sa soeur, qui fut trÚs choquée du peu d'attention qu'on avait pour elle. Il n'en fut pas de mÃÂȘme d'un jeune homme trÚs bien fait qui s'élança d'un saut par-dessus la tÃÂȘte de ses compagnons, et se trouva vis-à -vis mademoiselle. Il lui fit un signe de tÃÂȘte, n'étant pas dans l'usage de faire la révérence. Sa figure et son ajustement attirÚrent les regards du frÚre et de la soeur. Il était nu-tÃÂȘte et nu-jambes, les pieds chaussés de petites sandales, le chef orné de longs cheveux en tresses, un petit pourpoint qui serrait une taille fine et dégagée; l'air martial et doux. Il tenait dans sa main une petite bouteille d'eau des Barbades, et dans l'autre une espÚce de bourse dans laquelle était un gobelet et de trÚs bon biscuit de mer. Il parlait français fort intelligiblement. Il présenta de son eau des Barbades à mademoiselle de Kerkabon et à monsieur son frÚre; il en but avec eux; il leur en fit reboire encore, et tout cela d'un air si simple et si naturel que le frÚre et la soeur en furent charmés. Ils lui offrirent leurs services, en lui demandant qui il était et oÃÂč il allait. Le jeune homme leur répondit qu'il n'en savait rien, qu'il était curieux, qu'il avait voulu voir comment les cÎtes de France étaient faites, qu'il était venu, et allait s'en retourner. Monsieur le prieur, jugeant à son accent qu'il n'était pas anglais, prit la liberté de lui demander de quel pays il était. "Je suis Huron", lui répondit le jeune homme. Mademoiselle de Kerkabon, étonnée et enchantée de voir un Huron qui lui avait fait des politesses, pria le jeune homme à souper; il ne se fit pas prier deux fois, et tous trois allÚrent de compagnie au prieuré de Notre-Dame de la Montagne. La courte et ronde demoiselle le regardait de tous ses petits yeux, et disait de temps en temps au prieur "Ce grand garçon-là a un teint de lis et de rose! qu'il a une belle peau pour un Huron! - Vous avez raison, ma soeur, disait le prieur." Elle faisait cent questions coup sur coup, et le voyageur répondait toujours fort juste. Le bruit se répandit bientÎt qu'il y avait un Huron au prieuré. La bonne compagnie du canton s'empressa d'y venir souper. L'abbé de Saint-Yves y vint avec mademoiselle sa soeur, jeune basse-brette, fort jolie et trÚs bien élevée. Le bailli, le receveur des tailles, et leurs femmes, furent du souper. On plaça l'étranger entre mademoiselle de Kerkabon et mademoiselle de Saint-Yves. Tout le monde le regardait avec admiration; tout le monde lui parlait et l'interrogeait à la fois; le Huron ne s'en émouvait pas. Il semblait qu'il eût pris pour sa devise celle de milord Bolingbroke nihil admirari. Mais à la fin, excédé de tant de bruit, il leur dit avec un peu de douceur, mais avec un peu de fermeté "Messieurs, dans mon pays on parle l'un aprÚs l'autre; comment voulez-vous que je vous réponde quand vous m'empÃÂȘchez de vous entendre?" La raison fait toujours rentrer les hommes en eux-mÃÂȘmes pour quelques moments il se fit un grand silence. Monsieur le bailli, qui s'emparait toujours des étrangers dans quelque maison qu'il se trouvùt et qui était le plus grand questionneur de la province, lui dit en ouvrant la bouche d'un demi-pied "Monsieur, comment vous nommez-vous? - On m'a toujours appelé l'Ingénu, reprit le Huron, et on m'a confirmé ce nom en Angleterre, parce que je dis toujours naïvement ce que je pense, comme je fais tout ce que je veux. - Comment, étant né Huron, avez-vous pu, monsieur, venir en Angleterre? - C'est qu'on m'y a mené; j'ai été fait, dans un combat, prisonnier par les Anglais, aprÚs m'ÃÂȘtre assez bien défendu; et les Anglais, qui aiment la bravoure, parce qu'ils sont braves et qu'ils sont aussi honnÃÂȘtes que nous, m'ayant proposé de me rendre à mes parents ou de venir en Angleterre, j'acceptai le dernier parti, parce que de mon naturel j'aime passionnément à voir du pays. - Mais, monsieur, dit le bailli avec son ton imposant, comment avez-vous pu abandonner ainsi pÚre et mÚre? - C'est que je n'ai jamais connu ni pÚre ni mÚre", dit l'étranger. La compagnie s'attendrit, et tout le monde répétait Ni pÚre, ni mÚre! "Nous lui en servirons, dit la maÃtresse de la maison à son frÚre le prieur; que ce monsieur le Huron est intéressant!" L'Ingénu la remercia avec une cordialité noble et fiÚre, et lui fit comprendre qu'il n'avait besoin de rien. "Je m'aperçois, monsieur l'Ingénu, dit le grave bailli, que vous parlez mieux français qu'il n'appartient à un Huron. - Un Français, dit-il, que nous avions pris dans ma grande jeunesse en Huronie, et pour qui je conçus beaucoup d'amitié, m'enseigna sa langue; j'apprends trÚs vite ce que je veux apprendre. J'ai trouvé en arrivant à Plymouth un de vos Français réfugiés que vous appelez huguenots, je ne sais pourquoi; il m'a fait faire quelques progrÚs dans la connaissance de votre langue; et dÚs que j'ai pu m'exprimer intelligiblement, je suis venu voir votre pays, parce que j'aime assez les Français quand ils ne font pas trop de questions." L'abbé de Saint-Yves, malgré ce petit avertissement, lui demanda laquelle des trois langues lui plaisait davantage, la huronne, l'anglaise, ou la française. - La huronne, sans contredit, répondit l'Ingénu. - Est-il possible? s'écria mademoiselle de Kerkabon; j'avais toujours cru que le français était la plus belle de toutes les langues aprÚs le bas-breton." Alors ce fut à qui demanderait à l'Ingénu comment on disait en huron du tabac, et il répondait taya; comment on disait manger, et il répondait essenten. Mademoiselle de Kerkabon voulut absolument savoir comment on disait faire l'amour; il lui répondit trovander, et soutint, non sans apparence de raison, que ces mots-là valaient bien les mots français et anglais qui leur correspondaient. Trovander parut trÚs joli à tous les convives. Monsieur le prieur, qui avait dans sa bibliothÚque la grammaire huronne dont le révérend PÚre Sagar Théodat, récollet, fameux missionnaire, lui avait fait présent, sortit de table un moment pour l'aller consulter. Il revint tout haletant de tendresse et de joie; il reconnut l'Ingénu pour un vrai Huron. On disputa un peu sur la multiplicité des langues, et on convint que, sans l'aventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parlé français. L'interrogant bailli, qui jusque-là s'était défié un peu du personnage, conçut pour lui un profond respect; il lui parla avec plus de civilité qu'auparavant, de quoi l'Ingénu ne s'aperçut pas. Mademoiselle de Saint-Yves était fort curieuse de savoir comment on faisait l'amour au pays des Hurons. "En faisant de belles actions, répondit-il, pour plaire aux personnes qui vous ressemblent." Tous les convives applaudirent avec étonnement. Mademoiselle de Saint-Yves rougit et fut fort aise. Mademoiselle de Kerkabon rougit aussi, mais elle n'était pas si aise elle fut un peu piquée que la galanterie ne s'adressùt pas à elle; mais elle était si bonne personne que son affection pour le Huron n'en fut point du tout altérée. Elle lui demanda, avec beaucoup de bonté, combien il avait eu de maÃtresses en Huronie. "Je n'en ai jamais eu qu'une, dit l'Ingénu; c'était mademoiselle Abacaba, la bonne amie de ma chÚre nourrice; les joncs ne sont pas plus droits, l'hermine n'est pas plus blanche, les moutons sont moins doux, les aigles moins fiers, et les cerfs ne sont pas si légers que l'était Abacaba. Elle poursuivait un jour un liÚvre dans notre voisinage, environ à cinquante lieues de notre habitation; un Algonquin mal élevé, qui habitait cent lieues plus loin, vint lui prendre son liÚvre; je le sus, j'y courus, je terrassai l'Algonquin d'un coup de massue, je l'amenai aux pieds de ma maÃtresse, pieds et poings liés. Les parents d'Abacaba voulurent le manger; mais je n'eus jamais de goût pour ces sortes de festins; je lui rendis sa liberté, j'en fis un ami. Abacaba fut si touchée de mon procédé qu'elle me préféra à tous ses amants. Elle m'aimerait encore si elle n'avait pas été mangée par un ours j'ai puni l'ours, j'ai porté longtemps sa peau; mais cela ne m'a pas consolé." Mademoiselle de Saint-Yves, à ce récit, sentait un plaisir secret d'apprendre que l'Ingénu n'avait eu qu'une maÃtresse, et qu'Abacaba n'était plus; mais elle ne démÃÂȘlait pas la cause de son plaisir. Tout le monde fixait les yeux sur l'Ingénu; on le louait beaucoup d'avoir empÃÂȘché ses camarades de manger un Algonquin. L'impitoyable bailli, qui ne pouvait réprimer sa fureur de questionner, poussa enfin la curiosité jusqu'à s'informer de quelle religion était monsieur le Huron; s'il avait choisi la religion anglicane, ou la gallicane, ou la huguenote. "Je suis de ma religion, dit-il, comme vous de la vÎtre. - Hélas! s'écria la Kerkabon, je vois bien que ces malheureux Anglais n'ont pas seulement songé à le baptiser. - Eh! mon Dieu, disait mademoiselle de Saint-Yves, comment se peut-il que les Hurons ne soient pas catholiques? Est-ce que les Révérends PÚres jésuites ne les ont pas tous convertis?" L'Ingénu l'assura que dans son pays on ne convertissait personne; que jamais un vrai Huron n'avait changé d'opinion, et que mÃÂȘme il n'y avait point dans sa langue de terme qui signifiùt inconstance. Ces derniers mots plurent extrÃÂȘmement à mademoiselle de Saint-Yves. "Nous le baptiserons, nous le baptiserons, disait la Kerkabon à monsieur le prieur; vous en aurez l'honneur, mon cher frÚre; je veux absolument ÃÂȘtre sa marraine monsieur l'abbé de Saint-Yves le présentera sur les fonts, ce sera une cérémonie bien brillante; il en sera parlé dans toute la Basse-Bretagne, et cela nous fera un honneur infini." Toute la compagnie seconda la maÃtresse de la maison; tous les convives criaient "Nous le baptiserons!" L'Ingénu répondit qu'en Angleterre on laissait vivre les gens à leur fantaisie. Il témoigna que la proposition ne lui plaisait point du tout, et que la loi des Hurons valait pour le moins la loi des Bas-Bretons; enfin il dit qu'il repartait le lendemain. On acheva de vider sa bouteille d'eau des Barbades, et chacun s'alla coucher. Quand on eut reconduit l'Ingénu dans sa chambre, mademoiselle de Kerkabon et son amie mademoiselle de Saint-Yves ne purent se tenir de regarder par le trou d'une large serrure pour voir comment dormait un Huron. Elles virent qu'il avait étendu la couverture du lit sur le plancher, et qu'il reposait dans la plus belle attitude du monde. Chapitre second. Le Huron, nommé l'Ingénu, reconnu de ses parents Le Huron, nommé l'Ingénu, reconnu de ses parents L'Ingénu, selon sa coutume, s'éveilla avec le soleil, au chant du coq, qu'on appelle en Angleterre et en Huronie la trompette du jour. Il n'était pas comme la bonne compagnie, qui languit dans son lit oiseux jusqu'à ce que le soleil ait fait la moitié de son tour, qui ne peut ni dormir ni se lever, qui perd tant d'heures précieuses dans cet état mitoyen entre la vie et la mort, et qui se plaint encore que la vie est trop courte. Il avait déjà fait deux ou trois lieues, il avait tué trente piÚces de gibier à balle seule, lorsqu'en rentrant il trouva monsieur le prieur de Notre-Dame de la Montagne et sa discrÚte soeur, se promenant en bonnet de nuit dans leur petit jardin. Il leur présenta toute sa chasse, et en tirant de sa chemise une espÚce de petit talisman qu'il portait toujours à son cou, il les pria de l'accepter en reconnaissance de leur bonne réception. "C'est ce que j'ai de plus précieux, leur dit-il; on m'a assuré que je serais toujours heureux tant que je porterais ce petit brimborion sur moi, et je vous le donne afin que vous soyez toujours heureux." Le prieur et mademoiselle sourirent avec attendrissement de la naïveté de l'Ingénu. Ce présent consistait en deux petits portraits assez mal faits, attachés ensemble avec une courroie fort grasse. Mademoiselle de Kerkabon lui demanda s'il y avait des peintres en Huronie. "Non, dit l'Ingénu; cette rareté me vient de ma nourrice; son mari l'avait eue par conquÃÂȘte, en dépouillant quelques Français du Canada qui nous avaient fait la guerre; c'est tout ce que j'en ai su." Le prieur regardait attentivement ces portraits; il changea de couleur, il s'émut, ses mains tremblÚrent. "Par Notre-Dame de la Montagne, s'écria-t-il, je crois que voilà le visage de mon frÚre le capitaine et de sa femme!" Mademoiselle, aprÚs les avoir considérés avec la mÃÂȘme émotion, en jugea de mÃÂȘme. Tous deux étaient saisis d'étonnement et d'une joie mÃÂȘlée de douleur; tous deux s'attendrissaient; tous deux pleuraient; leur coeur palpitait; ils poussaient des cris; ils s'arrachaient les portraits; chacun d'eux les prenait et les rendait vingt fois en une seconde; ils dévoraient des yeux les portraits et le Huron; ils lui demandaient l'un aprÚs l'autre, et tous deux à la fois, en quel lieu, en quel temps, comment ces miniatures étaient tombées entre les mains de sa nourrice; ils rapprochaient, ils comptaient les temps depuis le départ du capitaine; il se souvenaient d'avoir eu nouvelle qu'il avait été jusqu'au pays des Hurons, et que depuis ce temps ils n'en avaient jamais entendu parler. L'Ingénu leur avait dit qu'il n'avait connu ni pÚre ni mÚre. Le prieur, qui était homme de sens, remarqua que l'Ingénu avait un peu de barbe; il savait trÚs bien que les Hurons n'en ont point. "Son menton est cotonné, il est donc fils d'un homme d'Europe; mon frÚre et ma belle-soeur ne parurent plus aprÚs l'expédition contre les Hurons, en 1669; mon neveu devait alors ÃÂȘtre à la mamelle; la nourrice huronne lui a sauvé la vie et lui a servi de mÚre." Enfin, aprÚs cent questions et cent réponses, le prieur et sa soeur conclurent que le Huron était leur propre neveu. Ils l'embrassaient en versant des larmes; et l'Ingénu riait, ne pouvant s'imaginer qu'un Huron fût neveu d'un prieur bas-breton. Toute la compagnie descendit; monsieur de Saint-Yves, qui était grand physionomiste, compara les deux portraits avec le visage de l'Ingénu; il fit trÚs habilement remarquer qu'il avait les yeux de sa mÚre, le front et le nez de feu monsieur le capitaine de Kerkabon, et des joues qui tenaient de l'un et de l'autre. Mademoiselle de Saint-Yves, qui n'avait jamais vu le pÚre ni la mÚre, assura que l'Ingénu leur ressemblait parfaitement. Ils admiraient tous la Providence et l'enchaÃnement des événements de ce monde. Enfin on était si persuadé, si convaincu de la naissance de l'Ingénu, qu'il consentit lui-mÃÂȘme à ÃÂȘtre neveu de monsieur le prieur, en disant qu'il aimait autant l'avoir pour son oncle qu'un autre. On alla rendre grùce à Dieu dans l'église de Notre-Dame de la Montagne, tandis que le Huron, d'un air indifférent, s'amusait à boire dans la maison. Les Anglais qui l'avaient amené, et qui étaient prÃÂȘts à mettre à la voile, vinrent lui dire qu'il était temps de partir. "Apparemment, leur dit-il, que vous n'avez pas retrouvé vos oncles et vos tantes je reste ici; retournez à Plymouth, je vous donne toutes mes hardes, je n'ai plus besoin de rien au monde puisque je suis le neveu d'un prieur." Les Anglais mirent à la voile, en se souciant fort peu que l'Ingénu eût des parents ou non en Basse-Bretagne. AprÚs que l'oncle, la tante et la compagnie eurent chanté le Te Deum, aprÚs que le bailli eut encore accablé l'Ingénu de questions; aprÚs qu'on eut épuisé tout ce que l'étonnement, la joie, la tendresse, peuvent faire dire, le prieur de la Montagne et l'abbé de Saint-Yves conclurent à faire baptiser l'Ingénu au plus vite. Mais il n'en était pas d'un grand Huron de vingt-deux ans comme d'un enfant qu'on régénÚre sans qu'il en sache rien. Il fallait l'instruire, et cela paraissait difficile car l'abbé de Saint-Yves supposait qu'un homme qui n'était pas né en France n'avait pas le sens commun. Le prieur fit observer à la compagnie que, si en effet monsieur l'Ingénu, son neveu, n'avait pas eu le bonheur de naÃtre en Basse-Bretagne, il n'en avait pas moins d'esprit; qu'on en pouvait juger par toutes ses réponses, et que sûrement la nature l'avait beaucoup favorisé, tant du cÎté paternel que du maternel. On lui demanda d'abord s'il avait jamais lu quelque livre. Il dit qu'il avait lu Rabelais traduit en anglais, et quelques morceaux de Shakespeare qu'il savait par coeur; qu'il avait trouvé ces livres chez le capitaine du vaisseau qui l'avait amené de l'Amérique à Plymouth, et qu'il en était fort content. Le bailli ne manqua pas de l'interroger sur ces livres. "Je vous avoue, dit l'Ingénu, que j'ai cru en deviner quelque chose, et que je n'ai pas entendu le reste." L'abbé de Saint-Yves, à ce discours, fit réflexion que c'était ainsi que lui-mÃÂȘme avait toujours lu, et que la plupart des hommes ne lisaient guÚre autrement. "Vous avez sans doute lu la Bible? dit-il au Huron. - Point du tout, monsieur l'abbé; elle n'était pas parmi les livres de mon capitaine; je n'en ai jamais entendu parler. - Voilà comme sont ces maudits Anglais, criait mademoiselle de Kerkabon; ils feront plus de cas d'une piÚce de Shakespeare, d'un plum-pudding et d'une bouteille rhum que du Pentateuque. Aussi n'ont-ils jamais converti personne en Amérique. Certainement ils sont maudits de Dieu; et nous leur prendrons la Jamaïque et la Virginie avant qu'il soit peu de temps." Quoi qu'il en soit, on fit venir le plus habile tailleur de Saint-Malo pour habiller l'Ingénu de pied en cap. La compagnie se sépara; le bailli alla faire ses questions ailleurs. Mademoiselle de Saint-Yves, en partant, se retourna plusieurs fois pour regarder l'Ingénu; et il lui fit des révérences plus profondes qu'il n'en avait jamais fait à personne en sa vie. Le bailli, avant de prendre congé, présenta à mademoiselle de Saint-Yves un grand nigaud de fils qui sortait du collÚge; mais à peine le regarda-t-elle, tant elle était occupée de la politesse du Huron. Chapitre troisiÚme. Le Huron, nommé l'Ingénu, converti Le Huron, nommé l'Ingénu, converti Monsieur le prieur, voyant qu'il était un peu sur l'ùge, et que Dieu lui envoyait un neveu pour sa consolation, se mit en tÃÂȘte qu'il pourrait lui résigner son bénéfice s'il réussissait à le baptiser et à le faire entrer dans les ordres. L'Ingénu avait une mémoire excellente. La fermeté des organes de Basse-Bretagne, fortifiée par le climat du Canada, avait rendu sa tÃÂȘte si vigoureuse que, quand on frappait dessus, à peine le sentait-il; et quand on gravait dedans, rien ne s'effaçait; il n'avait jamais rien oublié. Sa conception était d'autant plus vive et plus nette que, son enfance n'ayant point été chargée des inutilités et des sottises qui accablent la nÎtre, les choses entraient dans sa cervelle sans nuage. Le prieur résolut enfin de lui faire lire le Nouveau Testament. L'Ingénu le dévora avec beaucoup de plaisir; mais, ne sachant ni dans quel temps ni dans quel pays toutes les aventures rapportées dans ce livre étaient arrivées, il ne douta point que le lieu de la scÚne ne fût en Basse-Bretagne; et il jura qu'il couperait le nez et les oreilles à Caïphe et à Pilate si jamais il rencontrait ces marauds-là . Son oncle, charmé de ces bonnes dispositions, le mit au fait en peu de temps il loua son zÚle; mais il lui apprit que ce zÚle était inutile, attendu que ces gens-là étaient morts il y avait environ seize cent quatre-vingt-dix années. L'Ingénu sut bientÎt presque tout le livre par coeur. Il proposait quelquefois des difficultés qui mettaient le prieur fort en peine. Il était obligé souvent de consulter l'abbé de Saint-Yves, qui, ne sachant que répondre, fit venir un jésuite bas-breton pour achever la conversion du Huron. Enfin la grùce opéra; l'Ingénu promit de se faire chrétien; il ne douta pas qu'il ne dût commencer par ÃÂȘtre circoncis; "car, disait-il, je ne vois pas dans le livre qu'on m'a fait lire un seul personnage qui ne l'ait été; il est donc évident que je dois faire le sacrifice de mon prépuce le plus tÎt c'est le mieux". Il ne délibéra point il envoya chercher le chirurgien du village, et le pria de lui faire l'opération, comptant réjouir infiniment mademoiselle de Kerkabon et toute la compagnie quand une fois la chose serait faite. Le frater, qui n'avait point encore fait cette opération, en avertit la famille, qui jeta les hauts cris. La bonne Kerkabon trembla que son neveu, qui paraissait résolu et expéditif, ne se fÃt lui-mÃÂȘme l'opération trÚs maladroitement, et qu'il n'en résultùt de tristes effets auxquels les dames s'intéressent toujours par bonté d'ùme. Le prieur redressa les idées du Huron; il lui remontra que la circoncision n'était plus de mode; que le baptÃÂȘme était beaucoup plus doux et plus salutaire; que la loi de grùce n'était pas comme la loi de rigueur. L'Ingénu, qui avait beaucoup de bon sens et de droiture, disputa, mais reconnut son erreur; ce qui est assez rare en Europe aux gens qui disputent; enfin il promit de se faire baptiser quand on voudrait. Il fallait auparavant se confesser; et c'était là le plus difficile. L'Ingénu avait toujours en poche le livre que son oncle lui avait donné. Il n'y trouvait pas qu'un seul apÎtre se fût confessé, et cela le rendait trÚs rétif. Le prieur lui ferma la bouche en lui montrant, dans l'épÃtre de saint Jacques le Mineur, ces mots qui font tant de peine aux hérétiques Confessez vos péchés les uns aux autres. Le Huron se tut, et se confessa à un récollet. Quand il eut fini, il tira le récollet du confessionnal, et, saisissant son homme d'un bras vigoureux, il se mit à sa place, et le fit mettre à genoux devant lui "Allons, mon ami, il est dit Confessez-vous les uns aux autres; je t'ai conté mes péchés, tu ne sortiras pas d'ici que tu ne m'aies conté les tiens." En parlant ainsi, il appuyait son large genou contre la poitrine de son adverse partie. Le récollet pousse des hurlements qui font retentir l'église. On accourt au bruit, on voit le catéchumÚne qui gourmait le moine au nom de saint Jacques le Mineur. La joie de baptiser un Bas-Breton huron et anglais était si grande qu'on passa par-dessus ces singularités. Il y eut mÃÂȘme beaucoup de théologiens qui pensÚrent que la confession n'était pas nécessaire, puisque le baptÃÂȘme tenait lieu de tout. On prit jour avec l'évÃÂȘque de Saint-Malo, qui, flatté, comme on peut le croire, de baptiser un Huron, arriva dans un pompeux équipage, suivi de son clergé. Mademoiselle de Saint-Yves, en bénissant Dieu, mit sa plus belle robe et fit venir une coiffeuse de Saint-Malo pour briller à la cérémonie. L'interrogant bailli accourut avec toute la contrée. L'église était magnifiquement parée; mais quand il fallut prendre le Huron pour le mener aux fonts baptismaux, on ne le trouva point. L'oncle et la tante le cherchÚrent partout. On crut qu'il était à la chasse, selon sa coutume. Tous les conviés à la fÃÂȘte parcoururent les bois et les villages voisins point de nouvelles du Huron. On commençait à craindre qu'il ne fût retourné en Angleterre. On se souvenait de lui avoir entendu dire qu'il aimait fort ce pays-là . Monsieur le prieur et sa soeur étaient persuadés qu'on n'y baptisait personne, et tremblaient pour l'ùme de leur neveu. L'évÃÂȘque était confondu et prÃÂȘt à s'en retourner; le prieur et l'abbé de Saint-Yves se désespéraient; le bailli interrogeait tous les passants avec sa gravité ordinaire. Mademoiselle de Kerkabon pleurait. Mademoiselle de Saint-Yves ne pleurait pas, mais elle poussait de profonds soupirs qui semblaient témoigner son goût pour les sacrements. Elles se promenaient tristement le long des saules et des roseaux qui bordent la petite riviÚre de Rance, lorsqu'elles aperçurent au milieu de la riviÚre une grande figure assez blanche, les deux mains croisées sur la poitrine Elles jetÚrent un grand cri et se détournÚrent. Mais, la curiosité l'emportant bientÎt sur toute autre considération, elles se coulÚrent doucement entre les roseaux; et quand elles furent bien sûres de n'ÃÂȘtre point vues, elles voulurent voir de quoi il s'agissait. Chapitre quatriÚme. L'Ingénu baptisé L'Ingénu baptisé Le prieur et l'abbé, étant accourus, demandÚrent à l'Ingénu ce qu'il faisait là . "Eh parbleu! Messieurs, j'attends le baptÃÂȘme il y a une heure que je suis dans l'eau jusqu'au cou, et il n'est pas honnÃÂȘte de me laisser morfondre. - Mon cher neveu, lui dit tendrement le prieur, ce n'est pas ainsi qu'on baptise en Basse-Bretagne; reprenez vos habits et venez avec nous." Mademoiselle de Saint-Yves, en entendant ce discours, disait tout bas à sa compagne "Mademoiselle, croyez-vous qu'il reprenne si tÎt ses habits?" Le Huron cependant répartit au prieur "Vous ne m'en ferez pas accroire cette fois-ci comme l'autre; j'ai bien étudié depuis ce temps-là , et je suis trÚs certain qu'on ne se baptise pas autrement. L'eunuque de la reine Candace fut baptisé dans un ruisseau; je vous défie de me montrer dans le livre que vous m'avez donné qu'on s'y soit jamais pris d'une autre façon. Je ne serai point baptisé du tout, ou je le serai dans la riviÚre." On eut beau lui remontrer que les usages avaient changé, l'Ingénu était tÃÂȘtu, car il était Breton et Huron. Il revenait toujours à l'eunuque de la reine Candace; et quoique mademoiselle sa tante et mademoiselle de Saint-Yves, qui l'avaient observé entre les saules, fussent en droit de lui dire qu'il ne lui appartenait pas de citer un pareil homme, elles n'en firent pourtant rien, tant était grande leur discrétion. L'évÃÂȘque vint lui-mÃÂȘme lui parler, ce qui est beaucoup; mais il ne gagna rien le Huron disputa contre l'évÃÂȘque. "Montrez-moi, lui dit-il, dans le livre que m'a donné mon oncle, un seul homme qui n'ait pas été baptisé dans la riviÚre, et je ferai tout ce que vous voudrez." La tante, désespérée, avait remarqué que la premiÚre fois que son neveu avait fait la révérence, il en avait fait une plus profonde à mademoiselle de Saint-Yves qu'à aucune autre personne de la compagnie, qu'il n'avait pas mÃÂȘme salué monsieur l'évÃÂȘque avec ce respect mÃÂȘlé de cordialité qu'il avait témoigné à cette belle demoiselle. Elle prit le parti de s'adresser à elle dans ce grand embarras; elle la pria d'interposer son crédit pour engager le Huron à se faire baptiser de la mÃÂȘme maniÚre que les Bretons, ne croyant pas que son neveu pût jamais ÃÂȘtre chrétien s'il persistait à vouloir ÃÂȘtre baptisé dans l'eau courante. Mademoiselle de Saint-Yves rougit du plaisir secret qu'elle sentait d'ÃÂȘtre chargée d'une si importante commission. Elle s'approcha modestement de l'Ingénu, et, lui serrant la main d'une maniÚre tout à fait noble "Est-ce que vous ne ferez rien pour moi?" lui dit-elle; et en prononçant ces mots elle baissait les yeux, et les relevait avec une grùce attendrissante. "Ah! tout ce que vous voudrez, mademoiselle, tout ce que vous me commanderez baptÃÂȘme d'eau, baptÃÂȘme de feu, baptÃÂȘme de sang, il n'y a rien que je vous refuse." Mademoiselle de Saint-Yves eut la gloire de faire en deux paroles ce que si les empressements du prieur, ni les interrogations réitérées du bailli, ni les raisonnements mÃÂȘme de monsieur l'évÃÂȘque, n'avaient pu faire. Elle sentit son triomphe; mais elle n'en sentait pas encore toute l'étendue. Le baptÃÂȘme fut administré et reçu avec toute la décence, toute la magnificence, tout l'agrément possibles. L'oncle et la tante cédÚrent à monsieur l'abbé de Saint-Yves et à sa soeur l'honneur de tenir l'Ingénu sur les fonts. Mademoiselle de Saint-Yves rayonnait de joie de se voir marraine. Elle ne savait pas à quoi ce grand titre l'asservissait; elle accepta cet honneur sans en connaÃtre les fatales conséquences. Comme il n'y a jamais eu de cérémonie qui ne fût suivie d'un grand dÃner, on se mit à table au sortir du baptÃÂȘme. Les goguenards de Basse-Bretagne dirent qu'il ne fallait pas baptiser son vin. Monsieur le prieur disait que le vin, selon Salomon, réjouit le coeur de l'homme. Monsieur l'évÃÂȘque ajoutait que le patriarche Juda devait lier son ùnon à la vigne, et tremper son manteau dans le sang du raisin, et qu'il était bien triste qu'on n'en pût faire autant en Basse-Bretagne, à laquelle Dieu a dénié les vignes. Chacun tùchait de dire un bon mot sur le baptÃÂȘme de l'Ingénu, et des galanteries à la marraine. Le bailli, toujours interrogant, demandait au Huron s'il serait fidÚle à ses promesses. "Comment voulez-vous que je manque à mes promesses, répondit le Huron, puisque je les ai faites entre les mains de mademoiselle de Saint-Yves?" Le Huron s'échauffa; il but beaucoup à la santé de sa marraine. "Si j'avais été baptisé de votre main, dit-il, je sens que l'eau froide qu'on m'a versée sur le chignon m'aurait brûlé." Le bailli trouva cela trop poétique, ne sachant pas combien l'allégorie est familiÚre au Canada. Mais la marraine en fut extrÃÂȘmement contente. On avait donné le nom d'Hercule au baptisé. L'évÃÂȘque de Saint-Malo demandait toujours quel était ce patron dont il n'avait jamais entendu parler. Le jésuite, qui était fort savant, lui dit que c'était un saint qui avait fait douze miracles. Il y en avait un treiziÚme qui valait les douze autres; mais dont il ne convenait pas à un jésuite de parler c'était celui d'avoir changé cinquante filles en femmes en une seule nuit. Un plaisant qui se trouva là releva ce miracle avec énergie. Toutes les dames baissÚrent les yeux, et jugÚrent à la physionomie de l'Ingénu qu'il était digne du saint dont il portait le nom. Chapitre cinquiÚme. L'Ingénu amoureux L'Ingénu amoureux Il faut avouer que depuis ce baptÃÂȘme et ce dÃner mademoiselle de Saint-Yves souhaita passionnément que monsieur l'évÃÂȘque la fÃt encore participante de quelque beau sacrement avec monsieur Hercule l'Ingénu. Cependant, comme elle était bien élevée et fort modeste, elle n'osait convenir tout à fait avec elle-mÃÂȘme de ses tendres sentiments; mais, s'il lui échappait un regard, un mot, un geste, une pensée, elle enveloppait tout cela d'un voile de pudeur infiniment aimable. Elle était tendre, vive et sage. DÚs que monsieur l'évÃÂȘque fut parti, l'Ingénu et mademoiselle de Saint-Yves se rencontrÚrent sans avoir fait réflexion qu'ils se cherchaient. Ils se parlÚrent sans avoir imaginé ce qu'ils se diraient. L'Ingénu lui dit d'abord qu'il l'aimait de tout son coeur, et que la belle Abacaba, dont il avait été fou dans son pays, n'approchait pas d'elle. Mademoiselle lui répondit, avec sa modestie ordinaire, qu'il fallait en parler au plus vite à monsieur le prieur son oncle et à mademoiselle sa tante, et que de son cÎté elle en dirait deux mots à son cher frÚre l'abbé de Saint-Yves, et qu'elle se flattait d'un consentement commun. L'Ingénu lui répond qu'il n'avait besoin du consentement de personne, qu'il lui paraissait extrÃÂȘmement ridicule d'aller demander à d'autres ce qu'on devait faire; que, quand deux parties sont d'accord, on n'a pas besoin d'un tiers pour les accommoder. "Je ne consulte personne, dit-il, quand j'ai envie de déjeuner, ou de chasser, ou de dormir je sais bien qu'en amour il n'est pas mal d'avoir le consentement de la personne à qui on en veut; mais, comme ce n'est ni de mon oncle ni de ma tante que je suis amoureux, ce n'est pas à eux que je dois m'adresser dans cette affaire, et, si vous m'en croyez, vous vous passerez aussi de monsieur l'abbé de Saint-Yves." On peut juger que la belle Bretonne employa toute la délicatesse de son esprit à réduire son Huron aux termes de la bienséance. Elle se fùcha mÃÂȘme, et bientÎt se radoucit. Enfin on ne sait comment aurait fini cette conversation si, le jour baissant, monsieur l'abbé n'avait ramené sa soeur à son abbaye. L'Ingénu laissa coucher son oncle et sa tante, qui étaient un peu fatigués de la cérémonie et de leur long dÃner. Il passa une partie de la nuit à faire des vers en langue huronne pour sa bien-aimée car il faut savoir qu'il n'y a aucun pays de la terre oÃÂč l'amour n'ait rendu les amants poÚtes. Le lendemain, son oncle lui parla ainsi aprÚs le déjeuner, en présence de mademoiselle Kerkabon, qui était tout attendrie "Le ciel soit loué de ce que vous avez l'honneur, mon cher neveu, d'ÃÂȘtre chrétien et Bas-Breton! Mais cela ne suffit pas; je suis un peu sur l'ùge; mon frÚre n'a laissé qu'un petit coin de terre qui est trÚs peu de chose; j'ai un bon prieuré; si vous voulez seulement vous faire sous-diacre, comme je l'espÚre, je vous résignerai mon prieuré, et vous vivrez fort à votre aise, aprÚs avoir été la consolation de ma vieillesse." L'Ingénu répondit "Mon oncle, grand bien vous fasse! vivez tant que vous pourrez. Je ne sais pas ce que c'est que d'ÃÂȘtre sous-diacre ni que de résigner; mais tout me sera bon pourvu que j'aie mademoiselle de Saint-Yves à ma disposition. - Eh! mon Dieu! mon neveu, que me dites-vous là ? Vous aimez donc cette belle demoiselle à la folie? - Oui, mon oncle. - Hélas! mon neveu, il est impossible que vous l'épousiez. - Cela est trÚs possible, mon oncle; car non seulement elle m'a serré la main en me quittant, mais elle m'a promis qu'elle me demanderait en mariage; et assurément je l'épouserai. - Cela est impossible, vous dis-je; elle est votre marraine c'est un péché épouvantable à une marraine de serrer la main de son filleul; il n'est pas permis d'épouser sa marraine; les lois divines et humaines s'y opposent. - Morbleu! mon oncle, vous vous moquez de moi; pourquoi serait-il défendu d'épouser sa marraine, quand elle est jeune et jolie? Je n'ai point vu dans le livre que vous m'avez donné qu'il fût mal d'épouser les filles qui ont aidé les gens à ÃÂȘtre baptisés. Je m'aperçois tous les jours qu'on fait ici une infinité de choses qui ne sont point dans votre livre, et qu'on n'y fait rien de tout ce qu'il dit je vous avoue que cela m'étonne et me fùche. Si on me prive de la belle Saint-Yves, sous prétexte de mon baptÃÂȘme, je vous avertis que je l'enlÚve, et que je me débaptise." Le prieur fut confondu; sa soeur pleura. "Mon cher frÚre, dit-elle, il ne faut pas que notre neveu se damne; notre saint-pÚre le pape peut lui donner dispense, et alors il pourra ÃÂȘtre chrétiennement heureux avec ce qu'il aime." L'Ingénu embrassa sa tante. "Quel est donc, dit-il, cet homme charmant qui favorise avec tant de bonté les garçons et les filles dans leurs amours? Je veux lui aller parler tout à l'heure." On lui expliqua ce que c'était que le pape; et l'Ingénu fut encore plus étonné qu'auparavant. "Il n'y a pas un mot de tout cela dans votre livre, mon cher oncle; j'ai voyagé, je connais la mer; nous sommes ici sur la cÎte de l'Océan; et je quitterai mademoiselle de Saint-Yves pour aller demander la permission de l'aimer à un homme qui demeure vers la Méditerranée, à quatre cents lieues d'ici, et dont je n'entends point la langue! Cela est d'un ridicule incompréhensible. Je vais sur-le-champ chez monsieur l'abbé de Saint-Yves, qui ne demeure qu'à une lieue de vous, et je vous réponds que j'épouserai ma maÃtresse dans la journée." Comme il parlait encore, entra le bailli, qui, selon sa coutume, lui demanda oÃÂč il allait. "Je vais me marier", dit l'Ingénu en courant; et au bout d'un quart d'heure il était déjà chez sa belle et chÚre basse-brette, qui dormait encore. "Ah! mon frÚre! disait mademoiselle de Kerkabon au prieur, jamais vous ne ferez un sous-diacre de notre neveu." Le bailli fut trÚs mécontent de ce voyage car il prétendait que son fils épousùt la Saint-Yves et ce fils était encore plus sot et plus insupportable que son pÚre. Chapitre sixiÚme. L'Ingénu court chez sa maÃtresse et devient furieux L'Ingénu court chez sa maÃtresse et devient furieux A peine l'Ingénu était arrivé, qu'ayant demandé à une vieille servante oÃÂč était la chambre de sa maÃtresse, il avait poussé fortement la porte mal fermée, et s'était élancé vers le lit. Mademoiselle de Saint-Yves, se réveillant en sursaut, s'était écriée "Quoi! c'est vous! ah! c'est vous! arrÃÂȘtez-vous, que faites-vous?" Il avait répondu "Je vous épouse", et en effet il l'épousait, si elle ne s'était pas débattue avec toute l'honnÃÂȘteté d'une personne qui a de l'éducation. L'Ingénu n'entendait pas raillerie; il trouvait toutes ces façons-là extrÃÂȘmement impertinentes. "Ce n'était pas ainsi qu'en usait mademoiselle Abacaba, ma premiÚre maÃtresse; vous n'avez point de probité; vous m'avez promis mariage, et vous ne voulez point faire mariage c'est manquer aux premiÚres lois de l'honneur; je vous apprendrai à tenir votre parole, et je vous remettrai dans le chemin de la vertu." L'Ingénu possédait une vertu mùle et intrépide, digne de son patron Hercule, dont on lui avait donné le nom à son baptÃÂȘme; il allait l'exercer dans toute son étendue, lorsqu'aux cris perçants de la demoiselle plus discrÚtement vertueuse accourut le sage abbé de Saint-Yves, avec sa gouvernante, un vieux domestique dévot, et un prÃÂȘtre de la paroisse. Cette vue modéra le courage de l'assaillant. "Eh, mon Dieu! mon cher voisin, lui dit l'abbé, que faites-vous là ? - Mon devoir, répliqua le jeune homme; je remplis mes promesses, qui sont sacrées." Mademoiselle de Saint-Yves se rajusta en rougissant. On emmena l'Ingénu dans un autre appartement. L'abbé lui remontra l'énormité du procédé. L'Ingénu se défendit sur les privilÚges de la loi naturelle, qu'il connaissait parfaitement. L'abbé voulut prouver que la loi positive devait avoir tout l'avantage, et que sans les conventions faites entre les hommes, la loi de nature ne serait presque jamais qu'un brigandage naturel. "Il faut, lui disait-il, des notaires, des prÃÂȘtres, des témoins, des contrats, des dispenses." L'Ingénu lui répondit par la réflexion que les sauvages ont toujours faite "Vous ÃÂȘtes donc de bien malhonnÃÂȘtes gens, puisqu'il faut entre vous tant de précautions." L'abbé eut de la peine à résoudre cette difficulté. "Il y a, dit-il, je l'avoue, beaucoup d'inconstants et de fripons parmi nous; et il y en aurait autant chez les Hurons s'ils étaient rassemblés dans une grande ville; mais aussi il y a des ùmes sages, honnÃÂȘtes, éclairées, et ce sont ces hommes-là qui ont fait les lois. Plus on est homme de bien, plus on doit s'y soumettre on donne l'exemple aux vicieux, qui respectent un frein que la vertu s'est donné elle-mÃÂȘme." Cette réponse frappa l'Ingénu. On a déjà remarqué qu'il avait l'esprit juste. On l'adoucit par des paroles flatteuses; on lui donna des espérances ce sont les deux piÚges oÃÂč les hommes des deux hémisphÚres se prennent; on lui présenta mÃÂȘme mademoiselle de Saint-Yves, quand elle eut fait sa toilette. Tout se passa avec la plus grande bienséance; mais, malgré cette décence, les yeux étincelants de l'Ingénu Hercule firent toujours baisser ceux de sa maÃtresse, et trembler la compagnie. On eut une peine extrÃÂȘme à le renvoyer chez ses parents. Il fallut encore employer le crédit de la belle Saint-Yves; plus elle sentait son pouvoir sur lui, et plus elle l'aimait. Elle le fit partir, et en fut trÚs affligée; enfin, quand il fut parti, l'abbé, qui non seulement était le frÚre trÚs aÃné de mademoiselle de Saint-Yves, mais qui était aussi son tuteur, prit le parti de soustraire sa pupille aux empressements de cet amant terrible. Il alla consulter le bailli, qui, destinant toujours son fils à la soeur de l'abbé, lui conseilla de mettre la pauvre fille dans une communauté. Ce fut un coup terrible une indifférente qu'on mettrait en couvent jetterait les hauts cris; mais une amante, et une amante aussi sage que tendre, c'était de quoi la mettre au désespoir. L'Ingénu, de retour chez le prieur, raconta tout avec sa naïveté ordinaire. Il essuya les mÃÂȘmes remontrances, qui firent quelque effet sur son esprit, et aucun sur ses sens; mais le lendemain, quand il voulut retourner chez sa belle maÃtresse pour raisonner avec elle sur la loi naturelle et sur la loi de convention, monsieur le bailli lui apprit avec une joie insultante qu'elle était dans un couvent. "Eh bien! dit-il, j'irai raisonner dans ce couvent. - Cela ne se peut", dit le bailli. Il lui expliqua fort au long ce que c'était qu'un couvent ou un convent; que ce mot venait du latin conventus, qui signifie assemblée; et le Huron ne pouvait comprendre pourquoi il ne pouvait pas ÃÂȘtre admis dans l'assemblée. SitÎt qu'il fut instruit que cette assemblée était une espÚce de prison oÃÂč l'on tenait les filles renfermées, chose horrible, inconnue chez les Hurons et chez les Anglais, il devint aussi furieux que le fut son patron Hercule lorsque Euryte, roi d'Oechalie, non moins cruel que l'abbé de Saint-Yves, lui refusa la belle Iole sa fille, non moins belle que la soeur de l'abbé. Il voulait aller mettre le feu au couvent, enlever sa maÃtresse, ou se brûler avec elle. Mademoiselle de Kerkabon, épouvantée, renonçait plus que jamais à toutes les espérances de voir son neveu sous-diacre, et disait en pleurant qu'il avait le diable au corps depuis qu'il était baptisé. Chapitre septiÚme. L'Ingénu repousse les Anglais L'Ingénu repousse les Anglais L'Ingénu, plongé dans une sombre et profonde mélancolie, se promena vers le bord de la mer, son fusil à deux coups sur l'épaule, son grand coutelas au cÎté, tirant de temps en temps sur quelques oiseaux, et souvent tenté de tirer sur lui-mÃÂȘme; mais il aimait encore la vie, à cause de mademoiselle de Saint-Yves. TantÎt il maudissait son oncle, sa tante, et toute la Basse-Bretagne, et son baptÃÂȘme; tantÎt il les bénissait, puisqu'ils lui avaient fait connaÃtre celle qu'il aimait. Il prenait sa résolution d'aller brûler le couvent, et il s'arrÃÂȘtait tout court, de peur de brûler sa maÃtresse. Les flots de la Manche ne sont pas plus agités par les vents d'est et d'ouest que son coeur l'était par tant de mouvements contraires. Il marchait à grands pas, sans savoir oÃÂč, lorsqu'il entendit le son du tambour. Il vit de loin tout un peuple dont une moitié courait au rivage, et l'autre s'enfuyait. Mille cris s'élÚvent de tous cÎtés; la curiosité et le courage le précipitent à l'instant vers l'endroit d'oÃÂč partaient ces clameurs il y vole en quatre bonds. Le commandant de la milice, qui avait soupé avec lui chez le prieur, le reconnut aussitÎt; il court à lui, les bras ouverts "Ah! c'est l'Ingénu, il combattra pour nous." Et les milices, qui mouraient de peur, se rassurÚrent et criÚrent aussi "C'est l'Ingénu! c'est l'Ingénu! - Messieurs, dit-il, de quoi s'agit-il? Pourquoi ÃÂȘtes-vous si effarés? A-t-on mis vos maÃtresses dans des couvents?" Alors cent voix confuses s'écrient "Ne voyez-vous pas les Anglais qui abordent? - Eh bien! répliqua le Huron, ce sont de braves gens; ils ne m'ont jamais proposé de me faire sous-diacre; ils ne m'ont point enlevé ma maÃtresse." Le commandant lui fit entendre que les Anglais venaient piller l'abbaye de la Montagne, boire le vin de son oncle, et peut-ÃÂȘtre enlever mademoiselle de Saint-Yves; que le petit vaisseau sur lequel il avait abordé en Bretagne n'était venu que pour reconnaÃtre la cÎte; qu'ils faisaient des actes d'hostilité sans avoir déclaré la guerre au roi de France, et que la province était exposée. "Ah! si cela est, ils violent la loi naturelle; laissez-moi faire; j'ai demeuré longtemps parmi eux, je sais leur langue, je leur parlerai; je ne crois pas qu'ils puissent avoir un si méchant dessein." Pendant cette conversation, l'escadre anglaise approchait; voilà le Huron qui court vers elle, se jette dans un petit bateau, arrive, monte au vaisseau amiral, et demande s'il est vrai qu'ils viennent ravager le pays sans avoir déclaré la guerre honnÃÂȘtement. L'amiral et tout son bord firent de grand éclats de rire, lui firent boire du punch, et le renvoyÚrent. L'Ingénu, piqué, ne songea plus qu'à se bien battre contre ses anciens amis, pour ses compatriotes et pour monsieur le prieur. Les gentilshommes du voisinage accouraient de toutes parts; il se joint à eux on avait quelques canons; il les charge, il les pointe, il les tire l'un aprÚs l'autre. Les Anglais débarquent; il court à eux, il en tue trois de sa main, il blesse mÃÂȘme l'amiral, qui s'était moqué de lui. Sa valeur anime le courage de toute la milice; les Anglais se rembarquent, et toute la cÎte retentissait des cris de victoire "Vive le roi, vive l'Ingénu!" Chacun l'embrassait, chacun s'empressait d'étancher le sang de quelques blessures légÚres qu'il avait reçues. "Ah! disait-il, si mademoiselle de Saint-Yves était là , elle me mettrait une compresse." Le bailli, qui s'était caché dans sa cave pendant le combat, vint lui faire compliment comme les autres. Mais il fut bien surpris quand il entendit Hercule l'Ingénu dire à une douzaine de jeunes gens de bonne volonté, dont il était entouré "Mes amis, ce n'est rien d'avoir délivré l'abbaye de la Montagne; il faut délivrer une fille." Toute cette bouillante jeunesse prit feu à ces seules paroles. On le suivait déjà en foule, on courait au couvent. Si le bailli n'avait pas sur-le-champ averti le commandant, si on n'avait pas couru aprÚs la troupe joyeuse, c'en était fait. On ramena l'Ingénu chez son oncle et sa tante, qui le baignÚrent de larmes de tendresse. "Je vois bien que vous ne serez jamais ni sous-diacre ni prieur, lui dit l'oncle; vous serez un officier encore plus brave que mon frÚre le capitaine, et probablement aussi gueux." Et mademoiselle de Kerkabon pleurait toujours en l'embrassant, et en disant "Il se fera tuer comme mon frÚre; il vaudrait bien mieux qu'il fût sous-diacre." L'Ingénu, dans le combat, avait ramassé une grosse bourse remplie de guinées, que probablement l'amiral avait laissé tomber. Il ne douta pas qu'avec cette bourse il ne pût acheter toute la Basse-Bretagne, et surtout faire mademoiselle de Saint-Yves grande dame. Chacun l'exhorta de faire le voyage de Versailles pour y recevoir le prix de ses services. Le commandant, les principaux officiers le comblÚrent de certificats. L'oncle et la tante approuvÚrent le voyage du neveu. Il devait ÃÂȘtre, sans difficulté, présenté au roi cela seul lui donnerait un prodigieux relief dans la province. Ces deux bonnes gens ajoutÚrent à la bourse anglaise un présent considérable de leurs épargnes. L'Ingénu disait en lui-mÃÂȘme "Quand je verrai le roi, je lui demanderai mademoiselle de Saint-Yves en mariage et certainement il ne me refusera pas." Il partit donc aux acclamations de tout le canton, étouffé d'embrassements, baigné des larmes de sa tante, béni par son oncle, et se recommandant à la belle Saint-Yves. Chapitre huitiÚme. L'Ingénu va en cour. Il soupe en chemin avec des huguenots L'Ingénu va en cour. Il soupe en chemin avec des huguenots L'Ingénu prit le chemin de Saumur par le coche, parce qu'il n'y avait point alors d'autre commodité. Quand il fut à Saumur, il s'étonna de trouver la ville presque déserte; et de voir plusieurs familles qui déménageaient. On lui dit que, six ans auparavant, Saumur contenait plus de quinze mille ùmes, et qu'à présent il n'y en avait pas six mille. Il ne manqua pas d'en parler à souper dans son hÎtellerie. Plusieurs protestants étaient à table les uns se plaignaient amÚrement, d'autres frémissaient de colÚre, d'autres disaient en pleurant Nos dulcia linquimus arva, Nos patriam fugimus. L'Ingénu, qui ne savait pas le latin, se fit expliquer ces paroles, qui signifient "nous abandonnons nos douces campagnes, nous fuyons notre patrie". "Et pourquoi fuyez-vous votre patrie, messieurs? - C'est qu'on veut que nous reconnaissions le pape. - Et pourquoi ne le reconnaÃtriez-vous pas? Vous n'avez donc point de marraines que vous vouliez épouser? Car on m'a dit que c'était lui qui en donnait la permission. - Ah! monsieur, ce pape dit qu'il est le maÃtre du domaine des rois. - Mais, messieurs, de quelle profession ÃÂȘtes-vous? - Monsieur, nous sommes pour la plupart des drapiers et des fabricants. - Si votre pape dit qu'il est le maÃtre de vos draps et de vos fabriques, vous faites trÚs bien de ne le pas reconnaÃtre; mais pour les rois, c'est leur affaire; de quoi vous mÃÂȘlez-vous?" Alors un petit homme noir prit la parole, et exposa trÚs savamment les griefs de la compagnie. Il parla de la révocation de l'édit de Nantes avec tant d'énergie, il déplora d'une maniÚre si pathétique le sort de cinquante mille familles fugitives et de cinquante mille autres converties par les dragons, que l'Ingénu à son tour versa des larmes. "D'oÃÂč vient donc, disait-il, qu'un si grand roi, dont la gloire s'étend jusque chez les Hurons, se prive ainsi de tant de coeurs qui l'auraient aimé, et de tant de bras qui l'auraient servi? - C'est qu'on l'a trompé comme les autres grands rois, répondit, l'homme noir. On lui a fait croire que, dÚs qu'il aurait dit un mot, tous les hommes penseraient comme lui; et qu'il nous ferait changer de religion comme son musicien Lulli fait changer en un moment les décorations de ses opéras. Non seulement il perd déjà cinq à six cent mille sujets trÚs utiles, mais il s'en fait des ennemis; et le roi Guillaume, qui est actuellement maÃtre de l'Angleterre, a composé plusieurs régiments de ces mÃÂȘmes Français qui auraient combattu pour leur monarque. "Un tel désastre est d'autant plus étonnant que le pape régnant, à qui Louis XIV sacrifie une partie de son peuple, est son ennemi déclaré. Ils ont encore tous deux, depuis neuf ans, une querelle violente. Elle a été poussée si loin que la France a espéré enfin de voir briser le joug qui la soumet depuis tant de siÚcles à cet étranger et surtout de ne lui plus donner d'argent, ce qui est le premier mobile des affaires de ce monde. Il paraÃt donc évident qu'on a trompé ce grand roi sur ses intérÃÂȘts comme sur l'étendue de son pouvoir, et qu'on a donné atteinte à la magnanimité de son coeur." L'Ingénu, attendri de plus en plus, demanda quels étaient les Français qui trompaient ainsi un monarque si cher aux Hurons. "Ce sont les jésuites, lui répondit-on; c'est surtout le pÚre de La Chaise, confesseur de Sa Majesté. Il faut espérer que Dieu les en punira un jour, et qu'ils seront chassés comme ils nous chassent. Y a-t-il un malheur égal aux nÎtres? Mons de Louvois nous envoie de tous cÎtés des jésuites et des dragons. - Oh bien! messieurs, répliqua l'Ingénu, qui ne pouvait plus se contenir, je vais à Versailles recevoir la récompense due à mes services; je parlerai à ce mons de Louvois on m'a dit que c'est lui qui fait la guerre, de son cabinet. Je verrai le roi, je lui ferai connaÃtre la vérité; il est impossible qu'on ne se rende pas à cette vérité quand on la sent. Je reviendrai bientÎt pour épouser mademoiselle de Saint-Yves, et je vous prie à la noce." Ces bonnes gens le prirent alors pour un grand seigneur qui voyageait incognito par le coche. Quelques-uns le prirent pour le fou du roi. Il y avait à table un jésuite déguisé qui servait d'espion au révérend pÚre de La Chaise. Il lui rendait compte de tout, et le pÚre de La Chaise en instruisait mons de Louvois. L'espion écrivit. L'Ingénu et la lettre arrivÚrent presque en mÃÂȘme temps à Versailles. Chapitre neuviÚme. Arrivée de l'Ingénu à Versailles. Sa réception à la cour Arrivée de l'Ingénu à Versailles. Sa réception à la cour L'Ingénu débarque en pot de chambre dans la cour des cuisines. Il demande aux porteurs de chaise à quelle heure on peut voir le roi. Les porteurs lui rient au nez, tout comme avait fait l'amiral anglais. Il les traita de mÃÂȘme, il les battit; ils voulurent le lui rendre, et la scÚne allait ÃÂȘtre sanglante s'il n'eût passé un garde du corps, gentilhomme breton, qui écarta la canaille. "Monsieur, lui dit le voyageur, vous me paraissez un brave homme; je suis le neveu de monsieur le prieur de Notre-Dame de la Montagne; j'ai tué des Anglais, je viens parler au roi; je vous prie de me mener dans sa chambre." Le garde, ravi de trouver un brave de sa province, qui ne paraissait pas au fait des usages de la cour, lui apprit qu'on ne parlait pas ainsi au roi, et qu'il fallait ÃÂȘtre présenté par monseigneur de Louvois. "Eh bien! menez-moi donc chez ce monseigneur de Louvois, qui sans doute me conduira chez Sa Majesté. - Il est encore plus difficile, répliqua le garde, de parler à monseigneur de Louvois qu'à Sa Majesté; mais je vais vous conduire chez monsieur Alexandre, le premier commis de la guerre c'est comme si vous parliez au ministre." Ils vont donc chez ce monsieur Alexandre, premier commis, et ils ne purent ÃÂȘtre introduits; il était en affaire avec une dame de la cour, et il y avait ordre de ne laisser entrer personne. "Eh bien! dit le garde, il n'y a rien de perdu; allons chez le premier commis de monsieur Alexandre c'est comme si vous parliez à monsieur Alexandre lui-mÃÂȘme." Le Huron, tout étonné, le suit; ils restent ensemble une demi-heure dans une petite antichambre. "Qu'est-ce donc que tout ceci? dit l'Ingénu; est-ce que tout le monde est invisible dans ce pays-ci? Il est bien plus aisé de se battre en Basse-Bretagne contre des Anglais que de rencontrer à Versailles les gens à qui on a affaire." Il se désennuya en racontant ses amours à son compatriote. Mais l'heure en sonnant rappela le garde du corps à son poste. Il se promirent de se revoir le lendemain, et l'Ingénu resta encore une autre demi-heure dans l'antichambre, en rÃÂȘvant à mademoiselle de Saint-Yves, et à la difficulté de parler aux rois et aux premiers commis. Enfin le patron parut. "Monsieur, lui dit l'Ingénu, si j'avais attendu pour repousser les Anglais aussi longtemps que vous m'avez fait attendre mon audience, ils ravageraient actuellement la Basse-Bretagne tout à leur aise." Ces paroles frappÚrent le commis. Il dit enfin au Breton "Que demandez-vous? - Récompense, dit l'autre; voici mes titres." Il lui étala tous ses certificats. Le commis lut, et lui dit que probablement on lui accorderait la permission d'acheter une lieutenance. "Moi! que je donne de l'argent pour avoir repoussé les Anglais? que je paye le droit de me faire tuer pour vous, pendant que vous donnez ici vos audiences tranquillement? Je crois que vous voulez rire. Je veux une compagnie de cavalerie pour rien; je veux que le roi fasse sortir mademoiselle de Saint-Yves du couvent,. et qu'il me la donne par mariage; je veux parler au roi en faveur de cinquante mille familles que je prétends lui rendre. En un mot, je veux ÃÂȘtre utile; qu'on m'emploie et qu'on m'avance. - Comment vous nommez-vous, monsieur; qui parlez si haut? - Oh! oh! reprit l'Ingénu, vous n'avez donc pas lu mes certificats? C'est donc ainsi qu'on en use? Je m'appelle Hercule de Kerkabon; je suis baptisé, je loge au Cadran bleu, et je me plaindrai de vous au roi." Le commis conclut comme les gens de Saumur, qu'il n'avait pas la tÃÂȘte bien saine, et n'y fit pas grande attention. Ce mÃÂȘme jour, le révérend pÚre La Chaise, confesseur de Louis XIV, avait reçu la lettre de son espion, qui accusait le Breton Kerkabon de favoriser dans son coeur les huguenots, et de condamner la conduite des jésuites. Monsieur de Louvois, de son cÎté, avait reçu une lettre de l'interrogant bailli, qui dépeignait l'Ingénu comme un garnement qui voulait brûler les couvents et enlever les filles. L'Ingénu, aprÚs s'ÃÂȘtre promené dans les jardins de Versailles, oÃÂč il s'ennuya, aprÚs avoir soupé en Huron et en Bas-Breton, s'était couché dans la douce espérance de voir le roi le lendemain, d'obtenir mademoiselle de Saint-Yves en mariage, d'avoir au moins une compagnie de cavalerie, et de faire cesser la persécution contre les huguenots. Il se berçait de ces flatteuses idées, quand la maréchaussée entra dans sa chambre. Elle se saisit d'abord de son fusil à deux coups et de son grand sabre. On fit un inventaire de son argent comptant, et on le mena dans le chùteau que fit construire le roi Charles V, fils de Jean II, auprÚs de la rue St Antoine, à la porte des Tournelles. Quel était en chemin l'étonnement de l'Ingénu, je vous le laisse à penser. Il crut d'abord que c'était un rÃÂȘve. Il resta dans l'engourdissement, puis tout à coup transporté d'une fureur qui redoublait ses forces, il prend à la gorge deux de ses conducteurs; qui étaient avec lui dans le carrosse, les jette par la portiÚre, se jette aprÚs eux, et entraÃne le troisiÚme, qui voulait le retenir. Il tombe de l'effort, on le lie, on le remonte dans la voiture. "Voilà donc, disait-il, ce que l'on gagne à chasser les Anglais de la Basse-Bretagne! Que dirais-tu, belle Saint-Yves, si tu me voyais dans cet état?" On arrive enfin au gÃte qui lui était destiné. On le porte en silence dans la chambre oÃÂč il devait ÃÂȘtre enfermé, comme un mort qu'on porte dans un cimetiÚre. Cette chambre était déjà occupée par un vieux solitaire de Port-Royal, nommé Gordon, qui y languissait depuis deux ans. "Tenez, lui dit le chef des sbires, voilà de la compagnie que je vous amÚne"; et sur-le-champ on referma les énormes verrous de la porte épaisse, revÃÂȘtue de larges barres. Les deux captifs restÚrent séparés de l'univers entier. Chapitre dixiÚme. L'Ingénu enfermé à la bastille avec un janséniste L'Ingénu enfermé à la bastille avec un janséniste M. Gordon était un vieillard frais et serein, qui savait deux grandes choses supporter l'adversité, et consoler les malheureux. Il s'avança d'un air ouvert et compatissant vers son compagnon, et lui dit en l'embrassant "Qui que vous soyez, qui venez partager mon tombeau, soyez sûr que je m'oublierai toujours moi-mÃÂȘme pour adoucir vos tourments dans l'abÃme infernal oÃÂč nous sommes plongés. Adorons la Providence qui nous y a conduits, souffrons en paix, et espérons." Ces paroles firent sur l'ùme de l'Ingénu l'effet des gouttes d'Angleterre, qui rappellent un mourant à la vie, et lui font entr'ouvrir des yeux étonnés. AprÚs les premiers compliments, Gordon, sans le presser de lui apprendre la cause de son malheur, lui inspira, par la douceur de son entretien, et par cet intérÃÂȘt que prennent deux malheureux l'un à l'autre, le désir d'ouvrir son coeur et de déposer le fardeau qui l'accablait, mais il ne pouvait deviner le sujet de son malheur; cela lui paraissait un effet sans cause, et le bonhomme Gordon était aussi étonné que lui-mÃÂȘme. "Il faut, dit le janséniste au Huron, que Dieu ait de grands desseins sur vous, puisqu'il vous a conduit du lac Ontario en Angleterre et en France, qu'il vous a fait baptiser en Basse-Bretagne, et qu'il vous a mis ici pour votre salut. - Ma foi, répondit l'Ingénu, je crois que le diable s'est mÃÂȘlé seul de ma destinée. Mes compatriotes d'Amérique ne m'auraient jamais traité avec la barbarie que j'éprouve ils n'en ont pas d'idée. On les appelle sauvages; ce sont des gens de bien grossiers, et les hommes de ce pays-ci sont des coquins raffinés. Je suis, à la vérité, bien surpris d'ÃÂȘtre venu d'un autre monde pour ÃÂȘtre enfermé dans celui-ci sous quatre verrous avec un prÃÂȘtre; mais je fais réflexion au nombre prodigieux d'hommes qui partent d'un hémisphÚre pour aller se faire tuer dans l'autre, ou qui font naufrage en chemin, et qui sont mangés des poissons. Je ne vois pas les gracieux desseins de Dieu sur tous ces gens-là ." On leur apporta à dÃner par un guichet. La conversation roula sur la Providence, sur les lettres de cachet, et sur l'art de ne pas succomber aux disgrùces auxquelles tout homme est exposé dans ce monde. "Il y a deux ans que je suis ici, dit le vieillard, sans autre consolation que moi-mÃÂȘme et des livres; je n'ai pas eu un moment de mauvaise humeur. - Ah! monsieur Gordon, s'écria l'Ingénu, vous n'aimez donc pas votre marraine? Si vous connaissiez comme moi mademoiselle de Saint-Yves, vous seriez au désespoir." A ces mots il ne put retenir ses larmes, et il se sentit alors un peu moins oppressé. "Mais, dit-il, pourquoi donc les larmes soulagent-elles? Il me semble qu'elles devraient faire un effet contraire. - Mon fils, tout est physique en nous, dit le bon vieillard; toute sécrétion fait du bien au corps; et tout ce qui le soulage soulage l'ùme; nous sommes les machines de la Providence." L'Ingénu, qui, comme nous l'avons dit plusieurs fois, avait un grand fonds d'esprit, fit de profondes réflexions sur cette idée, dont il semblait qu'il avait la semence en lui-mÃÂȘme. AprÚs quoi il demanda à son compagnon pourquoi sa machine était depuis deux ans sous quatre verrous. "Par la grùce efficace, répondit Gordon; je passe pour janséniste j'ai connu Arnauld et Nicole; les jésuites nous ont persécutés. Nous croyons que le pape n'est qu'un évÃÂȘque comme un autre; et c'est pour cela que le pÚre de La Chaise a obtenu du roi, son pénitent, un ordre de me ravir, sans aucune formalité de justice, le bien le plus précieux des hommes, la liberté. - Voilà qui est bien étrange, dit l'Ingénu; tous les malheureux que j'ai rencontrés ne le sont qu'à cause du pape. A l'égard de votre grùce efficace, je vous avoue que je n'y entends rien; mais je regarde comme une grande grùce que Dieu m'ait fait trouver dans mon malheur un homme comme vous, qui verse dans mon coeur des consolations dont je me croyais incapable." Chaque jour la conversation devenait plus intéressante et plus instructive. Les ùmes des deux captifs s'attachaient l'une à l'autre. Le vieillard savait beaucoup, et le jeune homme voulait beaucoup apprendre. Au bout d'un mois il étudia la géométrie; il la dévorait. Gordon lui fit lire la Physique de Rohault, qui était encore à la mode, et il eut le bon esprit de n'y trouver que des incertitudes. Ensuite il lut le premier volume de la Recherche de la vérité. Cette nouvelle lumiÚre l'éclaira. "Quoi! dit-il, notre imagination et nos sens nous trompent à ce point! quoi! les objets ne forment point nos idées, et nous ne pouvons nous les donner nous-mÃÂȘmes!" Quand il eut lu le second volume, il ne fut plus si content, et il conclut qu'il est plus aisé de détruire que de bùtir. Son confrÚre, étonné qu'un jeune ignorant fÃt cette réflexion, qui n'appartient qu'aux ùmes exercées, conçut une grande idée de son esprit, et s'attacha à lui davantage. "Votre Malebranche, lui dit un jour l'Ingénu, me paraÃt avoir écrit la moitié de son livre avec sa raison, et l'autre avec son imagination et ses préjugés." Quelques jours aprÚs, Gordon lui demanda "Que pensez-vous donc de l'ùme, de la maniÚre dont nous recevons nos idées? de notre volonté, de la grùce, du libre arbitre? - Rien, lui repartit l'Ingénu; si je pensais quelque chose, c'est que nous sommes sous la puissance de l'Etre éternel comme les astres et les éléments; qu'il fait tout en nous, que nous sommes de petites roues de la machine immense dont il est l'ùme; qu'il agit par des lois générales, et non par des vues particuliÚres cela seul me paraÃt intelligible; tout le reste est pour moi un abÃme de ténÚbres. - Mais, mon fils, ce serait faire Dieu auteur du péché! - Mais, mon pÚre, votre grùce efficace ferait Dieu auteur du péché aussi car il est certain que tous ceux à qui cette grùce serait refusée pécheraient; et qui nous livre au mal n'est-il pas l'auteur du mal?" Cette naïveté embarrassait fort le bonhomme; il sentait qu'il faisait de vains efforts pour se tirer de ce bourbier; et il entassait tant de paroles qui paraissaient avoir du sens et qui n'en avaient point dans le goût de la prémotion physique, que l'Ingénu en avait pitié. Cette question tenait évidemment à l'origine du bien et du mal; et alors il fallait que le pauvre Gordon passùt en revue la boÃte de Pandore, l'oeuf d'Orosmade percé par Arimane, l'inimitié entre Typhon et Osiris, et enfin le péché originel, et ils couraient l'un et l'autre dans cette nuit profonde, sans jamais se rencontrer. Mais enfin ce roman de l'ùme détournait leur vue de la contemplation de leur propre misÚre, et, par un charme étrange, la foule des calamités répandues sur l'univers diminuait la sensation de leurs peines ils n'osaient se plaindre quand tout souffrait. Mais, dans le repos de la nuit, l'image de la belle Saint-Yves effaçait dans l'esprit de son amant toutes les idées de métaphysique et de morale. Il se réveillait les yeux mouillés de larmes; et le vieux janséniste oubliait sa grùce efficace, et l'abbé de Saint-Cyran, et Jansénius, pour consoler un jeune homme qu'il croyait en péché mortel. AprÚs leurs lectures, aprÚs leurs raisonnements, ils parlaient encore de leurs aventures; et, aprÚs en avoir inutilement parlé, ils lisaient ensemble ou séparément. L'esprit du jeune homme se fortifiait de plus en plus. Il serait surtout allé trÚs loin en mathématiques sans les distractions que lui donnait mademoiselle de Saint-Yves. Il lut des histoires, elles l'attristÚrent. Le monde lui parut trop méchant et trop misérable. En effet, l'histoire n'est que le tableau des crimes et des malheurs. La foule des hommes innocents et paisibles disparaÃt toujours sur ces vastes théùtres. Les personnages ne sont que des ambitieux pervers. Il semble que l'histoire ne plaise que comme la tragédie, qui languit si elle n'est animée par les passions, les forfaits et les grandes infortunes. Il faut armer Clio du poignard comme MelpomÚne. Quoique l'histoire de France soit remplie d'horreurs, ainsi que toutes les autres, cependant elle lui parut si dégoûtante dans ses commencements, si sÚche dans son milieu, si petite enfin, mÃÂȘme du temps de Henri IV, toujours si dépourvue de grands monuments, si étrangÚre à ces belles découvertes qui ont illustré d'autres nations, qu'il était obligé de lutter contre l'ennui pour lire tous ces détails de calamités obscures resserrées dans un coin du monde. Gordon pensait comme lui. Tous deux riaient de pitié quand il était question des souverains de Fezensac, de Fesansaguet, et d'Astarac. Cette étude en effet en serait bonne que pour leurs héritiers, s'ils en avaient. Les beaux siÚcles de la république romaine le rendirent quelque temps indifférent pour le reste de la terre. Le spectacle de Rome victorieuse et législatrice des nations occupait son ùme entiÚre. Il s'échauffait en contemplant ce peuple qui fut gouverné sept cents ans par l'enthousiasme de la liberté et de la gloire. Ainsi se passaient les jours, les semaines, les mois; et il se serait cru heureux dans le séjour du désespoir, s'il n'avait point aimé. Son bon naturel s'attendrissait encore sur le bon prieur de Notre-Dame de la Montagne, et sur la sensible Kerkabon. "Que penseront-ils, répétait-il souvent quand ils n'auront point de mes nouvelles? Ils me croiront un ingrat." Cette idée le tourmentait; il plaignait ceux qui l'aimaient, beaucoup plus qu'il ne se plaignait lui-mÃÂȘme. Chapitre onziÚme. Comment l'Ingénu développe son génie Comment l'Ingénu développe son génie La lecture agrandit l'ùme, et un ami éclairé la console. Notre captif jouissait de ces deux avantages qu'il n'avait pas soupçonnés auparavant. "Je serais tenté, dit-il, de croire aux métamorphoses, car j'ai été changé de brute en homme." Il se forma une bibliothÚque choisie d'une partie de son argent dont on lui permettait de disposer. Son ami l'encouragea à mettre par écrit ses réflexions. Voici ce qu'il écrivit sur l'histoire ancienne "Je m'imagine que les nations ont été longtemps comme moi, qu'elles ne se sont instruites que fort tard, qu'elles n'ont été occupées pendant des siÚcles que du moment présent qui coulait, trÚs peu du passé, et jamais de l'avenir. J'ai parcouru cinq ou six cents lieues du Canada, je n'y ai pas trouvé un seul monument; personne n'y sait rien de ce qu'a fait son bisaïeul. Ne serait-ce pas là l'état naturel de l'homme? L'espÚce de ce continent-ci me paraÃt supérieure à celle de l'autre. Elle a augmenté son ÃÂȘtre depuis plusieurs siÚcles par les arts et par les connaissances. Est-ce parce qu'elle a de la barbe au menton, et que Dieu a refusé la barbe aux Américains? Je ne le crois pas car je vois que les Chinois n'ont presque point de barbe, et qu'ils cultivent les arts depuis plus de cinq mille années. En effet, s'ils ont plus de quatre mille ans d'annales, il faut bien que la nation ait été rassemblée et florissante depuis plus de cinq cents siÚcles. "Une chose me frappe surtout dans cette ancienne histoire de la Chine, c'est que presque tout y est vraisemblable et naturel. Je l'admire en ce qu'il n'y a rien de merveilleux. "Pourquoi toutes les autres nations se sont-elles donné des origines fabuleuses? Les anciens chroniqueurs de l'histoire de France, qui ne sont pas fort anciens, font venir les Français d'un Francus, fils d'Hector; les Romains se disaient issus d'un Phrygien, quoiqu'il n'y eût pas dans leur langue un seul mot qui eût le moindre rapport à la langue de Phrygie; les dieux avaient habité dix mille ans en Egypte, et les diables, en Scythie, oÃÂč ils avaient engendré les Huns. Je ne vois avant Thucydide que des romans semblables aux Amadis, et beaucoup moins amusants. Ce sont partout des apparitions, des oracles, des prodiges, des sortilÚges, des métamorphoses, des songes expliqués, et qui font la destinée des plus grands empires et des plus petits Etats ici des bÃÂȘtes qui parlent, là des bÃÂȘtes qu'on adore, des dieux transformés en hommes, et des hommes transformés en dieux. Ah! s'il nous faut des fables, que ces fables soient du moins l'emblÚme de la vérité! J'aime les fables des philosophes, je ris de celles des enfants, et je hais celles des imposteurs." Il tomba un jour sur une histoire de l'empereur Justinien. On y lisait que des apédeutes de Constantinople avaient donné, en trÚs mauvais grec, un édit contre le plus grand capitaine du siÚcle, parce que ce héros avait prononcé ces paroles dans la chaleur de la conversation "La vérité luit de sa propre lumiÚre, et on n'éclaire pas les esprits avec les flammes des bûchers." Les apédeutes assurÚrent que cette proposition était hérétique, sentant l'hérésie, et que l'axiome contraire était catholique, universel, et grec "On n'éclaire les esprits qu'avec la flamme des bûchers, et la vérité ne saurait luire de sa propre lumiÚre." Ces linostoles condamnÚrent ainsi plusieurs discours du capitaine, et donnÚrent un édit. "Quoi! s'écria l'Ingénu, des édits rendus par ces gens-là ! - Ce ne sont point des édits, répliqua Gordon, ce sont des contrédits dont tout le monde se moquait à Constantinople, et l'empereur tout le premier c'était un sage prince, qui avait su réduire les apédeutes linostoles à ne pouvoir faire que du bien. Il savait que ces messieurs-là et plusieurs autres pastophores avaient lassé de contrédits la patience des empereurs ses prédécesseurs en matiÚre plus grave. - Il fit fort bien, dit l'Ingénu; on doit soutenir les pastophores et les contenir." Il mit par écrit beaucoup d'autres réflexions qui épouvantÚrent le vieux Gordon. "Quoi! dit-il en lui-mÃÂȘme, j'ai consumé cinquante ans à m'instruire, et je crains de ne pouvoir atteindre au bon sens naturel de cet enfant presque sauvage! je tremble d'avoir laborieusement fortifié des préjugés; il n'écoute que la simple nature." Le bonhomme avait quelques-uns de ces petits livres de critique, de ces brochures périodiques oÃÂč des hommes incapables de rien produire dénigrent les productions des autres, oÃÂč les Visé insultent aux Racine, et les Faydit aux Fénelon. L'Ingénu en parcourut quelques-uns. "Je les compare, disait-il, à certains moucherons qui vont déposer leurs oeufs dans le derriÚre des plus beaux chevaux cela ne les empÃÂȘche pas de courir." A peine les deux philosophes daignÚrent jeter les yeux sur ces excréments de la littérature. Ils lurent bientÎt ensemble les éléments de l'astronomie; l'Ingénu fit venir des sphÚres ce grand spectacle le ravissait. "Qu'il est dur, disait-il, de ne commencer à connaÃtre le ciel que lorsqu'on me ravit le droit de le contempler! Jupiter et Saturne roulent dans ces espaces immenses; des millions de soleils éclairent des milliards de mondes; et dans le coin de terre oÃÂč je suis jeté, il se trouve des ÃÂȘtres qui me privent, moi ÃÂȘtre voyant et pensant, de tous ces mondes oÃÂč ma vue pourrait atteindre, et de celui oÃÂč Dieu m'a fait naÃtre! La lumiÚre faite pour tout l'univers est perdue pour moi. On ne me la cachait pas dans l'horizon septentrional oÃÂč j'ai passé mon enfance et ma jeunesse. Sans vous, mon cher Gordon, je serais ici dans le néant." Chapitre douziÚme. Ce que l'Ingénu pense des piÚces de théùtre Ce que l'Ingénu pense des piÚces de théùtre Le jeune Ingénu ressemblait à un de ces arbres vigoureux qui, nés dans un sol ingrat, étendent en peu de temps leurs racines et leurs branches quand ils sont transplantés dans un terrain favorable; et il était bien extraordinaire qu'une prison fût ce terrain. Parmi les livres qui occupaient le loisir des deux captifs, il se trouva des poésies, des traductions de tragédies grecques, quelques piÚces du théùtre français. Les vers qui parlaient d'amour portÚrent à la fois dans l'ùme de l'Ingénu le plaisir et la douleur. Ils lui parlaient tous de sa chÚre Saint-Yves. La fable des Deux pigeons lui perça le coeur; il était bien loin de pouvoir revenir à son colombier. MoliÚre l'enchanta. Il lui faisait connaÃtre les moeurs de Paris et du genre humain. "A laquelle de ses comédies donnez-vous la préférence? - Au Tartuffe, sans difficulté. - Je pense comme vous, dit Gordon; c'est un tartuffe qui m'a plongé dans ce cachot, et peut-ÃÂȘtre ce sont des tartuffes qui ont fait votre malheur. Comment trouvez-vous ces tragédies grecques? - Bonnes pour des Grecs, dit l'Ingénu." Mais quand il lut l'Iphigénie moderne, PhÚdre, Andromaque, Athalie, il fut en extase, il soupira, il versa des larmes, il les sut par coeur sans avoir envie de les apprendre. "Lisez Rodogune, lui dit Gordon; on dit que c'est le chef-d'oeuvre du théùtre; les autres piÚces qui vous ont fait tant de plaisir sont peu de chose en comparaison." Le jeune homme, dÚs la premiÚre page, lui dit "Cela n'est pas du mÃÂȘme auteur. - A quoi le voyez-vous? - Je n'en sais rien encore; mais ces vers-là ne vont ni à mon oreille ni à mon coeur. - Oh! ce n'est rien que les vers", répliqua Gordon. L'Ingénu répondit "Pourquoi donc en faire?" AprÚs avoir lu trÚs attentivement la piÚce, sans autre dessein que celui d'avoir du plaisir, il regardait son ami avec des yeux secs et étonnés, et ne savait que dire. Enfin, pressé de rendre compte de ce qu'il avait senti, voici ce qu'il répondit "Je n'ai guÚre entendu le commencement; j'ai été révolté du milieu; la derniÚre scÚne m'a beaucoup ému, quoiqu'elle me paraisse peu vraisemblable je ne me suis intéressé pour personne, et je n'ai pas retenu vingt vers, moi qui les retiens tous quand ils me plaisent. - Cette piÚce passe pourtant pour la meilleure que nous ayons. - Si cela est, répliqua-t-il, elle est peut-ÃÂȘtre comme bien des gens qui ne méritent pas leurs places. AprÚs tout, c'est ici une affaire de goût; le mien ne doit pas encore ÃÂȘtre formé; je peux me tromper; mais vous savez que je suis accoutumé à dire ce que je pense, ou plutÎt ce que je sens. Je soupçonne qu'il y a souvent de l'illusion; de la mode, du caprice, dans les jugements des hommes. J'ai parlé d'aprÚs la nature; il se peut que chez moi la nature soit trÚs imparfait; mais il se peut aussi qu'elle soit quelquefois peu consultée par la plupart des hommes." Alors il récita des vers d'Iphigénie, dont il état plein; et quoiqu'il ne déclamùt pas bien, il y mit tant de vérité et d'onction qu'il fit pleurer le vieux janséniste. Il lut ensuite Cinna; il ne pleura point, mais il admira. Chapitre treiziÚme. La belle Saint-Yves va à Versailles La belle Saint-Yves va à Versailles Pendant que notre infortuné s'éclairait plus qu'il ne se consolait; pendant que son génie, étouffé depuis si longtemps, se déployait avec tant de rapidité et de force; pendant que la nature, qui se perfectionnait en lui, le vengeait des outrages de la fortune, que devinrent monsieur le prieur et sa bonne soeur, et la belle recluse Saint-Yves? Le premier mois, on fut inquiet; et au troisiÚme on fut plongé dans la douleur. Les fausses conjectures, les bruits mal fondés, alarmÚrent. Au bout de six mois, on le crut mort. Enfin monsieur et mademoiselle de Kerkabon apprirent, par une ancienne lettre qu'un garde du roi avait écrite en Bretagne, qu'un jeune homme, semblable à l'Ingénu était arrivé un soir à Versailles, mais qu'il avait été enlevé pendant la nuit, et que depuis ce temps personne n'en avait entendu parler. "Hélas! dit mademoiselle de Kerkabon, notre neveu aura fait quelque sottise, et se sera attiré de fùcheuses affaires. Il est jeune, il est Bas-Breton, il ne peut savoir comme on doit se comporter à la cour. Mon cher frÚre, je n'ai jamais vu Versailles ni Paris; voici une belle occasion, nous retrouverons peut-ÃÂȘtre notre pauvre neveu c'est le fils de notre frÚre; notre devoir est de le secourir. Qui sait si nous ne pourrons point parvenir enfin à le faire sous-diacre, quand la fougue de la jeunesse sera amortie? Il avait beaucoup de dispositions pour les sciences. Vous souvenez-vous comme il raisonnait sur l'Ancien et sur le Nouveau Testament? Nous sommes responsables de son ùme; c'est nous qui l'avons fait baptiser; sa chÚre maÃtresse Saint-Yves passe les journées à pleurer. En vérité il faut aller à Paris. S'il est caché dans quelqu'une de ces vilaines maisons de joie dont on m'a fait tant de récits, nous l'en tirerons." Le prieur fut touché des discours de sa soeur. Il alla trouver l'évÃÂȘque de Saint-Malo; qui avait baptisé le Huron, et lui demanda sa protection et ses conseils. Le prélat approuva le voyage. Il donna au prieur des lettres de recommandation pour le pÚre de La Chaise, confesseur du roi, qui avait la premiÚre dignité du royaume, pour l'archevÃÂȘque de Paris Harlay, et pour l'évÃÂȘque de Meaux Bossuet. Enfin le frÚre et la soeur partirent; mais, quand ils furent arrivés à Paris, ils se trouvÚrent égarés comme dans un vaste labyrinthe, sans fil et sans issue. Leur fortune était médiocre, il leur fallait tous les jours des voitures pour aller à la découverte, et ils ne découvraient rien. Le prieur se présenta chez le révérend pÚre de La Chaise il était avec mademoiselle Du Tron, et ne pouvait donner audience à des prieurs. Il alla à la porte de l'archevÃÂȘque le prélat était enfermé avec la belle madame de LesdiguiÚres pour les affaires de l'Eglise. Il courut à la maison de campagne de l'évÃÂȘque de Meaux celui-ci examinait, avec mademoiselle de Mauléon, l'amour mystique de madame Guyon. Cependant il parvint à se faire entendre de ces deux prélats; tous deux lui déclarÚrent qu'ils ne pouvaient se mÃÂȘler de son neveu, attendu qu'il n'était pas sous-diacre. Enfin il vit le jésuite; celui-ci le reçut à bras ouverts, lui protesta qu'il avait toujours eu pour lui une estime particuliÚre, ne l'ayant jamais connu. Il jura que la Société avait toujours été attachée aux Bas-Bretons. "Mais, dit-il, votre neveu n'aurait-il pas le malheur d'ÃÂȘtre huguenot? - Non, assurément, mon révérend pÚre. - Serait-il point janséniste? - Je puis assurer à Votre Révérence qu'à peine est-il chrétien il y a environ onze mois que nous l'avons baptisé. - Voilà qui est bien, voilà qui est bien; nous aurons soin de lui. Votre bénéfice est-il considérable? - Oh! fort peu de chose, et mon neveu nous coûte beaucoup. - Y a-t-il quelques jansénistes dans le voisinage? Prenez bien garde, mon cher monsieur le prieur; ils sont plus dangereux que les huguenots et les athées. - Mon révérend pÚre, nous n'en avons point; on ne sait ce que c'est que le jansénisme à Notre-Dame de la Montagne. - Tant mieux; allez, il n'y a rien que je ne fasse pour vous." Il congédia affectueusement le prieur, et n'y pensa plus. Le temps s'écoulait, le prieur et la bonne soeur se désespéraient. Cependant le maudit bailli pressait le mariage de son grand benÃÂȘt de fils avec la belle Saint-Yves, qu'on avait fait sortir exprÚs du couvent. Elle aimait toujours son cher filleul autant qu'elle détestait le mari qu'on lui présentait. L'affront d'avoir été mise dans un couvent augmentait sa passion; l'ordre d'épouser le fils du bailli y mettait le comble. Les regrets, la tendresse, et l'horreur bouleversaient son ùme. L'amour, comme on sait, est bien plus ingénieux et plus hardi dans une jeune fille que l'amitié ne l'est dans un vieux prieur et dans une tante de quarante-cinq ans passés. De plus, elle s'était bien formée dans son couvent par les romans qu'elle avait lus à la dérobée. La belle Saint-Yves se souvenait de la lettre qu'un garde du corps avait écrite en Basse-Bretagne, et dont on avait parlé dans la province. Elle résolut d'aller elle-mÃÂȘme prendre des informations à Versailles; de se jeter aux pieds des ministres si son mari était en prison, comme on le disait, et d'obtenir justice pour lui. Je ne sais quoi l'avertissait secrÚtement qu'à la cour on ne refuse rien à une jolie fille. Mais elle ne savait pas ce qu'il en coûtait. Sa résolution prise, elle est consolée, elle est tranquille, elle ne rebute plus son sot prétendu; elle accueille le détestable beau-pÚre, caresse son frÚre, répand l'allégresse dans la maison; puis, le jour destiné à la cérémonie, elle part secrÚtement à quatre heures du matin avec ses petits présents de noce, et tout ce qu'elle a pu rassembler. Ses mesures étaient si bien prises qu'elle était déjà à plus de dix lieues lorsqu'on entra dans sa chambre, vers le midi. La surprise et la consternation furent grandes. L'interrogant bailli fit ce jour-là plus de questions qu'il n'en avait faites dans toute la semaine; le mari resta plus sot qu'il ne l'avait jamais été. L'abbé de Saint-Yves, en colÚre, prit le parti de courir aprÚs sa soeur. Le bailli et son fils voulurent l'accompagner. Ainsi la destinée conduisait à Paris presque tout ce canton de la Basse-Bretagne. La belle Saint-Yves se doutait bien qu'on la suivrait. Elle était à cheval; elle s'informait adroitement des courriers s'ils n'avaient point rencontré un gros abbé, un énorme bailli, et un jeune benÃÂȘt, qui couraient sur le chemin de Paris. Ayant appris au troisiÚme jour qu'ils n'étaient pas loin, elle prit une route différente, et eut assez d'habileté et de bonheur pour arriver à Versailles tandis qu'on la cherchait inutilement dans Paris. Mais comment se conduire à Versailles? Jeune, belle, sans conseil, sans appui, inconnue, exposée à tout, comment oser chercher un garde du roi? Elle imagina de s'adresser à un jésuite du bas étage; il y en avait pour toutes les conditions de la vie, comme Dieu, disaient-ils, a donné différentes nourritures aux diverses espÚces d'animaux. Il avait donné au roi son confesseur, que tous les solliciteurs de bénéfices appelaient le chef de l'Eglise gallicane; ensuite venaient les confesseurs des princesses; les ministres n'en avaient point ils n'étaient pas si sots. Il y avait les jésuites du grand commun, et surtout les jésuites des femmes de chambre par lesquelles on savait les secrets des maÃtresses; et ce n'était pas un petit emploi. La belle Saint-Yves s'adressa à un de ces derniers, qui s'appelait le pÚre Tout-à -tous. Elle se confessa à lui, lui exposa ses aventures, son état, son danger, et le conjura de la loger chez quelque bonne dévote qui la mÃt à l'abri des tentations. Le pÚre Tout-à -tous l'introduisit chez la femme d'un officier du gobelet, l'une de ses plus affidées pénitentes. DÚs qu'elle y fut, elle s'empressa de gagner la confiance et l'amitié de cette femme; elle s'informa du garde breton, et le fit prier de venir chez elle. Ayant su de lui que son amant avait été enlevé aprÚs avoir parlé à un premier commis, elle court chez ce commis; la vue d'une belle femme l'adoucit, car il faut convenir que Dieu n'a créé les femmes que pour apprivoiser les hommes. Le plumitif attendri lui avoua tout. "Votre amant est à la Bastille depuis prÚs d'un an, et sans vous il y serait peut-ÃÂȘtre toute sa vie." La tendre Saint-Yves s'évanouit. Quand elle eut repris ses sens, le plumitif lui dit "Je suis sans crédit pour faire du bien; tout mon pouvoir se borne à faire du mal quelquefois. Croyez-moi, allez chez monsieur de Saint-Pouange, qui fait le bien et le mal, cousin et favori de monseigneur de Louvois. Ce ministre a deux ùmes monsieur de Saint-Pouange en est une; madame du Belloy, l'autre; mais elle n'est pas à présent à Versailles; il ne vous reste que de fléchir le protecteur que je vous indique." La belle Saint-Yves, partagée entre un peu de joie et d'extrÃÂȘmes douleurs, entre quelque espérance et de tristes craintes, poursuivie par son frÚre, adorant son amant, essuyant ses larmes et en versant encore, tremblante, affaiblie, et reprenant courage, courut vite chez monsieur de Saint-Pouange. Chapitre quatorziÚme. ProgrÚs de l'esprit de l'Ingénu ProgrÚs de l'esprit de l'Ingénu L'Ingénu faisait des progrÚs rapides dans les sciences, et surtout dans la science de l'homme. La cause du développement rapide de son esprit était due à son éducation sauvage presque autant qu'à la trempe de son ùme car, n'ayant rien appris dans son enfance, il n'avait point appris de préjugés. Son entendement, n'ayant point été courbé par l'erreur, était demeuré dans toute sa rectitude. Il voyait les choses comme elles sont, au lieu que les idées qu'on nous donne dans l'enfance nous les font voir toute notre vie comme elles ne sont point. "Vos persécuteurs sont abominables, disait-il à son ami Gordon. Je vous plains d'ÃÂȘtre opprimé, mais je vous plains d'ÃÂȘtre janséniste. Toute secte me paraÃt le ralliement de l'erreur. Dites-moi s'il y a des sectes en géométrie? - Non, mon cher enfant, lui dit en soupirant le bon Gordon; tous les hommes sont d'accord sur la vérité quand elle est démontrée, mais ils sont trop partagés sur les vérités obscures. - Dites sur les faussetés obscures. S'il y avait eu une seule vérité cachée dans vos amas d'arguments qu'on ressasse depuis tant de siÚcles, on l'aurait découverte sans doute; et l'univers aurait été d'accord au moins sur ce point-là . Si cette vérité était nécessaire comme le soleil l'est à la terre, elle serait brillante comme lui. C'est une absurdité, c'est un outrage au genre humain, c'est un attentat contre l'Etre infini et suprÃÂȘme de dire il y a une vérité essentielle à l'homme, et Dieu l'a cachée." Tout ce que disait ce jeune ignorant instruit par la nature faisait une impression profonde sur l'esprit du vieux savant infortuné. "Serait-il bien vrai, s'écria-t-il, que je me fusse rendu réellement malheureux pour des chimÚres? Je suis bien plus sûr de mon malheur que de la grùce efficace. J'ai consumé mes jours à raisonner sur la liberté de Dieu et du genre humain; mais j'ai perdu la mienne; ni saint Augustin ni saint Prosper ne me tireront de l'abÃme oÃÂč je suis." L'Ingénu, livré à son caractÚre, dit enfin "Voulez-vous que je vous parle avec une confiance hardie? Ceux qui se font persécuter pour ces vaines disputes de l'école me semblent peu sages; ceux qui persécutent me paraissent des monstres." Les deux captifs étaient fort d'accord sur l'injustice de leur captivité. "Je suis cent fois plus à plaindre que vous, disait l'Ingénu; je suis né libre comme l'air; j'avais deux vies, la liberté et l'objet de mon amour on me les Îte. Nous sommes tous deux dans les fers, sans savoir qui nous y a mis, sans pouvoir mÃÂȘme le demander. J'ai vécu Huron vingt ans; on dit que ce sont des barbares, parce qu'ils se vengent de leurs ennemis; mais ils n'ont jamais opprimé leurs amis. A peine ai-je mis le pied en France, que j'ai versé mon sang pour elle; j'ai peut-ÃÂȘtre sauvé une province, et pour récompense je suis englouti dans ce tombeau des vivants, oÃÂč je serais mort de rage sans vous. Il n'y a donc point de lois dans ce pays? On condamne les hommes sans les entendre! Il n'en est pas ainsi en Angleterre. Ah! ce n'était pas contre les Anglais que je devais me battre." Ainsi sa philosophie naissante ne pouvait dompter la nature outragée dans le premier de ses droits, et laissait un libre cours à sa juste colÚre. Son compagnon ne le contredit point. L'absence augmente toujours l'amour qui n'est pas satisfait, et la philosophie ne le diminue pas. Il parlait aussi souvent de sa chÚre Saint-Yves que de morale et de métaphysique. Plus ses sentiments s'épuraient, et plus il aimait. Il lut quelques romans nouveaux; il en trouva peu qui lui peignissent la situation de son ùme. Il sentait que son coeur allait toujours au-delà de ce qu'il lisait. "Ah! disait-il, presque tous ces auteurs-là n'ont que de l'esprit et de l'art." Enfin le bon prÃÂȘtre janséniste devenait insensiblement le confident de sa tendresse. Il ne connaissait l'amour auparavant que comme un péché dont on s'accuse en confession. Il apprit à le connaÃtre comme un sentiment aussi noble que tendre, qui peut élever l'ùme autant que l'amollir, et produire mÃÂȘme quelquefois des vertus. Enfin, pour dernier prodige, un Huron convertissait un janséniste. Chapitre quinziÚme. La belle Saint-Yves résiste à des propositions délicates La belle Saint-Yves résiste à des propositions délicates La belle Saint-Yves, plus tendre encore que son amant, alla donc chez monsieur de Saint-Pouange, accompagnée de l'amie chez qui elle logeait, toutes deux cachées dans leurs coiffes. La premiÚre chose qu'elle vit à la porte ce fut l'abbé de Saint-Yves, son frÚre, qui en sortait. Elle fut intimidée; mais la dévote amie la rassura. "C'est précisément parce qu'on a parlé contre vous qu'il faut que vous parliez. Soyez sûre que dans ce pays les accusateurs ont toujours raison si on ne se hùte de les confondre. Votre présence d'ailleurs, ou je me trompe fort, fera plus d'effet que les paroles de votre frÚre." Pour peu qu'on encourage une amante passionnée, elle est intrépide. La Saint-Yves se présente à l'audience. Sa jeunesse, ses charmes, ses yeux tendres, mouillés de quelques pleurs, attirÚrent tous les regards. Chaque courtisan du sous-ministre oublia un moment l'idole du pouvoir pour contempler celle de la beauté. Le Saint-Pouange la fit entrer dans un cabinet; elle parla avec attendrissement et avec grùce. Saint-Pouange se sentit touché. Elle tremblait, il la rassura. "Revenez ce soir, lui dit-il; vos affaires méritent qu'on y pense et qu'on en parle à loisir; il y a ici trop de monde; on expédie les audiences trop rapidement il faut que je vous entretienne à fond de tout ce qui vous regarde." Ensuite, ayant fait l'éloge de sa beauté et de ses sentiments, il lui recommanda de venir à sept heures du soir. Elle n'y manqua pas; la dévote amie l'accompagna encore, mais elle se tint dans le salon, et lut le Pédagogue chrétien, pendant que le Saint-Pouange et la belle Saint-Yves étaient dans l'arriÚre-cabinet. "Croiriez-vous bien, mademoiselle, lui dit-il d'abord, que votre frÚre est venu me demander une lettre de cachet contre vous? En vérité j'en expédierais plutÎt une pour le renvoyer en basse-Bretagne. - Hélas! monsieur, on est donc bien libéral de lettres de cachet dans vos bureaux, puisqu'on en vient solliciter du fond du royaume, comme des pensions. Je suis bien loin d'en demander une contre mon frÚre. J'ai beaucoup à me plaindre de lui, mais je respecte la liberté des hommes; je demande celle d'un homme que je veux épouser, d'un homme à qui le roi doit la conservation d'une province, qui peut le servir utilement, et qui est fils d'un officier tué à son service. De quoi est-il accusé? Comment a-t-on pu le traiter si cruellement sans l'entendre?" Alors le sous-ministre lui montra la lettre du jésuite espion et celle du perfide bailli. "Quoi! il y a de pareils monstres sur la terre! et on veut me forcer ainsi à épouser le fils ridicule d'un homme ridicule et méchant! et c'est sur de pareils avis qu'on décide ici de la destinée des citoyens!" Elle se jeta à genoux, elle demanda avec des sanglots la liberté du brave homme qui l'adorait. Ses charmes dans cet état parurent dans leur plus grand avantage. Elle était si belle que le Saint-Pouange, perdant toute honte, lui insinua qu'elle réussirait si elle commençait par lui donner les prémices de ce qu'elle réservait à son amant. La Saint-Yves, épouvantée et confuse, feignit longtemps de ne le pas entendre; il fallut s'expliquer plus clairement. Un mot lùché d'abord avec retenue en produisait un plus fort, suivi d'un autre plus expressif. On offrit non seulement la révocation de la lettre de cachet, mais des récompenses, de l'argent, des honneurs, des établissements; et plus on promettait, plus le désir de n'ÃÂȘtre pas, refusé augmentait. La Saint-Yves pleurait, elle était suffoquée, à demi renversée sur un sofa, croyant à peine ce qu'elle voyait, ce qu'elle entendait. Le Saint-Pouange, à son tour, se jeta à ses genoux. Il n'était pas sans agréments, et aurait pu ne pas effaroucher un coeur moins prévenu; mais Saint-Yves adorait son amant, et croyait que c'était un crime horrible de le trahir pour le servir. Saint-Pouange redoublait les priÚres et les promesses enfin la tÃÂȘte lui tourna au point qu'il lui déclara que c'était le seul moyen de tirer de sa prison l'homme auquel elle prenait un intérÃÂȘt si violent et si tendre. Cet étrange entretien se prolongeait. La dévote de l'antichambre, en lisant son Pédagogue chrétien, disait "Mon Dieu! que peuvent-ils faire là depuis deux heures? Jamais monseigneur de Saint-Pouange, n'a donné une si longue audience; peut-ÃÂȘtre qu'il a tout refusé à cette pauvre fille, puisqu'elle le prie encore." Enfin sa compagne sortit de l'arriÚre-cabinet tout éperdue, sans pouvoir parler, réfléchissant profondément sur le caractÚre des grands et des demi-grands qui sacrifient si légÚrement la liberté des hommes et l'honneur des femmes. Elle ne dit pas un mot pendant tout le chemin. Arrivée chez l'amie, elle éclata, elle lui conta tout. La dévote fit de grands signes de croix. "Ma chÚre amie, il faut consulter dÚs demain le pÚre Tout-à -tous, notre directeur; il a beaucoup de crédit auprÚs de monsieur de Saint-Pouange; il confesse plusieurs servantes de sa maison; c'est un homme pieux et accommodant, qui dirige aussi des femmes de qualité. Abandonnez-vous à lui, c'est ainsi que j'en use, je m'en suis toujours bien trouvée. Nous autres, pauvres femmes, nous avons besoin d'ÃÂȘtre conduites par un homme. - Eh bien donc! ma chÚre amie, j'irai trouver demain le pÚre Tout-à -tous." Chapitre seiziÚme. Elle consulte un jésuite Elle consulte un jésuite DÚs que la belle et désolée Saint-Yves fut avec son bon confesseur, elle lui confia qu'un homme puissant et voluptueux lui proposait de faire sortir de prison celui qu'elle devait épouser légitimement, et qu'il demandait un grand prix de son servie; qu'elle avait une répugnance horrible pour un telle infidélité, et que, s'il ne s'agissait que de sa propre vie, elle la sacrifierait plutÎt que de succomber. "Voilà un abominable pécheur! lui dit le pÚre Tout-à -tous. Vous devriez bien me dire le nom de ce vilain homme c'est à coup sûr quelque janséniste; je le dénoncerai à sa révérence le pÚre de La Chaise, qui le fera mettre dans le gÃte oÃÂč est à présent la chÚre personne que vous devez épouser." La pauvre fille, aprÚs un long embarras et de grandes irrésolutions, lui nomma enfin Saint-Pouange. "Monseigneur de Saint-Pouange! s'écria le jésuite; ah! ma fille, c'est tout autre chose; il est cousin du plus grand ministre que nous ayons jamais eu, homme de bien, protecteur de la bonne cause, bon chrétien; il ne peut avoir eu une telle pensée; il faut que vous ayez mal entendu. - Ah! mon pÚre, je n'ai entendu que trop bien; je suis perdue, quoi que je fasse; je n'ai que le choix du malheur et de la honte il faut que mon amant reste enseveli tout vivant, ou que je me rende indigne de vivre. Je ne puis le laisser périr, et je ne puis le sauver." Le pÚre Tout-à -tous tùcha de la calmer par ces douces paroles "PremiÚrement, ma fille, ne dites jamais ce mot mon amant; il y a quelque chose de mondain, qui pourrait offenser Dieu. Dites mon mari; car, bien qu'il ne le soit pas encore, vous le regardez comme tel; et rien n'est plus honnÃÂȘte. Secondement, bien qu'il soit votre époux en idée, en espérance, il ne l'est pas en effet ainsi vous ne commettriez pas un adultÚre, péché énorme qu'il faut toujours éviter autant qu'il est possible. TroisiÚmement, les actions ne sont pas d'une malice de couple, quand l'intention est pure, et rien n'est plus pur que de délivrer votre mari. QuatriÚmement, vous avez des exemples dans la sainte antiquité, qui peuvent merveilleusement servir à votre conduite. Saint Augustin rapporte que sous le proconsulat de Septimius Acyndinus, en l'an 340 de notre salut, un pauvre homme, ne pouvant payer à César ce qui appartenait à César, fut condamné à la mort, comme il est juste, malgré la maxime OÃÂč il n'y a rien le roi perd ses droits. Il s'agissait d'une livre d'or; le condamné avait une femme en qui Dieu avait mis la beauté et la prudence. Un vieux richard promit de donner une livre d'or, et mÃÂȘme plus, à la dame, à condition qu'il commettrait avec elle le péché immonde. La dame ne crut point mal faire en sauvant la vie à son mari. Saint Augustin approuve fort sa généreuse résignation. Il est vrai que le vieux richard la trompa, et peut-ÃÂȘtre mÃÂȘme son mari n'en fut pas moins pendu; mais elle avait fait tout ce qui était en elle pour sauver sa vie. Soyez sûre, ma fille, que quand un jésuite vous cite saint Augustin, il faut bien que ce saint ait pleinement raison. Je ne vous conseille rien, vous ÃÂȘtes sage; il est à présumer que vous serez utile à votre mari. Monseigneur de Saint-Pouange est un honnÃÂȘte homme, il ne vous trompera pas c'est tout ce que je puis vous dire; je prierai Dieu pour vous, et j'espÚre que tout se passera à sa plus grande gloire." La belle Saint-Yves, non moins effrayée des discours du jésuite que des propositions du sous-ministre, s'en retourna éperdue chez son amie. Elle était tentée de se délivrer, par là mort, de l'horreur de laisser dans une captivité affreuse l'amant qu'elle adorait, et de la honte de le délivrer au prix de ce qu'elle avait de plus cher, et qui ne devait appartenir qu'à cet amant infortuné. Chapitre dix-septiÚme. Elle consulte un jésuite Elle succombe par vertu Elle priait son amie de la tuer; mais cette femme, non moins indulgente que le jésuite, lui parla plus clairement encore. "Hélas! dit-elle, les affaires ne se font guÚre autrement dans cette cour si aimable, si galante, et si renommée. Les places les plus médiocres et les plus considérables n'ont souvent été données qu'au prix qu'on exige de vous. Ecoutez, vous m'avez inspiré de l'amitié et de la confiance; je vous avouerai que si j'avais été aussi difficile que vous l'ÃÂȘtes, mon mari ne jouirait pas du petit poste qui le fait vivre; il le sait, et loin d'en ÃÂȘtre fùché, il voit en moi sa bienfaitrice, et il se regarde comme ma créature. Pensez-vous que tous ceux qui ont été à la tÃÂȘte des provinces, ou mÃÂȘme des armées, aient dû leurs honneurs et leur fortune à leurs seuls services? Il en est qui en sont redevables à mesdames leurs femmes. Les dignités de la guerre ont été sollicitées par l'amour, et la place a été donnée au mari de la plus belle. Vous ÃÂȘtes dans une situation bien plus intéressante il s'agit de rendre votre amant au jour et de l'épouser; c'est un devoir sacré qu'il vous faut remplir. On n'a point blùmé les belles et grandes dames dont je vous parle; on vous applaudira, on dira que vous ne vous ÃÂȘtes permise une faiblesse que par un excÚs de vertu. - Ah! quelle vertu! s'écria la belle Saint-Yves; quel labyrinthe d'iniquités! quel pays! et que j'apprends à connaÃtre les hommes! Un pÚre de La Chaise et un bailli ridicule font mettre mon amant en prison, ma famille me persécute, on ne me tend la main dans mon désastre que pour me déshonorer. Un jésuite a perdu un brave homme, un autre jésuite veut me perdre; je ne suis entourée que de piÚges, et je touche au moment de tomber dans la misÚre. Il faut que je me tue, ou que je parle au roi; je me jetterai à ses pieds sur son passage, quand il ira à la messe ou à la comédie. - On ne vous laissera pas approcher, lui dit sa bonne amie; et si vous aviez le malheur de parler, mons de Louvois et le révérend pÚre de La Chaise pourraient vous enterrer dans le fond d'un couvent pour le reste de vos jours." Tandis que cette brave personne augmentait ainsi les perplexités de cette ùme désespérée, et enfonçait le poignard dans son coeur, arrive un exprÚs de monsieur de Saint-Pouange avec une lettre et deux beaux pendants d'oreilles. Saint-Yves rejeta le tout en pleurant; mais l'amie s'en chargea. DÚs que le messager fut parti, notre confidente lit la lettre dans laquelle on propose un petit souper aux deux amies pour le soir. Saint-Yves jure qu'elle n'ira point. La dévote veut lui essayer les deux boucles de diamants. Saint-Yves ne le put souffrir. Elle combattit la journée entiÚre. Enfin, n'ayant en vue que son amant, vaincue, entraÃnée, ne sachant oÃÂč on la mÚne, elle se laisse conduire au souper fatal. Rien n'avait pu la déterminer à se parer de ses pendants d'oreilles; la confidente les apporta, elle les lui ajusta malgré elle avant qu'on se mÃt à table. Saint-Yves était si confuse, si troublée, qu'elle se laissait tourmenter; et le patron en tirait un augure trÚs favorable. Vers la fin du repas, la confidente se retira discrÚtement. Le patron montra alors la révocation de la lettre de cachet, le brevet d'une gratification considérable, celui d'une compagnie, et n'épargna pas les promesses. "Ah! lui dit Saint-Yves, que je vous aimerais si vous ne vouliez pas ÃÂȘtre tant aimé!" Enfin, aprÚs une longue résistance, aprÚs des sanglots, des cris, des larmes, affaiblie du combat, éperdue, languissante, il fallut se rendre. Elle n'eut d'autre ressource que de se promettre de ne penser qu'à l'Ingénu; tandis que le cruel jouirait impitoyablement de la nécessité oÃÂč elle était réduite. Chapitre dix-huitiÚme. Elle délivre son amant et un janséniste Elle délivre son amant et un janséniste Au point du jour elle vole à Paris, munie de l'ordre du ministre. Il est difficile de peindre ce qui se passait dans son coeur pendant ce voyage. Qu'on imagine une ùme vertueuse et noble, humiliée de son opprobre; enivrée de tendresse, déchirée des remords d'avoir trahi son amant, pénétrée du plaisir de délivrer ce qu'elle adore! Ses amertumes, ses combats, son succÚs partageaient toutes ses réflexions. Ce n'était plus cette fille simple dont une éducation provinciale avait rétréci les idées. L'amour et le malheur l'avaient formée. Le sentiment avait fait autant de progrÚs en elle que la raison en avait fait dans l'esprit de son amant infortuné. Les filles apprennent à sentir plus aisément que les hommes n'apprennent à penser. Son aventure était plus instructive que quatre ans de couvent. Son habit était d'une simplicité extrÃÂȘme. Elle voyait avec horreur les ajustements sous lesquels elle avait paru devant son funeste bienfaiteur; elle avait laissé ses boucles de diamants à sa compagne sans mÃÂȘme les regarder. Confuse et charmée, idolùtre de l'Ingénu, et se haïssant elle-mÃÂȘme, elle arrive enfin à la porte. De cet affreux chùteau, palais de la vengeance, Qui renferma souvent le crime et l'innocence. Quand il fallut descendre du carrosse, les forces lui manquÚrent; on l'aida; elle entra, le coeur palpitant, les yeux humides, le front consterné. On la présente au gouverneur; elle veut lui parler, sa voix expire; elle montre son ordre en articulant à peine quelques paroles. Le gouverneur aimait son prisonnier; il fut trÚs aise de sa délivrance. Son coeur n'était pas endurci comme celui de quelques honorables geÎliers ses confrÚres, qui, ne pensant qu'à la rétribution attachée à la garde de leurs captifs, fondant leurs revenus sur leurs victimes, et vivant du malheur d'autrui, se faisaient en secret une joie affreuse des larmes des infortunés. Il fait venir le prisonnier dans son appartement. Les deux amants se voient, et tous deux s'évanouissent. La belle Saint-Yves resta longtemps sans mouvement et sans vie l'autre rappela bientÎt son courage. "C'est apparemment là madame votre femme, lui dit le gouverneur; vous ne m'aviez point dit que vous fussiez marié. On me mande que c'est à ses soins généreux que vous devez votre délivrance - Ah! je ne suis pas digne d'ÃÂȘtre sa femme," dit la belle Saint-Yves d'une voix tremblante; et elle retomba encore en faiblesse. Quand elle eut repris ses sens, elle présenta, toujours tremblante, le brevet de la gratification, et la promesse par écrit d'une compagnie. L'Ingénu, aussi étonné qu'attendri, s'éveillait d'un songe pour retomber dans un autre. "Pourquoi ai-je été enfermé ici? comment avez-vous pu m'en tirer? oÃÂč sont les monstres qui m'y ont plongé? Vous ÃÂȘtes une divinité qui descendez du ciel à mon secours." La belle Saint-Yves baissait la vue, regardait son amant, rougissait et détournait, le moment d'aprÚs, ses yeux mouillés de pleurs. Elle lui apprit enfin tout ce qu'elle savait, et tout ce qu'elle avait éprouvé, excepté ce qu'elle aurait voulu se cacher pour jamais, et ce qu'un autre que l'Ingénu, plus accoutumé au monde et plus instruit des usages de la cour, aurait deviné facilement. "Est-il possible qu'un misérable comme ce bailli ait eu le pouvoir de me ravir ma liberté? Ah! je vois bien qu'il en est des hommes comme des plus vils animaux; tous peuvent nuire. Mais est-il possible qu'un moine, un jésuite confesseur du roi, ait contribué à mon infortune autant que ce bailli, sans que je puisse imaginer sous quel prétexte ce détestable fripon m'a persécuté? M'a-t-il fait passer pour un janséniste? Enfin, comment vous ÃÂȘtes-vous souvenue de moi? je ne le méritais pas, je n'étais alors qu'un sauvage. Quoi? vous avez pu, sans conseil, sans secours, entreprendre le voyage de Versailles! Vous y avez paru, et on a brisé mes fers! Il est donc dans la beauté et dans la vertu un charme invincible qui fait tomber les portes de fer, et qui amollit les coeurs de bronze!" A ce mot de vertu, des sanglots échappÚrent à la belle Saint-Yves. Elle ne savait pas combien elle était vertueuse dans le crime qu'elle se reprochait. Son amant continua ainsi "Ange qui avez rompu mes liens, si vous avez eu ce que je ne comprends pas encore assez de crédit pour me faire rendre justice, faites-la donc rendre aussi à un vieillard qui m'a le premier appris à penser, comme vous m'avez appris à aimer. La calamité nous a unis; je l'aime comme un pÚre, je ne peux vivre ni sans vous ni sans lui. - Moi! que je sollicite le mÃÂȘme homme qui... - Oui, je veux tout vous devoir, et je ne veux devoir jamais rien qu'à vous écrivez à cet homme puissant; comblez-moi de vos bienfaits, achevez ce que vous avez commencé, achevez vos prodiges." Elle sentait qu'elle devait faire tout ce que son amant exigeait elle voulut écrire, sa main ne pouvait obéir. Elle recommença trois fois sa lettre, la déchira trois fois; elle écrivit enfin, et les deux amants sortirent aprÚs avoir embrassé le vieux martyr de la grùce efficace. L'heureuse et désolée Saint-Yves savait dans quelle maison logeait son frÚre; elle y alla; son amant prit un appartement dans la mÃÂȘme maison. A peine y furent-ils arrivés que son protecteur lui envoya l'ordre de l'élargissement du bonhomme Gordon, et lui demanda un rendez-vous pour le lendemain. Ainsi, à chaque action honnÃÂȘte et généreuse qu'elle faisait, son déshonneur en était le prix. Elle regardait avec exécration cet usage de vendre le malheur et le bonheur des hommes. Elle donna l'ordre de l'élargissement à son amant, et refusa le rendez-vous d'un bienfaiteur qu'elle ne pouvait plus voir sans expirer de douleur et de honte. L'Ingénu ne pouvait se séparer d'elle que pour aller délivrer un ami il y vola. Il remplit ce devoir en réfléchissant sur les étranges événements de ce monde, et en admirant la vertu courageuse d'une jeune fille à qui deux infortunés devaient plus que la vie. Chapitre dix-neuviÚme. L'Ingénu, la belle Saint-Yves, et leurs parents sont rassemblés L'Ingénu, la belle Saint-Yves, et leurs parents sont rassemblés La généreuse et respectable infidÚle était avec son frÚre abbé de Saint-Yves, le bon prieur de la Montagne, et la dame de Kerkabon. Tous étaient également étonnés; mais leur situation et leurs sentiments étaient bien différents. L'abbé de Saint-Yves pleurait ses torts aux pieds de sa soeur, qui lui pardonnait. Le prieur et sa tendre soeur pleuraient aussi, mais de joie; le vilain bailli et son insupportable fils ne troublaient point cette scÚne touchante. Ils étaient partis au premier bruit de l'élargissement de leur ennemi; ils couraient ensevelir dans leur province leur sottise et leur crainte. Les quatre personnages, agités de cent mouvements divers, attendaient que le jeune homme revÃnt avec l'ami qu'il devait délivrer. L'abbé de Saint-Yves n'osait lever les yeux devant sa soeur; la bonne Kerkabon disait "Je reverrai donc mon cher neveu! - Vous le reverrez, dit la charmante Saint-Yves, mais ce n'est plus le mÃÂȘme homme; son maintien, son ton, ses idées, son esprit, tout est changé; il est devenu aussi respectable qu'il était naïf et étranger à tout. Il sera l'honneur et la consolation de votre famille que ne puis-je ÃÂȘtre aussi l'honneur de la mienne! - Vous n'ÃÂȘtes point non plus la mÃÂȘme, dit le prieur; que vous est-il donc arrivé qui ait fait en vous un si grand changement?" Au milieu de cette conversation l'Ingénu arrive, tenant par la main son janséniste. La scÚne alors devint plus neuve et plus intéressante. Elle commença par les tendres embrassements de l'oncle et de la tante. L'abbé de Saint-Yves se mettait presque aux genoux de l'Ingénu, qui n'était plus l'Ingénu. Les deux amants se parlaient par des regards qui exprimaient tous les sentiments dont ils étaient pénétrés. On voyait éclater la satisfaction, la reconnaissance, sur le front de l'un; l'embarras était peint dans les yeux tendres et un peu égarés de l'autre. On était étonné qu'elle mÃÂȘlùt de la douleur à tant de joie. Le vieux Gordon devint en peu de moments cher à toute la famille. Il avait été malheureux avec le jeune prisonnier, et c'était un grand titre. Il devait sa délivrance aux deux amants, cela seul le réconciliait avec l'amour; l'ùpreté de ses anciennes opinions sortait de son coeur, il était changé en homme, ainsi que le Huron. Chacun raconta ses aventures avant le souper. Les deux abbés, la tante, écoutaient comme des enfants qui entendent des histoires de revenants, et comme des hommes qui s'intéressaient tous à tant de désastres. "Hélas! dit Gordon, il y a peut-ÃÂȘtre plus de cinq cents personnes vertueuses qui sont à présent dans les mÃÂȘmes fers que mademoiselle de Saint-Yves a brisés leurs malheurs sont inconnus. On trouve assez de mains qui frappent sur la foule des malheureux, et rarement une secourable." Cette réflexion si vraie augmentait sa sensibilité et sa reconnaissance tout redoublait le triomphe de la belle Saint-Yves; on admirait la grandeur et la fermeté de son ùme. L'admiration était mÃÂȘlée de ce respect qu'on sent malgré soi pour une personne qu'on croit avoir du crédit à la cour. Mais l'abbé de Saint-Yves disait quelquefois "Comment ma soeur a-t-elle pu faire pour obtenir si tÎt ce crédit?" On allait se mettre à table de trÚs bonne heure. Voilà que la bonne amie de Versailles arrive sans rien savoir de tout ce qui s'était passé; elle était en carrosse à six chevaux, et on voit bien à qui appartenait l'équipage. Elle entre avec l'air imposant d'une personne de cour qui a de grandes affaires, salue trÚs légÚrement la compagnie, et tirant la belle Saint-Yves à l'écart "Pourquoi vous faire tant attendre? Suivez-moi; voilà vos diamants que vous aviez oubliés." Elle ne put dire ces paroles si bas que l'Ingénu ne les entendÃt il vit les diamants; le frÚre fut interdit; l'oncle et la tante n'éprouvÚrent qu'une surprise de bonnes gens qui n'avaient jamais vu une telle magnificence. Le jeune homme, qui s'était formé par un an de réflexions, en fit malgré lui, et parut troublé un moment. Son amante s'en aperçut; une pùleur mortelle se répandit sur son beau visage, un frisson la saisit, elle se soutenait à peine. "Ah! madame, dit-elle à la fatale amie, vous m'avez perdue! vous me donnez la mort!" Ces paroles percÚrent le coeur de l'Ingénu; mais il avait déjà appris à se posséder; il ne les releva point, de peur d'inquiéter sa maÃtresse devant son frÚre; mais il pùlit comme elle. Saint-Yves, éperdue de l'altération qu'elle apercevait sur le visage de son amant, entraÃne cette femme hors de la chambre dans un petit passage, jette les diamants à terre devant elle. "Ah! ce ne sont pas eux qui m'ont séduite, vous le savez; mais celui qui les a donnés ne me reverra jamais." L'amie les ramassait, et Saint-Yves ajoutait "Qu'il les reprenne ou qu'il vous les donne; allez, ne me rendez plus honteuse de moi-mÃÂȘme." L'ambassadrice enfin, s'en retourna, ne pouvant comprendre les remords dont elle était témoin. La belle Saint-Yves, oppressée, éprouvant dans son corps une révolution qui la suffoquait, fut obligée de se mettre au lit; mais pour n'alarmer personne elle ne parla point de ce qu'elle souffrait, et, ne prétextant que sa lassitude, elle demanda la permission de prendre du repos; mais ce fut aprÚs avoir rassuré la compagnie par des paroles consolantes et flatteuses, et jeté sur son amant des regards qui portaient le feu dans son ùme. Le souper, qu'elle n'animait pas, fut triste dans le commencement, mais de cette tristesse intéressante qui fournit des conversations attachantes et utiles, si supérieures à la frivole joie qu'on recherche, et qui n'est d'ordinaire qu'un bruit importun. Gordon fit en peu de mots l'histoire du jansénisme et du molinisme, des persécutions dont un parti accablait l'autre, et de l'opiniùtreté de tous les deux. L'Ingénu en fit la critique, et plaignit les hommes qui, non contents de tant de discorde que leurs intérÃÂȘts allument, se font de nouveaux maux pour des intérÃÂȘts chimériques, et pour des absurdités inintelligibles. Gordon racontait, l'autre jugeait; les convives écoutaient avec émotion, et s'éclairaient d'une lumiÚre nouvelle. On parla de la longueur de nos infortunes et de la briÚveté de la vie. On remarqua que chaque profession a un vice et un danger qui lui sont attachés, et que, depuis le Prince jusqu'au dernier des mendiants, tout semble accuser la nature. Comment se trouve-t-il tant d'hommes qui, pour si peu d'argent, se font les persécuteurs, les satellites, les bourreaux des autres hommes? Avec quelle indifférence inhumaine un homme en place signe la destruction d'une famille, et avec quelle joie plus barbare des mercenaires l'exécutent! "J'ai vu dans ma jeunesse, dit le bonhomme Gordon, un parent du maréchal de Marillac, qui, étant poursuivi dans sa province pour la cause de cet illustre malheureux, se cachait dans Paris sous un nom supposé. C'était un vieillard de soixante et douze ans. Sa femme, qui l'accompagnait, était à peu prÚs de son ùge. Ils avaient eu un fils libertin qui, à l'ùge de quatorze ans, s'était enfui de la maison paternelle devenu soldat, puis déserteur, il avait passé par tous les degrés de la débauche et de la misÚre; enfin, ayant pris un nom de terre, il était dans les gardes du cardinal de Richelieu car ce prÃÂȘtre, ainsi que le Mazarin, avait des gardes; il avait obtenu un bùton d'exempt dans cette compagnie de satellites. Cet aventurier fut chargé d'arrÃÂȘter le vieillard et son épouse, et s'en acquitta avec toute la dureté d'un homme qui voulait plaire à son maÃtre. Comme il les conduisait, il entendit ces deux victimes déplorer la longue suite des malheurs qu'elles avaient éprouvés depuis leur berceau. Le pÚre et la mÚre comptaient parmi leurs plus grandes infortunes les égarements et la perte de leur fils. Il les reconnut; il ne les conduisit pas moins en prison, en les assurant que Son Eminence devait ÃÂȘtre servie de préférence à tout. Son Eminence récompensa son zÚle. "J'ai vu un espion du pÚre de La Chaise trahir son propre frÚre, dans l'espérance d'un petit bénéfice qu'il n'eut point; et je l'ai vu mourir, non de remords, mais de douleur d'avoir été trompé par le jésuite. L'emploi de confesseur que j'ai longtemps exercé m'a fait connaÃtre l'intérieur des familles; je n'en ai guÚre vu qui ne fussent plongées dans l'amertume, tandis qu'au dehors, couvertes du masque du bonheur, elles paraissaient nager dans la joie; et j'ai toujours remarqué que les grands chagrins étaient le fruit de notre cupidité effrénée. - Pour moi, dit l'Ingénu, je pense qu'une ùme noble, reconnaissante et sensible, peut vivre heureuse; et je compte bien jouir d'une félicité sans mélange avec la belle et généreuse Saint-Yves. Car je me flatte, ajouta-t-il, en s'adressant à son frÚre avec le sourire de l'amitié, que vous ne me refuserez pas, comme l'année passée, et que je m'y prendrai d'une maniÚre plus décente." L'abbé se confondit en excuses du passé et en protestations d'un attachement éternel. L'oncle Kerkabon dit que ce serait le plus beau jour de sa vie. La bonne tante, en s'extasiant et en pleurant de joie, s'écriait "Je vous l'avais bien dit que vous ne seriez jamais sous-diacre! ce sacrement-ci vaut bien mieux que l'autre; plût à Dieu que j'en eusse été honorée! mais je vous servirai de mÚre." Alors ce fut à qui renchérirait sur les louanges de tendre Saint-Yves. Son amant avait le coeur trop plein de ce qu'elle avait fait pour lui, il l'aimait trop pour que l'aventure des diamants eût fait sur son coeur une impression dominante. Mais ces mots qu'il avait trop entendus, vous me donnez la mort, l'effrayaient encore en secret et corrompaient toute sa joie, tandis que les éloges de sa belle maÃtresse augmentaient encore son amour. Enfin on n'était plus occupé que d'elle; on ne parlait que du bonheur que ces deux amants méritaient; on s'arrangeait pour vivre tous ensemble dans Paris; on faisait des projets de fortune et d'agrandissement; on se livrait à toutes ces espérances que la moindre lueur de félicité fait naÃtre si aisément. Mais l'Ingénu, dans le fond de son coeur, éprouvait un sentiment secret qui repoussait cette illusion. Il relisait ces promesses signées Saint-Pouange, et les brevets signés Louvois; on lu dépeignit ces deux hommes tels qu'ils étaient, ou qu'on les croyait ÃÂȘtre. Chacun parla des ministres et du ministÚre avec cette liberté de table regardée en France comme la plus précieuse liberté qu'on puisse goûter sur la terre. "Si j'étais roi de France, dit l'Ingénu, voici le ministre de la guerre que je choisirais je voudrais un homme de la plus haute naissance, par la raison qu'il donne des ordres à la noblesse. J'exigerais qu'il eût été lui-mÃÂȘme officier, qu'il eût passé par tous les grades, qu'il fût au moins lieutenant général des armées, et digne d'ÃÂȘtre maréchal de France car n'est-il pas nécessaire qu'il ait servi lui-mÃÂȘme pour mieux connaÃtre les détails du service? et les officiers n'obéiront-ils pas avec cent fois plus d'allégresse à un homme de guerre, qui aura comme eux signalé son courage, qu'à un homme de cabinet qui ne peut que deviner tout au plus les opérations d'une campagne, quelque esprit qu'il puisse avoir? Je ne serais pas fùché que mon ministre fût généreux, quoique mon garde du trésor royal en fût quelquefois un peu embarrassé. J'aimerais qu'il eût un travail facile, et que mÃÂȘme il se distinguùt par cette gaieté d'esprit, partage d'un homme supérieur aux affaires, qui plaÃt tant à la nation, et qui rend tous les devoirs moins pénibles." Il désirait qu'un ministre eût ce caractÚre; parce qu'il avait toujours remarqué que cette belle humeur est incompatible avec la cruauté. Mons de Louvois n'aurait peut-ÃÂȘtre pas été satisfait des souhaits de l'Ingénu; il avait une autre sorte de mérite. Mais pendant qu'on était à table, la maladie de cette fille malheureuse prenait un caractÚre funeste; son sang s'était allumé, une fiÚvre dévorante s'était déclarée, elle souffrait et ne se plaignait point, attentive à ne pas troubler la joie des convives. Son frÚre, sachant qu'elle ne dormait pas, alla au chevet de son lit; il fut surpris de l'état oÃÂč elle était. Tout le monde accourut; l'amant se présentait à la suite du frÚre. Il était, sans doute, le plus alarmé et le plus attendri de tous; mais il avait appris à joindre la discrétion à tous les dons heureux que la nature lui avait prodigués, et le sentiment prompt des bienséances commençait à dominer dans lui. On fit venir aussitÎt un médecin du voisinage. C'était un de ceux qui visitent leurs malades en courant, qui confondent la maladie qu'ils viennent de voir avec celles qu'ils voient, qui mettent une pratique aveugle dans une science à laquelle toute la maturité d'un discernement sain et réfléchi ne peut Îter son incertitude et ses dangers. Il redoubla le mal par sa précipitation à prescrire un remÚde alors à la mode. De la mode jusque dans la médecine! Cette manie était trop commune dans Paris. La triste Saint-Yves contribuait encore plus que son médecin à rendre sa maladie dangereuse. Son ùme tuait son corps. La foule des pensées qui l'agitaient portait dans ses veines un poison plus dangereux que celui de la fiÚvre la plus brûlante. Chapitre vingtiÚme. La belle Saint-Yves meurt, et ce qui en arrive La belle Saint-Yves meurt, et ce qui en arrive On appela un autre médecin celui-ci, au lieu d'aider la nature et de la laisser agir dans une jeune personne dans qui tous les organes rappelaient la vie, ne fut occupé que de contrecarrer son confrÚre. La maladie devint mortelle en deux jours. Le cerveau, qu'on croit le siÚge de l'entendement, fut attaqué aussi violemment que le coeur, qui est, dit-on, le siÚge des passions. Quelle mécanique incompréhensible a soumis les organes au sentiment et à la pensée? Comment une seule idée douloureuse dérange-t-elle le cours du sang? Et comment le sang à son tour porte-t-il ses irrégularités dans l'entendement humain? Quel est ce fluide inconnu et dont l'existence est certaine, qui, plus prompt, plus actif que la lumiÚre, vole, en moins d'un clin d'oeil, dans tous les canaux de la vie, produit les sensations, la mémoire, la tristesse ou la joie, la raison ou le vertige, rappelle avec horreur ce qu'on voudrait oublier, et fait d'un animal pensant ou un objet d'admiration, ou un sujet de pitié et de larmes? C'était là ce que disait le bon Gordon; et cette réflexion si naturelle, que rarement font les hommes, ne dérobait rien à son attendrissement; car il n'était pas de ces malheureux philosophes qui s'efforcent d'ÃÂȘtre insensibles. Il était touché du sort de cette jeune fille, comme un pÚre qui voit mourir lentement son enfant chéri. L'abbé de Saint-Yves était désespéré, le prieur et sa soeur répandaient des ruisseaux de larmes. Mais qui pourrait peindre l'état de son amant? Nulle langue n'a des expressions qui répondent à ce comble des douleurs; les langues sont trop imparfaites. La tante, presque sans vie, tenait la tÃÂȘte de la mourante dans ses faibles bras; son frÚre était à genoux au pied du lit; son amant pressait sa main, qu'il baignait de pleurs, et éclatait en sanglots il la nommait sa bienfaitrice; son espérance, sa vie, la moitié de lui-mÃÂȘme, sa maÃtresse, son épouse. A ce mot d'épouse elle soupira, le regarda avec une tendresse inexprimable, et soudain jeta un cri d'horreur; puis, dans un de ces intervalles oÃÂč l'accablement, et l'oppression des sens, et les souffrances suspendues, laissent à l'ùme sa liberté et sa force, elle s'écria "Moi, votre épouse! Ah! cher amant, ce nom, ce bonheur, ce prix, n'étaient plus faits pour moi; je meurs, et je le mérite. O dieu de mon coeur! Î vous que j'ai sacrifié à des démons infernaux, c'en est fait, je suis punie, vivez heureux." Ces paroles tendres et terribles ne pouvaient ÃÂȘtre comprises; mais elles portaient dans tous les coeurs l'effroi et l'attendrissement; elle eut le courage de s'expliquer. Chaque mot fit frémir d'étonnement, de douleur et de pitié tous les assistants. Tous se réunissaient à détester l'homme puissant qui n'avait réparé une horrible injustice que par un crime, et qui avait forcé la plus respectable innocence à ÃÂȘtre sa complice. "Qui? vous coupable! lui dit son amant; non, vous ne l'ÃÂȘtes pas; le crime ne peut ÃÂȘtre que dans le coeur, le vÎtre est à la vertu et à moi." Il confirmait ce sentiment par des paroles qui semblaient ramener à la vie la belle Saint-Yves. Elle se sentit consolée, et s'étonnait d'ÃÂȘtre aimée encore. Le vieux Gordon l'aurait condamnée dans le temps qu'il n'était que janséniste; mais, étant devenu sage, il l'estimait, et il pleurait. Au milieu de tant de larmes et de craintes, pendant que le danger de cette fille si chÚre remplissait tous les coeurs, que tout était consterné, on annonce un courrier de la cour. Un courrier! et de qui? et pourquoi? C'était de la part du confesseur du roi pour le prieur de la Montagne; ce n'était pas le pÚre de La Chaise qui écrivait, c'était le frÚre Vadbled, son valet de chambre, homme trÚs important dans ce temps-là , lui qui mandait aux archevÃÂȘques les volontés du révérend pÚre, lui qui donnait audience, lui qui promettait des bénéfices, lui qui faisait quelquefois expédier des lettres de cachet. Il écrivait à l'abbé de la Montagne que "Sa Révérence était informée des aventures de son neveu, que sa prison n'était qu'une méprise, que ces petites disgrùces arrivaient fréquemment, qu'il ne fallait pas y faire attention, et qu'enfin il convenait que lu prieur vÃnt lui présenter son neveu le lendemain, qu'il devait amener avec lui le bonhomme Gordon, que lui frÚre Vadbled les introduirait chez Sa Révérence et chez mons de Louvois, lequel leur dirait un mot dans son antichambre." Il ajoutait que l'histoire de l'Ingénu et son combat contre les Anglais avaient été contés au roi, que sûrement le roi daignerait le remarquer quand il passerait dans la galerie, et peut-ÃÂȘtre mÃÂȘme lui ferait un signe de tÃÂȘte. La lettre finissait par l'espérance dont on le flattait que toutes les dames de la cour s'empresseraient de faire venir son neveu à leurs toilettes, que plusieurs d'entre elles lui diraient "Bonjour, monsieur l'Ingénu"; et qu'assurément il serait question de lui au souper du roi. La lettre était signée "Votre affectionné, Vadbled frÚre jésuite." Le prieur ayant lu la lettre tout haut, son neveu furieux, et commandant un moment à sa colÚre, ne dit rien au porteur; mais se tournant vers le compagnon de ses infortunes, il lui demanda ce qu'il pensait de ce style. Gordon lui répondit "C'est donc ainsi qu'on traite les hommes comme des singes! On les bat et on les fait danser." L'Ingénu, reprenant son caractÚre, qui revient toujours dans les grands mouvements de l'ùme, déchira la lettre par morceaux, et les jeta au nez du courrier "Voilà ma réponse." Son oncle, épouvanté, crut voir le tonnerre et vingt lettres de cachet tomber sur lui. Il alla vite écrire et excuser, comme il put; ce qu'il prenait pour l'emportement d'un jeune homme, et qui était la saillie d'une grande ùme. Mais des soins plus douloureux s'emparaient de tous les coeurs. La belle et infortunée Saint-Yves sentait déjà sa fin approcher; elle était dans le calme, mais dans ce calme affreux de la nature affaissée qui n'a plus la force de combattre. "O mon cher amant! dit-elle d'une voix tombante, la mort me punit de ma faiblesse; mais j'expire avec la consolation de vous savoir libre. Je vous ai adoré en vous trahissant, et je vous adore en vous disant un éternel adieu." Elle ne se parait pas d'une vaine fermeté; elle ne concevait pas cette misérable gloire de faire dire à quelques voisins "Elle est morte avec courage." Qui peut perdre à vingt ans son amant, sa vie, et ce qu'on appelle l'honneur, sans regrets et sans déchirements? Elle sentait toute l'horreur de son état, et le faisait sentir par ces mots et par ces regards mourants qui parlent avec tant d'empire. Enfin elle pleurait comme les autres dans les moments oÃÂč elle eut la force de pleurer. Que d'autres cherchent à louer les morts fastueuses de ceux qui entrent dans la destruction avec insensibilité c'est le sort de tous les animaux. Nous ne mourons comme eux que quand l'ùge ou la maladie nous rend semblables à eux par la stupidité de nos organes. Quiconque fait une grande perte a de grands regrets; s'il les étouffe, c'est qu'il porte la vanité jusque dans les bras de la mort. Lorsque le moment fatal fut arrivé, tous les assistants jetÚrent des larmes et des cris. L'Ingénu perdit l'usage de ses sens. Les ùmes fortes ont des sentiments bien plus violents que les autres quand elles sont tendres. Le bon Gordon le connaissait assez pour craindre qu'étant revenu à lui il ne se donnùt la mort. On écarta toutes les armes; le malheureux jeune homme s'en aperçut; il dit à ses parents et à Gordon, sans pleurer, sans gémir, sans s'émouvoir "Pensez-vous donc qu'il y ait quelqu'un sur la terre qui ait le droit et le pouvoir de m'empÃÂȘcher de finir ma vie?" Gordon se garda bien de lui étaler ces lieux communs fastidieux par lesquels on essaye de prouver qu'il n'est pas permis d'user de sa liberté pour cesser d'ÃÂȘtre quand on est horriblement mal, qu'il ne faut pas sortir de sa maison quand on ne peut plus y demeurer, que l'homme est sur la terre comme un soldat à son poste comme s'il importait à l'Etre des ÃÂȘtres que l'assemblage de quelques parties de matiÚre fût dans un lieu ou dans un autre; raisons impuissantes qu'un désespoir ferme et réfléchi dédaigne d'écouter, et auxquelles Caton ne répondit que par un coup de poignard. Le morne et terrible silence de l'Ingénu; ses yeux sombres, ses lÚvres tremblantes, les frémissements de son corps, portaient dans l'ùme de tous ceux qui le regardaient ce mélange de compassion et d'effroi qui enchaÃne toutes les puissances de l'ùme, qui exclut tout discours, et qui ne se manifeste que par des mots entrecoupés. L'hÎtesse et sa famille étaient accourues; on tremblait de son désespoir, on le gardait à vue, on observait tous ses mouvements. Déjà le corps glacé de la belle Saint-Yves avait été porté dans une salle basse, loin des yeux de son amant, qui semblait la chercher encore, quoiqu'il ne fût plus en état de rien voir. Au milieu de ce spectacle de la mort, tandis que le corps est exposé à la porte de la maison, que deux prÃÂȘtres à cÎté d'un bénitier récitent des priÚres d'un air distrait, que des passants jettent quelques gouttes d'eau bénite sur la biÚre par oisiveté, que d'autres poursuivent leur chemin avec indifférence, que les parents pleurent, et que les amants croient ne pas survivre à leur perte, le Saint-Pouange arrive avec l'amie de Versailles. Son goût passager, n'ayant été satisfait qu'une fois, était devenu de l'amour. Le refus de ses bienfaits l'avait piqué. Le pÚre de La Chaise n'aurait jamais pensé à venir dans cette maison; mais Saint-Pouange ayant tous les jours devant les yeux l'image de la belle Saint-Yves, brûlant d'assouvir une passion qui par une seule jouissance avait enfoncé dans son coeur l'aiguillon des désirs, ne balança pas à venir lui-mÃÂȘme chercher celle qu'il n'aurait pas peut-ÃÂȘtre voulu revoir trois fois si elle était venue d'elle-mÃÂȘme. Il descend de carrosse; le premier objet qui se présente à lui est une biÚre; il détourne les yeux avec ce simple dégoût d'un homme nourri dans les plaisirs, qui pense qu'on doit lui épargner tout spectacle qui pourrait le ramener à la contemplation de la misÚre humaine. Il veut monter. La femme de Versailles demande par curiosité qui on va enterrer; on prononce le nom de mademoiselle de Saint-Yves. A ce nom, elle pùlit et poussa un cri affreux; Saint-Pouange se retourne; la surprise et la douleur remplissent son ùme. Le bon Gordon était là , les yeux remplis de larmes. Il interrompt ses tristes priÚres pour apprendre à l'homme de cour toute cette horrible catastrophe. Il lui parle avec cet empire que donnent la douleur et la vertu. Saint-Pouange n'était point né méchant; le torrent des affaires et des amusements avait emporté son ùme qui ne se connaissait pas encore. Il ne touchait point à la vieillesse, qui endurcit d'ordinaire le coeur des ministres; il écoutait Gordon les yeux baissés, et il en essuyait quelques pleurs qu'il était étonné de répandre il connut le repentir. "Je veux voir absolument, dit-il, cet homme extraordinaire dont vous m'avez parlé; il m'attendrit presque autant que cette innocente victime dont j'ai causé la mort." Gordon le suit jusqu'à la chambre oÃÂč le prieur, la Kerkabon, l'abbé de Saint-Yves et quelques voisins rappelaient à la vie le jeune homme retombé en défaillance. "J'ai fait votre malheur, lui dit le sous-ministre, j'emploierai ma vie à le réparer." La premiÚre idée qui vint à l'Ingénu fut de le tuer, et de se tuer lui-mÃÂȘme aprÚs. Rien n'était plus à sa place; mais il était sans armes et veillé de prÚs. Saint-Pouange ne se rebuta point des refus accompagnés du reproche, du mépris, et de l'horreur qu'il avait mérités, et qu'on lui prodigua. Le temps adoucit tout. Mons de Louvois vint enfin à bout de faire un excellent officier de l'Ingénu, qui a paru sous un autre nom à Paris et dans les armées, avec l'approbation de tous les honnÃÂȘtes gens, et qui a été à la fois un guerrier et un philosophe intrépide. Il ne parlait jamais de cette aventure sans gémir; et cependant sa consolation était d'en parler. Il chérit la mémoire de la tendre Saint-Yves jusqu'au dernier moment de sa vie. L'abbé de Saint-Yves et le prieur eurent chacun un bon bénéfice; la bonne Kerkabon aima mieux voir son neveu dans les honneurs militaires que dans le sous-diaconat. La dévote de Versailles garda les boucles de diamants, et reçut encore un beau présent. Le pÚre Tout-à -tous eut des boÃtes de chocolat, de café, de sucre candi, de citrons confits, avec les Méditations du révérend pÚre Croiset et la Fleur des saints reliées en maroquin. Le bon Gordon vécut avec l'Ingénu jusqu'à sa mort dans la plus intime amitié; il eut un bénéfice aussi, et oublia pour jamais la grùce efficace et le concours concomitant. Il prit pour sa devise malheur est bon à quelque chose. Combien d'honnÃÂȘtes gens dans le monde ont pu dire malheur n'est bon à rien! La Princesse de Babylone I Le vieux Bélus, roi de Babylone, se croyait le premier homme de la terre car tous ses courtisans le lui disaient, et ses historiographes le lui prouvaient. Ce qui pouvait excuser en lui ce ridicule, c'est qu'en effet ses prédécesseurs avaient bùti Babylone plus de trente mille ans avant lui, et qu'il l'avait embellie. On sait que son palais et son parc, situés à quelques parasanges de Babylone, s'étendaient entre l'Euphrate et le Tigre, qui baignaient ces rivages enchantés. Sa vaste maison, de trois mille pas de façade, s'élevait jusqu'aux nues. La plate-forme étaient entourée d'une balustrade de marbre blanc de cinquante pieds de hauteur, qui portait les statues colossales de tous les rois et de tous les grands hommes de l'empire. Cette plate-forme, composée de deux rangs de briques couvertes d'une épaisse surface de plomb d'une extrémité à l'autre, était chargée de douze pieds de terre, et sur cette terre on avait élevé des forÃÂȘts d'oliviers, d'orangers, de citronniers, de palmiers, de gérofliers, de cocotiers, de cannelliers, qui formaient des allées impénétrables aux rayons du soleil. Les eaux de l'Euphrate, élevées par des pompes dans cent colonnes creusées, venaient dans ces jardins remplir de vastes bassins de marbre, et, retombant ensuite par d'autres canaux, allaient former dans le parc des cascades de six mille pieds de longueur, et cent mille jets d'eau dont la hauteur pouvait à peine ÃÂȘtre aperçue elles retournaient ensuite dans l'Euphrate, dont elles étaient parties. Les jardins de Sémiramis, qui étonnÚrent l'Asie plusieurs siÚcles aprÚs, n'étaient qu'une faible imitation de ces antiques merveilles car, du temps de Sémiramis, tout commençait à dégénérer chez les hommes et chez les femmes. Mais ce qu'il y avait de plus admirable à Babylone, ce qui éclipsait tout le reste, était la fille unique du roi, nommée Formosante. Ce fut d'aprÚs ses portraits et ses statues que dans la suite des siÚcles PraxitÚle sculpta son Aphrodite, et celle qu'on nomma la Vénus aux belles fesses. Quelle différence, Î ciel! de l'original aux copies! Aussi Bélus était plus fier de sa fille que de son royaume. Elle avait dix-huit ans il lui fallait un époux digne d'elle; mais oÃÂč le trouver? Un ancien oracle avait ordonné que Formosante ne pourrait appartenir qu'à celui qui tendrait l'arc de Nembrod. Ce Nembrod, le fort chasseur devant le Seigneur, avait laissé un arc de sept pieds babyloniques de haut, d'un bois d'ébÚne plus dur que le fer du mont Caucase qu'on travaille dans les forges de Derbent; et nul mortel, depuis Nembrod, n'avait pu bander cet arc merveilleux. Il était dit encore que le bras qui aurait tendu cet arc tuerait le lion le plus terrible et le plus dangereux qui serait lùché dans le cirque de Babylone. Ce n'était pas tout le bandeur de l'arc, le vainqueur du lion devait terrasser tous ses rivaux; mais il devait surtout avoir beaucoup d'esprit, ÃÂȘtre le plus magnifique des hommes, le plus vertueux, et posséder la chose la plus rare qui fût dans l'univers entier. Il se présenta trois rois qui osÚrent disputer Formosante le pharaon d'Egypte, le shac des Indes, et le grand kan des Scythes. Bélus assigna le jour, et le lieu du combat à l'extrémité de son parc, dans le vaste espace bordé par les eaux de l'Euphrate et du Tigre réunies. On dressa autour de la lice un amphithéùtre de marbre qui pouvait contenir cinq cent mille spectateurs. Vis-à -vis l'amphithéùtre était le trÎne du roi, qui devait paraÃtre avec Formosante, accompagnée de toute la cour; et à droite et à gauche, entre le trÎne et l'amphithéùtre, étaient d'autres trÎnes et d'autres siÚges pour les trois rois et pour tous les autres souverains qui seraient curieux de venir voir cette auguste cérémonie. Le roi d'Egypte arriva le premier, monté sur le boeuf Apis, et tenant en main le sistre d'Isis. Il était suivi de deux mille prÃÂȘtres vÃÂȘtus de robes de lin plus blanches que la neige, de deux mille eunuques, de deux mille magiciens, et de deux mille guerriers. Le roi des Indes arriva bientÎt aprÚs dans un char traÃné par douze éléphants. Il avait une suite encore plus nombreuse et plus brillante que le pharaon d'Egypte. Le dernier qui parut était le roi des Scythes. Il n'avait auprÚs de lui que des guerriers choisis, armés d'arcs et de flÚches. Sa monture était un tigre superbe qu'il avait dompté, et qui était aussi haut que les plus beaux chevaux de Perse. La taille de ce monarque, imposante et majestueuse, effaçait celle de ses rivaux; ses bras nus, aussi nerveux que blancs, semblaient déjà tendre l'arc de Nembrod. Les trois princes se prosternÚrent d'abord devant Bélus et Formosante. Le roi d'Egypte offrit à la princesse les deux plus beaux crocodiles du Nil, deux hippopotames, deux zÚbres, deux rats d'Egypte, et deux momies, avec les livres du grand HermÚs, qu'il croyait ÃÂȘtre ce qu'il y avait de plus rare sur la terre. Le roi des Indes lui offrit cent éléphants qui portaient chacun une tour de bois doré, et mit à ses pieds le Veidam, écrit de la main de Xaca lui-mÃÂȘme. Le roi des Scythes, qui ne savait ni lire ni écrire, présenta cent chevaux de bataille couverts de housses de peaux de renards noirs. La princesse baissa les yeux devant ses amants, et s'inclina avec des grùces aussi modestes que nobles. Bélus fit conduire ces monarques sur les trÎnes qui leur étaient préparés. "Que n'ai-je trois filles! leur dit-il, je rendrais aujourd'hui six personnes heureuses." Ensuite il fit tirer au sort à qui essayerait le premier l'arc de Nembrod. On mit dans un casque d'or les noms des trois prétendants. Celui du roi d'Egypte sortit le premier; ensuite parut le nom du roi des Indes. Le roi scythe, en regardant l'arc et ses rivaux, ne se plaignit point d'ÃÂȘtre le troisiÚme. Tandis qu'on préparait ces brillantes épreuves, vingt mille pages et vingt mille jeunes filles distribuaient sans confusion des rafraÃchissements aux spectateurs entre les rangs des siÚges. Tout le monde avouait que les dieux n'avaient établi les rois que pour donner tous les jours des fÃÂȘtes, pourvu qu'elles fussent diversifiées; que la vie est trop courte pour en user autrement; que les procÚs, les intrigues, la guerre, les disputes des prÃÂȘtres, qui consument la vie humaine, sont des choses absurdes et horribles; que l'homme n'est né que pour la joie; qu'il n'aimerait pas les plaisirs passionnément et continuellement s'il n'était pas formé pour eux; que l'essence de la nature humaine est de se réjouir, et que tout le reste est folie. Cette excellente morale n'a jamais été démentie que par les faits. Comme on allait commencer ces essais, qui devaient décider de la destinée de Formosante, un jeune inconnu monté sur une licorne, accompagné de son valet monté de mÃÂȘme, et portant sur le poing un gros oiseau, se présente à la barriÚre. Les gardes furent surpris de voir en cet équipage une figure qui avait l'air de la divinité. C'était, comme on a dit depuis, le visage d'Adonis sur le corps d'Hercule; c'était la majesté avec les grùces. Ses sourcils noirs et ses longs cheveux blonds, mélange de beauté inconnu à Babylone, charmÚrent l'assemblée tout l'amphithéùtre se leva pour le mieux regarder; toutes les femmes de la cour fixÚrent sur lui des regards étonnés. Formosante elle-mÃÂȘme, qui baissait toujours les yeux, les releva et rougit; les trois rois pùlirent; tous les spectateurs, en comparant Formosante avec l'inconnu, s'écriaient "Il n'y a dans le monde que ce jeune homme qui soit aussi beau que la princesse." Les huissiers, saisis d'étonnement, lui demandÚrent s'il était roi. L'étranger répondit qu'il n'avait pas cet honneur, mais qu'il était venu de fort loin par curiosité pour voir s'il y avait des rois qui fussent dignes de Formosante. On l'introduisit dans le premier rang de l'amphithéùtre, lui, son valet, ses deux licornes, et son oiseau. Il salua profondément Bélus, sa fille, les trois rois, et toute l'assemblée. Puis il prit place en rougissant. Ses deux licornes se couchÚrent à ses pieds, son oiseau se percha sur son épaule, et son valet, qui portait un petit sac, se mit à cÎté de lui. Les épreuves commencÚrent. On tira de son étui d'or l'arc de Nembrod. Le grand maÃtre des cérémonies, suivi de cinquante pages et précédé de vingt trompettes, le présenta au roi d'Egypte, qui le fit bénir par ses prÃÂȘtres; et, l'ayant posé sur la tÃÂȘte du boeuf Apis, il ne douta pas de remporter cette premiÚre victoire. Il descend au milieu de l'arÚne, il essaie, il épuise ses forces, il fait des contorsions qui excitent le rire de l'amphithéùtre, et qui font mÃÂȘme sourire Formosante. Son grand aumÎnier s'approcha de lui "Que Votre Majesté, lui dit-il, renonce à ce vain honneur, qui n'est que celui des muscles et des nerfs; vous triompherez dans tout le reste. Vous vaincrez le lion, puisque vous avez le sabre d'Osiris. La princesse de Babylone doit appartenir au prince qui a le plus d'esprit, et vous avez deviné des énigmes. Elle doit épouser le plus vertueux, vous l'ÃÂȘtes, puisque vous avez été élevé par les prÃÂȘtres d'Egypte. Le plus généreux doit l'emporter, et vous avez donné les deux plus beaux crocodiles et les deux plus beaux rats qui soient dans le Delta. Vous possédez le boeuf Apis et les livres d'HermÚs, qui sont la chose la plus rare de l'univers. Personne ne peut vous disputer Formosante. - Vous avez raison, dit le roi d'Egypte", et il se remit sur son trÎne. On alla mettre l'arc entre les mains du roi des Indes. Il en eut des ampoules pour quinze jours, et se consola en présumant que le roi des Scythes ne serait pas plus heureux que lui. Le Scythe mania l'arc à son tour. Il joignait l'adresse à la force l'arc parut prendre quelque élasticité entre ses mains; il le fit un peu plier, mais jamais il ne put venir à bout de le tendre. L'amphithéùtre, à qui la bonne mine de ce prince inspirait des inclinations favorables, gémit de son peu de succÚs, et jugea que la belle princesse ne serait jamais mariée. Alors le jeune inconnu descendit d'un saut dans l'arÚne, et, s'adressant au roi des Scythes "Que Votre Majesté, lui dit-il, ne s'étonne point de n'avoir pas entiÚrement réussi. Ces arcs d'ébÚne se font dans mon pays; il n'y a qu'un certain tour à donner. Vous avez beaucoup plus de mérite à l'avoir fait plier que je n'en peux avoir à le tendre." AussitÎt il prit une flÚche, l'ajusta sur la corde, tendit l'arc de Membrod, et fit voler la flÚche bien au-delà des barriÚres. Un million de mains applaudit à ce prodige. Babylone retentit d'acclamations, et toutes les femmes disaient "Quel bonheur qu'un si beau garçon ait tant de force!" Il tira ensuite de sa poche une petite lame d'ivoire, écrivit sur cette lame avec une aiguille d'or, attacha la tablette d'ivoire à l'arc, et présenta le tout à la princesse avec une grùce qui ravissait tous les assistants. Puis il alla modestement se remettre à sa place entre son oiseau et son valet. Babylone entiÚre était dans la surprise; les trois rois étaient confondus, et l'inconnu ne paraissait pas s'en apercevoir. Formosante fut encore plus étonnée en lisant sur la tablette d'ivoire attachée à l'arc ces petits vers en beau langage chaldéen L'arc de Nembrod est celui de la guerre; L'arc de l'amour est celui du bonheur; Vous le portez. Par vous ce dieu vainqueur Est devenu le maÃtre de la terre. Trois rois puissants, trois rivaux aujourd'hui, Osent prétendre à l'honneur de vous plaire. Je ne sais pas qui votre coeur préfÚre, Mais l'univers sera jaloux de lui. Ce petit madrigal ne fùcha point la princesse. Il fut critiqué par quelques seigneurs de la vieille cour, qui dirent qu'autrefois dans le bon temps on aurait comparé Bélus au soleil, et Formosante à la lune, son cou à une tour, et sa gorge à un boisseau de froment. Ils dirent que l'étranger n'avait point d'imagination, et qu'il s'écartait des rÚgles de la véritable poésie; mais toutes les dames trouvÚrent les vers fort galants. Elles s'émerveillÚrent qu'un homme qui bandait si bien un arc eût tant d'esprit. La dame d'honneur de la princesse lui dit "Madame, voilà bien des talents en pure perte. De quoi servira à ce jeune homme son esprit et l'arc de Bélus? - A le faire admirer, répondit Formosante. - Ah! dit la dame d'honneur entre ses dents, encore un madrigal, et il pourrait bien ÃÂȘtre aimé." Cependant Bélus, ayant consulté ses mages, déclara qu'aucun des trois rois n'ayant pu bander l'arc de Nembrod, il n'en fallait pas moins marier sa fille, et qu'elle appartiendrait à celui qui viendrait à bout d'abattre le grand lion qu'on nourrissait exprÚs dans sa ménagerie. Le roi d'Egypte, qui avait été élevé dans toute la sagesse de son pays, trouva qu'il était fort ridicule d'exposer un roi aux bÃÂȘtes pour le marier. Il avouait que la possession de Formosante était d'un grand prix; mais il prétendait que, si le lion l'étranglait, il ne pourrait jamais épouser cette belle Babylonienne. Le roi des Indes entra dans les sentiments de l'Egyptien; tous deux conclurent que le roi de Babylone se moquait d'eux; qu'il fallait faire venir des armées pour le punir; qu'ils avaient assez de sujets qui se tiendraient fort honorés de mourir au service de leurs maÃtres, sans qu'il en coûtùt un cheveu à leurs tÃÂȘtes sacrées; qu'ils détrÎneraient aisément le roi de Babylone, et qu'ensuite ils tireraient au sort la belle Formosante. Cet accord étant fait, les deux rois dépÃÂȘchÚrent chacun dans leur pays un ordre exprÚs d'assembler une armée de trois cent mille hommes pour enlever Formosante. Cependant le roi des Scythes descendit seul dans l'arÚne, le cimeterre à la main. Il n'était pas éperdument épris des charmes de Formosante; la gloire avait été jusque-là sa seule passion; elle l'avait conduit à Babylone. Il voulait faire voir que si les rois de l'Inde et de l'Egypte étaient assez prudents pour ne se pas compromettre avec des lions, il était assez courageux pour ne pas dédaigner ce combat, et qu'il réparerait l'honneur du diadÚme. Sa rare valeur ne lui permit pas seulement de se servir du secours de son tigre. Il s'avance seul, légÚrement armé, couvert d'un casque d'acier garni d'or, ombragé de trois queues de cheval blanches comme la neige. On lùche contre lui le plus énorme lion qui ait jamais été nourri dans les montagnes de l'Anti-Liban. Ses terribles griffes semblaient capables de déchirer les trois rois à la fois, et sa vaste gueule de les dévorer. Ses affreux rugissements faisaient retentir l'amphithéùtre. Les deux fiers champions se précipitent l'un contre l'autre d'une course rapide. Le courageux Scythe enfonce son épée dans le gosier du lion, mais la pointe, rencontrant une de ces épaisses dents que rien ne peut percer, se brise en éclats, et le monstre des forÃÂȘts, furieux de sa blessure, imprimait déjà ses ongles sanglants dans les flancs du monarque. Le jeune inconnu, touché du péril d'un si brave prince, se jette dans l'arÚne plus prompt qu'un éclair; il coupe la tÃÂȘte du lion avec la mÃÂȘme dextérité qu'on a vu depuis dans nos carrousels de jeunes chevaliers adroits enlever des tÃÂȘtes de maures ou des bagues. Puis, tirant une petite boÃte, il la présente au roi scythe, en lui disant "Votre Majesté trouvera dans cette petite boÃte le véritable dictame qui croÃt dans mon pays. Vos glorieuses blessures seront guéries en un moment. Le hasard seul vous a empÃÂȘché de triompher du lion; votre valeur n'en est pas moins admirable." Le roi scythe, plus sensible à la reconnaissance qu'à la jalousie, remercia son libérateur, et, aprÚs l'avoir tendrement embrassé, rentra dans son quartier pour appliquer le dictame sur ses blessures. L'inconnu donna la tÃÂȘte du lion à son valet; celui-ci, aprÚs l'avoir lavée à la grande fontaine qui était au-dessous de l'amphithéùtre, et en avoir fait écoule tout le sang, tira un fer de son petit sac, arracha les quarante dents du lion, et mit à leur place quarante diamants d'une égale grosseur. Son maÃtre, avec sa modestie ordinaire, se remit à sa place; il donna la tÃÂȘte du lion à son oiseau "Bel oiseau, dit-il, allez porter aux pieds de Formosante ce faible hommage." L'oiseau part, tenant dans une de ses serres le terrible trophée; il le présente à la princesse en baissant humblement le cou, et en s'aplatissant devant elle. Les quarante brillants éblouirent tous les yeux. On ne connaissait pas encore cette magnificence dans la superbe Babylone l'émeraude, la topaze, le saphir et le pyrope étaient regardés encore comme les plus précieux ornements. Bélus et toute la cour étaient saisis d'admiration. L'oiseau qui offrait ce présent les surprit encore davantage. Il était de la taille d'un aigle, mais ses yeux étaient aussi doux et aussi tendres que ceux de l'aigle sont fiers et menaçants. Son bec était couleur de rose, et semblait tenir quelque chose de la belle bouche de Formosante. Son cou rassemblait toutes les couleurs de l'iris, mais plus vives et plus brillantes. L'or en mille nuances éclatait sur son plumage. Ses pieds paraissaient un mélange d'argent et de pourpre; et la queue des beaux oiseaux qu'on attela depuis au char de Junon n'approchait pas de la sienne. L'attention, la curiosité, l'étonnement, l'extase de toute la cour se partageaient entre les quarante diamants et l'oiseau. Il s'était perché sur la balustrade, entre Bélus et sa fille Formosante; elle le flattait, le caressait, le baisait. Il semblait recevoir ses caresses avec un plaisir mÃÂȘlé de respect. Quand la princesse lui donnait des baisers, il les rendait, et la regardait ensuite avec des yeux attendris. Il recevait d'elle des biscuits et des pistaches, qu'il prenait de sa patte purpurine et argentée, et qu'il portait à son bec avec des grùces inexprimables. Bélus, qui avait considéré les diamants avec attention, jugeait qu'une de ses provinces pouvait à peine payer un présent si riche. Il ordonna qu'on préparùt pour l'inconnu des dons encore plus magnifiques que ceux qui étaient destinés aux trois monarques. "Ce jeune homme, disait-il, est sans doute le fils du roi de la Chine, ou de cette partie du monde qu'on nomme Europe, dont j'ai entendu parler, ou de l'Afrique, qui est, dit-on, voisine du royaume d'Egypte." Il envoya sur-le-champ son grand écuyer complimenter l'inconnu, et lui demander s'il était souverain ou fils du souverain d'un de ces empires, et pourquoi, possédant de si étonnants trésors, il était venu avec un valet et un petit sac. Tandis que le grand écuyer avançait vers l'amphithéùtre pour s'acquitter de sa commission, arriva un autre valet sur une licorne. Ce valet, adressant la parole au jeune homme, lui dit "Ormar, votre pÚre touche à l'extrémité de sa vie, et je suis venu vous en avertir." L'inconnu leva les yeux au ciel, versa des larmes, et ne répondit que par ce mot "Partons." Le grand écuyer, aprÚs avoir fait les compliments de Bélus au vainqueur du lion, au donneur des quarante diamants, au maÃtre du bel oiseau, demanda au valet de quel royaume était souverain le pÚre de ce jeune héros. Le valet répondit "Son pÚre est un vieux berger qui est fort aimé dans le canton." Pendant ce court entretien l'inconnu était déjà monté sur sa licorne. Il dit au grand écuyer "Seigneur, daignez me mettre aux pieds de Bélus et de sa fille. J'ose la supplier d'avoir grand soin de l'oiseau que je lui laisse; il est unique comme elle." En achevant ces mots, il partit comme un éclair; les deux valets le suivirent, et on les perdit de vue. Formosante ne put s'empÃÂȘcher de jeter un grand cri. L'oiseau, se retournant vers l'amphithéùtre oÃÂč son maÃtre avait été assis, parut trÚs affligé de ne le plus voir. Puis regardant fixement la princesse, et frottant doucement sa belle main de son bec; il sembla se vouer à son service. Bélus, plus étonné que jamais, apprenant que ce jeune homme si extraordinaire était le fils d'un berger, ne put le croire. Il fit courir aprÚs lui; mais bientÎt on lui rapporta que les licornes sur lesquelles ces trois hommes couraient ne pouvaient ÃÂȘtre atteintes, et qu'au galop dont elles allaient elles devaient faire cent lieues par jour. II Tout le monde raisonnait sur cette aventure étrange, et s'épuisait en vaines conjectures. Comment le fils d'un berger peut-il donner quarante gros diamants? Pourquoi est-il monté sur une licorne? On s'y perdait; et Formosante, en caressant son oiseau, était plongée dans une rÃÂȘverie profonde. La princesse Aldée, sa cousine issue de germaine, trÚs bien faite, et presque aussi belle que Formosante, lui dit "Ma cousine, je ne sais pas si ce jeune demi-dieu est le fils d'un berger; mais il me semble qu'il a rempli toutes les conditions attachées à votre mariage. Il a bandé l'arc de Nembrod, il a vaincu le lion, il a beaucoup d'esprit puisqu'il a fait pour vous un assez joli impromptu. AprÚs les quarante énormes diamants qu'il vous a donnés, vous ne pouvez nier qu'il ne soit le plus généreux des hommes. Il possédait dans son oiseau ce qu'il y a de plus rare sur la terre. Sa vertu n'a point d'égale, puisque, pouvant demeurer auprÚs de vous, il est parti sans délibérer dÚs qu'il a su que son pÚre était malade. L'oracle est accompli dans tous ses points, excepté dans celui qui exige qu'il terrasse ses rivaux; mais il fait plus, il a sauvé la vie du seul concurrent qu'il pouvait craindre; et, quand il s'agira de battre les deux autres, je crois que vous ne doutez pas qu'il n'en vienne à bout aisément. - Tout ce que vous dites est bien vrai, répondit Formosante; mais est-il possible que le plus grand des hommes, et peut-ÃÂȘtre mÃÂȘme le plus aimable, soit le fils d'un berger?" La dame d'honneur, se mÃÂȘlant de la conversation, dit que trÚs souvent ce mot de berger était appliqué aux rois; qu'on les appelait bergers, parce qu'ils tondent de fort prÚs leur troupeau; que c'était sans doute une mauvaise plaisanterie de son valet; que ce jeune héros n'était venu si mal accompagné que pour faire voir combien son seul mérite était au-dessus du faste des rois, et pour ne devoir Formosante qu'à lui-mÃÂȘme. La princesse ne répondit qu'en donnant à son oiseau mille tendres baisers. On préparait cependant un grand festin pour les trois rois et pour tous les princes qui étaient venus à la fÃÂȘte. La fille et la niÚce du roi devaient en faire les honneurs. On portait chez les rois des présents dignes de la magnificence de Babylone. Bélus, en attendant qu'on servÃt, assembla son conseil sur le mariage de la belle Formosante, et voici comme il parla en grand politique "Je suis vieux, je ne sais plus que faire, ni à qui donner ma fille. Celui qui la méritait n'est qu'un vil berger, le roi des Indes et celui d'Egypte sont des poltrons; le roi des Scythes me conviendrait assez, mais il n'a rempli aucune des conditions imposées. Je vais encore consulter l'oracle. En attendant, délibérez, et nous conclurons suivant ce que l'oracle aura dit car un roi ne doit se conduire que par l'ordre exprÚs des dieux immortels." Alors il va dans sa chapelle; l'oracle lui répond en peu de mots, suivant sa coutume "Ta fille ne sera mariée que quand elle aura couru le monde." Bélus, étonné, revient au conseil, et rapporte cette réponse. Tous les ministres avaient un profond respect pour les oracles; tous convenaient ou feignaient de convenir qu'ils étaient le fondement de la religion; que la raison doit se taire devant eux; que c'est par eux que les rois rÚgnent sur les peuples, et les mages sur les rois; que sans les oracles il n'y aurait ni vertu ni repos sur la terre. Enfin, aprÚs avoir témoigné la plus profonde vénération pour eux, presque tous conclurent que celui-ci était impertinent, qu'il ne fallait pas lui obéir; que rien n'était plus indécent pour une fille, et surtout pour celle du grand roi de Babylone, que d'aller courir sans savoir oÃÂč; que c'était le vrai moyen de n'ÃÂȘtre point mariée, ou de faire un mariage clandestin, honteux et ridicule; qu'en un mot cet oracle n'avait pas le sens commun. Le plus jeune des ministres, nommé Onadase, qui avait plus d'esprit qu'eux, dit que l'oracle entendait sans doute quelque pÚlerinage de dévotion, et qu'il s'offrait à ÃÂȘtre le conducteur de la princesse. Le conseil revint à son avis, mais chacun voulut servir d'écuyer. Le roi décida que la princesse pourrait aller à trois cents parasanges sur le chemin de l'Arabie, à un temple dont le saint avait la réputation de procurer d'heureux mariages aux filles, et que ce serait le doyen du conseil qui l'accompagnerait. AprÚs cette décision on alla souper. III Au milieu des jardins, entre deux cascades, s'élevait un salon ovale de trois cents pieds de diamÚtre, dont la voûte d'azur semée d'étoiles d'or représentait toutes les constellations avec les planÚtes, chacune à leur véritable place, et cette voûte tournait, ainsi que le ciel, par des machines aussi invisibles que le sont celles qui dirigent les mouvements célestes. Cent mille flambeaux enfermés dans des cylindres de cristal de roche éclairaient les dehors et l'intérieur de la salle à manger. Un buffet en gradins portait vingt mille vases ou plats d'or; et vis-à -vis le buffet d'autres gradins étaient remplis de musiciens. Deux autres amphithéùtres étaient chargés, l'un, des fruits de toutes les saisons; l'autre, d'amphores de cristal oÃÂč brillaient tous les vins de la terre. Les convives prirent leurs places autour d'une table de compartiments qui figuraient des fleurs et des fruits, tous en pierres précieuses. La belle Formosante fut placée entre le roi des Indes et celui d'Egypte. La belle Aldée auprÚs du roi des Scythes. Il y avait une trentaine de princes, et chacun d'eux était à cÎté d'une des plus belles dames du palais. Le roi de Babylone au milieu, vis-à -vis de sa fille, paraissait partagé entre le chagrin de n'avoir pu la marier et le plaisir de la garder encore. Formosante lui demanda la permission de mettre son oiseau sur la table à cÎté d'elle. Le roi le trouva trÚs bon. La musique, qui se fit entendre, donna une pleine liberté à chaque prince d'entretenir sa voisine. Le festin parut aussi agréable que magnifique. On avait servi devant Formosante un ragoût que le roi son pÚre aimait beaucoup. La princesse dit qu'il fallait le porter devant Sa Majesté; aussitÎt l'oiseau se saisit du plat avec une dextérité merveilleuse et va le présenter au roi. Jamais on ne fut plus étonné à souper. Bélus lui fit autant de caresses que sa fille. L'oiseau reprit ensuite son vol pour retourner auprÚs d'elle. Il déployait en volant une si belle queue, ses ailes étendues étalaient tant de brillantes couleurs, l'or de son plumage jetait un éclat si éblouissant, que tous les yeux ne regardaient que lui. Tous les concertants cessÚrent leur musique et demeurÚrent immobiles. Personne ne mangeait, personne ne parlait, on n'entendait qu'un murmure d'admiration. La princesse de Babylone le baisa pendant tout le souper, sans songer seulement s'il y avait des rois dans le monde. Ceux des Indes et d'Egypte sentirent redoubler leur dépit et leur indignation, et chacun d'eux se promit bien de hùter la marche de ses trois cent mille hommes pour se venger. Pour le roi des Scythes, il était occupé à entretenir la belle Aldée son coeur altier, méprisant sans dépit les inattentions de Formosante, avait conçu pour elle plus d'indifférence que de colÚre. "Elle est belle, disait-il, je l'avoue; mais elle me paraÃt de ces femmes qui ne sont occupées que de leur beauté, et qui pensent que le genre humain doit leur ÃÂȘtre bien obligé quand elles daignent se laisser voir en public. On n'adore point des idoles dans mon pays. J'aimerais mieux une laideron complaisante et attentive que cette belle statue. Vous avez, madame, autant de charmes qu'elle, et vous daignez au moins faire conversation avec les étrangers. Je vous avoue, avec la franchise d'un Scythe, que je vous donne la préférence sur votre cousine." Il se trompait pourtant sur le caractÚre de Formosante elle n'était pas si dédaigneuse qu'elle le paraissait; mais son compliment fut trÚs bien reçu de la princesse Aldée. Leur entretien devint fort intéressant ils étaient trÚs contents, et déjà sûrs l'un de l'autre avant qu'on sortÃt de table. AprÚs le souper, on alla se promener dans les bosquets. Le roi des Scythes et Aldée ne manquÚrent pas de chercher un cabinet solitaire. Aldée, qui était la franchise mÃÂȘme, parla ainsi à ce prince "Je ne hais point ma cousine, quoiqu'elle soit plus belle que moi, et qu'elle soit destinée au trÎne de Babylone l'honneur de vous plaire me tient lieu d'attraits. Je préfÚre la Scythie avec vous à la couronne de Babylone sans vous; mais cette couronne m'appartient de droit, s'il y a des droits dans le monde car je suis de la branche aÃnée de Nembrod; et Formosante n'est que de la cadette. Son grand-pÚre détrÎna le mien, et le fit mourir. - Telle est donc la force du sang dans la maison de Babylone! dit le Scythe. Comment s'appelait votre grand-pÚre? - Il se nommait Aldée, comme moi. Mon pÚre avait le mÃÂȘme nom il fut relégué au fond de l'empire avec ma mÚre; et Bélus, aprÚs leur mort, ne craignant rien de moi, voulut bien m'élever auprÚs de sa fille; mais il a décidé que je ne serais jamais mariée. - Je veux venger votre pÚre, et votre grand-pÚre, et vous, dit le roi des Scythes. Je vous réponds que vous serez mariée; je vous enlÚverai aprÚs-demain de grand matin, car il faut dÃner demain avec le roi de Babylone, et je reviendrai soutenir vos droits avec une armée de trois cent mille hommes. - Je le veux bien", dit la belle Aldée; et, aprÚs s'ÃÂȘtre donné leur parole d'honneur, ils se séparÚrent. Il y avait longtemps que l'incomparable Formosante s'était allée coucher. Elle avait fait placer à cÎté de son lit un petit oranger dans une caisse d'argent pour y faire reposer son oiseau. Ses rideaux étaient fermés; mais elle n'avait nulle envie de dormir. Son coeur et son imagination étaient trop éveillés. Le charmant inconnu était devant ses yeux; elle le voyait tirant une flÚche avec l'arc de Nembrod; elle le contemplait coupant la tÃÂȘte du lion; elle récitait son madrigal; enfin elle le voyait s'échapper de la foule, monté sur sa licorne; alors elle éclatait en sanglots; elle s'écriait avec larmes "Je ne le reverrai donc plus; il ne reviendra pas. - Il reviendra, madame, lui répondit l'oiseau du haut de son oranger; peut-on vous avoir vue, et ne pas vous revoir? - O ciel! Î puissances éternelles! mon oiseau parle le pur chaldéen!" En disant ces mots, elle tire ses rideaux, lui tend les bras; se met à genoux sur son lit "Etes-vous un dieu descendu sur la terre? ÃÂȘtes-vous le grand Orosmade caché sous ce beau plumage? Si vous ÃÂȘtes un dieu, rendez-moi ce beau jeune homme. - Je ne suis qu'une volatile, répliqua l'autre; mais je naquis dans le temps que toutes les bÃÂȘtes parlaient encore, et que les oiseaux, les serpents, les ùnesses, les chevaux, et les griffons s'entretenaient familiÚrement avec les hommes. Je n'ai pas voulu parler devant le monde, de peur que vos dames d'honneur ne me prissent pour un sorcier je ne veux me découvrir qu'à vous." Formosante, interdite, égarée, enivrée de tant de merveilles, agitée de l'empressement de faire cent questions à la fois, lui demanda d'abord quel ùge il avait. "Vingt-sept mille neuf cents ans et six mois, madame; je suis de l'ùge de la petite révolution du ciel que vos mages appellent la précession des équinoxes et qui s'accomplit en prÚs de vingt-huit mille de vos années. Il y a des révolutions infiniment plus longues aussi nous avons des ÃÂȘtres beaucoup plus vieux que moi. Il y a vingt-deux mille ans que j'appris le chaldéen dans un de mes voyages. J'ai toujours conservé beaucoup de goût pour la langue chaldéenne; mais les autres animaux mes confrÚres ont renoncé à parler dans vos climats. - Et pourquoi cela, mon divin oiseau? - Hélas! c'est parce que les hommes ont pris enfin l'habitude de nous manger, au lieu de converser et de s'instruire avec nous. Les barbares! ne devaient-ils pas ÃÂȘtre convaincus qu'ayant les mÃÂȘmes organes qu'eux, les mÃÂȘmes sentiments, les mÃÂȘmes besoins, les mÃÂȘmes désirs, nous avions ce qui s'appelle une ùme tout comme eux; que nous étions leurs frÚres, et qu'il ne fallait cuire et manger que les méchants? Nous sommes tellement vos frÚres que le grand Etre, l'Etre éternel et formateur, ayant fait un pacte avec les hommes, nous comprit expressément dans le traité. Il vous défendit de vous nourrir de notre sang, et à nous, de sucer le vÎtre. "Les fables de votre ancien Locman, traduites en tant de langues, seront un témoignage éternellement subsistant de l'heureux commerce que vous avez eu autrefois avec nous. Elles commencent toutes par ces mots Du temps que les bÃÂȘtes parlaient. Il est vrai qu'il y a beaucoup de femmes parmi vous qui parlent toujours à leurs chiens; mais ils ont résolu de ne point répondre depuis qu'on les a forcés à coups de fouet d'aller à la chasse, et d'ÃÂȘtre les complices du meurtre de nos anciens amis communs, les cerfs, les daims, les liÚvres et les perdrix. Vous avez encore d'anciens poÚmes dans lesquels les chevaux parlent, et vos cochers leur adressent la parole tous les jours; mais c'est avec tant de grossiÚreté, et en prononçant des mots si infùmes, que les chevaux, qui vous aimaient tant autrefois, vous détestent aujourd'hui. Le pays oÃÂč demeure votre charmant inconnu, le plus parfait des hommes, est demeuré le seul oÃÂč votre espÚce sache encore aimer la nÎtre et lui parler; et c'est la seule contrée de la terre oÃÂč les hommes soient justes. - Et oÃÂč est-il ce pays de mon cher inconnu? quel est le nom de ce héros? comment se nomme son empire? car je ne croirai pas plus qu'il est un berger que je ne crois que vous ÃÂȘtes une chauve-souris. - Son pays, madame, est celui des Gangarides, peuple vertueux et invincible qui habite la rive orientale du Gange. Le nom de mon ami est Amazan. Il n'est pas roi, et je ne sais mÃÂȘme s'il voudrait s'abaisser à l'ÃÂȘtre; il aime trop ses compatriotes il est berger comme eux. Mais n'allez pas vous imaginer que ces bergers ressemblent aux vÎtres, qui, couverts à peine de lambeaux déchirés, gardent des moutons infiniment mieux habillés qu'eux; qui gémissent sous le fardeau de la pauvreté, et qui payent à un exacteur la moitié des gages chétifs qu'ils reçoivent de leurs maÃtres. Les bergers gangarides, nés tous égaux, sont les maÃtres des troupeaux innombrables qui couvrent leurs prés éternellement fleuris. On ne les tue jamais c'est un crime horrible vers le Gange de tuer et de manger son semblable. Leur laine, plus fine et plus brillante que la plus belle soie, est le plus grand commerce de l'Orient. D'ailleurs la terre des Gangarides produit tout ce qui peut flatter les désirs de l'homme. Ces gros diamants qu'Amazan a eu l'honneur de vous offrir sont d'une mine qui lui appartient. Cette licorne que vous l'avez vu monter est la monture ordinaire des Gangarides. C'est le plus bel animal, le plus fier, le plus terrible, et le plus doux qui orne la terre. Il suffirait de cent Gangarides et de cent licornes pour dissiper des armées innombrables. Il y a environ deux siÚcles qu'un roi des Indes fut assez fou pour vouloir conquérir cette nation il se présenta suivi de dix mille éléphants et d'un million de guerriers. Les licornes percÚrent les éléphants; comme j'ai vu sur votre table des mauviettes enfilées dans des brochettes d'or. Les guerriers tombaient sous le sabre des Gangarides comme les moissons de riz sont coupées par les mains des peuples de l'Orient. On prit le roi prisonnier avec plus de six cent mille hommes. On le baigna dans les eaux salutaires du Gange; on le mit au régime du pays, qui consiste à ne se nourrir que de végétaux prodigués par la nature pour nourrir tout ce qui respire. Les hommes alimentés de carnage et abreuvés de liqueurs fortes ont tous un sang aigri et aduste qui les rend fous en cent maniÚres différentes. Leur principale démence est la fureur de verser le sang de leurs frÚres, et de dévaster des plaines fertiles pour régner sur des cimetiÚres. On employa six mois entiers à guérir le roi des Indes de sa maladie. Quand les médecins eurent enfin jugé qu'il avait le pouls plus tranquille et l'esprit plus rassis, ils en donnÚrent le certificat au conseil des Gangarides. Ce conseil, ayant pris l'avis des licornes, renvoya humainement le roi des Indes, sa sotte cour et ses imbéciles guerriers dans leur pays. Cette leçon les rendit sages, et, depuis ce temps, les Indiens respectÚrent les Gangarides, comme les ignorants qui voudraient s'instruire respectent parmi vous les philosophes chaldéens, qu'ils ne peuvent égaler. - A propos, mon cher oiseau, lui dit la princesse, y a-t-il une religion chez les Gangarides? - S'il y en a une? Madame, nous nous assemblons pour rendre grùces à Dieu, les jours de la pleine lune, les hommes dans un grand temple de cÚdre, les femmes dans un autre, de peur des distractions; tous les oiseaux dans un bocage, les quadrupÚdes sur une belle pelouse. Nous remercions Dieu de tous les biens qu'il nous a faits. Nous avons surtout des perroquets qui prÃÂȘchent à merveille. "Telle est la patrie de mon cher Amazan; c'est là que je demeure; j'ai autant d'amitié pour lui qu'il vous a inspiré d'amour. Si vous m'en croyez, nous partirons ensemble, et vous irez lui rendre sa visite. - Vraiment, mon oiseau, vous faites là un joli métier, répondit en souriant la princesse, qui brûlait d'envie de faire le voyage, et qui n'osait le dire. - Je sers mon ami, dit l'oiseau; et, aprÚs le bonheur de vous aimer, le plus grand est celui de servir vos amours." Formosante ne savait plus oÃÂč elle en était; elle se croyait transportée hors de la terre. Tout ce qu'elle avait vu dans cette journée, tout ce qu'elle voyait, tout ce qu'elle entendait, et surtout ce qu'elle sentait dans son coeur, la plongeait dans un ravissement qui passait de bien loin celui qu'éprouvent aujourd'hui les fortunés musulmans quand, dégagés de leurs liens terrestres, ils se voient dans le neuviÚme ciel entre les bras de leurs houris, environnés et pénétrés de la gloire et de la félicité célestes. IV Elle passa toute la nuit à parler d'Amazan. Elle ne l'appelait plus que son berger; et c'est depuis ce temps-là que les noms de berger et d'amant sont toujours employés l'un pour l'autre chez quelques nations. TantÎt elle demandait à l'oiseau si Amazan avait eu d'autres maÃtresses. Il répondait que non, et elle était au comble de la joie. TantÎt elle voulait savoir à quoi il passait sa vie; et elle apprenait avec transport qu'il l'employait à faire du bien, à cultiver les arts, à pénétrer les secrets de la nature, à perfectionner son ÃÂȘtre. TantÎt elle voulait savoir si l'ùme de son oiseau était de la mÃÂȘme nature que celle de son amant; pourquoi il avait vécu prÚs de vingt-huit mille ans, tandis que son amant n'en avait que dix-huit ou dix-neuf. Elle faisait cent questions pareilles, auxquelles l'oiseau répondait avec une discrétion qui irritait sa curiosité. Enfin, le sommeil ferma leurs yeux, et livra Formosante à la douce illusion des songes envoyés par les dieux, qui surpassent quelquefois la réalité mÃÂȘme, et que toute la philosophie des Chaldéens a bien de la peine à expliquer. Formosante ne s'éveilla que trÚs tard. Il était petit jour chez elle quand le roi son pÚre entra dans sa chambre. L'oiseau reçut Sa Majesté avec une politesse respectueuse, alla au-devant de lui, battit des ailes, allongea son cou, et se remit sur son oranger. Le roi s'assit sur le lit de sa fille, que ses rÃÂȘves avaient encore embellie. Sa grande barbe s'approcha de ce beau visage, et aprÚs lui avoir donné deux baisers, il lui parla en ces mots "Ma chÚre fille, vous n'avez pu trouver hier un mari, comme je l'espérais; il vous en faut un pourtant le salut de mon empire l'exige. J'ai consulté l'oracle, qui, comme vous savez, ne ment jamais, et qui dirige toute ma conduite. Il m'a ordonné de vous faire courir le monde. Il faut que vous voyagiez. - Ah! chez les Gangarides sans doute", dit la princesse; et en prononçant ces mots, qui lui échappaient, elle sentit bien qu'elle disait une sottise. Le roi, qui ne savait pas un mot de géographie, lui demanda ce qu'elle entendait par des Gangarides. Elle trouva aisément une défaite. Le roi lui apprit qu'il fallait faire un pÚlerinage; qu'il avait nommé les personnes de sa suite, le doyen des conseillers d'Etat, le grand aumÎnier, une dame d'honneur, un médecin, un apothicaire, et son oiseau, avec tous les domestiques convenables. Formosante, qui n'était jamais sortie du palais du roi son pÚre, et qui jusqu'à la journée des trois rois et d'Amazan n'avait mené qu'une vie trÚs insipide dans l'étiquette du faste et dans l'apparence des plaisirs, fut ravie d'avoir un pÚlerinage à faire. "Qui sait, disait-elle tout bas à son coeur, si les dieux n'inspireront pas à mon cher Gangaride le mÃÂȘme désir d'aller à la mÃÂȘme chapelle, et si je n'aurai pas le bonheur de revoir le pÚlerin?" Elle remercia tendrement son pÚre, en lui disant qu'elle avait eu toujours une secrÚte dévotion pour le saint chez lequel on l'envoyait. Bélus donna un excellent dÃner à ses hÎtes; il n'y avait que des hommes. C'étaient tous gens fort mal assortis rois, princes, ministres, pontifes, tous jaloux les uns des autres, tous pesant leurs paroles, tous embarrassés de leurs voisins et d'eux-mÃÂȘmes. Le repas fut triste, quoiqu'on y bût beaucoup. Les princesses restÚrent dans leurs appartements, occupées chacune de leur départ. Elles mangÚrent à leur petit couvert. Formosante ensuite alla se promener dans les jardins avec son cher oiseau, qui, pour l'amuser, vola d'arbre en arbre en étalant sa superbe queue et son divin plumage. Le roi d'Egypte, qui était chaud de vin, pour ne pas dire ivre, demanda un arc et des flÚches à un de ses pages. Ce prince était à la vérité l'archer le plus maladroit de son royaume. Quand il tirait au blanc, la place oÃÂč l'on était le plus en sûreté était le but oÃÂč il visait. Mais le bel oiseau, en volant aussi rapidement que la flÚche, se présenta lui-mÃÂȘme au coup, et tomba tout sanglant entre les bras de Formosante. L'Egyptien, en riant d'un sot rire, se retira dans son quartier. La princesse perça le ciel de ses cris, fondit en larmes, se meurtrit les joues et la poitrine. L'oiseau mourant lui dit tout bas "Brûlez-moi, et ne manquez pas de porter mes cendres vers l'Arabie Heureuse, à l'orient de l'ancienne ville d'Aden ou d'Eden, et de les exposer au soleil sur un petit bûcher de gérofle et de cannelle." AprÚs avoir proféré ces paroles, il expira. Formosante resta longtemps évanouie et ne revit le jour que pour éclater en sanglots. Son pÚre, partageant sa douleur et faisant des imprécations contre le roi d'Egypte, ne douta pas que cette aventure n'annonçùt un avenir sinistre. Il alla vite consulter l'oracle de sa chapelle. L'oracle répondit "Mélange de tout; mort vivant, infidélité et constance, perte et gain, calamités et bonheur." Ni lui ni son conseil n'y purent rien comprendre; mais enfin il était satisfait d'avoir rempli ses devoirs de dévotion. Sa fille, éplorée, pendant qu'il consultait l'oracle, fit rendre à l'oiseau les honneurs funÚbres qu'il avait ordonnés, et résolut de le porter en Arabie au péril de ses jours. Il fut brûlé dans du lin incombustible avec l'oranger sur lequel il avait couché; elle en recueillit la cendre dans un petit vase d'or tout entouré d'escarboucles et des diamants qu'on Îta de la gueule du lion. Que ne put-elle, au lieu d'accomplir ce devoir funeste, brûler tout en vie le détestable roi d'Egypte! C'était là tout son désir. Elle fit tuer, dans son dépit, les deux crocodiles, ses deux hippopotames, ses deux zÚbres, ses deux rats, et fit jeter ses deux momies dans l'Euphrate; si elle avait tenu son boeuf Apis, elle ne l'aurait pas épargné. Le roi d'Egypte, outré de cet affront, partit sur-le-champ pour faire avancer ses trois cent mille hommes. Le roi des Indes, voyant partir son allié, s'en retourna le jour mÃÂȘme, dans le ferme dessein de joindre ses trois cent mille Indiens à l'armée égyptienne. Le roi de Scythie délogea dans la nuit avec la princesse Aldée, bien résolu de venir combattre pour elle à la tÃÂȘte de trois cent mille Scythes, et de lui rendre l'héritage de Babylone, qui lui était dû, puisqu'elle descendait de la branche aÃnée. De son cÎté la belle Formosante se mit en route à trois heures du matin avec sa caravane de pÚlerins, se flattant bien qu'elle pourrait aller en Arabie exécuter les derniÚres volontés de son oiseau, et que la justice des dieux immortels lui rendrait son cher Amazan sans qui elle ne pouvait plus vivre. Ainsi, à son réveil, le roi de Babylone ne trouva plus personne. "Comme les grandes fÃÂȘtes se terminent, disait-il, et comme elles laissent un vide étonnant dans l'ùme, quand le fracas est passé." Mais il fut transporté d'une colÚre vraiment royale lorsqu'il apprit qu'on avait enlevé la princesse Aldée. Il donna ordre qu'on éveillùt tous ses ministres, et qu'on assemblùt le conseil. En attendant qu'ils vinssent, il ne manqua pas de consulter son oracle; mais il ne put jamais en tirer que ces paroles si célÚbres depuis dans tout l'univers Quand on ne marie pas les filles, elles se marient elles-mÃÂȘmes. AussitÎt l'ordre fut donné de faire marcher trois cent mille hommes contre le roi des Scythes. Voilà donc la guerre la plus terrible allumée de tous les cÎtés; et elle fut produite par les plaisirs de la plus belle fÃÂȘte qu'on ait jamais donnée sur la terre. L'Asie allait ÃÂȘtre désolée par quatre armées de trois cent mille combattants chacune. On sent bien que la guerre de Troie, qui étonna le monde quelques siÚcles aprÚs, n'était qu'un jeu d'enfants en comparaison; mais aussi on doit considérer que dans la querelle des Troyens il ne s'agissait que d'une vieille femme fort libertine qui s'était fait enlever deux fois, au lieu qu'ici il s'agissait de deux filles et d'un oiseau. Le roi des Indes allait attendre son armée sur le grand et magnifique chemin qui conduisait alors en droiture de Babylone à Cachemire. Le roi des Scythes courait avec Aldée par la belle route qui menait au mont ImmaĂƒÂŒs. Tous ces chemins ont disparu dans la suite par le mauvais gouvernement. Le roi d'Egypte avait marché à l'occident, et cÎtoyait la petite mer Méditerranée, que les ignorants Hébreux ont depuis nommée la Grande Mer. A l'égard de la belle Formosante, elle suivait le chemin de Bassora, planté de hauts palmiers qui fournissaient un ombrage éternel et des fruits dans toutes les saisons. Le temple oÃÂč elle allait en pÚlerinage était dans Bassora mÃÂȘme. Le saint à qui ce temple avait été dédié était à peu prÚs dans le goût de celui qu'on adora depuis à Lampsaque. Non seulement il procurait des maris aux filles, mais il tenait lieu souvent de mari. C'était le saint le plus fÃÂȘté de toute l'Asie. Formosante ne se souciait point du tout du saint de Bassora elle n'invoquait que son cher berger gangaride, son bel Amazan. Elle comptait s'embarquer à Bassora, et entrer dans l'Arabie Heureuse pour faire ce que l'oiseau mort avait ordonné. A la troisiÚme couchée, à peine était-elle entrée dans une hÎtellerie oÃÂč se fourriers avaient tout préparé pour elle, qu'elle apprit que le roi d'Egypte y entrait aussi. Instruit de la marche de la princesse par ses espions, il avait sur-le-champ changé de route, suivi d'une nombreuse escorte. Il arrive; il fait placer des sentinelles à toutes les portes; il monte dans la chambre de la belle Formosante, et lui dit "Mademoiselle, c'est vous précisément que je cherchais; vous avez fait trÚs peu de cas de moi lorsque j'étais à Babylone; il est juste de punir les dédaigneuses et les capricieuses vous aurez, s'il vous plaÃt, la bonté de souper avec moi ce soir; vous n'aurez point d'autre lit que le mien, et je me conduirai avec vous selon que j'en serai content." Formosante vit bien qu'elle n'était pas la plus forte; elle savait que le bon esprit consiste à se conformer à sa situation; elle prit le parti de se délivrer du roi d'Egypte par une innocente adresse elle le regarda du coin de l'oeil, ce qui plusieurs siÚcles aprÚs s'est appelé lorgner; et voici comme elle lui parla avec une modestie, une grùce, une douceur, un embarras, et une foule de charmes qui auraient rendu fou le plus sage des hommes, et aveuglé le plus clairvoyant "Je vous avoue, monsieur, que je baissai toujours les yeux devant vous quand vous fÃtes l'honneur au roi mon pÚre de venir chez lui. Je craignais mon coeur, je craignais ma simplicité trop naïve je tremblais que mon pÚre et vos rivaux ne s'aperçussent de la préférence que je vous donnais, et que vous méritez si bien. Je puis à présent me livrer à mes sentiments. Je jure par le boeuf Apis, qui est, aprÚs vous, tout ce que je respecte le plus au monde, que vos propositions m'ont enchantée. J'ai déjà soupé avec vous chez le roi mon pÚre; j'y souperai encore bien ici sans qu'il soit de la partie; tout ce que je vous demande, c'est que votre grand aumÎnier boive avec nous; il m'a paru à Babylone un trÚs bon convive; j'ai d'excellent vin de Chiras, je veux vous en faire goûter à tous deux A l'égard de votre seconde proposition, elle est trÚs engageante; mais il ne convient pas à une fille bien née d'en parler qu'il vous suffise de savoir que je vous regarde comme le plus grand des rois et le plus aimable des hommes." Ce discours fit tourner la tÃÂȘte au roi d'Egypte; il voulut bien que l'aumÎnier fût en tiers. "J'ai encore une grùce à vous demander, lui dit la princesse; c'est de permettre que mon apothicaire vienne me parler les filles ont toujours de certaines petites incommodités qui demandent de certains soins, comme vapeurs de tÃÂȘte, battements de coeur, coliques, étouffements, auxquels il faut mettre un certain ordre dans de certaines circonstances; en un mot, j'ai un besoin pressant de mon apothicaire, et j'espÚre que vous ne me refuserez pas cette légÚre marque d'amour. - Mademoiselle, lui répondit le roi d'Egypte, quoiqu'un apothicaire ait des vues précisément opposées aux miennes, et que les objets de son art soient le contraire de ceux du mien, je sais trop bien vivre pour vous refuser une demande si juste je vais ordonner qu'il vienne vous parler en attendant le souper; je conçois que vous devez ÃÂȘtre un peu fatiguée du voyage; vous devez aussi avoir besoin d'une femme de chambre, vous pourrez faire venir celle qui vous agréera davantage; j'attendrai ensuite vos ordres et votre commodité." Il se retira; l'apothicaire et la femme de chambre nommée Irla arrivÚrent. La princesse avait en elle une entiÚre confiance; elle lui ordonna de faire apporter six bouteilles de vin de Chiras pour le souper, et d'en faire boire de pareil à tous les sentinelles qui tenaient ses officiers aux arrÃÂȘts; puis elle recommanda à l'apothicaire de faire mettre dans toutes les bouteilles certaines drogues de sa pharmacie qui faisaient dormir les gens vingt-quatre heures, et dont il était toujours pourvu. Elle fut ponctuellement obéie. Le roi revint avec le grand aumÎnier au bout d'une demi-heure; le souper fut trÚs gai; le roi et le prÃÂȘtre vidÚrent les six bouteilles, et avouÚrent qu'il n'y avait pas de si bon vin en Egypte; la femme de chambre eut soin d'en faire boire aux domestiques qui avaient servi. Pour la princesse, elle eut grande attention de n'en point boire, disant que son médecin l'avait mise au régime. Tout fut bientÎt endormi. L'aumÎnier du roi d'Egypte avait la plus belle barbe que pût porter un homme de sa sorte. Formosante la coupa trÚs adroitement; puis, l'ayant fait coudre à un petit ruban, elle l'attacha à son menton. Elle s'affubla de la robe du prÃÂȘtre et de toutes les marques de sa dignité, habilla sa femme de chambre en sacristain de la déesse Isis; enfin, s'étant munie de son urne et de ses pierreries, elle sortit de l'hÎtellerie à travers les sentinelles, qui dormaient comme leur maÃtre. La suivante avait eu soin de faire tenir à la porte deux chevaux prÃÂȘts. La princesse ne pouvait mener avec elle aucun des officiers de sa suite ils auraient été arrÃÂȘtés par les grandes gardes. Formosante et Irla passÚrent à travers des haies de soldats qui, prenant la princesse pour le grand prÃÂȘtre, l'appelaient mon révérendissime pÚre en Dieu, et lui demandaient sa bénédiction. Les deux fugitives arrivent en vingt-quatre heures à Bassora, avant que le roi fût éveillé. Elles quittÚrent alors leur déguisements; qui eût pu donner des soupçons. Elles frétÚrent au plus vite un vaisseau qui les porta, par le détroit d'Ormus, au beau rivage d'Eden, dans l'Arabie Heureuse. C'est cet Eden dont les jardins furent si renommés qu'on en fit depuis la demeure des justes; ils furent le modÚle des Champs Elysées, des jardins des Hespérides, et de ceux des Ãles Fortunées car, dans ces climats chauds, les hommes n'imaginÚrent point de plus grande béatitude que les ombrages et les murmures de eaux. Vivre éternellement dans les cieux avec l'Etre suprÃÂȘme, ou aller se promener dans le jardin, dans le paradis, fut la mÃÂȘme chose pour les hommes, qui parlent toujours sans s'entendre, et qui n'ont pu guÚre avoir encore d'idées nettes ni d'expressions justes. DÚs que la princesse se vit dans cette terre, son premier soin fut de rendre à son cher oiseau les honneurs funÚbres qu'il avait exigés d'elle. Ses belles mains dressÚrent un petit bûcher de gérofle et de cannelle. Quelle fut sa surprise lorsqu'ayant répandu les cendres de l'oiseau sur ce bûcher, elle le vit s'enflammer de lui-mÃÂȘme! Tout fut bientÎt consumé. Il ne parut, à la place des cendres, qu'un gros oeuf dont elle vit sortir son oiseau plus brillant qu'il ne l'avait jamais été. Ce fut le plus beau des moments que la princesse eût éprouvés dans toute sa vie; il n'y en avait qu'un qui pût lui ÃÂȘtre plus cher elle le désirait, mais elle ne l'espérait pas. "Je vois bien, dit-elle à l'oiseau, que vous ÃÂȘtes le phénix dont on m'avait tant parlé. Je suis prÃÂȘte à mourir d'étonnement et de joie. Je ne croyais point à la résurrection; mais mon bonheur m'en a convaincue. - La résurrection, madame, lui dit le phénix, est la chose du monde la plus simple. Il n'est pas plus surprenant de naÃtre deux fois qu'une. Tout est résurrection dans ce monde; les chenilles ressuscitent en papillons; un noyau mis en terre ressuscite en arbre; tous les animaux ensevelis dans la terre ressuscitent en herbes, en plantes, et nourrissent d'autres animaux dont ils font bientÎt une partie de la substance toutes les particules qui composaient les corps sont changées en différents ÃÂȘtres. Il est vrai que je suis le seul à qui le puissant Orosmade ait fait la grùce de ressusciter dans sa propre nature." Formosante, qui, depuis le jour qu'elle vit Amazan et le phénix pour la premiÚre fois, avait passé toutes ses heures à s'étonner, lui dit "Je conçois bien que le grand Etre ait pu former de vos cendres un phénix à peu prÚs semblable à vous; mais que vous soyez précisément la mÃÂȘme personne, que vous ayez la mÃÂȘme ùme, j'avoue que je ne le comprends pas bien clairement. Qu'est devenue votre ùme pendant que je vous portais dans ma poche aprÚs votre mort? - Eh! mon Dieu! madame, n'est-il pas aussi facile au grand Orosmade de continuer son action sur une petite étincelle de moi-mÃÂȘme que de commencer cette action? Il m'avait accordé auparavant le sentiment, la mémoire et la pensée; il me les accorde encore; qu'il ait attaché cette faveur à un atome de feu élémentaire caché dans moi, ou à l'assemblage de mes organes, cela ne fait rien au fond les phénix et les homme ignoreront toujours comment la chose se passe; mais la plus grande grùce que l'Etre suprÃÂȘme m'ait accordée est de me faire renaÃtre pour vous. Que ne puis-je passer les vingt-huit mille ans que j'ai encore à vivre jusqu'à ma prochaine résurrection entre vous et mon cher Amazan! - Mon phénix, lui repartit la princesse, songez que les premiÚres paroles que vous me dÃtes à Babylone, et que je n'oublierai jamais, me flattÚrent de l'espérance de revoir ce cher berger que j'idolùtre il faut absolument que nous allions ensemble chez les Gangarides, et que je le ramÚne à Babylone. - C'est bien mon dessein, dit le phénix; il n'y a pas un moment à perdre. Il faut aller trouver Amazan par le plus court chemin, c'est-à -dire par les airs. Il y a dans l'Arabie Heureuse deux griffons, mes amis intimes, qui ne demeurent qu'à cent cinquante milles d'ici je vais leur écrire par la poste aux pigeons; ils viendront avant la nuit. Nous aurons tout le temps de vous faire travailler un petit canapé commode avec des tiroirs oÃÂč l'on mettra vos provisions de bouche. Vous serez trÚs à votre aise dans cette voiture avec votre demoiselle. Les deux griffons sont les plus vigoureux de leur espÚce; chacun d'eux tiendra un des bras du canapé entre ses griffes. Mais, encore une fois, les moments sont chers." Il alla sur-le champ avec Formosante commander le canapé à un tapissier de sa connaissance. Il fut achevé en quatre heures. On mit dans le tiroirs des petits pains à la reine, des biscuits meilleurs que ceux de Babylone, des poncires, des ananas, des cocos, des pistaches, et du vin d'Eden, qui l'emporte sur le vin de Chiras autant que celui de Chiras est au-dessus de celui de Suresne. Le canapé était aussi léger que commode et solide. Les deux griffons arrivÚrent dans Eden à point nommé. Formosante et Irla se placÚrent dans la voiture. Les deux griffons l'enlevÚrent comme une plume. Le phénix tantÎt volait auprÚs, tantÎt se perchait sur le dossier. Les deux griffons cinglÚrent vers le Gange avec la rapidité d'une flÚche qui fend les airs. On ne se reposait que la nuit pendant quelques moments pour manger, et pour faire boire un coup aux deux voituriers. On arriva enfin chez les Gangarides. Le coeur de la princesse palpitait d'espérance, d'amour et de joie. Le phénix fit arrÃÂȘter la voiture devant la maison d'Amazan il demande à lui parler; mais il y avait trois heures qu'il en était parti, sans qu'on sût oÃÂč il était allé. Il n'y a point de termes dans la langue mÃÂȘme des Gangarides qui puissent exprimer le désespoir dont Formosante fut accablée. "Hélas! voilà ce que j'avais craint, dit le phénix; les trois heures que vous avez passées dans votre hÎtellerie sur le chemin de Bassora avec ce malheureux roi d'Egypte vous ont enlevé peut-ÃÂȘtre pour jamais le bonheur de votre vie; j'ai bien peur que nous n'ayons perdu Amazan sans retour." Alors il demanda aux domestiques si on pouvait saluer madame sa mÚre. Ils répondirent que son mari était mort l'avant-veille et qu'elle ne voyait personne. Le phénix, qui avait crédit dans la maison, ne laissa pas de faire entrer la princesse de Babylone dans un salon dont les murs étaient revÃÂȘtus de bois d'oranger à filets d'ivoire; les sous-bergers et les sous-bergÚres, en longues robes blanches ceintes de garnitures aurore, lui servirent dans cent corbeilles de simple porcelaine cent mets délicieux, parmi lesquels on ne voyait aucun cadavre déguisé c'était du riz, du sago, de la semoule, du vermicelle, des macaronis, de omelettes, des oeufs au lait, des fromages à la crÚme, des pùtisseries de toute espÚce, des légumes, des fruits d'un parfum et d'un goût dont on n'a point d'idée dans les autres climats; c'était une profusion de liqueurs rafraÃchissantes, supérieures aux meilleurs vins. Pendant que la princesse mangeait, couchée sur un lit de roses, quatre pavons, ou paons, ou pans, heureusement muets, l'éventaient de leurs brillantes ailes; deux cents oiseaux, cent bergers et cent bergÚres lui donnÚrent un concert à deux choeurs; les rossignols, les serins, les fauvettes, les pinsons, chantaient le dessus avec les bergÚres; les bergers faisaient la haute contre et la basse c'était en tout la belle et simple nature. La princesse avoua que, s'il y avait plus de magnificence à Babylone, la nature était mille fois plus agréable chez les Gangarides; mais, pendant qu'on lui donnait cette musique si consolante et si voluptueuse, elle versait des larmes; elle disait à la jeune Irla sa compagne "Ces bergers et ces bergÚres; ces rossignols et ces serins font l'amour, et moi, je suis privée du héros gangaride, digne objet de mes trÚs tendres et trÚs impatients désirs." Pendant qu'elle faisait ainsi collation, qu'elle admirait et qu'elle pleurait, le phénix disait à la mÚre d'Amazan "Madame, vous ne pouvez vous dispenser de voir la princesse de Babylone; vous savez... - Je sais tout, dit-elle, jusqu'à son aventure dans l'hÎtellerie sur le chemin de Bassora; un merle m'a tout conté ce matin; et ce cruel merle est cause que mon fils, au désespoir, est devenu fou, et a quitté la maison paternelle. - Vous ne savez donc pas, reprit le phénix, que la princesse m'a ressuscité? - Non, mon cher enfant; je savais par le merle que vous étiez mort, et j'en étais inconsolable. J'étais si affligée de cette perte, de la mort de mon mari, et du départ précipité de mon fils, que j'avais fait défendre ma porte. Mais puisque la princesse de Babylone me fait l'honneur de me venir voir, faites-la entrer au plus vite; j'ai des choses de la derniÚre conséquence à lui dire, et je veux que vous y soyez présent." Elle alla aussitÎt dans un autre salon au-devant de la princesse. Elle ne marchait pas facilement c'était une dame d'environ trois cents années; mais elle avait encore de beaux restes, et on voyait bien que vers les deux cent trente à quarante ans elle avait été charmante. Elle reçut Formosante avec une noblesse respectueuse, mÃÂȘlée d'un air d'intérÃÂȘt et de douleur qui fit sur la princesse une vive impression. Formosante lui fit d'abord ses tristes compliments sur la mort de son mari. "Hélas! dit la veuve, vous devez vous intéresser à sa perte plus que vous ne pensez. - J'en suis touchée sans doute, dit Formosante; il était le pÚre de..." A ces mots elle pleura. "Je n'étais venue que pour lui et à travers bien des dangers. J'ai quitté pour lui mon pÚre et la plus brillante cour de l'univers; j'ai été enlevée par un roi d'Egypte que je déteste. Echappée à ce ravisseur, j'ai traversé les airs pour venir voir ce que j'aime; j'arrive, et il me fuit!" Les pleurs et les sanglots l'empÃÂȘchÚrent d'en dire davantage. La mÚre lui dit alors "Madame, lorsque le roi d'Egypte vous ravissait, lorsque vous soupiez avec lui dans un cabaret sur le chemin de Bassora, lorsque vos belles mains lui versaient du vin de Chiras, vous souvenez-vous d'avoir vu un merle qui voltigeait dans la chambre? - Vraiment oui, vous m'en rappelez la mémoire; je n'y avais pas fait d'attention; mais, en recueillant mes idées, je me souviens trÚs bien qu'au moment que le roi d'Egypte se leva de table pour me donner un baiser, le merle s'envola par la fenÃÂȘtre en jetant un grand cri, et ne reparut plus. - Hélas! madame, reprit la mÚre d'Amazan, voilà ce qui fait précisément le sujet de nos malheurs; mon fils avait envoyé ce merle s'informer de l'état de votre santé et de tout ce qui se passait à Babylone; il comptait revenir bientÎt se mettre à vos pieds et vous consacrer sa vie. Vous ne savez pas à quel excÚs il vous adore. Tous les Gangarides sont amoureux et fidÚles; mais mon fils est le plus passionné et le plus constant de tous. Le merle vous rencontra dans un cabaret; vous buviez trÚs gaiement avec le roi d'Egypte et un vilain prÃÂȘtre; il vous vit enfin donner un tendre baiser à ce monarque, qui avait tué le phénix, et pour qui mon fils conserve une horreur invincible. Le merle à cette vue fut saisi d'une juste indignation; il s'envola en maudissant vos funestes amours; il est revenu aujourd'hui, il a tout conté; mais dans quels moments, juste ciel! dans le temps oÃÂč mon fils pleurait avec moi la mort de son pÚre et celle du phénix; dans le temps qu'il apprenait de moi qu'il est votre cousin issu de germain! - O ciel! mon cousin! madame, est-il possible? par quelle aventure? comment? quoi! je serais heureuse à ce point! et je serais en mÃÂȘme temps assez infortunée pour l'avoir offensé! - Mon fils est votre cousin, vous dis-je, reprit la mÚre, et je vais bientÎt vous en donner la preuve; mais en devenant ma parente vous m'arrachez mon fils; il ne pourra survivre à la douleur que lui a causée votre baiser donné au roi d'Egypte. - Ah! ma tante, s'écria la belle Formosante, je jure par lui et par le puissant Orosmade que ce baiser funeste, loin d'ÃÂȘtre criminel, était la plus forte preuve d'amour que je pusse donner à votre fils. Je désobéissais à mon pÚre pour lui. J'allais pour lui de l'Euphrate au Gange. Tombée entre les mains de l'indigne pharaon d'Egypte, je ne pouvais lui échapper qu'en le trompant. J'en atteste les cendres et l'ùme du phénix, qui étaient alors dans ma poche; il peut me rendre justice; mais comment votre fils, né sur les bords du Gange, peut-il ÃÂȘtre mon cousin, moi dont la famille rÚgne sur les bords de l'Euphrate depuis tant de siÚcles? - Vous savez, lui dit la vénérable Gangaride, que votre grand-oncle Aldée était roi de Babylone, et qu'il fut détrÎné par le pÚre de Bélus. - Oui madame. - Vous savez que son fils Aldée avait eu de son mariage la princesse Aldée, élevée dans votre cour. C'est ce prince, qui, étant persécuté par votre pÚre, vint se réfugier dans notre heureuse contrée, sous un autre nom; c'est lui qui m'épousa; j'en ai eu le jeune prince Aldée-Amazan, le plus beau, le plus fort, le plus courageux, le plus vertueux des mortels, et aujourd'hui le plus fou. Il alla aux fÃÂȘtes de Babylone sur la réputation de votre beauté depuis ce temps-là il vous idolùtre, et peut-ÃÂȘtre je ne reverrai jamais mon cher fils." Alors elle fit déployer devant la princesse tous les titres de la maison des Aldées; à peine Formosante daigna les regarder. "Ah! madame, s'écria-t-elle, examine-t-on ce qu'on désire? Mon coeur vous en croit assez. Mais oÃÂč est Aldée-Amazan? oÃÂč est mon parent, mon amant, mon roi? oÃÂč est ma vie? quel chemin a-t-il pris? J'irais le chercher dans tous les globes que l'Eternel a formés, et dont il est le plus bel ornement. J'irais dans l'étoile Canope, dans Sheat, dans Aldébaran; j'irais le convaincre de mon amour et de mon innocence." Le phénix justifia la princesse du crime que lui imputait le merle d'avoir donné par amour un baiser au roi d'Egypte; mais il fallait détromper Amazan et le ramener. Il envoie des oiseaux sur tous les chemins; il met en campagne les licornes on lui rapporte enfin qu'Amazan a pris la route de la Chine. "Eh bien! allons à la Chine, s'écria la princesse; le voyage n'est pas long; j'espÚre bien vous ramener votre fils dans quinze jours au plus tard." A ces mots, que de larmes de tendresse versÚrent la mÚre gangaride et la princesse de Babylone! que d'embrassements! que d'effusion de coeur! Le phénix commanda sur-le-champ un carrosse à six licornes. La mÚre fournit deux cents cavaliers, et fit présent à la princesse, sa niÚce, de quelques milliers des plus beaux diamants du pays. Le phénix, affligé du mal que l'indiscrétion du merle avait causé, fit ordonner à tous les merles de vider le pays; et c'est depuis ce temps qu'il ne s'en trouve plus sur les bords du Gange. V Les licornes, en moins de huit jours, amenÚrent Formosante, Irla et le phénix à Cambalu, capitale de la Chine. C'était une ville plus grande que Babylone, et d'une espÚce de magnificence toute différente. Ces nouveaux objets, ces moeurs nouvelles, auraient amusé Formosante si elle avait pu ÃÂȘtre occupée d'autre chose que d'Amazan. DÚs que l'empereur de la Chine eut appris que la Princesse de Babylone était à une porte de la ville, il lui dépÃÂȘcha quatre mille mandarins en robes de cérémonie; tous se prosternÚrent devant elle, et lui présentÚrent chacun un compliment écrit en lettres d'or sur une feuille de soie pourpre. Formosante leur dit que si elle avait quatre mille langues, elle ne manquerait pas de répondre sur-le-champ à chaque mandarin; mais que, n'en ayant qu'une, elle le priait de trouver bon qu'elle s'en servÃt pour les remercier tous en général. Ils la conduisirent respectueusement chez l'empereur. C'était le monarque de la terre le plus juste, le plus poli, et le plus sage. Ce fut lui qui, le premier, laboura un petit champ de ses mains impériales, pour rendre l'agriculture respectable à son peuple. Il établit, le premier, des prix pour la vertu. Les lois, partout ailleurs, étaient honteusement bornées à punir les crimes. Cet empereur venait de chasser de ses Etats une troupe de bonzes étrangers qui étaient venus du fond de l'Occident, dans l'espoir insensé de forcer toute la Chine à penser comme eux, et qui, sous prétexte d'annoncer des vérités, avaient acquis déjà des richesses et des honneurs. Il leur avait dit, en les chassant, ces propres paroles enregistrées dans les annales de l'empire "Vous pourriez faire ici autant de mal que vous en avez fait ailleurs vous ÃÂȘtes venus prÃÂȘcher des dogmes d'intolérance chez la nation la plus tolérante de la terre. Je vous renvoie pour n'ÃÂȘtre jamais forcé de vous punir. Vous serez reconduits honorablement sur mes frontiÚres; on vous fournira tout pour retourner aux bornes de l'hémisphÚre dont vous ÃÂȘtes partis. Allez en paix si vous pouvez ÃÂȘtre en paix, et ne revenez plus." La princesse de Babylone apprit avec joie ce jugement et ce discours; elle en était plus sûre d'ÃÂȘtre bien reçue à la cour, puisqu'elle était trÚs éloignée d'avoir des dogmes intolérants. L'empereur de la Chine, en dÃnant avec elle tÃÂȘte à tÃÂȘte, eut la politesse de bannir l'embarras de toute étiquette gÃÂȘnante; elle lui présenta le phénix, qui fut trÚs caressé de l'empereur, et qui se percha sur son fauteuil. Formosante, sur la fin du repas, lui confia ingénument le sujet de son voyage, et le pria de faire chercher dans Cambalu le bel Amazan, dont elle lui conta l'aventure, sans lui rien cacher de la fatale passion dont son coeur était enflammé pour ce jeune héros. "A qui en parlez-vous? lui dit l'empereur de la Chine; il m'a fait le plaisir de venir dans ma cour; il m'a enchanté; cet aimable Amazan il est vrai qu'il est profondément affligé; mais ses grùces n'en sont que plus touchantes; aucun de mes favoris n'a plus d'esprit que lui; nul mandarin de robe n'a de plus vastes connaissances; nul mandarin d'épée n'a l'air plus martial et plus héroïque; son extrÃÂȘme jeunesse donne un nouveau prix à tous ses talents; si j'étais assez malheureux, assez abandonné du Tien et du Changti pour vouloir ÃÂȘtre conquérant, je prierais Amazan de se mettre à la tÃÂȘte de mes armées, et je serais sûr de triompher de l'univers entier. C'est bien dommage que son chagrin lui dérange quelquefois l'esprit. - Ah! monsieur, lui dit Formosante avec un air enflammé et un ton de douleur, de saisissement et de reproche, pourquoi ne m'avez-vous pas fait dÃner avec lui? Vous me faites mourir; envoyez-le prier tout à l'heure. - Madame il est parti ce matin, et il n'a point dit dans quelle contrée il portait ses pas." Formosante se tourna vers le phénix "Eh bien; dit-elle, phénix, avez-vous jamais vu une fille plus malheureuse que moi? Mais, monsieur, continua-t-elle, comment, pourquoi a-t-il pu quitter si brusquement une cour aussi polie que la vÎtre, dans laquelle il me semble qu'on voudrait passer sa vie? - Voici, madame, ce qui est arrivé. Une princesse du sang, des plus aimables, s'est éprise de passion pour lui, et lui a donné un rendez-vous chez elle à midi; il est parti au point du jour, et il a laissé ce billet, qui a coûté bien des larmes à ma parente. "Belle princesse du sang de la Chine, vous méritez un coeur qui n'ait jamais été qu'à vous; j'ai juré aux dieux immortels de n'aimer jamais que Formosante, princesse de Babylone, et de lui apprendre comment on peut dompter ses désirs dans ses voyages; elle a eu le malheur de succomber avec un indigne roi d'Egypte je suis le plus malheureux des hommes; j'ai perdu mon pÚre et le phénix, et l'espérance d'ÃÂȘtre aimé de Formosante; j'ai quitté ma mÚre affligée, ma patrie, ne pouvant vivre un moment dans les lieux oÃÂč j'ai appris que Formosante en aimait un autre que moi; j'ai juré de parcourir la terre et d'ÃÂȘtre fidÚle. Vous me mépriseriez, et les dieux me puniraient, si je violais mon serment; prenez un amant, madame, et soyez aussi fidÚle que moi." - Ah! laissez-moi cette étonnante lettre, dit la belle Formosante, elle fera ma consolation; je suis heureuse dans mon infortune. Amazan m'aime; Amazan renonce pour moi à la possession des princesses de la Chine; il n'y a que lui sur la terre capable de remporter une telle victoire; il me donne un grand exemple; le phénix sait que je n'en avais pas besoin; il est bien cruel d'ÃÂȘtre privée de son amant pour le plus innocent des baisers donné par pure fidélité. Mais enfin oÃÂč est-il allé? quel chemin a-t-il pris? daignez me l'enseigner, et je pars." L'empereur de la Chine lui répondit qu'il croyait, sur les rapports qu'on lui avait faits, que son amant avait suivi une route qui menait en Scythie. AussitÎt les licornes furent attelées, et la princesse, aprÚs les plus tendres compliments, prit congé de l'empereur avec le phénix, sa femme de chambre Irla et toute sa suite. DÚs qu'elle fut en Scythie, elle vit plus que jamais combien les hommes et les gouvernements diffÚrent, et différeront toujours jusqu'au temps oÃÂč quelque peuple plus éclairé que les autres communiquera la lumiÚre de proche en proche aprÚs mille siÚcles de ténÚbres, et qu'il se trouvera dans des climats barbares des ùmes héroïques qui auront la force et la persévérance de changer les brutes en hommes. Point de villes en Scythie, par conséquent point d'arts agréables. On ne voyait que de vastes prairies et des nations entiÚres sous des tentes et sur des chars. Cet aspect imprimait la terreur. Formosante demanda dans quelle tente ou dans quelle charrette logeait le roi. On lui dit que depuis huit jours il s'était mis en marche à la tÃÂȘte de trois cent mille hommes de cavalerie pour aller à la rencontre du roi de Babylone, dont il avait enlevé la niÚce, la belle princesse Aldée. "Il a enlevé ma cousine! s'écria Formosante; je ne m'attendais pas à cette nouvelle aventure. Quoi! ma cousine, qui était trop heureuse de me faire la cour, est devenue reine, et je ne suis pas encore mariée!" Elle se fit conduire incontinent aux tentes de la reine. Leur réunion inespérée dans ces climats lointains, les choses singuliÚres qu'elles avaient mutuellement à s'apprendre, mirent dans leur entrevue un charme qui leur fit oublier qu'elles ne s'étaient jamais aimées; elles se revirent avec transport; une douce illusion se mit à la place de la vraie tendresse; elles s'embrassÚrent en pleurant, et il y eut mÃÂȘme entre elles de la cordialité et de la franchise, attendu que l'entrevue ne se faisait pas dans un palais. Aldée reconnut le phénix et la confidente Irla; elle donna des fourrures de zibeline à sa cousine, qui lui donna des diamants. On parla de la guerre que les deux rois entreprenaient; on déplora la condition des hommes que des monarques envoient par fantaisie s'égorger pour des différends que deux honnÃÂȘtes gens pourraient concilier en une heure; mais surtout on s'entretint du bel étranger vainqueur des lions, donneur des plus gros diamants de l'univers, faiseur de madrigaux, possesseur du phénix, devenu le plus malheureux des hommes sur le rapport d'un merle. "C'est mon cher frÚre, disait Aldée. - C'est mon amant! s'écriait Formosante; vous l'avez vu sans doute, il est peut-ÃÂȘtre encore ici; car, ma cousine, il sait qu'il est votre frÚre; il ne vous aura pas quittée brusquement comme il a quitté le roi de la Chine. - Si je l'ai vu, grands dieux! reprit Aldée; il a passé quatre jours entiers avec moi. Ah! ma cousine, que mon frÚre est à plaindre! Un faux rapport l'a rendu absolument fou; il court le monde sans savoir oÃÂč il va. Figurez-vous qu'il a poussé la démence jusqu'à refuser les faveurs de la plus belle Scythe de toute la Scythie. Il partit hier aprÚs lui avoir écrit une lettre dont elle a été désespérée. Pour lui, il est allé chez les Cimmériens. - Dieu soit loué! s'écria Formosante; encore un refus en ma faveur! mon bonheur a passé mon espoir, comme mon malheur a surpassé toutes mes craintes. Faites-moi donner cette lettre charmante, que je parte, que je le suive, les mains pleines de ses sacrifices. Adieu, ma cousine; Amazan est chez les Cimmériens, j'y vole." Aldée trouva que la princesse sa cousine était encore plus folle que son frÚre Amazan. Mais comme elle avait senti elle-mÃÂȘme les atteintes de cette épidémie, comme elle avait quitté les délices et la magnificence de Babylone pour le roi des Scythes, comme les femmes s'intéressent toujours aux folies dont l'amour est cause, elle s'attendrit véritablement pour Formosante, lui souhaita un heureux voyage, et lui promit de servir sa passion si jamais elle était assez heureuse pour revoir son frÚre. VI BientÎt la princesse de Babylone et le phénix arrivÚrent dans l'empire des Cimmériens, bien moins peuplé, à la vérité, que la Chine, mais deux fois plus étendu; autrefois semblable à la Scythie, et devenu depuis quelque temps aussi florissant que les royaumes qui se vantaient d'instruire les autres Etats. AprÚs quelques jours de marche on entra dans une trÚs grande ville que l'impératrice régnante faisait embellir; mais elle n'y était pas elle voyageait alors des frontiÚres de l'Europe à celles de l'Asie pour connaÃtre ses Etats par ses yeux, pour juger des maux et porter les remÚdes, pour accroÃtre les avantages, pour semer l'instruction. Un des principaux officiers de cette ancienne capitale, instruit de l'arrivée de la Babylonienne et du phénix, s'empressa de rendre ses hommages à la princesse, et de lui faire les honneurs du pays, bien sûr que sa maÃtresse, qui était la plus polie et la plus magnifique des reines, lui saurait gré d'avoir reçu une si grande dame avec les mÃÂȘmes égards qu'elle aurait prodigués elle-mÃÂȘme. On logea Formosante au palais, dont on écarta une foule importune de peuple; on lui donna des fÃÂȘtes ingénieuses. Le seigneur cimmérien, qui était un grand naturaliste, s'entretint beaucoup avec le phénix dans les temps oÃÂč la princesse était retirée dans son appartement. Le phénix lui avoua qu'il avait autrefois voyagé chez les Cimmériens, et qu'il ne reconnaissait plus le pays. "Comment de si prodigieux changements, disait-il, ont-ils pu ÃÂȘtre opérés dans un temps si court? Il n'y a pas trois cents ans que je vis ici la nature sauvage dans toute son horreur; j'y trouve aujourd'hui les arts, la splendeur, la gloire et la politesse. - Un seul homme a commencé ce grand ouvrage, répondit le Cimmérien; une femme l'a perfectionné; une femme a été meilleure législatrice que l'Isis des Egyptiens et la CérÚs des Grecs. La plupart des législateurs ont eu un génie étroit et despotique qui a resserré leurs vues dans le pays qu'ils ont gouverné; chacun a regardé son peuple comme étant seul sur la terre, ou comme devant ÃÂȘtre l'ennemi du reste de la terre. Ils ont formé des institutions pour ce seul peuple, introduit des usages pour lui seul, établi une religion pour lui seul. C'est ainsi que les Egyptiens, si fameux par des monceaux de pierres, se sont abrutis et déshonorés par leurs superstitions barbares. Ils croient les autres nations profanes, ils ne communiquent point avec elles; et, excepté la cour, qui s'élÚve quelquefois au-dessus des préjugés vulgaires, il n'y a pas un Egyptien qui voulût manger dans un plat dont un étranger se serait servi. Leurs prÃÂȘtres sont cruels et absurdes. Il vaudrait mieux n'avoir point de lois, et n'écouter que la nature, qui a gravé dans nos coeurs les caractÚres du juste et de l'injuste, que de soumettre la société à des lois si insociables. "Notre impératrice embrasse des projets entiÚrement opposés elle considÚre son vaste Etat, sur lequel tous les méridiens viennent se joindre, comme devant correspondre à tous les peuples qui habitent sous ces différents méridiens. La premiÚre de ses lois a été la tolérance de toutes les religions, et la compassion pour toutes les erreurs. Son puissant génie a connu que si les cultes sont différents, la morale est partout la mÃÂȘme par ce principe elle a lié sa nation à toutes les nations du monde, et les Cimmériens vont regarder le Scandinavien et le Chinois comme leurs frÚres. Elle a fait plus elle a voulu que cette précieuse tolérance, le premier lien des hommes, s'établÃt chez ses voisins; ainsi elle a mérité le titre de mÚre de la patrie, et elle aura celui de bienfaitrice du genre humain, si elle persévÚre. "Avant elle, des hommes malheureusement puissants envoyaient des troupes de meurtriers ravir à des peuplades inconnues et arroser de leur sang les héritages de leurs pÚres on appelait ces assassins des héros; leur brigandage était de la gloire. Notre souveraine a une autre gloire elle a fait marcher des armées pour apporter la paix, pour empÃÂȘcher les hommes de se nuire, pour les forcer à se supporter les uns les autres; et ses étendards ont été ceux de la concorde publique." Le phénix, enchanté de tout ce que lui apprenait ce seigneur, lui dit "Monsieur, il y a vingt-sept mille neuf cents années et sept mois que je suis au monde; je n'ai encore rien vu de comparable à ce que vous me faites entendre." Il lui demanda des nouvelles de son ami Amazan; le Cimmérien lui conta les mÃÂȘmes choses qu'on avait dites à la princesse chez les Chinois et chez les Scythes. Amazan s'enfuyait de toutes les cours qu'il visitait sitÎt qu'une dame lui avait donné un rendez-vous auquel il craignait de succomber. Le phénix instruisit bientÎt Formosante de cette nouvelle marque de fidélité qu'Amazan lui donnait, fidélité d'autant plus étonnante qu'il ne pouvait pas soupçonner que sa princesse en fût jamais informée. Il était parti pour la Scandinavie. Ce fut dans ces climats que des spectacles nouveaux frappÚrent encore ses yeux. Ici la royauté et la liberté subsistaient ensemble par un accord qui paraÃt impossible dans d'autres Etats les agriculteurs avaient part à la législation, aussi bien que les grands du royaume; et un jeune prince donnait les plus grandes espérances d'ÃÂȘtre digne de commander à une nation libre. Là c'était quelque chose de plus étrange le seul roi qui fût despotique de droit sur la terre par un contrat formel avec son peuple était en mÃÂȘme temps le plus jeune et le plus juste des rois. Chez les Sarmates, Amazan vit un philosophe sur le trÎne on pouvait l'appeler le roi de l'anarchie, car il était le chef de cent mille petits rois dont un seul pouvait d'un mot anéantir les résolutions de tous les autres. Eole n'avait pas plus de peine à contenir tous les vents qui se combattent sans cesse, que ce monarque n'en avait à concilier les esprits c'était un pilote environné d'un éternel orage; et cependant le vaisseau ne se brisait pas, car le prince était un excellent pilote. En parcourant tous ces pays si différents de sa patrie, Amazan refusait constamment toutes les bonnes fortunes qui se présentaient à lui, toujours désespéré du baiser que Formosante avait donné au roi d'Egypte, toujours affermi dans son inconcevable résolution de donner à Formosante l'exemple d'une fidélité unique et inébranlable. La princesse de Babylone avec le phénix le suivait partout à la piste; et ne le manquait jamais que d'un jour ou deux, sans que l'un se lassùt de courir, et sans que l'autre perdÃt un moment à le suivre. Ils traversÚrent ainsi toute la Germanie; ils admirÚrent les progrÚs que la raison et la philosophie faisaient dans le Nord tous les princes y étaient instruits, tous autorisaient la liberté de penser; leur éducation n'avait point été confiée à des hommes qui eussent intérÃÂȘt de les tromper, ou qui fussent trompés eux-mÃÂȘmes on les avait élevés dans la connaissance de la morale universelle, et dans le mépris des superstitions; on avait banni dans tous ces Etats un usage insensé, qui énervait et dépeuplait plusieurs pays méridionaux cette coutume était d'enterrer tout vivants, dans de vastes cachots, un nombre infini des deux sexes éternellement séparés l'un de l'autre, et de leur faire jurer de n'avoir jamais de communication ensemble. Cet excÚs de démence, accrédité pendant des siÚcles, avait dévasté la terre autant que les guerres les plus cruelles. Les princes du Nord avaient à la fin compris que, si on voulait avoir des haras, il ne fallait pas séparer les plus forts chevaux des cavales. Ils avaient détruit aussi des erreurs non moins bizarres et non moins pernicieuses. Enfin les hommes osaient ÃÂȘtre raisonnables dans ces vastes pays, tandis qu'ailleurs on croyait encore qu'on ne peut les gouverner qu'autant qu'ils sont imbéciles. VII Amazan arriva chez les Bataves; son coeur éprouva une douce satisfaction dans son chagrin d'y retrouver quelque faible image du pays des heureux Gangarides; la liberté, l'égalité, la propreté, l'abondance, la tolérance; mais les dames du pays étaient si froides qu'aucune ne lui fit d'avances comme on lui en avait fait partout ailleurs; il n'eut pas la peine de résister. S'il avait voulu attaquer ces dames, il les aurait toutes subjuguées l'une aprÚs l'autre, sans ÃÂȘtre aimé d'aucune; mais il était bien éloigné de songer à faire des conquÃÂȘtes. Formosante fut sur le point de l'attraper chez cette nation insipide il ne s'en fallut que d'un moment. Amazan avait entendu parler chez les Bataves avec tant d'éloges d'une certaine Ãle, nommée Albion, qu'il s'était déterminé à s'embarquer, lui et ses licornes, sur un vaisseau qui, par un vent d'orient favorable, l'avait porté en quatre heures au rivage de cette terre plus célÚbre que Tyr et que l'Ãle Atlantide. La belle Formosante, qui l'avait suivi au bord de la Duina, de la Vistule, de l'Elbe, du Véser, arrive enfin aux bouches du Rhin, qui portait alors ses eaux rapides dans la mer Germanique. Elle apprend que son cher amant a vogué aux cÎtes d'Albion; elle croit voir son vaisseau; elle pousse des cris de joie dont toutes les dames bataves furent surprises, n'imaginant pas qu'un jeune homme pût causer tant de joie. Et à l'égard du phénix, elles n'en firent pas grand cas, parce qu'elles jugÚrent que ses plumes ne pourraient probablement se vendre aussi bien que celles des canards et des oisons de leurs marais. La princesse de Babylone loua ou nolisa deux vaisseaux pour la transporter avec tout son monde dans cette bienheureuse Ãle qui allait posséder l'unique objet de tous ses désirs, l'ùme de sa vie, le dieu de son coeur. Un vent funeste d'occident s'éleva tout à coup dans le moment mÃÂȘme oÃÂč le fidÚle et malheureux Amazan mettait pied à terre en Albion; les vaisseaux de la princesse de Babylone ne purent démarrer. Un serrement de coeur, une douleur amÚre, une mélancolie profonde, saisirent Formosante; elle se mit au lit, dans sa douleur, en attendant que le vent changeùt; mais il souffla huit jours entiers avec une violence désespérante. La princesse, pendant ce siÚcle de huit jours, se faisait lire par Irla des romans ce n'est pas que les Bataves en sussent faire; mais, comme ils étaient les facteurs de l'univers, ils vendaient l'esprit des autres nations ainsi que leurs denrées. La princesse fit acheter chez Marc-Michel Rey tous les contes que l'on avait écrits chez les Ausoniens et chez les Velches, et dont le débit était défendu sagement chez ces peuples pour enrichir les Bataves; elle espérait qu'elle trouverait dans ces histoires quelque aventure qui ressemblerait à la sienne, et qui charmerait sa douleur. Irla lisait, le phénix disait son avis, et la princesse ne trouvait rien dans la Paysanne parvenue, ni dans Tansaï, ni dans le Sopha, ni dans les Quatre Facardins, qui eût le moindre rapport à ses aventures; elle interrompait à tout moment la lecture pour demander de quel cÎté venait le vent. VIII Cependant Amazan était déjà sur le chemin de la capitale d'Albion, dans son carrosse à six licornes, et rÃÂȘvait à sa princesse. Il aperçut un équipage versé dans un fossé; les domestiques s'étaient écartés pour aller chercher du secours; le maÃtre de l'équipage restait tranquillement dans sa voiture, ne témoignant pas la plus légÚre impatience, et s'amusant à fumer, car on fumait alors il se nommait milord What-then, ce qui signifie à peu prÚs milord Qu'importe en la langue dans laquelle je traduis ces mémoires. Amazan se précipita pour lui rendre service; il releva tout seul la voiture, tant sa force était supérieure à celle des autres hommes. Milord Qu'importe se contenta de dire "Voilà un homme bien vigoureux." Des rustres du voisinage; étant accourus, se mirent en colÚre de ce qu'on les avait fait venir inutilement, et s'en prirent à l'étranger ils le menacÚrent en l'appelant chien d'étranger, et ils voulurent le battre. Amazan en saisit deux de chaque main, et les jeta à vingt pas; les autres le respectÚrent, le saluÚrent, lui demandÚrent pour boire il leur donna plus d'ar
Leprincipe est finalement assez simple: dans un premier temps, il faut Ă©videmment possĂ©der un poirier qui produit des fruits. Il faut ensuite installer une bouteille sur le fruit pendant qu’il passe encore dans le goulot de la bouteille, en choisissant un fruit sur une tige parfaitement droite, qui doit aussi pousser vers le haut. InsĂ©rez ensuite la bouteille sur la poire
Nous avons 1368 invitĂ©s et 52 inscrits en ligne IndexSujets rĂ©centsRechercheConsignes d'indexation Forums Jura et Savoie Domaine Cellier des Cray, Adrien Berlioz Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand Zeph – 2015 Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand Zeph – 2015 Bue lors d'une semaine savoyarde contĂ©e ICI Robe d’un or assez clair. Le nez s’ouvre bien aprĂšs un peu d’aĂ©ration dans le verre et se montre plutĂŽt complexe, combinant du miel, des plantes aromatiques tilleul, des fruits jaunes pĂȘche, et mĂȘme une touche de pralin. La bouche est bien charnue, entourĂ©e d’une lĂ©gĂšre pellicule grasse. L’aromatique est trĂšs fruitĂ©e, encore plus qu’au nez, rehaussĂ©e par une bonne vivacitĂ©. La finale est Ă  la fois savoureuse, longue et pleine de ressort. TrĂšs Bien + L’accord est rĂ©ussi 3,5 / 5 avec un beaufort d’étĂ© de 6 mois. Jean-Loup 05 FĂ©v 2019 1831 31 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Roussette de Savoie – Zulime – 2015 Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Roussette de Savoie – Zulime – 2015 Bue lors de la mĂȘme semaine savoyarde contĂ©e ICI Robe d’un bel or dense. Le nez fait preuve d’une belle intensitĂ© et d’une certaine complexitĂ© des fruits jaunes sont prĂ©sents mais de maniĂšre moins attendue on y dĂ©cĂšle aussi des Ă©pices et des arĂŽmes de pĂątisserie. La bouche est ample, d’un beau volume, dotĂ©e d’un lĂ©ger gras et d’une belle sapiditĂ©. La finesse de l’altesse n’est pas en reste, mise en valeur par une grande vivacitĂ©. La finale Ă  la persistance satisfaisante est pleine d’allant et trĂšs salivante. TrĂšs Bien + AssociĂ© Ă  des quenelles au beaufort, le vin gagne certes encore en tension mais il perd beaucoup en volume et s’efface quelque peu 3- / 5. Jean-Loup 05 FĂ©v 2019 1839 32 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. GILT Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de GILT sur le sujet CR Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Octavie – Persan – 2014 Le Cellier des Cray - Adrien Berlioz - Octavie - Persan - 2014 Robe trouble et tuilĂ©e. Le nez est rĂ©duit et discret avec de lĂ©gĂšres notes cacaotĂ©es et poivrĂ©es. La bouche associe une astringence forte Ă  une aciditĂ© marquĂ©e, le tout sans vĂ©ritable est discrĂšte sur la fleur et la rĂ©glisse. Cela donne un vin agressif qui serait mieux associĂ© Ă  un plat bien gras qu'en dĂ©gustation pure. Vin intĂ©ressant intellectuellement, moyen au niveau du plaisir apportĂ©, et pas donnĂ© financiĂšrement. Gilles 03 Mar 2019 1432 33 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. H. Seldon Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de H. Seldon sur le sujet CR Domaine Cellier des Cray, A. Berlioz, Roussette de Savoie, Altesse "Zulime" 2016 Domaine Cellier des Cray, A. Berlioz, Roussette de Savoie, Altesse "Zulime" 2016 TrĂšs beau nez prĂ©cis sur les agrumes, l'Ă©corce d'orange, le floral blanc. MĂȘme chose en bouche oĂč le vin se distingue par un Ă©quilibre sans reproche, construit autour d'une belle aciditĂ©. Aspect lĂ©gĂšrement crayeux en finale qui complexifie l'ensemble. A boire ou Ă  garder. TrĂšs bien Notation Moyen les vins sans intĂ©rĂȘt ; Assez bien vins Ă  boire pour la curiositĂ© ; Bien bon vin, Ă  faire dĂ©couvrir ; TrĂšs bien vin remarquable ; Excellent vins de trĂšs haut niveau, une rare rĂ©ussite; Splendide grand vin qui justifie le temps passĂ© ici ! 16 Mar 2019 1659 34 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Bue lors d'une dĂ©gustation de LPV Versailles sur la Savoie relatĂ©e ICI La robe est trĂšs sombre, aux nets reflets violacĂ©s. TrĂšs intense, le beau nez associe des fruits noirs, oĂč la myrtille domine, des arĂŽmes floraux iris et Ă©picĂ©s. La bouche affiche une rĂ©elle concentration, caractĂ©ristique du cĂ©page mais sans doute exacerbĂ©e par une extraction poussĂ©e que permettait le millĂ©sime. Un fruitĂ© dense et fin, des tanins encore un peu accrocheurs et une finale plus tonique laissent prĂ©sager un bel avenir Ă  ce vin. TrĂšs Bien en l’état Jean-Loup 05 Jui 2019 1456 35 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Nouvelle bouteille et nouvelle photo. La robe est sombre et toujours insolemment jeune ! Le nez trĂšs intense montre d'abord une trĂšs forte rĂ©duction avec des arĂŽmes animaux pas nobles du tout, voire d'Ă©curie. Mais il ne lui faut pas longtemps pour exprimer tout autre chose, aprĂšs un peu d'oxygĂ©nation. Les fruits noirs, myrtille et mĂ»re, sont concurrencĂ©s par la framboise, mais aussi par les Ă©pices, le tout Ă©tant teintĂ© d'une touche fumĂ©e. La bouche est pleine et aimable, dotĂ©e d'un fruitĂ© charnu et acidulĂ© qui perdure longtemps. Les tanins sont assouplis et la finale Ă  nouveau marquĂ©e par les Ă©pices. Cette bouteille, par rapport Ă  celle bue il y a six mois, a toujours du caractĂšre mais paraĂźt moins charpentĂ©e et tanique, plus sur la fraĂźcheur. TrĂšs Bien La Savoie regorge dĂ©cidĂ©ment de jeunes vignerons talentueux ! Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© breizhmanu, DUROCHER, Nicco 30 DĂ©c 2019 1816 36 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. supagweg Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de supagweg sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Serfouette – Mondeuse – 2014 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Serfouette – Mondeuse – 2014 La robe est rouge violette. Au nez on a de la griotte, de la cerise avec un cotĂ© fumĂ©, cuir, tabac, de l'olive noir, de la sauge, Ă©galement un peu de pĂąte de fruit, fraise. En bouche de l'aciditĂ©, sur le fruit pas d'astringence, une ambiance bonbon acidulĂ©. C'est frais, gouleyant, pas une grosse complexitĂ© mais c'est drĂŽlement bon. Bien + Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© oliv, breizhmanu, Jean-Loup Guerrin 03 FĂ©v 2020 2059 37 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine Cellier des Cray - Roussette de Savoie - Zulime - 2015 Domaine Cellier des Cray - Roussette de Savoie - Zulime - 2015 La robe prĂ©sente un or moyen lĂ©gĂšrement gris. Bien ouvert aprĂšs une courte oxygĂ©nation, l'aromatique du nez mĂȘle fruits jaunes, notes florales et herbes aromatiques. La bouche, enrobĂ©e d'une fine pellicule de gras, donne une impression de densitĂ© sans sapiditĂ© extravagante. L'aciditĂ© tend vers la minĂ©ralitĂ© et la finale de mi-longueur fait ressortir des arĂŽmes d'agrumes. Bien ++ / TrĂšs Bien Le vin rĂ©alise un accord intĂ©ressant 3,5 + / 5 avec un simple gratin de pĂątes au jambon, en gagnant en volume et sapiditĂ©, Ă  moins que ce soit le supplĂ©ment d'aĂ©ration qui en soit Ă  l'origine. Jean-Loup 19 FĂ©v 2020 2105 38 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. FGsuperfred Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de FGsuperfred sur le sujet CR Domaine Adrien Berlioz, Vin de Savoie La CuvĂ©e des Gueux 2019 Domaine Adrien Berlioz, Vin de Savoie La CuvĂ©e des Gueux 2019 nez d'une grande fraicheur sur les fruits et fleurs blanches, iodĂ©, salin, trĂšs chablisien dans l'Ăąme, je m'y serais trompĂ© en aveugle... la bouche est surprenante, parce que l'attaque est assez vive, soutenue par une jolie aciditĂ© citronnĂ©e, mais la matiĂšre trĂšs chablisienne encore une fois prend de suite le dessus... donnant un vin alliant fraicheur, matiĂšre, aciditĂ© sous-jascente soulignant de fort belle maniĂšre ce vin, qui roule en bouche tel un joli baiser, pas l'impression de rouler une pelle Ă  un bouledogue si vous voyez ce que je veux dire je cherche un dĂ©faut Ă  cette seconde partie de bouche qui, mĂȘme au rĂ©chauffement, amĂšne ce soupçon de puretĂ© et surtout de peps citronnĂ© qui me plait tant dans les vins blancs, de quelque rĂ©gion fussent ils issus, et ce peps qui les empĂȘchent de tomber dans une lourdeur qui m'Ă©coeure encore plus vite qu'avant la finale lĂ©gĂšrement citronnĂ©, sous-tendue par une aciditĂ© qui a la joyeuse idĂ©e de se mettre en second plan, dure trĂšs longtemps, ce qui rend le vin non pas inoubliable mais qui me fait penser diablement Ă  lui longtemps aprĂšs l'avoir avalĂ©, faut dire que le verre galope tout seul au frigo pour se remplir, il doit prendre plus de plaisir que moi encore, tous des poivrots ces spieg ! un petit manque de complexitĂ© 2019 trĂšs jeune et ce vin deviendrait splendide trĂšs bien+ Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, breizhmanu, Jean-Loup Guerrin, bibi64, VaudĂ©sir, Blog, LLDA 21 Mai 2020 2129 39 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. FGsuperfred Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© bibi64 Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de bibi64 sur le sujet Domaine adrien Berlioz - vin de savoie Fred, les photos inclinĂ©es ou grises sont un problĂšme rĂ©current avec les photos prise par tĂ©lĂ©phone. Pour s'affranchir du problĂšme, il suffit de sauver les photos sur ton ordinateur avec n'importe quel logiciel paint, snagit, photoshop, windows photo... avant de les joindre Ă  ton post sur LPV. En tout cas, tu m'as donnĂ© envie de goĂ»ter cette belle jacquĂšre... Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© FGsuperfred 21 Mai 2020 2151 41 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. FGsuperfred Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de FGsuperfred sur le sujet Domaine adrien Berlioz - vin de savoie salivant est le terme, faut pas l'dire, mais j'finis le flacon... chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut ! pour la photo je l'enregistre sous le disque dur avant, dĂ©solĂ© j'ai un niveau informatique bien moindre par rapport Ă  mon apprĂ©ciation de ce vin 21 Mai 2020 2256 42 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. nishaton Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de nishaton sur le sujet CR Domaine Adrien Berlioz - CuvĂ©e des Gueux 2018 - Vin de savoie Domaine Adrien Berlioz - CuvĂ©e des Gueux 2018 - Vin de savoie Une bouteille amenĂ©e ce midi par un ami lors du traditionnel repas dominical. J'avais entendu parlĂ© de ce domaine plusieurs fois et failli craquĂ© Ă  plusieurs reprise par curiositĂ©. Au nez, une palette aromatique proche du chardonnay. Je m'enquiĂšre du cĂ©page 100% jacquĂšre ! Allons donc. Ce n'est pas un vin extrĂȘmement aromatique mais on sait ou on va. En bouche, un manque de fraicheur sur la bouteille dĂ©gustĂ©e, et globalement pas Ă©normĂ©ment de longueur. Finalement pas une grande claque. A re-gouter sur une autre cuvĂ©e ou un autre millĂ©sime pour me faire une meilleure idĂ©e. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Jean-Loup Guerrin 24 Mai 2020 2113 43 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet Domaine Adrien Berlioz - CuvĂ©e des Gueux 2018 - Vin de savoie A re-gouter sur une autre cuvĂ©e Oui, essaie les diffĂ©rentes cuvĂ©es commentĂ©es plus haut, en particulier sur les un autre millĂ©sime Pas encore goĂ»tĂ© 2018 mais c'est effectivement atypique comme conditions climatiques. Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© nishaton 24 Mai 2020 2255 44 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. ysildur Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de ysildur sur le sujet CR Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Albinum – 2017 Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Albinum – 2017 Vin dĂ©gustĂ© Ă  l'aveugle. La robe est d'un beau jaune dorĂ©. Le nez est frais, sur des notes de miel et quelques fruits jaunes et blancs. Avec Ă©galement une petite pointe fumĂ©e. La bouche est fraĂźche, agrĂ©able sur la poire, le miel. La finale est marquĂ©e par une amertume assez prĂ©sente. Le tout n'est pas d'une grande longueur. Un vin assez simple en l'Ă©tat. A la dĂ©couverte de l'Ă©tiquette, je suis assez dubitatif. C'est bien fait, mais Ă  prĂšs de 30 euros la quille, je me pose des questions. A revoir. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin, bibi64 29 Jui 2020 2215 45 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Blog Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Blog sur le sujet Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Barzereu – 2017 Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Barzereu – 2017 Robe dorĂ©e, assez intense pour un vin jeune. Nez expressif sur le miel, c’est assez fin nĂ©anmoins, il y a aussi des notes de fruits jaunes et blancs. La bouche prĂ©sente un beau volume, ce n’est pas hyper tendu, mais pas mou non plus. En l’état c’est un vin trĂšs expressif, direct, immĂ©diat, presque dĂ©monstratif, mais un peu monolithique aussi, sans rĂ©elle complexitĂ© ou nuance. J’ai aimĂ© ce vin pour l’expĂ©rience et l’originalitĂ©, en revanche je le trouve difficile Ă  accorder mis Ă  part avec du fromage. Il faut aussi reconnaĂźtre que ce n’est pas d’une grande buvabilitĂ©, 2 verres en deux repas, il va faire la semaine ... Je ne sais pas comment ça peut vieillir. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin, bibi64 08 Juil 2020 2017 47 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand Zeph – 2017 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand Zeph – 2017 Bue au restaurant Flocons de sel Ă  MegĂšve. La robe se pare d’un or prononcĂ©. Intense, le nez entremĂȘle des senteurs miellĂ©es et de fruits jaunes, avec juste une touche de pralin. La bouche, dotĂ©e d’une grande envergure, est bĂątie sur une matiĂšre dense qui s’enveloppe d’un beau gras. L’aromatique, superbe sans ĂȘtre opulente, rĂ©jouit la rĂ©tro-olfaction, ponctuĂ©e par une finale qui s’affirme plus en tension. TrĂšs Bien ++ Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard 14 Juil 2020 1912 48 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 La robe est toujours sombre mais montre cette fois-ci quelques signes d'Ă©volution avec des reflets lĂ©gĂšrement tuilĂ©s. Pas de rĂ©duction au nez, mais une confiture bien intense de myrtilles et de mĂ»res, agrĂ©mentĂ©e d'une touche Ă©picĂ©e. La bouche est bien en chair et d'un beau fruit noir comme au nez. Les tanins sont doux, cela manque juste un petit peu de peps en milieu de bouche pour soutenir l'ensemble. Mais les Ă©pices qui ressortent en finale font le job et allongent les saveurs pour finir en beautĂ©. TrĂšs Bien A ne pas servir au-delĂ  de 16 °. Jean-Loup 21 Juil 2020 2120 49 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. oberlin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de oberlin sur le sujet Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Marie Clothilde Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Marie Clothilde 2017 Robe assez claire, jeune, violacĂ©e. Superbe nez trĂšs typique d'une mondeuse, dominĂ©e par le poivre blanc. En bouche trĂšs bel Ă©quilibre, c'est trĂšs pur, frais, sur le poivre blanc, les fruits rouges, sensation minĂ©rale. QualitĂ© de bouche irrĂ©prochable avec des tanins hyper fins. Joli volume, la finesse du vin n'empĂȘche pas une trĂšs belle tenue il passe aprĂšs la cuvĂ©e "Elise 2012" du Domaine de la Terrasse d'Elise, et lui tient largement tĂȘte en donnant plus de plaisir, de surcroĂźt!. TrĂšs bon super dĂ©couverte Marc Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© FGsuperfred, Jean-Loup Guerrin, Kiravi 28 Juil 2020 2206 50 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. letournaisien Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de letournaisien sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Roussette de Savoie – CuvĂ©e ClĂ©mence 2016 Domaine du Cellier des Cray – Roussette de Savoie – CuvĂ©e ClĂ©mence 2016 Belle robe d'un jaune bien soutenu. Nez trĂšs Ă©panoui, riche, trĂšs aromatique, sur la pĂȘche, l'abricot, des notes de miel aussi. La bouche reprend cette aromatique sur une structure par contre un peu molle, car plutĂŽt sur la richesse, on pourrait presque se mĂ©prendre avec un moelleux sans SR. Finale sur une pointe d'encaustique. Ca manque de vivacitĂ© Ă  mon goĂ»t et il n'y a pas assez d'amertume pour l'Ă©quilibrer, mĂȘme si ça se boit avec plaisir. Julien Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin 24 Oct 2020 2044 51 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Blog Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Blog sur le sujet Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2017 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2017 Robe dense, jeune avec des contours violets. Nez ouvert, sur les fruits noirs, les Ă©pices, un petit cĂŽtĂ© balsamique. La bouche est fraĂźche, tendue, c’est clairement trop jeune, un peu anguleux avec une aciditĂ© trĂšs prĂ©sente. C’est nĂ©anmoins trĂšs bon, il y a du vin, une profondeur, une identitĂ© pas vraiment commune, comme une Syrah mais en plus effilĂ©e. Je trouve ça vraiment trĂšs bon, une Crozes Equis bu en parallĂšle Ă  Ă©tĂ© proprement atomisĂ© mĂȘme si je me doutais qu’il ne ferait pas le poids .... La prochaine dans un an ou deux, si j’arrive Ă  me modĂ©rer... Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin 07 Nov 2020 0033 52 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Val59 Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Val59 sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Euphrasie - Chignin Bergeron - 2017 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Euphrasie - Chignin Bergeron - 2017 Nez marquĂ© par la poire, des notes de fruits exotiques et d’acacia. Super Ă©quilibre en bouche entre une certaine richesse aromatique miel, amande, poire, tilleul et une belle fraicheur. Quelques amers non dĂ©sagrĂ©ables en finale. TB + - 16,5-17/20 Ce n'est que la 3e fois que je goute du chignin bergeron mais je trouve sa typicitĂ© interessante avec des marqueurs assez constants miel, poire, fruits jaunes et une belle fraicheur malgrĂ© tout. Cette bouteille m'a semblĂ© supĂ©rieure au Belluard le feu 2014 bu l’an dernier notamment en terme de longueur. J'avais goutĂ© les rouges du domaine en salon qui m'avait par contre un peu moins convaincu. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin 22 Nov 2020 1139 53 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© Val59 Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand ZĂšph – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand ZĂšph – 2015 La photo de la contre-Ă©tiquette figure dans mon CR prĂ©cĂ©dent de fĂ©vrier 2019 en haut de page. La robe est bien dorĂ©e, commençant mĂȘme Ă  tendre vers le vieil or. D'intensitĂ© moyenne mais noble, le nez fait preuve d'une certaine complexitĂ©, associant des fruits jaunes, classiques pour une roussanne, Ă  des fruits secs, des notes miellĂ©es et mĂȘme un soupçon de plantes aromatiques. La bouche affiche une belle dimension et une chair gĂ©nĂ©reuse de belle densitĂ©. L'aromatique, toujours avenante, prend des accents baroques, mais une bonne vivacitĂ© allĂšge le vin et prend mĂȘme le dessus dans la finale persistante et salivante. TrĂšs Bien + A noter que le soir, la bouche n'a pas Ă©voluĂ© mais le nez est moins flatteur, des senteurs peu Ă©lĂ©gantes faisant mĂȘme leur apparition. Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, bertou 25 Jan 2021 1143 56 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. denaire Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de denaire sur le sujet Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e des Gueux 2019 & Marie-Clothilde 2018 Premier contact avec ce domaine avec ces deux bouteilles bues la semaine derniĂšre Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e des Gueux 2019 Joli nez relativement expressif sans ĂȘtre explosif non plus, sur les agrumes, les fruits blancs poire, une touche florale. La bouche est toute en lĂ©gĂšretĂ© et en dĂ©licatesse. Une belle aciditĂ© mĂ»re, jamais excessive, c'est pur, joliment fruitĂ©, jusque dans une finale nette, propre, salivante, qui incite Ă  se resservir. Un peu de CO2 au dĂ©part, qui disparaĂźt toutefois rapidement. Beau vin, qui possĂšde beaucoup de naturel et de gourmandise. Pas souvenir d'avoir bu une jacquĂšre aussi gourmande. Bien ++ PS une petite remarque sur le bouchon de ce vin on sent beaucoup de soin sur la bouteille, l'Ă©tiquette, la jolie cire blanche qui la couronne, d'oĂč une certaine surprise de trouver dessous un bouchon en plastique Nomacorc Select Green 100. Je ne suis pas un spĂ©cialiste, donc c'est peut-ĂȘtre un prĂ©jugĂ©, mais c'est qualitatif ce genre de bouchon ? la cuvĂ©e Marie-Clothilde ci-dessous Ă©tait elle dotĂ©e d'un bouchon en liĂšge naturel. Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Marie-Clothilde 2018 Un nez assez peu expressif, qui porte surtout sur les fruits rouges framboise, groseille, un peu de poivre peut-ĂȘtre, d'eucalyptus, une touche vĂ©gĂ©tale. La bouche, longiligne, est marquĂ©e par une aciditĂ© assez haute, tapissĂ©e d'une foule de jolis petits tanins encore un peu serrĂ©s, avec lĂ  aussi une aromatique tĂ©nue, dominĂ©e par de discrets fruits rouges. Un vin qui m'a paru fermĂ©, avec une belle qualitĂ© de tanins, mais pas en place au plan aromatique. A l'aĂ©ration sur deux jours les tanins s'assouplissent un peu, mais l'aromatique Ă©volue vers des notes moins sĂ©duisantes. Je vais laisser les suivantes tranquilles quelque temps. A revoir, donc. Mathieu Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© oliv, Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin 31 Jan 2021 2331 57 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Octavie – Persan – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Octavie – Persan – 2015 La robe est assez sombre et prĂ©sente quelques reflets tuilĂ©s sur le bord du disque. D'une bonne intensitĂ© et appĂ©tent, le nez gagne Ă  l'aĂ©ration pour dĂ©voiler de la framboise puis des fruits plus noirs, ainsi que de fines Ă©pices. Concentration et finesse sont les deux qualitĂ©s complĂ©mentaires de la bouche qui reprend le beau fruitĂ© du nez, s'habille de tanins poudreux et d'une texture de velours. La vivacitĂ© se rĂ©vĂšle minimaliste mais juste suffisante et l'allonge honnĂȘte. TrĂšs Bien et aurait pu aller plus haut avec plus de complexitĂ©. Le vin prend de la profondeur avec du jambon au madĂšre 3,5 + / 5 et un cĂŽtĂ© plus sauvage avec du vieux comtĂ© 3,5 / 5, accord avec lequel on est rarement déçu, quel que soit le vin. Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, denaire, bertou, PapĂ©, Kiravi 26 FĂ©v 2021 1134 60 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. ModĂ©rateurs Gildas, PBAES, Martinez, CĂ©dric42120, Vougeot, jean-luc javaux, starbuck ConnexionDerniers messages FAV SEPTEMBRE 2022 L'actualitĂ© des vins de Loire L'actualitĂ© des vins de Provence et de Corse L'actualitĂ© des vins suisses Weingut SchĂ€fer-Fröhlich, Bockenau Allemagne - Nahe Au fait, c'est quoi un vin de terroir? L'actualitĂ© des vins de Bourgogne et du Beaujolais Vendange 2022, c'est parti ! 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PrĂ©parezĂ©galement un jus de citron : Il met en valeur le goĂ»t du fruit, prĂ©serve son arĂŽme, favorise la prise de la confiture et sa conservation et en mĂȘme temps empĂȘche le sucre de cristalliser dans la confiture. Comment remplacer le zeste de citron ? Vous pouvez remplacer le zeste de citron par un zeste de citron vert ou d’orange

TĂ©lĂ©charger l'article TĂ©lĂ©charger l'article Les fruits, les lĂ©gumes et les viandes cuisinĂ©es se conservent longtemps du moment qu'ils sont prĂ©parĂ©s et mis en bocaux correctement. Il est important de stĂ©riliser les bocaux et les bouteilles avant de les utiliser pour Ă©viter que la nourriture soit contaminĂ©e par des bactĂ©ries. PrĂ©parez tout votre matĂ©riel et stĂ©rilisez soigneusement les rĂ©cipients pour pouvoir profiter de vos aliments toute l'annĂ©e ! 1 Prenez des rĂ©cipients adaptĂ©s. Cherchez des bouteilles et des bocaux faits pour la conservation. Ils doivent ĂȘtre en verre trempĂ© et ne pas ĂȘtre fissurĂ©s ou Ă©brĂ©chĂ©s [1] . Assurez-vous qu'ils ont tous un couvercle qui se ferme bien. Les bocaux doivent avoir un disque plat avec un joint et un couvercle qui se visse par-dessus. Les couvercles peuvent se rĂ©utiliser, mais il faut remplacer les disques. Les bouteilles doivent avoir un bouchon avec un joint en caoutchouc en bon Ă©tat. 2Lavez et stĂ©rilisez les rĂ©cipients. Lavez-les bien avec de l'eau chaude et du savon avant de les stĂ©riliser. Assurez-vous qu'ils ne contiennent aucune trace de nourriture collĂ©e ou d'autre saletĂ©. Lavez aussi les couvercles. Ils doivent ĂȘtre parfaitement propres. 3Mettez-les dans une casserole. Posez les bouteilles et les bocaux Ă  l'endroit dans une casserole profonde avec les couvercles Ă  cĂŽtĂ©. Remplissez la casserole d'eau froide de maniĂšre Ă  ce que les rĂ©cipients se trouvent 2 ou 3 cm au-dessous de la surface. 4Faites chauffer l'eau. Portez-la Ă  Ă©bullition. Si vous vous trouvez Ă  une altitude de moins de 300 m, laissez chauffer les bocaux et les bouteilles pendant 10 minutes Ă  partir de l'Ă©bullition. Si vous ĂȘtes Ă  une altitude plus Ă©levĂ©e, ajoutez une minute pour chaque tranche de 300 m supplĂ©mentaire [2] . 5Sortez les rĂ©cipients de l'eau. Sortez les bocaux, les bouteilles et les couvercles un par un Ă  l'aide d'une pince de cuisine et posez-les sur du papier absorbant pour qu'ils sĂšchent. Faites attention Ă  ce qu'ils ne touchent rien Ă  part le papier absorbant propre. 1 Remplissez les rĂ©cipients. Mettez la nourriture que vous souhaitez conserver dans les bocaux et ou les bouteilles. Faites-le pendant que les rĂ©cipients et les aliments sont encore chauds. Si vous mettez de la nourriture chaude dans des bocaux froids, le verre risque de se fissurer [3] . Laissez 5 mm d'espace vide en haut de chaque rĂ©cipient [4] . Essuyez les rebords des bocaux et des bouteilles pour Ă©viter que des gouttes de nourriture les empĂȘchent de bien se fermer hermĂ©tiquement. 2Mettez les couvercles. Posez les disques sur les bocaux et vissez les couvercles aussi fermement que possible. 3Mettez les bocaux dans une casserole. Posez-les sur une grille en mĂ©tal Ă  l'intĂ©rieur d'une casserole profonde. La grille empĂȘchera les bocaux de toucher le fond, ce qui permettra Ă  leur contenu de chauffer de façon homogĂšne et Ă  leurs couvercles de se fermer correctement. Prenez-les avec une pince pour les poser sur la grille [5] . 4 Faites chauffer les rĂ©cipients. Remplissez la casserole d'eau de maniĂšre Ă  ce que les bouteilles et les bocaux se trouvent 2 ou 3 cm au-dessous de la surface. Portez l'eau Ă  Ă©bullition et laissez chauffer les rĂ©cipients pendant 10 minutes Ă  partir de l'Ă©bullition. Sortez-les de la casserole Ă  l'aide d'une pince et posez-les sur du papier absorbant [6] . Attendez 24 heures avant de les toucher. Ils doivent ĂȘtre complĂštement froids lorsque vous les rangez. VĂ©rifiez les couvercles. S'ils sont lĂ©gĂšrement creux au centre, cela signifie qu'ils sont fermĂ©s hermĂ©tiquement. S'il y en a qui ne sont pas creux, cela signifie qu'ils ne sont pas complĂštement hermĂ©tiques. Dans ce cas, ouvrez ces bocaux et mangez leur contenu au lieu de les garder. Conseils Un cycle de lavage rapide Ă  tempĂ©rature Ă©levĂ©e dans le lave-vaisselle est efficace pour Ă©liminer les rĂ©sidus de nourriture des bocaux, mais vous devez tout de mĂȘme les stĂ©riliser avec de l'eau bouillante comme dans le tutoriel ou avec un produit stĂ©rilisant du commerce, car un lave-vaisselle n'atteint pas une tempĂ©rature assez Ă©levĂ©e pour tuer les bactĂ©ries qui peuvent vous rendre malade. Vous pouvez aussi acheter un produit stĂ©rilisant du commerce pour stĂ©riliser vos bocaux et bouteilles. RĂ©fĂ©rences À propos de ce wikiHow Cette page a Ă©tĂ© consultĂ©e 58 810 fois. Cet article vous a-t-il Ă©tĂ© utile ? Abonnez-vous pour recevoir la newsletter de wikiHow! S'abonner Plusieursbouteilles ouvertes ont fait l'objet d'un test, avec soit un bouchon hermĂ©tique, soit une capsule couronnĂ©e, soit une cuillĂšre dans le goulot, soit sans rien pour les recouvrir. AprĂšs avoir rĂ©guliĂšrement mesurĂ© le taux de CO2 dans les diffĂ©rentes bouteilles de champagne, les scientifiques ont conclu que seul le bouchon hermĂ©tique permettait Nous avons 1384 invitĂ©s et 52 inscrits en ligne IndexSujets rĂ©centsRechercheConsignes d'indexation Forums Jura et Savoie Domaine Cellier des Cray, Adrien Berlioz Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand Zeph – 2015 Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand Zeph – 2015 Bue lors d'une semaine savoyarde contĂ©e ICI Robe d’un or assez clair. Le nez s’ouvre bien aprĂšs un peu d’aĂ©ration dans le verre et se montre plutĂŽt complexe, combinant du miel, des plantes aromatiques tilleul, des fruits jaunes pĂȘche, et mĂȘme une touche de pralin. La bouche est bien charnue, entourĂ©e d’une lĂ©gĂšre pellicule grasse. L’aromatique est trĂšs fruitĂ©e, encore plus qu’au nez, rehaussĂ©e par une bonne vivacitĂ©. La finale est Ă  la fois savoureuse, longue et pleine de ressort. TrĂšs Bien + L’accord est rĂ©ussi 3,5 / 5 avec un beaufort d’étĂ© de 6 mois. Jean-Loup 05 FĂ©v 2019 1831 31 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Roussette de Savoie – Zulime – 2015 Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Roussette de Savoie – Zulime – 2015 Bue lors de la mĂȘme semaine savoyarde contĂ©e ICI Robe d’un bel or dense. Le nez fait preuve d’une belle intensitĂ© et d’une certaine complexitĂ© des fruits jaunes sont prĂ©sents mais de maniĂšre moins attendue on y dĂ©cĂšle aussi des Ă©pices et des arĂŽmes de pĂątisserie. La bouche est ample, d’un beau volume, dotĂ©e d’un lĂ©ger gras et d’une belle sapiditĂ©. La finesse de l’altesse n’est pas en reste, mise en valeur par une grande vivacitĂ©. La finale Ă  la persistance satisfaisante est pleine d’allant et trĂšs salivante. TrĂšs Bien + AssociĂ© Ă  des quenelles au beaufort, le vin gagne certes encore en tension mais il perd beaucoup en volume et s’efface quelque peu 3- / 5. Jean-Loup 05 FĂ©v 2019 1839 32 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. GILT Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de GILT sur le sujet CR Le Cellier des Cray – Adrien Berlioz – Octavie – Persan – 2014 Le Cellier des Cray - Adrien Berlioz - Octavie - Persan - 2014 Robe trouble et tuilĂ©e. Le nez est rĂ©duit et discret avec de lĂ©gĂšres notes cacaotĂ©es et poivrĂ©es. La bouche associe une astringence forte Ă  une aciditĂ© marquĂ©e, le tout sans vĂ©ritable est discrĂšte sur la fleur et la rĂ©glisse. Cela donne un vin agressif qui serait mieux associĂ© Ă  un plat bien gras qu'en dĂ©gustation pure. Vin intĂ©ressant intellectuellement, moyen au niveau du plaisir apportĂ©, et pas donnĂ© financiĂšrement. Gilles 03 Mar 2019 1432 33 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. H. Seldon Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de H. Seldon sur le sujet CR Domaine Cellier des Cray, A. Berlioz, Roussette de Savoie, Altesse "Zulime" 2016 Domaine Cellier des Cray, A. Berlioz, Roussette de Savoie, Altesse "Zulime" 2016 TrĂšs beau nez prĂ©cis sur les agrumes, l'Ă©corce d'orange, le floral blanc. MĂȘme chose en bouche oĂč le vin se distingue par un Ă©quilibre sans reproche, construit autour d'une belle aciditĂ©. Aspect lĂ©gĂšrement crayeux en finale qui complexifie l'ensemble. A boire ou Ă  garder. TrĂšs bien Notation Moyen les vins sans intĂ©rĂȘt ; Assez bien vins Ă  boire pour la curiositĂ© ; Bien bon vin, Ă  faire dĂ©couvrir ; TrĂšs bien vin remarquable ; Excellent vins de trĂšs haut niveau, une rare rĂ©ussite; Splendide grand vin qui justifie le temps passĂ© ici ! 16 Mar 2019 1659 34 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Bue lors d'une dĂ©gustation de LPV Versailles sur la Savoie relatĂ©e ICI La robe est trĂšs sombre, aux nets reflets violacĂ©s. TrĂšs intense, le beau nez associe des fruits noirs, oĂč la myrtille domine, des arĂŽmes floraux iris et Ă©picĂ©s. La bouche affiche une rĂ©elle concentration, caractĂ©ristique du cĂ©page mais sans doute exacerbĂ©e par une extraction poussĂ©e que permettait le millĂ©sime. Un fruitĂ© dense et fin, des tanins encore un peu accrocheurs et une finale plus tonique laissent prĂ©sager un bel avenir Ă  ce vin. TrĂšs Bien en l’état Jean-Loup 05 Jui 2019 1456 35 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Nouvelle bouteille et nouvelle photo. La robe est sombre et toujours insolemment jeune ! Le nez trĂšs intense montre d'abord une trĂšs forte rĂ©duction avec des arĂŽmes animaux pas nobles du tout, voire d'Ă©curie. Mais il ne lui faut pas longtemps pour exprimer tout autre chose, aprĂšs un peu d'oxygĂ©nation. Les fruits noirs, myrtille et mĂ»re, sont concurrencĂ©s par la framboise, mais aussi par les Ă©pices, le tout Ă©tant teintĂ© d'une touche fumĂ©e. La bouche est pleine et aimable, dotĂ©e d'un fruitĂ© charnu et acidulĂ© qui perdure longtemps. Les tanins sont assouplis et la finale Ă  nouveau marquĂ©e par les Ă©pices. Cette bouteille, par rapport Ă  celle bue il y a six mois, a toujours du caractĂšre mais paraĂźt moins charpentĂ©e et tanique, plus sur la fraĂźcheur. TrĂšs Bien La Savoie regorge dĂ©cidĂ©ment de jeunes vignerons talentueux ! Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© breizhmanu, DUROCHER, Nicco 30 DĂ©c 2019 1816 36 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. supagweg Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de supagweg sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Serfouette – Mondeuse – 2014 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Serfouette – Mondeuse – 2014 La robe est rouge violette. Au nez on a de la griotte, de la cerise avec un cotĂ© fumĂ©, cuir, tabac, de l'olive noir, de la sauge, Ă©galement un peu de pĂąte de fruit, fraise. En bouche de l'aciditĂ©, sur le fruit pas d'astringence, une ambiance bonbon acidulĂ©. C'est frais, gouleyant, pas une grosse complexitĂ© mais c'est drĂŽlement bon. Bien + Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© oliv, breizhmanu, Jean-Loup Guerrin 03 FĂ©v 2020 2059 37 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine Cellier des Cray - Roussette de Savoie - Zulime - 2015 Domaine Cellier des Cray - Roussette de Savoie - Zulime - 2015 La robe prĂ©sente un or moyen lĂ©gĂšrement gris. Bien ouvert aprĂšs une courte oxygĂ©nation, l'aromatique du nez mĂȘle fruits jaunes, notes florales et herbes aromatiques. La bouche, enrobĂ©e d'une fine pellicule de gras, donne une impression de densitĂ© sans sapiditĂ© extravagante. L'aciditĂ© tend vers la minĂ©ralitĂ© et la finale de mi-longueur fait ressortir des arĂŽmes d'agrumes. Bien ++ / TrĂšs Bien Le vin rĂ©alise un accord intĂ©ressant 3,5 + / 5 avec un simple gratin de pĂątes au jambon, en gagnant en volume et sapiditĂ©, Ă  moins que ce soit le supplĂ©ment d'aĂ©ration qui en soit Ă  l'origine. Jean-Loup 19 FĂ©v 2020 2105 38 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. FGsuperfred Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de FGsuperfred sur le sujet CR Domaine Adrien Berlioz, Vin de Savoie La CuvĂ©e des Gueux 2019 Domaine Adrien Berlioz, Vin de Savoie La CuvĂ©e des Gueux 2019 nez d'une grande fraicheur sur les fruits et fleurs blanches, iodĂ©, salin, trĂšs chablisien dans l'Ăąme, je m'y serais trompĂ© en aveugle... la bouche est surprenante, parce que l'attaque est assez vive, soutenue par une jolie aciditĂ© citronnĂ©e, mais la matiĂšre trĂšs chablisienne encore une fois prend de suite le dessus... donnant un vin alliant fraicheur, matiĂšre, aciditĂ© sous-jascente soulignant de fort belle maniĂšre ce vin, qui roule en bouche tel un joli baiser, pas l'impression de rouler une pelle Ă  un bouledogue si vous voyez ce que je veux dire je cherche un dĂ©faut Ă  cette seconde partie de bouche qui, mĂȘme au rĂ©chauffement, amĂšne ce soupçon de puretĂ© et surtout de peps citronnĂ© qui me plait tant dans les vins blancs, de quelque rĂ©gion fussent ils issus, et ce peps qui les empĂȘchent de tomber dans une lourdeur qui m'Ă©coeure encore plus vite qu'avant la finale lĂ©gĂšrement citronnĂ©, sous-tendue par une aciditĂ© qui a la joyeuse idĂ©e de se mettre en second plan, dure trĂšs longtemps, ce qui rend le vin non pas inoubliable mais qui me fait penser diablement Ă  lui longtemps aprĂšs l'avoir avalĂ©, faut dire que le verre galope tout seul au frigo pour se remplir, il doit prendre plus de plaisir que moi encore, tous des poivrots ces spieg ! un petit manque de complexitĂ© 2019 trĂšs jeune et ce vin deviendrait splendide trĂšs bien+ Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, breizhmanu, Jean-Loup Guerrin, bibi64, VaudĂ©sir, Blog, LLDA 21 Mai 2020 2129 39 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. FGsuperfred Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© bibi64 Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de bibi64 sur le sujet Domaine adrien Berlioz - vin de savoie Fred, les photos inclinĂ©es ou grises sont un problĂšme rĂ©current avec les photos prise par tĂ©lĂ©phone. Pour s'affranchir du problĂšme, il suffit de sauver les photos sur ton ordinateur avec n'importe quel logiciel paint, snagit, photoshop, windows photo... avant de les joindre Ă  ton post sur LPV. En tout cas, tu m'as donnĂ© envie de goĂ»ter cette belle jacquĂšre... Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© FGsuperfred 21 Mai 2020 2151 41 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. FGsuperfred Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de FGsuperfred sur le sujet Domaine adrien Berlioz - vin de savoie salivant est le terme, faut pas l'dire, mais j'finis le flacon... chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut ! pour la photo je l'enregistre sous le disque dur avant, dĂ©solĂ© j'ai un niveau informatique bien moindre par rapport Ă  mon apprĂ©ciation de ce vin 21 Mai 2020 2256 42 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. nishaton Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de nishaton sur le sujet CR Domaine Adrien Berlioz - CuvĂ©e des Gueux 2018 - Vin de savoie Domaine Adrien Berlioz - CuvĂ©e des Gueux 2018 - Vin de savoie Une bouteille amenĂ©e ce midi par un ami lors du traditionnel repas dominical. J'avais entendu parlĂ© de ce domaine plusieurs fois et failli craquĂ© Ă  plusieurs reprise par curiositĂ©. Au nez, une palette aromatique proche du chardonnay. Je m'enquiĂšre du cĂ©page 100% jacquĂšre ! Allons donc. Ce n'est pas un vin extrĂȘmement aromatique mais on sait ou on va. En bouche, un manque de fraicheur sur la bouteille dĂ©gustĂ©e, et globalement pas Ă©normĂ©ment de longueur. Finalement pas une grande claque. A re-gouter sur une autre cuvĂ©e ou un autre millĂ©sime pour me faire une meilleure idĂ©e. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Jean-Loup Guerrin 24 Mai 2020 2113 43 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet Domaine Adrien Berlioz - CuvĂ©e des Gueux 2018 - Vin de savoie A re-gouter sur une autre cuvĂ©e Oui, essaie les diffĂ©rentes cuvĂ©es commentĂ©es plus haut, en particulier sur les un autre millĂ©sime Pas encore goĂ»tĂ© 2018 mais c'est effectivement atypique comme conditions climatiques. Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© nishaton 24 Mai 2020 2255 44 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. ysildur Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de ysildur sur le sujet CR Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Albinum – 2017 Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Albinum – 2017 Vin dĂ©gustĂ© Ă  l'aveugle. La robe est d'un beau jaune dorĂ©. Le nez est frais, sur des notes de miel et quelques fruits jaunes et blancs. Avec Ă©galement une petite pointe fumĂ©e. La bouche est fraĂźche, agrĂ©able sur la poire, le miel. La finale est marquĂ©e par une amertume assez prĂ©sente. Le tout n'est pas d'une grande longueur. Un vin assez simple en l'Ă©tat. A la dĂ©couverte de l'Ă©tiquette, je suis assez dubitatif. C'est bien fait, mais Ă  prĂšs de 30 euros la quille, je me pose des questions. A revoir. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin, bibi64 29 Jui 2020 2215 45 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Blog Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Blog sur le sujet Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Barzereu – 2017 Adrien Berlioz – Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Barzereu – 2017 Robe dorĂ©e, assez intense pour un vin jeune. Nez expressif sur le miel, c’est assez fin nĂ©anmoins, il y a aussi des notes de fruits jaunes et blancs. La bouche prĂ©sente un beau volume, ce n’est pas hyper tendu, mais pas mou non plus. En l’état c’est un vin trĂšs expressif, direct, immĂ©diat, presque dĂ©monstratif, mais un peu monolithique aussi, sans rĂ©elle complexitĂ© ou nuance. J’ai aimĂ© ce vin pour l’expĂ©rience et l’originalitĂ©, en revanche je le trouve difficile Ă  accorder mis Ă  part avec du fromage. Il faut aussi reconnaĂźtre que ce n’est pas d’une grande buvabilitĂ©, 2 verres en deux repas, il va faire la semaine ... Je ne sais pas comment ça peut vieillir. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin, bibi64 08 Juil 2020 2017 47 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand Zeph – 2017 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand Zeph – 2017 Bue au restaurant Flocons de sel Ă  MegĂšve. La robe se pare d’un or prononcĂ©. Intense, le nez entremĂȘle des senteurs miellĂ©es et de fruits jaunes, avec juste une touche de pralin. La bouche, dotĂ©e d’une grande envergure, est bĂątie sur une matiĂšre dense qui s’enveloppe d’un beau gras. L’aromatique, superbe sans ĂȘtre opulente, rĂ©jouit la rĂ©tro-olfaction, ponctuĂ©e par une finale qui s’affirme plus en tension. TrĂšs Bien ++ Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard 14 Juil 2020 1912 48 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2015 La robe est toujours sombre mais montre cette fois-ci quelques signes d'Ă©volution avec des reflets lĂ©gĂšrement tuilĂ©s. Pas de rĂ©duction au nez, mais une confiture bien intense de myrtilles et de mĂ»res, agrĂ©mentĂ©e d'une touche Ă©picĂ©e. La bouche est bien en chair et d'un beau fruit noir comme au nez. Les tanins sont doux, cela manque juste un petit peu de peps en milieu de bouche pour soutenir l'ensemble. Mais les Ă©pices qui ressortent en finale font le job et allongent les saveurs pour finir en beautĂ©. TrĂšs Bien A ne pas servir au-delĂ  de 16 °. Jean-Loup 21 Juil 2020 2120 49 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. oberlin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de oberlin sur le sujet Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Marie Clothilde Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Marie Clothilde 2017 Robe assez claire, jeune, violacĂ©e. Superbe nez trĂšs typique d'une mondeuse, dominĂ©e par le poivre blanc. En bouche trĂšs bel Ă©quilibre, c'est trĂšs pur, frais, sur le poivre blanc, les fruits rouges, sensation minĂ©rale. QualitĂ© de bouche irrĂ©prochable avec des tanins hyper fins. Joli volume, la finesse du vin n'empĂȘche pas une trĂšs belle tenue il passe aprĂšs la cuvĂ©e "Elise 2012" du Domaine de la Terrasse d'Elise, et lui tient largement tĂȘte en donnant plus de plaisir, de surcroĂźt!. TrĂšs bon super dĂ©couverte Marc Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© FGsuperfred, Jean-Loup Guerrin, Kiravi 28 Juil 2020 2206 50 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. letournaisien Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de letournaisien sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Roussette de Savoie – CuvĂ©e ClĂ©mence 2016 Domaine du Cellier des Cray – Roussette de Savoie – CuvĂ©e ClĂ©mence 2016 Belle robe d'un jaune bien soutenu. Nez trĂšs Ă©panoui, riche, trĂšs aromatique, sur la pĂȘche, l'abricot, des notes de miel aussi. La bouche reprend cette aromatique sur une structure par contre un peu molle, car plutĂŽt sur la richesse, on pourrait presque se mĂ©prendre avec un moelleux sans SR. Finale sur une pointe d'encaustique. Ca manque de vivacitĂ© Ă  mon goĂ»t et il n'y a pas assez d'amertume pour l'Ă©quilibrer, mĂȘme si ça se boit avec plaisir. Julien Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin 24 Oct 2020 2044 51 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Blog Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Blog sur le sujet Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2017 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Octavie – Persan – 2017 Robe dense, jeune avec des contours violets. Nez ouvert, sur les fruits noirs, les Ă©pices, un petit cĂŽtĂ© balsamique. La bouche est fraĂźche, tendue, c’est clairement trop jeune, un peu anguleux avec une aciditĂ© trĂšs prĂ©sente. C’est nĂ©anmoins trĂšs bon, il y a du vin, une profondeur, une identitĂ© pas vraiment commune, comme une Syrah mais en plus effilĂ©e. Je trouve ça vraiment trĂšs bon, une Crozes Equis bu en parallĂšle Ă  Ă©tĂ© proprement atomisĂ© mĂȘme si je me doutais qu’il ne ferait pas le poids .... La prochaine dans un an ou deux, si j’arrive Ă  me modĂ©rer... Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin 07 Nov 2020 0033 52 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Val59 Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Val59 sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Euphrasie - Chignin Bergeron - 2017 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Euphrasie - Chignin Bergeron - 2017 Nez marquĂ© par la poire, des notes de fruits exotiques et d’acacia. Super Ă©quilibre en bouche entre une certaine richesse aromatique miel, amande, poire, tilleul et une belle fraicheur. Quelques amers non dĂ©sagrĂ©ables en finale. TB + - 16,5-17/20 Ce n'est que la 3e fois que je goute du chignin bergeron mais je trouve sa typicitĂ© interessante avec des marqueurs assez constants miel, poire, fruits jaunes et une belle fraicheur malgrĂ© tout. Cette bouteille m'a semblĂ© supĂ©rieure au Belluard le feu 2014 bu l’an dernier notamment en terme de longueur. J'avais goutĂ© les rouges du domaine en salon qui m'avait par contre un peu moins convaincu. Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin 22 Nov 2020 1139 53 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© Val59 Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand ZĂšph – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Chignin Bergeron – CuvĂ©e Grand ZĂšph – 2015 La photo de la contre-Ă©tiquette figure dans mon CR prĂ©cĂ©dent de fĂ©vrier 2019 en haut de page. La robe est bien dorĂ©e, commençant mĂȘme Ă  tendre vers le vieil or. D'intensitĂ© moyenne mais noble, le nez fait preuve d'une certaine complexitĂ©, associant des fruits jaunes, classiques pour une roussanne, Ă  des fruits secs, des notes miellĂ©es et mĂȘme un soupçon de plantes aromatiques. La bouche affiche une belle dimension et une chair gĂ©nĂ©reuse de belle densitĂ©. L'aromatique, toujours avenante, prend des accents baroques, mais une bonne vivacitĂ© allĂšge le vin et prend mĂȘme le dessus dans la finale persistante et salivante. TrĂšs Bien + A noter que le soir, la bouche n'a pas Ă©voluĂ© mais le nez est moins flatteur, des senteurs peu Ă©lĂ©gantes faisant mĂȘme leur apparition. Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, bertou 25 Jan 2021 1143 56 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. denaire Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de denaire sur le sujet Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e des Gueux 2019 & Marie-Clothilde 2018 Premier contact avec ce domaine avec ces deux bouteilles bues la semaine derniĂšre Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e des Gueux 2019 Joli nez relativement expressif sans ĂȘtre explosif non plus, sur les agrumes, les fruits blancs poire, une touche florale. La bouche est toute en lĂ©gĂšretĂ© et en dĂ©licatesse. Une belle aciditĂ© mĂ»re, jamais excessive, c'est pur, joliment fruitĂ©, jusque dans une finale nette, propre, salivante, qui incite Ă  se resservir. Un peu de CO2 au dĂ©part, qui disparaĂźt toutefois rapidement. Beau vin, qui possĂšde beaucoup de naturel et de gourmandise. Pas souvenir d'avoir bu une jacquĂšre aussi gourmande. Bien ++ PS une petite remarque sur le bouchon de ce vin on sent beaucoup de soin sur la bouteille, l'Ă©tiquette, la jolie cire blanche qui la couronne, d'oĂč une certaine surprise de trouver dessous un bouchon en plastique Nomacorc Select Green 100. Je ne suis pas un spĂ©cialiste, donc c'est peut-ĂȘtre un prĂ©jugĂ©, mais c'est qualitatif ce genre de bouchon ? la cuvĂ©e Marie-Clothilde ci-dessous Ă©tait elle dotĂ©e d'un bouchon en liĂšge naturel. Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – Marie-Clothilde 2018 Un nez assez peu expressif, qui porte surtout sur les fruits rouges framboise, groseille, un peu de poivre peut-ĂȘtre, d'eucalyptus, une touche vĂ©gĂ©tale. La bouche, longiligne, est marquĂ©e par une aciditĂ© assez haute, tapissĂ©e d'une foule de jolis petits tanins encore un peu serrĂ©s, avec lĂ  aussi une aromatique tĂ©nue, dominĂ©e par de discrets fruits rouges. Un vin qui m'a paru fermĂ©, avec une belle qualitĂ© de tanins, mais pas en place au plan aromatique. A l'aĂ©ration sur deux jours les tanins s'assouplissent un peu, mais l'aromatique Ă©volue vers des notes moins sĂ©duisantes. Je vais laisser les suivantes tranquilles quelque temps. A revoir, donc. Mathieu Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© oliv, Olivier Mottard, Jean-Loup Guerrin 31 Jan 2021 2331 57 Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© Jean-Loup Guerrin Hors Ligne Utilisateur EnregistrĂ© RĂ©ponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet CR Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Octavie – Persan – 2015 Domaine du Cellier des Cray – Vin de Savoie – CuvĂ©e Octavie – Persan – 2015 La robe est assez sombre et prĂ©sente quelques reflets tuilĂ©s sur le bord du disque. D'une bonne intensitĂ© et appĂ©tent, le nez gagne Ă  l'aĂ©ration pour dĂ©voiler de la framboise puis des fruits plus noirs, ainsi que de fines Ă©pices. Concentration et finesse sont les deux qualitĂ©s complĂ©mentaires de la bouche qui reprend le beau fruitĂ© du nez, s'habille de tanins poudreux et d'une texture de velours. La vivacitĂ© se rĂ©vĂšle minimaliste mais juste suffisante et l'allonge honnĂȘte. TrĂšs Bien et aurait pu aller plus haut avec plus de complexitĂ©. Le vin prend de la profondeur avec du jambon au madĂšre 3,5 + / 5 et un cĂŽtĂ© plus sauvage avec du vieux comtĂ© 3,5 / 5, accord avec lequel on est rarement déçu, quel que soit le vin. Jean-Loup Les utilisateurs suivant ont remerciĂ© Olivier Mottard, denaire, bertou, PapĂ©, Kiravi 26 FĂ©v 2021 1134 60 PiĂšces jointes Connexion ou CrĂ©er un compte pour participer Ă  la conversation. ModĂ©rateurs Gildas, PBAES, Martinez, CĂ©dric42120, Vougeot, jean-luc javaux, starbuck ConnexionDerniers messages FAV SEPTEMBRE 2022 L'actualitĂ© des vins de Loire L'actualitĂ© des vins de Provence et de Corse L'actualitĂ© des vins suisses Weingut SchĂ€fer-Fröhlich, Bockenau Allemagne - Nahe Au fait, c'est quoi un vin de terroir? L'actualitĂ© des vins de Bourgogne et du Beaujolais Vendange 2022, c'est parti ! 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